René Nkowa

Snobisme, quand tu nous tiens

The Snob
The Snob

Le camerounais est un incorrigible vantard. Si le snobisme devait avoir une nationalité, elle serait sans aucun doute camerounaise. Nous vivons dans un pays où, si tu n’as pas un peu, comme on dit ici, tu es mort et enterré. Non pas parce que la misère aura eu raison de toi, mais à cause des regards hautains dont les gens ayant un peu t’auront chargé et dont le poids t’aura littéralement enterré vivant. Le camerounais est snob. Et c’est même très peu de le dire. Comme d’habitude, je vais m’entendre dire que je fais des exagérations et des généralisations. Mais dans un royaume où tout individu qui a une once de pouvoir en abuse, se montrer est devenu un véritable sport national. Qu’est ce qui me faire le dire ? Tout simplement parce que c’est la vérité. Pour ceux qui en doutent, voilà quelques explications.

Commençons par un tour dans nos aéroports. Au hasard, on prendra celui de Douala. Il y a quelques années, les autorités avaient interdit l’accès des aérogares aux personnes qui ne voyageaient pas. Pourquoi ? Simplement parce que ces endroits étaient bondés, occupés qu’ils étaient par ceux qui venaient accompagner les voyageurs. A qui profitait le crime ? Tant aux voyageurs qu’aux accompagnants. Celui qui voyage doit montrer à tout le monde qu’il prend l’avion. Ah, l’avion, ce moyen de transport suprême ! Monter dans un avion n’est pas donné à tout le monde. Il faut que le maximum de personnes sache qu’on va entrer dans le ventre de l’oiseau. On ameute donc famille, amis. Ceux-ci ne se feront pas prier pour converger vers l’aéroport. Vous ne pouvez pas imaginer les sourires satisfaits que font ceux qui te disent : « gars hier, j’étais à l’aéroport. Je suis allé accompagner un pote qui partait ». Question de te faire comprendre que lui aussi s’est retrouvé à deux cents mètres à tout casser d’un aéroplane. Victime j’ai été. Je me suis fait remonter les bretelles par un ami qui était mécontent du fait que je sois « parti » sans lui dire. Il m’aurait accompagné à l’aéroport, il a dit. Je lui ai demandé à quoi il allait me servir là-bas. Notre relation en a pris un coup.

Descendons d’un cran. Tout le monde ne peut pas prendre l’avion. Mais effectuer un voyage entre Douala et Yaoundé (ou dans le sens inverse) est plus dans les cordes du camerounais moyen. Pour cela, il faut se rendre dans une agence de voyage afin d’emprunter un autobus. Souvent le spectacle en vaut largement le détour. Le week-end dernier, je devais aller à Yaoundé. Période de vacances, tout le monde voyage. Le bus que je devais emprunter n’était probablement pas encore parti de Yaoundé au moment où j’ai acheté le ticket. Ça m’a laissé de longues heures d’observation. Dans nos stations de bus, on a souvent l’impression que tout le monde va à une même grande fête. Les femmes et les filles arborent les plus belles toilettes. Certaines sont tellement maquillées, on croirait qu’elles vont à une élection de miss. J’ai eu mal aux pieds à la place de ces jeunes femmes qui portaient ces chaussures hyper compensées qui sont revenues à la mode. Les garçons ne sont pas en reste. La plupart avaient plus l’air du chanteur DJ Arafat que de camerounais normaux. Et dire qu’on est tous là pour risquer nos vies sur l’un des axes routiers les plus dangereux du continent. Quitte à mourir, autant le faire en beauté hein ? Ce qui est sûr, c’est qu’avec mon vieux pull à capuche délavé et mon pantalon en jeans totalement élimé, j’étais comme un cheveu dans la soupe.

Le problème c’est qu’il pleuvait et qu’il faisait froid. Et je ne parviens toujours pas à comprendre à l’autel de quoi les filles aux épaules dénudées s’exposaient ainsi à une pneumonie.

La voiture. Signe extérieur de richesse. Nous sommes indigents. Ce qui dans d’autres pays est un moyen, la voiture est une fin chez nous. Tu as réussi ? Oui. Mais où est la voiture qui le prouve ? Beaucoup chez nous on changé morphologiquement depuis qu’ils ont acquis cet objet de luxe. Non pas à cause du fait qu’il accroît notre sédentarisme en annulant nos dix ou quinze minutes de sport quotidien qu’imposent la recherche d’un taxi. Non. A force de gonfler*, ils ont fini par changer physiquement. Pourquoi ne gonfleraient-ils pas d’ailleurs? Ils roulent  en voiture quand la majorité va à pieds. Celui qui a une voiture est tout puissant. S’il y a une réunion, on l’attend toujours. Il est celui qui a le privilège d’être bloqué dans un embouteillage. Pour les autres, c’est un luxe impossible parce qu’un embouteillage n’a jamais ralenti un moto-taxi qu’on aurait pu emprunter ou alors le piéton. Celui qui a la voiture est celui qui aura facilement les petites, car selon une expression consacrée ici « les femmes aiment l’odeur du carburant ». Quand tu gares une voiture dans la cour du père de ta fiancée, il n’y a aucun risque de repartir sans elle. Parce qu’autant toi le propriétaire de l’auto tu te gargarises des exploits qui t’ont permis d’acquérir ce bijou (qui au demeurant est un vieux tacot importé de Belgique), ta compagne ne se privera pas de dire à ses amies envieuses que son fiancé a la voiture.

On dit qu’au pays des aveugles, les borgnes sont rois. Les choses qui sont toutes naturelles dans beaucoup de contrées relèvent chez nous de l’extraordinaire. Les sénégalais du Sénégal riraient à s’enrouler dans la poussière s’ils entraient dans un restaurant sénégalais à Douala. Ils se demanderaient si c’est le même riz qu’ils mangent tous les soirs à Thiès avec les mains et en crachant la morve dans la sable à côté. Les gens qui mangent dans nos petits restaus sénégalais se comportent comme s’ils étaient au restau de l’hôtel Hilton de Yaoundé. Quelqu’un qui mange un hamburger à Douala passe pour un extra-terrestre. Et il se comporte comme tel. Ne parlons même pas de la pizza !

Les camerounais ont très vite adopté Facebook. Les raisons sont désormais évidentes. Dans la compétition de celui qui sera le plus vu, ce réseau social est un outil de premier plan. Il y a une petite chose que j’ai remarquée pendant mes quelques années de présence sur Facebook. Des personnes jadis totalement transparentes sont devenues de véritables vedettes sur le réseau. Quand le gars était ici à Douala, il pouvait publier sur son mur qu’il allait s’immoler en pleine rue, ou annoncer qu’il renverserait le régime en place, personne n’aurait réagi. Ses publications restaient désespérément seules, sans le moindre j’aime ou commentaire. Et puis, un jour de décembre il a écrit : « -3 degrés Celsius ». Nulle part au pays, le thermomètre descend en dessous de quinze degrés. Nulle part en Afrique d’ailleurs. Les calculs sont vite faits. Le gars ne peut être que parti ! Soixante-dix commentaires et deux fois plus de j’aime. Qu’il poste une photo de sa trombine avec le logo d’un McDonalds en arrière-plan et il récoltera les avis les plus dithyrambiques.

Il n’y a pas de McDo au pays. Si on parvient donc à se retrouver à quelques mètres d’un McDo, quelque part on a réussi. Et une réussite n’a de valeur pour nous que si elle se sait.

Par René Jackson

*Gonfler: crâner, faire l’important


Journal intime d’une étudiante camerounaise

Crédits photo (creative commons) : olivander
Crédits photo (creative commons) : olivander

Il y a quelques temps, je discutais avec un ami. Un ami qui avait longtemps vécu en France. De retour au pays pour s’y établir, il semblait étonné d’apprendre que de jeunes camerounaises vendaient leurs charmes pour pouvoir payer leurs études. Le problème est que, la prostitution étant le plus vieux métier du monde, il a eu le temps de se disséminer partout. Le phénomène existe donc aussi dans le pays où il avait vécu. En France. Comment je le sais ? J’ai vu un film – ma foi assez cru – dans lequel il se racontait la vie d’une jeune femme qui s’est retrouvée plongée dans la prostitution pour pouvoir payer ses études. On y apprend entre autres qu’en 2006, deux cent vingt cinq mille étudiants y auraient eu des difficultés à payer leurs études. Et ça c’était avant la crise. Comme quoi, ce n’est pas seulement sous nos latitudes que les étudiantes donnent de leur personne afin d’obtenir leurs diplômes.

J’ai dit  prostitution ? Euh… Non. On pourrait plutôt appeler ça un échange de bons procédés. La vie est dure. Je n’apprends rien à personne en disant cela. Donc, il faut se battre.

L’étudiante camerounaise se retrouve dans une situation très difficile. Elle a obtenu son baccalauréat. Elle a envie de continuer ses études universitaires parce qu’on lui a dit qu’en fait, le bac c’est le commencement de tout. Tout le monde est content pour elle. Mais problème : c’est une fille. On trouve qu’elle en a déjà fait assez, parce qu’elle vit dans une société où une fille qui a fait de hautes études n’est pas différente d’un jihadiste qui dispose du code nucléaire des Etats-Unis d’Amérique. C’est un danger. Elle ne trouvera pas sa place. Elle mourra vieille fille.

Ses parents et sa famille sombrent dans le désespoir quand elle parle de faire un doctorat. Aucun homme normalement constitué ne peut accepter de prendre pour épouse un Docteur. A moins qu’il n’ait obtenu l’agrégation. Mais ils sont combien, les agrégés ? Cette fille sera la honte de sa famille. Soit elle ne trouvera jamais chaussure à son pied, soit elle en trouvera une qui très vite serrera son joli pied. Et elle ira demander le divorce. Oui, parce qu’à force de pousser dans es études, elle finira fatalement par se rendre compte qu’elle peut divorcer. Non, une femme instruite est un danger, un assassin pour la virilité. La communauté ne la casera que très difficilement.

Mais elle est en même temps un espoir. Ne dit-on pas que lorsqu’on éduque un homme, on éduque un être et qu’à contrario, lorsqu’on éduque une femme, on éduque un peuple ? La fille éduquée sera celle qui sera aux petits soins pour sa mère fatiguée, pour son père ivrogne et pour sa tripotée de frères tous plus imbéciles les uns que les autres. Elle sera certes moins encline à fermer les yeux sur les infidélités de son homme, mais sera celle qui tiendra son foyer d’une main de fer et dirigera ses ouailles dans la bonne direction.

Il lui faut des diplômes. Elle s’est inscrite à l’université de Douala (mon université préférée). Et là, elle voit les feux de l’enfer. Elle se rend compte de l’énormité de tout ce qu’il faut dépenser en transports et en polycopiés. On le rappelle, la mère est fatiguée et le père ivrogne. Les oncles et les tantes lui donnent un conseil avisé : « marie-toi, petite. Très vite. Trouve-toi un homme riche et aide ta famille à sortir de la misère ». Ca c’est pour justifier leur refus de donner le moindre kopek pour ses études.

La petite étudiante est perdue. Elle a des envies d’abandon. Mais elle voit tellement de jolies filles pour qui tout roule. Belles. Pimpantes. Et bouffant des trucs hors de prix. Elle devient leur amie. Et là, elles tentent de lui inoculer le virus.

« Ma sœur, tu vois comme nous sommes belles là, ce n’est pas pour rien. On se fait gérer. »

Ah non ! Elle ne fera jamais ça ! Sa famille était chrétienne et tous les dimanches à l’église, on disait que ce n’était pas des choses à faire. Oui, mais c’était au village, ça. On pouvait déterrer quelque tubercule quand on avait faim. Ça ne manquait pas, les tubercules, au village. Ils n’appartenaient qu’à celui qui voulait se donner la peine de les déterrer. Sauf que là, on est à Douala. Et les tubercules, ici, on les trouve dans les restaurants et ils ne sont absolument pas gratuits. Elle retrouve les bras de son petit ami, fauché comme les blés, tout juste bon à lui dire des je t’aime pour faire tomber ses défenses. Afin qu’elle lui offre des parties carrées inabouties. Mais elle l’aime. Et donc elle espère et supporte.

Ce n’est pas possible ! Ça fait presque deux jours qu’elle n’a rien avalé. Elle repense à ses frères au village. On a dit tout ce qu’on a dit à l’église du village, mais ça n’empêche pas qu’ils aient quelque chose à voir avec la multiplication incontrôlée des marmots dans leur hameau depuis qu’ils ont atteint l’âge de procréer. Et il y a ces amies, toujours plus belles et plus pimpantes, qui ne cessent de lui demander de faire comme elles.

Elle était d’ailleurs chez l’une d’elles un soir. La belle et pimpante était sous la douche. Elle se préparait pour un rendez-vous galant. Son téléphone a sonné. Notre petite curieuse affamée jette un œil. Appel manqué de BAILLEUR.

« Ma copine, quand tu étais sous la douche, ton bailleur a appelé.

Aka* ! Qu’est ce qu’il me veut encore, celui-là ?

-Tu n’as pas payé le loyer le mois dernier ou quoi ?

-Chérie, moi, payer le loyer ? Jamais de la vie ! C’est mon bailleur. On se gère.

-Vous vous gérez… ?

-C’est l’un des mes gars non ? On se gère et je ne paie pas le loyer.

-Ah bon ?

-Oui, ma copine. Et le jour où il me tente, j’ai le numéro de sa femme. Attends, je te montre quelque chose ».

La pimpante ouvre le répertoire de son téléphone.

« Tu vois, ici c’est LOYER : il me donne l’argent de mon loyer toutes les fins de mois. Et comme je ne paie pas le loyer pour les raisons que tu sais, ça va dans ma poche. Là c’est FRIGO : lui me remplit mon réfrigérateur. AKWA PALACE : celui-ci, il aime seulement m’emmener passer les nuits à l’hôtel Akwa Palace. MOUGOU c’est un idiot là qui croit qu’il va m’avoir. Celui-là, je mange bien son argent. Il n’aura jamais rien. Pour CREDIT, il suffit que je le bipe et il m’envoie des unités dans mon téléphone dans le quart d’heure qui suit. ANNIV c’est un vieux là, j’avais inventé une histoire d’anniversaire pour qu’il m’emmène passer un week-end à Limbé. Je ne te dis pas, ma copine. Le père là était vieux, mais il répondait comme les petits gars qui sont à la fac là. J’avais vu de toutes les couleurs, je te jure !

-Mais, avec tous les hommes que tu gères là, tu arrives à t’en sortir avec les cours, les devoirs et tout ça ?

-On se débrouille non ! Moi j’essaie quand même d’étudier. Même comme mes notes sont toujours aussi faibles. J’ai mon autre copine qui marche souvent avec moi là. Elle se fait gérer par nos profs.

-…

-Qu’est ce qui te surprend ? Tu crois qu’elle a fait comment pour valider toutes ses UV en première année ? Est-ce que tu la voyais souvent au cours ? Elle allait ramasser ses mentions ‘très bien’ dans le lit des enseignants. Tu as déjà entendu parler des NST au moins ?

-Les NST ? C’est quoi ça ?

-La fille-ci, tu peux être ndjouksa* hein ! Les Notes Sexuellement Transmissibles. Tu couches avec un prof pour qu’il te donne une bonne note à son UV et qu’il plaide ta cause auprès de ses collègues. Si tu as trois coups comme ça, tu vas jusqu’au Master sans taper ton corps ».

L’étudiante regarde ses amies croquer la vie à pleines dents. Tout ce bling-bling l’attire furieusement. Elle est consciente des risques. Elle aime un garçon, un camarade de classe. Mais est-ce qu’on vit d’amour et d’eau fraîche ? Elle n’a rien, il n’a rien. Pourtant l’avenir s’éclaircirait bien vite parce que les filles lui ont dit que dès qu’elle le souhaiterait, elles lui présenteraient un ou deux hommes qui pourraient s’intéresser à elle. Elles lui ont fait comprendre que si elle donnait juste un peu de sa personne, elle serait à l’abri du besoin.

« Ton amoureux t’embrouille l’esprit. Mais il n’est pas un problème. Tu peux jouer comme moi. Tu vois le gars qui est en troisième année, qui marche toujours derrière moi non ? Eh ben, c’est mon bon gars. Mon titulaire. C’est lui que je ya mô*. Je meurs pour lui. Toutefois je lui ai expliqué que la vie était un peu difficile pour nous deux et il accepte de me voir souvent monter dans les grosses voitures à la sortie des cours. De toutes les façons, même si ça le dérange, il ne se gêne pas pour venir se servir comme il veut dans mon frigo. Il m’aime. Et quand on aime, on comprend ».

Ou on se fait entretenir par une tapineuse. L’étudiante espère que son amoureux sera aussi conciliant si elle décide de devenir une accompagnatrice de luxe. Mais elle doute. L’histoire de cette autre fille qui a rencontré un homme qui lui a fait subir toutes sortes de cruautés l’autre soir dans une auberge, au point où elle en est morte, n’a pas encore fini de faire des remous au sein du campus.

Par René Jackson

*Aka ! : expression d’agacement

*Ndjouksa : personne idiote, un peu arriérée

*Ya mô : être amoureux (se)


Profession : rabatteur

Statue de la Nouvelle Liberté, Faite de récupérations métalliques, symbole de l'inventivité et de la débrouillardise des doualaens. - DW Akademie. Licence Creative Commons BY-NC 2.0
Statue de la Nouvelle Liberté, faite de récupérations métalliques, symbole de l’inventivité et de la débrouillardise des doualaens
Licence Creative Commons BY-NC 2.0

La paix sociale au Cameroun, elle existe. Pourquoi ? Qu’est-ce que le Cameroun a de mieux – économiquement – que l’Afrique du Sud ou le Brésil par exemple, ces gens qui n’hésitent pas à manifester à la moindre alerte. Ou encore, qu’est-ce que le Cameroun a de plus que tous ces autres pays où il existe des conflits, ces autres pays où les communautés se battent entre elles ? Rien. Du moins en espèces sonnantes et trébuchantes. Mais ceci ne signifie pas qu’il n’y a pas de problèmes chez nous. Loin de là ! Nous on n’est pas du genre à s’exposer aux yeux du monde comme les égyptiens pour demander le départ d’un président qui n’est là que depuis une minuscule année. La preuve ? Suivez simplement mon regard. Non, nous on lave notre linge sale en catimini. On règle nos petits problèmes à force de petites insultes tribalistes au coin d’un mur. Ou en débauchant la femme de notre ennemi. Et quand ça semble vouloir dégénérer, pour enterrer le tomahawk, on fume le calumet de la paix autour de quelques bières dans un bar.

Contrairement à une certaine catégorie d’égyptiens qui, pour tromper leur ennui, vont squatter une place en lançant des « Digage !»* vindicatifs, nous on se débrouille. On n’a pas le temps pour les combats politiques. Nous on a des besoins primaires qu’on doit satisfaire au jour le jour. L’équilibre social camerounais repose sur une certaine passivité, sur une capacité presque surnaturelle à faire le dos rond, certes, mais aussi et surtout sur une ingéniosité et une débrouillardise qui finalement viennent à bout de tout. Et parmi les grands débrouillards qu’a enfantés notre belle ville de Douala, il y a les rabatteurs.

Selon le Larousse, un rabatteur est une personne qui rabat le gibier vers les chasseurs. Chez nous, on dira que le rabatteur est une personne qui rabat le gibier (le client), vers le chasseur (le vendeur ou le fournisseur de services) et qui en contrepartie récolte des sous. A Douala, les rabatteurs sont presque partout. Parlons de quelques uns que je côtoie souvent, tiens!

Le rabatteur numéro un, celui qu’on remarquera le premier, est celui qu’on appelle le chargeur. Son lieu de travail est l’un des nombreux carrefours de la ville. Son matériel : sa bouche. Le chargeur est celui qui trouve les clients pour les taximen. En criant une destination : « Akwa Soudanaise ! Akwa Soudanaise ! Trois cents ! La mère, tu vas à Akwa ? A quel niveau là-bas ? Non, il ne passe pas par le marché Sandaga, la route est mauvaise là-bas… Chauffeur, tu passes par Sandaga ? Oui la mère, monte, il passe par là… Akwa Soudanaise ! Une place, une place ! » Il crie une place restante, même s’il y en a encore quatre des cinq qui sont libres. Qu’il fasse soleil ou qu’il pleuve, le chargeur est là, il hurle des destinations. Il remplit les taxis. Et chaque fois qu’il le fait, le chauffeur lui remet cinquante francs. L’un de ces derniers m’expliquait un jour :

« A priori, on pourrait croire que si les taximen voulaient, il n’y aurait plus de chargeurs. En réalité, c’est plus compliqué. En plus de nous trouver des clients, ils nous permettent de souvent échapper aux policiers quand on stationne mal pour trouver les passagers. Et puis quand il y a des sacs à mettre dans la malle arrière, ils s’en occupent. Cinquante francs ce n’est pas cher payé pour les services qu’ils nous rendent. Et nous on ne perd rien, puisqu’on s’en sortirait même si on ne faisait pas le bâchement*. Le passager supplémentaire nous sert à payer le chargeur et à gérer les mange-mille* qui nous emmerdent souvent en route là. Et certains de ces chargeurs peuvent se faire jusqu’à dix mille en une journée ».

Dix mille francs (environ 15 euros) en une journée… Autant, sinon plus que beaucoup de nos fonctionnaires. Quand ceux-ci sont honnêtes, bien entendu.

L’autre catégorie de rabatteur sévit autour de certains lieux stratégiques. Comme les campus universitaires. Il est facilement reconnaissable. Il tient une pancarte sur laquelle sont collées des photos de tous les formats. Ici, le gibier principal est l’étudiant. Cette caste de personnes a qui on demande des photos d’identité à tort et à travers. Le marché est immense quand on sait qu’en dehors des demandeurs de visas, les étudiants n’ont pas leur pareil quand il s’agit de faire des formalités et que chaque campus voit défiler des milliers de personnes chaque jour. Mais le rabatteur ne fait pas son fonds de commerce seulement sur les étudiants. Toute personne qui passe par là est l’objet de son intérêt. Il charrie tout ce beau monde vers un studio de photographie qui n’est pas loin de là. Et pour chaque client, il perçoit une commission. La majorité de ces rabatteurs sont en fait des étudiants des campus universitaires autours desquels ils gravitent. Ils peuvent ainsi payer leurs études.

Le dernier rabatteur que j’évoquerai ici s’assimile beaucoup plus à un aiguilleur. J’ai passé trois heures avec l’un d’entre eux il y a quelques mois. Puisque que je m’étais rendu à un endroit qu’on appelle Ancien Troisième, le marché de la ville qui est spécialisé dans l’électronique. J’avais dans ma liste de courses : acheter un casque audio, acheter un chargeur pour un téléphone et faire réparer un autre téléphone. Dès que je suis descendu du taxi, j’ai vu un jeune homme se planter devant moi.

« Bonjour Grand. Tu as besoin de quelque chose ?

-Euh… Oui, je cherche un endroit où on vend les écouteurs.

-Viens, je connais une boutique où tu peux trouver de bons écouteurs ».

Pas très rassuré, je me retrouve en train de courir presque derrière lui. On s’enfonce dans les profondeurs du marché. Jusqu’à la boutique d’une jeune femme qui effectivement vend toutes sortes de casques audio.

« Boss, tu as prévu combien pour le casque ? » Je lui donne un montant. Et lui il va négocier avec la marchande. Elle n’est pas d’accord pour me donner celui que j’ai choisi au prix que j’ai proposé. Le jeune homme n’en démord pas et réussit finalement à la convaincre. Pour le chargeur du téléphone, il prit aussi en mains l’opération de marchandage. Après, il fallait réparer l’autre téléphone. Il m’a encore trainé derrière lui, dans les méandres du marché, me faisant passer par des endroits vraiment hétéroclites. Il a remis l’appareil en panne à un technicien, lequel après diagnostic, m’a donné un prix taxé*. Mon démarcheur s’est encore chargé de discuter ce prix et quand il a atteint le raisonnable, j’ai été d’accord pour confier mon téléphone à réparation. Il fallait repasser deux heures plus tard le récupérer.

Maintenant, j’avais deux heures de temps à tuer. Où et comment ? Je ne le savais pas. Mais mon démarcheur, lui savait ! Malin comme tout, il m’a dit qu’il connaissait un endroit idéal où patienter. Il m’a conduit tout droit… Dans un bar. Comme il n’est pas commode d’occuper une place dans ce genre d’endroit sans consommer, je me suis retrouvé en train d’acheter des boissons. Une bière pour lui et un soda pour moi. Et question d’accompagner son breuvage, il s’est pris un bon plat de ragoût de plantain. Et entre deux bouchées et une gorgée, il m’expliquait :

« Tu vois comment je t’ai aidé aujourd’hui non ? Moi j’aurais pu te laisser aller te perdre au marché hein ! Mais au contraire je t’ai emmené directement aux endroits où tu pouvais trouver ce dont tu avais besoin. Quand on va finir là, je vais rentrer chez tous ces gens et ils vont me donner quelque chose pour le client que je leur ai emmené. Et si toi tu es content, tu peux aussi me donner mon pourboire. Je n’ai pas fait de longues études et c’est comme ça que je me bats pour vivre. Et on est nombreux à faire ça dans tous les marchés de Douala ».

Et au moment de se séparer, je lui ai effectivement donné son pourboire. Grâce à lui, je dois l’avouer, j’avais fait de très belles affaires.

C’est la saison des pluies. Et qui dit saison des pluies à Douala, dit averses ininterrompues souvent pendant cinq ou six jours d’affilée. Je ne peux pas terminer sans parler de ces débrouillards saisonniers qui ne sont pas des rabatteurs, mais des porteurs. Ils ont leur bureau tout près des mares d’eau qui se forment à la moindre ondée sur nos quartiers. Ces mares d’eau ont ceci de particulier : elles contrarient immanquablement les ambitions de ceux qui veulent emprunter les routes qu’elles coupent. Le porteur est la solution à ce problème. Il se propose de t’emmener de l’autre côté sur son dos, moyennant une certaine somme. Quand vous tombez d’accord, tu grimpes. Mais l’affaire n’est pas encore dans le sac, puisque très souvent, une fois au milieu de la grande flaque d’eau, le petit malin te fait comprendre que tu dois payer plus que ce que vous aviez conclu pour la traversée. Sinon il n’aura pas d’autre alternative que de te débarquer là.

Cela fait partie des situations dans lesquelles on n’a souvent pas le choix. Surtout quand on a un costume trois pièces sur le dos et des Louboutin aux pieds. Je parle par expérience.

Par René Jackson

 

*Digage : Prononciation du mot français ‘Dégage’ par les locuteurs de l’arabe

*Bâchement : camerounisme désignant la pratique de la surcharge dans les transports

*Mange-mille : Policiers ou gendarmes assurant le contrôle routier. On parle de « mille » et non de « mil » à cause de leur goût prononcé pour les billets de mille francs

*Prix taxé : prix qui n’est pas définitif. Qui est voué à baisser


Lettre d’un camerounais à Sepp Blatter

Photo: Marcello Casal Jr./ABr /  Creative Commons License Attribution 3.0 Brazil
Photo: Marcello Casal Jr./ABr / Creative Commons License Attribution 3.0 Brazil

Bonjour, Président

Il y a quelques jours une nouvelle vraiment douloureuse nous est tombée dessus : la FIFA que tu diriges si bien a suspendu la Fédération Camerounaise de Football.

Non, je rigole, Président ! Dans ma phrase il y a deux mensonges : le premier, tu as dû t’en douter, est que tu diriges bien la FIFA. C’est juste une petite boutade, car ton association est la première mafia du monde, loin devant la mafia sicilienne, russe, calabraise et les yakuzas. J’en veux pour preuve les scandales qui ont émaillé la vie de ta vénérable institution ces dernières années. La dernière en date fut le Qatargate. On disait que vous aviez vendu l’organisation de la coupe du monde 2022 au Qatar. Vrai ? Faux ? Je ne sais pas. Toujours est-il que les journalistes ont sorti des preuves lourdes et que tu n’as pas vraiment apporté de démenti.

Le deuxième mensonge est que la nouvelle de la suspension de la Fécafoot a fait mal à nous camerounais. En réalité, au mieux on s’en fout et au pire on te dit merci.

Prési, nous te disons merci. Merci pour avoir mis fin à cette mascarade. Nous nos demandons même pourquoi votre décision n’arrive que maintenant. Ah, je sais ! Entre mafiosos, on se respecte. Oui, parce que la Fécafoot est une autre mafia. Et pour s’attaquer les uns aux autres, il faut que le rubicond ait été franchi.

Je n’ai d’ailleurs pas compris la décision que ta FIFA a prise. Ingérence du gouvernement camerounais dans les affaires de la fédération de football ? Pourquoi ? Parce qu’on a mis le  président Iya Mohammed de la Fécafoot en prison ? Président, ça me fait rire ! Parce qu’apparemment, tu ne connais pas notre Opération Epervier. Ce que nous appelons affectueusement ici « Eper » est ce volatile qui est sensé remettre de l’ordre dans la gestion de la chose publique camerounaise. L’Epervier a déjà fait beaucoup de victimes, car on compte dans son butin de guerre des anciens directeurs généraux, ministres et même un ex-premier ministre, qui se seraient donné un peu trop de libertés avec l’argent de nos impôts. C’est vrai que le président Iya n’était pas loin d’être l’homme le plus détesté au Cameroun. Il énervait tout le monde. Apparemment jusque dans les hautes sphères. Et comme il s’accrochait désespérément à son poste de chef de la mafia du foot camerounais, on a envoyé l’Epervier planer autour de sa tête.

Le problème au Cameroun, Président, c’est que tous ceux au dessus de qui l’Epervier a tournoyé se sont retrouvés en prison. Sans exception. Le président de la Fécafoot, bien qu’il savait son sort était scellé, a continué ses petites affaires comme si de rien n’était. Il y a quelques mois, il s’est présenté à l’aéroport de Yaoundé. Il partait pour Paris. La police des frontières lui a confisqué son passeport en lui signifiant qu’il avait interdiction de quitter le pays. Il s’en est foutu comme de l’an quatre.

Président, monsieur Iya Mohammed contrôle tellement bien sa mafia qu’il s’est fait réélire au poste de président de la Fécafoot alors qu’il était en garde a vue et à quelques heures de se faire écrouer à la prison centrale de Nkondengui ! Ce qui est incompréhensible dans la raison qui a motivé votre suspension est qu’il ne s’est pas fait emprisonner à cause de ses activités au sein de la fédération, mais pour des malversations présumées à la Sodecoton, une entreprise publique, dont il était jusqu’à lors  le directeur général.

Ce qui est encore plus bizarre est que lorsque le gouvernement camerounais fourre vraiment ses mains dans le cambouis du foot de notre pays, tes gens et toi ne dites rien ! Le gouvernement a toujours eu son mot à dire quand il a fallu choisir les entraineurs de l’équipe nationale (on se souvient très bien de tout ce qui a entouré la nomination de Paul Le Guen en 2009 comme coach des Lions Indomptables). On sait que le Palais a souvent téléphoné à la fédération pour imposer un joueur dans l’équipe pour le salut de la nation (Roger Milla en 1990 et Patrick Mboma en 2008). On sait que c’est l’Etat et non la Fédération qui paie les entraineurs. Tu n’étais pas encore aux affaires à l’époque, mais c’est bien un ministre de la république qui avait déclaré que la mallette qui contenait l’argent qu’on avait collecté lors d’un porte-à-porte pour financer la participation de nos Lions au Mondial 1994 s’était perdue entre Paris et New York.  Bizarrement, ta FIFA n’a jamais dit mot face à tout ça.

Qu’à cela ne tienne, nous te disons un grand merci, Prési ! Votre suspension est la meilleure chose qui soit arrivée au football camerounais depuis dix ans. Oui, parce que notre football a suivi Marc-Vivien Foé dans sa tombe. Ironie du destin, tu étais personnellement présent à Yaoundé lors de leur mise en terre commune.

Président, Puma nous a phagocytés. On ne comprend toujours pas comment ce faux chat qui bondit continue à s’afficher auprès de notre lion qui rugit. En 2006 cette marque était en concurrence avec Nike et Adidas pour fabriquer la tunique de nos Lions. Malgré le fait que les deux dernières aient des prétentions beaucoup plus avantageuses pour nous (lien) Puma a été choisi. Le dernier contrat a même été conclu sans appel d’offres. Entre-temps, nos joueurs se font dépouiller manu-militari dans les aéroports de leurs équipements, alors que normalement, nous devrions en avoir à ne plus savoir quoi en faire. Ah ! J’oubliais. Puma a négocié avec Mercedes et payé pour moitié le bus qui transporte nos équipes nationales. Quand on sait ça, on comprend tout…

Président, nos équipes ont un palmarès international presque inégalé en Afrique : six participations en coupe du monde dont un quart de finale, quatre CAN remportées, une victoire aux jeux olympiques, notre pays a été celui qui a été le plus couronné aux ballons d’or africains. Et j’en oublie. Malgré tout ça, notre football continue à être géré dans un profond amateurisme.

On sait que tu alloues souvent des fonds aux fédérations nationales. Mais nous n’avons jamais su quelle direction prenait l’argent que tu nous donnais. Nous en donnais-tu d’ailleurs ? On en est arrivés à se poser la question. C’est étrange. L’an dernier, notre Très-Grand-Numéro-9, l’ogre de Makatchkala s’est fâché. Et il a tout déballé : c’est lui qui s’occupait depuis plusieurs années déjà des problèmes consulaires des joueurs des équipes camerounaises, de leurs billets d’avion, de leur hébergement, de leurs primes. Clubs et équipes nationales confondus. Pendant ce temps, que faisait la Fédération ? Personne ne le saura jamais.

Ton association a payé de ses poches la pelouse synthétique du stade de Douala. Mais sais-tu que ta belle pelouse du stade de la Réunification de Douala contraste totalement avec le reste de l’infrastructure qui est totalement délabrée ? J’y étais tout dernièrement, Président. J’ai eu les larmes aux yeux.

Maintenant, qu’est ce qu’il faut faire ? Président, voici mon conseil : fermer les yeux et être encore plus dur. Quatre ans de suspension au minimum et sans sursis pour le Cameroun. Je sais que cela implique l’élimination de tous les clubs et de toutes les équipes nationales de mon pays dans toutes les compétions internationales. Mais ce n’est pas aussi grave qu’il n’y paraît. On ne gagne plus rien de toutes les façons. Ce ne sera pas une perte pour le football mondial. En tout cas, Président, on a saisi l’étendue de notre vide quand le Cap-Vert s’est retrouvé à la CAN 2013 à notre place. Et votre suspension est ce qui pouvait arriver de mieux à notre santé. Tu ne peux pas imaginer le nombre de crises cardiaques que ces Lions-là provoquent ici chaque fois qu’ils prennent des raclées.

On a d’autres sports ici, t’inquiète. Nous avons de très belles courses de pirogues. Ce ne serait pas mal si la course de pirogues devenait notre sport majeur.

Réfléchis bien, Président. Je sais que tu reçois plein de coups de fil de Yaoundé depuis plus d’une semaine, mais de grâce, reste inflexible. Ne lève pas la sanction. Toute une nation t’en sera éternellement reconnaissante.

René Jackson


Ô Cameroun, pays de parieurs

Hier soir, il me fallait du crédit de communication dans mon téléphone portable. Il faut dire que depuis quelques temps une petite camerounaise cherche à se faire une place dans ma vie. Les échanges – notamment téléphoniques – devant être réciproques et soutenus, je dois souscrire au sacrifice de la recharge. Beaucoup plus souvent que d’habitude. Mais ça c’est une autre histoire. Donc, hier soir, j’avais besoin du crédit de téléphone. Près de chez moi, un jeune homme fait le call-box. Lui il a la particularité d’avoir fait un aménagement qui permet qu’en dehors de lui, quatre ou cinq autres personnes puissent trouver une place assise à son officine. Du coup, c’est l’un des points de villégiature favoris des jeunes du quartier. Quand j’y arrive et après avoir passé ma commande, je remarque que les garçons sont emportés dans une grande discussion. Le genre de discussion vitale dans l’existence d’un blédard oisif: DJ Arafat, je vous en avais déjà parlé ici. Les jeunes s’achoppaient sur un vers de l’une de ses chansons. Les premiers disaient que le premier mot du vers litigieux est « je », les seconds soutenant mordicus qu’il s’agit plutôt d’un « le ». Personnellement, je pensais qu’ils ne sortiraient jamais de l’auberge, vu que l’artiste a la particularité de parfois utiliser dans une même phrase deux, trois, ou parfois même quatre langues ou dialectes différents. Tout d’un coup, l’un des protagonistes demande aux autres : on met quoi ? (Ce qui en langage camerounais signifie : on parie quoi ?)


Bernard Arnault, deviens camerounais, c’est tout bénef’ !

Auteur : Baudry

Pour ceux qui du côté de Douala ou de Yaoundé ne suivent pas ce genre d’actualité et qui n’ont rien à secouer de ce qui se passe du côté de chez nos cousins français (mais qui hypocritement souhaitent y voir leur parenté s’établir, même clandestinement et qui ne laisseront plus les habitants de leur quartier tranquilles avec les « mon fils/neveu/cousin/ami  est à mbeng* »), sachez que – selon Wikipedia – Bernard Arnault est un homme d’affaires français, propriétaire du groupe de luxe LVMH, il est à la tête, entre autres, du Groupe familial Arnault, du Groupe Arnault, ou de la holding Christian Dior. Bernard Arnault est la première fortune française, la première au niveau de l’Unioneuropéenne et la 4e fortune mondiale en 2012 avec un patrimoine estimé à 41 milliards de dollars selon Forbes. Je vois que vous retournez les têtes les filles. Mais ce n’est pas tout. Cet homme en gros possède tout ce que vous aimez : Dior Couture et Parfums, Moët et Chandon, Louis Vuitton, Givenchy, Kenzo, Make Up For Ever, Guerlain, Loewe, Marc Jacobs, Sephora, Fendi, DKNY et j’en passe. Vous avez la tête qui tourne ? Sachez que j’ai omis de citer les innombrables marques de champagnes (que sans doute vous ne boirez jamais car ils sont hors de prix), les sociétés de location des yachts… C’est bien loin de nos réalités ou les besoins sont plus terre à terre, centrés qu’ils sont sur les satisfactions stomacales. Je le conçois. Mais il faut toujours viser plus haut et c’est peut-être l’occasion ou jamais de souffler un ponte à la France et à la Belgique du même coup et d’en faire profiter… Le Cameroun ! Oui oui, le Cameroun! Ah, je vois que vous avez déjà les étoiles plein les yeux, les filles !

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Au fait, elle est de quelle tribu ta fiancée ?

Renald et Evelyne vivaient une douce idylle depuis bientôt deux ans. Etant tous deux encore étudiants, ils avaient engagé une relation amoureuse que tout le monde autour d’eux enviaient, tant ils s’entendaient et semblaient être en phase sur tout. C’était le couple modèle. Ils devaient bien entendu avoir des anicroches comme tous les couples, mais personne n’entendit jamais une quelconque embrouille provenant d’eux. Ils disaient à qui voulait l’entendre qu’ils s’étaient mutuellement trouvé la personne avec laquelle il et elle feraient leur vie. Ainsi, tout le monde crut défaillir quand on apprit qu’ils avaient mis un terme à leurs fiançailles. Après de longues investigations, il en ressortit que c’est d’Evelyne que la rupture provenait. Elle avait parlé de Renald à ses parents et ces derniers avaient plus que tiqué quand ils avaient su de quelle tribu était originaire le fiancé. Les palabres avaient été rudes. Difficiles. Infructueuses. Après de longs jours d’une guerre tantôt à fleurets mouchetés, tantôt à lance-roquettes, les parents tenant aussi fermant leur position qu’une statue sur son piédestal, car valait mieux mourir que de voir leur fille épouser « quelqu’un qui vient de là-bas », Evelyne capitula. Elle mit son fiancé au courant de la rupture et disparut.

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Ne pas se faire détrousser à Douala en 5 tactiques

Source: Creative Stock Images

Douala a bien changé. Pendant plus de deux ans j’ai bossé dans une structure où je ne quittais pas mon poste avant que le soleil n’ait parcouru la moitié du chemin qui sépare le couchant du levant. Et jamais, ô grand jamais je ne fus inquiété par les personnes au caractère sanguin qui, si je me fiais à mes propres expériences, n’écumaient plus nos rues. Que nenni ! Pendant deux ans, je ne me suis pas fait braquer au boulot (ce qui est surprenant, vu qu’en face de l’officine où j’officiais, se trouvait l’un des snacks les plus courus de la ville où se retrouvaient entre autres les plus grands experts en maniement d’armes blanches en tous genres). Pendant deux ans, je suis rentré chez moi à des heures indues sans jamais avoir entendu la phrase de tous les dangers : « Hé, petit frère, viens ici ». Et dire qu’il y a des années, planait sur la ville de Douala une atmosphère de couvre-feu que personne n’avait décrété. Le conseil qui était donné était celui-ci : « si 23 heures te trouve quelque part, reste-y ». Seuls les suicidaires ou les je-m’en-fous-la-mort osaient pointer leur nez dehors à partir d’une certaine heure. Mais en restant chez soi on n’était pas plus protégé, car les délinquants, ayant écumé les rues sans trouver quelque individu à détrousser, finissaient leur course dans les demeures… N’ayant moi-même jamais été victime de la furie des maîtres de nos nuits – et de nos journées –  je vais m’appuyer sur les expériences vécues par les autres pour prodiguer les recommandations qui suivent.

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Tu sais que tu es à Douala quand…

La ville de Douala, comme toutes les autres villes du monde, se démarque des autres par des particularités et par des choses qui lui sont propres. Ne pouvant toutes les recenser et les expliquer dans un seul et unique billet de blog, je me propose d’entamer par cet article une série intitulée « Tu sais que tu es à Douala quand… » On y retrouvera les petits trucs totalement vrais ou pas du tout vrais qui singularisent la cité et ses habitants. Alors pour ne plus attendre plus longtemps, on sait qu’on est à Douala…

… quand on est mort, mais pas tout à fait : comme je l’avais déjà expliqué ici, à Douala on a une façon bien particulière de donner des noms à certains lieux ou quartiers. Le plus souvent, il s’agit d’entreprises qui sont soit mortes, soit qui n’exercent plus au Cameroun. Les plus gros pourvoyeurs de noms de quartier à Douala sont les stations-service. Ainsi, on a des endroits qui en 2012 s’appellent toujours BP-Cité, Shell Axe-lourd, Texaco Axe-lourd, Carrefour Agip, Mobil Guinness. Le lieu de villégiature le plus fréquenté de la ville, au bord du fleuve Wouri, se nomme la Base Elf. Les entreprises Elf, Texaco, British Petroleum (BP), Shell, Mobil, Agip, si elles existent toujours pour la plupart, n’exercent plus au Cameroun, leurs actifs ayant été acquis par d’autres. Mais les points où étaient installées leurs stations-service ont gardé leur nom. C’est aussi le cas d’entreprises autres que pétrolières. Aussi, on retrouvera dans le langage des habitants de la cité des noms de lieux-dits qui ont pour préfixe « ancien- » : ancien-Dalip, ancien-aéroport, ancien-cinéma le Concorde, ancien-Bernabé, ancien-Camair , ancien-Compagnie Soudanaise

… quand on voit des motos partout : la première chose que l’œil du visiteur qui arrive à Douala remarque c’est le nombre impressionnant de motos qui y circulent. Les estimations avancent en effet le chiffre de deux-cent mille qui arpentent la ville. La photo ci-dessus vous aura permis de vous faire une idée. Mais le gouvernement a décidé de donner un grand coup de pied dans la fourmilière (ceci vaut tant au propre qu’au figuré). Depuis quelques jours, les motos-taxi ont interdiction de circuler dans certaines zones de la ville et il a été décidé de la réduction drastique des quantités de motos importées en provenance de la Chine. Et il n’était que temps.

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Où on va après la compo?

Nous vivons une époque trouble. Très trouble. Et ce trouble s’en va crescendo avec la multitude des habitudes d’autres lieux qui nous sont inculqués à travers la télévision et le cinéma. L’un des points d’orgue de cette période trouble est, selon le cinéma américain, les bals de promo ! Aaah ! Le bal des finissants. Nous en rêvions déjà dès la classe de troisième, de devoir s’acheter un costume tout neuf, d’entrer dans la voiture d’un ami ou dans celle de nos parents, d’aller chercher la petite boutonneuse qui aurait accepté d’être notre cavalière, d’affronter la joie démesurée de sa mère et le regard plein d’avertissements de son père, de la voir déboucher tous sourires du haut de l’escalier. De la prendre dans les bras et de sourire pour la photo, de remonter dans cette voiture, de se rendre au lieu de la soirée, de danser avec elle en la regardant dans les yeux, de voir un ami se faire jeter par celle qu’il croyait en béate admiration devant sa personne, de voir un autre vomir à en perdre les boyaux. Et puis, au bout de la nuit, on se retrouverait avec la belle dans une chambre, elle prête à offrir le cadeau qu’elle n’avait jamais offert – enfin, on l’espérait. Rien de plus terrible pour un bleu que de tomber sur une nana déjà rôdée – et nous tout autant anxieux qu’excités à l’idée de le recevoir.

Autant mettre rapidement les choses au clair, ça ne s’est pas passé du tout comme ça. Alors pas du tout. On a eu entre-temps la lucidité de se rendre compte que le costume, en de pareilles circonstances, était réservé aux clowns. Et les cavalières, on n’en avait pas. Malheureusement, je faisais partie de la classe des nabots. Mon sex-appeal ne se révéla et ne fit énormément de dégâts que bien plus tard, mais ça c’est une autre histoire. Pour la voiture, nul besoin de rappeler que c’est une denrée inexistante chez le collégien ou lycéen camerounais. Mon père en possédait une, mais c’aurait été bien plus judicieux de se tirer soi-même une balle dans la tête que de lui poser la fatale question : « papa, est-ce que tu peux me prêter ta voiture pour le bal ? » Primo, aucun de mes coreligionnaires n’avait déjà son permis de conduire. Moi-même je ne l’ai obtenu cette année, vous vous en rappelez… Secundo : au niveau des notes, ça avait été loin, très loin d’être brillant. Du coup, on a évité le regard courroucé du père de la belle, la joie et les photos de sa mère après la scène de l’escalier. Mais pour le reste…

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Découvrez et rejoignez les « Blogueurs camerounais »

Logo Blogueurs Camerounais

La première question que je me posai quelques mois après avoir créé mon blog – plus précisément au terme de la formation et du stage sur le thème Mondoblog lancé par l’Atelier des Médias de Radio France Internationale (RFI) – ce fut celle de savoir s’il y avait d’autres camerounais qui se passionnaient pour les blogs et qui, bonheur supplémentaire, en tenaient un. Je n’avais pas beaucoup d’espoir, vu que les seuls que je connaissais étaient Florian Ngimbis et Salma Amadore qui comme moi participaient au projet Mondoblog. Mais j’occultais involontairement une chose : les camerounais ont de la ressource à en revendre. Comme le disait toujours une personne qui m’est très chère, si cheminant tu trouves sur ta route le cadavre d’un camerounais, cherche dans le bosquet alentour. Tu trouveras à coup sûr deux ou trois qu’il a réussi à vaincre avant de se faire terrasser. Une façon de louer la détermination, la perspicacité et le talent des Camerounais. Fort de cet empirisme et de la volonté, sinon de mettre sur pied un regroupement d’échange entre les blogueurs camerounais, d’en trouver un et d’en faire partie, j’ai établi des connexions et laissé le temps faire son œuvre. Un peu moins d’une année après (en mars 2012), suite à une idée de la blogueuse Danielle Ibohn et grâce à l’aide de Florian, je créai le groupe « Blogueurs camerounais ».

Avant d’entreprendre cette démarche, j’ai bien pris soin de parcourir le Web pour débusquer tout ce qui pouvait s’apparenter à un blog tenu par un Camerounais. Nul n’est besoin de dire ici quelle fut ma surprise en constatant après quelques semaines de recherches que mes résultats se rapprochaient du zéro tout rond. J’en discutais régulièrement avec Florian qui semblait lui aussi perplexe. Nous faisions nos recherches chacun de son côté, lui à Yaoundé et moi à Douala. Notre hébétude ne décroissait pas, car étant étudiants, nous essayions d’en parler avec les camarades pour lesquels le mot « blog » évoquait un phénomène obscur quand ils ne n’assimilaient pas au compte sur Facebook ou Hi5!

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Le Cameroun est une bombe à retardement

Dimanche dernier, le 20 mai, était célébrée la 40ème fête nationale du Cameroun, pour la commémoration du Cameroun fédéral devenant Etat unitaire. Une fête que d’ailleurs j’avais oublié car ce n’est que dimanche dans la soirée que je me suis souvenu que c’était la fête nationale. Ce qui a d’ailleurs été le cas de beaucoup de gens à première vue, car passant énormément de temps sur les réseaux sociaux avec des centaines de camerounais, aucun n’a eu la bonne idée de mentionner les jours précédents ou le jour même la fête nationale. Cette célébration de l’Etat Unitaire du Cameroun venait en tout cas mettre pour moi un terme à une semaine pendant laquelle un faisceau d’évènements m’ont mis face à une évidence, que j’ai toujours farouchement refusé de voir : mon pays, le pays que j’aime, celui dans lequel je vis et que je n’ai jamais quitté une seule seconde est assis sur un monticule de napalm. Explosif dont le détonateur se trouve entre les serres d’un volatile auparavant de mauvaise augure pour les seuls poussins, mais qui par la force des choses est devenu un véritable menace pour le Cameroun tout entier : l’Epervier. Oui, camerounaises et camerounais, l’Opération Epervier nous dirige tout droit vers de jolies emmerdes et d’autres facteurs installés depuis l’y aident.

Mardi le 15 mai, j’ai vécu de bout en bout un évènement historique : l’investiture de François Hollande et ses premières heures en tant que président de la république française. Il est inutile de signaler que ce genre de péripétie de la vie d’un pays est une denrée rare sur le Continent, encore moins dans mon pays. Pays dans lequel la dernière passation de pouvoir a eu lieu quand je n’étais pas encore né. N’en déplaise à ceux qui nous disent portés vers l’extérieur, on est bien obligés de regarder dehors pour vivre ce genre de chose. Deux sentiments ont dominé chez moi ce jour-là : d’abord, je me suis senti pour la première fois lié à ce pays, la France, et à sa culture. Puis, j’ai été subjugué par l’importance que prenait l’histoire de ce pays dans son évolution et dans le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. 

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Le saint fouet

Dernièrement, je regardais une émission télévisée sur une chaîne internationale qui parlait des sévices dont sont victimes les enfants. Ca va paraître étrange, mais ce document a plutôt suscité chez moi un certain amusement, surtout au moment où il a été question du désarroi d’une maman qui élevait seule son enfant, qui avait dû se battre contre les services sociaux de son pays parce qu’elle avait commis le tort d’enfermer son fils de dix ans – un idiot fini, un roitelet qui se croyait tout permis – pendant plusieurs heures dans sa chambre. On accusait la pauvre maman de séquestration sur mineur, elle qui ne savait plus à quel saint se vouer avec un enfant qui lui donnait tous le temps du fil à retordre et qui minait chaque jour le peu de liant psychologique qui permettait à la dame de tenir encore debout. Je crois qu’il n’est pas nécessaire de préciser que ceci se passait dans un pays occidental, l’un des empires de l’enfant-roi. Il est encore plus inutile de dire que vu depuis nos contrées tropicales et équatoriales, tout cela n’est que folklore. Le châtiment corporel est l’un des éléments cardinaux de la panoplie qui sert à bâtir des hommes et des femmes dignes de ces noms sous nos chaudes latitudes.

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Scalpons-les, elles le méritent!

Mon bon ami et collègue blogueur Florian Ngimbis s’est fait proprement dézinguer lorsqu’il a publié il y a quelques semaines un billet aux accents hautement capillaires. Il s’était posé la question de savoir si les camerounaises avaient honte de leurs cheveux. Il s’est fait tailler en mille morceaux alors qu’il avait raison de bout en bout dans sa logique.

Les camerounaises ont-elles hontes de leurs cheveux ?
Oui, et ce sans conteste. Pour vérifier cela, il n’y a qu’à mettre son nez dehors, dans n’importe quelle rue ou ruelle de la ville de Douala. Sur 100 femmes ayant atteint ou dépassé l’âge de procréer, 97 portent des extensions capillaires.
Pourquoi ? Je me suis longtemps posé la question. La réponse qui revient chaque fois de la part des charmantes représentantes du sexe dit faible est simple : pour plaire aux hommes et se sentir belles. Quel sacrifice pour le ravissement oculaire de ces bons mâles ! Non, trop peu pour moi.[…]

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Vous avez dit permis de conduire ?

L’an dernier, je suis tombé sur une émission télévisée qui parlait des difficultés de la conduite automobile en France. Il était entre autres question de la hardiesse qu’il y a à obtenir un permis de conduire dans ce pays. On doit subir au moins une année d’apprentissage, les tarifs y sont prohibitifs, les cours de pratique dans les auto-écoles sont souvent facturées à l’heure (parfois jusqu’à 60 euros de l’heure – environ 39 000 F CFA), les chances de l’obtenir s’amenuisent au fur et à mesure qu’on échoue à l’examen du permis de conduire, lequel a la réputation d’être plus difficile que le baccalauréat. Pour ceux qui l’ont obtenu, ce n’est pas la fin de la course car le permis de conduire en France est à points. Une perpétuelle épée de Damoclès plane sur le conducteur en France, prête à s’abattre au moindre oubli de clignoter avant un changement de direction. Lire la suite…


Chronique de la CAN 2012

Chers lecteurs,

Vous avez dû remarquer que rien n’a été publié sur ce blog ces trois dernières semaines. Cette absence a une explication: depuis le début de la Coupe d’Afrique des Nations 2012 qui se tient actuellement au Gabon et en Guinée Equatoriale, je publie des chroniques quasi-quotidiennes sur la CANTalk, lancée par Les Observateurs de France 24. Pour vous occuper en attendant la fin de cette compétition ce dimanche 12 février 2012, je republie ici l’un de mes pamphlets présents sur cette autre plateforme.  Lire la suite…


Eau de caniveau à boire!

Des enfants ramassant de l’eau sale dans ma rigole

Je ne mangerai plus jamais le poisson braisé de ma voisine. Non, plus jamais ! Un véritable crève-cœur. Dans ma rue, il y a trois grilleuses de poisson, installées depuis des lustres et ne nous donnant pas vraiment de choix car elles avaient tout en commun : elles ne braisaient que du maquereau, le faisaient toutes très mal et pratiquaient des prix proprement indécents. Puis, il y a six mois, ma voisine la plus proche s’est mise à faire du poisson braisé. L’un des plus exquis qu’il m’ait été donné de manger. D’abord, son poisson (du maquereau mais aussi du bar) était dodu, pas comme ceux émaciés que les autres vendaient. Ensuite son piment, le mets qui fait que le poisson cuit à la braise devienne le poisson braisé, était délicieux. Généralement, les grilleuses de poisson ne maîtrisent pas l’art du piment. Quelquefois, j’ai acheté du poisson et le piment qui l’accompagnait était préparé de la façon la plus archaïque qui soit : il était écrasé et servi au client tel quel, sans assaisonnement aucun. Et dans ce cas au lieu de savourer le poisson, on se retrouvait palais en feu, les larmes dégoulinant des yeux et la morve pendouillant au dessus des lèvres. Le piment de ma voisine par contre contenait un savant mélange de piment bien sûr, mais aussi de diverses épices et assaisonnements qui faisaient le ravissement des  gourmets. Le prix de sa marchandise était plus qu’acceptable. Il aurait été plus élevé qu’il ne poserait aucun problème chez sa clientèle, vu le délice qu’elle en tirait et le prix qu’elle avait l’habitude de payer pour une qualité moindre. Non, c’était tout bénéfice, et le succès ne se démentait pas. Les autres grilleuses étaient carrément désertées alors que les rangs n’en finissaient pas devant la voisine. Parfois, j’étais de la partie. Mais ça c’était avant. Car je ne mangerai plus de son poisson.

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Mondoblog en 2011, mes pépites

Mondoblog en 2011, c’est des centaines d’articles publiés, des milliers de commentaires déposés à leur suite, des dizaines de milliers de visites sur l’ensemble des blogs.  Mondoblog en 2011 c’est aussi les rencontres qui ont eu lieu à Dakar et à Yaoundé pendant le mois d’avril qui ont permis aux différents membres de ce microcosme blogosphérique de se rencontrer physiquement après de longues semaines de discussions échevelées sur le forum mis en place par l’organisation. Environ une centaine de candidats ont sélectionnés pour ce concours de blogueurs, un peu plus d’une trentaine ont été finalement admis à participer à ces stages qui avaient lieu dans ces deux capitales africaines. Je vais d’emblée adresser une pensée à tous les mondoblogueurs sélectionnés qui n’ont pu effectuer le déplacement de Yaoundé et pour Dakar. Il s’agit notamment de Boukary Konaté du Mali (pour des raisons familiales), de Nelson Deshommes d’Haïti (des problèmes consulaires), de Félicité Coulibaly du Burkina Faso (à cause d’obligations professionnelles) et de Suy Kahofi de la  Côte d’Ivoire (dû à l’instabilité qui régnait dans son pays à cette époque). Le dernier auquel  j’adresserai  vœux particuliers est un mondoblogueur dont je ne citerai pas le nom ici, pour des raisons de sécurité. Nous avons aussi été touchés sur notre plateforme par des atteintes graves à la liberté d’expression et notre blogueur, à cause de ses écrits, a été incarcéré pendant tout un trimestre. Il racontait la vie dans son pays de façon générale et la tonalité de ses articles n’était pas des plus virulentes. Il l’a malgré cela payé de sa personne. Je ne mentionne pas les menaces, les insultes et les quolibets auxquels beaucoup parmi nous ont dû faire face. Mais ne vous méprenez pas ! Tout n’a pas été triste sur Mondoblog durant l’année écoulée. Loin de là ! Lire la suite…