Widlore Mérancourt

«François Hollande n’est pas un marchand d’armes»

 

Il a tenu tête. Mais il a finalement cédé. Le président français François Hollande a décidé de surseoir à la livraison à la Russie de deux porte-avions de type Mistral. Cette nouvelle qui réjouit des alliés européens (la Pologne entre autres) et les États-Unis a provoqué assurément l’ire de Moscou et d’une partie de l’opposition française. Le Front de gauche a même publié un communiqué assassin : 1, 2 milliard d’euros ne devraient pas partir en fumée à cause d’un conflit ukrainien dont nous ne sommes acteurs que par notre alignement diplomatique sur les Etats-Unis, notre adhésion à l’Otan et le fait qu’on soit membre de l’Union européenne semble vouloir dire le parti de Jean-Luc Mélenchon.

Pour une fois, je vais faire une infidélité à mes sensibilités et soutenir le président français. Sans entrer dans les détails du conflit,  j’estime que la décision de M. Hollande est risquée, mais juste pour au moins deux raisons.

1- Depuis le début du conflit opposant la Russie à l’Ukraine, par ricochet, le Kremlin et les puissances occidentales avec un arrière goût rance de guerre froide, M. Hollande a choisi de faire front commun avec les Etats-Unis dont les tensions avec la Russie dépassent largement le cadre de l’Ukraine. Ainsi donc, en menaçant de ne pas livrer, le président français a choisi de mettre un terme (momentané) à un double langage qui consiste à s’insurger avec véhémence d’un côté contre les violations du droit international et de faire du business de l’autre avec l’instigateur de ces supposées violations.

2- Contrairement au Front de gauche, je ne pense pas que la France soit un marchand fiable d’équipement militaire. Elle ne devrait pas l’être. Ce grand pays ne peut se confiner au rôle de pourvoyeur d’armes à n’importe qui et quel que soit le contexte diplomatique. Il est astreint par sa place dans la lutte géopolitique au respect de ses valeurs et de ses lois en toute matière. Si j’ai des réserves sur les relations enflammées, tissées avec le voisin russe qui pourraient être, de mon point de vue, plus nuancées, la position choisie par François Hollande dans ce conflit rend inconfortable la livraison par la France de porte-avions.

Compte tenu de la situation  interne en France où la cote de popularité du président est au plus bas et de l’intransigeance du Kremlin, le pari est risqué. M. Hollande mise sur la bonne volonté de Poutine afin d’esquisser une réelle désescalade et créer du même coup un climat diplomatique favorable au règlement du contrat. Rien de moins sûr. Sans apaisement, même apparent, la France ne livrera pas et prêtera le flanc en ces temps de crise à des amendes pour se trouver au final avec deux joujoux en trop sur le bras. La situation n’est pas inédite. Il va falloir les trouver un preneur. Chose difficile, mais François Hollande a fait choix de la cohérence au lieu d’être un vulgaire marchand d’armes. S’agit-il d’un mauvais signal pour les affaires ? Evidemment !


Présomption d’innocence : persona non grata en Haïti

Si la facilité a l’inconvénient d’être une fenêtre ouverte sur l’immensité de la médiocrité, elle a au moins pour mérite de libérer ses adeptes du poids encombrant de l’effort en les privant du même coup des délices que peut offrir le sentiment d’un travail bien accompli. Les médias haïtiens semblent être les abonnés les plus farouches de ce fléau. L’exemple le plus symptomatique de ce dépérissement est le traitement quotidien du dossier des accusés de crimes. Des accusés que nos chers médias se font le plaisir de traiter de tous les noms, ce, sans une condamnation prononcée ayant acquis force* de chose jugée.

Pour rappel, la présomption d’innocence est (suite…)


Haïti : la vérité sur l’évasion de «Croix-des-Bouquets»

 

Clifford Brandt, présumé criminel Régional
Clifford Brandt, présumé criminel régional en cavale puis appréhendé par la police.

Pas moins de 300 détenus se sont évadés dimanche 10 août 2014 de la prison de Croix-des-Bouquets après une attaque conduite par des inconnus lourdement armés. N’en déplaise aux déclarations du président haïtien, cette énième évasion est bel et bien la résultante des inconséquences ou pire (le ciel nous en préserve), de la complicité des dirigeants en place, donc, de l’Etat. Mais, loin de me préoccuper du sort personnel de certains criminels dont la sombre renommée finira par condamner à la cavale et à l’anonymat, une perspective d’existence qui n’en est pas une, cette évasion interpelle le juriste que je suis pour au moins trois raisons.

  1. La prison est censée protéger la société des écarts jugés inacceptables de certains de ses membres. Écarts entraînant une privation de la liberté, supposée punir et corriger le délinquant. D’où son rôle second de cure contre la récidive. Bien que le débat sur la réelle nécessité de ces hauts lieux agite depuis des lustres nos sociétés, la prison reste le seul moyen à disposition du corps social pour défendre ses valeurs et permettre le nécessaire vivre ensemble. Si on peut se plaindre que la question fondamentale sur la réinsertion de l’ancien délinquant soit rarement posée en Haïti, la détention ne représente pas moins l’épée tranchante entre les mains de mère justice dont les yeux à moitié bandés favorisent l’illusion de son effectivité. En relâchant à répétition des prisonniers, dont certains sont de dangereux marginaux et des criminels récidivistes,  c’est l’existence même d’un appareil judiciaire en Haïti qui est mise en cause.
  2. Par ironie ou inconscience, le sort veut que la police nationale lance encore son traditionnel appel au soutien de la population pour dit-on remettre les malfrats sous les verrous. Une nécessité de mon point de vue. Seulement, comment voulez-vous que je dénonce un criminel avec la quasi-certitude qu’il peut ne pas purger sa peine soit à la faveur d’accointances politiques, de juges corrompus ou au bénéfice d’une de ces sempiternelles casses de prison ? Quel sort réservera une âme endurcie par la surpopulation et l’inhumanité de nos geôles à ses délateurs, ses juges et les avocats de la partie adverse ?
  3. En ces temps où la mémoire semble être un confort oppressant pour nos valeureux hommes politiques, plus que jamais l’éducation devrait orienter les choix du peuple lors des prochaines élections loin de l’amateurisme qui établit son quartier général dans les sphères publiques. Car, entendre un ministre se justifier en déclarant que ce n’est pas la première fois qu’il se passe une évasion dans nos prisons, le supporter et prendre le Canada, constructeur de la prison, en exemple récent est d’une incohérence révoltante.

Une prison qui déshumanise est une industrie de délinquants. Une prison qui libère des individus en dehors des exigences légales assassine la démocratie. Pourquoi des peines de prison ? Comment concilier peine et droits de l’homme ? Comment éviter la récidive ? Comment faire de la prison un espace d’apprentissage des valeurs communes ? Entre irresponsabilité et absence flagrante de réflexion, plus que jamais ces interrogations sont nécessaires à la construction effective de l’Etat de droit.



Plus jamais de carnage à Gaza !

Si vous vous êtes endormis dans la quiétude et la chaleur de votre lit, si ce matin vous vous apprêtez à affronter la journée et si après vous êtes à peu près sur de retrouver le calme et la sérénité de votre toit, N’OUBLIEZ pas qu’à Gaza, des enfants ont été déchiquetés, fauchés à l’aube de leur vie sous les bombes d’un conflit qu’ils n’ont pas choisi. SACHEZ que des pères de famille ont assisté impuissants à l’extermination de ceux qu’ils aiment, que des mères ont vu partir les êtres qu’elles ont chéris et à qui elles ont donné le sein.  SACHEZ que sous couvert de lutte contre le terrorisme, les puissants de ce monde s’accordent impunément la licence de tuer, de torturer au mépris des valeurs les plus fondamentales, qu’une population entière peut être tenue responsable des inconséquences de quelques uns.

SACHEZ aussi que tout cela se fait avec votre bénédiction ! Votre indifférence alimente la terreur. Ne pas nous indigner devant la souffrance et le martyre d’un être humain amenuise notre propre humanité. L’essence des valeurs qui rendent nos existences occidentales vivables dans la différence et parfois agréables perd de sa consistance si un seul homme s’en trouve exclu !

La paix peut-elle déployer ses ailes sur la Palestine et dans le monde sans l’engagement conscient et responsable de chaque âme éprise de liberté et de foi dans l’affirmation des droits basiques et inaliénables de la personne humaine ! Le pouvoir politique devrait être l’expression de la volonté des citoyens ! Ensemble, AGISSONS pour une Palestine pacifique, prospère et libre !


Quand la Digicel favorise le vol !

Credit photo: Digicel Haiti

La logique capitaliste du haut de son tronc unique qui est la quête effrénée et souvent éhontée du profit ne s’embarrasse pas fort souvent des subtilités que sont la protection du consommateur ou même du bien commun. La seule décence admise dans cet univers glauque semble être la proportionnalité effrayante des chiffres d’affaires avec la destruction des valeurs humaines, écologiques et sociétales.

J’en ai moi-même froidement fait l’expérience récemment avec la compagnie de téléphonie mobile Digicel. Forte de son quasi-monopole sur le secteur avec la duplicité de l’Etat haïtien, cette multinationale rivalise d’ingéniosité pour sucer jusqu’à l’os le peuple amorphe et curieusement silencieux. Enfin, pour le moment !

Ainsi, ayant été cambriolé récemment, il m’a semblé judicieux de neutraliser mon terminal chèrement payé. Initiative qui aurait réduit la marge de manœuvre de mes voleurs à la simple possibilité de détailler mon téléphone et de le revendre en pièces détachées.

Pour ce faire, une procédure outrageusement simple :

1-Prouver par la fiche de vente que le portable m’appartenait,
2-Faire la déclaration de vol à la police,
3-Communiquer à la Digicel l’IMEI (international mobile equipment identification) : suite de 15 à 17 chiffres identifiant chaque terminal sur le réseau, ils se trouvent sur l’emballage d’origine et en inscrivant sur le clavier le code *#06#,
4-Digicel ou Natcom…bloque ce portable définitivement sur son réseau.

Rassuré par ces informations, j’ai entrepris des démarches auprès de toutes les succursales locales. En vain. Une de leurs employées, écartant l’existence même d’un tel procédé, m’a ri au nez. Bref, une autre histoire !

Je me suis donc finalement retourné vers la direction centrale de la compagnie sur Twitter.

Pris de court, l’opérateur s’est délesté par une parade !

J’ai insisté.

La réponse évocatrice

Une telle opération est tout ce qu’il y a de plus normal dans les pays normaux, entendez par là, les pays où le consommateur n’est pas seulement considéré comme une machine à consommer, mais aussi comme une personne juridique détentrice de certains droits élémentaires, parmi lesquels celui de disposer pleinement d’un matériel légalement acquis. Et donc, de ne pas laisser un malfrat s’en emparer allègrement avec l’assurance de l’impunité la plus totale.

Sachant que les choix des entreprises sont rarement abandonnés aux caprices du hasard, on ne me tiendra pas rigueur de conclure que cet état de fait ferait bien partie de la stratégie officieuse de la compagnie. Les portables volés restent quand même des portables fonctionnels qui vont générer, malgré leurs provenances à l’évidence douteuses, des profits. Pourquoi donc les bloquer s’ils représentent un moyen d’étendre encore plus les tentacules du réseau ? Quitte à renforcer et encourager tacitement un business souterrain qui parfois introduit le deuil dans de nombreuses familles d’honnêtes gens dont le seul crime était de posséder un smartphone. Qu’est- ce que vous croyiez hein messieurs dames ? Exigez plus, ils obtiendront plus !


Haïti : L’Université Publique du Sud aux Cayes à l’agonie

Etudiants en greve
Etudiants en greve

C’est pour tenter de répondre à la demande de formation universitaire de plus de 40.000 jeunes qui terminent chaque année leurs études classiques en Haïti que le Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) décida de créer le 7 novembre 1999 aux Cayes le Centre d’Enseignement supérieur technologique (CEST). En 2006, avec le même objectif, mais aussi afin de décentraliser le système d’enseignement supérieur et de former des professionnels et des chercheurs à même de contribuer au développement intégral des régions, il commença à créer des Universités Publiques en Région en transformant le CEST en Université Publique du Sud aux Cayes (UPSAC). En janvier 2007, l’Université Publique de l’Artibonite aux Gonaïves (UPAG) fut créée. Puis, ce fut le tour, en octobre 2007, de L’Université Publique du Nord au Cap-Haïtien (UPNCH) et, en octobre 2011, de l’Université Publique du Sud-Est à Jacmel (UPSEJ).

Un processus d’harmonisation, de consolidation et d’extension du réseau des UPR a été entamé par le MENFP dans le cadre de son plan opérationnel (2010-2015) pour la reconstruction du système éducatif haïtien après le séisme du 12 janvier 2010. Ainsi, l’Université Publique du Nord-Ouest à Port-de-Paix et l’Université Publique du Centre à Hinche et à Mirebalais ouvrirent leurs portes en janvier 2013. Enfin, les préparatifs pour l’ouverture prochaine de l’Université Publique des Nippes, l’Université Publique de la Grand‘Anse et l’Université Publique du Nord-est à Fort-Liberté sont en cours.

En plus d’une faculté des sciences de l’éducation et d’une faculté des sciences administratives, l’Université Publique des Gonaïves a une Faculté des Sciences infirmières ; celle du Cap-Haitien une École Supérieure de Tourisme ; celles de Hinche et de Jacmel une faculté d’agronomie.

Cela dit, l’université publique du Sud aux Cayes (UPSAC) traverse au moins depuis le 5 novembre 2013 une grave crise institutionnelle. Une affaire de double poste administratif dans la fonction publique donc, de doubles chèques, a mis le feu aux poudres d’une administration décriée, corrompue jusqu’à la moelle selon ses contempteurs, dont des doyens de facultés, en poste à l’époque, des professeurs et de l’administrateur. Il n’en fallait pas plus pour que les étudiants crient au scandale et réclament dans la foulée la démission du prêtre-recteur et de meilleures conditions d’apprentissage. Ils exigeaient aussi la mise à disposition de l’institution de son propre local. La totalité des UPR n’est pas pourvue de campus. Bien que des démarches aient été entreprises sous l’ancienne administration, l’UPSAC fonctionne toujours au local du lycée Claudy Museau, un espace par moment rongé par l’insalubrité disposant de faibles infrastructures sanitaires.

Entre les tractations, les notes de presse, les interviews télévisées, l’indifférence des autorités et de la société civile, la crise s’envenimait et empiétait progressivement sur le temps d’apprentissage de l’année académique. Les étudiants ont pris le béton et bloqué la route nationale numéro II dans l’après-midi du 7 janvier 2014. Quelques jours plus tard, le recteur annonçait sa démission sur une radio de la capitale. On apprendra par la suite qu’il fut muté à la tête d’une autre université publique.

Etudiants a la Tele
Etudiants a la Tele

Depuis lors, les manques et faiblesses de l’institution se sont amplifiés. La parade du gouvernement n’a en fait rien résolu. Après quasiment trois mois de paralysie totale des activités, un comité de 5 membres sans réel pouvoir, n’ayant même pas été installé officiellement, est constitué afin de liquider les affaires courantes en attendant la nomination d’un recteur. Une nomination qui fait encore languir milliers d’étudiants et les dizaines de professeurs et membres du personnel administratif dont certains n’ont pas reçu leurs salaires depuis le mois d’octobre 2013. Si ces derniers ont patienté et permis la réalisation de la première des deux sessions que comprend l’année académique déjà fort mitigée, ils ont cette semaine abandonné les salles de classe jusqu’à l’obtention de leurs chèques. Par conséquent, les examens de fin d’années prévus pour la mi-juillet sont prorogés et personne ne sait encore pour quand.

Tenant compte, entre autres, des lacunes inhérents aux bacheliers, du manque de qualification de certains professeurs appelés à enseigner dans les UPR, du budget dérisoire qui leur est alloué, de l’absence d’une loi-cadre fixant l’organisation de ces institutions, de l’inexistence d’un ministère des études supérieures, de la répétition des mêmes crises non résolues, on se doute bien que la lutte pour une décentralisation effective de la formation supérieure, mais aussi l’accès à tout citoyen au savoir « libérateur et élévateur » reste en Haïti un défi que les gouvernements successifs ont jusqu’ici malheureusement relégué au second plan devant l’urgence d’un quotidien anthropophage avec ses exigences plus pressentes dont l’alimentation et le logement. Ainsi, va-t-il falloir que l’administration en place passe des paroles aux actes pour que les étudiants de l’UPSAC et des autres UPR en crise cessent d’assister résignés et impuissants au spectacle lamentable des semaines qui s’égrènent lentement et les salles de cours remplis d’intelligences avides de savoirs, mais vides de professeurs.


Les professeurs, ces héros ordinaires

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Ma salle de classe (Terminale), Collège Saint Louis, Jérémie, Haïti

L’instant présent devrait toujours être historique pour peu que l’on prenne compte dans la marche de l’histoire du geste muet et quotidien de ces millions de héros qui ne respirent que pour insuffler leur souffle de vie à ceux que la société s’évertue sans cesse à repousser dans ses périphéries. Mais l’histoire comme l’actualité traite les sacrifices sans éclat et ordinaire avec condescendance. Voilà pourquoi, eux n’auront pas leur place dans la cour des proclamés bienfaiteurs de l’humanité, pas même à côté de ceux qui disent faire de l’humanitaire tout en méprisant l’humain.

Fort heureusement, les concours de circonstances savent parfois être agréables. Comme le bon vin, les actes valeureux peuvent faire l’économie des publicités.

Si la nuit venait à faucher à jamais l’étincelle sur mon visage plus tôt que nécessaire, je veux qu’ils sachent qu’ils ont fait de moi ce que je suis. Du mauvais caractère au tempérament affable, des injures aux maximes à haute portée morale, des coups de sang intempestifs quand sur le salaire la direction prend du retard aux éternelles discussions n’ayant aucun rapport avec le cours dispensé, j’ai su, comme des millions de jeunes, tirer de l’enseignement de mes profs la sève nécessaire pour nourrir mon humanité.

Un bon professeur est une source intarissable de préceptes de vie quand la sécheresse des incertitudes et la chaleur étouffante de l’indécision s’abattent sur nos existences fragiles. Qu’il en soit ainsi… pour l’éternité !


Tatouage en Haïti : entre indélébilité et mortalité

1804
1804

Haïti se laisse absorber progressivement par l’attraction de l’encre de Chine. Tout un chacun connaît dans son entourage immédiat tel quidam arborant fièrement son dernier tatouage. Un travail d’acceptation a parallèlement été réalisé dans la dernière décennie, un peu grâce à la constante agression culturelle occidentale, afin de normaliser ces petits dessins souvent à l’encre verte sur peau basanée.

Pourtant, les risques liés à cette entreprise sont assez méconnus de la majeure partie des citoyens. De plus, malgré la banalisation de cet acte grave, aucune autorité étatique, ou le ministère de la Santé publique et de la population n’a jugé nécessaire de mener une campagne de sensibilisation afin d’aviser et d’encadrer cette pratique.

L’indélébilité du geste

Faire un tatoo devrait être une décision mûrement réfléchie du fait de la quasi-irréversibilité de l’action. Malheureusement, par manque d’information, nombreux sont ceux qui vont se peindre un motif le jour pour le regretter la nuit. D’autant plus que les hôpitaux s’adonnant à l’effacement des tatouages, au laser le plus souvent, le font à un prix inaccessible au citoyen lambda et se situent pour la plupart en République voisine. De quoi compliquer et même rendre impossible pour certains la correction d’une erreur de jugement ou de jeunesse. Je connais une jeune fille qui s’est fait marquer le nom de son copain bien en vue sur son bassin. Elle s’est trouvée dans l’embarras quand cet homme l’a délaissée un peu plus tard.

Non-différenciation entre mineurs majeurs

Tout comme l’enfant de 12 ans peut s’acheter sans restriction aucune de l’alcool ou des cigarettes, du fait de la non-réglementation stratégique ou criminelle du secteur, il peut aussi, a priori, se faire marquer à l’encre indélébile. Quitte à supporter le restant de ses jours le poids d’une décision dont il n’a pas mesuré les implications.

Les piètres conditions sanitaires

Les risques de transmission de maladies, entre autres, sexuellement transmissibles lors des séances de tatouage sont également peu connus. Les tatoueurs, n’ayant reçu aucune formation sanitaire ou même artistique, exercent souvent dans un environnement non stérilisé et sont rarement conscients du danger que fait courir à la santé des gens leur légèreté.

Si à la capitale, Port-au-Prince, les salons qui brillent par leur professionnalisme peuvent se compter sur les doigts de la main, tatouer en Haïti reste un acte aux conséquences périlleuses. À l’ombre des risques et la tentation de l’éternité de l’instant, gravez messieurs dames, vos vies, envies et divinités sur votre peau. À vos risques et périls !


Haïti : Il est temps d’honorer Francois/Jean Claude Duvalier pour services rendus à la patrie

Quelqu’un m’a un jour dit que Haïti est une terre d’exception. Ce que j’entends et lis sur cette île a en effet de quoi ébranler les socles de la raison et de la décence.

François et Jean Claude Duvalier - Credit photo : Paroles en Archipel
François et Jean Claude Duvalier – Crédit photo : Paroles en Archipel

Venons-en au fait. Certains se seraient indignés que le grandissime bienfaiteur de la patrie plus connu sous le nom de Baby Doc remette au goût du jour son parti d’un temps passé paradoxalement présent : les merveilleuses années de la dictature. Dans la perspective des élections qui se profile, l’ancien éternel présumé coupable de crimes contre l’humanité se prépare à faire bonne recette et réhabiliter son image ô combien injustement ternie. Après tout, n’a-t-il pas raison ? Pourquoi n’aurait-il pas le droit de rehausser l’éclat de son nom si sali par nos mensonges, nos inventions de massacre ? Que savons-nous vraiment de ce qui s’est passé ?

Jean Claude Duvalier - Crédit Photo : Plongaye
Jean Claude Duvalier – Photo : Plongaye

Que les exaltés se taisent… que les pseudopatriotes, militants, partisans des droits de l’homme, victimes fantômes, etc. avec leurs visions surannées de l’histoire mettent la sourdine. Francois Duvalier et consorts sont pour les Haïtiens ce qu’Adolf Hitler est aux juifs. Un homme au grand cœur envoyé par le Bon Dieu pour nettoyer la terre des rebuts malsains qui la gangrène. Dommage que nombre d’entre nous ne comprennent toujours pas. Jésus n’a-t-il pas, dit-on, été crucifié alors qu’il nous voulait que du bien ?
Oui, il est temps d’honorer cet homme et toute sa descendance pour les services rendus à la patrie. Pourquoi ne pas élever au cœur de la ville de Port-au-Prince une imposante statue, à la hauteur de la compassion qu’il a témoignée pour ces ingrats et amnésiques haïtiens ? Il est temps que le monde sache, il est temps que les journaux, la télévision, internet diffusent la nouvelle, François Duvalier et ses acolytes ont été ce qu’il y a de plus fin, de plus sublime, de plus extraordinaire qui peuvent arriver à Haïti.

Des maisons incendiées avec leurs occupants, des dizaines de femmes, de filles et enfants éventrés, des hommes arrachés de la chaleur du lit de leurs femmes en pleine nuit pour ne plus donner signe de vie. Fort dimanche, ô douce maison de retraite anticipée où celui qui rentre n’en sort pas. Que de mères n’ont pas fini leurs deuils ? Que de fils, de filles pleurent encore leurs disparus ! Qui dit mieux ?

Liberté d’expression bâillonnée, régime de terreur, dictature de la pensée unique, pillage dans les caisses de l’État, misère, cerveaux contraints à l’exil, terreur institutionnalisée, exécutions sommaires, Tonton macoute, image répugnante de l’ile dans la communauté internationale. Qui dit mieux ?

Et avec ça, vous vous insurgez qu’il se réserve le droit de se présenter aux élections ? Ce grand nationaliste, pourfendeur, pardon, défenseur des valeurs de la république, qui a contribué au rayonnement de la Perle des Antilles ? Non, mais sérieusement ?

Francois Duvalier et Bill Clinton
Francois Duvalier et Bill Clinton

Je déclare officiellement, par les pouvoirs divins qui me sont conférés (Ne me demandez pas par qui. C’est divin), que les nations doivent se réunir à l‘ONU et consacrer un jour à la gloire d’Adolf Hitler, Pinochet, Francois/Jean Claude Duvalier et consorts, Staline, Bachar Al Assad et tous les autres grands mécènes de l’humanité, injustement salis, foulés au pied, répugnés et dégouttés à tort. Ce sera justice !


Réclamons le droit de mourir dans la dignité

© Photo J. Robert/MAXPPP
© Photo J. Robert/MAXPPP

De tergiversations sur la légalité aux importunes considérations morales, on en oublie dans ce débat permanent sur la fin de vie de penser humain ! Entre son inéluctabilité et sa récusabilité toujours plus importante par les hauts faits de la science, le crépuscule de la vie exerce sur les sociétés humaines de toujours une attraction hébétée teintée de fatalité et d’effroi.

Car la mort ne sera jamais seulement une affaire technique

Autrefois, l’agonie pouvait s’étendre à l’infini, transformant ce qui avant était humain, en une espèce de tâche repoussante, hoquetant entre la lumière et les ténèbres dans une lutte fatale où les derniers sont presque toujours certains d’obtenir la mise. Ceux qui encore ont le sursis de baigner dans la clarté en arrivent à ne garder de celui qui s’en va que cette image disgracieuse et abominable faisant écran par là à toute une vie de joie et d’efforts partagés.

Mais le monde dans sa marche constante vers le progrès scientifique, philosophique et éthique a évolué. Notre humanité s’en trouve renforcée. Nous avons compris qu’à un certain moment, prolonger la souffrance et l’affliction jusqu’au bout quand tout espoir est évacué relève d’une bestiale cruauté et est, par là, indigne d’une société civilisée. Si hier le doute résultant d’une connaissance chancelante de la nature humaine pouvait de manière légitime retenir l’élan de nos convictions magnanimes, aujourd’hui notre inaction est coupable et même criminelle.

La loi, l’érudition et l’idéologie doivent être au service de l’homme et de la justice, pas l’inverse. Je réclame le droit de m’en aller dignement. Râler lentement, à la frontière de l’humanité, décharné, les yeux hagards, le regard vide et la bave dégoulinant sur le menton sous les regards pitoyables de la famille et du corps médical rendu impuissant sont une réalité d’un autre temps. Quand la loi est absurde, la désobéissance citoyenne doit préserver le bon sens et les acquis fondamentaux. Je soutiens le courage du Dr Nicolas Bonnemaison.


Justice perverse

Ici, on ne se pare des habits de la Justice que pour mieux masquer ses perversions dans le bal expiatoire où l’indigent fait figure de bouc émissaire d’un système à visages multiples où l’on est traité selon l’épaisseur de son portefeuille et de son carnet d’adresses. Au carrefour de la déraison, les concepts changent de sens et le peuple perd sa dignité.


Haïti : laissons les dominicains s’emmurer

Des décennies de propagandes anti-haïtiennes ont fini par terrer des millions de dominicains dans un racisme et un repli sur soi primaire, réactionnaire, brutal et injuste face aux Haïtiens. Le dépôt, mardi 10 juin 2014, par le député Vinicio Castillo de la Force nationale progressiste (FNP) d’un projet de loi visant à construire un mur tout au long de la frontière entre les deux pays est symptomatique d’un état d’esprit régressif animant une grande partie d’élus de l’autre côté de la frontière, pour qui agiter le spectre de l’invasion haïtienne est devenu, à défaut de propositions intelligentes pour enrayer les problèmes internes, un genre politique à part.

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Par ailleurs, la référence à une autre période sombre de l’histoire de l’humanité est manifeste. La construction du mur de Berlin, par la République démocratique allemande (RDA), qui symbolisait la coupure de l’Europe en deux, “capitaliste et socialiste”, a débuté dans la nuit du 12 au 13 août 1961 en pleine Guerre froide. Mur de la honte qui, comme toute construction absurde, a fini par s’écrouler par le simple assaut de la marche de l’Histoire le 9 novembre 1989.

Mais, qu’on ne se trompe pas d’adversaire. La haine viscérale que certains dominicains vouent à Haïti trouve dans l’incurie de l’État haïtien un terreau propice pour se propager. L’incapacité de ce dernier à créer de l’emploi, sécuriser sa population, faire du pays un coin vivable pour ses citoyens, renforcer l‘État de droit, organiser des élections honnêtes, libres et crédibles comptant sur le vote du peuple et non sur le phagocytage de l’appareil électoral, sont les arguments les plus crédibles des illuminés qui instrumentalisent et amplifient l’immigration afin de masquer les vrais sujets préoccupants.

 La légèreté scandaleuse qui caractérise la piètre performance diplomatique du gouvernement haïtien dans le dossier de l’arrêt raciste 168-13 décrié par plusieurs pays et des institutions internationales de défense des droits de l’homme met le projecteur sur une politique qui peine à défendre les intérêts de ses nationaux. Comment pourrait-il en être autrement quand des accusations crédibles font état de financement et le versement de pots de vin par des entreprises de la république voisine, quand on entend que les intérêts économiques de certains potentats de l’administration en place seraient tels qu’ils font écran à la défense de l’intérêt national ?

Toute entreprise dont les bases se trouvent enfouies dans l’insanité est vouée à l’effondrement. Le monde du 21e siècle est celui de l’ouverture, du cosmopolitisme et de la promotion des droits humains. Le chauvinisme rétrograde, le culte de la haine et de l’enfermement sur soi n’ont désormais plus leur place. Le mur idéologique construit entre nos deux peuples, qui aboutit à la déshumanisation de travailleurs, de concitoyens et d’étudiants haïtiens tout en exacerbant la cruauté de certains dominicains à leur égard, s’effondrera avec l’éveil de conscience des Haïtiens et la mise en place entre autres de vrais services publics pour sortir le pays de l’impasse économique. Pour l’autre, physique, en improbable gestation, il sombrera de lui-même. En résumé, laissons les dominicains s’emmurer et commençons, finalement, par mettre en place des ponts vers le progrès.


France : quand la police se moque du nègre

Credit Photo LefigaroCes mots de feu Stephane Hessel, limpides de vérité, aujourd’hui encore devraient résonner : Indignez-vous ! Car, c’est effectivement ce dont on a besoin actuellement! Un peuple qui perd sa capacité à s’émouvoir, à se questionner et se révolter contre l’infâme, ce qui porte atteinte à ses valeurs intrinsèques est un peuple sur l’autoroute de la décadence !

Des policiers organisent une soirée négro

Les commentaires fusent. Certains abondent dans le sens de l’explication d’un des participants. La soirée était privée ! Non, mais sérieusement ? C’est ça maintenant la démocratie à la française ? Faire semblant de s’approprier des normes républicaines le jour et les fouler au pied la nuit ? Le racisme n’est pas une opinion. C’est un délit ! Les valeurs républicaines se doivent d’être respectées aussi bien en public qu’en privé ! Que des policiers s’arrogent le droit de se moquer des noirs de façon fort grotesque qui n’est pas sans rappeler le fameux blackface du xxe siècle jette l’opprobre sur toute cette institution qui d’ailleurs remonte régulièrement dans le débat du respect de la dignité des noirs.

En ces temps de crise et de désespoir économique, la France, celle qui inspire, celle des Lumières sombre doucement, mais sûrement sur les pentes glissantes et périlleuses de la xénophobie et du racisme. Les poussées du Front national, les attaques à la banane contre une ministre noire ou l’organisation par des policiers de soirée pour se moquer du négro ne sont que les avatars d’un mal profond qui risque de miner des siècles de combats et d’acquis allant dans le sens du vivre ensemble dans la différence. L’indifférence est fossoyeur de la démocratie. Il est encore temps ! Indignez-vous Marianne !


Pourquoi la jalousie est antidemocratique ?

jalousieWilliam Shakespeare disait que « La jalousie est un monstre aux yeux vert qui produit l’aliment dont il se nourrit ». Rien de plus vrai en effet, car, si on définit la jalousie amoureuse comme une émotion empreinte d’agressivité qui résulte de la peur de perdre l’être aimé ou l’exclusivité de son amour au profit d’un autre, il n’en est pas moins  vrai que nombre de fois, elle ne repose que sur l’imagination et non sur des faits avérés.

Je souhaite souligner deux choses dans cette définition qui font que, de mon point de vue, la jalousie ne peut être qu’antidémocratique:

Peur de perdre :
1-L’être aimé
2-L’exclusivité de son amour

J’imagine déjà les protestations de ceux qui vont arguer que la vie amoureuse n’entre pas de le cadre d’une quelconque théorie et que trop subjective elle ne saurait être cernée. Du calme les gars ! Je répondrais volontiers, et gentiment, que la démocratie est un ensemble de valeurs qui devrait avoir son emprise sur toutes les dimensions de la vie sociale… et que se comporter de telle ou telle autre manière dans une situation donnée est corollaire de la conception qu’on se fait de ces valeurs et de la société.

Bon, passons

La jalousie serait cette crainte intenable, souvent injustifiée, de perdre l’être aimé. Est-il besoin de rappeler que le temps où l’on pouvait posséder une personne humaine est révolu ? Une relation c’est d’abord un accord, exprimé ou tacite, entre deux individus qui désirent mieux se connaitre, profiter de la vie, faire des projets d’avenir en communs etc. De mon point de vue, il y a autant d’attentes, d’aspiration qu’il y a de couple. Ainsi, on ne possède pas l’autre, et quand il décide de s’en aller, en l’exprimant ou en l’insinuant, c’est qu’il/elle a fait le choix de rompre ce pacte. Puisque légalement, le pacte dissous raye les obligations qui liaient les parties, on a qu’à s’y faire et passer son chemin. Arrêtons de chialer…

Et encore, faut bien que ça soit justifié car, la majeure partie de nos jalousies est inventée. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 veut que la liberté soit le pouvoir de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Pour ma part, je ne vois pas en quoi ça me nuirait qu’une personne que je prétends aimer, trouvant son bonheur ailleurs, me quitterait. A moins que son bonheur me soit nuisible.

Par ailleurs si on ne possède pas la personne, on ne peut pas non plus posséder ses sentiments. Ainsi, est-elle libre d’aimer qui elle veut et quand elle le veut. C’est pas parce qu’on a le fric qu’on achètera forcément la voiture la plus chère, ainsi, ce n’est pas parce ce qu’un homme/femme est à notre portée qu’on voudra inévitablement l’avoir dans notre lit.

Cela dit, cette appréhension de PERDRE l’autre est attentatoire à ce qu’il a de plus cher à savoir sa LIBERTÉ.

Si des fois, on n’a pas peur de perdre physiquement la personne, on craint par contre de perdre « l’exclusivité de son amour ». Une autre compromission de la liberté de l’autre car si légitimement on peut prétendre réclamer son amour, on n’en est pas EXCLUSIVEMENT détenteur. J’y vois là une dérive fasciste au relent totalitaire. Une personne n’est jamais un ordinateur réagissant au bon vouloir de son proprio mais un ensemble complexe de sentiments, de penchants et de VOLONTÉ. C’est à elle et elle seule de décider qui mérite ou pas son attention/sentiments/amour. Déjà que ça dépend même pas de lui dans la majeure partie des cas.

Du reste si on ne décide pas d’aimer, on peut par contre préférer de garder quelqu’un dans sa vie et c’est là que la longévité/viabilité des relations se joue.

La jalousie n’a jamais été une preuve d’amour mais plutôt une maladie, une paranoïa, un profond irrespect qui agit comme une gangrène dans la chair fraiche et vivace de nos relations. Non guérie, elle ne cessera de grandir, de grossir et de s’amplifier jusqu’à exterminer la dernière cellule de sentiment qui restera. Bâtissons nos relations sur la CONFIANCE et la totale LIBERTÉ des uns et des autres… et dormons sur nos deux oreilles… l’œil ouvert quand même.


Modèle

Chaque jour je découvre des hommes qui repoussent les limites pour faire avancer le monde. Petits et grands, noirs ou blancs, femmes ou hommes, ils œuvrent tous pour une cause. Ils se battent pour des idéaux. Droits de l’homme, droit à l’éducation, droit de vivre dignement, droit de disposer de son corps, droit de prendre son temps et laisser le temps passer… Fièrement, ils/elles gravissent avec dignité, une à une les échelles de l’estime et du mérite. Ils enracinent leurs pas humains dans la connaissance et la rigueur de la science. Ils s’en remettent à la morale et à l’éthique. Ce sont eux mes modèles Monsieur. Vos corruptions, bouffonneries et pitreries ont pour seule qualité de corrompre jusqu’à l’épuisement cette jeunesse en manque d’idéal. Si nos tribunaux toujours vous épargnent, vos forfaits eux témoigneront de vous au tribunal de l’histoire. De vous il n’en restera à la place du nom qu’un vague goût âcre, nauséabond aux relents pestilentiels. Somme toute insignifiant.

MW


Aide externe à Haïti : plaidoyer pour un nouveau séisme

Aide a haitiDans la société contemporaine, l’ordinaire n’a pas sa place. Les faux-semblants, le paraître, l’hypocrisie dament au quotidien la place à la raison, à l’empathie désintéressée et à l’humanité tout court. Je me suis abstenu de commenter le déferlement de soutien qui a suivi l’acte ignoble et barbare des « seigneurs » de « Boko Haram« . Des seigneurs somme toute pas si différents de ceux qui sévissent à la tête de nombreux Etats en Afrique et dans le monde. Sauf que, empêtrés que nous sommes dans nos simulations et simagrées, nous avons la vision sélective.

Cela dit, la bienveillance, engendrée par le séisme du 12 janvier 2010 passée, 4 ans après, comme un gigantesque bâtiment construit sur du sable, se désagrège. Le soutien financier se raréfie. Ce qui pour moi n’est pas un scoop. Par contre, la pagaille que la nouvelle semble avoir semée dans les fiches du ministère de l’Économie et des Finances a de quoi susciter l’hilarité.

Haïti est une « République réceptacle béant » où les grandes puissances déversent chaque année une aide dont les chiffres monstres font l’effet d’un éléphant assis sur une fourmi à côté des réalisations qui en découlent. L’histoire a déjà prouvé que sans coordination réfléchie et la participation effective de la population, amenez Bill Clinton ou laissez la bande de politiciens traditionnels, la plupart, à gage polluant les boulevards du pouvoir à la recherche de maigres débouchés, les milliards accordés à Haïti ne serviront a rien. Sinon qu’a alléger le sommeil de ce richissime entrepreneur de Wall Street qui au détour d’un dîner de charité se fera une bonne conscience se targuant d’avoir servi à quelque chose.

Nous avons passé des décennies tout en bas du piédestal de l’AUTRE en quête de quelques égards afin de nous construire. Il est temps maintenant d’apprendre à compter sur NOUS même. Haïti ne se développera pas avec l’aide externe. La communauté internationale à l’indignation sélective n’est elle pas sensible à la banalité de quotidien assoiffé de sang engloutissant nombre communautés à petit feu. Sachez-le ! Sinon, sur leurs chaînes TV, on verrait à côté d’un reportage sur #BringBackOurGirls un compte rendu sur les centaines d’Haïtiens coupeurs de canne qu’on estropie chaque année en République dominicaine, ces centaines de jeunes filles qu’on jette à l’aube de leur vie, sans éducation, à la merci des violeurs et marchands d’organes dans la domesticité, « restavek ».

Bref, messieurs, je vous fais une confidence. L’aide de la communauté internationale continuera d’aller en decrescendo. Commencez enfin par chercher en vous et pour vous la solution au marasme haïtien ou, au mieux, attendez que Dieu veuille bien nous gratifier d’un autre tremblement de terre. 

Widlore Merancourt


Haïti : ras-le-bol du double langage de l’opposition

Membre de l'opposition apprehendeFace au passé dictatorial macabre et ingrat que traîne Haïti, deux types de politiciens se sont dessinés au fil des péripéties de la démocratie encore chancelante, à ses premiers balbutiements, mais souvent étouffés dans un tohu-bohu d’intérêts divers et souvent contradictoires. 1

D’un côté, celui qui considère le passé comme un pivot pour construire un lendemain meilleur où l’humain sera la mesure de toute chose. Où personne ne sera inquiété pour ses opinions fussent-elles à contre-courant du chef de l’État. Où le mari ne sera plus jamais arraché de la couche encore chaude de sa femme pour être jeté dans la froidure intenable de Fort-Dimanche. Torturé, blessé, violé. Tout ceci, sans aucune forme de procès.

De l’autre côté, il y a celui qui instrumentalise le passé pour mieux l’asservir à ses pulsions de pouvoir aussi mortifères pour la jeune démocratie que pour la stabilité immédiate du pays. Ces brasseurs de vent, habiles au maniement des mots (maux), brandissent à un rythme insoutenable depuis 1986 à chaque peccadille le « spectre de la dictature ».

Je n’ai personnellement aucune affection particulière pour l’administration en place que je trouve par ailleurs, malgré la légère couche de bonne volonté vernissant sa surface fragile, moins prompte à hisser ses « réalisations concrètes » à la hauteur de ses « campagnes de propagande« . Ce qui m’écoeure c’est le degré d’hypocrisie de l’entité dénommée « opposition 2« , pilier de toute démocratie dans ses prises de position face au pouvoir.

 Vle pa vle, fòl ale 3

Il est de bon ton et de bon sens de ne pas vouloir une chose et son contraire à la fois. L’opposition plaide pour la stabilité des institutions du pays, mais ne s’empêche pas de militer sur le terrain pour la déstabilisation du premier gage de stabilité démocratique qui est l’alternance périodique aux postes électifs. Selon la constitution haïtienne, le président est élu pour 5 ans. Point. Les quelques hésitations et emmêlages de pinceau du président au regard de la conjoncture ne justifieraient pas qu’on plonge le pays dans le chaos pour le plaisir de donner une leçon à quelqu’un qui à lui seul symbolise l’échec de la classe politique haïtienne gérontocrate, étriquée et rétrograde.

Arrestation illégale

La loi est une pour tous. Nul n’est au-dessus de la loi psalmodient-ils à longueur de journée sur nos ondes. Mais, semble-t-il que cette loi devrait être impartiale seulement quand il s’agit de leurs opposants. À chaque militant politique arrêté, la meute se lance, le message préparé d’avance: arrestation politique, oppression et patati et patata.

Bien que le président a fait montre d’un penchant inquiétant pour le totalitarisme, rien n’oblige nos chers politiciens à avoir si peu de foi dans une justice qu’ils ont grandement contribué à construire. En Haïti, à la différence de nombreux pays, un certain degré de transparence dans les procès et le respect de certaines normes universellement admises rendent plus facile la défense d’un accusé. Et ce, c’est sans compter les pressions de la communauté internationale, des organismes de défense des droits de l’homme et de la société civile plus ou moins bien informée par une presse qui, jusqu’à preuve du contraire, asservit telle entité au détriment d’une autre pour ses propres mesquineries pécuniaires, mais non par une répression systématique comme c’est le cas dans certains pays dictatoriaux.

Les manifestations font partie de la vie démocratique. Elles ne doivent en rien servir de prétexte pour que des anarchistes détruisent sans la moindre décence ni retenue les biens publics et privés. Ceux qui se sont rendus coupables de tels actes doivent rendre compte devant la justice. Ça se passe ainsi dans tout pays civilisé.

Le jour où l’opposition haïtienne s’attardera au détour d’un de ses échecs pour réfléchir sur le sens profond de concepts comme, l’égalité, la justice, le bien commun, vivre ensemble dans la différence, le pays ne se portera que mieux et la saison des fleurs prendra vie sur la démocratie.

 

 

 1- Les opinions exprimées sur ce blog n’engagent que moi. Elles ne reflètent en rien la ligne éditoriale de la Télé Caramel.

 2- Je ne fais pas ici référence à une entité ou organisation politique particulière, mais plutôt l’opposition d’une manière générale telle qu’elle s’est toujours manifestée à moi. Donc, il faut enlever de ce groupe les partis ou collectifs œuvrant au respect des normes démocratiques et ne s’adonnant pas aux pratiques que je critique.

 3 -Du créole, cri de ralliement de manifestants lors des protestations : »De toute façon il doit s’en aller »