Benjamin Yobouet

Coup de plume: Dame écriture, enivre moi

Il y a quelques années, je revenais du marché. Maman m’a envoyé chercher de la tomate. Elle avait oublié d’en acheter. En fait, elle oubliait souvent un petit quelque chose. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais c’était comme cela.

C’était soit le charbon, soit l’huile, soit l’oignon. Bref, ce sont les histoires de femmes. Et le marché en question se trouvait à l’autre bout de la ville. Imaginez ma mine, lorsque maman me disait de m’y rendre.

Coup de cœur pour la poterie…

 Ce jour-là, alors que je revenais du marché, j’ai été captivé et séduit par les potières. Oui, les potières qui se tenaient à l’angle et passaient presque inaperçues.

Et sans m’en rendre compte, je suis resté là, des minutes et des minutes à les admirer. Les admirer à manier avec passion, art et dextérité l’argile avec leurs mains agiles. Et peu à peu, on pouvait contempler les formes, les couleurs, les traits…

L’écriture, c’est aussi comme l’art, la poterie

 Pourquoi parler de poterie? Alors que le sujet de ce mois du TBC (The Blog Contest) est clair :  » écrire pour plaire, écrire pour s’exprimer, la parole qui s’ancre. »

Laissez –moi donc vous dire que c’est pratiquement la même chose, lorsqu’il s’agit d’écriture. L’écriture est un art au même titre que la poterie. Mais pas que !

L’écriture me fait penser également au cordonnier dans nos villes qui fabriquent de belles chaussures et sandales. Ces menuisiers qui nous font de beaux meubles. Ces tisserands qui nous éblouissent avec leurs beaux tissus. La liste n’est pas exhaustive.

L’écriture touche et séduit les lecteurs

 L’écriture, c’est aussi cela, le fait d’associer des lettres pour en faire ressortir quelque chose de potable, qui finalement touche, séduit et parle aux lecteurs.

Pourtant, on imagine très peu souvent le travail qui se fait à l’ombre avant de livrer un texte. Combien de brouillons ai-je compilés ? Je n’ai pas le temps de compter. Combien d’idées ai-je eu puis rejetées aussitôt ? Je ne sais plus.

Écrire, c’est tourner la plume sept fois

 Combien de feuilles ai-je froissées ou déchirées ? Combien de phrases, de lignes, de verbes ai-je barrés ? Combien de fois ai-je relu mon papier et l’ai fait relire par une tierce personne avant de cliquer sur « publier » ?

Combien de questions me suis-je posées devant ma page vierge ou l’écran de mon ordinateur ? Le style à adopter ? La forme, l’expression, le genre idéal ? Chronique ? Récit ? Poésie ? Comment vais-je attaquer ou chuter ?

Même certains grands écrivains tombent en panne d'écriture

Même certains grands écrivains tombent en panne d’écriture. Crédit Libre: Pixabay.com

Combien de fois me suis-je retrouvé seul devant une page vierge ? Ce sentiment étrange qui me saisit. Panne d’inspiration ? Paresse ? Occupations ? Préoccupations ? C’est vraisemblablement un peu de tout ça.

Et c’est à ce moment précis que je m’invente ou je m’imagine des arguments. Je n’ai pas d’idée…je ne suis pas inspiré… Je n’ai pas la plume… Je n’ai pas le temps… Pourtant, je sais bien que tout ça ne tient pas la route.

Quand le souci de plaire, de toucher, prend le dessus

 Et après, quelques minutes de concentration, j’arrive enfin. Mais après, je me pose encore ces questions : est-ce que ça plaira à Jacques, à Odette ? Ai-je bien retranscris ce que je voulais exprimer ?

En fait, on a le souci de plaire, de toucher, de séduire, de bien transmettre, de se libérer, de dénoncer, de tout donner à travers notre écriture. Ne dit-on pas que les paroles s’envolent, mais les écrits restent ?

Écrire, c’est faire pleurer sans tendre un mouchoir

 Comme le disent certains écrivains et hommes publics, « écrire c’est une respiration » (Julien Green). « Écrire, c’est mourir un peu » (Marie-Claire Blais). « Écrire, c’est vider son sac » (François Mitterrand). « Écrire, c’est s’exiler » (Linda Lê). « Écrire, c’est faire pleurer sans tendre un mouchoir » (Antonio Lobo Antunes).

L'écriture ou l'art de toucher, de plaire
L’écriture ou l’art de toucher, de plaire. Crédit Libre : Pixabay.com

Un poème à Dame « écriture »

Pour finir, je voudrais avec votre permission bien sûr, écrire et offrir ce poème ci-dessous à cette personne grande et spéciale à qui l’humanité doit beaucoup. Tout simplement, parce qu’au début était le verbe et le verbe s’est fait chair.

Berceau du langage humain.

Combien de fois ton nectar éblouit, évade, libère des émotions enfouies, refoulées ?

Pilule des cœurs assoiffés de connaissance.

Pilote du voyage des émotions et sensations.

Molière, Aime Césaire et bien d’autres sont restés hypnotisés par ta beauté.

Les paroles se bousculent dans la bouche mais s’évaporent dans l’air sans écrit.

Reine mère tu resteras le temple du savoir.

Je m’inclinerai devant toi pour m’abreuver à ta source.

Dame écriture, je te salut!

Vous avez envie d’être touché ou séduit par d’autres plumes ? Faites un tour chez :


Benguiste : « et mon Blanc, et ma Blanche alors ? »

Maria Flore, ma voisine, a récemment reçu plus de 30 demandes de mariage en l’espace d’une semaine. Eh oui, 30 ! Pas parce qu’elle est extrêmement belle, mais tout simplement parce qu’elle réside en Europe.

Les demandes de mariages proviennent d’amis Facebook du benguiste

La plupart de ces demandes proviennent de ses amis Facebook vivant en Afrique. Certains avaient commencé à lui parler d’aide financière ou d’appui pour le Visa. D’autres, par contre, lui proposaient de l’épouser sans même l’avoir vue.

Alors, l’autre jour, j’ai demandé à un ami au pays, entré en contact avec Maria, pourquoi une telle démarche ?

« Où est le problème ? Ils ont créé les réseaux sociaux pour se faire des relations. Alors pourquoi devrais-je demander ton opinion avant d’envoyer une demande à une de tes connaissances ? Elle est libre d’accepter comme de refuser mon invitation ». Voici la réponse qu’il m’a lancée au visage.

Etre benguiste, n’est-ce pas aussi répondre aux questions de ses amis au pays ?

A vrai dire, sa réponse m’a fait un peu sourire – peut-être parce que je suis benguiste. Franchement, je vous le dis, depuis mon arrivée en France, qu’est-ce que je n’ai pas entendu, vu ou vécu ? La preuve, je reçois régulièrement des questions de toutes sortes en message privé sur les réseaux sociaux ! Et sincèrement, c’est toujours avec plaisir que je réponds.

Mais, en réalité,  ai-je le choix ? Si je ne réponds pas, ce sont les mêmes qui viendront dire que « Benjamin le benguiste là, il a évolué hein. Il ne nous répond plus depuis qu’il est parti en France. Il a « percé* » deh ! » Et patati et patata… Mais parmi ces questions-là, je ne vous raconte pas : il y en a de toutes les couleurs ! Tenez, jetez un oeil par vous-même :

  • On dit quoi benguiste, il fait quelle heure chez toi ? Il y a combien d’heures entre nous ?
  • Il neige là-bas ? Combien coûtent les mèches naturelles benguiste ? (ça c’est surtout les filles)

Les téléphones portables, tablettes et ordinateurs sont chers ? C’est quoi la marque de ton smartphone benguiste ? Benguiste, tu reviens quand ?

Ça, ce n’est pas très grave ! Ce sont questions de curiosité plutôt tolérables n’est-ce pas ? Mais,  il y a une question qui ne manque jamais.

La question commence sous un air de plaisanterie et se transforme en un harcèlement

  • « Benguiste, et mon Blanc, et ma Blanche » ? « Je dis oh tu n’as pas encore trouvé ma blanche là mon benguiste ? »
  • Tu attends quoi même depuis benguiste ? Peu importe son âge, sa fonction, débrouille-toi et trouve-moi ma Blanche ».

A des questions comme ça, on peut répondre avec un sourire. Et j’imagine que vous souriez aussi. Pourtant, je sais bien que cet ami entretient déjà une relation. Il est même marié et père de deux enfants. Lorsque j’ai attiré son attention sur ce fait, il m’a répondu ceci : « ça ne fait rien ».

benguiste: relations à distance
Une relation à distance est similaire aux maths : elle se mesure… Crédit: pixabay.com

Je lui ai demandé « et ta femme » ? « Cherche seulement, on verra », m’a-t-il répondu. L’ironie, dans tout ça, c’est qu’il m’a même envoyé sa plus belle photo en message privé en ajoutant ceci : « montre cette photo à une Blanche là-bas, tu verras. Elle va tomber sous mon charme ». Ce jour-là, j’ai tellement rigolé que j’en ai pleuré 🙂 🙂

Etablir une relation amoureuse entre deux personnes résidant dans des continents différents

Non, soyons un peu réaliste ! Comment veut-il que je lui trouve rapidement une Blanche étant à des milliers de kilomètres ? Comment ? Dois-je me promener dans la rue, interpeller une fille européenne ?

benguiste, trouve-moi une blanche
« Benguiste, trouve-moi une Blanche » : la demande qui revient beaucoup. Crédit Libre Photo CC search

Et lui dire du genre : « Bonjour Mademoiselle, excusez-moi, j’ai un ami en Afrique là, il souhaite vivement avoir des relations amoureuses avec vous, ça vous dit » ? Hein ? Dites-moi, parce que je ne sais pas quoi dire. Qu’il vienne lui-même me dire ce que je dois faire. Et ce n’est pas Dedi Gotta, benguiste lui aussi qui dira le contraire. Regardez sa vidéo, c’est sûr que vous allez rigoler 🙂 !

Dedi Gotta | Facebook

L’amitié ou une relation amoureuse diffère d’un continent à un autre

Comme cet ami, il y en a plusieurs qui se trouvent dans ce même cas : filles et garçons. Ils vous écrivent souvent pour avoir la suite à leur requête sans même se soucier de votre vie en Europe, qui parfois s’avère difficile pour un benguiste.

Rassurez-vous, je ne suis pas le seul benguiste à recevoir ce type de questions. Le mois dernier d’ailleurs, j’en parlais avec plusieurs amis africains benguistes. Dans tous les cas, moi, je proposerais un « CV amoureux », lorsqu’un(e) de mes ami(e)s en Europe me demandera. Alors, là, je vous contacterai sans soucis 🙂

L'amitié ou les relations diffèrent d'un continent à un autre
L’amitié ou les relations diffèrent d’un continent à un autre. Crédit Libre Photo CC search

En y repensant, je me dis que cela ne serait pas une mauvaise idée, au vu de la forte demande, si je montais une agence matrimoniale mixte ! N’est-ce pas ? Et puisque c’est bientôt la fête des amoureux, je vous souhaite une joyeuse fête de la Saint Valentin en mode benguiste 🙂 !


Réseaux sociaux : faites le bon choix

 

Cela fait deux semaines. Deux semaines que Kady, la star du quartier, est à la recherche du petit Narcisse, l’informaticien. La semaine dernière, il était en « compo » donc indisponible. Hier encore, c’était lui qui dormait – à 22h déjà pensait-elle ?

Aujourd’hui, on lui apprend qu’il est sorti. Mais Kady est plus que jamais motivée à l’attendre. Même si c’est à 3 heures du matin. Quand on lui demande pourquoi elle désire le voir à tout prix, elle répond sans hésiter : « C’est pour renseigner les informations de mon compte Facebook ! ».

A l’instar de Kady, les passionnés -que dis-je, les accros des réseaux sociaux sont nombreux. Pour certains, la passion se résume à publier leurs photos ou un statut à chaque secondes et minutes qui passent. Pour d’autres, la passion consiste à commenter obligatoirement toutes les publications. Il faut « liker » partout,  que ça plaise ou non.

Et si vous prêtez attention, vous remarquerez qu’ils passent des nuits blanches sur les réseaux sociaux, comme s’ils étaient des outils de veille.  Connectez vous à n’importe quelle heure, ils seront toujours présents sur Facebook, Twitter, Instagram, Snachapt, Pinterest ou LinkedIn. Ce sont les premiers à vous saluer et les derniers à vous souhaiter une bonne nuit.

Facebook, l'un des réseaux sociaux les plus populaires
Facebook, l’un des réseaux sociaux les plus populaires. Crédit Libre Photo: Pixabay.com

Aujourd’hui, les données ont changé. Le monde technologique évolue, et les utilisateurs avec. Les réseaux sociaux ne sont plus ces espaces où l’on vient uniquement exposer sa vie privée ou raconter son quotidien. Non ! A votre avis, croyez-vous que les gens sont intéressés par ce que vous faites au quotidien ? Les publications du genre :

« Coucou, au menu ce midi chez moi, c’est de l’attiéké, poisson grillé… »

« Salut, moi et mon amour, nous vous souhaitons une bonne journée »

«  Hi, les amis, que pensez-vous de ma nouvelle coiffure et de ma nouvelle tenue, chic non » ?

Franchement croyez-vous que ces publications sur les réseaux sociaux soient utiles ?

En quoi votre « n’dolê » ou votre nouvelle coupe de cheveu devrait intéresser les autres, ou représenter quelque chose d’important pour les autres ? Dites-nous, parce que j’ai quelque fois du mal à comprendre.

Pourquoi tout ce tapage « social média », ce bruit, ces «tralala» ? Ne croyez-vous pas en abuser souvent ? Qu’est-ce que cela vous apporte ? Ah oui, vous me direz que c’est du « buzz ».

Vous me faites rire.  Plein de « likes » ou « j’aime », c’est ça ? Si on devait économiser ou comptabiliser les « j’aime », c’est clair, vous seriez riche ou une star. Malheureusement pour vous, tout ça, n’est que virtuel ; eh oui VIRTUEL ! Alors, revenez à la réalité.

La réalité, c’est que malgré vos 4 000 amis et vos nombreux abonnés sur les réseaux sociaux, vous n’avez toujours pas d’emploi ou de situation stable. Ne pensez-vous pas que ce serait idéal de profiter justement des réseaux sociaux à bon escient ?

Récemment, un ami m’a demandé ceci : « Mais, Benjamin, pourquoi postes-tu ta recherche de stage sur ton profil Twitter ». Je lui ai répondu : « Cher ami, veux-tu que je poste ma demande de stage ? Hein ? ».  Quelques jours plus tard, j’ai reçu des appels et  obtenu des entretiens. Sincèrement, je crois que les réseaux sociaux peuvent être très utiles en ce sens.

En effet, aujourd’hui,  plusieurs personnes ont compris l’utilité des réseaux sociaux. Elles ne s’attardent plus sur des futilités, mais plutôt sur les avantages. Par conséquent, plusieurs trouvent de l’emploi, des stages, du business, des « gombos », des contrats grâce aux réseaux sociaux. D’autres exercent même leur activité sur et grâce aux réseaux sociaux.

Cela leur permet, soit de gagner leur vie, soit de tirer profit des avantages qui leurs sont offerts (voyages, conférences, séminaires…). Cyprien, l’un des français les plus influents de YouTube vous connaissez ? Savez-vous combien il gagne grâce à ses vidéos sur son compte ?  Entre 26 000 et 29 000 euros net par mois. Eh oui !

https://www.youtube.com/watch?v=k1VgKsUp7FA

Donc, je reviens pour vous dire de bien continuer à raconter votre vie sur les réseaux sociaux. Pendant que d’autres choisissent de gagner leur vie grâce à ces mêmes canaux.  Mais comme on le dit, de toutes façons,  la vie est un choix.  Kady, elle, a opéré le sien.

Pour l’heure, moi et mes amis bloggeurs, avons choisi d’utiliser les réseaux sociaux, plus particulièrement  pour partager nos billets, nos articles, nos opinons et bien d’autres choses. Des choses utiles !

PS: Je vous invite justement à retrouver et à lire  les articles d’autres challengers du #TBC sur le thème de ce mois: « Utilisation utile et limites des réseaux sociaux au quotidien ».

 

 


Janvier et ses vœux kilométriques

Qu’il me soit permis de vous souhaiter, dans ce premier billet de l’année 2016, les traditionnelles meilleurs vœux.
C’est déjà le nouvel an ! Une année vient de s’achever.

C’est un moment intense et privilégié où chacun adresse ses vœux les meilleurs. Qui dit nouvelle année, dit nouvelles orientations, nouvelles visions, nouvelles dispositions. C’est la coutume. Quoi de plus normal !

Mais le problème ici, c’est qu’il faut faire preuve de réalisme. Oui, pour cette nouvelle année, ajoutons davantage dans nos vœux et nos résolutions. Ceci, pour rompre avec tous ces chapelets et vœux kilométriques et illusoires, comme s’il s’agissait uniquement de les réciter chaque année du bout des lèvres.

 Voilà à quoi ressemblent nos voeux et résolutions dans le mois de janvier

Voilà à quoi ressemblent nos voeux et résolutions du mois de janvier. Crédit Libre Photo Pixabay.com

J’ai reçu, hier, un message du pays. Un message dans lequel mon frère m’adressait des vœux kilométriques. Regardez un peu !
« Je te souhaite bonté, longévité, prospérité, succès, bonheur, travail, joie, beaucoup d’argent, pas de problème, moins de dépenses, paix du cœur, etc. »

Bon, je vous épargne le reste de ses vœux. On aurait dit une ordonnance d’un cas grave aux urgences d’un centre hospitalier. Je lui ai dit : « Mon frère, c’est quoi tous ces vœux ? L’année dernière, tu m’as dit la même chose » Non, je veux juste l’essentiel.

Comme mon frère, dans l’extase du nouvel an, beaucoup oublient l’essentiel dans la formulation des vœux. Surtout chez nous, en Afrique. En Europe, par exemple, et particulièrement en France, qui aurait le temps de réciter tous ces vœux kilométriques ? Hein?! Dites-moi ? Personne !

 Beaucoup adorent les voeux kilométriques pendant le mois de janvier

Beaucoup adorent les voeux kilométriques pendant le mois de janvier. Crédit Libre Photo Pixabay.com

 

Ici, c’est du tic-tac du genre « Bonne année ! » point, c’est fini ! Car le temps, c’est de l’argent. L’argent pour assurer les dépenses quotidiennes et payer les nombreuses  factures qui vous attendent.

Au fil des années, les vœux et résolutions prises sont loin d’être réalisés. De toutes façons, l’on confond « vœux » et « résolutions ». Les voeux, ce sont les souhaits ; les résolutions, des engagements !

Certes, il faut « oser avoir plus » dans la vie. Certes, il faut « voir grand » en toutes choses. Certes, il faut rêver pour donner vie à nos envies. Mais, une chose est sûre : tout rêve n’est pas utile et, j’ajouterai même, n’est pas approprié.

Qu’on n’entende pas un chômeur dire : « Cette année 2016, j’achèterai un duplex du côté de la Riviera Palmeraie (quartier huppé à Abidjan). Alors qu’il n’a même pas un semblant de stage ou d’entretien d’embauche.

Qu’on ne surprenne pas une jeune fille de 15 ans à tenter de séduire un homme de 45 ans, en espérant se marier le plutôt possible.

Qu’on ne voie, qu’on n’entende pas, qu’on ne surprenne personne à s’emporter dans des résolutions illusoires, provisoires et ostentatoires.

Non ! Nous voulons des résolutions réalistes et réalisables pour ce nouvel an. Est-ce que nous sommes obligés de dresser une longue liste ou d’égrener un chapelet de vœux et de résolutions en vain ? Pas la peine : deux, trois ou quatre suffiraient largement.

 Janvier est mois propice pour adresser nos voeux les meilleurs

Janvier est un mois propice pour adresser nos voeux les meilleurs. Crédit Libre Photo Pixabay.com

 

Une question : Où sont donc passés vos vœux et vos résolutions prises en 2015, 2014, 2013, 2012? Au fond, c’est le bilan positif qu’on veut obtenir à la fin qui compte.

Et ce ne sont pas uniquement les citoyens lambdas qui s’y mettent. Même nos cadres et dirigeants politiques adorent les voeux kilométriques. Sinon comment comprendre que, chaque année, l’on organise au palais présidentiel une cérémonie de présentation de voeux au président de la République?

Bon, vous allez sûrement me dire, c’est la tradition diplomatique, ce sont les institutions et patati et patata. Il faut respecter la procédure. Oui, mais faut-il bloquer les chaînes de radio et de télé du pays pendant trois jours pour nous montrer le premier ministre en train de présenter ses voeux au président?

On voit défiler les ministres, les officiers généraux, on les voit saluer le président à l’occasion du nouvel an. Ne sont-ils pas toujours ensemble? Ne dînent-ils pas ensemble? A-t-on vraiment besoin d’organiser ces cérémonies? Franchement, je n’ai jamais compris cette démarche.

Une fois, j’ai entendu un chef traditionnel présenter ses voeux au président ivoirien de cette manière: « Excellence monsieur le président, nous vous souhaitons longue vie et du succès dans vos fonctions à la tête de ce pays. Nous souhaitons que vous restiez le plus longtemps possible, afin de permettre à notre pays d’atteindre l’émergence 2020. »

De tels voeux -pardon, de telles louanges (parce que ce ne sont plus des voeux), nos chefs d’Etat africains les adorent. On comprend pourquoi les cérémonies de présentation des voeux occupent une place importante dans le calendrier des présidences.

Moi, je ne prendrai pas de résolutions. Je n’adresserai pas non plus de vœux kilométriques. Cette année, je laisse 2016 faire de moi ce qu’elle veut. Je ne veux pas grand-chose. Je veux l’essentiel pour mener ma petite vie.

L’essentiel pour cette année, c’est tout le mal que je vous souhaite. D’ici là, portez-vous bien : heureuse année à tous !


Viens voir comment on fête noël chez nous

Hier, j’écoutais avec curiosité deux amis français, dérouler leur programme pour les congés de noël. Le premier était excité à l’idée de rentrer chez lui pour faire du ski. Chez lui, c’est dans le nord de la France où il fait super froid et où il la neige tombe abondamment.

Noel est la prériode proprice pour faire du ski en France
Noel est la période propice pour faire du ski en France. Crédit photo: Pixabay

Le second avait hâte de partager un grand et succulent repas avec sa famille. Un repas dans lequel, on retrouvera assurément au menu le traditionnel foie gras et pourquoi pas du canard, de la dinde etc. Quel délice ! Pour des programmes, il y en avait de toutes sortes et pour tous les goûts.

Et moi, assis près d’eux, je les écoutais toujours religieusement, sans broncher. J’observais surtout leur élan d’extase. A vrai dire, me suis-je dis, ils n’avaient pas tort. Du tout ! En effet, que serait noël, pour eux, sans l’hiver, sans la neige, sans le foie gras, sans ces multiples artifices… ?

Le foie gras, un plat qui ne manque pas à noel en France
Le foie gras, un plat qui ne manque pas à noël en France. Crédit photo: Pixabay

Et sans que je ne m’aperçoive de sitôt, ils fixèrent leurs yeux sur moi. Très vite, je compris le sens ces regards. Très vite, je compris que c’était mon tour. Il fallait leur dérouler mon programme.

– Alors Benjamin, c’est quoi ton programme pour noël, me lança le premier tout joyeux ?

– Bah, rien de spécial. J’irai sur Paris retrouver ma sœur; puis à Montpellier fêter avec des amis. Ça fait quand même quelques mois qu’on ne s’est pas vus, depuis l’été dernier.

– Ah ouais !? Tu ne rentres pas chez toi en Afrique pour fêter, répliqua le second ?

– Ô, j’aimerais bien, tu sais, surtout l’ambiance qu’il y a chez moi. Ce n’est pas l’envie qui me manque. Mais il y a la distance, le prix du billet. Ajouté à cela je trouve la durée des congés un peu courte. Bien sûr, un voyage au pays comme le nôtre, ça se prépare !

– C’est vraiment dommage ! Ça se voit que tu as la nostalgie de ton pays surtout pendant cette période, intervint le premier.

– Eh oui tu l’as dit, chez moi en Afrique particulièrement en Côte d’ivoire, c’est plus que la fête : c’est le show !

– Chez nous, contrairement ici, il n’y a pas de neige, pas de ski, pas de foie gras. Et pourtant, la fête bat son plein. Je dirai même que c’est justement sans tout cela, que noël est spécial chez nous.

– Tout commencera au soir du réveillon, le 24, tout le monde pratiquement remplira les lieux de cultes. On appelle ça ironiquement « les chrétiens de fête ». Puis après l’église, on retrouvera ces mêmes personnes dans des maquis et bars: c’est noël ! N’est-ce pas la naissance du petit Jésus? Il faut bien arroser ça.

– Le lendemain matin, vous verrez des kermesses un peu partout avec des pères noël de circonstances . Vous verrez des enfants crier de joie en s’adonnant aux jeux de foot, de maracanas et bien d’autres. Cela se passe dans certaines communes populaires comme adjamé, abobo, yopougon, ma très chère commune.

Un match de "maracana" un moment de joie pour les enfants surtout à noel.
Un match de « maracana » un moment de joie pour les enfants surtout à noel. Crédit photo: 20 minutes.fr

-Vous verrez également l’organisation de plusieurs cérémonies de remises de cadeaux. L’objectif : transmettre aussi la joie de noël à ces enfants ou ces familles qui n’ont malheureusement pas les moyens suffisants.

– Vous verrez également des enfants sapés comme jamais comme le chante si bien Maître Gims avec leurs jouets en caoutchouc se promener dans les rues.

– Et le soir, le show dans les bars et maquis reprendra de plus belle. On dansera. On draguera même, on rigolera énormément.

– On boira, on mangera à satiété surtout du poulet. Car le poulet, il y en a certains qui le mangent une fois par an quand justement il y a la fête.

– Bref, il y a tellement de choses qui se font à noël chez nous et qui naturellement diffèrent d’ici, en France. Noël en Afrique, ça ne s’explique pas, ça se vit !

– Ça l’air vachement cool surtout cette chaleur qui se dégage dans ton récit là. Moi, j’aimerais voir à quoi ressemble noël en Afrique, confia mon voisin, le premier.

– Alors, je lui répondis ceci: « Eh bien, très cher ami, viens voir comment on fête noël chez nous. Tu verras de toi-même » !

– Chez nous, c’est la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Sénégal, le Gabon, le Congo, le Mali, le Kenyan, le Maroc… Chez nous: c’est l’Afrique !

PS: Vous pourrez retrouver également les articles des autres challengers du #TBC sur le thème de ce mois: « Noel en Afrique ».


Commerçantes de Gorée, je vous salue !

Je n’arrive toujours pas à comprendre une chose depuis mon retour du Sénégal. Comment les vendeuses de Gorée font elles pour séduire et traumatiser aussi rapidement leurs clients ?! En quelques minutes, mes amis Mondoblogeurs de la formation de Dakar 2015 et moi étions dans leurs filets.

Les commerçantes de Gorée, sans même une formation en marketing, excellent dans leur métier

Non sérieusement, elles sont formidablement fortes. Je crois que Stromae devrait leur dédier son tube « for-mi-daaable ». Voici des filles qui n’ont jamais fait d’études de marketing mais qui le font aussi bien que n’importe quels grands services de communication. Que ces grandes directions de communication viennent prendre quelques cours ici.

Commerçantes de Gorée, je vous salue. Je vous salue pour la dextérité avec laquelle vous abordez les clients. Je vous salue pour la ténacité dont vous faites preuve devant les clients parfois incrédules. Je vous salue également pour la passion que vous avez pour votre métier et qui se lit tout de suite dans vos yeux.

La chaloupe de l'île de gorée
Notre arrivée sur l’île de Gorée aux environs de 15 heures samedi 5 décembre 2015

La chaloupe venait de s’échouer sur l’île de Gorée. Quelques minutes plus tard, la visite des lieux commençait. J’écoutais religieusement l’exposé de notre guide. Je contemplais surtout ces bâtiments historiques dont j’avais maintes fois entendu parler.

Je faisais tout, sauf sentir cette main posée sur mon épaule. Lorsque je réalisai cette présence humaine, j’étais déjà face à une des commerçantes de Gorée : Fatou.

Fatou, la vingtaine, vendeuse de colliers d’art plus que séduisante, se tenait là devant moi. Elle m’offrit un si large sourire comme si on se connaissait depuis des lustres. On aurait dit qu’elle venait de rencontrer son ange gardien.

Et moi, naïf, je lui redonnais le même sourire sans comprendre l’enjeu de ce jeu. J’étais la proie de Fatou !

-Bonjour mignon garçon, voici des colliers jolis comme toi. Tiens ça, je te fais un bon prix, me lançait-elle avec une voix suave et langoureuse.
-Non merci
Comment non merci ? Allez, fais ton choix. Tu es trop joli pour dire merci. Regardes ces colliers, il y en a pour toi là-dedans. Tiens prend ça.
-Non, non merci, j’e n’en ai pas besoin…

Les commerçantes de gorée aux trousses des clients
Les commerçantes de gorée aux trousses des clients

Mais sans connaître notre commerçante, qui était plus en plus motivée. Le résultat ne se fit pas attendre. Quelques minutes après, j’avais acheté un collier sans m’en rendre compte.

Ah, Fatou et ses amies vendeuses ! Elles sont si collantes qu’on ne pouvait y échapper difficilement. Tiens quand on parle de « coller », on pense à l’artiste chanteur Franko au Cameroun. Eh bien, l’une des vendeuses a réussi à « coller » à son tour pardon à convaincre un bloggeur camerounais : Didier Ndengue

Le gars n’a pas pu résister à cette gazelle (une bière très prisée à Dakar), pardon à cette vendeuse séduisante qui lui rappelait son ndolê à Douala. Je le voyais se débattre tel un enfant qui apprenait à nager dans un grand bassin. De conversations en conversations ; d’arguments contre arguments. Mais rien n’y fit. La vendeuse avait accroché au cou de notre ami quelques multiples colliers qu’elle vendait.

Quand le blogeur Didier Ndengue se fait couronner par une commerçante de Gorée

Pauvre, Didier Ndengue ! Il ressemblait à un chef de village qu’on venait de couronner suite à une cérémonie d’intronisation. Sérieusement, à un moment donné, j’avais même cru que le gars vendait lui aussi des colliers, tellement il en avait à son cou. Elles sont terribles ces filles-là, aucune pitié, aucun respect pour un mondoblogueur ! On doit les condamner.

Quand tu dis que tu n’en veux pas, c’est même à ce moment qu’elles s’arrangent, je ne sais comment à accrocher leurs articles à une partie de ton corps. Il y a même celles qui te laissent carrément leurs colliers dans tes mains pendant de longues minutes comme Fatou me l’a fait. Sous prétexte que c’est gratuit. Mais entre nous, n’est-ce pas là un cadeau empoisonné ?

Pour affronter ces commerçantes, il y deux cas : soit on boude, soit on sympathise

Après, je me suis demandé intérieurement comment faire pour affronter ces commerçantes un peu trop zélées à Gorée. En fait, il y a deux cas. Soit tu ne leur adresses aucune parole, aucun signe. Soit tu sympathises parfaitement avec elles.

Ecclésiaste, mondobloggeur a préféré sympathiser avec les commerçantes de gorée
Ecclésiaste, mondobloggeur a finalement préféré sympathiser avec les commerçantes de gorée

En tout cas, c’est ce qu’a fait Ecclésiaste.  Il a été tellement traumatisé par ces dernières, qu’il a finit par prendre une photo avec elles. Encore un Camerounais. Ah les Camerounais, ils adorent les « collages » venant surtout de ces filles remarquables.
Commerçantes de Gorée, je vous salue !


Et pourtant…c’est une vieille fille

Top départ de la saison 3 du #TBC dont je fais désormais partie. « La pression sociale : une bonne femme est une femme mariée ». Voici le thème (choisi par les lecteurs) sur lequel, il faut écrire pour ce 20 novembre. Mon regard sur ce thème à travers le personnage d’Hélène…

Hélène se regarde encore dans le miroir et décide de mettre un peu de rouge à lèvres ! Elle démarre enfin sa Range Rover qu’elle a acheté, il y a deux mois de cela. Une vraie merveille !

 La range rover, une voiture très prisée aujourd'hui.
La range rover, une voiture très prisée aujourd’hui. Crédit : Pixabay

Les rumeurs courent dans la ville qu’elle a eu cette voiture grâce à un riche commerçant qui la courtise… Mais bon, comme elle aime le dire : « De toutes les façons, il y aura toujours des personnes pour écrire un scénario et le réaliser dans un monde imaginaire. »

Hélène, une femme moderne…

Titulaire d’un master 2 en business international, major de sa promotion dans une école américaine, Hélène est aujourd’hui conseillère en marketing dans une agence pétrolière africaine de la place.

« J’aime me faire plaisir », telle est sa phrase favorite. Pour ce faire, elle n’a pas lésiné sur les moyens avant d’acheter cette range rover. Ce soir, pour le diner, ça sera des nems ! Alors direction chez « Ti Thai ».

Avec l’embouteillage monstre qu’elle réussit à braver avant de se garer devant le restaurant, Hélène prend finalement la décision d’emporter son diner.

Le restaurant est presque vide. Elle décide donc de s’assoir. Elle s’empare du magazine féminin, posé juste sur sa table et commence à le lire, le temps que sa commande arrive.

30 minutes plus tard, voici le serveur là, devant elle, les mains chargées de son plat qui sent tout bon. « Ah, les nems de chez Ti Thai, un vrai délice ! »

Alors, lorsqu’elle décide de se lever pour gagner la sortie, à peine, quelques pas, Hélène entend deux filles assises derrière elle, lancer : «  Et pourtant, c’est une vieille fille ! ». Les larmes aux yeux… elle se précipite, démarre sa voiture et rentre chez elle.

Ce que signifie le terme « vielle fille » en Afrique…

Et pourtant c’est une vieille fille… ! Avez-vous une fois entendu l’expression « vieille fille » ?

En Afrique, vieille fille veut dire une fille âgée et célibataire qui n’arrive pas à trouver un homme dans sa vie… Comme beaucoup de filles, Hélène en fait partie.

Hélène, 35 ans, célibataire, fait partie de ses femmes qui sont marginalisées par la société africaine parce que tout simplement, elles ne sont pas mariées.

 Une femme mariée a une bonne image dans la société africaine

Une femme mariée a une bonne image dans la société africaine. Crédit : Pixabay

En Afrique, une femme mariée est une femme à qui l’on doit un grand respect.

En Afrique, une femme mariée, c’est une bonne femme, un modèle pour tous.

En Afrique, une femme mariée, c’est la femme parfaite, celle qui sait faire de ses dix doigts quelque chose de bon.

En Afrique, une femme mariée, c’est la mère, l’épouse idéale, une vraie femme qui prend soin de son homme, de ses enfants, bref de sa famille.

A l’opposé, la femme célibataire serait synonyme de fille facile, de maitresse, de celle qui aurait raté sa vocation, sa vie. Et pourquoi pas celle qui serait maudite !

Le mariage : source d’épanouissement ?

Mais le mariage tel que conçu ci-dessus est-il toujours source de stabilité sociale, de bonheur ? Combien de femmes dites mariées sont-elles malheureuses aujourd’hui dans leur foyer ?

Les femmes mariées sont-elles toujours bonnes ? Sont-elles toujours fidèles à leurs époux ? Certaines ne maltraitent-elles pas les enfants de leurs rivales ou d’autrui ? D’autres n’ont-elles pas souvent recours aux pouvoirs mystiques pour arriver à se marier ? 

Faut-il se marier pour se marier et faire croire aux autres ce qu’on n’est pas en réalité ? Faut-il se marier pour plaire à sa famille, ses amis, aux autres ?

Ah si tout le monde se posait ces questions ! Des filles comme Hélène n’auraient pas les larmes aux yeux, quand on les appelle « vieille fille« .

Un couple : c’est deux personnes, pas une société…

Et pourtant, il y a parmi ces « vielles filles » des femmes vertueuses et qui ont la main sur le cœur comme Hélène. Hélène s’occupe et se consacre aux enfants et à ces jeunes qui parfois errent dans nos rues ou se réfugient dans les orphelinats, dans les hôpitaux.

Pour Hélène, on n’a pas besoin d’être mariée pour être une bonne femme. Le mariage est tellement sacré qu’il faut réfléchir et connaître la personne que l’on doit épouser. Un couple c’est deux personnes, pas une société.

Sur ces pensées, Hélène savoura ses nems et se dit qu’elle trouvera son homme, pas l’homme idéal comme le croit certaines célibataires ! Mais un homme qui saura la respecter et l’aimer telle qu’elle est. Et peu importe, si pour l’heure, on lui colle l’étiquette de « vielle-fille… » !

PS: Vous pourrez retrouver également les articles des autres challengers du #tbc sur ce thème.


Benguiste, quand l’embarras commence après les études

Que faire après les études à l’étranger, rentrer ou rester, telle est la question que se posent constamment les benguistes et étudiants africains. Fadal* et Lisette*, deux étudiants à l’université de Toulon, nous expliquent leurs différents choix.

Deux ans. C’est le temps qu’a duré les études de Lisette sur le territoire français. Lisette, titulaire d’un master II en droit, originaire du Sénégal, est rentrée définitivement dans son pays. Si cette diplômée benguiste, à l’instar de certains étudiants africains, a opté pour ce choix, ce n’est pas le cas pour beaucoup en l’occurrence Fadal.

Rester en France, pour un benguiste, est source de garantie

Après plus de cinq ans, celui-ci réside toujours en France. En quittant sa Guinée natale, Fadal le benguiste n’avait pas envisagé demeurer sur le territoire français. Mais, c’est plutôt la peur de ne pas réussir sa vie chez lui ; notamment, dans un pays en proie au chômage, au népotisme, à la corruption.

« Les gens qui rentrent, je les trouve un peu fous et super courageux de vouloir rentrer dans un pays sans avenir. J’ai du respect pour eux », affirme Fadal. « Si je dois rentrer ça sera juste pour les vacances. J’aimerais bien rester ici dans ce pays définitivement et y passé ma vie, si la France veut bien de moi (rires) », ajoute-t-il.

 Faire les études à l'étranger, le vœu de plusieurs étudiants benguistes
Faire les études à l’étranger, le vœu de plusieurs étudiants africains – futur benguistes. Source: Pixabay

Depuis qu’il a foulé le sol français, Fadal ne s’est retourné qu’une fois dans son pays d’origine. Mais cela a suffi de le convaincre à prolonger son séjour car les conditions sociales étaient toujours les mêmes. « Je pense que beaucoup rentrent pour des raisons diverses, certains parce que les parents les obligent, d’autres pour reprendre les entreprises familiales, d’autres encore parce qu’ils sont convaincus qu’ils seront bien que chez eux ; enfin d’autres parce qu’ils veulent apporter leur grain de sel à leur continent ou pays », avance –t-il.

Pour Lisette la benguiste, rentrer au pays c’est préserver sa vie familiale

Lisette notre benguiste, indéniablement, en fait partie. « J’ai décidé de rentrer définitivement dans mon pays, parce que malgré les bons moments passés en France, je ne me voyais pas faire ma vie là-bas. Bien vrai qu’ayant plus de chances d’y réussir professionnellement, pour moi ce n’est pas le plus important », nous confie-t-elle.

« Je suis très attachée à mon pays et à ma culture, et j’aurai aimé transmettre à mes enfants l’éducation que j’ai reçue. En France, cela est presque impossible. Personnellement, je suis rentrée pour fonder ma famille. Ça été dur pour moi de vivre loin de mon fiancé pendant deux (2) ans », affirme Lisette.

Quand l’embarras commence pour un benguiste après les études à l'étranger
Quand l’embarras commence pour un benguiste après les études à l’étranger – Source : Pixabay

En effet, fonder une famille au pays d’accord, mais réussir sa vie socio professionnelle en France d’abord. Voici, par contre, l’objectif que s’est fixé Fadal. Au début, c’était la désillusion ; désillusion dû au renouvellement de titres de séjour chaque année et à la cherté de la vie française. Ne bénéficiant pas de bourse d’étude, comme beaucoup, Fadal a fini par combiner études et emplois étudiants (livreur, plongeur etc.) même s’il reconnaît que ça été dur pour obtenir cet emploi.

Le master 12, vous connaissez ?

M’adressant à Fadal, je lui posai la question suivante:

–           Mais  que comptes-tu faire après tes études, concrètement ?

–           Grande question, il y a plusieurs possibilités : continuer en thèse de doctorat, chercher du travail ou rentrer au pays. Dans tous les cas, ces options présentes toutes des contraintes et un sacrifice ! Pour l’heure, je ne sais pas trop. Peut-être, je ferai un « master 12 ».

–           Un « master 12 », qu’est-ce que c’est encore, lui demandai-je?

–           (Rires), en fait, cela consiste à faire plusieurs et différents masters dans le but d’éviter une thèse pour le doctorat. Mais cela permet également d’avoir les justificatifs pour renouveler le titre de séjour ou rester toujours sur le sol français.

–           Haha, c’est trop rigolo ça ; surtout le nom « Master 12 ».

–           Eh oui très drôle parce qu’il y a des étudiants qui ont à la fois un master en génie civil, en langue et communication, art et dramatique, en environnement territorial, en musée et civilisation etc. bref dans tous les masters ( cela peut atteindre voire dépasser 12 masters) qui se présentent à eux pourvu qu’ils restent sur le territoire.  Voilà, pourquoi, on parle de « master 12 » (rires). Malheureusement, ce sort est réservé à plusieurs étudiants africains benguistes ici, me confia-t-il, cette fois avec un ton sérieux.

On le voit, rester en Europe ou rentrer au pays après les études, tout est une question de principes et aucun de ces principes n’est à négliger. C’est un choix à faire et l’objectif sera de ne pas avoir à le regretter. Bien évidemment des deux côtés, il y aura toujours des fiertés et des regrets.

NB : Les prénoms utilisés* dans cet article, ont été modifiés dans le but de respecter l’anonymat des différents interlocuteurs !

PS : Vous pouvez retrouver encore plus d’articles sur mon blog ; merci et à très vite !


Ma plume pour le #‎TBCS3E0‬

A l’initiative de « The Blog Contest Forum » pour sa 3e saison, un article sous forme de lettre de motivation a été demandé aux candidats déclarés. Faisant partie de ces derniers, je vous présente le mien, qui se résume en trois mots : curiosité, partage et expérience.

C’est un honneur et un plaisir pour moi de mettre à contribution ma plume pour le #‎TBCS3E0. Mais, avant tout, n’est-il pas juste et intéressant pour nous de faire connaissance ?

Moi ?

Qu’il me soit permis donc de me présenter brièvement à ceux qui me lisent pour la première fois. Alors, retenez ceci : Benjamin Yobouet, Ivoirien, étudiant master II Information et Communication  E -rédactionnel, résidant en France, mondoblogeur ; voilà grosso modo.

Moi, à Abidjan
Moi, à Abidjan. Crédit: Benjamin YOBOUET

Vous êtes plus curieux et curieuses que ça? Bah, pas de soucis, ne vous inquiétez pas, sur mon blog dans l’onglet « Moi ? », vous trouverez de quoi assouvir votre curiosité sur ma modeste personne.

Ma curiosité pour le #‎TBCS3E0

Cela dit, mes motivations pour le #‎TBCS3E0 se situent à trois principaux niveaux. J’ai découvert The Blog Contest Forum par le biais de mon confrère mondoblogeur Willfonkam et Leyopar par la suite.

Tous deux m’ont expliqué le mécanisme de ce forum : produire un billet chaque mois sur un thème choisi par les lecteurs, traité par plusieurs blogueurs et sur appréciation des internautes parfois exigeants (j’imagine déjà…). C’est justement cette particularité qui m’a captivité et aiguisé ma curiosité.

Partager une aventure nouvelle avec d’autres blogueurs et internautes

Certes, je fais partie de l’aventure Mondoblog depuis un an. Et rassurez-vous, elle demeure riche et belle. Mais, ce serait pour moi l’occasion de vivre une autre aventure  avec d’autres blogueurs que ceux que je connais déjà et un lectorat différent.

De plus, en tant que blogueur, nous manquons souvent de sujets à traiter, et je dirais que ce forum est le bienvenu. Si vous faites un tour sur mon blog, vous remarquerez sûrement que je concentre plus mes écrits sur les réalités des Africains en Europe (la diaspora). Cela me permettra de m’ouvrir à d’autres sujets.

Un exemple de lettre ou prise en charge signé par le garant
Ecrire et lire les autres, c’est bénéfique et un réel plaisir. Crédit libre : pixabay.com

Personnellement, j’estime que lire les autres, c’est apprendre, découvrir… Lire les publications des autres permet d’avoir une large ouverture sur le monde, surtout lorsqu’on provient tous de pays ou de continents divers. Et bien sûr, je ne vous apprends rien à ce sujet. Il est important de bénéficier et accepter de la part des autres, des internautes, les critiques objectives aussi salées soient-elles, parfois, pour s’améliorer.

Acquérir une expérience de plus à l’issue du #‎TBCS3E0

La conséquence directe, évidemment, serait d’acquérir une expérience de plus, au terme de cette saison. Sinon, à quoi servirait de participer à une telle aventure sans en tirer profit ? Ecrire des billets en tenant en compte des contraintes de temps, de thème imposé, de critiques…

Blog Contest
Le Hastag. Crédit: TheBlogContest

En résumé, le #‎TBCS3E0 consistera pour moi, à assouvir ma curiosité sur une autre manière de bloguer, en partageant une aventure nouvelle avec d’autres personnes afin d’acquérir une expérience de plus.

Alors, j’espère bien prendre part à cette nouvelle saison pour, pourquoi pas, vivre une énième aventure riche et belle bien sûr avec votre concours. Ma plume pour le #‎TBCS3E0, c’est maintenant, si vous le voulez bien. A vous le coup de sifflet… Allez go !

Benjamin YOBOUET


Benguiste, attaches-toi à ta culture malgré tout

Rincón de la Victoria, petite commune située dans le sud de l’Espagne n’échappe point à l’attraction des touristes à la recherche du soleil et de la plage. Et j’en faisais partie durant l’été dernier. Au cours de mon séjour, j’ai fait la rencontre de N’Diaye avec qui, nous avons échangé sur l’importance d’un benguiste de rester attacher à sa culture même étant en Europe.

Le passage maritime, lieu d’attraction du benguiste

Si pour les tenants de magasins espagnols, c’est l’occasion d’accroître les chiffres, c’est aussi le cas pour les vendeurs ambulants africains qui abondent les recoins de la cité en quête d’éventuels acheteurs d’objets d’art.

C’est une ambiance bien colorée et ancrée dans les habitudes depuis des lustres dans cette commune. Dès 20 heures, les lumières illuminent le passage maritime et donnent place à un concert de bruit, de cri, de défilés amoureux, d’acheteurs, de curieux, attirés par la diversité des produits proposés.

vue dans la journée sur la plage Rincon de la Victoria avec son célèbre passage maritime animé dans la nuit
Vue dans la journée sur la plage Rincon de la Victoria avec son célèbre passage maritime animé dans la nuit. Crédit: Wikipédia

Mélangé à cette foule, je fis la connaissance de N’diaye, benguiste, sénégalaise de 35 ans, mariée à un de ses compatriotes. Tous les deux sont commerçants au passage maritime de la Rincón. Au cours de notre échange, nous avions abordé plusieurs sujets mais l’un d’eux a plus attiré mon attention.

Parce qu’ils sont nés ici, mes enfants benguistes se prennent pour des Blancs

«  Mon frère, commença-t-elle,  cela fait 15 ans que je n’ai pas remis les pieds au pays. Cette année, je dois rentrer avec mes jumeaux, leur cadette ainsi que mon époux. Comme j’ai hâte d’y aller ! J’ai hâte d’y aller, certes, pour diverses raisons, mais la principale ce sont mes enfants. »

« Vois-tu, parce qu’ils sont nés ici, mes enfants se prennent pour des Blancs. Quand je leur donne certains ordres, ils me boudent en pleine figure. Ils ne savent rien du Coran puisque nous n’avons pas le temps pour le leur enseigner. Ils sont devenus des benguistes »

« Toi-même tu sais qu’ici on ne corrige pas les enfants comme en Afrique; il est interdit de les frapper. Or, l’éducation africaine recommande de châtier correctement l’enfant qui désobéit. C’est d’ailleurs cette éducation que j’ai moi-même reçue. Il en est de même pour leur père. »

le monument de la Renaissance africaine de Dakar (Sénégal) qui nous rappelle notre identité culturelle
Le monument de la Renaissance africaine de Dakar qui nous rappelle notre identité culturelle. Crédit: Wikipédia

« Ce voyage sera un grand souffle dans notre vie familiale, un moyen de leur inculquer la culture africaine. Heureusement grâce à Allah, nous leur avons appris le wolof. Ils le comprennent, mais difficile pour eux de parler régulièrement. »

Qu’en serait-il de nos futurs enfants enfants benguistes ?

Plus, elle parlait,  je prenais peur et j’ai pensé qu’en serait-il de mes enfants, de nos enfants? Moi, un benguiste, qui ai grandi en Afrique sans comprendre mon ethnie maternelle ? Vous me répondrez sûrement que cela se réglera simplement par des voyages au pays.

Mais combien de voyages devront-ils effectuer pour maîtriser une langue que leur propre père ou mère n’arrive même pas à manier ? Combien d’Africains venus « se chercher » dans l’hexagone peuvent s’offrir ce luxe d’envoyer chaque année leurs enfants au pays ? Ne seront-ils pas une génération perdue ?

On peut naître en Europe et maîtriser sa culture d’origine, le cas d’Awa

Au cours de notre échange, j’aperçus une jeune fille s’approcher de Fatou, une benguiste aussi. Elle s’appelait Awa. Cette dernière avait environ 18 ans. De famille d’origine sénégalaise Awa était née à Londres. Après s’être excusées, je laissai les deux femmes échanger dans leur langue d’origine (le wolof) avec les yeux admirateurs. Puis au bout de quelques minutes, Awa prit congé de nous. Fatou et moi continuons notre échange.

«  Tu as vu comment elle s’exprime correctement en Wolof, reprit Fatou ? Pourtant, jamais elle n’a mis les pieds au pays. Awa connaît parfaitement les prières, la tradition sénégalaise et cela grâce à ses parents. C’est cela, que je souhaite pour mes enfants. »

A qui attribuer la faute ?

A ces mots, je suis mis à réfléchir et à me questionner. À qui  pouvait-on  attribuer la faute de notre incapacité à nous exprimer dans nos langues paternelles et/ou maternelles ? Comme dans un miroir, je revis mes compatriotes benguistes désirant s’installer en Europe ou déjà installés à imiter le langage des Européens, adopter leur mode de vie. Pourtant, c’est à peine s’ils pouvaient s’exprimer dans leur propre langue.

L’européanisation à l’africaine, l’exemple de Prisca la benguiste

L’image de Prisca, la benguiste, m’apparut à cet instant précis. Un an, à peine en France, on l’aurait cru née dans ce pays, son seul refrain je « m’européanise » ou je m’intègre. N’allez pas lui demander une prononciation d’un simple « bonjour » dans sa langue maternelle.  Elle vous répondra qu’elle évite ses ressortissants pour une intégration parfaite.

Peur de rencontrer un compatriote, lorsqu’on ne maîtrise pas sa langue

Une fois rentré à la maison, j’expliquai ma conversation d’avec N’diaye, à un ami congolais. Il m’écouta, puis la tête baissée me confia ceci : «  Mon frère, j’ai peur de rencontrer un compatriote congolais en Europe. Lorsqu’il commencera à parler en lingala, je ne pourrai même pas prononcer un seul mot et c’est honteux  ».

« J’ai pris part une fois, continua-t-il,  à la réunion des jeunes de la Diaspora. C’était à Londres. Et tous mes compatriotes y compris leurs enfants s’exprimaient en lingala. Moi, j’étais là silencieux, telle une statue, la bouche totalement fermée avec « mon français « . »

Pour me taquiner, l’un d’eux me lança cette phrase : « Très cher benguiste, nous ne sommes pas ici entre français, attends, une fois sortie de la réunion. Si tu ne sais pas parler lingala, efforce-toi d’apprendre avec nous pendant que tu y es ; que de nous parler ton français. Nous tous, on a fait les bancs ».

« Depuis cette réunion, j’ai vraiment décidé de faire des efforts. Au lieu de perdre mon temps sur les réseaux sociaux à parler de choses inutiles, je profiterai de ce temps pour pratiquer ma langue maternelle. Pour qu’à la prochaine rencontre, je me sente plus intégré et fier d’être congolais ».

rester attaché à sa culture d'origine même étant benguiste
Comme cette ceinture il faut rester attaché à sa culture d’origine même étant benguiste. Crédit: pixabay

Ne jamais oublier d’où l’on vient

Je me suis dit que je n’étais pas le seul dans ce cas. Ma rencontre avec N’diaye la Sénégalaise a fouetté mon orgueil dans tous les sens. Est-il trop tard pour apprendre ? Non, je ne pense pas. J’ai décidé, à l’instar de mon ami congolais, de m’y mettre, car nous portons notre identité culturelle là où nous trouvons.

C’est bien de s’intégrer dans un pays étranger. Mais il est encore mieux de s’attacher à sa culture malgré tout. En clair, ne jamais oublier d’où l’on vient même étant benguiste. Mais à qui la faute ? Cette question continue de hanter mon esprit…

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Benguiste : ils ont tué ma foi

Si vous ouvrez votre livre d’histoire au chapitre « religion », on vous dira que le christianisme en Afrique nous vient de l’Europe. Et ce n’est pas faux ! Les premiers missionnaires avec leur Bible, ne sont-ils pas tous passés dans nos différents pays ? Mais aujourd’hui, peut-on considérer toujours l’Europe comme la mère du christianisme ? L’Afrique n’a-t-elle pas pris le dessus dans la pratique ? C’est le constat qui se dégage de l’expérience religieuse d’un benguiste africain vivant en France. Petite comparaison dans un récit !

Benguiste, je viens d’un pays où le christianisme est en plein essor

Chrétien, je viens de la Côte d’Ivoire où la foi chrétienne connait une croissance considérable. Un pays où la religion chrétienne est devenue une coutume ou une tradition. Chaque dimanche est considéré comme un jour spécial et même très spécial. Déjà, dès l’aube, dans les rues, ça grouille du monde, ça bouge dans tous les sens ! Tout le monde s’active, soit pour la messe, soit pour le culte.

Enfant, chaque dimanche, maman me réveillait tôt le matin. Elle m’apprêtait et me prenait la main : direction l’église. Il y avait le culte pour les enfants et pour les adultes. C’était des moments forts et particuliers. En Afrique, dès l’enfance, on vous inculque déjà la culture et cet amour pour la religion.

Il arrivait souvent que certains de mes amis soient réfractaires. Mais leurs parents instauraient des conditions ou des règles, lorsque la méthode de la carotte s’avérait inefficace.  Alors, soit ils n’avaient pas droit, par exemple, au petit déjeuner ; soit au repas de midi ou tout simplement, on les privait d’argent de poche. Mais, entre nous, quel enfant voudrait subir une telle punition ? Aucun !

En fait, ces parents faisaient tout cela pour encourager leurs enfants, même si après ces deniers n’avaient pas trop le choix. Et bien sûr, cela marchait efficacement. Oui, on peut dire que les missionnaires ont bien réussi leur mission en Afrique non !

En Afrique justement, la foi est présente partout dans les faits, tellement apparente dans le quotidien de chacun qu’on qualifierait nos pays laïcs de « royaume parfait du Christ ». Les églises poussent comme des champignons à chaque carrefour. C’est le cas à Abidjan, où toutes les salles de cinéma se sont finalement transformées en lieux de culte.

En dépit, de cette floraison de ces lieux, les fidèles ne manquent jamais. Les églises refusent du monde. Tant qu’il y a des veillées, des prières, qui pour avoir une âme sœur, qui pour trouver du travail, qui pour avoir du succès professionnel ou dans les affaires. Tant qu’il y a de l’ambiance, des chants, des danses, des miracles… pour attirer les enfants de Dieu, l’église ne désemplit pas.

Regard d'un benguiste sur la foi chrétienne en France
Regard d’un benguiste sur la foi chrétienne en France. Source: pixabay

On le voit, dans nos pays africains, la foi est vivante. Elle germe exponentiellement au fond de l’être comme un fleuve sempiternel fait pour blanchir les mares. Et ce décor plaisant m’a donné l’envie de découvrir davantage une foi plus fervente et nourrissante en me dirigeant vers l’Europe : la source même de la religion chrétienne. Me suis-je trompé ?

Regard mitigé d’un benguiste sur la foi chrétienne en Europe

Je me suis donc envolé dans la France catholique. Ce beau pays, de plus de 60 millions d’âmes. Ce pays où  la majorité de la population a adopté le  christianisme comme religion de base.

En venant ici, j’étais , en tant que benguiste,  persuadé et même convaincu que ma foi serait encore plus intense qu’au pays puisque, étant présent sur la terre du christianisme. J’avais donc la ferme conviction d’avoir fait le bon choix de fréquenter très rapidement une paroisse. Seulement voilà, le décor m’a paru plus obscur qu’insaisissable. Grande fut ma surprise de découvrir de belles et grandes églises, mais sans de fidèles à l’intérieur. A vrai dire, on pouvait compter facilement les paroissiens du bout des doigts.

Non seulement la communauté paroissiale était petite, mais elle était majoritairement composée de personnes âgées. J’ai finalement réalisé au bout de quelques semaines que nous n’étions qu’une poignée de jeunes, dont environ cinq africains benguistes parmi tous ces paroissiens.

En effet, la foi existe ici que chez les vieillards, ces êtres sans force qui cherchent à se rapprocher de Dieu pendant les derniers soupirs de leur existence. Quant aux jeunes, n’en parlez pas. Pour eux, la foi chrétienne n’est pas une priorité. D’ailleurs, il n’est toujours pas tard de se rapprocher de Dieu non ? Ne faut-il pas plutôt profiter au maximum de la vie et ses « jouissances » ?  Le reste, on y remédiera, lorsqu’on sera à la porte de la vieillesse.

Un dimanche d’été, j’ai rencontré un ami français de la fac, lorsqu’il m’a demandé où je partais, je lui ai expliqué que je me rendais à l’église. Il m’a regardé avec de gros yeux et d’un air hagard. Il m’a fait savoir qu’il se rendait à la plage pour profiter du bon temps avant d’ajouter avec un brin d’humour : « Bah, passe un bonjour au Seigneur de ma part ».

Parlant de plage, au sud de l’Espagne particulièrement dans la commune de Rincon de la victoria, le dimanche est jour de plage. Un de mes amis m’a expliqué, lors de mes récentes vacances espagnoles, que le curé avait même fixé l’heure de la messe à 11 h afin de gagner plus de fidèles paroissiens.

Malgré cela, plusieurs préféraient savourer des instants de bonheur au bord de l’eau. Ceux qui faisaient un effort venaient à la messe avec leurs équipements ou accessoires de plage, souvent en débardeur ou en short. Dès que la messe finissait, ils se dirigeaient tous  vers les plages.

Allez donc comprendre l’ambiance des messes et la tiédeur dans les différentes activités de l’église ici. Les messes sont parfois monotones avec des chants classiques, grégoriens… De plus, la plupart des prières se font uniquement en latin. Pas de chants africains ou d’ambiance. Non !

La seule fois, où j’ai essayé d’esquisser quelque pas lors d’un baptême, toute l’assemblée a posé les yeux sur moi. Mon ami qui était près de moi m’a soufflé ceci  : « Oh mon frère, tout le monde te regarde, arrête tes danses là ». En clair, les paroissiens étaient tous étonnés.

Mais où est passé ce continent, apôtre du christianisme ? Où est passée l’Europe, cette mère du christianisme en Afrique ?  Où est passée cette mère, qui à travers ses nombreux missionnaires, nous a enseigné l’Evangile ? Plus d’un siècle après, l’Europe semble avoir perdu sa casquette de mère de la foi chrétienne. L’Afrique qui a été l’élève désormais lui dame totalement le pion.

La croix du Christ, le fondement du christianisme
La croix du Christ, le fondement du christianisme. Source : Pixabay

Mon frère benguiste, ils ont tué ma foi

Malheureusement, ce tableau de l’état de la vie chrétienne en Europe tend à décourager de plus en plus les fidèles, les benguistes ou africains, autrefois fervents dans leur pays.  C’est le cas de mon ami Riman. Un dimanche, à la sortie d’une messe, mon ami m’a lancé cette phrase : « Mon frère, ils ont tué ma foi » !

J’avoue avoir été choqué par cette phrase aussi petite soit-elle. En vérité, mon ami benguiste n’avait pas tort. Lorsqu’on a apprit, dans son pays d’origine, à vivre une vie religieuse plus intense et qu’après, on se retrouve nez à nez devant une telle réalité, on ne peut qu’être déçu ! Les pèlerinages, les réunions, bref les activités dynamiques entre jeunes au pays ne sont plus qu’un vieux souvenir à présent.

Mais je dis à mon ami benguiste et à d’autres qui se retrouvent dans cette situation ceci : « gardez la foi, car la vraie foi résiste à toutes sortes de vagues. Elle est présente partout dans les cœurs pour toujours et pour les siècles et des siècles, amen ! La foi est vivante, éternelle et ne meurt jamais. Cher tous, soyons rassurés, rien ni personne ne tuera notre foi.

 


Benguiste: derrière l’eau, mon illusion

La traversée de l’Atlantique mon rêve, mon espérance, mon illusion.

Ô grandes sont les douleurs qui m’accablent, lorsque les portes légales pour cette traversée se referment sur mes pas sans motif valable.

Ma haine grandit quand la corruption s’emmêle pour l’obtention du tampon de la traversée.

A qui crier ma colère ? Dans un monde détenu par Dieu Argent et Dame relation !

Moi benguiste pourquoi pas ?

Ma seule issue, la traversée maritime peu importe qu’elle soit dans l’illégalité.

Mon illusion prend force dans les clichés de mes compatriotes benguistes, vainqueurs de la traversée affichant leur réussite sur les réseaux sociaux, ou dans les rues des villes africaines lors de leurs séjours en héros.

Périrai- je comme la majorité des migrants sur les bords ?

J’ai pas le temps d’y penser. Ne dit-on pas que la vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie aussi ?

Je me nourris des pensées positives des vainqueurs, des benguistes.

A qui la faute si malheur m’arrive ? Politiciens, ambassades, chômages, désespoir, benguiste?

Je n’ai pas le temps d’y penser ; sortir ma famille de la pauvreté m’anime

Derrière l'eau, mon illusion pourquoi pas moi futur benguiste

Partir en Europe, peu importe, le moyen ?

Oui rien ne m’arrêtera devant ma rage de réussir cette traversée maritime

Peu importe si mon corps flotte sur les eaux salées où l’on compte des défunts rejetés par les vagues si froides aux abords des côtes de Lampedusa ou Tarifa

Ma couronne sera mon essai, mon envie de sortir de cette misère

Certains en ont réussir alors pourquoi pas moi ?

Quand vous trouverez une stratégie pour arrêter mon enthousiasme. Je perdrai cette illusion

L’Allemagne a fait un grand pas ; à qui le tour ?

Moi, benguiste pourquoi pas?

Derrière l’eau mon illusion, mon espérance.

 


Benguiste, et pourtant s’ils savaient

C’est une joie pour tout benguiste et africain en général d’enjamber l’océan atlantique. De fouler le sol européen tant prisé par les médias. Un sol présenté comme la terre promise pour l’étudiant qui part poursuivre ses études ou du gain facile pour l’aventurier.

Des images fausses, pour la plupart du temps, lorsqu’on y débarque et que l’on  finit par découvrir soi-même. Une autre réalité ! Elle commence par le changement de climat, de mentalité, de culture et très souvent de langues.

Cher (e) futur (e) benguiste, l’Europe n’est ni pas un paradis

Après le temps pour s’adapter, il faut lutter pour gagner sa vie qu’on soit là pour l’aventure ou pour les études. Vigile, livreur, plongeur, vendeurs ambulants,  jusqu’au nounou … aucun métier n’est épargné.

Des métiers pourtant difficiles à acquérir et qui demandent des heures de travail pour une rémunération, qui parfois ne permet pas de joindre les deux bouts. La vie en Europe est chère pour un benguiste comparée à celle en Afrique.

benguiste, et pourtant s'ils savaient
Partir à l’aventure constitue souvent un espoir pour les siens. Crédit Photo: flickr.com

Malgré tout cela, les parents, amis et connaissances au pays ont une longue liste de projets. Ils attentent les moyens financiers d’un benguiste, depuis l’Europe. Chaque appel venant de l’Afrique donne des vertiges  au benguiste ou  la peur au ventre avant même de décrocher.

Même s’ils appellent pour prendre des nouvelles du benguiste en question, la fin se terminera toujours en  commandes pour le jour du retour. Un retour qui efface la joie de revenir après de longues années pour faire place à la peur de ne pas pourvoir satisfaire toute le monde.

Un monde qui oubli que les compagnies comme « dhl », « fedex » ou parfois la poste sont implantées en Afrique pour envoyer tout comme recevoir également les colis. Et non des compagnies installées uniquement en Europe pour des envois sans retour.

Comment peut-on accompagner une personne à l’aéroport , il y a à peine deux semaines . Quand celle-ci est partie pour des études, l’on  lui demande une tablette de dernière génération  ?

Des expériences vécues et racontées par des amis benguistes  

Hier, assis sur un rocher, la main sur la joue, je regardais tristement Fatou. C’est une jeune sénégalaise benguiste,  vendeuse d’objets d’art vivant depuis trente ans en Europe. Elle me demanda pourquoi j’avais l’air si triste.

Je commençai à lui expliquer que j’avais expédié 50 euros à une connaissance et après retrait même pas un merci. Après quoi, j’ai appris plus tard que cette connaissance est allée dilapider cet argent dans un bar en une soirée!?

Fatou se mit à rire et me dit : si je t’explique mes soucis aussi, tu risques de pleurer car mon histoire est pire que la tienne donc vaut mieux subir sans prise de têteJe pars très bientôt au Sénégal après cinq ans d’absence; mais depuis plus d’un an, je prépare mon voyage. Je compte envoyer très peu de vêtements pour moi ; car la majorité de mes affaires seront à la solde de ma famille.

Et pourtant s'ils savaient.
Et pourtant s’ils savaient… Source : Pixabay

Un ami étudiant du Congo , quant à lui, décida de me conter une anecdote. Il me disait en substance : «  Mon cher, mes amis au pays sont plus que des calculatrices, il suffit de leur demander combien font telle ou telle somme d’euro en Fcfa automatiquement ils te le diront ».  Avant d’ajouter : «  Moi ma mère m’appelle cinq mois avant les fêtes de fin d’années pour me prévenir : son argent d’habits et poulets. ». Ah mon Dieu !

Quand la faute revient aux benguistes eux-mêmes

A qui la faute ? En vérité en vérité, la réalité revient souvent à certains benguistes. Quand on sait que certains avec les réseaux sociaux propagent une image de facilité de la vie en Europe via des photos, des vidéos etc. dans tels lieux ou tels monuments. Cela donne assurément des idées, une image trompeuse surtout que ces derniers viennent à peine de quitter l’Afrique.

Je disais un jour à un ami benguiste au cours de mes vacances chez lui en Espagne, que ce sont les africains eux-mêmes qui font qu’on leur demande telles ou telles choses. Avez-vous déjà vu une fois, une personne demander de l’argent à une autre qui n’a en a pas ? Jamais ! On demande toujours de l’argent à celui qui a les moyens. Que certains benguistes ne viennent pas se plaindre après leur « m’a tu vu » par ci ; par-là.

Peu importe l’endroit d’où vous venez, du pays, du continent : Côte d’Ivoire, Sénégal, Congo, Maroc, Brésil etc.,  la mentalité de certains de nos frères et sœurs envers leurs compatriotes  en Europe resta toujours la même : celle de la réussite coûte que coûte. Quel que soit ce que vous leur raconterez, ils ne vous croiront pas cher benguiste.

Saint Thomas, l’apôtre du Christ n’a t-il pas lui aussi douté et été incrédule avant de voir en son temps ?  » Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Cf Jean 20:25.

Pour le paraphraser, on pourrait dire ceci: « Si je ne monte pas dans un avion; si je ne foule pas le sol d’ un pays européen ou américian, si je ne vis pas toutes ces réalités de l’Europe ou de l’Amérique. Non je ne crois pas « !


#Mondoblog : le plaisir de lire les autres

C’est toujours un plaisir. Un réel plaisir, un plaisir renouvelé. Un plaisir de lire les confrères et consœurs, qui illuminent notre plateforme. C’est assurément une bonne chose de déguster tous ces billets riches et différents les uns des autres. N’est-ce pas ?

Lire les autres, c’est aussi et surtout apprendre, découvrir…

Lire les publications des autres permet d’avoir une large ouverture sur le monde, surtout lorsqu’on provient tous de pays ou de continents divers. Lire les autres permet de savoir ce qui se passe dans telle ou telle zone, sans forcément consulter l’actualité sur les grands sites, les chaînes ou les stations de radio.

Notre plateforme est là pour ça ! Les « mondoblogueurs » sont en quelque sorte de véritables correspondants dans leurs pays respectifs. Vous voulez savoir ce qui se passe au Cameroun, en France, au Maroc, au Bénin, Togo, etc. ? Bah, les blogueurs de ces pays sont là, pourquoi ne pas les lire? Pour les infos sur la Côte d’Ivoire, le Sénégal, l’Allemagne, le Brésil, la RDC : idem ! Il y en a pour tous les goûts.

Lire les autres, c’est également et surtout apprendre, découvrir plusieurs styles d’écriture, diverses méthodes de mise en pages , des tons variés, des thèmes spécifiques abordés. Lorsque je lis par exemple les billets d’Ecclésiaste, parlant des Camerounais, je ne peux m’empêcher de sourire et parfois de rigoler.

La diversité dans l’unité, voici ce qui fait le charme de Mondoblog…

Si certains blogueurs sont parfois généralistes dans leurs publications, d’autres, par contre, préfèrent se concentrer sur un thème précis. C’est le cas chez Lucrèce, où l’on retrouve le plus souvent l’actualités des TIC. Dans la multitude des billets de notre plateforme, on a souvent droit à des poèmes, à des billets épisodiques (partie 1,2..), à des reportages, à des coups de gueule, à des récits, etc.

vie communautaire (mondoblog)
Crédit – Mondoblog Rencontre des mondoblogueurs Abidjan


Un garant s’il vous plaît pour un benguiste

« Garant », voici le mot qui m’a le plus marqué. Et qui, je crois bien continue bel et bien son effet. Pourtant, il est si petit et minuscule. Il ne comporte que six lettres. Mais il est plus que nécessaire dans les démarches administratives de beaucoup en particulier celles de tout benguiste.

Bon, je sais que vous connaissez bien ce mot et que vous l’aviez déjà employé ou entendu quelque part. Ne vous inquiétez pas, je vais vous rafraîchir un p’tit peu la mémoire.

Personnellement, j’ai réellement entendu ce mot en 2014. Eh oui, je l’avoue honnêtement. Je pourrais le jurer sur 2, si vous le voulez (rires).  C’était pendant la période où je préparais activement mes dossiers pour les études en France. Mon ami benguiste qui m’aidait dans cette tâche, dans l’une de nos nombreuses conversations, m’a lancé ceci :

  • « Je pense que ton dossier est pratiquement complet. Mais il te faudra maintenant un GARANT».
  • « Un garant ? », avais-je rétorqué. Plus tard, j’ai compris ce qu’était un garant.

En termes de droit, un garant, c’est une personne ou un organisme assumant légalement la responsabilité de répondre (de quelque chose auprès d’une autre personne ou d’un autre organisme).

Comme moi hier, aujourd’hui encore et pour beaucoup  notamment tout benguiste ou  futur, on a de plus en plus besoin de GARANT, et ce à plusieurs niveaux.

1- Pour le/la futur(e) benguiste dans la demande de VISA

Si vos parents sont financièrement répondants, tant mieux. Si vous bénéficiez d’une bourse d’étude, ça c’est une bonne nouvelle également ! Bon quand on sait que les bourses d’études sous nos tropiques sont des perles rares, il faut bien avoir du souffle et le moral aussi.

Si vous ne répondez pas aux critères ci-dessus, il vous reste une autre issue, la dernière peut-être. Vous devez disposer vous-même d’un compte bancaire contenant une somme conséquente. 3 millions de F CFA minimum, pour un étudiant ?! Oui ! Vous voyez ? Un garant n’est-il pas mieux ? Sinon pas de Visa !

Pas de garant stable , pas de Visa
Pas de garant stable , pas de Visa. Crédit libre : flickr.com

Il faudra aller chercher un garant quelque part, peu importe, par-ci, par-là ; peut-être parmi les oncles, les tantes, les cousins, les amis, les connaissances (malheureusement souvent dans leurs recherches effrénées, certains tombent sur des arnaqueurs).

Mon cher, ma chère benguiste, personne ne se portera garant aussi facilement parce qu’au-delà des paperasses, c’est un engagement total, relisez la définition d’un garant et vous comprendrez. Ça devient alors un véritable périple : difficile et interminable.

2 – Pour un logement d’un benguiste

C’est toujours la même course, les recherches de garant ne s’arrête pas à la demande du VISA. En Europe, particulièrement en France, rares sont les propriétaires (bailleurs) qui accepteront que vous logez dans leur maisons sans garant. On appelle cela une caution solidaire.

Un garant, une nécessité absloue pour les démarches administratives
Un garant, une nécessité absolue pour les démarches administratives. Crédit libre : pixabay.com

Eh oui sans garant, pas de logement ! Attendez, vous pensez dormir dans maisons de blancs comme ça ? Sans que vous ne travailliez ; sans que vous n’ayez de revenues suffisants. Non, vous rêvez ou quoi ?! Surtout qu’on sait que certains locataires benguistes laissent parfois de mauvais souvenirs aux bailleurs. C’est dommage !

D’ailleurs assurez-vous que votre garant réside en France, ait un salaire trois fois plus que votre logement (les 3 dernières fiches de paie à l’appui). Sans quoi, n’espérez pas trop, à moins qu’un miracle ne se produise (rires).

Même le CROUS, l’organisme qui met des logements à disposition des étudiants, vous demandera la même chose. Ce n’est pourtant pas les particuliers qui exigeront le contraire.  Il existe la CLE sous conditions mis en place par l’Etat français. Mais cela prend souvent du temps et des tralalas qu’on est généralement obligé de faire fi.

Partout où vous irez, partout où vous appellerez pour un logement, la première des choses qu’on demandera au benguiste c’est ceci : « Est-ce que vous avez un garant » ? Vous devrez alors trouvez un garant. Ça devient alors un véritable périple : difficile et interminable.

 3 – Pour le titre de séjour du benguiste

J’ai cru qu’une fois arrivé en France pour les études, on était à l’abri d’un « garant » pour le renouvellement du titre de séjour. Oh que non ! Le garant c’est donc pour tout le séjour et pour tout le cursus académique pour le benguiste? A moins, que vous ne trouvez un contrat de travail conséquent. Bon ça, c’est autre débat !

La préfecture vous demandera au benguiste, du moins,  chaque année des justificatifs financiers. 615 euros par mois, voici ce que votre garant devra s’engager à vous envoyer à travers une lettre de prise en charge (les 3 dernières fiches de paie à l’appui). Evidemment, son salaire doit être conséquemment supérieur.  Faut-il trouver un garant encore pour cela ? La réponse est toute simple : oui ! Ça devient alors un véritable périple : difficile et interminable.

Si vous devez additionner un garant pour la demande d’un Visa. Un garant pour un logement. Un garant pour le renouvellement du titre de séjour. Voyez combien de paperasses, de tournures, de stress il faut gérer simultanément !

Un exemple de lettre ou prise en charge d'un benguiste
Un exemple de lettre ou prise en charge d’un benguiste. Crédit libre : pixabay.com

Pourtant, il n’y a pas que ces trois types de demandes  qui nécessitent un garant. Un garant est aussi obligatoire pour un prêt bancaire par exemple ou un prêt d’articles etc.

A vrai dire, un benguiste a toujours besoin d’un garant pour telle ou telle démarche. On a envie de dire tout simplement, dans chacune de ces circonstances : un garant s’il vous plaît pour les benguistes que nous sommes !

PS: Retrouvez encore plus d’articles sur mon blog ; à très vite !


Progrès technologique, pourquoi j’ai peur

Internet. Une conception. Un réseau. Un canal exceptionnel. Qui ne se réjouira pas de l’avènement de ce bijou des nouvelles technologies de l’information et de la communication et bien d’autres ? Très peu de personnes ! À moins qu’elles ignorent encore ce que c’est que l’informatique, le Web 2.O…

Un seul clic et vous êtes sûr d’être à l’autre bout du monde. Vous êtes certain d’atterrir dans le pays de votre choix et ce,  sans frais, sans  passeport, à l’abri de toutes les sortes de formalités.

Que c’est beau de parader de ville en ville, de capitale en capitale grâce à cet unique et minuscule mot de huit lettres « INTERNET », qui nous permet rester en contact !

Que c’est beau de jouir de toutes ces nouvelles applications, de tous ces logiciels ! Que c’est beau de jouir de toutes ces innovations qui nous bluffent totalement ! Aujourd’hui, on nous parle même des premiers Smartphones pliables en France. Wahou ! Tout cela, c’est l’œuvre ou le fruit des progrès de la technologie.

L'expansion des tablette, une technologie appréciée
L’expansion des tablettes, une technologie très prisée. Crédit libre: Pixabay.com

A  l’allure où ces technologies progressent à un rythme effréné, il est mieux de s’arrêter juste un instant pour cogiter un peu au « pourquoi » et au « comment » de certaines choses. Oui, en vérité, en vérité, je vous le dis, j’ai peur.

  • J’ai peur, lorsque je m’aperçois que ce sont des robots dans certaines entreprises qui trient ou sélectionnent les Curriculum Vitae ou CV des personnes pour des emplois ou autres ; en fonction de critères préétablis.
  • J’ai peur, lorsque j’apprends que ce sont des robots (encore eux) qui rédigent désormais certains articles. On parle même de robots rédacteurs qui remplaceraient les journalistes. Des journalistes qui ont suivi des formations pendant des années ?! Au Québec par exemple, des journalistes ont été virés par des robots rédacteurs.
  • J’ai peur, quand je vois plusieurs machines fabriquées pour de multitâches, lessive, vaisselle, pour presque tout, même pour cuire un œuf ou pour laver un torchon. Bon, ce n’est pas aussi mauvais que ça surtout que cela participe à un meilleur cadre de vie, particulièrement chez nous en Afrique ! Mais que deviendront ces personnes qui ne vivent que des services de ménages chez des particuliers ou des entreprises ?
  • J’ai peur, parce qu’on tend vers une croissance du taux de chômage dans le monde. On nous parle déjà de disparition de plusieurs métiers dans l’avenir ; du chauffeur de taxi au livreur en passant par le bibliothécaire. Découvrez davantage à travers le lien suivant : « Les 10 métiers qui vont disparaître ».
  • Ce n’est pas tout ! J’ai peur parce que vous le savez plus que moi, nos données personnelles ne sont plus sécurisées via Internet. Un jour, vous retrouverez vos coordonnées à des endroits où vous vous doutiez le moins.

C’était le cas d’une amie qui a découvert une affiche publicitaire sur laquelle, une de ses photos était à la Une ? Ainsi, on est plus à l’abri de toute sorte d’arnaque, d’usurpation d’identité, etc. Vous voulez savoir ce que Google sait de vous ? Eh bien cliquez ICI et vous verrez.

  • Enfin, j’ai peur de l’impact que peuvent avoir les progrès technologiques sur notre santé physique, morale, psychologique…
Le progrès technologique
Le progrès technologique. Crédit libre: Pixabay.com

Le problème c’est que nous sommes devenus très dépendants. Tout est devenu tellement facile pour nous. Moi, j’ai passé 3 semaines sans connexion aux réseaux sociaux, à Internet. C’était un défi. Je ne suis pas mort ! (Rires).

J’espère que nos chers inventeurs, techniciens et autres trouveront des solutions. Surprenez-nous un jour – pardon soulagez nous toujours. Pour l’heure, on a grand-peur !

 


Préfecture : le carrefour des benguistes

C’était un 19 août. Je débarquais à l’aéroport d’Orly de Paris. Dans quelques jours ça fera un an jour pour jour que je séjourne au pays des benguistes. Le visa long séjour que m’a accordé l’ambassade de France en Côte d’Ivoire expirera. Dommage !

L’OFFI, l’organisme ou la mère des benguistes

A mon arrivée, il fallait que je me présente à l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Chose que j’ai faite quelques semaines plus tard. Question de se faire enregistrer, de certifier, mais aussi et surtout de « sécuriser » mon visa d’étudiant d’un an. Un visa qui de facto, se présente comme étant le premier titre de séjour.

En fait, l’OFII est la première mère de tout benguiste ou nouveaux étrangers. Si vous venez pour la première fois pour un séjour de plus de trois mois en France, votre maman est là. Elle vous y attend. Elle vous accueillera à bras ouverts, mais pas pour longtemps.

Après ce premier contact, fini les rapports mère-enfant. Il faut aller voir ailleurs. Vous êtes majeur maintenant. Un an, ce n’est pas un mois ! Encore moins un jour ! Cet ailleurs-là, n’est autre que la préfecture.

Ah, la préfecture, le lieu par excellence de tout benguiste en France ! L’un des lieux les plus visités. Oui ! Qui est-ce qui vous a dit que c’était la tour Eiffel ? Faux ! (Rires). La préfecture vaut mille fois mieux que la tour Eiffel, que la Défense, que les Champs-Elysées, etc., pour un benguiste.

La tour Eiffel
La tour Eiffel Crédit libre : Pixabay.com

Sinon, vous risquerez de vous retrouver au pays de « si je savais ». Eh oui pour avoir osé négliger Dame Préfecture. Le tout sanctionné par le fameux diplôme OQTF entendez par-là : Obligation de quitter le territoire français. Quel toupet ! On ne badine pas avec cette grande dame-là ! Elle passe avant tout. Après, vous pourrez visiter tous les sites touristiques que vous voulez. (Rires).

La préfecture, lieu de prédilection des benguistes

Lorsqu’un benguiste reçoit un courrier avec le sceau « Préfecture », son cœur descend jusque dans son bas-ventre. C’est automatique. Et vice-versa. Lorsque l’un de vos proches vous dit : « Je vais à la préfecture demain », dites-lui seulement : « Bonne chance mon frère, ma sœur ». N’ajoutez rien !

A la préfecture, les rangs sont kilométriques, voire « gigamétriques ». Surtout dans les grandes villes comme Paris. Que vous le vouliez ou non, vous irez à la préfecture de gré ou de force. Quel que soit votre âge, votre sexe, votre statut où je ne sais quoi d’autre encore. Tout le monde se retrouve là-bas, enfin les benguistes en majorité.

File d'attente benguistes prefecture
C’est comme ça la file d’attente devant les préfectures pour les benguistes Source : Pixabay

Chacun est présent pour le précieux titre de séjour. Ça se bouscule, ça se piétine ; ça se plaint. On s’assoit, on se lève. Certains entrent, d’autres sortent, pile de dossiers en mains.  Bref, ça bouge à la préfecture. Vous voyez, c’est plus qu’un site touristique non ? Je vous l’avais dit ! (rires). Alors, si vous avez rendez-vous à la préfecture la matinée, vaut mieux fermer un seul œil durant la nuit.

Attention à ce que les dossiers soient complets

Gare à vous si votre dossier n’est pas complet ou en ordre. Les pièces et justificatifs à fournir ? Non, ne me demandez pas. Vous risquez d’avoir des céphalées pour rien. Malgré tout, on aime la préfecture – pardon, on l’adore ! Il y a trop de tralalas ? Oui mais les benguistes sont déjà habitués. C’est une question d’habitude parce que chaque année, c’est la même routine. Comme dirait l’autre, donner aux benguistes ce qui est aux benguites (rires).

Ah oui j’oubliais une chose. Comment pouvais-je oublier une si grande nouvelle ?! Selon la nouvelle loi sur l’immigration, le titre de séjour sera pluriannuel. Ce n’est pas bien grave, on se verra chaque deux ou quatre ans : D (Evidement, il y a des conditions).

Nanterre Prefecture
Façade de la préfecture de Nanterre, en banlieue parisienne. Crédit libre : Wikipedia common

Bon, je crois bien qu’il est temps de vous laisser. Je dois rassembler et vérifier mon dossier. Demain, je pense bien que j’irai à la préfecture. Là-bas, je rencontrerai mes frères et sœurs maliens, guinéens, camerounais, sénégalais, togolais, ivoiriens… bref tout le monde ! Ça sera chouette et intéressant non ? On se retrouvera au QG (quartier général), à notre carrefour : la préfecture.

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Benguiste : tu viens quand, tu repars quand ?

Cela fait quelques jours seulement que Krystel, mon amie, est rentrée au pays. Elle y est pour les vacances. Mais depuis son arrivée, une seule question court sur toutes les lèvres autour d’elle : « ma chère benguiste, tu repars quand » ?

Bon, une seule fois au passage, ça va. Deux, trois fois, cela se comprend. Plus de quatre fois, voire plusieurs fois dans la journée ? Là ça devient agaçant un peu non ?

Pourtant, m’a-t-elle confié, lorsqu’elle était en Europe, ses parents, amis et connaissances la réclamaient tout le temps à travers cette question » : « Tu viens quand » ? Quel paradoxe ! Quelle contradiction ! N’est-ce pas ?

« Tu viens quand ? Tu repars quand ? », voici les deux questions auxquelles sont confrontés de plus en plus, les benguistes entre leur pays d’origine et celui de leur résidence. Vous direz peut-être que c’est de bonne guerre. Ce n’est pas faux !

Mais cela est bien plus, que ce vous pensez, surtout quand on se retrouve chez nous en Afrique. Comment ? Eh bien, découvrons ensemble les deux principaux cas de plus près. Peut-être, me donnerez-vous raison plus tard. Je dis bien « peut-être ». Let’s go !

Tu viens quand tu repars quand

1er cas : Tu viens quand benguiste ?

Qui ne souhaite pas revoir son proche qui se trouve aujourd’hui loin de soi ? Un parent avec qui on a vécu d’intenses moments, mais qui réside désormais là-bas au bout du monde, à des milliers de Kilomètres ? Assurément personne !

Le bonheur dit-on on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Pour certains, cela fait plus d’un an loin des siens. Un an seulement ? Cela peut paraître peu. Mais pour une mère par exemple, ça fait beaucoup ! Pour d’autres, cela fait peut-être deux, cinq voire 10 ans et plus.

A ce moment-là, la famille, les amis vous réclament énormément. Que dis-je, vous harcèle un peu trop. C’est vrai qu’il existe la magie d’Internet ou des TIC. Toutefois, ni les photos envoyées ou publiées sur Internet, ni les discussions sur les réseaux sociaux, ni même les appels téléphoniques ne combleront le contact physique, ce contact réel et chaleureux.

Comment est devenue ma fille, mon fils, ma mère, mon pote, mon amour… La liste n’est pas exhaustive. Ah qu’il ou elle a changé ! Bon Dieu, comme j’ai envie de le ou la serrer dans mes bras ! Voici autant de souhaits formulés par les siens.

Et dans toutes les conversations qu’on aura avec les amis, parents et connaissances, cette question ne manquera jamais. Mais tu viens quand même ? On a trop envie de te voir. Tu nous manques beaucoup. Pardon, viens nous voir un peu. Ou bien tu ne veux plus revenir au pays ? Tu n’as plus envie de nous voir ?

Voici ce à quoi un benguiste est souvent confronté. On peut appeler cela un harcèlement fraternel et familial n’est-ce pas ? (Rires) !  Non je déconne un peu, mais c’est la réalité. Pourtant vous et moi, nous savons, qu’on ne rentre pas au pays comme si on revenait d’une simple balade. Non ! Voici ce qu’il faut savoir avant de retourner au bercail .

2e cas :  Benguiste, tu repars quand ?

Après maintes réflexions. Après plusieurs mois ou plusieurs années. Mais aussi et surtout après avoir succombé au harcèlement des « Tu viens quand ? », on décide enfin de retourner au pays pour revoir les siens.

Quelle bonne nouvelle ! Quelle joie ! Tout le monde est excité. Tout le monde est impatient à l’idée de se revoir. Notre fille, notre fils, notre mère, mon pote, mon amour… sera là très bientôt. Il ou elle revient de l’Europe. Notre benguiste !

Bon, je vous épargne du convoi qu’il y aura à l’aéroport, de ces retrouvailles chaleureuses qui rivaliseront les 80 degrés Celsius du thermomètre. C’est normal, c’est l’Afrique après tout !

Mais je dis bien « MAIS » après les extases et tralalas de bienvenue, on vous lancera à la figure cette question : « Tu repars quand  même » ?

Gare à vous si vous êtes rentré (e) pour toujours. Gare à vous si votre séjour au pays devient long. Gare à vous si vous ne donnez pas de réponses plausibles. Alors là, bonjour les rumeurs et commérages !

tu repars quand?

-Depuis que le ou la benguiste est venu là, il/elle ne repart pas hein. Ce n’est pas clair !

-Est-ce qu’il/elle n’a pas un problème d’argent ou de papiers même ?

-Il paraît qu’on l’a rapatrié, c’est pourquoi depuis il/elle est là.

-On l’a trop vu ici au pays, qu’il/elle reparte en Europe maintenant… Et patati et patata !

Un benguiste, c’est fait pour quelques jours au pays, pas plus ?

Au vu de tout ce qui précède, on est en droit de se poser la question suivante. Est-ce à dire qu’un benguiste, c’est fait pour séjourner seulement quelques jours au pays, au risque d’essuyer des rumeurs et commérages ? Peut-être bien. Ah bon ?

Sinon comment comprendre qu’on pousse une personne à repartir de sitôt après l’avoir harcelée de revenir au pays ? Ne sommes-nous pas libres de rester le temps que l’on souhaite ?

Très chers proches de Krystel, mettez un peu d’eau dans votre vin pour que mon amie passe un agréable séjour auprès des siens. En fait, épargnez-la des « Tu repars quand ? » et autres commérages du genre.

PS: Retrouvez encore plus d’articles sur mon blog ; à très vite !