Widlore Mérancourt

Comment reconnaître un politicien haïtien?

(c) Telerama

Le politicien haïtien est doté de nombreuses qualités. C’est souvent un courageux «papi» qui «ka-lite*». La retraite n’est jamais à l’ordre du jour. La relève non plus. Grenadier, à l’assaut ! On prend les mêmes idées rances mais efficaces et on repart.

D’ailleurs, le politicien haïtien n’est jamais en panne d’idée. Son sens de la formule est légendaire. Il aime le créole. Les tournures folkloriques et les proverbes historiques. Il aime aussi saupoudrer ses phrases de quelques zestes de français bien accentuées. Pourquoi? A ton avis? Parce que ça fait proche du peuple sans forcément en faire partie! Ne t’étonne pas!

Le politicien haïtien, «soldat et camarade» du peuple méprise l’Université et tout ce qu’elle implique! Ça fait trop précieux! Il abandonne les sciences aux spécialistes pour récupérer ses thématiques préférées: «manifestation, dialogue national, opposition, dénonciation, à bas lavi chè**… ». Le politicien haïtien est en guerre permanente contre la vie chère! D’abord pour lui, car afin de s’en extirper, il est prêt à tout: coup bas, volte-face, alliances contre nature etc. Ensuite, pour le peuple car le politicien haïtien veut aider le peuple. Toutefois, il faut compter parmi le peuple surtout les membres de sa famille et ses amis quand il sera au timon des affaires.

Le politicien haïtien aime les affaires, pour lui et les siens ! Cependant, il n’a pas de doctrine économique. Il n’écrit pas d’articles encore moins de livres. Il n’a d’ailleurs pas de doctrine du tout, sinon de n’être jamais content et en opposition permanente quand il n’a pas sa tranche du gâteau.

Le gâteau étatique, le politicien haïtien le veut en entier. S’il ne sait pas la définir, il sait au moins que la séparation des pouvoirs est incompatible avec sa volonté de toute puissance. Et, il aime la puissance le politicien haïtien. Il estime que ses moindres caprices devraient être transformés en loi ou en décision de justice !

Évidemment, vous conviendrez que de cet amas uniforme de personnalités d’origine diverses puisse émerger quelques rares exceptions. Mais, que vaut une aiguille dans une botte de foin, surtout quand personne ne la cherche ? De surcroit, le politicien haïtien n’a que faire du foin, des bovins, de l’élevage, de l’agriculture et de tout ce qui s’y rapporte. Il  s’intéresse plutot aux  séjours « cinq étoiles », per diem compris, sur le dos du contribuable.

 

* pouvant lutter
** la vie chère


Quand le corps se fait marchandise

Lorsque l’on vend  son corps pour accéder au marché saturé du travail, la gêne devient un fardeau encombrant dont la conscience a vite fait de s’alléger. Que de pages ont été noircies de la détresse des jeunes filles haïtiennes sans éclaircir leur quotidien et encore moins leur futur ! Famine. Misère. Asservissement. Grossesse précoce. Accès limité au système éducatif. Dans la tempête de leurs calamités, les moments d’apaisement sont aussi rares que la vérité sortant de la bouche des politiciens.

Grande a été la déception pour un certain nombre de ces jeunes filles après avoir héroïquement gravi les marches de l’éducation de base. Arrivées aux portes de l’université, elles ont assisté, impuissantes à l’écroulement de leurs espoirs d’émancipation et de mobilité économique. Elles avaient pourtant passé des années à assimiler des notions présentées comme salvatrices. Sans soutien dans la diaspora, sans l’obtention de bourses,  sans l’aide d’amis désintéressés ou de familles proches en mesure de payer, certaines ont capitulé, contraintes de revoir à la baisse leurs exigences professionnelles et de vie.

D’autres ont bâillonné leur dignité et tiré parti de leur jeunesse. La mort dans l’âme, elles s’offrent sans retenue au premier venu, à des détraqués sexuels avec un portefeuille bien garni,  promettant d’acquitter leurs frais de scolarité. Les parents, souvent en milieu rural, feignent de ne rien savoir et mâchent l’humiliation les dents serrées.

Le sexe pour ces filles n’est pas une fin, mais un moyen ! Un moyen de s’extirper avec les leurs de l’indigence érigée en instrument d’aliénation, de domination et d’abrutissement. Un moyen de refuser que l’horizon du possible soit ce spectacle désolant de l’assistanat et de l’humanitaire institué officieusement comme politique économique.

Devenir esclave pour se libérer : tel est le sort de ces étudiantes et jeunes professionnelles amenées à troquer leur fierté contre l’espérance d’un meilleur lendemain. Dans ce pays où penser à la primauté de l’intérêt général est l’exception et l’asservissement des ressources de l’État à des fins privées reste la règle, qui entendra les plaintes de ces victimes ? Qui de ce SOS fera un motif d’action pour que l’accès aux études supérieures soit accessible à moindre coût au plus grand nombre ? Qui instituera la gratuité de l’université pour les jeunes filles prometteuses ? Comment contribuer à créer des emplois décents afin que dès la fin de leurs études universitaires elles puissent travailler en Haïti? Beaucoup d’interrogations, mais peu d’initiatives crédibles jusqu’à présent.


Haïti ou la tutelle (à peine) dissimulée

Militaire americains a Haiti - (c) lepoint
Militaire americains a Haiti – (c) lepoint

L’envie me prend d’imaginer, le temps d’une seconde, la réaction de la France et de ses médias, après qu’un ambassadeur américain, à un moment crucial de la vie nationale aurait foulé le sol de l’Assemblée nationale avec fracas. Tout ceci à grand renfort d’injonctions aux parlementaires  : « Restez-là! Ne vous déplacez pas. NOUS allons trouver une solution dans 30 minutes ».

Quel scandale! Quelle honte. La fierté nationale et l’âme français seraient proclamées en ces moments d’ingérences à grands renforts de manifestations saupoudrées de grandiloquentes déclarations les unes plus lyriques que les autres. J’imagine Jean Luc Mélenchon, je me représente Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy ou François Hollande.

Cette scène surréaliste s’est effectivement déroulée. Évidemment pas dans un grand pays comme la France mais à Haïti, dans la nuit du 11 janvier 2014. Cette île tumultueuse où la lutte fratricide, souvent mise en scène et toujours arbitrée par les intérêts de quelques puissants pays, a élu domicile.

Cette déclaration de la représentante des États-Unis en Haïti madame Pamela White à des parlementaires appelés à trouver une dernière solution à la crise électorale que traverse le pays depuis plus de 3 ans concentre en elle seule la teneur des rapports tissés par Haïti et ses bienfaiteurs grands amis depuis des décennies. Arrogante paternalisme et diktats des ambassades.

Cela dit, l’indépendance de pays émancipés du joug de l’esclavagisme est souvent un épouvantail brandi par des nationalistes exacerbés déconnectés du réel des enjeux et luttes d’influences économiques et géopolitiques. Ou par les pourfendeurs de la souveraineté sacrifiée afin de se sauver la face devant l‘incompatibilité manifeste de leurs déclarations et de leurs actes.

Cet ingérence est souvent justifiée, comme c’est le cas d’Haiti, par la pauvreté et l’extrême l’instabilité politique. En effet, depuis cette nuit du 11 au 12 janvier, constitutionnellement, il n’existe plus de Parlement dans le pays faute d’accord entre les protagonistes. L’exécutif, symbolisé par le président de la République M. Michel Martelly peut, comme son prédécesseur M. René Préval en 1991 diriger par décret.

Si comme tout haïtien, je suis choqué et indigné de cet affront fait au droit à l’autodétermination de tout peuple, de la violation effrontée et répétée de la constitution par ceux placés pour la défendre, de la concentration de fait entre les mains d’un seul homme de pouvoirs immenses, que l’émotion ne nous prive d’une lecture rationnelle de la conjoncture : la responsabilité de cette situation macabre est partagée ! D’abord entre des dirigeants aveuglés soit par leurs rigidités suicidaires ou leurs petits calculs politiciennes et la population qui s’obstine à porter au pouvoir des irresponsables.


Tremblement de terre et amnésie collective

Cinq ans depuis qu’un cataclysme sans précédent dans l’histoire récente du pays a emporté dans un magma de poussière, de sang et de débris plus de 250 000 Haïtiens.

Les mots n’ont jamais été aussi insignifiants que quand il s’agit de les placer en ces circonstances sur la détresse et la souffrance humaine qui s’en est suivie. Ni pour décrire, l’hymne à l’humain, dépassant les clivages idéologiques, économiques et sociaux qui se sont élevés des profondeurs de la terre ébranlée. En cet après-midi, les pauvres ont tendu la main aux riches et ensemble, ils ont pleuré leurs morts sous les tentes.


Nous pouvons ne pas être tous Charlie Hebdo

En ces moments de deuils, la communauté humaine se doit de s’élever à la hauteur de son histoire et des valeurs de dignité, de liberté et de solidarité partagés par la majeure partie de ses membres. Quand des criminels d’une cruauté sans nom attaquent et assassinent 12 innocents au nom d’Allah,  ce n’est pas Charlie Hebdo, ses caricaturistes, ses journalistes ou la France qu’ils remettent en cause. Ce sont des siècles d’avancées sur l’obscurantisme, l’idéal universel de paix, la liberté d’expression, la liberté de la presse, donc, la démocratie qui s’en trouve atterrée.

Évidemment, l’escadron de la peur s’agitera encore plus en ces moments d’émotions. Il tentera d’amalgamer et d’associer à cette infamie les millions de musulmans pacifiques et républicains proclamant l’Islam religion d’amour, de tolérance et de paix. Ces musulmans qui comme tout être humain s’indignent devant le spectacle d’une telle barbarie.

Par ailleurs, la laïcité, valeur intrinsèquement républicaine n’exclut pas l’exercice des religions. Donc, des croyants (catholique, musulman etc) peuvent légitimement se démarquer de certaines caricatures du journal qu’ils estiment « blasphématoires » pour leurs divinités.

Mais l’espace républicain est celui où s’exerce la liberté dans les limites de la loi. La neutralité de l’État sur les faits religieux, la possibilité pour chacun de choisir librement une religion ou de considérer cette orientation comme un abandon de la raison sont des conditions essentielles et non négociables du vivre ensemble.

La grande nation qu’est la France a pris un coup ce mercredi 7 janvier 2014. Elle se relèvera radieusement forte si elle applique sur ses plaies les baumes de la justice et du refus de la rhétorique haineuse. Ces fous n’auront jamais raison de la démocratie ! Tous contre l’extrémisme religieux !


Qui frappe un chat tuera un être humain

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Minou à sa place préférée : mon ordinateur

Si un acte devait marquer durablement ma fin d’année 2014, ce serait le cadeau (atypique en Haïti) de ma mère : une mignonne petite chatte noire que j’ai gracieusement surnommé Minou.

A mon avis, posséder un animal domestique ne reviendra jamais à s’offrir un Smartphone ou autres gadgets électroniques en vogue. C’est une possession qui teste notre humanité, notre habilité à prendre soin d’un autre vivant, pourvu de sens, donc, capable de souffrir et de ressentir les mouvements de son environnement.

La situation des animaux et le débat sur la maltraitance animale est largement occultée en Haïti. En cause, d’abord la précarité rongeant le quotidien miséreux de la majeure partie de la population. Comment en effet me demander de nourrir mon chien quand je n’arrive pas à nourrir mes propres enfants ?

Ensuite, vient la représentation que nos concitoyens se font des animaux. Torturer un chien, lui lancer des pierres, étriper un chat, égorger un boeuf ou encore briser le cou d’un petit oiseau sans défense sont des scènes courantes que la majeure partie de la jeunesse expérimente quotidiennement. Causer de la souffrance à l’animal est banalisé. Normalisé et parfois institutionnalisé.

Pourtant, les études scientifiques sont claires : la cruauté, passive ou active, envers les animaux relève souvent de troubles psychopathologiques et autres dérèglements psychiques. Le zoosadisme (torture animale) est souvent l’antichambre de la cruauté envers des êtres humains.

Que faire ?

D’abord, cesser de croire qu’être sensible envers le sort des animaux relèverait d’un privilège élitiste d’intellectuels en manque de « raisons d’indignation ». On est tous des animaux. Manifester de l’empathie sans forcément devenir végétarien nous est essentiel en tant qu’êtres humains, doués de raison et de compréhension du fonctionnent de la nature.

Ensuite, la loi a cette fonction de, non seulement consacrer et protéger les pratiques sociales quand elles répondent à l’idéal commun, mais aussi d’anticiper, d’instituer des valeurs afin de faciliter le vivre ensemble. Il n’y a à ma connaissance aucun instrument législatif haïtien réprimant la cruauté animale. Alors que, perplexes nous sommes devant la « fureur barbare » de certains de nos meurtriers. Quand frapper le chat de la voisine peut conduire au meurtre le plus infâme, nous nous devons d’agir !


Bonne année 2015

Une vue de la Cathédrale Saint Louis de Jérémie, ma ville natale
Une vue de la Cathedrale Saint Louis de Jeremie, ma ville natale

Récemment sur le plateau de mon émission « Grand débat de 20h », j’affirmais qu’avec cet outil formidable qu’est Internet, ma génération est en train de s’approprier de la « chose politique ». En plus, elle cesse de mesurer son quotidien à l’aune des turpitudes existentielles haïtiennes et de la tartufferie de nos dirigeants. Elle se compare. Pas seulement à Beyoncé. Mais elle voit aussi le niveau de démocratie de pays comme la France et les États-Unis. Ainsi, mesure-t-elle l’immensité du travail restant à accomplir afin de hisser nos couleurs dans le hall des pays viables où il fait bon de vivre. Voilà mon premier souhait pour 2015. Que les jeunes haïtiens soient plus présents sur les réseaux sociaux, les blogs et les sites d’information. Le printemps haïtien sera jeune. Et c’est pour bientôt.

Cette année a été extraordinaire. J’ai renforcé mon implication sur le terrain, à la télé et sur ce blog. Aussi impensable que cela puisse paraitre pour mon père, des centaines de personnes ont pu lire mes publications ! Donc, le monde change. La liberté s’approprie des espaces jusque là inconnus. Ce blog en est une illustration.

Par ailleurs, certains ont pu être déconcertés par l’extrême éclectisme de mes billets. C’est surtout dû à la variété infinie des sentiments qui me traversent à 22 ans. Merci de me lire. De commenter et de me conseiller. Je suis un projet de perfection. Mon seul but est de ne pas m’en éloigner.

Cela dit, 2015 sera ma dernière année de licence en Sciences juridiques. Après, viendra la soutenance de mon mémoire déjà en préparation. Je vois d’ici-là mon avenir dans la défense des Droits humains. Témoignages contemporains vivants d’un sursaut commun contre la barbarie.

À tous ceux qui ont élargi ma vision d’un monde juste et pacifié, qui m’ont parlé, ignoré, aimé, détesté, énervé et rendu fier en 2014, sachez que vous avez porté une pierre à la construction de l’édifice d’une existence qui se cherche. Une existence qui en vaut la peine puisque toute vie humaine en vaut la peine. Je vous souhaite une heureuse et fructueuse année 2015. Trouvez la paix et soyez-en un soldat. Une vie n’est utile qu’au service d’autrui.

Merci à l’équipe MONDOBLOG pour son soutien renouvelé. Aux blogueurs inestimables de la plateforme. Traçons ensemble dans le roc du défi, des préjugés et déterminismes, nous les défenseurs de la parole libre, les contours d’un possible agréable pour tous !

On reste ensemble.

Widlore Mérancourt

22.12.2014


Mon ami se fait arnaquer sur Facebook

Internet est comparable à une grande ville en expansion permanente. Ses constructions bigarrées vont de la haute tour splendide aux couloirs sombres où sévissent des truands. Comme toute grande ville, il couve jalousement ses secrets. Loin des regards curieux et de l’ignorance du néophyte. Ses habitants, souvent anonymes, ne sont pas toujours bien intentionnés. Seulement, tout le monde ne le sait pas !

Tout a commencé par un coup de fil. Un ami voulait que je l’aide à rédiger une lettre administrative. Secret d’État m’a-t-il dit. « Tu n’en parles à personne ! » Étant libre et grand fan de James Bond, j’ai frénétiquement acquiescé. Trente minutes plus tard, il est dans ma chambre d’étudiant.

Pour lui écrire sa correspondance, il me fallait plus d’informations. Qui est le destinataire ? Le pourquoi de la lettre…

C’est alors que j’apprends qu’il est invité par l’Association canadienne pour le développement et la santé (ACDS) à une conférence à Montréal. Il lui fallait prendre contact pour confirmer sa participation et s’enquérir des modalités et exigences.

Je lui ai adressé mes plus vives félicitations. Voyant qu’il peut se confier à moi, il m’avoue que le destinataire est une femme qu’il a rencontrée un mois plus tôt sur les réseaux sociaux. Il me passe sa tablette pour que je puisse constater par moi même la teneur, mais aussi la chaleur de leurs étreintes virtuelles.

La rapidité avec laquelle ils ont passé des présentations à l’intimité m’a un peu intrigué. Mais jusque-là, rien d’inquiétant. Pas même le fait qu’une coordinatrice générale écorche la langue de Molière avec la dextérité d’un élève de primaire. Cependant, l’adresse e-mail a été la goutte de trop ! Pourquoi une telle organisation utiliserait un compte Gmail mal orthographié pour ses correspondances officielles ? Pourquoi le compte Facebook de cette femme ne contient qu’une seule photo, pas une publication ni même d’amis en commun avec mon ami ?

Voulant aller plus loin, j’ai fait une petite recherche sur l’association sur Google. Eh bien, j’ai rien trouvé ni sur le nom de cette femme encore moins de site officiel pour son organisation. Il s’est fait évident que je me trouve fort probablement en face d’une arnaque ! Comment refroidir son enthousiasme ?

Précautionneusement, je le mets au parfum des différentes formes d’escroquerie sur Internet et lui fait part de mes préoccupations. Brusquement, il devient nerveux. Franchement, il m’affirme son désintérêt pour mes informations.

Il faut dire qu’en Haïti, voyager est dans la perception commune synonyme de mobilité sociale, d’opportunités de travail et d’études pour les étudiants. Ainsi, mon ami a peut être interprété mon scepticisme pour de la jalousie. Comment d’un côté garder son amitié et de l’autre, le dissuader de s’investir dans la chance de sa vie ? Comment l’empêcher d’envoyer par Western Union ses économies ? Certaines leçons de vie s’apprennent sur le tas ! Je laisse faire.

Ensemble, plus tard, nous participerons sûrement à une manifestation pour inviter le Parlement haïtien à prendre conscience de la délinquance qu’occasionnent les Technologies de l’information et de la communication (TIC).  Espérons que finalement, il décidera de légiférer sur ces formes de crimes modernes.


Nostalgie

Pourquoi ne puis-je plus goûter l’ivresse de cette source claire où jadis tu m’as emmené ? Pourquoi ces sentiers autrefois parsemés de fleurs ne transpirent que tristesse et désolation? Pourquoi ce vent qui emportait nos promesses d’amour et de tendresse n’apporte à mes yeux éteints que larmes et amertume ?

Donne moi ta main. Donne moi cette main que je ne me sens plus seul. Que je cesse de chercher partout ce que toi seule peut me donner. Que je redevienne moi qui ne sera jamais complet sans toi.

Viens peindre de tes larmes sur le tableau de notre destinée les traits de l’espoir, de l’avenir et de l’oubli. Viens, prends mes remords et trace les ailes du phénix de notre histoire.

Pourquoi ne puis-je plus goûter l’ivresse de cette eau claire qui jadis m’as abreuvé? Pourquoi t’ai-je trompé, toi qui m’a tout donné ?


Haïti est en danger

Depuis environ trois ans, l’administration en place devait constitutionnellement organiser des élections législatives dans le pays. Seulement, c’était sans compter la phobie chronique attribuée au président pour cet exercice. Si bien que le 12 janvier 2015, le Parlement risque d’être « constaté caduc ». Une hypothèse qui permettra au chef de l’État de diriger par décret.

La République tire la sève de son existence des élections ! Libres, honnêtes et transparentes, elles se doivent de renouveler le personnel politique sous la seule bénédiction du peuple. Avec la séparation des pouvoirs, la laïcité, le respect des droits fondamentaux de la personne humaine…, elles forment les caractéristiques intrinsèques de la démocratie contemporaine.

Toute cette construction encore fragile forgée au fer rouge dans l’os et le sang des victimes de la dictature duvaliériste risque de partir en fumée si le plan machiavélique d’un autre temps du commandant en chef venait à se matérialiser. Car, diriger par décret en Haïti est une curiosité institutionnelle confiant les rênes du pouvoir législatif entre les mains de l’exécutif.

Pour quelqu’un élevant l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier, accusé de crimes contre l’humanité, mort sans avoir expié ses crimes non jugés*, au rang de fils digne de la patrie, cette occasion serait unique pour étancher sa soif de diriger, affranchi de la laisse gênante du Parlement. Avec un pouvoir judiciaire dont l’indépendance est aussi rigide que la tige d’un roseau, c’est notre place même dans le rang des nations civilisées qui s’en trouve menacée.

L’heure est donc grave. Le monstre du totalitarisme a pris un coup sévère en 1987**. Mais il n’en est pas mort. Ses blessures quoique profondes ont trouvé dans la nostalgie dictatoriale de ses partisans matière à rémission. Il rampe aujourd’hui vers nous. Et menace de tout renverser sur son passage. Allons nous laisser faire ?

* Il a même failli avoir des funérailles nationales n’était-ce les protestations des victimes et les pressions de la communauté internationale
** Année de la chute du dictateur Jean-Claude Duvalier


Qui prendre pour modèle en Haïti ?

Dany Laferriere - (c) lenouvelliste.com
Dany Laferriere – (c) lenouvelliste.com

Le syndrome de la feuille blanche noircit mon jugement chaque fois que l’envie me prend d’écrire sur ma génération. Pourtant, le propos de ce billet est simple et positif : les jeunes en Haïti ne manquent pas de modèles. Je sais que c’est le raccourci privilégié pour expliquer pourquoi certains d’entre nous confondent bêtise et intelligence, préfèrent l’incontinence, la débauche au dur labeur. Mais je vois autour de moi trop de repères pour laisser cette conclusion obstruer la réalité qui s’offre à moi dans toute sa splendeur.

Dany Laferrière. Ketly Mars. Luck Mervil. Raoul Peck. Michaële Jean. Jean Métellus. Ils sont innombrables ceux d’ici qui ont su tailler leurs destins au burin de l’effort dans le granit du défi et parfois du rejet et des déterminismes.

Alors pourquoi n’est-il pas surprenant de voir certains préférer les déhanchements obscènes aux joies de la lecture ? Pourquoi d’autres résument leurs ambitions au parachutage, sans aucun sens de l’effort ? Pourquoi enseigne-t-on comme matière prioritaire l’art de tricher partout et en tout, comme ci la vie ne réservait ses surprises qu’aux arnaqueurs nés ? Pourquoi les élucubrations insensées de certains énergumènes propulsés par « l’échec sociétal » aux affaires publiques, sont élevées en exemple ultime de conduite ? Pourquoi l’argent, nonobstant sa provenance, devient mesure de la valeur humaine ?

J’ai l’intime conviction que dans le ciel des jeunes haïtiens, la quantité et l’énormité des débris spatiaux peut ne pas être un obstacle à la contemplation des étoiles (dignes de ce nom) scintillant de grâce pour l’oeil exercé. L’éducation seule apprend à décanter le bon de l’inutile. C’est d’ici que part le changement !


Lettre à mon ami homo

(c) tpe-homosexualite-2011.e-monsite.com/
(c) tpe-homosexualite-2011.e-monsite.com/

Cher ami,

Ce n’est point par proximité affective ni désir de verser dans la controverse, mais plutôt par l’affirmation de mon engagement ferme sur le pacte républicain, promesse d’équité et d’égalité, que je me désolidarise de l’injustice que tu subis.

La liberté est la pierre angulaire de toute société. Toute restriction greffée sur elle ne saurait être acceptable que si de nature à assurer le bonheur de tous! Aussi, aucun être humain ne devrait se voir dicter ses comportements, ses inclinations ou la façon de s’affirmer au monde dans aucune communauté démocratique sans se voir confisquer l’essence de son existence qui est ce bien fondamental.

Cela dit, mon engagement contre les insultes, harcèlement, marginalisation et violence physique dont tu es l’objet ne saurait être interprété comme adhésion ou même préférence pour tes choix ! Loin de là. Qui suis-je pour te juger ? Mais plus encore, de quel droit aurais-je mon mot à dire sur tes passions intimes ?

Quand la religion s’aventure hors des cadres de la réglementation égalitaire sociale, la seule qui prévaut pour tous, elle parcourt des sentiers périlleux où la tyrannie, le rejet de l’autre et l’intolérance élisent domicile. Je rêve d’une société où la différence, loin d’être pathologique, serait un baume appliqué sur notre mal à être tous ensemble dans la paix !

Cher ami, de grâce, ne te rabaisse pas à l’exercice qui consiste à répondre le mal par le mal. Les moyens doivent au long de la quête honorer la fin ! Liberté. Égalité. Fraternité. Droits de l’homme. État de droit… Voilà tes repères.

Avec l’espoir de voir poindre à l’horizon la silhouette réconfortante de la garantie d’être différent dans la dignité, reçois toute mon affection.

Widlore Mérancourt
4 novembre 2014
Cayes, Haïti


Peuple, investissez vos tribunaux

Si la justice valeur constitue cet idéal lointain reluisant de grâce, la justice institution censée l’incarner inspire plus de craintes qu’elle n’attire. On redoute d’avoir affaire à elle. Dans la pratique, on s’éloigne des tribunaux. Et les raisons suffisantes ne manquent pas : pas assez de de temps, non lucrativité, activité qui sied plus aisément aux professionnels du droit qu’au citoyen lambda, etc. On tergiverse !

Pourtant, jamais telle initiative n’a été autant nécessaire à la pérennisation de la Justice, donc, du vivre ensemble. Abandon de la « justice privée » n’est pas synonyme d’abandon total de cette prérogative essentielle à une entité humaine par nature dont les acteurs principaux bien que parfois fort talentueux se perdent souvent en chemin.

L’institution du débat public dans les tribunaux est à la démocratie ce que l’eau fraîche est au voyageur dans le désert brulant du Sahara : une nécessité. Elle protège l’honnête homme contre la tyrannie des juges et aussi de la lâcheté des avocats. Participer à ces séances est par conséquent un devoir citoyen dont les bienfaits sont indénombrables. Parmi eux, l’affirmation limpide de son engagement envers la bonne marche de la justice. De près, on peut côtoyer ses travers, épouser ses incohérences afin de mieux appeler à s’en divorcer.

En plus, l’exercice du droit, dans le prétoire notamment, est une activité aussi sérieuse qu’instructive. Assister aux débats est s’offrir une possibilité de faire connaissance avec les règles régissant notre société. Nemo* censetur ignorare legem.

La solidarité dans certains procès peut, par ailleurs, grandement influer sur la décision finale. Être aux côtés d’une victime de viol lors du jugement par exemple est doublement significatif : d’une part, c’est récuser fermement l’infamie et d’autre part, soutenir la victime dans sa démarche de réhabilitation. Le courage d’en parler vient parfois de la certitude qu’on n’est pas tout seul.

La justice humaine est capricieuse. Elle ne meurt pas de la publicité. Elle s’en renforce. Peuple, n’abandonnez pas vos instances de jugement au risque de les voir se fourvoyer en chemin et d’être pris au dépourvu quand viendra le temps d’en faire l’expérience. Investissez vos tribunaux ! Au moins de temps en temps.

* Nul n’est censé ignorer la loi


Ma génération ne périra pas !

(c) Image Henry-Luc Charles
(c) Image Henry-Luc Charles

Quand tout autour de soi s’écroule, la tentation de ne voir dans le réel que désespoir à travers les prismes déformés par notre désarroi peut amener à des conclusions inconsidérées. Ici, plus qu’ailleurs, la modération s’impose. Le recul et l’analyse rationnelle des phénomènes doivent s’extirper du sensationnalisme, des raccourcis faciles et conventionnels. Il n’y a que de cette façon qu’on puisse élever et faire progresser le débat.

Même ma génération a convenu de ne voir en son sillage hésitant, non conformiste et parfois incompréhensible, que désespoir, honte et matière à dénigrement. Une conclusion que j’ai appris à intérioriser m’élevant au passage avec mes rares semblables en avatar exceptionnels d’une race en décadence.

Ce curieux édifice s’est (heureusement) effondré ce samedi 11 octobre 2014 à la suite d’un débat à la bibliothèque de l’IPDEC des Cayes. Le sujet que je devais animer avec la soixantaine d’élèves en terminale de certaines écoles de la ville portait sur l’opportunité de pénaliser l’homosexualité.

En toute sincérité, je m’attendais à une bouillie indigeste d’ostentations religieuses plus ou moins saupoudrées d’hypothétiques considérations morales fragiles et non profondes théoriquement.

J’ai eu honte. Honte de moi. Honte de mon ignorance et de mon enfermement !

Avec ces jeunes qu’on prétend ne s’intéresser qu’aux œuvres impopulaires de la chair, j’ai eu droit à de riches prestations dignes des meilleurs débats internationaux. Des répliques construites, argumentées et des thèses défendues avec élégance et dialectique. Des statistiques, des théories planant au dessus de l’obscurantisme (religieux surtout) que trainent ces sujets problématiques.

Alors oui ! Il y a de l’espoir. Je veux bien avec cette preuve croire que la débauche et l’incontinence qui gangrène le corps social épargne la tête qui pense silencieusement une sortie viable pour le reste de ses membres. On aurait tort de supposer qu’il y a incompatibilité entre les jeux vidéos, les réseaux sociaux, les séries télé, les films et la science, la rationalité et le raisonnement. Certains jeunes se sont égarés, certains titubent à la recherche d’un point d’appui quand d’autres avec brio font honneur au pays, mais tous sont différents ! La force brute de la rivière peut détruire des villes ou électrifier un pays. Tout est de savoir la canaliser !


La prostitution, métier ou esclavage ?

(c) theprisma.co.uk
(c) theprisma.co.uk

Une femme a un jour répliqué à Jean-Luc Mélenchon* qui se demandait si l’abolition de la prostitution était ou non une position juste : « Pour répondre à ta question, demande toi si tu proposerais la prostitution comme métier à ta compagne, ta mère, ou ta fille ? Oui ou non ? Pourquoi ce dont tu ne voudrais en aucun cas pour les tiens le proposerais tu aux autres ?

A la manière d’un politicien, j’ai longtemps enrichi mes propos de nuances et bâti des stratégies astucieuses pour ne pas avoir à me prononcer sur la prostitution. Ma retenue était aussi nourrie par le désir de ne pas changer d’avis si en aval, mes réflexions me conduisaient à prendre une position contraire. Craignant l’usure, j’ai toujours préservé jalousement mon « droit de me contredire ».

La repartie de cette dame a interpellé en moi des convictions aussi profondes que fondamentales. Non. Jamais je ne proposerais la prostitution à quiconque. Encore moins à mes proches. Non, définitivement pour moi, la prostitution ne peut être un métier « normal ».

Être amené a l’extrémité qui consiste à monnayer son corps est pour l’humaniste que je suis d’une violence insoutenable**. La détresse qui caractérise ces rapports sexuels « tarifés » exclut l’exercice de toute liberté. Des prostitués*** en situation économique délicate ne se tournent vers le plus vieux métier du monde que par la contrainte et l’échec d’un système politique qui n’a pas su leur offrir d’alternatives viables.

Que dire de celles ou de ceux qui s’y livrent par subversion ?

Certaines femmes, c’est d’ailleurs une thèse soutenue par quelques féministes, feraient de la prostitution pour se rebeller. Prendre leurs revanches sur une société policée contraignant la femme dans ses choix même les plus intimes. De là, je me demande comment peut-on rester maître de son corps tout monnayant son usage ? En quoi est-ce que l’objetisation du corps humain en « gadget sexuel » est-elle conforme à l’idéal d’émancipation féministe ?

On se targue souvent d’être libre quand les ficelles de nos actions sont invisiblement tirées par des mécanismes complexes qui nous échappent. On pétarade de la possession d’un vent. Comme l’a dit le poète Souleymane Diamanka, faire l’amour, c’est ne plus ressentir la différence entre donner et prendre du plaisir. Dans la prostitution il n’y a pas cet aller-retour. Il n’y a qu’égoïsme et traumatisme contre argent. Peut-on en toute bonne foi appeler cela travailler ?

* Personnage politique français
** J’aurai à clarifier ma pensée prochainement, notamment en ce qui consiste à savoir s’il faut ou non protéger les dits travailleurs (ses) du sexe.
*** Homme ou femme


Noces mortelles

(c) voxfnredekker.com
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La salle est pleine. Bondée de gens. Ma famille, sa famille, des amis et surtout des inconnus. Leurs visages, partagés entre la gravité du moment et la joie de rigueur confèrent à l’événement une allure funeste. Un pas après l’autre, je marche, titube dans les bras de mon père vers la fin de ma jeunesse. Vers ma fin.

Á l’autre bout de cette ruelle sans fin, il est là. Immobile, le visage trop jeune pour cacher son inquiétude. En vérité, aucun d’entre nous n’a envie d’être là. Dans le silence des désirs inavoués, la voix ajoute au manque. L’exacerbe. Ni lui, ni moi ne voulons de cette destinée. Mais qu’est-ce la volonté devant la violence des conventions sociales ?

Doucement, il me prend la main. Comme ces dizaines de fois où, dans le plus grand secret, il m’emmenait sur la plage. Les cheveux dans le vent, du sable dans nos rêves, on s’aimait dans l’innocence. Juste pour le plaisir d’être aux yeux de l’autre. Nos baisers étaient aussi profonds que le bleu de la mer. Nos caresses épousaient le mouvement houleux des vagues. Doucement, lentement, on s’était laissé aller. Jusqu’à il y a quatre mois. Quand j’ai ratée mon rendez vous mensuel. J’ai tout de suite su que plus rien ne sera comme avant.

Dans ses bras, je vacille. De grosses gouttes de larmes perlent sur mes joues joufflues. Allons-nous d’ici ai-je envie de lui crier. Qu’y a t-il de plus honteux entre refuser d’assumer un fardeau trop grand pour ses frêles épaules et faire souffrir le martyr éternel à un innocent ? Où se trouve l’infamie ? Pourquoi ne puissions nous pas simplement… aimer ?

D’une mine résignée, le celebrant nous lance des regards coupables. Une cloche sonne. Chaque coup sourd vient se cogner avec violence dans ma tête. Je sens une rumeur derrière mon dos. La foule se soulève. Le prêtre lève les yeux vers ciel, étend son bras et égrène théâtralement les premiers mots du reste de ma sombre vie.


Monsieur le candidat, votre slogan me dérange

 

(c) europe1.fr
(c) europe1.fr

Les petites phrases ne sont jamais innocentes. Surtout pas en politique. Presque partout, à chaque période électorale, les aspirants au pouvoir mettent toute leur énergie à trouver comment percuter, rassembler. Celles qui rassemblent. Certains sont inspirés. D’autres moins. Mais tous partagent la même envie : briguer le pouvoir. Pourquoi ? La réponse n’est pas si évidente que vous le croyez.

C’est ainsi qu’en Haïti, depuis la dernière présidentielle, un slogan semble avoir fait mouche : jèn* kore jèn. Se regroupent sous cette formule de jeunes candidats surfant sur le pourcentage non négligeable de l’électorat se situant entre 18 et 35 ans.

Seulement, ce cri de ralliement n’est pas de nature à plaire à tous. Surtout pas à moi, et ce, pour au moins trois raisons :

1- La politique et l’engagement citoyen sont l’affaire de tous. Jeune. Vieux. Noir. Blanc. Riche. Pauvre. Sectariser, c’est fractionner, opposer et exclure. Le discours politique pour moi est celui qui rassemble au-delà des apparences autour de l’idée, du projet de société. Il n’est pas question que mon jeune âge soit mon unique critère de vote.

2- Faire appel à la jeunesse c’est bien, mais faire appel à son esprit critique est encore mieux. Le faciès, le sexe, l’origine ou la condition économique ne détermine pas un candidat comme disent certains aînés. En plus, quand on est élu, on l’est pour l’ensemble du pays. Même engagé aux côtés d’une frange, l’intérêt général doit être la boussole. Hélas, la jeunesse est souvent l’argument palliatif à la vacuité des propositions concrètes et des projets de société.

3- Occuper un poste politique électif (président, sénateur, député, etc.) n’est pas se doter d’un job au sens classique du terme. La conception mercantile et corrompue que renvoie la classe dirigeante gérontocrate a fini par altérer le jugement des plus jeunes de la sphère du pouvoir qui, de l’extérieur, nourrit les fantasmes rampants de richesse et de mobilité économique.

Faire de la politique, c’est se mettre au service de sa communauté, de son pays, parfois, au détriment de ses propres intérêts. A trop vouloir devenir riche par tous les moyens, certains y ont laissé leur dignité, concept fort subtil pour quelques pro-fessionnels du milieu. Alors merci. Epargnez-moi donc ce raccourci sensationnaliste m’économisant toute pensée constructive. Je ne pousserai pas pépé dans les orties au profit de son sosie plus vorace.

Je suis jeune. Certes. Mais je ne vais pas voter jeune pour être en conformité avec ma condition. Aux commandes, vos idées, votre programme, votre vision du monde et de la moralité vont influer mon pays, ma jeunesse et ma vie. Les voilà mes critères. Convainquez-moi !

* « Les jeunes doivent se supporter » ou, les « jeunes votent jeune » pour certains


Haïti : chaleur tropicale et crème glacée à Camp Perrin

Préciser les contours encore flous du développement durable en Haïti exige qu’on s’attelle aussi bien aux grands chantiers qu’à ceux de proximité, par et pour les communautés réduites. Une façon de procéder que l’association franco-haïtienne, Haïti Futur, a adoptée et qui aujourd’hui porte ses fruits avec la mise sur pied à Camp Perrin d’une fabrique artisanale de crème glacée.

A quelques kilomètres de la ville des Cayes (Sud du pays), si la matière première se trouvait sur place, 20 000 $ et plusieurs mois de travail ont été nécessaires pour concrétiser ce projet ayant mobilisé des compétences locales et internationales.

La formation du personnel a été un point essentiel du projet. Ainsi, c’est Didier Stephan, meilleur ouvrier de France,  en personne, qu’ Haiti Futur a fait venir de l’Hexagone,  pour s’occuper de la formation d’une dizaine de recrutés locaux.

Résultat, de savoureuses recettes aux saveurs locales : pistache, vanille, chocolat, corossol, croquant cacahuète, mangue ou encore cerise péyi. En plus, les glaces sont distribuées dans de petits pots biodégradables ; seulement dans le département pour le moment. Par ailleurs, le ministre de l’Éducation nationale Nesmy Manigat, voudrait recommander de distribuer ces glaces aux cantines scolaires.

Avec cette nouvelle entreprise, des emplois seront créés tout en promouvant la production locale. Tout ceci en accord avec la nouvelle orientation de l’administration en place. Haïti Futur a montré la voie, qui veut suivre ?