Nicole Hamouche

Étrangères, je vous aime

Elles s’appellent Snu Abecassis, Golshifteh Farhani, Andrée Chédid, Nadia Tuéni, Mireille Maalouf… Elles sont ces femmes croisées sur les bords de l’Atlantique, sur les rives d’un fleuve de vie, sur ce bout d’Europe qui regarde vers l’Afrique et qui un jour fut oriental :  elles sont portugaises, brésiliennes, iraniennes, africaines, cap verdiennes, russes et elles m’inspirent. Elles ont bougé, elles sont parties quand il le fallait, pour un autre pays, pour un amour, pour une certaine idée de la dignité humaine et de l’amour. Elles ne se sont pas caché mais elles ne se sont pas non plus exhibé ; elles ne se sont pas donné à voir sans cesse ; elles ont vu autour d’elles, elles vivent. Elles n’utilisent pas beaucoup de mots mais leurs travaux, la direction de leur attention disent leurs valeurs.


Croissant au thym dans la tourmente

Je lis Veiller sur elle de Jean Baptiste Andréa ; et j’avance, je galope avec Mimo, dans ce monde de puissants veules et manucurés et cachés comme dans le Liban d’aujourd’hui. Ce Noël j’ai envie d’écrire des contes tant le réel est difficile. Ce conte est tragique – souvent chez les contes de Grimm il y a quelque chose de tragique – ceux que j’avais écrits en premier, empreints de la générosité des…


Arbol del amor – Un conte de Noël

Je m’appelle l’Arbol del amor. Je prends racines en Amérique Latine au pays des Incas et des Mayas, au plus près de civilisations anciennes et indigènes. Mes racines sont les émanations de ces hommes, les tohus bohus qui couraient pieds nus, d’un point à un autre, des landes et des montagnes…



Magda Malkoun, un art immergé dans la puissance du féminin

World Art Dubai la distingue en 2021 Meilleure artiste émergente. Ses grandes toiles mixed media uniques représentent des portraits de femmes hautement symboliques qui s’animent. Les femmes qu’elle donne à voir pourraient lui ressembler; des femmes grandes, présentes, à ce qui se passe autour et en elles, composées de milles histoires et collages en lien avec l’histoire des lieux. Elles cartonnent ; s’exposent avec leur look unique que l’on distinguerait…



Gaza, Beyrouth et chocolat

L’hôpital à Gaza a été bombardé. Beyrouth est en berne. Il ne passe pas une âme en ville. Nos cœurs sont suspendus aux canons du Hezbollah et aux arômes de cacao. Les malheurs du monde et surtout ceux de nos voisins nous touchent directement. La mémoire du corps qui revient au galop. Nous connaissons le goût de la guerre. Il suffit de faire mémoire pour se retrouver, ne pas céder à la violence qui vient de l’absence de centre justement… . Opter plutot pour la chaleur humaine et les arômes de cacao


Farjallah Haïk, l’immense romancier francophone, retrouvé

Il fait bon retrouver des romans tels que ceux de Farjallah Haik en ces temps chahutés ; son souffle, sa révolte fougueuse, sa poésie et sa modernité sont un rappel de la force de vie et des origines. Un consentement vibrant à notre condition humaine et au vivant. Par la grâce de son verbe, élégant et libre, l’auteur nous confronte, sans tabou à des thématiques essentielles, pour beaucoup d’entre elles mises sur la table seulement aujourd’hui, un siècle plus tard. Il faut lire cet auteur pour découvrir un autre Liban.


Les poubelles de l’Histoire

A toute heure du jour et de la nuit, partout dans les rues de Beyrouth, capitale du «pays message» cher au Pape Jean Paul II, des hommes fouillent dans les poubelles. Que reste-t-il du message?
Trois ans après l’explosion du Port j’ai honte et mal tout à la fois de voir où nous en sommes, de l’inertie après un tel crime, une telle tragédie et de tels avilissements. Mal de la rupture consommée plutôt que de la soudure, de la refonte possible abandonnées. J’ai honte et mal de nos rues et des bennes déversées,


La pointe de la Dogane libanaise

J’ai beau m’adapter, pratiquer le détachement, il me manque ce bout de Méditerranée devant lequel je m’installais tous les matins ou presque, à la pointe de la plage. Comme si c’était la pointe de la Dogane à Venise. Je me plaisais à m’imaginer sur cette pointe, contempler l’horizon… Ce qui m’a fait tenir toutes ces années au Liban, ce sont assurément ces matins-là sur ma pointe de la Dogane, embrassée…


Ces imprimés du tissu humain

Je me suis joint à cette aventure du Beirut Physical Lab, car j’avais besoin de danser, de me reconnecter à mon corps, dans un Liban qui avait fragmenté toutes mes articulations ces dernières années. J’y ai rencontré un mini Liban qui m’a enveloppée.


Tous les 14 Mars – La mémoire d’une révolution

Et pourtant, quand je débarque Place des Martyrs tôt le matin ce 14 Mars, ce même appel de la liberté, d’envol me prend comme à chaque fois que j’arrive sur cette place ouverte, rassemblement ou pas. L’immeuble du Nahar, blanc couvert de bleu comme une sainte, avec le profil déterminé de Gebran Tuéni, éveille toute ma tendresse ; et  la vue du port au loin, mon envie de projets ou de partance. Il faut cependant plus que la nostalgie, plus que la tendresse pour s’élancer, pour entreprendre. Cette Place me suggère encore le mouvement, pendant un temps… avant que je me souvienne combien notre liberté de mouvement est restreinte


La poésie au temps du choléra

Silence de cathédrale dans le Mina Image Center. Le nom me renvoie à Mina, l’héroïne de Tendresse des loups de René Fregni, plutot qu’au port, « mina » en arabe. Le nom déclenche une association immédiate dans mon esprit, un état d’esprit, tout comme peuvent le faire les lieux. Les lieux imposent une attitude, du moins, en invitent une. Ici, ils invitent le silence. Des aquarelles représentant des formes géométriques, colorées, petites,…


L’iceberg des relations incestueuses

Je me réveille en pleine nuit, agitée par un cauchemar bizarre : j’ai rêvé du banquier avec lequel j’ai maille à partir en ce moment ; je suis en maillot dans une piscine avec d’autres convives, quelque part dans la montagne, et on dirait que je suis chez ce même banquier qui ne me rend pas un centime de mon épargne que j’ai placée dans un fonds à l’étranger par son intermédiaire,…


Combattants de la lumière

Je sors de Gemmayzé d’un rendez-vous dans une de ces magnifiques demeures anciennes. Les femmes qui y vivent et y travaillent sont à l’abri du monde là-dedans. Ça joue, le lieu, tout de même. Je tombe en marchant dans la rue sur des photos qui attirent mon regard, noir et blanc. J’entre quelques minutes pour respirer un peu de beauté, d’espace avant de retrouver le sinistre grand hôpital où mon…


Beyrouth : des sacs de plage et des bouteilles

La violence est salissante, souillante. Je débarrasse les lieux qui me salissent tant ils portent les traces de la violence, de ceux qui sont sauvagement entrés chez moi par effraction, qui ont pris le temps de scier la porte d’entrée, de la briser, de tout jeter au sol, de tout renverser, disperser: vêtements, lingerie, papiers, feuilles, documents,etc.  La porte sciée, brisée, deux jours de suite, sans que personne ne réagisse ;…