René Nkowa

Cameroun made in China

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Un ami d’enfance, après avoir roulé sa bosse sur tous les continents, notamment en Afrique, est revenu au Cameroun il y a quelques mois. Pendant l’une de nos discussions, il  me dit : « Quand je suis parti d’ici en 2004 les gens utilisaient des téléphones Motorola, Nokia, Samsung, Ericsson, Philips, Sagem, etc. Bref ce qui se faisait de mieux à cette époque. Des appareils de bonne marque et solides. L’autre jour quand je suis arrivé, j’ai voulu m’acheter un nouveau téléphone portable et toutes les boutiques vendaient des téléphones chinois ou des grossières contrefaçons des marques mondialement connues. En désespoir de cause, j’ai pris celui-ci. Nokia avec deux ‘k’. Ça se dit à écran tactile et curieusement il y a pleins de boutons autour. Mais ce qui m’a le plus fait rire, c’est que Bluetooth s’écrit ici ‘Dent bleue’. Ce n’est pas sérieux qu’on autorise la vente des choses pareilles. Qu’est-ce qui s’est passé ici entre-temps ?»

Ce qui s’est passé c’est qu’il y a un virage serré en direction de l’empire du Milieu. Et que le Cameroun est devenu un grand réceptacle des produits chinois. Sous le prétexte de la pauvreté et d’un désir de l’augmentation de la qualité de vie, c’est littéralement une opération portes ouvertes accordée aux produits chintok de très mauvaise qualité. Un dicton dit ici que « ce n’est pas parce qu’on t’a appelé cochon que tu vas t’en aller te rouler dans la boue ». Ce qui veut autrement dire que le prétexte de la pauvreté ne peut pas justifier qu’on laisse notre environnement se faire envahir par des malfaçons. Et les produits concernés vont des bonbons aux avions, en passant par les téléphones, les matériaux de construction, etc.

Un scandale fait d’ailleurs grand bruit depuis quelques semaines : l’affaire des avions chinois commandés par le gouvernement pour la compagnie aérienne nationale. Une affaire tournant autour de la gabegie financière (le contribuable payera trois fois plus cher ces coucous que leur prix normal), des délais (ils auraient dû être livrés il y a deux ans déjà) et de la fiabilité de ce que beaucoup d’experts considèrent comme étant de véritables cercueils volants.

Et quelques petites recherches suffisent de comprendre l’ampleur du danger que ces avions représentent. Il s’agit du Xian MA 60. Qui n’a de certification ni de l’UE, ni des États-Unis. Ce qui implique que ces avions n’ont pas le droit de survoler ces territoires. Idem pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande, cette dernière n’étant pas passée par quatre chemins pour dire que cet avion était dangereux.

Pire encore, on recense quinze accidents des MA60 sur ces cinq dernières années. Lors d’un accident qui a eu lieu à Kupang en Indonésie le 10 juin 2013, l’appareil s’est littéralement brisé en touchant la piste d’atterrissage. Dans le domaine de l’aviation, qu’un même type d’avion subisse quinze accidents en cinq ans est tout sauf normal.

Et la suspicion n’en finit plus. Les Chinois ayant refusé de mettre à la disposition le document technique de ces appareils à la disposition des experts camerounais. Le tout est rédigé en mandarin, et non en anglais comme le recommande la réglementation internationale.

Confronté à toutes ces récriminations, le ministre des Transports a tenté maladroitement de démontrer la fiabilité de cet avion en expliquant que par exemple, les moteurs étaient fabriqués aux États-Unis. Comme si le fait que les moteurs soient fabriqués chez l’oncle Sam était une assurance tous risques. D’ailleurs, les Américains ne veulent pas voir cet avion chez eux.

Comme tout un chacun, j’ai des expériences malheureuses avec les chinoiseries. Dont deux au cours desquelles je suis passé à un cheveu d’aller rejoindre mes aïeux. La dernière en date fut avec un fer à repasser. Les Chinois ayant poussé le vice jusqu’à faire disparaître le moindre élément pouvant alerter sur un produit contrefait, je suis tombé dans le piège. L’appareil portait l’estampille d’une grande marque d’électroménager. J’aurais dû trouver le prix auquel on me le vendait étrangement bas, mais je m’étais dit: ‘la bonne affaire’. Trois mois après l’achat, je me suis rendu à l’évidence. Je m’étais fait plumer. La semelle avait commencé à se carboniser. J’ai ravalé ma déception en continuant tant bien que mal à l’utiliser, jusqu’au jour où je reçus une violente décharge électrique après avoir posé la paume de la main sur la semelle pour en vérifier la chaleur.

Tout ceci ne veut pas dire que tous les produits fabriqués en Chine sont de mauvaise qualité. Non. Tout le monde dit que la Chine est l’usine du monde. Une grande partie des produits manufacturés et industriels y sont fabriqués. Quel que soit l’endroit de la planète où on se trouve, on tombera à coup sûr sur un objet « made in China ». De très bonne qualité de surcroît.

Le problème c’est que ceux qui sont destinés au Cameroun semblent être les pires. Ceux qui sont embarqués dans un port chinois pour être débarqués directement au port de Douala.

Prenons l’exemple des téléphones. Ils sont bruyants, font peur, extrêmement mal conçus, regorgent de fonctionnalités. Et la plupart du temps elles sont incompréhensibles, car la langue française y est approximative, quand elle n’est pas totalement à côté de la plaque. Leur coque est très souvent en métal, mal isolée. Ce qui garantit de mini décharges électriques si on les saisit quand ils sont en charge.

Un autre exemple: les motos qui circulent dans nos rues. De véritables catastrophes ambulantes. Tout acheteur de moto sait que le jour où il acquiert son engin, avant d’arriver chez lui, doit absolument faire un tour chez le garagiste afin qu’il serre toutes les vis et tous les boulons. De nombreux maladroits qui ont omis cette considération se sont retrouvés avec des pièces qui se sont perdues pendant qu’ils conduisaient leur engin. Un jour, j’ai emprunté une moto et sur le chemin, le moteur est tout bonnement tombé. L’engin était pourtant tout neuf.

Quand de telles déconvenues surviennent, les victimes n’ont la plupart du temps que leurs yeux pour pleurer. Il est inenvisageable pour le vendeur de dédommager ou d’apporter une quelconque assistance au client en détresse. Il n’y a généralement pas de garantie. Et même quand il y en a, elle excède rarement quelques semaines. Même pour un appareil comme un téléviseur.

L’argument économique par lequel on justifie ce choix du chinois low-cost ne tient pas la route. Prenons un exemple simple, qui est de saison: les parapluies. Actuellement à Douala, c’est la saison des pluies. Les vendeurs de parapluies font d’excellentes affaires puisqu’il peut pleuvoir sans arrêt pendant plusieurs jours. Le parapluie provenant directement de Chine – l’écrasante majorité – coûte en moyenne 1 500 francs Cfa. Leur caractéristique première est leur fragilité. Talonnée de près par leur piètre fabrication. Du coup, nombreux sont ceux qui se retrouvent avec trois parapluies achetés en une même saison pluvieuse. Pour un coût global de 4 500 francs. Et ce sera rebelote pendant la prochaine saison des pluies. Pourtant, les plus malins, qui auront acheté des parapluies importés d’Europe par exemple – et plus difficiles à trouver – auront en mains un produit dont la durée de vie sera étalée sur plusieurs années.

On aura beau se plaindre, ça ne changera pas. Quand on y réfléchit bien, on se rend un peu compte que nous sommes – encore – victimes de la géopolitique. On n’a pas encore fini de se plaindre du supposé néo-colonialisme que les Occidentaux nous auraient imposé depuis cinquante ans qu’on se retrouve dans une situation quasi similaire avec les Chinois. Ils nous arrosent d’argent. Nous sommes heureux d’en profiter. Sauf que nous faisons tellement bombance que personne ne voit que nous replongeons dans la spirale de l’endettement. Résultat : on se fait imposer n’importe quoi, comme le fait de devenir l’un des marchés de produits chinois, qui ne se donnent même pas la peine de les fabriquer correctement. Ou alors on se retrouve avec une infrastructure – ma foi très belle – comme le Palais des sports de Yaoundé, construite mais surtout gérée par les Chinois. En disant échapper au lion, on se retrouve nez à nez avec un tigre.

D’un autre côté, ce n’est pas plus mal qu’ils le gèrent eux-mêmes, ce Palais des sports. Car connaissant notre mentalité, on aurait déjà des petits bouts de cette bâtisse disséminés un peu partout dans les foyers camerounais. On ne se contente pas d’être des experts en détournement de deniers publics, on détourne tout ce qui peut l’être. Tout y passe, même les sièges, les tapis, les poteaux et les câbles de nos infrastructures publiques.

René Jackson


« Après Brésil-Allemagne, plus rien ne sera jamais comme avant »

PENSÉE DU JOUR | Quelques jours après, on ne s’est toujours pas remis de cette soirée du mardi 8 juillet 2014. Cette soirée où l’impensable s’est réalisé. Et à mon sens, personne n’est capable d’expliquer pourquoi l’équipe du Brésil est passée totalement à côté de ce match.

Dans mon pronostic d’avant-match, j’avais prédit une « explosion en vol » de l’équipe du Brésil, mais en prévoyant un désormais « petit » 3 buts à 0 pour l’Allemagne. Les raisons de ce pronostic étaient simples :

  • les Allemands avait démontré qu’ils étaient des clients sérieux, de par leur solidité et une maîtrise des évènements qu’aucune autre équipe n’avait démontré jusque-là pendant cette compétition.
  • les Brésiliens par contre sortaient de deux rencontres (contre le Chili en huitièmes de finale et contre la Colombie en quarts) où ils avaient eu toutes les peines du monde à passer.
  •  les joueurs de la Seleçao étaient sous le feu des critiques, notamment à cause de leurs pleurnicheries. Lors du match d’ouverture, les larmes de Neymar, même si elles n’étaient pas compréhensibles, pouvaient être acceptées. Mais on a eu droit lors des rencontres suivantes à un véritable concours de pleurs. Même ceux qui étaient la caution solidité et expérience de l’équipe (Thiago Silva et David Luiz) sont partis dans d’interminables pleurs. C’en était devenu ridicule. Et ça démontrait une chose : ils avaient du mal à encaisser la pression qui s’exerçait sur eux. Et face à l’équipe la plus forte du tournoi, ça allait être problématique.

J’avais prédit une explosion en vol de la Seleçao pleurnicharde face à la rigueur et la froideur allemande. Mais je n’aurais jamais imaginé que ce serait d’une telle ampleur. Ni moi, ni personne d’ailleurs.

401 secondes qui ont tout changé

Depuis ce soir-là, j’ai lu plusieurs dizaines d’articles, écouté une bonne douzaine de chroniqueurs et de consultants de football à la télévision et à la radio pour comprendre comment le Brésil avait pu voler en éclats. D’emblée, ils étaient tous hébétés. Beaucoup se sont lancés dans l’analyse de ces 401 secondes cauchemardesques des Brésiliens. Beaucoup ont appuyé sur l’impact de l’absence de Neymar et de Thiago Silva. Beaucoup ont mis l’importance de ce score sur l’armada allemande.

Sauf qu’on ne peut pas expliquer ce match de façon rationnelle.

  •  l’Allemagne est forte, certes. Mais c’est une équipe qui n’a pas eu un parcours tranquille durant ce Mondial. Il y avait eu cette raclée infligée au Portugal (4-0) d’entrée. Mais les autres matchs s’étaient vraiment disputés : un nul 2-2 contre le Ghana, une victoire par la plus petite des marges (1-0) sur les Etats-Unis, un match compliqué en huitièmes contre une vaillante Algérie (2-1), un quart de finale serré contre la France (1-0). Tel était le parcours de la Nationalmannschaft. Ils avaient certes prouvé une certaine solidité, mais rien de véritablement transcendantal.
  • beaucoup d’observateurs ont pointé du doigt l’équipe actuelle du Brésil, sensée être l’une des plus faibles de l’histoire de ce pays. Faiblesse aggravée par l’absence des deux joueurs les plus probants : le sauveur Neymar et l’assurance tous risques défensive Thiago Silva. Justificatif insuffisant. Les Brésiliens avaient des choses à faire valoir qui dépassent l’absence de quelques joueurs ou la faiblesse de l’équipe. Pour couronner le tout, l’équipe est dirigée par Luis Felipe Scolari, un entraîneur expérimenté, secondé par un Carlos Alberto Parreira qui n’est plus à présenter. Rien n’explique le trou noir qu’a traversé le Brésil entre la 23e et la 29e minute. Si les joueurs sur le terrain étaient dépassés, le coach pouvait faire des ajustements. Mais on peut le comprendre : comme nous tous, il n’arrivait pas à réaliser ce qui était en train de se passer. Il n’arrivait pas à comprendre comment ces joueurs, qui ont une expérience certaine, réussissaient à se faire éparpiller aussi facilement par les Allemands.

L’un des évènements les plus marquants de l’histoire du football s’est déroulé sous nos yeux mardi dernier. L’un des séismes les plus puissants de ce jeu s’est produit dans le stade Mineirao de Belo Horizonte. Le match de tous les records. Les Brésiliens n’avaient jusqu’ici jamais avalé ce qui s’est passé lors de la finale de la Coupe du Monde de 1950 au Maracaña de Rio, quand ils ont perdu contre l’Uruguay dans les derniers moments du match. Ils avaleront encore plus difficilement cette cruelle humiliation en prime time planétaire que leur a infligée l’Allemagne.

Un score de 7 buts à 1, en demi-finale, qui n’a pas fini de nous laisser interdits. Et il y a encore à craindre pour le Brésil qui rencontrera en match de classement les Pays-Bas ce samedi soir, dont le jeu se rapproche de celui de l’Allemagne.

Réné Jackson Nkowa, Mondoblogueur à Douala


Le banquet de noces à la camerounaise

S’il y a une théorie qui s’est bel et bien vérifiée à travers les âges, c’est celle-ci : les célibataires invétérés (c’est-à-dire nous) aiment les mariages plus que toutes les autres catégories de la société. Pas parce qu’on aime la fête, non. Mais parce que le célibat est une situation pas trop mal qu’on souhaite perpétuer. Il faut donc qu’on trouve des raisons de résister aux coups de boutoir de la famille et des amis qui n’ont de cesse de te demander : « Mais tu te maries quand, toi? Tu veux seulement manger pour les gens, tu vas nous faire manger quand? »
Si nous les célibataires aimons autant les mariages, ce n’est pas parce qu’on compte courser les filles d’honneur pour finir dans les chambres d’hôtel. Parce que, conseil, il ne faut jamais draguer une fille d’honneur au mariage à Douala. Parce que si elle n’est pas mariée, son petit copain n’est cependant pas loin. Mais en général, on se met en mode « pécho » et on réussit sans difficulté à détecter les proies seules, abandonnées aux quatre vents.
Donc si on aime autant les mariages, c’est parce qu’on cherche une raison de perpétuer notre douce situation de célibataire. Avec la cible d’un soir. Et un peu plus si affinités. Juste un peu plus. Il n’est pas question de venir y trouver ce qu’on voulait éviter. Et l’une des raisons de perpétuer cette situation enviable de celui qui ne gère que sa seule personne, c’est de voir qu’il est possible pour autant de francs CFA de s’évaporer en si peu de temps. Le temps d’une soirée. Sous forme d’agapes et de breuvages divers.
Les banquets de mariage, c’est la partie visible d’un immense iceberg d’argent. Parce qu’avant d’en arriver là, il a fallu aller voir les parents de la fille, puis aller voir ses oncles et tantes (et pas les mains vides). Après il a fallu aller la doter. Dans certaines tribus, la dot réclamée au garçon est scandaleuse. Et après le mariage, puisque « la dot ne finit jamais », il ne faut pas commettre le sacrilège d’aller chez ton beau-père sans un petit (ou plutôt gros) quelque chose. Et tu dois devoir te coltiner la clique de beaux-frères pour qui tu n’es qu’une vache à lait. Si si, les mêmes qui te traiteront de pauvre type quand ils t’auront asséché.
On s’éloigne du sujet. Les banquets de mariage, c’est toute une affaire. Ils permettent de rencontrer des personnages éclectiques. Petite revue des troupes.
La fille, commençons par elle. En fait, je l’ai déjà repérée (vous comprendrez que je suis en train de rédiger ce billet en plein dans un repas de mariage, mon premier article en live. La technologie a quand même du bon). Donc, la fille, elle, vient de faire dix tours devant moi, sans aucune raison. Donc c’est moi qui l’intéresse (se mettre à l’esprit qu’on est le plus séduisant de tous). Elle est plutôt jolie. Elle a mis une de ces robes longues. Mais tu n’as aucune difficulté à l’imaginer sans. Et ce que ton cerveau te montre te plaît. Cible verrouillée. Reste maintenant à trouver l’angle d’attaque, la phrase qui tue. Affaire à suivre.
Le deuxième personnage est ce bonhomme qui me connaît et que je ne connais pas. Cet individu ne manque jamais à ce type de réunion. « Quand je t’avais vu la dernière fois, tu étais haut comme trois pommes. Tu ne peux pas te rappeler de moi (et pour cause). Tu as grandi hein ! (Tiens donc!). Tu fais quoi maintenant ? (Je suis un esprit brillant au chômage). Souvent, on te demande : « Tu ne le connais pas? Incroyable ! « . Non, je ne le connais pas. Mais cet individu c’est aussi moi devant cette fillette qui avait osé me demander il y a quelques mois : « Tonton, tu me lis une histoire avant de dormir? » lors de l’une de mes nuits parisiennes. J’ai failli lui répondre comme on répond aux enfants à Douala : « Mouf, va te coucher! Celles à qui je raconte des histoires avant de dormir ont vingt ans de plus que toi et portent une nuisette et rien en dessous ». Mais j’ai calmé mes esprits barbares. J’ai attendu qu’elle tombe de sommeil. La petite, cette même petite vient de me dire qu’elle ne me connaît pas ! Diantre !
L’autre personnage c’est ce type assis à côté de moi et qui me lance des regards et qui se demande sûrement ce que je fais à tapoter sur un écran depuis une heure de temps. Lui il m’énerve. Il passe son temps à aller et venir. Et chaque fois qu’il va et il vient, il faut que je me lève pour le laisser passer.
Il n’est pas le seul à me porter sur les nerfs. Cet autre type a qui on a donné le micro et qui a entrepris de rédiger l’épitaphe : « Ci-gît la langue française ». Il démonte proprement cette langue chérie à coup de « je la dis que » et de « il faut le donner ça ». Mes oreilles saignent. Stop, de grâce! La curieuse remarque c’est que ces gens qui perpètrent ces attentats contre la langue refusent de lâcher le micro une fois qu’ils le tiennent. Sauf une fois. Quand ils le passent à celui qui est chargé de faire la prière. Sauf que celui qui effectue cette prière semble vouloir faire descendre le Saint-Esprit dare-dare, tant c’est long!
Il y a cette dame, tu as ressenti comme un coup de poing dans le bide quand tu as vu son plat. Surtout que ta table sera la dernière à parvenir au buffet. Tous les mets se bousculent dans son assiette. Le tout doit culminer à quinze bons centimètres de la base de son plat. Si tout le monde se sert comme elle, il va falloir espérer qu’il y ait une boulangerie encore ouverte à cette heure avancée de la nuit dans le coin. Le plus malheureux dans l’histoire c’est qu’en fin de compte elle a ôté seulement cinq sur ces quinze centimètres. Il y a des gens qui ont des yeux plus grands que le ventre.
La tradition dans les soirées de noces est d’inviter un amuseur public. Il faut avouer que celui-ci est plutôt bon. Il a fait rire les gens. Pas comme ces autres qui se contentent de remixer des blagues mille fois entendues. Ça me rappelle cet autre mariage où les amuseurs avaient été originaux. Ils n’avaient pas dit un mot. Ils s’étaient contentés de mettre en scène le couple présidentiel. Et pour qui connaît notre première dame, il n’est pas compliqué d’imaginer l’hilarité qu’ils ont provoquée.
Il y a moi qui commence à ressentir les effets du vin et qui ne répondrai pas de ce qui suit.
Parlant de l’ivresse, il y a ce vieux monsieur, tout bedonnant, qui a manifestement pris le verre de trop, qui essaie de trousser toutes les robes qui passent dans le rayon d’action de ses mains. Une dame outrée, fatiguée de lui demander de se calmer, est allée appeler le vigile qui l’a éjecté manu militari de la salle, sous le regard honteux de sa femme qui fait semblant de ne pas le connaître. Le retour à la maison ne sera pas de tout repos pour tout le monde.
J’ai failli oublier cette jeune personne de sexe masculin. Celui qui fait le joli cœur avec toutes les filles. Et particulièrement à celle que je vise. Il se croit tout beau avec ce ridicule nœud papillon. Tu ne perds rien à attendre, mon petit.
Maintenant je me fais harceler par un photographe. J’ai vu un flash crépiter au moment même ou j’ai mis les pieds dans cette salle. C’était lui qui me prenait en photo. Non content de m’avoir pris dans mon mauvais profil, il me demande de payer pour un travail que je ne lui ai pas demandé d’effectuer. Un travail mal fait par ailleurs. Non, merci monsieur.
Non mais j’aime les mariages! C’est l’endroit par excellence pour admirer les femmes dans leur plus belle toilette. Un vrai délice pour les yeux. C’est un spectacle indescriptible. Quelqu’un avait dit que la femme est la septième merveille du monde. Je ne suis pas très loin de lui donner raison. Et je ne suis manifestement pas la seule âme esseulée à la recherche d’une autre tout aussi esseulée. Je n’expliquerai pas autrement la situation de celle qui est en train de se trémousser juste devant moi. Vu la façon dont elle est habillée, un compagnon normalement constitué ne l’aurait jamais laissé sortir.
Bagarre à la porte. Quelqu’un tente d’entrer par effraction. Une fête ne serait pas une fête digne de ce nom sans les tioristes, les « je-m’invite ». Ces gens qui ne connaissent ni de près, ni de loin les mariés, qui n’ont reçu aucune invitation. Et qui, sous le fallacieux prétexte que c’est leur quartier ou qu’on leur a dit qu’il se passait quelque chose, s’arrogent le droit de se pointer là pour profiter du banquet qui ne nous suffit même pas à nous qui avons remué ciel et terre pour faire un cadeau. Calmez-vous et attendez trois heures du matin.
J’ai failli oublier les acteurs principaux. Ceux dont l’amour réciproque est à l’origine de tout. Et mes pensées vont surtout à l’endroit du nouveau mari. Et je lui dis bravo. Bravo et merci de nous avoir fait engloutir l’équivalent d’une parcelle de terrain, d’une voiture neuve ou de trois ans d’un salaire. Bravo pour ton courage. Il en faut pour tout ça. Et je te remercie aussi du fond du cœur d’avoir permis que je rencontre cette beauté qui me provoque depuis le début de la soirée. Je ne sais pas qui de ton épouse ou toi l’a invitée, mais l’humanité vous en sera éternellement reconnaissante. Et moi je penserai à vous cette nuit, quand elle et moi on se retrouvera là où vous pouvez imaginer!
Je crois que je n’ai oublié personne. Moi je vais danser.
PS : Les gars, ne vous laissez pas influencer par la taille des filles lors de ce genre de soirée. Elles mesurent en réalité dix ou quinze centimètres de moins.
 
René Jackson


Ces gants de feu

BILLET D’HUMEUR | Durant ce Mondial, quatre portiers ont particulièrement brillé. D’ingrat, le poste de gardien de but tend à devenir valorisé. Et ce changement d’état d’esprit, c’est en grande partie à Vincent Enyama, Tim Howard ou autre Guillermo Ochoa que les goalkeepers du monde entier le doivent… (Crédit photo : Philipp Zachl, Wikipedia Commons)

Oliver Kahn, l’ex-capitaine de la Nationalmannschaft avait été le premier – et reste à ce jour le seul – gardien de but à avoir reçu la récompense de meilleur joueur de la Coupe du monde. C’était lors de l’édition 2002.

Il avait glané cette récompense sur toute la durée de la compétition, mais plus particulièrement en raison d’un Allemagne – Etats-Unis en quarts de finale pendant lequel il avait à lui seul maintenu son équipe à flots, les Américains ayant transformé ses buts en Fort Alamo. Ils en avaient fait le siège pendant toute la seconde mi-temps. Pour rien.

Gardien, un poste ingrat ?

Le poste de gardien de but est le poste le plus particulier du football. Le gardien de but est le seul joueur autorisé à prendre la balle de la main, dans une certaine zone du terrain certes. Il porte un maillot dont la couleur est différente de celle des vingt et deux autres acteurs sur le pré (arbitre compris).

Un poste ingrat, car historiquement, le rôle de gardien de but est dévolu au joueur réputé comme étant le plus mauvais, balle au pied. Beaucoup de gardiens de but, même de très grands, vous diront que, ils ont occupé pour la première fois les cages le jour où ils n’ont pu trouver leur place parmi les joueurs de champ.

Un poste ingrat, car l’occupant malgré lui, le malheureux se retrouve souvent au centre de toutes les critiques à cause des buts qu’il a encaissés et est taxé de premier responsable de la contre-performance de son équipe. Gardien-passoire, va !

Poste ingrat, car dans les clubs de football, surtout au niveau professionnel, il ne fait pas bon être relégué au rôle de gardien de substitution (on calme ton aigreur en t’appelant deuxième ou troisième gardien), réduit à souhaiter le malheur du gardien titulaire. Lorsqu’il est particulièrement en forme, ce dernier peut même jouer tous les matchs de son équipe.

Quatre remparts au Brésil

Pendant ce Mondial, il ne faisait pas bon être le remplaçant de Vincent Enyeama (Nigeria), de Guillermo Ochoa (Mexique), de Manuel Neuer (Allemagne) et de Tim Howard (Etats-Unis).

Tous les quatre ont eu le bonheur d’être le dernier rempart de lignes défensives clairement aux abonnés absents. Vincent Enyeama a délivré des parades de classe et des arrêts-réflexe dignes de Spiderman. Guillermo « Memo » Ochoa a été l’homme du match Brésil – Mexique. Il a particulièrement énervé les attaquants de la Seleçao (on se rappelle du regard exaspéré que Neymar lui a lancé après qu’il a enrayé, une fois de plus, l’une de ses nombreuses tentatives). Le génial Ochoa a récidivé contre les Pays-Bas, ce qui n’a malheureusement pas suffi. Lui qui est arrivé à la coupe du Monde sans club en verra sûrement se bousculer à son portillon.

Manuel Neuer s’est particulièrement décarcassé pour éviter à l’Allemagne d’être éliminée face à une très bonne Algérie. N’eût été ses arrêts et surtout ses interventions dignes d’un vrai libéro, les Germains ne seraient pas sortis aussi heureux de cette rencontre.

Tim Howard a longtemps sauvé les meubles étatsuniens lors des huitièmes de finale contre la Belgique. Il a tout bonnement subi un pilonnage en règle de la part des Belges. Les statistiques sont éloquentes : la Belgique a effectué 38 tentatives, 27 étaient cadrées et Tim Howard en a sorti à lui seul 15 ! Un record en Coupe du monde! Il avait été tout aussi héroïque face à l’Allemagne en troisième match de poule. Tous ces gardiens de but ont tenu tête aux attaquants surexcités tout au long de ce tournoi.

Sentinelles salvatrices

Désormais, le gardien de but n’est plus un simple faire-valoir. Ce sont de vraies sentinelles salvatrices. Lesquelles sentinelles inspirent les jeunes.

L’un des plus grands gardiens de but de la dernière décennie, l’Italien Gianluigi Buffon, a d’ailleurs révélé qu’il a su qu’il voulait devenir gardien de but en voyant le Camerounais Thomas Nkono jouer pendant la Coupe du monde de 1990.

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Les champions du Monde du ridicule

Le premier tour de ce Mondial brésilien s’est bouclé, et les premiers huitièmes de finale ont déjà livré leur verdict. Nous avons déjà vécu plus de 52 matchs d’une intensité à son paroxysme, parfois dans un suspense à couper au couteau. Les observateurs sont formels et unanimes : cette vingtième édition de la Coupe du monde est la plus spectaculaire de ces vingt dernières années. (Crédit photo : Ailura, Wikimedia Commons)

Des buts, du rythme, des coups de théâtre, des renversements de situation, une ribambelle de buts… Les footeux en ont eu pour leur soif pendant la première quinzaine de ce Mondial brésilien.

Mais au milieu de ce climat footballistique, beaucoup se sont illustrés de manière moins glorieuse . Beaucoup ont agi comme des imbéciles. Beaucoup se sont ridiculisés. Cette première partie du Mondial nous a parfois réservé un spectacle hallucinant. Passage en revue des troupes.

Les Lions indomptables du Cameroun

Ils détiennent la palme d’Or parce qu’ils ont commencé à se ridiculiser avant même d’avoir mis le pied dans l’avion qui devait les amener au Brésil. « Pas de fric, pas de Coupe du monde« , qu’ils disaient.

En 2010, les Bleus ont refusé de descendre du bus, en 2014, les Lions indomptables ont refusé de monter dans l’avion. Le ridicule ne s’est pas arrêté là : le Cameroun a perdu ses trois matchs, en encaissant 9 buts et en ne marquant qu’un seul.

Les personnages clés de ce désastreAlexandre Song, qui a donné un coup de coude totalement inexplicable à Mandzukić lors de Cameroun-Croatie. Benoît Assou-Ekotto qui a administré un coup de tête à son propre coéquipier durant le même match et Alain Nyom qui a poussé méchamment Neymar dans le dos lors de Brésil-Cameroun. Lequel Neymar s’est fait justice en corrigeant le Cameroun (4-1).

Le Ghana, même combat, même résultat

En ex æquo sur la première marche du podium du ridicule, on retrouve la sélection ghanéenne qui, comme celle du Cameroun, a plus joué en équipe en dehors du terrain que sur en menaçant de faire grève pour les primes avant leur troisième match contre le Portugal. Résultat : une mallette de trois millions de dollars en liquide a été dépêchée depuis Accra.

Ici, les hommes forts sont Kevin Prince Boateng, insipide sur le terrain, qui a montré qu’il savait par contre cogner en s’en prenant à l’un des membres du staff à l’aide de son iPad. Il a été imité par Sulley Muntari., et les deux hommes ont été logiquement virés du groupe ghanéen. John Boye, pris en train d’embrasser ses cent mille dollars de primes. Lequel a montré sa gratitude en marquant un but contre son camp quelques heures après pendant le match contre le Portugal. On n’oubliera pas le fait qu’ils aient refusé dans leur ensemble de répondre aux journalistes en zone mixte après leur élimination.

De vrais mercenaires on vous dit. Quand on sait que les joueurs iraniens ont joué avec le même jeu de maillots pendant tout le tournoi et n’ont pas perçu de primes !

Le cas Suarez

Luis Suarez est un attaquant génial. L’un des tous meilleurs arpentant actuellement les terrains de football. Mais aussi l’un des plus couards et fourbes que la terre ait portés. On le connaissait déjà pour sa main lors du quart de finale qui opposait son pays l’Uruguay au Ghana pendant la Coupe du monde 2010. On connaissait ses paroles et son comportement racistes.

Luis avait déjà mordu un adversaire à deux reprises : quand il jouait à l’Ajax d’Amsterdam et une autre fois en tant que sociétaire de Liverpool. Et il a remis ça il y a quelques jours. Cette fois, sa victime fut le malheureux Giorgio Chiellini. Suarez s’est lamentablement justifié en disant que sa bouche avait malencontreusement percuté l’épaule de son adversaire. Neuf matchs de suspension bien mérités.

Sauf que l’autre larron de l’histoire, la FIFA, a eu un comportement tout aussi ridicule dans l’affaire. Un comportement qui a réussi à faire passer Luis Suarez pour un martyr. La sanction était certes justifiée, mais ne nécessitait absolument pas que des délégués de la FIFA débarquent en plein entraînement de l’Uruguay, arrachent son accréditation à Suarez, lui fassent plier derechef ses bagages et mettent manu militari dans le premier avion pour Montevideo. Un comportement peu cavalier et intolérable. Une attitude qui a ému le peuple uruguayen et l’Amérique du Sud dans son ensemble. Et même poussé Giorgio Chiellini, la victime de la morsure, à déclarer que le comportement de la FIFA a été excessif.

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Les USA, Rihanna et la FIFA

BILLET D’HUMEUR | Pour cette Coupe du monde 2014, les Etats-Unis peuvent compter sur un soutien de poids en la personne de Rihanna. Sur les réseaux sociaux, la chanteuse s’affirme comme une véritable fan de soccer, sensible aussi bien aux bonnes performances de ses « Yanks » qu’à la plastique de Kevin Prince Boateng. Au point d’en faire une ambassadrice du ballon rond ? (Crédit photo : Liam Mendes, Wikimedia Commons)

Aaah ! Les Etats-Unis ! Les ‘Yanks‘ comme ils s’appellent eux-mêmes. Une équipe qui a participé aux sept dernières Coupes du monde. Qui n’est plus une surprise. Qui a débarqué au Brésil avec la ferme intention de faire quelque chose.

Le Ghana l’a appris à ses dépens, en encaissant le but le plus rapide de la compétition et le troisième plus rapide de l’histoire de la Coupe du monde, après seulement 30 secondes de jeu. Et dans la nuit de dimanche à lundi, c’est le Portugal de Cristiano Ronaldo himself qui a échappé in extremis à une défaite face à ces mêmes ‘Yanks‘.

L’Oncle Sam ne fait aucun compromis

Il faut dire que cette équipe des États-Unis est celle qui jouit d’un des états d’esprit les plus irréprochables : les joueurs ne rouspètent jamais, ils ne tombent pas pour rien, ils ont toujours cette volonté de jouer. De jouer et de gagner.

A la suite du match nul contre le Portugal (2-2) qui laisse ce groupe H totalement ouvert pour le troisième match, on entend déjà chuchoter des possibilités d’arrangement avec l’Allemagne. En effet, les deux équipes se rencontreront et un nul fera leurs affaires à toutes les deux, quel que soit le score de Portugal-Ghana. Mais c’est mal connaître l’oncle Sam et ses enfants. Ils ne feront aucun compromis. Que les teutons se préparent à aller au mastic.

« Clint Dempsey I love you »

Aaah ! Les joueurs américains. En plus d’être talentueux, combatifs, opiniâtres, ils sont si beaux ! Jermaine Jones, Marcus Beasley, John Brooks, Kyle Beckerman et ses dreadlocks, Graham Zusi et son chignon parfait, Clint Dempsey… Ils sont tous craquants ! De véritables éphèbes. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont ces dames.

La Coupe du monde se passe aussi sur les réseaux sociaux. Principalement sur Twitter. Et sur Twitter, le beau sexe montre que le football n’est pas qu’affaire de testostérone. Les dames rivalisent de tweets. Mais sur Twitter comme dans la réalité, les hommes et les femmes ne sont pas attirés par la même chose : là où un gentleman voit un loupé monumental de David Beckham, les groupies remaquent plutôt sa mèche de cheveux qui tombe si délicatement.

Shakira, J Lo… et Rihanna

Depuis 2010, la Coupe du monde est devenue une affaire de people. Prenons par exemple Shakira. Elle ne s’est pas contentée de chanter l’hymne officiel du tournoi en 2010 : elle a en outre assisté à beaucoup de rencontres. Avec une assiduité particulière pour ceux de l’Espagne. On a tous fini par comprendre pourquoi cette préférence pour les ibères : la belle Colombienne a fini par tomber dans les bras du défenseur de la Roja, Gerard Piqué. Avec un bébé à la clé.

Dans la même veine en 2014, nous avons Jennifer Lopez. Mais depuis la calamiteuse cérémonie d’ouverture, elle a disparu des radars.

Et puis, il y a Rihanna.

 Rihanna, une vraie fan de soccer

Il est de notoriété publique que les Américains, pour la plupart, s’en contrebalancent du soccer. Pour eux, c’est le sport que leurs enfants pratiquent à leur bas âge, pour aguerrir leurs muscles encore tendres. Et c’est un sport de femmes. Aucun intérêt.

Mais pour Rihanna, c’est tout l’inverse. La jeune et sulfureuse Barbadienne nous dévoile l’une de ses nombreuses facettes depuis 10 jours : celle d’une véritable fan de football. Pas de football américain, mais de soccer ! Elle nous gratifie à nous ses followers de tweets qui transpirent l’émoi. Comme par exemple celui qu’elle a posté au terme de la rencontre qui opposait les USA au Portugal, dimanche soir : « Whew! My first breath for the last 95 minutes. » (Ouf! Je respire pour la première fois depuis 95 minutes).

Ou cet autre lors d’Argentine – Iran « Messi… We are looking at you » (Messi… On t’observe). Encore un autre: « Yaaaaaassssssss France » au moment où les hommes de Didier Deschamps mettaient une dérouillée à la Suisse. « I hate watching games like this! Two of my fave teams » (Je déteste ce genre de match dans lequel deux de mes équipes favorites s’affrontent) lors d’Allemagne – Portugal

Une excellente ambassadrice pour le football ?

Mais comme toute midinette qui se respecte, elle n’a pas manqué de jeter son dévolu sur l’un des fougueux jeunes gens qui arpentent les terrains brésiliens. Et le bienheureux fut Kevin Prince Boateng, le fantasque attaquant ghanéen. Une photo, un petit texte assez parlant et au final, boum, plus de 22.400 retweets à ce jour !

La FIFA ferait bien de se pencher sérieusement sur son cas. Elle coûterait sûrement quelques millions de francs suisses, mais elle ferait une excellente ambassadrice du football. Mais on ne poussera pas la mansuétude au point de lui offrir d’interpréter la chanson officielle de la prochaine Coupe du monde. On ne parierait pas dessus en tout cas.

De toutes les manières, comme on le dirait dans la langue de Shakespeare, « good job, Miss Riri ! »

 René Jackson NKOWA, Mondoblogueur à Doula, au Cameroun


Carton rouge (injustifié) : les horaires de cette Coupe du monde

BILLET D’HUMEUR | Quoi ? Le match Côte d’Ivoire – Japon se jouait à deux heures du matin ? J’ai beau avoir une affection particulière pour ce pays, j’ai beau admirer la culture multiséculaire nipponne, j’ai beau admirer les geishas et les shoguns, j’ai beau avoir été porté par les mangas durant l’adolescence, mais non, je n’ai pas regardé le Japon jouer à deux heures du matin ! (Crédit photo : Sdo216, Wikimedia Commons)

Le foot c’est quand même un sport injuste, quand on y réfléchit bien. Ses défenseurs les plus farouches disent : « C’est le sport le plus accessible, celui dont la pratique ne nécessite pas de se vider les poches. Le foot c’est l’expression même de la démocratie ». On ne va pas revenir ici sur les salaires qui peuvent varier de un à un million, quelle que soit la devise qu’on choisit. Le foot est injuste, car tout le monde n’y a pas accès. Il s’agit ici du direct à la télé.

On ne va pas non plus revenir sur les droits de retransmission des matchs et des spéculations autour qui feraient passer le CAC40 pour une cour d’école. A chaque Coupe du monde, les prix, que dit-on, les droits (il faut bien embellir les choses) des retransmissions battent leurs propres records.

 Hâlte à la sphéricité de la planète !

Le football est injuste car, pendant cette Coupe du monde, pendant que le Japon en décousait avec la Côte d’Ivoire – perdait 1-2, accessoirement – la moitié des habitants de cette grosse boule bleue dormait du repos du bon semeur. D’où la tentation qu’on pourrait avoir de remettre en cause la sphéricité de la planète qui nous porte, car des gens dorment pendant que le Japon joue. Mais on se gardera bien de sortir de sous le tapis des questions qui en d’autres temps avaient posé quelques soucis à Galilée.

Tout ceci pour dire que la programmation de ce tournoi laisse perplexe.

Jennifer Lopez, les Chinois et six millions d’euros

Tout a commencé par le début de tout : la cérémonie d’ouverture. Qui a débuté à 15h15, heure de Sao Paulo. Mais depuis quand les cérémonies d’ouverture se déroulent en plein après-midi ? Généralement, elles débutent au coucher du soleil. Mais on tempère. Le Brésil c’est le pays de la fiesta, du Carnaval de Rio, de Copacabana ; donc les brésiliens nous préparent quelque chose. « Plus on monte haut, plus les chutes sont rudes », dit un dicton. On a eu droit à vingt cinq minutes montre en main d’un show d’une insipidité indescriptible. Six millions d’euros ça a couté ! Cela fait cher la minute. Donnez ces six millions aux Chinois et ils vous organisent le truc dans l’espace !

Mais il y a eu Jennifer Lopez. Pendant que nous admirions sa plastique en tous points irréprochable, elle empochait au moins la moitié de ces six millions. Pendant qu’elle se trémoussait langoureusement, son banquier devait être en train de compter les pépettes. Désolé, mais on n’a trouvé aucune autre raison décente d’expliquer le navet qu’a été cette cérémonie d’ouverture malgré les sommes engagées.

Nous nous éloignons du sujet.

 Quand la météo s’en mêle…

Le lendemain, Mexique-Cameroun. Programmé à 13 heures, heure de Natal. Maintenant on va débuter un match quand le soleil est au zénith. De mieux en mieux. Les joueurs de ces deux équipes seront cuits à la fin du match, dans les deux sens du terme. Mais le ciel en a décidé autrement en lâchant un véritable déluge avant et pendant le match. Déluge sous lequel l’équipe du Cameroun et le trio arbitral se sont noyés. A Natal, à 14 heures, les projecteurs du stade étaient déjà allumés. Il faisait plus nuit que jour.

Et la nuit dernière, le Japon a joué à deux heures du matin. Heure de Douala. Et a perdu.


Carton jaune : le foot est un sport de voyous, et c’est mieux ainsi

BILLET D’HUMEUR | Pour le blogueur camerounais René Jackson Nkowa, le football n’est pas un sport épargné par la triche et les coups tordus en tout genre. Mais c’est justement ce qui fait son charme… (Crédit photo : Andrea Sartorati, Wikimedia Commons)

J’ai remarqué une étrangeté il y a quelques jours en regardant le match amical qui opposait le Mexique au Portugal : l’arbitre du jour portait un flacon sur sa hanche. Pourquoi ? Je n’allais pas tarder à le savoir.

Faute. Coup franc. L’arbitre place le mur à plus ou moins neuf mètre du ballon. Dégaine sa bonbonne. Et s’en sert pour tracer un trait blanc sur la pelouse. Le mur ne doit pas traverser ce marquage. Le jeu doit être juste. Soit. Sauf que le football a toujours été jalonné de coups tordus en tous genres. Et c’est aussi ça qui fait le charme de ce sport.

Les scandales, habitué des Mondiaux

On ne doit pas retenir de cette nouvelle édition de la Coupe du monde que les dribbles chaloupés de Lionel Messi, on ne doit pas retenir que les coups francs magistraux de Cristiano Ronaldo, on ne doit pas retenir que les débordements latéraux-repiquages dans l’axe-frappes enroulées d’Arjen Robben (les connaisseurs appellent ça « La Spéciale »). Et enfin, on ne devra pas retenir que la victoire du Cameroun le 13 juillet au Maracaña de Rio !

Ce qui fait la Coupe du monde et le football en général, ce sont aussi leurs scandales. Ces fourberies qui font rentrer une compétition dans la légende. En 2010, on a eu le but refusé de Lampard contre l’Allemagne. Depuis 2006, on se demande ce que Materazzi a bien pu dire à Zidane pour qu’il pose de façon si douce son illustre crâne sur sa poitrine. En 2002 il y a eu l’arbitrage scandaleux du huitième de finale Corée du sud – Italie. En 1994, il y a eu le contrôle positif de Maradona. En 1986, il y a eu la main de Dieu du même Maradona. En 1982, Harald Schumacher sèche Patrick Battiston d’un coup digne des maîtres du kick-boxing … Et l’arbitre n’a pas bronché. Quelques jours auparavant, un Emir koweïtien descendait sur la pelouse et réussissait à faire annuler un but marqué par la France contre l’équipe de son pays.

Donnez-nous du scandale !

En vérité, beaucoup plus de gens se rappellent de la main de Maradona au Mexique en 1986 que de la victoire de l’Argentine au terme de cette même Coupe du monde. Le peuple veut de la sueur, du sang et de la polémique. Ce sont ces ingrédients qui permettront de tenir pendant les quatre prochaines années, jusqu’au Qatar ( ?)

Donc si un mur ne peut plus réduire d’un petit mètre la distance qui le sépare du ballon lors d’un coup franc, si les ballons doivent être bardés d’électronique pour permettre de savoir combien de nanomètres du cuir a passé la ligne, si on ne peut plus gagner dix insignifiants mètres lors d’un lancer de touche, si on ne peut plus contester les décisions arbitrales, alors ça n’en vaudra plus la peine. Si le football professionnel devient un sport policé, lisse, sans aucune aspérité, il faudra fermer boutique. Car nous les footeux, on devra se replier sur les rencontres de sixième division – c’est-à-dire les matchs entre quartiers voisins – pour retrouver le doux parfum du scandale. Ou en termes plus justes, les matchs qui se terminent par une joyeuse distribution de coups de poings.

PS : Ceci n’est pas une apologie de la violence sur les terrains. 🙂

René Jackson NKOWA, Mondoblogueur à Douala, au Cameroun


Le malheur des uns fait le bonheur des autres

Passer des larmes aux rires
Passer des larmes aux rires

Il n’est pas bon de rire du malheur des gens. Il n’en demeure pas moins qu’il est des situations dans lesquelles on ne peut s’empêcher de rire, même quand malheur il y a. Parce que l’être humain, surtout quand il est camerounais, trouve toujours le moyen de rendre risibles même les situations les plus difficiles. Je ne vais par exemple pas revenir ici sur les traits d’esprit dont mes concitoyens ont su faire preuve suite au crash de l’avion de Kenya Airways à quelques kilomètres de l’aéroport de Douala en mai 2007. Et puis, pourquoi pas ? Le Boeing 737 s’était écrasé en pleine nuit dans le petit village de Mbanga Pongo, situé en périphérie de la ville. Depuis, dans le jargon populaire à Douala, Kenya Airways est désormais Mbanga Pongo Airlines. Ce sinistre (qui n’avait pourtant laissé aucun survivant parmi la centaine de personnes qui occupait l’avion – un bref rapport d’enquête ici pour ceux que ça intéresse) a même inspiré des chansons paillardes. C’est dire.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le bonheur de toute une catégorie de personnes dont le business tourne autour de la mort. Il me revient à l’esprit ce sketch d’un humoriste célèbre au Cameroun. En discussion avec son fils étudiant la psychologie en Occident, il lui demande : « La psychologie c’est quoi ? Est-ce que ça donne de l’argent ? » Et il continue : « Je t’ai demandé de faire pharmacie. Comme ça quand tu reviendras ici, j’ouvrirai ma boutique de pompes funèbres à côté de ton officine. Si ta clientèle te dépasse, tu me l’envoies. Elle ne peut pas me dépasser ». Ce qu’il faut comprendre, c’est que si les malades succombent malgré l’administration de médications, lui le vendeur de cercueils et de gerbes de fleurs trouvera à coup sûr une solution pour eux.

Mais en dehors des professionnels de la mort (les propriétaires de morgues, les chauffeurs de corbillard, les gens des pompes funèbres, les fossoyeurs et j’en passe), il y a des personnes opportunistes qui savent tirer parti de la situation pour se départir de situations difficiles.

J’en parle parce que depuis quelques jours dans mon quartier, une affaire fait grand bruit. Et fait aussi beaucoup rire. Tout a commencé par le décès d’une dame. La défunte avait une particularité : elle était endettée jusqu’au cou.

Vous savez, en Afrique, il existe un système financier qui agit en parallèle du système bancaire. Il est souvent (la plupart du temps même) informel, fonctionnant sur la simple confiance mutuelle des membres du groupe qui le composent. Il s’agit ici des tontines. Et pour beaucoup, les tontines sont plus fiables que ces banques qui peuvent fermer du jour au lendemain. En sus, elles sont plus flexibles. La défunte était donc endettée, parce qu’elle avait emprunté de l’argent dans presque toutes les associations de femmes dans lesquelles elle était membre. Le total s’élevant à plusieurs millions de nos chers francs.

C’est peu de dire que désormais ce n’était plus son problème. Et que n’étant plus de notre monde, l’apurement de toutes ses dettes incombait dorénavant à sa famille. Alors, les représentantes de ces diverses associations se sont tour à tour rendues au domicile de la défunte pour rendre compte à sa famille de ses états financiers.

Probablement embêté et ne voulant pas se retrouver en train de rembourser des dettes que quelqu’un d’autre avait contractées, le fils de la défunte a mis au point un subterfuge. Un soir, il a convoqué toutes les associations qui réclamaient de l’argent. Et il a pris la parole :

« Vous, toutes autant que vous êtes, avez précipité la mort de notre mère.  D’abord vous lui avez lancé la maladie – un cancer – qui l’a rongée (oui, chez nous, les maladies se lanceraient comme des frisbees. Du genre si tu m’énerves, pour te punir, je te lance une maladie, ndlr). Et comme la maladie tardait à en finir avec elle, vous êtes venues l’achever vous-mêmes (le dernier repas de la défunte avait été cuisiné par une femme membre de l’une de ces associations, ndlr).

Maintenant, je vous le dis, j’ai le pouvoir de vous rendre toutes folles à lier. Démentes. Et si ça ne suffit pas, je peux vous faire mourir dans les plus brefs délais, comme vous avez fait mourir notre mère. J’ai pris une partie de ses cheveux que j’ai soumis à des sortilèges. Je vais fermer les yeux. Je vais compter jusqu’à cinq. Quand je vais les rouvrir, celles qui seront encore dans cette maison verront leurs jours comptés. Et celle parmi vous qui remettra les pieds dans cette demeure trépassera dans d’atroces souffrances. »

Sur ce il ferma les yeux.

Et se mit à compter.

Il n’était pas arrivé à trois que la pièce s’était vidée des deux douzaines de femmes qui s’y trouvaient.

Jamais on ne vit autant de femmes  détaler ! Et surtout, jamais on ne les vit partir à une telle vitesse ! Jamais on ne vit les kabas (sorte de robes amples, très prisées au Cameroun) s’envoler aussi haut ! Nous qui étions à environ cinq cents mètres du théâtre des opérations n’en avons pas cru nos yeux quand nous avons vu débouler cette meute de femmes (pour la plupart âgées de plus de quarante ans) qui avait littéralement pris leurs jambes à leur cou.

Une meute qui s’est finalement arrêtée à notre hauteur.

Elles regardaient derrière elles comme si elles avaient vu le diable en personne. Et comme pour se rassurer qu’il ne les avait pas poursuivies. Elles avaient perdu qui des sandales, qui un foulard, qui un porte-monnaie. Et elles n’osaient surtout pas revenir sur leurs pas. Une moto déboula de l’endroit d’où elles provenaient. Ce qui créa une autre panique. « C’est lui, il vient nous chercher ! Il vient nous chercher ! » Tout en criant, elles se réfugiaient dans les boutiques, les buissons et les maisons alentour.

Panique inutile, puisqu’il s’agissait en fait de l’un des moto-taximen qui habitent le quartier. Qui passa son chemin.

Au moment où je rédige ces lignes, la dépouille mortuaire se trouve dans le village natal de la dame pour l’inhumation. Nul besoin de dire qu’aucune de ces femmes (qui avaient pourtant prévu d’assister aux obsèques) ne s’y est rendue.

Depuis, nous n’avons pas cessé de rire. Ceci d’autant plus que chaque jour arrive avec ses détails cocasses. Comme celui raconté par une dame : « Vous savez,  le domicile de notre regrettée sœur se trouve en bas d’une colline. Et pour en sortir, il y a un escalier abrupt à emprunter. Ces derniers jours, quand nous allions lui rendre visite, sans l’aide de jeunes gens qui nous tenaient par la main, on gravissait difficilement cet escalier. Mais le jour de la débandade générale, on a escaladé cet escalier en avalant les marches quatre à la fois. Personne n’a demandé à quiconque de l’aider».

En bref, voilà comment une dette de plusieurs millions a été effacée.

Parfois, il suffit seulement de menacer les gens de les atteindre mystiquement pour qu’ils obéissent au doigt et à l’œil. Et aussi au pas de course. Il ne fait pourtant aucun doute que les propos du fils de la défunte faisaient partie d’un canular savamment élaboré.

René Jackson


Petits moments de corruption

Source image: worldbank.org
Source image: worldbank.org

Ces dernières années, les rapports successifs de Transparency International (l’une de ces institutions dont on ne sait quel est le problème avec notre pays, dixit nos gouvernants) placent le Cameroun dans le peloton de tête des pays les plus corrompus de la planète. Tranparency International base ses enquêtes sur « l’indice de perception » de la corruption. Critère que j’ai toujours considéré comme de l’enfumage. La « perception » ne peut être une base objective en statistiques. Donc, j’avais toujours considéré ce critère comme étant la corruption même. Ce jusqu’à aujourd’hui. Parce que je me suis mis à réfléchir à propos de ce phénomène. Je me suis promis de ne jamais entrer dans ce système. Et le simple fait de prendre cette décision est un signe que j’y suis trempé jusqu’au cou. En en réalité, comme tout Camerounais vivant au Cameroun, je suis un corrupteur en puissance. J’ai repassé en revue toutes les fois où je me suis frotté à l’administration camerounaise. Et flûte, je me rends compte que je ne suis pas meilleur que les autres !

Année 2007 : je me rends dans un commissariat de police. Je ne dirai pas lequel. Je ne me permettrai pas de dire que c’est celui qui jouxte l’hôtel de ville de Douala. Problème de carte d’identité. Quand j’y arrive, je me fais aborder par un jeune homme qui me demande ce que je veux. Je lui dis. Il m’indique alors du doigt une dame de forte corpulence à l’intérieur du commissariat. Je vais vers elle. Elle fait le signe OK au jeune homme. Et moi je paie sept mille francs. Pour une pièce qui, selon certaines indiscrétions, ne valait pas plus de trois mille francs. A mon insu, j’avais corrompu, puisque quinze minutes après être arrivé, je repartais avec mon récépissé. D’habitude, il faut plusieurs heures.

Année 2012 : il me fallait un permis de conduire. Je me suis inscrit dans une autoécole. Après trois mois de formation, je passe avec brio l’examen écrit. Le lendemain de la publication de ces résultats, le directeur de mon autoécole nous convoque. « J’ai une information à vous communiquer. Le jury de l’examen pratique embête. Il vous faut venir déposer dix mille francs ici. Cet argent, on va le remettre aux examinateurs. Je ne vous oblige pas à le faire. Mais sachez que si vous ne le faites pas, c’est à vos risques et périls. Et si vous échouez à l’examen pratique, il faudra verser dix mille francs pour reconduire votre dossier d’examen et attendre encore au moins un mois avant de repasser l’examen ». J’ai vite fait mon calcul. Conclusion : quel que soit le choix qu’on ferait, il fallait verser cet argent. On choisirait juste quand on allait le faire.

Année 2009 : je passe quelques semaines à Yaoundé. J’étais en mode touriste. J’avais parcouru la ville et j’avais pris en photo tout ce que j’étais capable de filmer. Le problème, c’est que j’ignorais à quel point cette ville était remplie de gens paranoïaques. Les forces de l’ordre s’y comportent comme si la ville abritait à la fois Barack Obama et le pape! Yaoundé est une belle ville. Qu’il ne faut absolument pas prendre en photo. Je me rappelle des bisbilles que j’ai eues avec les vigiles du palais des sports pour la malheureuse photo de ce bâtiment que j’avais prise. Ils avaient menacé d’aller me dénoncer auprès des Chinois (qui ont construit et qui gèrent l’infrastructure).

Une fin d’après-midi, je suis en voiture, assis à côté du conducteur. Je me faisais un selfie quand le policier qui régissait la circulation au lieu-dit Carrefour Mvan, l’un des endroits les plus embouteillés de la ville, m’aperçut. Il abandonna son travail et demanda au conducteur de se garer sur le côté et m’extirpa du véhicule. « Monsieur, vous vous permettez de filmer un agent des forces de l’ordre dans l’exercice de ses fonctions ? » J’ai failli lui répondre que ces mêmes agents ne voyaient pourtant pas d’objection à aller squatter les débits de boisson pendant l’exercice de leurs fonctions, mais je me suis retenu. Je lui ai juste dit : « Chef, ce n’est pas vous que je filmais ». Il me rétorque « suivez-moi au poste ».

Une fois au poste, il se rend bien compte qu’il n’y a pas de photo de lui dans l’appareil, mais il parcourt les autres et voit toutes les photos que j’avais prises. « Jeune homme, vous voyez ? Vous ne savez pas qu’il est interdit de filmer les bâtiments publics ? Ahan ! Même l’immeuble de la BEAC ? Monsieur, vous êtes suspect ! Inspecteur  » je ne sais plus qui « , venez voir.

L’inspecteur  » je ne sais plus qui  » : Mon petit, c’est grave hein !

Moi : Mais chef, j’ai photographié ce que tout le monde peut voir en passant dans la rue ! Je ne suis pas allé filmer la salle des coffres de la BEAC (Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale) ! »

Ne voulant pas tourner inutilement autour du pot, l’agent de police me dit qu’il faut que je fasse quelque chose, sinon il sera obligé d’en référer à son chef. J’ai pensé à une amitié qui risquait de voler en éclats si je ne ramenais pas cet appareil à son propriétaire. J’ai sorti mille francs de ma poche.

Année 2013, commissariat à l’émi-immigration de Douala : j’arrive pour prendre des renseignements afin de me faire établir un passeport. J’y trouve un policier en compagnie d’un jeune homme. Il lui explique comment remplir le formulaire de demande de passeport. En même temps il répond aux diverses questions que l’homme lui pose. Je soumets aussi mes interrogations à l’agent qui répond sans sourciller. L’homme, ayant terminé, dit merci et s’en va. La minute qui suit, l’agent me dit : « Mon fils, tu vois comment les gens sont ? Il est venu là, j’ai répondu à toutes ses questions, je l’ai aidé à remplir son formulaire et il part sans rien me donner ». J’ai saisi le message. Quand il eut fini avec moi, je lui glissai cinq cents francs.

Plus je réfléchis, plus je me rends compte que j’ai donné beaucoup – trop – d’argent pour des services pour lesquels j’avais pourtant déjà payé mon dû en divers timbres. Il y a encore quelques semaines, je devais faire certifier une photocopie d’acte de naissance. J’appose un timbre communal et un timbre fiscal dessus. Ça c’est la loi qui l’oblige. Je vais au centre d’état civil où on doit le signer. L’agent prend mon dossier et me demande cinq cents francs de « frais de signature », je fais mine de protester, il me répond, pince-sans-rire, que si ça ne me convient pas, je peux toujours le signer moi-même ce papier.

La corruption ressemble en définitive à une chape sous laquelle tout le monde doit passer. Même les esprits les plus déterminés ne peuvent pas y couper. Et pourtant, ce n’est pas une fatalité. Cette propension à donner (certains proposent même de donner alors qu’on ne leur a rien demandé) est le plus souvent le fruit d’une paresse caractérisée doublée d’une certaine ignorance.

Je me souviens de cette scène dont j’ai été témoin dans un autre commissariat de police en 2009 ou 2010. Un vieux monsieur particulièrement teigneux était venu se faire établir sa carte d’identité. Il lui avait été demandé cinq mille francs. Pourtant, une note destinée aux usagers affichée sur l’un des murs de la salle d’identification fixait à mille huit cents francs les frais d’établissement de la carte d’identité. Le vieux monsieur a crié au scandale et hurlé au vol. Il a réussi à attirer l’attention des personnes nombreuses qui se faisaient racketter. Finalement, pour éviter l’esclandre, on lui a rapidement fait son récépissé. Et il a tenu à payer les mille huit cents francs, bien que finalement le service lui fût gracieusement offert.

En fin de compte, je crois que je le comprends, ce concept de « perception ».

 

Par René Jackson


Viens, je t’emmène à Douala… La vraie !

Image: René Jackson Nkowa
Image: René Jackson Nkowa

Twitter, comme tous les autres écosystèmes, a sa part de cons. Mais aussi sa part de génies. Comme cette personne que je suis et qui a écrit il y a quelques jours : « les Occidentaux se plaignent du communautarisme des Africains chez eux. Que disent-ils de leur comportement lorsqu’ils sont en Afrique ? » A Douala, on sait qu’il y a des toubabs parce qu’il ne peut en être autrement. Puisqu’il est des quartiers où on n’en voit quasiment jamais. Et pourtant ! Il y a des Blancs à Douala. Beaucoup même. Je m’en suis rendu compte il y a quelques semaines quand j’ai fait une brève incursion dans le quartier Bonapriso.

Bonapriso… J’y suis entré et j’ai eu l’impression d’être sorti de la ville de Douala. Un quartier austère. Silencieux. Trop silencieux. Paradoxe troublant, il y a des routes bitumées, sur lesquelles personne ne roule. Ailleurs, c’est souvent l’inverse. Des maisons sont cachées derrière des murs de béton surmontés de fil barbelé, du même acabit que celui qui encercle l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad. Et devant ces murs sont postés des vigiles qui arborent tout le temps un regard mauvais.

Les Blancs, parlons-en. Je suis arrivé à Bonapriso en fin d’après-midi. J’étais accompagné par une apprentie conductrice. Un statut qui l’obligeait à  rouler au pas. Du coup j’ai eu largement le temps d’observer tous ces toubabs qui faisaient leur footing. Force était de constater qu’il y en avait partout. Bien plus que je ne l’aurais imaginé.

Je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir une certaine tristesse pour eux. Ils diront qu’ils ont vécu à Douala, alors qu’ils habitent dans cette espèce de camp retranché, de ghetto, que leur jeunesse fait l’école à Dominique Savio à Bonandjo, quartier dans lequel eux-mêmes ont leur bureau pour la plupart. Et se permettre tout juste d’aller à Akwa pour faire les supermarchés. Déprimant. Tu vis dans la ville la plus joyeuse du monde (si, si) et tu te comportes comme si tu étais dans un pays de terroristes ? Viens, je t’emmène à Douala. La vraie ville de Douala.

On va prendre un taxi, tiens ! Laisse ta voiture dans ton garage. Oui, ils sont jaunes, nos taxis, comme à New York. Et non, il n’y a pas qu’une seule place de libre. Monte, pousse-toi, colle-toi au chauffeur, tu dois me faire de la place à côté de toi. On appelle ça « bâcher ».

On va d’abord faire une escale au marché. J’ai dit « marché », pas supermarché. Donc chauffeur, emmène-nous au marché Sandaga. Il faut que tu saches où tes domestiques achètent tous ces beaux légumes que tu aimes tant. J’espère que tu n’as pas pris ton iPhone avec toi. Quoi ? Tu l’as ? Vous les Blancs avec vos iPhones ! Quand j’étais chez vous, tout le monde en avait un ! Et ici c’est pareil ? Donne-le, je vais le planquer. Il ne faut pas que grâce à toi, l’iPhone soit autre chose qu’un concept, qu’une vue de l’esprit pour les pickpockets qui pullulent au Rond-point Quatrième.

On est arrivé ! Tu vois les belles salades et les tomates juteuses. Bah, il va falloir être un bon funambule pour les atteindre. Oh, désolé ! Tu as marché dans la boue et te voilà totalement maculé. Mais voilà la tomate. Sens-la ! C’est du cent pour cent bio ! Elle vient de Foumbot. Rien que de la terre retournée, de l’eau de pluie et des fèces de cochon ! Non, ne mords pas dedans! Même moi je ne le ferais pas, malgré qu’on dise que la saleté ne tue pas l’Homme noir.

Tu vois, faire le marché ici est tout un art ! Tu dois composer avec la chaleur, l’humidité, les bruits, la saleté, les odeurs, les pickpockets et les pousseurs qui font « tchence ». Imagine : tu marches sur une voie ferrée et tu entends un train klaxonner. Quelle est ta réaction ? Alors, quand tu es au marché, tu dois réagir de la même manière quand tu entends « tchence » ! Allez, on s’en va.

Non, les motos, je ne t’en parlerai pas. Tu peux voir toi-même que ces gens ont fait de nos routes une vraie jungle. Alors, je ne dirai rien. Ou alors une chose : ces motos toutes ridicules peuvent déménager tout le mobilier d’une maison. Elles ont poussé de nombreux propriétaires de camions déménageurs à changer de métier.

Moto-taxi, laisse-nous à Ange-Raphaël ! Mon pote, on va à l’Université. Tu vois cet amphi ? En réalité, c’est un ancien gymnase réaffecté. Toi tu vois des gens assis les uns sur les autres, toi tu vois une jeunesse perdue, qui insulte ses camarades. Qui balance des quolibets à son enseignant quand il veut s’en mêler. Moi je vois l’endroit où j’ai passé les plus belles années de ma vie. Il fallait être ici à six heures du matin pour être sûr d’avoir une place pour un cours qui débutait à huit ou neuf heures, quand le chargé de cours se donnait la peine de se déplacer. C’était dur, mais si délicieux ! Je ne t’ai pas dit la meilleure. Quand je faisais la classe de sixième au lycée, nous étions cent-trois élèves dans notre classe. Ça te forme des battants. Je sais que trois de nos sixièmes font un lycée chez vous. Dans mon lycée, il y en avait six comme ça, des sixièmes.

La prochaine étape, c’est chez moi. Bassa, tu connais ? Bah non, évidemment. Et Ndog-Bong ? Non ? Bonamoussadi alors ? Denver ? Non, tu me fais marcher ! Là où j’habite est aux antipodes de tout ça. PK10, nous y voilà ! Ne fais pas de grands yeux. Je sais, ça fait longtemps qu’on a quitté la route bitumée. Et oui je suis bel et bien cerné de bars et je ne te raconte même pas l’ambiance une fois la nuit tombée. J’ai personnellement tout fait pour qu’ils baissent la musique, ils m’ont ri au nez. L’un des barmen m’a dit d’aller me plaindre chez Paul Biya si je n’étais pas content. Paul Biya tu connais ? C’est bien, on évolue. Tu connais la crevette en chef !

Celle-ci c’est ma braiseuse de poisson favorite. Il n’y a pas d’eau courante chez elle. Son domicile a plus l’air d’un dépotoir que d’une maison. Tous ici, nous le savons, mais on s’en fout. La chaleur tue les microbes. Et nous sommes prêts à risquer nos vies. Sa carpe est tellement bonne que ce serait un crime de ne pas la savourer. Et quand tu auras fini de manger, suce-toi les doigts pour les nettoyer. L’eau qu’elle va te présenter pour que tu te rinces les mains est au moins aussi polluée que le Gange. Mais moi je vais m’y rincer les doigts. La saleté ne tue pas l’Homme noir, je t’ai dit ! En ce qui concerne le Blanc que tu es… Dans le doute, il vaut mieux s’abstenir.

Tu sais, c’est quand même triste votre vie. Tu habites à Bonapriso, à dix minutes de l’aéroport. Il est vrai que c’est pratique parce que le jour où ça chauffe, vous avez un avion pas loin pour vous emporter. Vous n’êtes pas le seul quartier à dix minutes de l’aéroport international de Douala ? Qu’est ce que tu me racontes ? Tu veux te comparer à celui qui habite à New Bell ? Je n’ai pas dit que les dix minutes étaient à vol d’oiseau, mais bel et bien dix minutes de route ! Nuance. Grosse nuance.

New Bell, parlons-en. C’est un endroit spécial dans notre belle cité. A New Bell, avant de fermer la porte de ta maison, assure-toi que tous tes voisins sont rentrés chez eux. Dans le cas contraire, tu risques de faire dormir quelqu’un à la belle étoile. Il n’est pas de ta maisonnée, mais ton salon est le seul chemin qui mène chez lui.

Là, nous sommes à Bépanda. Tu as peur ? On est deux, t’inquiète. Ce qui m’effraie c’est le nombre de personnes nues qu’on peut y rencontrer. La nudité ici est une identité de vie. Tu vois cet enfant qui court tout nu dans la rue, les fesses à l’air et la quéquette balançant de gauche à droite au rythme de sa course ? Regarde! Mais pas trop, quand même, tu risques d’attiser la curiosité des gens. Déjà que tu es blanc et qu’on te voit arriver à des kilomètres n’en rajoute pas. Mais regarde discrètement cet homme, le torse nu, la serviette nouée à la hanche, le ventre bedonnant. Il brosse ses chicots en pleine rue, postillonnant même sur les passants qu’il salue.

Tu sembles dégoûté depuis que je t’ai sorti de chez toi, ce petit cocon de confort. Très cher, il fallait que tu connaisses la ville qui accepte de t’héberger. Rio est identifiable par la statue du Christ rédempteur et par les favelas. New York par Manhattan et Harlem. Je me devais de te montrer que le reste de ma ville n’a rien à voir avec cet îlot dans lequel tu te complais. Viens voir Douala avec moi. La vraie. Tout le monde y est invité, même toi. N’aie donc pas peur de venir à nous. On va te transmettre notre farouche joie de vivre.

Allez, rentre chez toi ! Je te montre le reste une autre fois.

Zut ! J’ai failli oublier de te rendre ton iPhone…

Par René Jackson


Camerounais, quel âge as-tu (réellement) ?

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Kumba. Petite ville d’environ cent cinquante mille âmes située à dans la région du sud-ouest du Cameroun, à un peu plus de trois heures de route de Douala. Une petite ville devenue emblématique quand on traite des questions relatives à l’état civil des Camerounais. Pendant les années 1990 et le début des années 2000, cette ville était célèbre pour la célérité avec laquelle elle délivrait divers documents (actes de naissance, permis de conduire, carte nationale d’identité, etc). Une célérité qui s’appliquait autant sur les documents sincères que sur ceux falsifiés. Ce qui a attisé la convoitise des faussaires de tout poil qui se sont précipités sur l’aubaine, truquant à qui mieux mieux pour qui le souhaitait tous types de documents, à condition d’y mettre le prix.

De ce fait, le terme « Kumba » est entré dans le langage familier des Camerounais. Terme utilisé pour mettre en doute l’authenticité des déclarations d’aucuns. Surtout en ce qui concerne l’âge. Même si les trafiquants de fausses pièces sévissent un peu partout dans le pays.

– Quel âge as-tu ?

– Vingt ans.

– Hum ! Vingt ans normaux ou vingt ans Kumba ? (ou en d’autres termes : as-tu vraiment vingt ans ou alors tu t’es fait enlever quelques années à ton âge réel pour en arriver là ? Parce que sérieusement, on te donnerait trente ans).

Il y a quelques jours, le Portugais José Mourinho, l’entraîneur un peu fantasque et surtout très malin qui officie actuellement dans le club de football londonien Chelsea FC, a rhabillé pour le restant de l’hiver l’un de ses joueurs. Un joueur qui n’est pas n’importe qui, puisqu’il ne s’agissait de rien de moins que Samuel Eto’o Fils, le capitaine actuel de l’équipe nationale du Cameroun. Ne se contentant pas de douter de ses qualités de buteur, il a publiquement remis en question l’âge de l’attaquant camerounais : « Samuel Eto’o ? Il a 32 ans… Peut-être, peut-être 35. Je ne sais pas ».

Il a déclenché cette polémique quelques semaines seulement après une autre, concernant aussi un Camerounais : l’affaire Joseph-Marie Minala. Autant le doute est permis sur le cas d’Eto’o, autant celui de Minala souffre de peu d’ambigüité. Le monsieur revendiquait dix-sept ans sur le papier. L’adage qui dit que plus c’est gros, plus ça passe n’a pas marché pour lui et il n’a suffi que d’un seul match de première division en Italie pour que le pot aux roses soit découvert. Car il est difficile de trouver des jeunes gens de dix-sept ans bâtis comme des boxeurs professionnels. Ce Minala a surtout été trahi par son faciès trop marqué. Il aurait depuis avoué être âgé de quarante-deux ans en réalité. Il aurait quand même réussi l’exploit de faire disparaître jusqu’à vingt-cinq années de sa vie !

Autre Camerounais, autre polémique. Il s’agit de celle soulevée en 2009 autour du joueur connu publiquement sous le nom d’Apoula Edel. Une affaire obscure. La seule certitude le concernant : il était né au Cameroun. Quand ? Les dates divergeaient selon les sources. Même son nom était contesté, car pour celui qui avait lancé l’affaire, il s’appellerait en fait Ambroise Béyaména. La trajectoire l’ayant mené d’un obscur club de Kumba (comme par hasard !) au Paris Saint-Germain était elle-même sujette à caution. Tout était bizarre dans son histoire, puisque quand l’histoire a surgi, il était arménien. Et comptait redevenir camerounais afin de participer à la Coupe du Monde de football 2010 !

Des affaires semblables, il y en existe  à ne plus savoir qu’en faire. Que dire de ces jeunes alignés pour une compétition internationale et qui curieusement étaient presque tous nés dans le même mois de la même année ? Ou de ces cas récurrents de joueurs exclus des équipes nationales pour falsification de leur acte de naissance?

Pour illustrer cela, il existe ici une boutade très célèbre. Une fois, un joueur participant au tournoi de jeunes de Montaigu en France aurait marqué un but d’une frappe violente des quarante mètres. A la fin du match, on l’aurait interrogé sur ses impressions. Le joueur (censé avoir moins de seize ans) en aurait alors profité pour passer le bonjour à sa femme et à ses enfants qu’il aurait laissés au pays.

Véridique ou pas, cette histoire explicite une chose : pour le Camerounais ordinaire, tous les joueurs de football camerounais, sans exception, ont fait un tour à Kumba.  Pour beaucoup, l’âge réel de Samuel Eto’o varie entre trente-neuf et quarante-cinq ans. Sans blague.

Pour moi en tout cas, ce n’est pas une fable. L’un de mes meilleurs amis, un jeune homme avec qui j’ai grandi, fait mes petites classes, avec qui j’ai sensiblement le même âge (désolé mon pote, je sais que tu t’es reconnu) a des pièces qui aujourd’hui lui donnent sept ans de moins.

A cette allure, on devrait mettre en place un système de datation au carbone 14 pour déterminer le vrai âge des footballeurs camerounais. Parce qu’un paléontologue lui-même s’y perdrait.

Quid des autres compatriotes ?

Ce n’est  pas un phénomène qui se limite aux seuls joueurs de football. Selon certaines observations, on serait même tenté de dire que la falsification des âges est un vrai sport national. On s’y adonne pour plusieurs raisons.

Certains parents estiment qu’il faut « donner plus de chance de réussite » à leur rejeton. Résultat, l’acte de naissance n’est établi que deux ou trois ans après la naissance de l’enfant. Les parents manœuvrent soit en fabriquant une fausse déclaration de naissance (que normalement doit fournir le médecin ayant procédé à l’accouchement), soit en fabriquant une totalement conforme, exception faite de la date de naissance, contre quelques billets de banque.

Ceux des parents n’ayant pas anticipé sur les aléas de la vie se retrouvent (bien souvent malgré eux) obligés de retrancher quelques années de vie à leur enfant clairement en situation d’échec scolaire. Le bambin étant rattrapé par la limite d’âge fixée par certains de nos établissements scolaires. Il y a par contre des parents qui se font une joie de procéder à cette amputation, notamment ceux qui ont des ambitions footballistiques pour leur progéniture.

Pour les plus âgés, les raisons sont tout aussi diverses, l’une des principales étant la barrière de la limite d’âge fixée pour la quasi-totalité des concours administratifs, pour les concours de la police, de la gendarmerie, pour le recrutement dans l’armée et j’en passe.

Les séniors ne sont pas en reste. Tous n’étant pas dans le sérail (et donc, ne disposant  de pratiquement aucun appui pour s’accrocher à leur poste à l’instar de ceux qui s’accrochent au pouvoir), ils contournent le problème en se fabriquant un autre acte de naissance. Il ne fait pas bon être un retraité au Cameroun. Entre la jeunesse qui n’est plus qu’un lointain souvenir, la perte de considération sociale dont on risque de souffrir et l’Etat qui distribue les pensions de retraite selon son bon vouloir, il faut repousser l’échéance. C’est ainsi qu’on verra un fonctionnaire souffler sur le même nombre de bougies  plusieurs années de suite. Un vrai sport national, on l’a dit.

La question qui me vient souvent à l’esprit, surtout concernant les fonctionnaires, est celle ce savoir comment ils réussissent à faire gober leur subterfuge à tout leur petit monde, connaissant le volume de paperasse qu’ils ont dû remplir tout au long de leur carrière, sans compter les divers contrôles et évaluations qu’ils sont censés avoir subi au fil des ans. Et les diplômes qu’ils sont supposés avoir obtenus.

Dans tous cas, il y en a un qui ne s’embarrasse pas de telles fioritures. Il est un véritable exemple. Il ne fait pas plus vieux que son âge. Au contraire, on lui enlèverait bien vingt ans qu’on ne s’en rendrait même pas compte. Car combien de Camerounais, à 81 ans bien sentis, paraissent si jeunes, si frais ? Combien peuvent encore se tenir sur leurs deux jambes, passer en revue les troupes, assister à un défilé long de trois heures sans piquer du nez ? Pas beaucoup à mon avis.

Si, si, je parle bien là du premier des Camerounais. Du roi Lion himself ! Kumba ? Il ne connaît pas. Même pour une visite officielle, il n’y a pas mis les pieds.

Par René Jackson.


Mondoblog en 2013: les pépites

Les premières minutes de la formation #MondoblogDakar, AUF Dakar
Les premières minutes de la formation #MondoblogDakar, AUF Dakar

L’une de mes citations préférées me vient du film Forrest Gump. Elle dit « la vie est comme une boîte de chocolats. On ne sait jamais ce qu’on va trouver dedans». Cette phrase qui semble paradoxale (car, que pourrait-on trouver d’autre dans une boîte de chocolats si ce n’est du chocolat) colle pourtant à ce qu’a vécu Mondoblog ces douze derniers mois: une année 2013 qui débutait bien mal, car la plateforme ressentait encore les contre-coups d’un travail de maintenance plus difficile que prévu (Mohamed Sneiba en parle si bien). Des moments sombres qui annonçait pourtant des lendemains meilleurs : la formation à Dakar qui a été un succès, un deuxième lauréat consécutif du prix de meilleur blogueur francophone de la Deutsche Welle, Mondoblog représenté au cinquième forum des Nations Unies sur l’Alliance des Civilisations, aux septièmes Jeux de la Francophonie, etc. L’année 2013 a aussi été celle d’un autre grand moment : celui de l’accueil de près de deux cents nouveaux blogueurs.

C’est avec un plaisir immense que je me suis plié une fois de plus à cette tradition des « pépites », qui me fait voyager parmi les blogs et d’en ressortir ce qui a – de mon point de vue – été le meilleur. Mais j’avoue tout de même que l’exercice est de plus en plus difficile à cause du nombre croissant, mais aussi de la qualité des publications. Ce qui fait que malheureusement, tout le monde ne peut pas monter dans le bus. Qu’à cela ne tienne, j’ai procédé comme les propriétaires de nos taxi-brousse : trouver des places aux endroits incongrus pour en faire entrer le plus possible.

S’il y a un mondoblogueur qui mérite une médaille c’est sans aucun doute Serge Katembera, le congolais vivant au Brésil. Il est impressionnant par le rythme de ses publications sur son blog, et aussi il n’a pas son pareil pour déposer des commentaires à la suite des billets des autres. Non content de cela, il participe à toutes les discussions que nous pouvons avoir. D’ailleurs, il est à la recherche d’un emploi et il n’a pas hésité à faire le détail de ses compétences.

Qu’y a-t-il chez les mondoblogueurs du cru 2013 ? Du lourd. Du très lourd même.

Commençons par ceux qui n’ont pas résisté à l’envie d’exprimer au monde la joie qu’ils avaientde rejoindre la plus grande communauté de blogueurs francophones ! Habesha, la Niak de Dakar a littéralement sauté de joie, quand Eli s’est senti comme un « footballeur en plein mercato fraîchement recruté ».

Edmond Nanoukon du Bénin, pose une question pertinente : en Afrique, que nous facture-t-on ? L’énergie électrique ou l’obscurité ? Kelly Adehiha du Togo lui a tout simplement décidé de ne pas acheter des lunettes d’observation d’éclipse solaire – pour rappel, une éclipse solaire a traversé le continent africain au début du mois de novembre 2013. Il entreprend alors de raconter la cacophonie qui avait émaillé une autre éclipse solaire, celle de 2006. Occasion pendant laquelle beaucoup s’étaient comporté comme s’il s’agissait de la fin du monde. Bled Mickey évoque les dangers qu’il y a à bloguer en Algérie, en se référant au cas d’un autre blogueur, Malik Liberter, incarcéré. La liberté de ceux qui font l’information a été vraiment mise à mal l’an dernier, avec comme point d’orgue l’assassinat des journalistes Claude Verlon et de Ghislaine Dupont. Un blogueur abidjanais s’est ahuri du fait que certains en Côte d’Ivoire s’en réjouissaient.

Djegbenou nous plonge dans l’univers de la politique au Bénin en décryptant le mouvement du mercredi rouge, quand le sénégalais Ba Samba Samake s’essaye dans une postface débridée du livre Ker Saint-Joseph, Rue 61×52 Gueule Tapée. Dania de Yaoundé s’engage dans une critique de la décision du Magazine Times de désigner le Pape François comme étant l’homme de l’année 2013. Aux USA, Apelike relate l’aventure ubuesque d’un jeune new-yorkais Noir arrêté pour avoir acheté une ceinture de luxe.

L’évènement majeur de l’année qui vient de s’écouler fut sans aucun doute la disparition de l’icône de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela. Les mondoblogueurs ont produit quantité de billets d’hommage, parmi lesquels celui de AbuKM de Côte d’Ivoire qui a fait une liste des cinq meilleurs sites pour rendre un hommage à l’illustre disparu. Ou cet autre de Gregory Jacquet, le couteau suisse du Costa Rica qui dit sans ambages : vous m’avez inspiré, Monsieur Mandela.

La plateforme a su se diversifier avec le temps : elle n’est plus seulement le repère de journalistes ou de chroniqueurs sociaux et politiques, mais aussi des férus de technique. C’est le cas d’Aaron Amono, un jeune congolais ingénieur au Brésil, qui nous fait entrer dans le monde du génie civil. En outre, on voit émerger des blogs dont la principale préoccupation est la sauvegarde de l’environnement comme Reverdissons l’Afrique de Faso Kibare, Plume d’agriculteur de Nankpan Sourou et Vert Togo de Richard Komlan Folly.

En plus de ceux-ci, parmi les nouveaux blogs, il y en a qui laissent les images parler. Comme celui de Marthe Le More, consacré à la photo. Dans son billet Les dieux du stead, elle nous parle son expérience de la steadycam. A côté de Marthe, on a des artistes d’un autre genre : les caricaturistes. Notamment Maloji  et Marine Fargetton.

Dans un billet, un blogueur guinéen raconte l’épidémie de vols dans les mosquées et explique que personne n’est à l’abri. Pour illustrer cela, il a ressorti l’histoire du vol du téléphone portable du président de la république alors qu’il priait dans une mosquée. Edwige Molou, une ivoirienne qui poursuit ses études au Sénégal fustige le goût prononcé des jeunes pour une vie effrénée et se demande si elle est une ado normale en vivant en marge de toute cette agitation. Mamadou Yaya Balde de Dakar nous fait entrer dans les secrets de fabrication du café touba, une boisson au cœur des habitudes alimentaires des sénégalais.

Les anciens de Mondoblog, eux, ont continué à faire le boulot. Il y a eu un long moment de frénésie. Autour du Liebster Blog Awards. Importé chez nous par le truculent David Kpelly, beaucoup de mondoblogueurs se sont prêté au jeu, ce qui a permis d’en savoir un peu plus les uns sur les autres, après la rencontre de Dakar. Rencontre qui avait d’ailleurs failli se terminer de bien mauvaise façon pour Wilney Taris, dont les tristes péripéties à l’aéroport de Dakar ont été relatées par Mylène Colmar.

Axelle Kaulanjan-Diamant, elle, est repartie de Dakar toute heureuse. Tellement marquée par l’expérience #MondoblogDakar qu’elle a rédigé un plaidoyer pour que la prochaine session de formation Mondoblog se déroule en Guadeloupe.

Nous avons eu du rire avec Aphtal Cissé de Cacaveli qui a eu la mauvaise idée d’essayer d’impressionner une jeune femme avec une auto qui ne lui appartenait pas. Nous avons eu de la romance avec Manon Heugel qui nous a fait comprendre que la queue que nous faisons souvent peut être un vrai moment de vie et le lieu de la rencontre de l’amour, même s’il est malheureusement impossible. Nous avons eu de l’étonnement avec  Boukary Konaté qui a donné la parole à Yu Hong Wei, candidate aux législatives au Mali. Nous avons eu du dépaysement  avec Stéphane Huet qui nous a entrainés avec lui dans sa découverte du Népal.

Nous avons aussi eu de l’injustice, que dis-je, de la discrimination et du racisme. Berliniquais, a ressorti des placards le chemin de croix qu’avait été pour lui la recherche d’un appartement à Paris. Limoune raconte l’histoire de ce jeune camerounais victime de racisme en Tunisie. Un racisme qui tient en une phrase : « Si tu ne comprends pas l’arabe, rentre dans ton pays ».

Parlant du Cameroun, deux blogueuses en ont dépeint un tableau sulfureux. Pour Tjat, c’est un pays dans lequel le m’as-tu-vu s’exprime jusque dans les cérémonies mortuaires. Quand pour Danielle Ibohn, il y a cours une véritable révolution de la bière.

Les mondoblogueurs savent aussi se mettre ensemble dans divers projets. Dont les billets collectifs. Il y en a eu une bonne poignée lors de l’année écoulée, mais je n’en retiendrai que deux : celui mené par Nathy K au sujet de la Journée Internationale des droits de la femme et celui piloté par Billy James Raymond. Billet dans lequel plusieurs paires de mains caribéennes ont raconté comment se déroule la fête de Nöel dans les différents pays de cette partie du monde.

Tiptop blogs :

Une fois n’est pas coutume. Mais j’ai estimé que pour cette année, je me devais de donner une mention particulière à certaines œuvres. Parce qu’elles le méritent. Oui, on peut avoir déjà fait plus de trois ans ici, comme c’est le cas pour moi, et prendre encore de véritables leçons de la part d’un « novice ». Ici, il ne s’agit pas d’un seul, mais de quatre :

Marcelle : c’est le blog d’Isabelle Kichenin, journaliste, qui parle de l’actualité culturelle de l’ile de la Réunion, dans tous ses états.

L’isle au rostres: d’Arthur Floret qui écrit depuis l’ile Christmas, qu’il décrit lui-même comme étant l’un « des points les plus éloignés de l’océan Indien ». Dans des textes courts et efficaces, il raconte la vie quotidienne dans cet endroit exotique.

Humeurs Nègres : le seul fait qu’une dame ose dire au monde son âge lui octroierait d’office une place dans n’importe quel tiptop. Sauf que ce n’est pas tout. C’est un vrai talent quand il s’agit de mettre des mots près des autres. Ce talent, il est ivoirien. Et il s’appelle Babeth.

Toilettes intimes : mon grand coup de cœur. Partir de la réalité souvent morne, l’arranger et l’embellir par les mots, pour qu’elle nous paraisse moins morte. C’est le récit d’une âme torturée. Torturée par un amour virtuel. Je n’ai pas pu en identifier l’auteur, ni sa nationalité. Mystères qui rajoutent du piquant à l’intrigue.

Je ne saurais terminer ce billet sans faire un clin d’œil à Cyriaque Gbogou – le grand frère – qui nous accompagne depuis un an et un autre à Jean-Robert Chauvin, l’auteur de ABCDetc, qui  est vraisemblablement le doyen sur Mondoblog. C’est notre caution, car comme on dit en Afrique, ce sont les anciens qui détiennent la sagesse !

Sayonara !

Par René Jackson

Nota 1: ces Pépites m’ont valu de parcourir 239 blogs et de lire 362 billets. Vous comprendrez que je ne pouvais malheureusement pas mentionner tout le monde ou tous les articles. Cela n’enlève pourtant rien à la qualité du travail des « oubliés ». Dans les commentaires, vous pouvez toujours mentionner ceux qui, à votre avis, méritent leur place dans ce billet !

Nota 2: Beaucoup de blogueurs n’ont pas renseigné la section « à propos » de leur blog par leur nom ou par un pseudonyme. Difficulté supplémentaire. Et pardon à tous ceux dont j’ai écorché le nom. J’ai fait au mieux.


Non, ne me tue pas. Tue ta femme!

A Douala, ce n'est pas aussi simple
A Douala, ce n’est pas aussi simple

Il est de ces moments où tu te dis que le monde évolue un peu trop vite. Comme ce jour où je m’étais retrouvé à partager la même chambre que deux garçonnets. Le matin, j’avais été sorti du sommeil par leur conversation. Laquelle ma foi était bien curieuse. Ils n’avaient même pas encore sept ans et ils parlaient d’une fillette qui devait avoir le même âge qu’eux. « Elle croit que je ne vois pas ce qu’elle fait ? Elle veut devenir ma petite copine. Elle n’est même pas si jolie. Même quand on sera grand, je ne pourrai pas accepter de faire l’amour avec elle ». Mes oreilles saignaient ! Dans cette situation, la réaction première serait celle de les rabrouer vertement, en leur demandant d’aller d’abord apprendre à compter jusqu’à trente avant de parler de choses pareilles ! Moi, j’ai préféré continuer à faire le dormeur. Et mes oreilles n’ont pas cessé de saigner.

Faire l’amour… Ce sont bien des termes de cette génération. Pas de la nôtre. Et les modèles des petits d’aujourd’hui ne sont pas ceux que nous avions. La providence a voulu que notre croissance soit concomitante avec la période de grâce de Petit-Pays. Vous connaissez Petit-Pays ? Quoi ? Vous ne connaissez pas l’Avocat défenseur des femmes ? Le Neveu de Jésus-Christ ? Le Turbo d’Afrique? A titre de comparaison, les USA ont Michael Jackson, la France a Claude Francois, la Suède,  Abba, le Congo, Koffi Olomidé.  Et le Cameroun a Petit-Pays. C’est-à-dire le musicien le plus génial de notre époque. Petit-Pays est le mec qui a inventé le makossa-love, c’est celui qui a fait la pochette d’album la plus célèbre de l’histoire de la musique camerounaise, puisque sur la photo, il était tout nu. Le seul effort qu’il avait consenti à faire était de couvrir ses  parties intimes de ses mains.

Petit-Pays c’est aussi et surtout celui qui a fait l’éducation sexuelle de deux générations de Camerounais, pendant que la tendance était au tabou. Et rien que pour cela, il a sa place au Panthéon camerounais. Si d’aventure il y en a un.

Dans toute son intelligence, le jeune homme avait compris qu’il serait difficile pour l’homo-crevetus de dire tout de go : faire l’amour, faire la cour, baiser, rouler une pelle. Il s’est donc échiné pendant vingt longues années à enrichir un champ lexical qui permettait de parler de la « chose » sans donner l’impression de le faire. Depuis, ô tristesse, Petit-Pays a abandonné ses ouailles libidineuses, puisqu’il s’est plongé dans la religion. Chapeau quand même, l’artiste !

« Alain Njockè, toi tu veux toujours me tuer. Partout où tu es, tu veux toujours me tuer. Non, ne me tue pas, tue ta femme ». Dit comme ça, on se demanderait : « Wow ! Pourquoi celui-là parle de meurtres ? Il est fou ou quoi ? Et comment peut-il demander à quelqu’un de tuer sa propre femme ? » On peut se le dire, mais il faut écouter la suite : « On ne tue pas les hommes, on ne tue que les femmes dans ces choses-là ».

Aujourd’hui encore, même dans la ville de Douala qui est supposée être arrosée par l’érotisme qui provient des médias, il est difficile de parler ouvertement des affaires du sexe. En utilisant les mots qui désignent nommément chaque chose. La pudeur existe. D’un autre côté, on ne peut se passer d’en parler. Alors, on escamote le français. Qui heureusement est une langue dont la richesse permet la variabilité de sa géométrie. On a réussi à donner une autre couleur à des mots tout à fait innocents. Parlez de manger le plantain près d’une jeune Doualaenne et elle vous jettera des regards furibonds.

Avant de procéder à l’abattage du gibier, il faut d’abord l’encercler. En d’autres termes, avant d’emmener la belle dans son lit, il faut d’abord la courtiser.

Et pour courtiser, on drague bien entendu. Mais ce n’est pas très exactement comme ça qu’on dira. D’abord, il faut désigner la fille. Au lieu de dire « fille », on dira plutôt nga, ngo, wé. Quand on la cible (c’est-à-dire quand elle suscite l’intérêt) elle deviendra un dossier, ou un goût. Quand nous disons : je suis « en train de traiter un dossier », ça peut bien sûr être un dossier de livraison de semi-conducteurs ou ça peut tout simplement signifier qu’on est en train de courtiser une femme. A Douala, quand on drague, on est aussi au pointage. On attaque. On lance les grains.

Quand elle a accepté les avances, on dit qu’elle a picoré les graines ou qu’elle est tombée. Et quand le gars est un tantinet frimeur, il déclare qu’elle est tombée sans glisser. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’elle n’a pu opposer aucune résistance face à son charme renversant.  La demoiselle accepte alors d’entrer en relation avec lui. Elle devient ainsi sa nga, son wé, sa femme, sa petite, sa titulaire (la préférée pour ceux qui ont plusieurs petites amies), mais en aucun cas sa petite amie. « Petite amie » est une expression qu’on ne connaît pas chez nous.

Dans le cas où la belle a opposé un non sans ambages, elle nous a soit zappé, soit tété (donné un coup de tête), soit barré, soit encore ndem. Il ne reste plus alors qu’à aller lancer les grains ailleurs…

Petit à petit, pendant des mois, des semaines, ou encore en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, la petite a accepté de se donner toute entière, corps compris. On ne peut s’empêcher d’aller le raconter aux amis. Donc, on a bien entendu tué (encore merci, Petit-Pays), on a piqué, on a tanné, on est grimpé, on a fom, on a coupé, on a lavé le ndolè, on a abattu le gibier, on a conclu le dossier, on a achevé l’animal, on a cassé le kwetou… Une expression qui m’avait bien fait rire, c’était brûler le maïs. Je l’avais trouvée totalement hors de propos. Et puisque de temps à autre, il faut se mettre au diapason du monde, la dernière en date, c’est zlataner. « Ouais, j’ai zlatané la nga là !»

Mais auparavant, on l’a mop. C’est-à-dire qu’on lui a roulé une pelle.

Bien entendu, les indélicats qui racontent leurs parties carrées doivent faire saisir à leur auditoire l’importance de leur exploit. La performance dans les sports litiques se mesure à force de coups, ou de buts. Plus on en met, plus on est endurant. Le coup (ou le but) désigne ce qu’on pourrait appeler dans un langage un peu plus accessible l’épanchement de liquide séminal. Et quand cet épanchement survient, on dit qu’on a jouah. Non, non il ne faut surtout pas dire « joui » !

Si par chance (ou par malheur, c’est selon) il s’agit de la première fois, on dira que le garçon est devenu un homme. Et que la fille a été décapsulée. Comme une vulgaire bouteille de bière.

Et quand qu’on fait crac-boum-hue, il faut varier les plaisirs. Les spécialistes de l’amour le préconisent même. Il faut rompre la monotonie. Même sous la couette. Autant toutes ces petites menteuses jureront la main sur le cœur que jamais elles ne fumeront le calumet de la paix parce que ce serait trop dégoûtant, autant les machos de façade se garderont bien de dire qu’en contrepartie, ils ont fait le bisou sur la tomate ou qu’ils ont utilisé un cure-dents. Ne me demandez pas pour enlever quoi entre les dents. Celui ou celle qui n’a pas compris, tant pis pou lui/elle.

Mais alors, que deviennent ceux qui sont loin de toutes ces turpitudes. On fera des commentaires pleins de compassion et de condescendance à leur égard. Les pauvres, la jachère va les tuer, personne pour débroussailler le champ. Pour les dames, on y va un peu plus fort, parce qu’il faut d’urgence enlever les toiles d’araignées qui depuis auraient investi le lieu.

Je m’arrête là.  Sinon je risque de m’attirer les foudres des gars qui vont me prendre pour un traître, parce que je dévoile leurs codes d’attaque. Je ne veux être l’Edward Snowden de personne, si ce n’est déjà le cas !

Mais je vais quand même rendre public un dernier secret. Si vous vous étonnez du fait qu’un homme se mette à courtiser plusieurs filles en même temps, ou alors qu’il pointe une cible qui semble inatteignable, il justifiera alors ses actes en disant qu’on ne sait pas quel est l’oiseau que le caillou va atteindre.

J’en ai terminé. Les gars, ne me tuez pas, je vous en prie. Vos copines sont déjà là pour ça.

Par René Jackson


Ziad Maalouf, tout simplement !

Ziad Maalouf à Papeete, janvier 2011 - Photo: Simon Decreuze
Ziad Maalouf à Papeete, janvier 2011 – Photo: Simon Decreuze

La première fois que j’ai entendu Ziad Maalouf à la radio en sachant que nos chemins allaient se croiser, ce fut ce jour de janvier 2011. Ce n’était pas dans son émission l’Atelier des Médias, mais dans un reportage qu’il faisait depuis Papeete à Tahiti. Je me souviens, ma  première réaction fut celle d’aller regarder ma mappemonde. Et je découvrais alors presqu’ébahi qu’il se trouvait alors en plein milieu de l’océan Pacifique, à des dizaines de milliers de kilomètres de Paris ! Ensuite il y a eu ce dimanche 17 avril 2011, où je le rencontrai en vrai, dans le hall d’un hôtel de Yaoundé, au Cameroun.

Au premier abord, je ressentis une certaine surprise. Parce qu’il n’était pas tel que je me l’imaginais. Il se trouve que lui aussi a été surpris, quand il me rencontra la première fois. Avant ça, il y avait eu ma sélection pour Mondoblog et quelques discussions téléphoniques. Nous avons passé une semaine de « formation » à Yaoundé, entre une connexion Internet en dilettante et des soirées agitées – soirées auxquelles il ne participa jamais. Ce billet, j’aurais d’ailleurs dû le rédiger à l’époque. Il était mon binôme lors de l’exercice du portrait. Il en avait fait un de moi et je lui devais la pareille. Mais je manquais de matière. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et il est grand temps que je solde cette dette vieille de deux ans et demi déjà.

Et de la matière, il y en a, parce que la providence a voulu que nos chemins se rencontrent une nouvelle fois à Dakar au Sénégal et qu’ensuite, je marche dans ses pas – ou plutôt essaye de suivre son rythme – pendant une semaine à Paris. Et c’est peu dire que j’ai eu le temps de l’observer à loisir.

De lui, deux choses m’ont marqué lorsque nous étions à Yaoundé. La première était son calme et son apparente distance par rapport à ce que nous faisions, qui était en réalité trompeurs. Ziad ne fut jamais présent quand on faisait nos quatre cents coups, mais nous avons à maintes reprises été surpris par la précision des informations qu’il pouvait avoir sur nos faits et gestes qu’on pensait pourtant avoir bien dissimulés. Deuxièmement, lors de nos repas, il participait très peu aux conversations, mais ses interventions étaient toujours d’un à-propos presque déroutant.

Ensuite, il m’a bien fait rire à Dakar. D’abord son abondante chevelure que nous avions toujours connue avait entre temps disparue après un détour chez un coiffeur en Asie. Et un pan de sa personnalité était incontestablement partie avec cette tignasse frisée. Il semblait bien plus jeune sans. Ensuite il y a ce petit sac qu’il emmenait partout. Un sac très pratique, certes. Mais qui avait ceci de particulier qu’il était non seulement simplissime, mais qu’il avait une façon assez rigolote de le porter, un peu comme les vieilles mégères acariâtres portent leur fourre-tout qui leur sert de sac à main. « J’en ai plusieurs comme ça » a-t-il tenu à me préciser.

... et son coiffeur asiatique.
… avec son coiffeur qui venait juste de lui couper les cheveux

Mais ce n’est que lorsque je l’ai rejoint dans son environnement que j’ai vraiment saisi les  nombreuses facettes de sa personnalité.

Par la force des choses, je suis devenu un fidèle auditeur de son magazine hebdomadaire qui est diffusée tous les week-ends sur Radio France Internationale. Et pour celui qui écoute les programmes de cette radio, on imagine la quantité de travail qu’il faut pour avoir des rendus d’une telle qualité. Mais ceci est juste notre imagination. Ziad pilote une émission qui parle de nouveaux médias liés à Internet. On peut croire que cela va de soi puisque tout le monde semble s’y intéresser et qu’il n’a qu’à claquer des doigts pour que les sujets viennent à lui. Que non ! Cela procède d’un travail impressionnant ! Une fois, il m’est apparu fatigué, mais surtout un peu harassé par le fait qu’il ne savait pas du tout de quoi il parlerait dans sa prochaine émission. Et ceci quelques heures seulement après avoir bouclé celle qui serait diffusée le lendemain ! Et dans une conversation qu’il a eue avec l’un de ses collègues, il disait « il est vrai que c’est une émission qui parle des médias et qu’il y a de la ressource, mais je ne me vois pas encore en train de faire ça dans dix ans ».

Quand il ne prépare pas son émission, il est devant un pupitre. Enfin, façon de parler. Depuis un an, il est enseignant en journalisme à Sciences Po à Paris. Et ce qui tient lieu de pupitre pour lui est un ordinateur connecté à un large écran accroché à un mur. Il m’a invité à l’un de ses cours et à cette occasion, j’ai découvert qu’il avait un autre arc dans son carquois puisqu’il dispensait ses leçons dans un anglais quasi-parfait !

Ne chômant presque jamais, il est toujours en train de faire quelque chose. Avec lui, j’ai vraiment compris ce que signifie être une « bête de travail ». Il faut vraiment l’être pour en plus de tout ce qui précède gérer une communauté qui a dépassé les dix mille membres depuis belle lurette ; pour organiser la formation de blogueurs (Mondoblog et LibyaBlog). Par ailleurs, il m’a à maintes reprises souhaité une bonne nuit pour se retrouver en train de faire des allées et venues dans le couloir parfois pendant plus d’une heure de temps. Avec sous les bras un poste de radio ridiculement minuscule. Quand il n’est pas sur son iPhone ou sur son ordinateur, il est en train de lire.

Parlant de ses lectures, j’ai trouvé dans un lieu incongru des livres. Je lui ai demandé s’ils étaient tous à lui. Il m’a répondu oui. Les avait-il déjà lus ? Tous, l’un après l’autre, m’a-t-il répondu. Il est parti en souriant quand il a vu mon air étonné. Il y avait de quoi être surpris. Dans cette seule pièce, j’en ai compté plus de deux cents ! Et il n’y en avait pas seulement là ! Il a tout de même tenu à revenir sur ses propos, car tous ces livres, il ne les a peut-être pas tous lus. Il se considère même comme étant un lecteur plutôt moyen. En parcourant sa bibliothèque, j’ai d’ailleurs pu me rendre compte de l’ampleur du pedigree dont il a hérité. Il y avait des Maalouf à ne plus savoir qu’en faire !

Travailleur, mais d’une très grande gentillesse aussi. J’en veux pour preuve la quantité de bonbons Haribo dont il m’a nourri. Et le nombre d’attentions qu’il a eu pour tous ceux qu’il rencontrait. Il n’y a qu’à entendre sa voix qui est d’une grande douceur.

Mais cette douceur et cette gentillesse ne signifient pas qu’il manque de fermeté et de rigueur. Il en faut pour mener autant de choses de front.

On peut aisément penser qu’un homme pareil, quoique très jeune, puisse être blasé. Car pour avoir parcouru notre monde de long en large, pour avoir vu autant de pays, autant de cultures différentes et finalement rencontré autant de personnes, rien ne pourrait plus le surprendre, l’émerveiller. En réalité, il est encore possible que quelque chose en ce bas monde puisse faire pétiller ses yeux. Il n’en fallut pas beaucoup pour que je m’en rende compte. Il a suffi qu’on aille à quelques mètres seulement de l’endroit où il travaille. Au sein de la ruche qu’est la rédaction d’une grande chaîne de télévision internationale. « L’idéal serait de travailler dans une atmosphère pareille ! ». Je ne saurais ne pas évoquer l’admiration qui transparaissait de sa voix quand il évoquait Jean-Baptiste Placca, qui est pourtant l’un de ses collègues.

Côtoyer un personnage pareil pousse à s’interroger sur l’importance qu’on peut se donner à soi-même. Ziad est sans aucun doute sûr de sa force, mais il n’en fait pas des tonnes pour autant. Pour le peu que j’ai pu voir, il mène une vie très simple. Il n’y a pas de choses superflues ou inutilement ostentatoires qui encombrent son quotidien. De façon personnelle, le connaître et l’observer m’ont mis du plomb dans la tête et servi une véritable leçon d’humilité. Je pousserai même un peu plus en disant que je me suis presque trouvé un modèle.

Un modèle qui en tout état de cause, ne sera pas évident à suivre. Mais on ne perd jamais rien à essayer.

Par René Jackson


From France With Love

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Théâtre du Rond-Point, Paris – Photo: René Jackson Nkowa

Moi je ris. Je beaucoup même depuis quelques semaines. Ce qui me fait autant rire ce sont les nouveaux surnoms dont j’ai hérité. Le premier m’a été affublé par quelqu’un qui se reconnaîtra très bien. Puisque pour lui, je suis désormais Le Président. Un président au moins aussi vide des poches maintenant qu’auparavant. Chassez le naturel, il revient en avion, m’a-t-il répondu. J’ai sacrifié aux libations de houblons qu’obligent le statut de mbenguétaire, si lourd à porter. Je n’ai plus rien, ils m’ont ruiné. Pour ceux qui n’ont pas bu la bière, j’ai au moins des souvenirs. Finalement, c’est cela le plus précieux. Et des grands moments, j’en ai vécus. Mais pas forcément ceux auxquels je m’attendais.

 

Bisbilles avec la meilleure cuisine du monde

Je peux comprendre ceux qui font certains classements : celui des plus riches, celui des plus pauvres, celui des plus corrompus, etc. Mais quant à ce qui concerne les goûts culinaires, ceux qui font les classements doivent sûrement se tromper quelque part. Tout le monde est presque d’accord sur le fait que la France a la meilleure gastronomie au monde. Soit. Mais personnellement, je n’en garde pas que de bons souvenirs. Dîner de gala : on m’a servi une entrée, un dessert et ce qui s’intercale entre les deux. Je n’y ai rien compris. Mais puisque je m’étais mis en mode omnivore, j’ai consciencieusement avalé tout ce qu’on me présentait.

Heureusement, j’ai vécu quelques rapatriements culinaires. Comme ce soir où je suis tombé sur ce plat de riz à la sauce d’arachides en plein Nice. Ou cet après-midi parisien où je me suis gavé de ndolè avec des bâtons de manioc. La meilleure cuisine du monde est camerounaise. Elle est abondamment épicée, noyée sous des lipides, mais elle est la meilleure. Je l’ai déjà démontré ici. Et après avoir été soumis à l’épreuve des faits, je le réaffirme.

La cuisine libanaise n’est pas mal non plus. Mais ça c’est un autre débat.

 

Gap culturel

Tout se passe ce fameux soir où j’ai été invité au théâtre ! Oui oui, au théâtre ! Un grand n’est pas un petit. J’ai été émerveillé (et c’est peu de le dire) par l’histoire de ce patron tombé amoureux d’une inconnue qu’il côtoyait tous les jours, puisque c’était sa nouvelle employée. « Alors, René, ça te plaît ? » Moi : « Oui, ça me plaît beaucoup ». Sauf que je n’étais pas loin d’être le seul qui trouvait ça bien. Pourquoi ? Parce qu’à un moment donné, un long ricanement manifestement moqueur s’est fait entendre du fond de la salle. Et que dans les commentaires par la suite, les avis étaient loin d’être élogieux.

A la suite il y a eu un dîner. Les présentations ont été faites. « Tu connais Cécile de France ? C’est elle, là. C’est une grande célébrité ici en France » Moi : « Aaah ! » « Et cette dame en face, c’est une vedette du théâtre, elle est depuis très longtemps dans le milieu. Elle est aussi très connue ». A chaque pays, ses stars. La France a Cécile de France, le Cameroun a Coco Argentée.

Ce dîner fut le seul moment de tout mon séjour chez les gaulois pendant lequel je me suis senti différent. Il faut dire que, sur les neuf personnes qui entouraient la table, j’étais le seul Noir. Noir et même pas français ! J’ai longtemps ri intérieurement quand je me suis rendu compte de la situation. Surtout que la serveuse, tout aussi Noire que moi ne cessait de me lancer des regards curieux.

La conversation avait depuis longtemps dérivé sur des sujets très éloignés de mes préoccupations quotidiennes. Mais je ne m’en étais pas formalisé. J’avais d’autres problèmes. J’avais en face de moi un beau morceau de bœuf rôti qui avait besoin de tout mon amour. La cuisine de France n’est pas si mauvaise, en fin de compte.

Conversation censurée

Il fallait trouver une place de parking proche de la boîte de nuit où nous devions aller mettre le feu à quelques euros. Heureusement, nous en avons trouvée une. Quand nous sommes descendus de l’auto, on a failli être cueillis par des objets qui tombaient d’un balcon. C’était une femme qui les lançait. On était prêts à s’en offusquer, mais un homme qui passait par là en a fait une affaire personnelle.

« Mais qu’est-ce qui te prend de jeter des trucs comme ça ?

–  Est-ce que ça t’a touché ? Alors de quoi tu te mêles ?

– T’es qui pour me parler comme ça sale c*** ? Tu balances des trucs de ton balcon et tu trouves ça normal ? Bor*** !

– Hé ! Ho ! M’insulte pas enc*** de fils de p*** !

– Ferme ta gue*** ! Tu la ramènes parce que tu es là haut ? Descends un peu ici qu’on s’explique, pouf***** ! Sale p***, suceuse de b***! »

On les a laissés là. Le langage des français sait être fleuri quand il veut. Mais je me suis tout de même posé une question : pourquoi censure-t-on dans les médias – français – des termes qui sont rentrés dans les mœurs, puisqu’on les utilise tous les jours ? Mais mer** !

RATP, je t’aime. Moi non plus

La RATP c’est le réseau parisien des transports publics. C’est cette société qui gère les bus, le métro, le RER et j’en passe. Pour moi, le plus compliqué, c’est quand il fallait prendre le métro. Comme ce jour où j’avais rendez-vous au sud-ouest de la ville. J’en ai pris un qui m’a amené à l’opposé, c’est-à-dire à l’est. J’ai dû retraverser la ville en bus d’abord, pour finir le trajet en taxi. Ce jour-là j’ai détesté Paris.

Curieusement, le lendemain matin, je me fais aborder par une femme qui tenait un micro et son collègue caméraman. Ils faisaient une enquête sur la satisfaction des clients de la… RATP. J’ai accepté de bon gré de me soumettre à leurs questions. Et je n’en ai dit que des gentillesses. Oui, j’étais un client heureux, le service est plus qu’acceptable, les indications sont claires et précises. Oui, le passe Navigo est l’invention du siècle. Oui, l’application pour smartphones et tablettes est géniale. Seul bémol, il faut penser à offrir un café à chaque passager. Quand ce fut fini, j’ai apposé ma signature sur un papier qui leur donnait le droit d’utiliser mon image et ils sont repartis guillerets.

Hep, taxi !

En France, taxi rime avec traumatisme ! Et l’objet du tourment est le compteur que le chauffeur enclenche quand il démarre. Il est muni d’un afficheur qui te montre en temps réel les fortunes que tu perds à chaque tour de roue. Le dernier que j’ai emprunté m’a coûté en trente minutes de parcours – embouteillages compris –  l’équivalent de huit voyages en aller et retour en autobus entre Douala et Yaoundé. Une véritable saignée. J’en ai presque eu les larmes aux yeux.

Anglais escamoté

Le Cameroun est un pays bilingue. Et j’ai toujours considéré que ma pratique du bilinguisme était la meilleure, puisque par habitude, quand je me retrouve avec un anglophone, je lui parle en français, lui en anglais. Et on se comprend. Mais je me suis rendu compte des limites de ma théorie quand je me suis retrouvé dans cette classe de SciencesPo, face à des étudiants à qui il fallait s’adresser en anglais. Shakespeare a dû se retourner dans sa tombe. Mais comme on dit souvent, mouillé c’est mouillé. Il n’y a pas de mouillé sec. J’ai pris un réel plaisir à réveiller la partie anglophone de ma personnalité pour ce qui fut tout de même le plus grand moment de tout mon séjour en France.

Par René Jackson


Les Camerounais n’ont pas pitié de leurs frères… Ni d’eux-mêmes d’ailleurs

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Autocar de transport interurbain à Douala – Photo : René Jackson Nkowa

J’en tremble encore de colère. Si tout s’était passé comme prévu, je serais en ce moment même en train de me faire cajoler par ma chère grand-mère. Je serais en train de me salir les pieds dans la terre rouge de mon village. Je serais à Bandjoun, à pas loin de trois cents kilomètres de Douala. Non, le fait est qu’hier, je suis sorti de chez moi avant l’aube et que je ne suis jamais parti de mon village. La faute à une clique d’individus non seulement aussi malhonnêtes les uns que les autres, mais faisant preuve également d’une insensibilité face à la peine d’autrui qui m’a profondément indigné. Le tout à l’aune de l’argent. Ces moments où je me dis que le capitalisme est plus féroce ici qu’ailleurs.

Les évènements se passent entre 7 h 15 et 15 h 15 de la journée de mercredi dernier, pendant laquelle j’étais sensé rallier mon village d’origine, pas loin de Bafoussam (la troisième ville du Cameroun), après environ cinq heures de route. En partant aussi tôt, j’avais misé sur une arrivée à seize heures. Bien mal m’en a pris.

7 h 15 : j’arrive au quartier Bépanda, au lieu-dit Tonnerre, l’un des nombreux parcs d’autocars qui desservent cette destination. Je me fais aborder par l’un des chargeurs (c’est comme ça qu’on les appelle) qui a pour travail de trouver des passagers pour un car. Il me demande où je vais. Je lui donne une réponse. Il me fait monter dans un autocar. Je paie le voyage à un agent qui me remet un ticket. Je lui demande à quel moment on partira, il me répond : « A neuf heures au plus tard, on démarre  ».

 9 h 20 : je plie un doigt, le car n’a pas bougé d’un centimètre. Je suis dans le véhicule avec une dizaine d’autres passagers. Je commence à m’inquiéter, parce que j’avais prévu de respecter la tradition qui chez nous veut qu’on ne parcoure jamais autant de kilomètres pour aller chez quelqu’un et de franchir le seuil de sa demeure les mains vides. Par souci de commodité, j’ai prévu de ne faire des courses qu’à mon arrivée. Et dans mon village, il n’y a plus âme qui vive une fois la nuit tombée.

Le temps passe. Je remarque le comportement dépassant tout entendement qu’ils ont envers les passagers qui arrivent. Situation : il y a en fait plusieurs cars qui vont au même endroit et c’est à qui remplira en premier le sien. Donc, quand un client se pointe, les chargeurs se ruent sur le malheureux. Ils le tirent, lui crient dans l’oreille, se saisissent de son sac. Parfois même, je vois plusieurs chargeurs concurrents se disputer violemment un sac. Les protestations du passager n’ont aucun effet sur eux. Et quand il choisit un car, l’un des protagonistes vient carrément se placer devant la portière, lui barrant le passage. Estimant qu’on lui a volé son client. Tout ça est d’une violence inimaginable. Imperceptiblement, un autre doigt s’est plié.

10 h 30 : je commence à être passablement irrité. Depuis une heure de temps, je suis assis dans l’autocar à une place qu’on m’a assignée. J’en avais choisi une autre bien plus confortable, mais j’en avais été délogé, car cette place était « déjà réservée ». Par une personne qui ne venait pas. Et qui n’avait pas payé plus que moi. J’interpelle l’un de nos tortionnaires. Je lui demande pourquoi nous qui sommes présents, on doit s’asseoir inconfortablement, alors que les places les mieux loties sont dévolues à des absents ? Lui : « C’est la place d’un doyen là ». Moi : « Doyen ou pas, je ne vais pas souffrir alors que le bon monsieur prend ses aises je ne sais où ». Petit début de chamailleries. Je plie un doigt supplémentaire en allant me rassoir à ma place.

11 h 10 : je tombe presque à la renverse quand je vois un petit morveux arriver. On lui déroule presque le tapis rouge. « Grand, voilà la place qu’on t’a réservée. Elle te convient ? » Là, je sens ma colère qui monte. Je repars à la rencontre de l’imbécile de tout à l’heure. « Tu voulais t’asseoir là-bas ? Il fallait me le dire ». Oui, mais le problème c’est qu’il m’avait dit trois heures auparavant que la personne qui était assise là était partie se soulager à côté.

Pendant que je m’agite comme ça, les autres passagers qui attendent avec moi restent impassibles comme des moutons qu’on a mis devant une touffe d’herbe.

12 h, je suis tellement remonté que je suis prêt à mener une révolte. Les autres sortent un peu de leur léthargie et invectivent timidement les agents de la société de voyages. Eux, sentant que la tension commence à monter, disparaissent tout simplement. Personne ne les voit plus nulle part. Là, j’en ai ras-le-bol !

12 h 45 : un jeune homme monte et fait démarrer le car. On demande à tout le monde de reprendre sa place parce que c’est le départ. Le brigand effectue un demi-tour, puis s’arrête dix mètres plus loin, descend et s’en va !

Il est déjà 13 h, je fais mon calcul : le car est à dix places d’être plein. Si on part, le chauffeur s’arrêtera tous les huit kilomètres pour prendre des passagers. Il a tout intérêt parce que dans cette situation, cet argent va dans ses poches et non dans celles de sa société. Des arrêts qui allongeront d’au moins une heure la durée du voyage. Maintenant, pour mes courses à l’arrivée, c’est définitivement râpé. Cet autocar n’arrivera pas avant la nuit. Et en plus, le prix à payer pour partir de l’endroit où le car me déposera à la maison de ma grand-mère sera cinq fois plus cher à cause de la nuit. Mais plus grave : encore fallait-il trouver ce transport, dans un coin où tout le monde se planque chez lui à dix-neuf heures. Il était hors de question pour moi de risquer de marcher pendant une heure trente dans l’obscurité la plus complète et le froid, sans compter les détrousseurs de tout poil que je risquais de croiser. Non, je ne voyageais plus ! Désolé mémé, mais je ne viendrai pas aujourd’hui. Et pour la peine, le quatrième doigt s’est plié.

13 h 30 : je descends du car, décidé à me faire rembourser. Je vais voir l’agent qui m’avait remis le ticket. Et là, se produit l’évènement le plus choquant : il me répond sans ambages qu’il ne me connaît pas ! Je vais vers son collègue. Lui aussi est frappé d’une amnésie soudaine, car lui non plus ne me connait plus. Le cinquième doigt s’est plié. Et de surcroît, il menace de m’en coller une si je continue à ne pas lui donner un respect que je lui dois sous le prétexte qu’il aurait des enfants plus âgés que moi ! Je lui  réponds les yeux dans les yeux que je ne devais aucun respect à un voleur.

Sur ces mots, ce fut l’altercation. Presque tuée dans l’œuf par ses collègues. Ils avaient sûrement craint pour sa vie. Il était si famélique qu’il n’aurait sûrement pas survécu si je l’avais touché. Il avait envoyé un coup de poing qui n’avait pas atteint sa cible et j’avais déjà armé une gifle qui allait causer des dégâts. Ce que je voulais c’était mon argent. Ils m’ont juré que je n’en verrai pas la couleur, que j’irais le retrouver où j’avais enterré le respect qu’on doit aux aînés. Je me suis renseigné sur le poste de police le plus proche.

Mais avant de m’y rendre, je n’ai pas épargné les l’ensemble des passagers qui avaient assisté, amorphes, à tout ça. Amer, j’y suis allé de mon laïus : « Vous vous plaignez dans vos maisons, le pays va mal n’est-cepas ? Ce n’est qu’un début. De petits idiots qui sont incapables de recopier le nom qu’ils voient sur votre carte d’identité sur votre titre de transport vous traitent comme des animaux, vous marchent dessus pendant des heures et vous ne réagissez pas ? Bande de mollusques ! Et avec ça vous voulez que votre pays change ? Laissez-moi rire ! Emergence en 2035, c’est ça ? Avec une promptitude à réclamer votre droit digne d’un escargot, on n’est pas sortis de la demeure. Le pays ne va pas suffisamment mal ! Le pire est encore à venir ! On n’a pas fini de vous prendre pour des paillassons ! »

Et là j’entends sortir du car : « Petit frère, monte on part. On va faire comment ? C’est le pays non ? » Quoi ? Encore ce on va faire comment ?

Au commissariat, j’explique. « On ne peut rien faire pour toi ». Pourtant je leur présentais le ticket du voyage que je n’effectuais pas !

15 h 15 : je suis de retour chez moi. Prêt à faire quelque chose que je déteste, mais décidé à donner une petite leçon à cet agglomérat d’imbéciles. J’ai des relations haut placées dans la police et je me prépare à mettre en branle tout ça. Malheureusement, j’apprends le décès d’un oncle. Ce qui me rappelle que tout ça n’est finalement que des choses vaniteuses. Et par conséquent inutiles.

Quelqu’un avait dit qu’un peuple n’a que les dirigeants qu’il mérite. Cet épisode est symptomatique d’une société dans laquelle presque personne n’ose lever le nez. Ceux qui le font sont désespérément seuls. On les laisse se perdre dans leur délire. Et face à des gens aussi réactifs et énervés qu’une algue, ceux qui tiennent les rênes de notre Royaume font ce qu’ils veulent, sans risque de se faire embêter. La chèvre broute là où elle est attachée, pas vrai ?

L’humanisme a foutu le camp chez nous. Le respect ou la considération pour autrui sont désormais des chimères. Brutaliser les clients, garder ostensiblement le silence sur leur situation, les abandonner pendant des heures dans un autocar chauffé comme un four par notre soleil après les avoir délestés de leur argent. Qu’on ne leur remettra plus, qu’ils aillent se faire f**tre !

On a beau aimer son pays, mais il y a des jours où on se dit que c’est presque sans issue !

Par René Jackson


Quand des mythes s’effondrent…

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Taxi parisien conduit par une dame – Photo: René Jackson Nkowa

Quelqu’un, je ne sais plus qui, avait dit que les voyages forment la jeunesse. Chez nous, on dit plus simplement qu’il faut marcher pour voir les choses. Oui, il faut marcher pour voir les choses. Et souvent quand on marche, on voit des choses, certes, mais parfois des mythes qu’on prenait pour des vérités toutes faites s’effondrent comme un château de cartes. C’est peu dire que j’ai une autre perception de certaines choses après les presque trois semaines que je viens de passer en dehors de mon Triangle national natal pour faire quelques petites expériences en Hexagone. Tout est histoire de géométrie et de perception du monde. Ce qui est sûr, c’est que je suis beaucoup moins bête maintenant qu’auparavant.

Le premier mythe qui est tombé est celui-ci : pour moi, en dehors des démonstrations, des meetings aériens et des défilés de fête nationale, il était impossible d’avoir en même temps dans son champ de vision plusieurs avions dans les airs. Mais en France, j’ai parfois vu, en regardant dans le ciel, cinq avions. Il n’était pas difficile de les repérer, parce que la plupart laissaient derrière eux de longues volutes blanches. J’ai fait mes recherches. Les météorologues appellent ça des traînées de condensation (ou contrails). Donc, ce que j’avais jusqu’alors toujours bêtement pris pour des navettes spatiales traversant le ciel de Douala n’était en fait que de vulgaires avions volant à très haute altitude. Deuxième mythe qui s’effondrait. Du coup, j’ai beaucoup moins compris le slogan d’Air France « Faire du ciel le plus bel endroit de la terre ». Parce que le ciel français est une vraie autoroute et qu’il est difficile de rester zen quand on croise d’autres avions de si près.

Non, les Blancs ne sont pas tous des géants. La télévision nous trompe méchamment ! J’en ai la preuve. J’ai procédé à une mesure en prenant en compte un référentiel universel : ma propre taille. Moi qui à Douala fais partie de la classe des petits, à Nice j’avais l’impression d’être Gulliver cher les lilliputiens ! Bon, là j’exagère un peu. Mais enfin je jubilais ! D’un autre côté, c’était bizarre quand même… Une précision tout de même à ce sujet : ce qui est vrai à Nice ne l’est pas forcément à Paris. Je n’ai d’ailleurs pas compris pourquoi.

Autre chose : la France est un pays où l’obésité serait endémique. Oui, mais en dehors de la petite dizaine de personnes jouissant d’un embonpoint frôlant la morbidité que j’ai rencontrées, j’ai vu des personnes plutôt menues, minces même pour la majorité. Ce autant à Nice qu’à Paris. Ou peut-être, je ne suis pas allé là où il fallait pour en voir…

Je ne dis pas qu’il n’y a pas de racisme en France. Mais ce que je dis c’est qu’on en a peut-être une perception exagérée vue d’ici. Il est vrai que j’ai remarqué des regards curieux. Mais j’ai aussi eu quelques discussions plus que courtoises avec ce qui est souvent considéré dans une société comme étant la frange la moins progressiste : les très vieilles dames. Et puis j’ai trouvé les Français très courtois. Contrairement à ce qu’en disent beaucoup de touristes qui passent par la France. Mais ceci n’est bien entendu qu’un avis bien personnel.

Et puis, contrairement à ce qu’on peut imaginer, il n’y a pas des flics partout, à chaque coin de rue. Ou des voitures qui fendent tout le temps la circulation à toute allure, sirènes hurlantes. Ceci est toujours bon à prendre, surtout pour nos sportifs fuyards et sans-papiers. Autre bonne nouvelle pour eux : en trois semaines, je ne me suis jamais fait contrôler par la police. Vous pouvez vous balader en paix. Mais en priant tout de même, pour ne pas tomber sur un contrôle inopiné ou au faciès.

Pour stigmatiser nos jeunes – filles surtout – qui s’habillent de façon soi-disant indécente, le discours est le même : « Vous vous habillez comme les Blancs que vous voyez dans les clips vidéos et les films là, mais sachez que dans la vraie vie, ils ne se fagotent pas comme ça ! » Balivernes ! Accrochez un soleil dans le ciel, faites disparaître les nuages, marchez dans la rue et vous aurez l’impression d’être dans un clip de Snoop Doggy Dogg, les contorsions et les poses lascives en moins ! Les Françaises m’ont retourné comme un crêpe. Désormais, je serai l’ardent défenseur de la jupe pas plus basse que le quart supérieur de la cuisse. Je serai le pourfendeur de cette quasi-vérité qui chez nous fait de la femme sexy et aguichante un danger public. Je sais que je me fourvoie compte tenu de certains de mes précédents propos ici même, mais ne dit-on pas que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ?

Je me suis copieusement rincé les yeux. Vive les femmes presque dénudées !

Vive les femmes, ce d’autant plus qu’elles peuvent servir à autre chose qu’à être des mères et des tams-tams. Oui, elles peuvent conduire des bus, des taxis, des camions, des autobus et même des tractopelles. J’en connais qui ici ne monteraient pas dans un engin piloté par une dame. Je ne peux pas conduire un autobus ou un tractopelle, donc je respecte la prouesse. Alors, je n’ai jamais hésité, respectueux d’une maxime qui m’était chère : faire le maximum de trucs que je ne pourrai pas faire chez moi. Donc j’ai toujours préféré, dans la mesure du possible, emprunter un taxi ou un bus conduit par une femme. Ou peut-être c’est notre cher machisme bantou qui reprenait le dessus : une vraie femme est celle qui est au service d’un homme.

Dans tous les cas, suivant cette même logique qui était celle de profiter de tout ce que je pouvais quand j’en avais encore la possibilité, je me suis copieusement gavé de fromage, camembert et assimilés – ces choses qui ne font pas partie de notre ration alimentaire en temps normal.

Donc, il n’y a pas de travail qui reste la propriété des hommes. L’inverse est aussi vrai. Puisque j’ai croisé des prostitués. Notez l’absence de l’ « e » muet. Transsexuels certes, mais mâles dans une autre vie. On vit dans un monde sans frontières, autant mieux l’assumer. Complètement.

Une dernière découverte que j’ai faite : la Syrie est capable de produire autre chose que des dictatures sanguinaires. Elle est capable de fabriquer autre chose que des rebelles jusqu’au-boutistes, de perpétrer des massacres aux gaz chimiques, des bombardements et j’en passe. La Syrie n’est pas capable que de ça ! La Syrie a d’autres facultés que je ne soupçonnais pas. Une en particulier. Ça je l’ai découvert de façon totalement fortuite un soir, sur le toit d’un immeuble, lors d’une pause cigarette. Et moi qui me félicitais de n’avoir rien trouvé qui aurait pu me pousser à prendre la décision de devenir un clandestin, je suis presque tombé de haut. Un appel au reniement de ses origines fait de chair et d’os !

Je sais ce que vous allez dire : Panda, tu aimes trop les femmes ! Il faut bien aimer quelque chose dans la vie. Et c’est mieux d’aimer les belles femmes que d’être amateur de coups foireux en tous genres. Et puis j’ai une nationalité dont il faut urgemment soigner la réputation. En tant que Camerounais, c’est un devoir pour moi d’aimer les jolies femmes. Le contraire serait un acte de trahison envers la patrie !

Par René Jackson