Benjamin Yobouet

24 heures pour briller

Les rayons ardents en plein cœur de cet été me tiraient de mon lit. Un coup rapide à mon réveil : il était onze heures du matin. Je sortis comme une étoile, pris la direction de la douche pour un bain à la marocaine. Je devais être chez ma grande cousine pour une réunion familiale.

Comme à l’accoutumée, les stations de métro ne se désemplissent jamais. Après quelques minutes d’attente, je m’engouffrai avec empressement dans le métro. Coïncidence : j’étais le seul noir dans le métro. J’étais si fier d’arborer cette couleur ébène dont la nature m’avait fait grâce dès la naissance.

Rencontre avec Catherine la benguiste à château rouge

Je décidai de me ravitailler un peu en provisions avant de me rendre à la réunion familiale. Une réunion qui, très souvent, n’avait point d’heure fixe pour la clôture. Dans l’objectif de trouver, en premier, quelques boules d’attiéké, je rencontrai avec grande surprise Catherine une amie benguiste du Cameroun.

Si la joie de la voir en plein « château rouge » (marché africain à Paris) m’envahissait, l’allure de son style vestimentaire retint mon attention. Dans cette chaleur qui nous tétanisait la peau, elle avait la tête voilée telle une musulmane. Une curiosité qui brûlait mes lèvres et cette envie de lui poser des questions pour étancher ma soif. Les salutations d’usage terminées, je demandai à Catherine l’objet de sa présence ici.

Station sortie de métro sur le marché africain"chateau rouge" Paris.
Station sortie de métro sur le marché africain »chateau rouge » Paris. CC : commons.wikimedia.org

Pour réponse, elle me confia être en quête de choses de la gente féminine. Après quelques hésitations, je lui demandai s’il elle s’était convertie à l’Islam. Avec un sourire en coin, elle me répondit par la négation sans oublier de mentionner que j’étais un peu trop curieux avant de poursuivre en ces termes :

-Mon frère, si tu vois ce voile noir sur moi dans cette chaleur, ce n’est pas pour le fait d’une conversion à l’islam, qui d’ailleurs, est une religion que je respecte. C’est simplement que j’ai utilisé une pommade venue du pays qui m’a brûlée une partie du visage. Je suis venue ici justement pour trouver une solution.

« 24h pour briller », la pommade pour éclaicir la peau

Une pommade qui brule une peau ? Non, je me devais d’en savoir davantage afin de prévenir certains de mes proches, dans un monde où le cancer sur toutes ses formes fait ravages.

-Je peux savoir le nom de la pommade pour que mon amie l’évite ?
-« 24h pour briller », c’est le nom de la pommade. Mais j’ai aussi ajouté une l’huile éclaircissante afin d’accélérer le processus de mon éclaircissement. Tu sais parfois les pommades éclaircissantes sans huile ne valent rien.
– Mais Catherine, tu as une très belle peau noire pourquoi la troquer en « clair » ou blanche?

-Mon cher, ne me provoques pas ce midi. Tu dis belle peau noire ? Je suis fatiguée des regards dans ma classe où je suis la seule noire. Fatiguée des regards de mépris comme si le fait d’être noir était un péché.
-Je vois comment l’on se comporte avec les filles métisses ou claires. Elles sont plus acceptées et s’intègrent facilement dans la société. Je suis fatiguée d’entendre « tu es noir, ton teint noir là aussi hein ».

Avoir un teint différent de celui qu’on avait au pays

-Ce sont des paroles qui blessent, pis, lorsqu’elles proviennent de notre communauté résidant en Europe. Et ce n’est pas tout, figures-toi que l’an dernier, lors de mon séjour au pays, toute ma famille n’arrêtait pas de me demander si j’étais vraiment en Europe. Pour la simple raison que mes copines benguistes avaient presque toutes un teint clair. En tout cas, un teint qui était loin de celui qu’elles avaient avant de quitter l’Afrique.

-J’ai tant bien que mal, essayé d’expliquer que ces personnes trouvaient comme prétexte le changement climatique pour se décaper la peau. L’objectif : montrer un changement aux yeux des personnes restées au pays. Moi j’ai besoin d’un autre produit en ce moment afin d’accélérer mon éclaircissement vu que le produit venu du pays a fait un bon effet sauf les plaies sur mon visage. J’ai la chance que dans ce marché, je peux trouver tous les produits éclaircissants du pays et même être conseillée par les vendeuses. Cette année, j’irai au pays, on verra « qui est qui ».

Catherine autrefois une fierté : « le chocolat noir »

J’étais abasourdi d’entendre Catherine une fille si belle et intellectuelle me sortir de tels arguments. Il y a deux ans, elle était enviée dans notre filière pour son teint noir cacao. Certaines blanches l’appelaient même affectueusement « le chocolat noir ». Pouvait-on imaginer qu’au lieu d’un compliment cela était reçut par Catherine comme un poignard ?

Elle n’avait pas tort. C’est dommage et triste lorsqu’on sait le nombre d’européens qui attentent la période de l’été pour se mettre une masse de crème et de s’adonner avec joie aux rayons du soleil juste pour un bronzage. Et pendant ce temps, les « détenteurs » de cette couleur naturelle la rejettent faute d’un manque de confiance en soi. Je décidai de laisser Catherine à la poursuite de ses huiles à vitesse d’éclaircissement en 24 heures pour mes provisions.

Lorsque j’arrivai chez ma sœur, je découvris une revue posée sur la table du salon. Je l’ouvris, et j’aperçu avec beaucoup de joie et d’émotion la célèbre actrice kenyane Lupita Nyong’o égéries de Lancôme. Je rendis, à cet instant, un hommage vibrant à tous ces hommes et ces femmes noirs d’ici et d’ailleurs, qui malgré tout, affirment avec fierté leur appartenance au continent africain à travers leur peau noire.


Quand deux benguistes se rencontrent au pays

Il était vingt-trois heures bien sonnées. Il était encore debout entre une multitude de vêtements à même le sol. Son body blanc fraichement sorti de chez Zara sur un jeans rouge. Le retour sur sa terre natale après plus de cinq ans en Europe devait choquer pour plaire.

Oui, Alex figurait désormais dans la grande cour des benguistes et cela malgré son sens d’humilité. Il s’octroyait une ligne de conduite à suivre parmi les siens. Le klaxon hallucinant du taxi qui devait le conduire à l’aéroport le sortit de sa rêverie. Il courut avec ses deux bagages enflés sans oublier ses deux gros paquets noirs de surplus. Les six heures de vols Paris – Abidjan lui parut une éternité.

Il égrenait son chapelet, dormait, lisait, écoutait de la musique mais le bruit assourdissant du moteur de l’avion lui tenait compagnie. Sa voisine jetait de temps en temps un coup d’œil en sa direction en lui offrant un petit sourire. Sourire qu’il interprétait comme un « yako mon frère tiens bon, tu n’es pas le seul fatigué par ce voyage ».

Le retour inédit d’Alex, le benguiste au pays

Il était enfin arrivé dans son Abidjan. L’ambiance était toujours pareille. Il se dirigea dans la longue file de passager et récupéra ses bagages et ses colis. Il chercha un miroir dans l’un des secteurs de l’aéroport afin de vérifier si ses vêtements n’étaient pas trop froissés. Alex aperçut sa mère, ses tantes bref tout le voisinage à l’aéroport.

Dieu merci qu’il avait pris la peine de masser sa poitrine auparavant. Sinon, sinon il se serait écroulé
face aux nombreuses personnes qui lui serraient avec vigueur. Il rappelait de temps en temps à ses parents de faire attention à ses valises. Il ne supporterait pas qu’on lui brise ses appareils dont celui à cuire le riz, à brosser ses dents, ses différents parfums payés en solde, son séchage de cheveux…

ce qu'il faut savoir avant de retourner au pays
Affiche film : « Le fils de Yaoundé », sorti le 08 Avril 2015 au Cameroun ( Réalisateur V. Kameni)

L’une des choses qu’Alex avait oubliées avant de venir, c’est que le monde évoluerait après son départ. Le quartier avait perdu sa gaieté d’autrefois. Une nouvelle génération s’exprimait, l’ancienne dont il faisait partie était composée soit d’amis mariés, mères ou pères d’une équipe de football, ou avaient quitté le quartier. Ce qui n’avait pas changé, c’était le taux de chômage.

Rencontre avec son ami Séraphin, deux benguistes dans la place

Le lendemain de son arrivée était dimanche. Un dimanche ensoleillé en sortant de la messe, une main ferma les yeux d’Alex juste au carrefour du quartier. Après quelques minutes d’hésitations, l’inconnu qui avait posé sa main se dévoila. Alex hurla comme un fou. C’était Séraphin, le fils du voisin à Paris. Quelle joie et quel bonheur de se retrouver ! Il se connaissait parfaitement puisqu’ils étaient à la fois dans le même quartier et dans la même faculté.

Séraphin lui annonça dans un accent à la française que cela faisait deux semaines qu’il était sur Abidjan. Et comme par coïncidence, il séjournait dans les environs. Alex avait désormais une nouvelle compagnie. Bonjour les causeries entre benguistes même en présence des amis locaux.

-« Hey mon frère l’attiéké de l’haoussa là me rappelle le jour où nous étions allés manger chez Margueritte derrière Saint Denis, tu t’en souviens non ? »
-« Oui, qui peut oublier ça, on a vraiment bien mangé ! ».
-« Tu te souviens aussi de la veste qu’avait portée Maryse non haha ? »
-« Oui, ça caillait fort ce jour-là »
-« Tu parles de froid ? dit plutôt qu’il neigeait abondamment. »

Bonjour les causeries entre benguistes autour de la France

Leurs amis qui n’avaient jamais emprunté l’avion n’arrêtaient pas de leur rappeler à l’ordre sous un air rêveur et gêné.

-« D’accord, on a compris les benguistes on sait que vous venez de l’autre côté. Mais pour l’instant ici c’est Abidjan hein ». C’était sans connaître les benguistes qui se retrouvèrent. Une fois dans un taxi communal en partance pour une fête, Séraphin s’adressa au chauffeur.

-« Monsieur, tu peux me passer le code wifi du taxi stp? »
-« Tu dis quoi mon frère ? », demandait le chauffeur dans un français approximatif.
-« Je dis, j’ai besoin de me connecter au wifi de ton taxi »
-« Je ne connais pas cela », répondit le chauffeur. Et voilà que ça repartait de plus belle avec Séraphin le benguiste.

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Taxi en pleine capitale ivoirienne – Abidjan. CC : Benjamin Yobouet

-« Mais l’Afrique est vachement en retard, mon frère Alex, tu te souviens du taxi que nous avions emprunté à Lille ? Le chauffeur au chapeau bleu dont à peine on entra, nous indiqua l’emplacement du code wifi. »
-« Oui, c’était fantastique mon frère, je ne voulais même plus descendre en plus bien climatisé en plein été. Les chauffeurs de taxis communaux d’Abidjan non seulement ils conduisent mal mais l’état des routes ne me donnent plus envie d’emprunter ces moyens de transports. »

Le chauffeur par curiosité leur demanda d’où ils venaient. C’était en chœur qu’ils lui répondirent « de France principalement, la capitale : Paris ». Le chauffeur tout comme leurs amis à côté les regardaient tous un peu exaspérés et frustrés à la fois. Le comble fut un soir lorsqu’un des amis abidjanais de Séraphin les invita à manger. En plein dîner, on entendit de nouveau Séraphin interpeller son ami benguiste.

-« Alex, tu te souviens de la fois où notre ami français Charles Lechat , nous invita pour le diner à Montpellier vers la place de la comédie »?
-« Oh là, Séraphin ne me fait pas vomir en pensant à cela, je suis trop rassasié ».
-« Je dis, les blancs même, ils ont de ces plats bizarres. Si ce n’est pas agneau saingnant sauté au caramel, c’est la viande de canard cru assaisonnée de poivre noir ». Et ils éclatèrent de rire.

Les conversations entre benguistes exaspèrent souvent leurs amis locaux à côté

Leur hôte et leurs amis sans rien comprendre à leurs conversations affichaient des mines défaites : gêne et colère se lisaient sur chaque visage.

-« Je dis les benguistes, vous ne pensez pas que vous exagérez un peu? Hein ? Vous êtes venus au pays pour passer du bon moment en oubliant les réalités de l’Europe ou pour nous narguer ? Hein ?  S’il vous plaît, laissez vos histoires de France-là un peu », lança un des amis un peu exaspéré.

Et tous les autres approuvèrent. Nos amis benguistes essayèrent de se calmer un peu mais pour combien de temps ? Une autre fois, en pleine messe de jeunes, Séraphin se plaignit de nouveau.

-« Je dis Alex, tu ne trouves pas les messes de cette paroisse longue ? »
-« Mes amis, je vous dis en France, les messes ne durent pas. Ici, c’est toute une journée franchement j’ai mal aux fesses hein. Vos prêtres parlent trop jusqu’à la fin, on oublie l’essentiel du message ». Alex, quant à lui appuyait les dires de son ami benguiste.

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En pleine messe dominicale – Paroisse St Laurent Yopougon-Kouté Abidjan. CC : Benjamin Yobouet

-« Séraphin, moi, c’est les homélies du prêtre sur la dîme et les annonces qui m’énervent. En Europe, les prêtres ne parlent jamais de cela, ici c’est tout le contraire. »
-« Tu vois, tu me rejoins, les africains même abusent dans « tout » ».
-« Séraphin, attention à tes dires ne nous mets pas en palabre avec Dieu, tu oublies que nous sommes en pleine messe »?

Leurs amis assis à côté tous médusés restaient là, à les observer sans rien dire. A la fin de la messe, deux charmantes filles qui partageaient le même banc avec qu’eux abordaient les benguistes.

-« Mes frères s’il vous plaît, d’où venez-vous si ce n’est pas trop indiscret ».

-« De Paris », répondirent-ils en choeur et à gorges déployées.


Benguiste, l’intégration passe aussi par la gastronomie

Il y a environ deux mois, un de mes amis, nouveau benguiste, me faisait cette remarque : « mon frère, ça fait plusieurs mois que je suis en France ici hein, mais je n’arrive pas à m’adapter à leur nourriture là ». Je vous assure que sa réponse m’a tout de suite fait éclater de rire. Eh oui, parce que cela m’a fait penser à mes premiers instants dans ce pays. Ah l’intégration ! Que c’est  difficile au début !

La gastronomie, voilà ce qu’il y a d’important dans la culture d’un peuple donné. Que serait le Cameroun sans son « Ndolé », hein ? Et la Côte d’Ivoire sans son « Garba » ? Et le Sénégal sans son traditionnel « Tchep bou djen » ? Un ivoirien peut-il se passer du fameux « Abolo » ou du « Gari » lorsqu’il séjourne au Togo ? Un malien pourrait-il échapper au « Lituma » ou au « Aboke » du Congo RDC lorsqu’il s’y trouve ? Assurément non !

Un benguiste doit s’adapter à la nourriture européenne

C’est la même chose lorsqu’il s’agit d’un africain benguiste qui débarque en France. On a beau adorer notre « attiéké » ou notre « gari », une chose est sûre, il faudra à un moment donné s’adapter à la gastronomie française, à la culture des autres. Surtout quand on sait que la bouffe africaine coûte très chère en Europe, particulièrement en France. Impossible donc de manger 365 jours sur 365 les plats de son pays d’origine.

Et puis, le bon sens ne voudrait-il pas qu’on s’ouvre un peu à la culture des autres ? Hein ? Quelles sont ces manières-là ? Devons-nous faire preuve d’égoïsme jusqu’à ce point ? Si l’on refuse de manger la nourriture des autres, qu’on ne se plaigne pas ensuite qu’ils ne bouffent pas aussi la nôtre !

Poissons thons frits, un accompagnement de l'attiéké prisé par les ivoiriens
Poissons thons frits, un accompagnement de l’attiéké prisé par les ivoiriens. CC : Benjamin Yobouet

Pendant mon séjour à Abidjan, l’été dernier, j’ai été à la fois surpris et heureux, lorsqu’un de mes amis français a mangé avec appétit notre « Alloco » et notre « attiéké ». C’est ce qu’on appelle le vrai partage, la découverte de l’autre, la diversité, la culture : une vraie richesse.

Pourtant, on pense souvent, à tort ou à raison, que l’intégration dans un pays se limite à l’adaptation à son système social, éducatif, économique, politique… Non, l’intégration passe aussi par la bouffe, par la gastronomie du pays dans lequel on vit.  Allez à Abidjan, vous verrez des sénégalais manier leurs mains avec dextérité pour manger le garba chaud du coin. Oui, cela est très important, surtout lorsqu’on décide d’y séjourner pendant une longue période.

De mon expérience gastronomique en tant que benguiste

C’est justement, ce que j’expliquais à mon ami, nouveau benguiste, qui avait du mal à s’adapter à la gastronomie française. Je lui ai dit :  » Cher ami, si tu es malin, commence à t’y habituer très rapidement. Ce n’est certes pas facile au début, mais tu finiras par t’y faire car il le faut ».

Puis, je commençais à lui raconter ma propre expérience à ce sujet. Il a fallu m’adapter aux repas froids, ces sandwichs glacés et souvent fades à mon goût. Et même quand l’hiver battait son plein, il fallait s’y faire. De toute façon, il n’y avait pas suffisamment de temps pour réchauffer les plats. C’est du tic au tac ici, tu le sais.

Il a fallu m’habituer au taboulé ! Ah ce met que je n’oublierais pas de sitôt. Je me rappelle que j’avais rejeté et faillir même rendre (vomir) la première fois que j’avais essayé de l’avaler à un grand déjeuner auquel j’étais convié. Le fromage ? Ah, voici un aliment qui ne manquera presque jamais à la table des français. Il y en a de tous les goûts et de toutes les saveurs.

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Le fromage camembert, très apprécié dans la gastraonomie française. CC : PDPhotos – @Pixabay

Très cher, fais toutefois attention. Crois-moi, je suis tombé pour la première fois sur un fromage qui dégageait une de ses odeurs avec un goût aigre qui m’a coupé toute suite l’appétit. J’ai fini par comprendre que c’était ça la particularité du fromage surtout du fromage fort. Parce que la vache qui rit de chez nous, n’est pas en réalité un fromage devant les français.

On finit par s’habituer et aimer les plats froids, le fromage, les pâtes…

C’est pourquoi, je t’exhorte à t’habituer au taboulé, au vrai fromage… Si ça ne passe pas toute suite, ne t’inquiète pas : ferme tes yeux, coupe ta respiration et avale d’un trait ! Aujourd’hui, tu ne me croiras pas : je suis devenu un grand mangeur de fromages forts, de taboulés aigres, de plats froids et souvent glacés…

Il faudra aussi adorer le café. Oui, le café bien serré sans sucre bien sûr. C’est l’un des chouchous des français, en tout cas moi, je l’adore maintenant. La Côte d’Ivoire, mon pays, n’est-il pas l’un des grands producteurs de café – et alors ?

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Le café, l’une des boissons chaudes les plus consommées en France. CC : fxxu – @Pixabay

N’oublie pas les pâtes alimentaires aussi, le couscous, le poulet, les frites, les burgers, les steaks, la sauce bolognaise…Tu en mangeras beaucoup et pratiquement tous les jours parce que accessibles et moins chers. Si tu aimes le vin comme moi, alors tant mieux, sache que tu seras servi.

Et puis, il y a aussi les tomates cerises et/ou fraîches que tu mangeras crues, les lasagnes, les ratatouilles, les cassoulets que tu dégusteras… pour ne citer que ceux-là. T’en fais pas, je sais que tu finiras par t’intégrer « gastronomiquement ». Allez bon courage mon cher benguiste. J’oubliais, j’attends ton compte rendu dans quelques mois.


Comment reconnaître un nouveau benguiste ?

Nous sommes tous passés par là. Oui tous ! Que ce soit dix, voire vingt ans en arrière ou juste quelques années…Cette toute première fois dans un pays européen pour un africain. Comme on le dit à Abidjan, la première fois à « bengué » (pour désigner la France) reste unique.

Je me rappelle le titre phare du groupe musicien ivoirien Magic Systeme : « un gaou à Paris ». Ce tube, si vous ne l’avez jamais écouté, retrace l’aventure atypique d’une personne débarquant pour la première fois en France. « Gaou », parce que le plus souvent naïf et plongé dans un monde nouveau que l’on découvre avec son corolaire de réalités.

https://www.youtube.com/watch?v=Ezz0FrEyNOU

Rencontre avec une nouvelle benguiste

Il y a quelques semaines, je me trouvais dans les locaux de la caisse d’allocation familiale (CAF). C’est le rituel. Chaque année, il faut renouveler son dossier d’aide au logement. J’étais donc assis, affaissé dans l’un des sièges de la salle d’attente.

J’avais le regard perdu dans les documents en vrac posés sur les pieds. Affamé, mais aussi épuisé, j’observais avec exaspération la longue file qui se tenait devant moi. Il y avait du monde, il faut le dire. Un monde composé majoritairement par des étudiants de toutes nationalités.

C’est dans cette ambiance mêlée de bousculades et de va-et-vient que mes yeux tombèrent sur une jeune africaine. Elle avait une attitude bien particulière. Laquelle attitude attira très vite mon attention. Elle saluait tout le monde, souriait avec tout le monde. Elle scrutait tous les recoins des locaux.

Ses documents étaient bien rangés et ordonnés dans un classeur tout neuf. Elle consultait à chaque instant la notice des pièces à fournir ; sûrement pour se rassurer que rien ne manquait…Au fil du temps, j’ai fini par comprendre…Il n’y avait pas de doute : c’était une nouvelle benguiste ! A ce moment précis, avec un sourire en coin, je me rappelai de mes premiers instants en France.

Les signes pour reconnaître les nouveaux benguistes

En effet, il y a des signes qui ne trompent pas surtout quand il s’agit de reconnaître un nouveau benguiste. Le cas de cette jeune africaine en est une belle illustration. Épluchons ensemble donc quelques signes pour les reconnaître. Les nouveaux benguistes affichent la plupart du temps des mines toujours souriantes, parce que contents d’être là. Contents d’avoir pu surmonter toutes ces procédures et ces paperasses qu’impose la traversée de l’atlantique.

aeroport bruxelles arrivee nouveau benguiste

Les africains qui débarquent la première fois en France, ne courent généralement pas après le bus ou le métro…Parce qu’en réalité, ils n’ont pas encore connu la galère et le vrai stress de la France.

Ça fait des courses par-ci et du shopping par là. Ça mange beaucoup dans les restos ou Fast Foods. Ça appelle régulièrement au pays pour faire bonne impression ou pour dompter la nostalgie….Toute ceci, tant que le budget avec lequel, ils ont débarqué en France le permet.

Publier régulièrement leurs photos sur les réseaux sociaux

Les nouveaux benguistes, c’est également ceux qui, au début, publient à fréquence répétée photos et vidéos sur les réseaux sociaux. Des images dans tels lieux ou devant tels sites touristiques pour le « m’a-tu-vu ». Pauvres amis, connaissances et parents au pays !

Au supermarché et dans les magasins, les nouveaux benguistes réfléchissent beaucoup trop souvent avant de faire un achat. Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, les voilà, calculatrice à la main, à convertir les prix d’articles dans leurs monnaies d’origine. C’est eux qui compareront toujours les prix par rapport au pays ; du genre « ça au pays ça coûterait ceci ou cela… La France est chère hein… ».

Dans les transports en commun, lorsqu’on les piétine juste un peu, c’est eux qui s’excuseront les premiers. Et lorsque l’hiver arrive, ils sont parfois très enchantés parce qu’ils vont enfin se doubler voire se tripler.

Ils vont enfiler au cou de belles écharpes, porter des gants épais, de jolis manteaux, un magnifique bonnet…bref tous les accessoires digne d’un nouveau benguiste. Et bonjour les photos sur les réseaux sociaux.

Mais au final, on pourrait se demander quels sont les signes pour reconnaître les anciens benguistes ? Ben, c’est peut-être parce qu’ils savent reconnaître tout simplement les nouveaux 🙂 !


Les 10 commandements du benguiste

Il y a quelques mois, je vous parlais de sept réalités qui rendent les benguistes chocos. Et si, aujourd’hui, on parlait plutôt de dix commandements que doit respecter un benguiste ? J’ai relevé, en effet, dix principes à observer, basés sur des expériences vécues ici et là. Ouvrez donc bien vos bibles  pardon, vos yeux pour lire 🙂

1- Cher (e) benguiste, tu te trouveras un boulot

C’est le tout premier commandement à ne pas négliger. Et là, il s’adresse particulièrement au benguiste qui ne bénéficie pas de bourse ou d’aide. Si tu veux véritablement être indépendant dans un pays où le niveau de vie est élevé. Il n’y a pas dix milles solutions, tu devras te trouver impérativement et rapidement un job.

Parce que tu ne vas quand même pas rester à la charge de tes parents au pays (le loyer en France peut être le salaire d’un parent), d’un membre de ta famille en France ou d’un tuteur pour toujours !? Non ! Même si c’est ton “propre” frère ou une personne très proche et gentille, celle-ci s’en lassera un de ces jour. Et plus tard, te rendras compte, qu’il faudra te prendre en charge. Parce qu’en réalité, les charges en France sont énormes pour tous !

Sur la question, j’ai rigolé une fois lorsqu’un ami au pays m’a dit “ Benjamin, si je viens en France, mon oncle me prendra totalement en charge pendant mes années d’études”. Et je lui ai répondu avec un sourire en coin “oui, c’est bien mais pour combien de temps”? Pour être à l’abri de toutes surprises désagréables, il faudra se trouver un job pour aussi, pourquoi pas, avoir une vie sociale épanouie (aller au ciné, au resto, faire du shopping, voyager…).

2- Tu planifieras tout à l’avance et resteras fixer à ton objectif

Planifier tout à l’avance, voici la clé de la maîtrise du système français et de la vie en général. Il faut toujours préparer minutieusement tout et prévoir dès que possible des plans de secours (plan B, C, D…).

Ici, c’est une société où l’on prévoit tout, où l’on planifie tout, où l’on programme tout. Parce que je l’ai dit, cher (e) benguiste, dans un autre billet, en France, il faut prendre rendez-vous pour tout !

 planifier toute chose, un commandement important pour le benguist

Rien ne se fait à la hâte ou à la dernière minute. L’imprévisible devient quelquefois prévisible. Tu veux un job en été ? Commences à le chercher en hiver. Tu veux changer ou étudier dans un autre établissement ? Commence par entamer la procédure dès le début du second semestre en cours. Tu veux voyager ou aller en vacances ? Commence à réserver ton billet pendant la rentrée ou quelques mois plutôt.

Tu veux avoir un enfant ? Réserve une place en crèche avant de concevoir le bébé et penses à son prénom… En débarquant en France, chacun de nous avait un objectif à atteindre. Le terrain fait changer d’avis. Néanmoins, il faut, en planifiant les choses, se donner les moyens nécessaire afin de l’atteindre.

3- Tu n’oublieras pas ton « coucou » annuel ou pluriannuel à la préfecture

Ah, la préfecture, lieu par excellence de tout benguiste en France ! L’un des lieux les plus visités. Qui est-ce qui vous a dit que c’était la Tour Eiffel ? La préfecture vaut mille fois mieux que la tour Eiffel, que la Défense, que les Champs-Elysées, etc. pour un benguiste.

Alors, il ne faut pas oublier de faire un tour à la préfecture pour le renouvellement du titre de séjour. Certains, chaque année, d’autres sur plusieurs années… En effet, la nouvelle loi sur les titres de séjours pluriannuels permet notamment d’alléger les démarches en préfecture en fonction du statut ou des années d’études.

4- Tu éviteras toutes sortes de contraventions ou amendes

Je me souviens un de ces matins, lorsque dans le train, je me rendais au boulot. Des contrôleurs de la SNCF (transport ferroviaire en France) avaient « collé » une contravention à mon voisin. Pourquoi ? Parce qu’il n’avait pas de titre de transport. Ce jour-là, il a payé plus de 150 euros d’amende sur place. Alors que le prix du billet avoisinait seulement les 16 euros.

 des controleurs de la SNCF donnant une contravention à un benguiste
Des contrôleurs de la SNCF donnant une contravention à un benguiste

S’il y a donc une chose à éviter en France, c’est bien les contraventions ou les amendes. Parce que si jamais tu fais un excès de vitesse par exemple ou si tu passes un feu rouge tricolore, le méchant radar te flashera. Et bien sûr, dans quelques jours, tu recevras chez toi une amende salée.

Le pire dans tout ça, c’est qu’il faudra payer obligatoirement ces amendes. Parce qu’elle te rattrapera à coup sûr un jour. Soit à la préfecture lorsque tu demanderas la nationalité, soit un débit forcé sur ton compte bancaire, un de ces jours. Même dans 20 ans, sois-en sûr, ta facture t’attendra avec des additions… Car plus ça dure, plus, il y aura des frais en surplus.

5- Tu ne dépasseras point ton découvert bancaire

Le découvert, c’est lorsque ta banque te permet de dépenser plus que ce que tu as sur le compte en réalité. Elle acceptera de payer un chèque, un prélèvement sans que tu aies suffisamment d’argent sur ton compte.

Et cela, en fonction du montant autorisé selon les profils (étudiant, salarié…) ou les moyens de chacun. On peut passer de 100 à 2000 euros et plus. Évidemment, un tel système est avantageux dans la mesure où il permet de pallier plusieurs difficultés ou dépenses inopinées.

C’est la raison pour laquelle, plus de la moitié des personnes en France a un découvert. Mais attention à ne pas dépasser ce découvert autorisé. Parce que, très cher(e) benguiste, si tu le dépasses des frais importants s’ajouteront allant jusqu’à la fermeture du compte voire à l’interdit bancaire en fonction des banques.

Quoi qu’on dise, le découvert reste une démarche de crédit bancaire. Et qui dit crédit dit dette, dit remboursement : un remboursement qui devra s’effectuer dans un délai limité. Le découvert devra être utilisé à bon escient.

6- Tu accorderas une attention particulière aux états de lieux

Il s’agit d’un constat écrit établi en présence d’un bailleur et d’un locataire à l’entrée et à la sortie d’un logement. La particularité en France, c’est qu’on n’ aménage pas ou on ne déménage pas comme dans ma Côte d’Ivoire natale. À Abidjan par exemple, lorsqu’on aménage, il faut soit même tout apporter, tout nettoyer dans un logement vide et souvent laissé en vrac par le précédent locataire.

Ici, les logements sont généralement meublés. Il faudra juste apporter ses affaires personnelles. Parce qu’il y aura déjà presque tout dans un logement propre et bien aménagé. Tu l’as bien compris, le bailleur et le nouveau locataire passeront en revue, dans les moindres détails, tous les éléments qui composent le logement avant la remise des clés. S’il y a six verres, 12 fourchettes ou que le tapis est neuf… le bailleur le notera. Il notera tout !

 fiche etat des lieux logement etudiant d'un benguiste
Fiche etat des lieux logement etudiant d’un benguiste

Le présent contrat sera contresigné par les deux parties. Il faudra alors qu’à la sortie (déménagement) après des mois ou des années, que le logement soit net et irréprochable comme à l’entrée. C’est là que commenceront les polémiques entre les deux parties. Le bailleur taxeras cher toutes anomalies. Il te dira, par exemple :  » À votre entrée, le tapis était rouge pourquoi est-il devenu vert ? Ça vous fera 50 euros… »

Et ainsi de suite, jusqu’à ce que ta caution soit totalement débitée. Si tu as la chance, le bailleur te remettra un chèque de 35 euros sur 450 euros de caution comme un des mes amis. Parce que d’autres t’obligeront, en plus de la caution, à ajouter des frais. Et les agences de logement dans tout ça ? N’en parlons pas, elles sont pires !

7- Tu liras et tiendras compte de tous tes contrats

La plupart des contrats que ce soit en France ou ailleurs cache des non-dits. C’est pourquoi, cher (e) benguiste, tu devras lire minutieusement tout contrat avant de l’accepter ou de le signer. C’est vrai, les contrats sont le plus souvent écrits en minuscules et très longs (plusieurs pages). Cela pourrait te décourager à les lire complètement et c’est ça le gros piège !

Pour un contrat d’assurance, de maison, de téléphonie mobile ou de travail…, il faudrait par exemple savoir ce qui se passera en cas de rupture. Y’a t-il un engagement particulier à respecter ? Le contrat peut-il prendre fin à tout moment sans dommages ou intérêts ? Quels sont les avantages et inconvénients ? Cela vaut la peine pour éviter tout désagrément à l’avenir.

8- Tu n’encaisseras aucune somme qui ne t’es pas due

Elle était toute heureuse et toute joyeuse. Qui ? Une amie benguiste qui avait reçu un virement bancaire de la CAF (aide sociale en France) alors qu’elle n’avait plus droit. « Benjamin, j’ai eu l’argent cadeau », m’a-t-elle lancé un soir ! J’ai souri avant de lui demander « ma chère est-ce que les cadeaux, ça existe ici en France » ? Quelques semaines plus tard, bonheur et joie se sont transformés en angoisse et tristesse. Parce qu’elle avait une dette inopinée à éponger !

Ça arrive ! Oui ça arrive qu’on puisse recevoir un virement sur son compte bancaire un bon matin. Alors qu’en âme et en conscience, on sait bien que cela ne nous est pas destiné. Attention, dans ce cas, à ne pas sauter vite de joie au risque de se retrouver avec les dents serrés plus tard. Sinon, comme on le dit à Abidjan, qui n’aime pas cadeau ? Mais surtout pas un cadeau empoisonné !

9- Tu feras ta déclaration aux impôts

Même si tu n’es pas salarié, il est important de faire ta déclaration aux impôts. Le faire, c’est déclarer que l’on a rien justement et donc justifier qu’on est non imposable. Cela pour ne pas se faire emmerder plus tard.

Je me suis rendu une fois à la CAF,  une des conseillères m’a réclamé une déclaration d’impôts. Je suis allé à sécurité sociale pour une demande de couverture maladie universelle. Même son de cloche. On voit à la fin que faire une déclaration aux impôts permet d’éviter beaucoup de tracasseries administratives pour un benguiste.

10 – Tu limiteras transferts, cadeaux et appels au pays

Limiter ne veut pas dire ne pas faire mais plutôt le faire dans une limite raisonnable. Quoi de plus normal que d’appeler, faire des transferts d’argent ou offrir des cadeaux à ses parents et connaissances au pays. Le piège ici, c’est que, cher (e) benguiste, plus tu le fais, plus on croira au pays que t’es devenu riche. On croira que tu as remporté la cagnotte de l’année en France. Et les commandes fuseront de partout, à tout moment.

Pourtant, Dieu seul sait combien tu auras trimé ou souffert pour avoir cet argent pour le leur envoyer. Eux, ils ne chercheront pas à comprendre. Même si c’était toi tu aurais fait la même chose. Pour les appels, il faudra se prendre une puce spéciale internationale (cinq euros, la recharge minimale) et non son forfait mobile normal avant d’émettre un appel au pays. Cela, pour éviter des factures salées comme cet ami qui avait pris goût à appeler au pays à tout moment et sur longue durée. Il a compris, plus tard, en recevant sa facture de 200 euros.


En France, il faut être riche pour avoir une nounou

C’est décidé ! Si je dois élever mes enfants en France, j’irai chercher ma sœur au pays. Ou bien, je les amènerai tout simplement au pays. J’irai chercher ma sœur pour qu’elle vienne veiller sur mes enfants. Parce que l’affaire de nounou en France, maintenant, me dépasse sincèrement.

La dernière fois, une de mes amies benguiste m’a confié que « TOUT » son salaire du mois allait dans la poche de la nounou qu’elle emploie. Je lui ai dit quoi ? Dis-moi que tu blagues. « Eh bah non », m’a-t-elle répondu.

« Benjamin, je crois que je vais faire nounou là aussi. Parce qu’il y a vraiment des sous là-dedans : dix euros, l’heure en moyenne. Alors que moi-même, je touche pratiquement la même chose ; bien que je me déplace matin et soir »et fournit plus d’efforts.

Le baby-sitting, un métier prisé en France

Une nounou, ça coûte cher en France

En effet, mon amie benguiste ne travaille plus pour elle et sa famille. Non ! Elle travaille pour la nounou, parce qu’elle lui redonne pratiquement « tout » son salaire. Et c’est parce que c’est une nounou « au black ». C’est-à-dire une nounou contactée et/ou employée par pure connaissance.

Officiellement, une nounou peut dépasser les 1000 euros par mois. Ajouté à cela, il faut souvent payer ses formations, ses déplacements ou frais de transport, louer les jeux et accessoires qu’elle utilise pour garder les enfants chez elle et plein d’autres choses…

A propos des « fameuses » aides et des crèches

C’est vrai, il existe des aides « officielles » des institutions. Toutefois, celles-ci sont presque dérisoires. Parce que l’on doit d’abord avancer tous les sous et le remboursement se fait plus tard mais lorsque ces institutions le veulent.

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Le problème dans tout ça, c’est qu’il n’y a vraiment pas de réduction, car l’on paiera de sa propre poche 600 à 850 euros. Voilà en quoi consistent ces « fameuses » aides dont tout le monde parle. Que dire des places en crèche qui se font par piston !? On ignore complètement les critères de sélection. Mais, au final, c’est un club d’amis qui aura la place dans les crèches.

De l’importance des nounous en France

Je ne suis pas contre les nounous hein. Au contraire, les nounous ou garde-enfant nous aident énormément. C’est d’ailleurs l’un des emplois les plus recherchés. C’est généralement le job de plusieurs étudiantes benguistes ou parfois de femmes de niveau social particulier. Sans elles, que serions-nous ?

Que seraient ces familles dont le père et la mère sont tout le temps absents à la maison ? Lorsque la mère rentre du boulot, c’est alors que le père s’apprête à prendre le chemin du travail. Que serait certaines mères célibataires qui sont obligées de travailler dur toute une journée sans répit ?

Mais qu’on se dise la vérité ! Si c’est pour reprendre « TOUT » le salaire qu’on reçoit difficilement chaque mois ; autant rester à la maison. Je crois sincèrement que ce n’est pas la peine. Je comprends pourquoi lorsque je vais voir souvent ma sœur à Paris, elle est hyper contente. Vous savez pourquoi ? Parce que je vais veiller sur ses enfants. En gros, je vais faire du baby-sitting.

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Ça évite les dépenses, ça évite surtout d’appeler une nounou. Et à chaque fois, ma sœur ne manque pas de me dire « Benjamin, tu ne viens pas faire un tour ou un week-end à Paris un peu ? » Parce qu’en réalité, elle sait que ma présence réduirait les dépenses en lieu et place d’employeur une nounou. Pour moi, c’est totalement gratuit. Mais pour la taquiner souvent, je lui dis, tu me dois 50 euros parce que j’ai surveillé tes enfants pendant 5 heures hein. Et on rigole.

Pas besoin de nounou au pays (en Afrique)

Pourtant, si c’était au pays, tu aurais eu des nounous à ta guise et à volonté. Il y aurait tellement de volontaires que tu ferais un tri ou tu refuserais certains. Et cela, GRATUITEMENT ! Parce qu’au pays, il y a les cousins, les cousines, les tantes, les oncles, les neveux, les nièces, les beaux-frères, les belles-sœurs, les amies… Imaginez la grande famille africaine, c’est magnifique non ?!

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Seulement voilà, en France, tu n’auras personne. Je dis bien, personne ! Parce que non seulement, il n’y a pas beaucoup de grandes familles ici, mais aussi et surtout parce que tout le monde est occupé ou n’a pas le temps. Lorsque tu sors le matin, c’est tard dans la nuit que tu rentres et très épuisé. Tu es obligé de te prendre une nounou ou une garde-enfant pour assurer la journée.

Une nounou, malgré tout, un mal nécessaire en France

C’est pour tout cela, c’est pour toutes ces raisons que je préfère payer le billet d’avion de ma sœur au pays, y compris les frais de visa, pour qu’elle vienne « garder » mes enfants. C’est mieux, n’est-ce pas ? Certes, ça un coût, mais ce serait un investissement rentable. Bon, je rigole un peu 🙂

Oui, une nounou ou une garde-enfant est un mal nécessaire. C’est pourquoi, je dis qu’en France, il faut être riche pour avoir une nounou. On a besoin de vous… Mais s’il vous plaît, mettez un peu d’eau dans votre vin. Parce que même certains blancs ne s’en sortent pas.


J’ai failli devenir fou à l’aéroport d’Abidjan

Ce n’est pas une fiction chers (es) amis (es). Mais la pure réalité. J’ai failli devenir fou. C’était un dimanche. Précisément, le 11 septembre dernier. Oups, cette fameuse date en mémoire de l‘attaque terroriste des tours jumelles survenue aux USA en 2001.

Retour de vacances d’un benguiste au pays

Moi je peux vous dire, j’ai vécu mon 11 septembre. Ce soir-là, marquait, en effet, la fin de mon séjour au pays. Un agréable séjour dans ma belle Côte d’Ivoire ! Malheureusement, trente jours de vacances à Abidjan ne valent rien ! Ça passe vite, je vous assure. Et même très vite, surtout quand on est benguiste et qu’on n’est pas revenu au pays depuis plus de deux ans.

On prend facilement deux à trois semaines rien qu’à saluer la petite famille, la moyenne famille, la grande famille, les amis, les connaissances… Bref tout le monde. Sans compter les invitations qui fusent un peu de partout ! Et au moment de profiter, de bénéficier de ses vacances à proprement dit, il ne vous reste que quelques jours.

 En compagnie de quelques amis autour d'un plat local
En compagnie de quelques amis autour d’un plat local

C’est dans cette ambiance plutôt lourde et mélancolique que je m’apprêtais pour gagner l’aéroport Félix Houphouet Boigny d’Abidjan. À vrai dire, je n’avais pas trop l’envie de retourner de suite. Je paressais… Je traînais…! C’est comme si mon retour m’avait surpris. En réalité, c’est véritablement à cause des délicieux mets locaux de maman, des tantes, des cousines…; des invitations et des multiples sorties avec les amis… Tout ça me retenait tellement !

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Met typique ivoirien accompagnement : attiéké – Poisson Thons frits

Les provisions , vrai dilemme pour un benguiste en vacances

‘Toutefois, il y avait une chose qui me consolait, qui me réconfortait. C’était le fait de ramener plusieurs provisions locales. Mais tenez-vous bien, lorsqu’on voyage soit pour l’aller ou pour le retour au pays, on a droit toujours – oui toujours ! – à des commissions. « S’il te plaît, ramène-moi ceci, apporte-moi cela ou envoie ceci ou cela à X ». Et bonjour les nombreux bagages.

Malheureusement, ça été mon cas et justement, c’est tout cela qui m’a rendu fou, oui fou. J’ai failli devenir fou tout simplement parce que moi seul, je voulais ramener plusieurs boules d’attiéké, du beurre de Karité… J’ai failli devenir fou parce que moi seul, je voulais ramener des escargots, des sachets de poudre de manioc, des corossols, des poissons fumés.

Un stress ou une folie qui ne dit pas son nom

J’ai failli devenir fou parce que je voulais ramener du gombo sec, des ignames, des cubes d’assaisonnement… J’ai failli devenir fou parce que je voulais ramener également les commissions confiées ici et là.

Ce que j’avais oublié, ce que l’avion ne m’appartenait pas et que je n’avais droit qu’à 46 Kg de bagages en soute et 12 Kg pour monter dans l’avion. Conséquence : j’ai été refusé et retourné avec mes nombreux bagages pendant l’embarquement. Motif : « bagages excédants monsieur ça ne passe pas, veuillez réduire vos kilos S’il Vous Plaît » !

L'africain et les bagages, une question de culture
L’africain et les bagages, une question de culture

Je suis donc ressorti aussitôt. Je me suis retrouvé dehors pour réduire mes affaires. Heureusement que les parents et amis étaient encore là. C’est là qu’a commencé ma folie. Que devrais-je laisser et enlever ? C’était dur et compliqué. Non pas mes boules d’attiéké, non pas mes escargots, non pas mes ignames, ça coûte cher en France !

J’avais du mal également à me séparer des commissions des personnes très proches ! Mon Dieu pourquoi tout ceci m’arrive maintenant ! Pendant que je réfléchissais à quoi retirer et quoi laisser, le temps, lui, courait très vite. Il ne m’attendait pas. Plus les minutes, les secondes s’écoulaient, plus je devenais de plus en plus fou.

Et tout d’un coup, je fermai les yeux. Et je retirai les affaires que ma main touchait pendant trois bonnes minutes. Et voilà hop ! Mes bagages étaient réduits ; ouf ! Je me précipitai à nouveau devant le stand de l’embarquement. À peine avais-je déposé mes bagages sur la balance que j’entendis de nouveau : « Non, monsieur ça ne va pas hein, vos bagages excèdent encore ».

« Encore » ? Ai-je crié ! « Oui encore allez, sortez vite pour les réduire. Mais S’il Vous Plaît dépêchez-vous car on ferme dans 5 minutes. Vous êtes le dernier passager à embarquer, dépêchez-vous  » !
Oh mon Dieu ! Il ne fallait pas qu’on me lance ces deux dernières phrases au visage : « dépêchez-vous, on ferme dans 5 minutes… Vous êtes le dernier passager ».

Stand d'embarquement
Stand d’embarquement

Alors là, ma folie avait atteint son paroxysme ! Je sortis dans le hall de l’aéroport en trombe. Je n’avais plus mes esprits en place. Je n’avais plus le temps de réfléchir. Je n’avais plus de temps de choisir : quoi enlever quoi laisser. Comme un fou, je refermai mes yeux pour retirer à nouveau tout ce que je pouvais retirer.

Et pendant que je luttais avec mes bagages tout en sueur, j’entendais à maintes reprises une voix annoncer dans tout l’aéroport d’Abidjan : « le passager Yobouet Koffi Benjamin…est prié de bien vouloir se présenter pour embarquement IMMÉDIAT » !

Imaginez à ce moment, le degré de ma folie parce que de toute ma vie, c’était la première fois qu’on « hurlait » mon nom dans un aéroport. J’étais à deux doigts de rater mon vol et pour quel motif ? Eh bien : bagages excédants ! Que c’est drôle !

Lorsque quelques minutes plus tard à l’embarquement j’entendis enfin « ok , c’est bon maintenant monsieur pour vos bagages », j’ai laissé échappé un large sourire, un long soupir.

 Dans le vol Brussels Airlines
Dans le vol Brussels Airlines

J’ai retrouvé tous mes esprits que lorsque j’ai pris place dans mon siège N° 32 A les yeux fermés vers l’hublot de l’avion qui décollait déjà. Destination : Bruxelles puis Paris ! Ouf ! Je vous l’ai dit, j’ai failli devenir fou. C’était mon 11 septembre à moi…!

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Ahou, la blanche

Elle est Africaine, née dans le fin fond au centre de la Côte d’Ivoire. Ahou, c’est d’ailleurs le prénom que lui a donné sa grand-mère au village. Ahou, le prénom qu’on donne à toute fille qui voit le jour un jeudi chez les “Baoulés” en pays Akan. Ahou, un prénom purement africain que portent joyeusement ces jeunes filles ivoiriennes dans cette partie du pays.

Ahou la benguiste et la blanche

Seulement voilà, il a fallu que notre Ahou monte dans un avion. Il a fallu qu’elle s’éloigne un tout petit peu de ses racines. Il a fallu qu’elle foule le sol européen pour que “Ahou”, la PETITE africaine devienne la GRANDE blanche, la benguiste comme on le dit au pays des éléphants.

Aujourd’hui, Ahou est devenue plus blanche que les blanches elles-mêmes. Elle parle comme elles. Elle s’habille comme elles, se maquille comme elles. Bref, Ahou vit comme les blanches. Elle vole de ses propres ailes… Bonne nouvelle, n’est-ce pas ? Mais…

Mais jusque-là, tout va bien, car comme elle aime le dire souvent : « Je m’intègre, je m’ « européanise » : où est le problème ? » Il y a aucun problème Ahou. Il n’y a aucun problème à s’intégrer, à s’accoutumer, à s’adapter aux réalités d’un continent différent de celui d’où on vient : l’Afrique.

Mais, eh oui, il y a, en fait, un “MAIS”. Le problème, donc, est le suivant. Ma très chère sœur, pourquoi n’affirmes-tu plus ton origine, ta culture, cette belle africanité dont tu devrais être si fière ?

culture africaine
La belle culture africaine. Crédit : mrslorettarsmith0 – Pixabay.com

Ahou la benguiste, reste toujours fière de ton origine : l’Afrique

Aujourd’hui, lorsqu’on t’appelle “Ahou” dans la rue ou en public, pourquoi rejeter ce joli petit prénom qui rappelle toujours ton origine africaine ? Non, excuse-moi, mais je ne t’appellerai pas “Prisca” ou “Ahou, la blanche” comme tu le souhaites tant. Tu sais pourquoi ? Parce que pour moi, tu es et resteras “Ahou”, tout simplement. La “Ahou”, la belle africaine, celle qui sait d’où elle vient, celle qui connait ses racines.

Ahou, je ne veux pas te blâmer, je veux tout simplement que tu comprennes une chose. On peut parcourir des pays et des pays, des capitales et des capitales. On peut voyager à travers le monde entier, avoir des responsabilités, avoir un statut respecté et respectable sans toutefois et demeurer toujours fière de ce qu’on est.

L’eau chaude n’oublie jamais qu’elle était froide

Saisis donc cette belle opportunité que la vie t’offre aujourd’hui pour montrer et rappeler aux yeux du monde que tu es Africaine et fière de l’être. La réussite ne doit en aucun cas être un frein ou un obstacle. Il n’est jamais tard dans la vie pour faire le bien, dit-on.

L’eau chaude n’oublie jamais qu’elle était froide ”. Connais-tu ce proverbe africain ? Je sais que tu reviendras sur de meilleurs sentiments. Je sais, oui, je le sais… Salut Ahou l’africaine et la benguiste !

JIFA 2016_affiche

PS: Ce texte s’inscrit dans le cadre de la journée internationale de la femme africaine célébrée le 31 juillet 2016. J’ai le plaisir de faire partie des blogueurs sélectionnés pour participer à cette belle célébration. Je vous invite justement à découvrir les beaux textes que vous proposent Guillaume et Anthony à leur tour.
Le thème de cette année est le suivant « Des racines et des ailes ». Merci à Grâce Bailhache pour cette belle collaboration. Plus d’infos sur le site de la JIFA.

Benjamin Yobouet

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Non, rentrer ce n’est pas échouer

La dernière fois, j’échangeais avec une amie benguiste congolaise que j’ai rencontrée à la bibliothèque universitaire. Elle m’expliquait que ses parents au pays l’avaient interdit de rentrer chez elle. À vrai dire, comme vous à l’instant T, j’ai été un peu choqué.

Quand ses parents s’opposent au retour de notre benguiste au pays

Choupette, c’est son prénom, séjourne en France depuis plusieurs années pour les études. « Mon cher, je finis mes études cette année. Lorsque j’ai dit à ma mère que je rentrerais bientôt, elle a piqué une de ces crises ».

« Ô ma fille, qu’est-ce que tu viendras faire ici ? Hein ? C’est la honte que tu veux mettre sur moi ? Tu imagines ce que les gens diront et raconteront si tu rentres? Pardon, restes là-bas, c’est mieux. Ne pense même pas un instant à rentrer. Oublie ça ! Ô, qu’est-ce que tu viendras chercher ici, dans ce pays où la pauvreté et le chômage ont pris le dessus ?

Tu veux venir faire quoi ici, dis-moi ? Errer dans les rues ou rester couchée à la maison comme beaucoup de jeunes ici ? Non, ne me fais pas ça, reste là-bas ! Moi et ton père, on fera tout pour que tu ne manques de rien. Toi, tu as la chance de quitter ce pays où la vie est de plus en plus difficile. Tu as eu la chance d’aller en France, chez les blancs et tu veux revenir pour souffrir ici ? C’est ça ? S’il te plaît, ma fille reste là-bas, il n’y a rien au Congo. On ne veut pas te voir ici ! »

Voici ce que maman m’a fait sortir lorsque je lui ai fait part de mon vœu de rentrer. Elle ne m’a même pas laissé le temps de lui expliquer pourquoi je voulais rentrer. Je veux rentrer, parce qu’après tout c’est mon pays non? Je veux rentrer parce que le pays me manque, ma famille, mes amis, mes connaissances…

Rester ou rentrer, une question d’objectif, de vision de chaque benguiste

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L’amour pour son pays d’origine (Kinshasa, RD Congo) – Source : staticflickr.com

Je veux rentrer, parce que je me sens mieux chez moi, ici la vie est si difficile et dure à mener avec son lot de contraintes (titre de séjour, intégration, emploi…). Je veux rentrer parce que je souhaite travailler ou entreprendre au pays.

Trouver du boulot ici n’est pas une mince affaire, les impôts ne badinent pas avec ceux qui désirent entreprendre. Ne suis-je pas libre de rentrer chez moi ? Maman laisse-moi rentrer. Mon pays m’appelle, mon continent me réclame. Non, rentrer ce n’est pas échouer.

Je l’écoutais religieusement relater ces conversations avec sa mère. Choupette n’avait pas tort. Du tout ! Rentrer chez soi, au pays, est-ce synonyme d’échec ? Non, cela ne veut forcément pas dire qu’on est passé à côté de la réussite. Même si dans le jargon ivoirien, on dit que « galère de « Bengue » (Europe) est mieux que galère du pays ».

En effet, beaucoup de nos amis, de nos connaissances, des membres de nos familles pensent que rentrer au pays c’est échouer et que rester en Europe, c’est réussir. Non ce n’est toujours pas vrai. Il y a plusieurs Africains qui sont rentrés et qui respirent la vraie réussite et la prospérité.

Rentrer pour participer au developpement du pays (Afrique)
Rentrer pour participer au developpement du pays (Afrique). Source : Pixabay.com

Par contre, certains d’entre eux qui ont décidé de rester sont toujours en quête du mieux-vivre. Ils se cherchent eux-mêmes et pour la plupart ne se sont pas encore retrouvés. Telle est la réalité ! Ce n’est donc pas une affaire de verbes : rester ou rentrer. Non, c’est une question d’objectif, de vision, de volonté, de destin…

Le plus important est de laisser et de ne point juger celui ou celle qui choisit de rester ou de rentrer. Ma chère choupette, saches que tu es libre de faire ton choix : le choix qui vient du plus profond de ton cœur.

Et peu importe les « que-dira t-on » ? Ta maman comprendra un jour, tes amis, tes connaissances aussi… Parce que rentrer, ce n’est pas échouer. Non !


Benguiste : il faut prendre RDV

Il y a quelques semaines, je ne me sentais pas très bien. J’ai jugé bon d’aller voir mon médecin. Lorsqu’elle m’a aperçu dans la salle d’attente, elle m’a fixé avec un air étonné.  » M. Yobouet, avez-vous pris un rendez-vous  » ?  » Non « , ai-je répondu. Elle m’a alors dit :  » Désolé M. Yobouet, je ne peux pas vous recevoir, vous le savez, il faut prendre un RDV « .

Benguiste, il faut prendre RDV chez le médecin même si tu es malade

Au lieu de m’irriter, sa réponse m’a plutôt fait sourire. Je lui ai répondu ceci :  » Je comprend mais désolé Madame, la maladie n’a pas pris de RDV aussi chez moi « . Sur cette phrase, presque tout le monde a pouffé de rire, évidemment elle aussi. C’est finalement par la force des choses que j’ai pu être consulté après de longues minutes d’attente.

Prendre RDV chez le medecin
Prendre RDV chez le medecin – Libre de droit @ DarkoStojanovic

« Il faut prendre RDV », c’est la même phrase qu’on m’a lancée une autre fois à l’université de Toulon. C’était d’ailleurs la première fois en 2014, que j’y mettais les pieds pour mon inscription. Pourtant, j’avais tous mes documents et mon dossier complet. Copies originales et photocopies des diplômes obtenus, pré-inscription, visa long séjour, chèque, contrat de bail, même mes relevés de notes de la maternelle (rires 🙂 )…bref tout ce qu’on pouvait demander.

J’avais maintes fois insisté auprès de la femme à l’accueil, mais elle m’a fait comprendre que ce n’était pas possible. Ce n’était pas possible tout simplement parce que je ne figurais pas sur la liste des personnes ayant RDV ce jour. Il fallait donc que je prenne obligatoirement un RDV sur le site de l’Université quelques jours à l’avance avant de me présenter. « C’est noté madame, merci », lui ai-je répondu avant de prendre congé d’elle.

Benguiste, il faut prendre RDV chez le médecin même si tu es malade
Avez-vous pris un RDV ? – Libre de droit @ Alexas_Fotos

Déçu et dégoûté à la fois, je suis sorti de l’université en jetant un coup d’œil à ma montre. Il était 15 heures. Je me suis dit alors, pourquoi ne pas faire un tour à la banque pour ouvrir mon compte d’autant plus que c’était indispensable et surtout que le temps le permettait. A peine avais-je pénétré dans l’agence la plus proche que l’un des conseillers à l’accueil m’a fait comprendre également qu’il fallait que je prenne un RDV. Encore ? Oui, encore parce qu’aucun conseiller ne pouvait me recevoir avant au moins une semaine.

Pour un benguiste prendre RDV partout devient souvent angoissant

Mince ! Dis-donc ! Quel est ce pays dans lequel rien ne se passe sans RDV ? Hein ? J’ai donc réalisé qu’en Europe particulièrement en France « prendre RDV » était le refrain de pratiquement tout le monde. Prendre rendez-vous en toutes choses et en toutes circonstances pour un benguiste est, en réalité, une démarche incontournable. Incontournable parce que même avant d’aller dans certains salons de coiffure, un de mes amis français prend bien avant un RDV.

Rappelez-vous à la préfecture pour le renouvellement du titre de séjour, le benguiste doit prendre RDV deux mois minimum à l’avance. Même son de cloche à l’église, par exemple, quand il s’agit de rencontrer un prêtre, on vous dira de prendre un RDV. Ce n’est pas tout, même pour rendre visite ou séjourner chez des amis ou des connaissances, il faudra au préalable prendre RDV ( appeler ou prévenir). Ici, c’est en somme une société où l’on prévoit tout, où l’on planifie tout, où l’on programme tout.

Toujours prendre RDV en toutes choses
Toujours prendre RDV en toutes choses – Libre de droit @ Geralt

Pas besoin de rendez-vous au pays pour une quelconque démarche

Or, dans ma Côte d’Ivoire natale, tout ceci n’est pas nécessaire. Qui vous dira même de prendre RDV avant de s’inscrire à l’école, à l’université, de prévenir un ami qu’on viendra le voir, d’appeler la banque pour savoir quand est-ce qu’on pourra passer ? Qui ? Personne !

A Abidjan, pas trop de protocole à faire à ce niveau, on débarque quand on veut et où on veut. Peu importe qu’on ait pris RDV ou non. La preuve, un de ces jours, un parent au village avait débarqué chez nous en pleine nuit et vous savez quoi ?

Maman n’avait pas eu d’autre choix que de bien l’accueillir et le recevoir. En effet, si elle ne le faisait pas ainsi, elle risquerait d’être la risée de tous demain dans la famille élargie. Et c’est sûrement l’une des choses à éviter chez nous en Afrique !

Benjamin Yobouet

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Le Mobile banking : une innovation en plein essor

Ces dernières années, le mobile banking a connu un essor considérable dans la vie et les habitudes des africains en général et ceux des ivoiriens en particulier. Transfert d’argent, paiement de facture et autres services sont offert par certaines compagnies de téléphonie mobile depuis 2008. Orange, MTN et Moov ont révolutionné le secteur de l’économie ivoirienne.

Selon le dernier rapport de l’Autorité de régulation des Télécommunication/TIC de Côte d’Ivoire (ARTCI), ce sont plus de 8 millions d’abonnés au mobile money. Un chiffre qui montre l’intérêt que portent les ivoiriens à cette révolution de la télécommunication. De plus, le service s’est étendu à plusieurs pays de l’espace UEMOA.

Aujourd’hui, il est facile de transférer de l’argent dans les pays comme la Mali, le Sénégal, le Niger et plusieurs autres pays et ce à moindre coût. Le coût des transactions qu’offrent ces compagnies reste le plus bas au vu des entreprises de transfert d’argent. En Janvier 2008, Orange Côte-d’Ivoire (leader de la téléphonie mobile en Côte d’Ivoire) en partenariat avec la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de la Côte-d’Ivoire (BICICI) lançait le produit « Orange Money ».

mobil banking transfert d'argent
CC : Pexels/CC0 Public Domain/Pixabay

Une initiative qui, à l’origine, était destinée à faire des dépôts et des retraits d’argent via des comptes créés par les abonnés orange. Aujourd’hui, plus qu’une simple transaction, Orange money, MTN mobil money et Flooz ont renforcé ce service en y ajoutant les paiements de factures et des transactions hors de la Côte d’Ivoire. Tellement actif dans la vie des ivoiriens, le mobil banking est même impliqué dans différents domaines de la fonction publique.

Depuis maintenant quelques années, plus question de faire des rangs interminables pour régler ses frais de concours ou pour s’inscrire à l’école. Via mobil money, toutes ces transactions peuvent s’effectuer sans même avoir à se déplacer. Selon le Premier ministre, Kablan Duncan, ce sont « environ 10 milliards FCFA de transactions financières sont effectuées chaque jour via mobile money, portant le taux de bancarisation à 34% ». Une information qui été donné lors des journées du banquier à Abidjan.


Chez les chinois, on mange à volonté

Ils ne finiront pas de nous épater. Qui? Nos frères chinois, bien évidemment, ces rois du business présents partout dans le monde. Ils ont ce “génie” d’attiser la clientèle à travers la création de fastfood particuliers. Eh oui, très particuliers. Ici particulièrement en France, on les appelle tout simplement « manger à volonté ».

Ce sont des restaurants bien aménagés et bien fournis implantés dans presque toutes les villes en France. Lorsque vous y mettez les pieds, il suffit de payer un tarif unique à portée de tous et bingo vous avez droit à tous les menus que vous souhaitez.

Oui, avec 15 ou 20 euros ou plus (cela varie en fonction des villes et des restaurants), vous pouvez manger tout ce que vous voulez, tout ce qui vous désirez, du moins tout ce que vous trouvez sur place. Ce n’est pas tout, vous pouvez en redemandez autant de fois que vous le souhaitez. Ah les chinois, ils sont formidables.

Vous voulez une, deux, trois entrées? Bah, le choix vous revient. Vous voulez plusieurs sauces et plats de résistance? A vous de voir. Vous voulez goûter à toutes les variantes de desserts. Allez-y. Tout est permis.

un plat asiatique dans un restaurant chinois
Un plat asiatique dans un restaurant chinois – Source : Pixabay.com

Non, ce n’est pas une histoire drôle comme je l’avais dit une fois à Noel, mon cousin, lorsqu’il m’en a parlé. La première fois que j’y ai mis les pieds, c’était il y a un an. J’étais tout aussi surpris. Noël m’avait conduit dans l’un de ces restaurants justement pour que je réalise enfin que cela était loin d’être une histoire.

Ce soir-là, nous étions trois, et pourtant, nous avions mangés comme des fous de l’entrée aux desserts en passant par les plats de résistances ( viandes, poissons de toute sorte). Nous avions bu comme si c’était notre dernier jour. Et pendant ce temps, plusieurs personnes meurent de faim quelque part dans le monde.

Vins rouges, rosées, eau minérale…tout y est passé. Et vous savez combien nous avons payé à la sortie? Pas plus de 20 euros. C’est presque rien ici surtout quand il s’agit de manger dans un restaurant. Allez demander le prix d’un seul menu dans un restaurant comme “chez papa”, à Paris. Vous n’aurez plus l’appétit.

un bar équipé dans un restaurant chinois
Un bar équipé dans un restaurant chinois – Source : Pixabay.com

Le lendemain après avoir digéré tout cette accumulation gastronomique et culinaire, je me suis posé les questions suivantes : comment ils s’arrangent ces tenants de restaurants pour proposer des consommations à volonté? Cela rapporte t-il vraiment ? Que se cache t-il réellement derrière ces restaurants à vil prix?

Je me suis dis que si cela continue jusqu’aujourd’hui, alors c’est que ce business rapporte énormément. Parce que dans ces restaurants, il est souvent difficile de compter les clients qui défilent à longueur de journée et de soirée.

Surtout que ces lieux sont abordables et très pratiques. On peut envoyer sa petite famille profiter de temps à autres ou inviter une fille qu’on veut satisfaire ou peut-être impressionner ( à condition qu’elle ne sache pas…rires).

Mansour, un de mes amis m’a confié que la prochaine fois qu’il ira avec ses amis dans un de ces restaurants là, ils se prépareront en conséquence. Entendez par-là, que lui et ses amis ne badineront pas avec tous les menus car très souvent certaines personnes se retrouvent avec le ventre plein avant même les plats de résistances. Voilà tout le secret peut-être du business de la consommation à volonté.

Lorsque j’ai raconté cela à un de mes amis au pays, il m’a dit Benjamin, aucun chinois n’osera créer ce genre de restaurant chez nous parce qu’il le regrettera amèrement. Face à sa réponse, j’ai rigolé énormément. Vrai ou faux? Est-ce un défi pour nos amis chinois? Je ne saurais répondre ! Une chose est sûr, chez les chinois, plusieurs benguistes mangent à volonté.


L’africain et les bagages, une question de culture

Un midi, dans une causerie au travail, mon collègue français m’a posé cette question. « Pourquoi les africains voyagent toujours avec de nombreuses valises ? Ils sont parfois obligés de payer un surplus pour des kilos de bagages ».

Honnêtement, depuis mon Abidjan natal, je trouvais cela normal, qu’une personne qui part  en voyage même pour quelques semaines puisse emporter son armoire avec lui. Rires, bon je déconne un peu !

Le premier jour où mon ami ivoirien Éric a mis les pieds en Europe, il avait un seul sac au dos. Celui qui l’avait accueilli lui fit cette remarque : « mais où est le reste de tes affaires » ? Il répondit qu’il avait uniquement ce sac, sinon à quoi bon se surcharger avec des valises ou des bagages ?

Celui-ci lui avait posé cette question parce que, comme mon collègue du travail, ils ont remarqué que les africains voyagent avec des tonnes de bagages. En effet, plus de deux personnes avaient déjà attiré mon attention sur ce fait.

Alors sans vouloir, mon esprit dictait mes yeux partout où je me rendais que cela soit dans un aéroport ou dans des stations de voyage ou des gares. Je faisais la comparaison entre les bagages des voyageurs européens et ceux de mes compatriotes.

Le constat était clair, l’Afrique voyage avec sa solidarité qui se ressent jusqu’au niveau de ses bagages. Lorsqu’un africain voyage, il y aura toujours des commissions par-ci et par-là. Tandis que l’Europe et sa solitude font bon ménage à travers un bagage normal pour la plupart du temps un sac au dos ou une petite mallette.

L'europeen voyage avec des bagages raisonnables
L’européen voyage généralement avec des bagages raisonnables. Crédit Libre Photo : Pixabay.com

Africain, je le suis, mais j’avais cette envie de poser aussi la même question à certains de mes compatriotes : pourquoi tant de bagages? L’occasion ne tarda à se présenter. En partance pour un voyage, un de ces jours, nous avons dû changer de car pour raison d’escale.

J’étais tranquillement assis veillant sur mon sac, quand s’approcha de moi une femme camerounaise. Elle avait la trentaine, elle était toute trempée de sueur malgré l’hiver qui battait la cadence.

Mon frère bonjour, me lança-t-elle. « J’ai besoin d’un coup de main avec mes bagages », continua-t-elle. Sans poser de question, je lui souris et nous prîmes la direction jusqu’au coffre du car. Grande fut ma surprise, lorsque je vis le lot de ses bagages ; pour elle seule, me suis-je demandé ?

Pour moi, c’était un peu abusé et c’était sans penser aux autres voyageurs. Elle avait plus de cinq grosses valises pendant que les règles de la compagnie de transport exigeaient deux valises par voyageur.

Après l’avoir aidé, je lui demandai si elle faisait un déménagement. A cette question, elle me répondit : « Ayiiiii tu n’es pas africain »? Je lui répondis par l’affirmative et elle continua en m’expliquant que pour elle, un bon africain ne pouvait voyager avec un seul sac au dos.

« Regarde mon frère, je suis allée faire deux semaines chez ma belle-sœur, normalement je devais rentrer par avion mais à cause du nombre de mes bagages, j’ai dû opter pour le car un peu ennuyant ».

Lorsqu’un africain voyage, il y aura toujours des commissions par-ci et par-là
Lorsqu’un africain voyage, il y aura toujours des commissions par-ci et par-là. Crédit Libre Photo : Pixabay.com

« Ici, personne ne viendra me demander combien de bagages j’ai. Je suis trop heureuse, dans ces bagages que tu vois, j’ai un peu de tout : provisions, produits de beauté, habits, chaussures…sans oublier les commissions de quelques connaissances. »

« Je suis contente de t’avoir rencontré mais toi, où sont tes bagages » ?  Je lui montrai mon sac au dos. « Toi tu es peut-être un homme, c’est pour cela, pas comme nous les femmes-là. En plus, nous les femmes, nous devons avoir plusieurs vêtements, être prêtes pour toutes les occasions peu importe si le voyage doit durer ».

Lorsque, je laissai cette étrangère pour emprunter mon car, je la voyais supplier de l’aide pendant que certains passagers grognaient et étaient mécontents pour le retard qu’occasionnait l’enregistrement de ses bagages. Mais cela l’importait peu.

A l’instar, de cette femme, chaque jour, ce sont des milliers d’africains qui traînent des kilos de bagages dans nos aéroports et nos gares, plusieurs questions suscitent notre réflexion.

L’écrivain français Henry de Monfreid disait : « n’ayez jamais peur de la vie, n’ayez jamais peur de l’aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d’autres espaces, d’autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît ».

D’accord, il faut voyager, mais est-ce nécessaire tant de bagages, quand on sait qu’à la fin seulement quelques-uns nous seront d’une grande priorité ?

Est-ce nécessaire de voyager avec plusieurs valises, quand nous savons qu’à notre retour, nous reviendrons encore avec autant ?

Ne serait-il pas convenable avant un voyage de penser aux autres passagers ? Surtout dans les cars et bus, en faisant un tri des plus importants au moins nécessaires ? Il est clair, les africains et les bagages, c’est une longue histoire, une question de culture. Et personne ne niera !


Benji, j’ai changé

Très cher Benjamin, j’ai beaucoup hésité et réfléchi par sept fois avant de t’écrire. À vrai dire, je ne savais pas trop quoi dire, comment ou par quoi commencer. C’est pourquoi, au moment où j’écris ces mots, j’avoue être très nerveuse. Ce n’est pas très grave. Je me ferai fort d’accomplir ce devoir de mémoire. Benjamin – pardon « benji », je préfère ce nom – sache que j’ai changé. Benji, j’ai changé de vie. Je tiens vivement à partager avec toi ma nouvelle vie, ce nouveau départ de ma vie, parce que, malgré le temps qui s’est écoulé, malgré la distance qui nous séparent depuis plus de deux ans, tu es resté cette personne si chère à mes yeux.

Tu te diras sûrement intérieurement, « qu’est-ce que j’ai à foutre de ta nouvelle vie ? » Je te le concède, tu n’as pas tort. Mais je sais fort bien, au fond de mon cœur, que tu seras fier et heureux de cette nouvelle vie. Car, combien de fois ne m’as-tu pas interpellé ? Combien de fois n’as-tu pas essayé de m’aider ? Combien de fois ne m’as-tu pas conseillé ? Et moi, je restais là, sourde, indifférente à toutes tes démarches.

Aujourd’hui, je voudrais très sincèrement te présenter toutes mes excuses. Je te demande réellement pardon pour tous ces pires moments que je t’ai fait subir volontairement ou involontairement. Tu le sais bien, le problème n’était pas que je ne t’aimais point. Non je t’aimais follement. Ma sœur Yvette et tes amis pourront en témoigner. N’est-ce pas toi mon premier amour, mon premier homme, le premier…à qui j’ai tout donné ?  

Prendre le risque de changer de vie
Prendre le risque de changer de vie. Crédit Photo Pixabay.com

Mais il fallait faire avec les réalités qui se présentaient. Après le départ brusque de papa, ça n’allait plus à la maison. Le commerce de Maman ne marchait plus. La pauvreté et la misère frappaient à notre porte. Ils ont fini par la force des choses à être nos meilleurs compagnons. Toi étudiant, tu ne pouvais pas subvenir à mes besoins ni à ceux de ma famille. Raison pour laquelle j’avais finalement cédé aux avances de ce monsieur qui pouvait avoir l’âge de mon Père. Bien sûr, tu me diras que ce n’est pas un alibi, un argument valable, que j’avais largement le choix. Oui, tu n’as pas tort. J’avoue avoir fait un mauvais, un très mauvais choix d’ailleurs.

Changer de vie, n'est souvent pas aisé
Changer de vie, n’est souvent pas aisé. Crédit Photo : Pixabay.com

L’essentiel aujourd’hui benji, est que j’ai changé. Rassure toi je ne l’ai pas fait pour toi. Je l’ai fait pour MOI. Tu n’imagines pas comme j’ai souffert pendant tout ce temps.
Je me sens à présent très bien dans ma peau. Benji, je suis enfin libre. Libre, benji, tu comprends ça ? Benji, c’est comme si j’avais été emprisonnée, séquestrée… Je peux enfin me regarder dans le miroir lorsque je me retrouve seule dans la chambre. Je peux broncher un mot sur le débat des filles qui ont des relations basées sur les intérêts.
A présent je respire la vraie liberté. Bref, je suis MOI.

Pourtant, je l’avoue ça n’a pas été facile. Pas facile du tout ! Il m’a fallu décider finalement. Et, crois moi, ça n’a pas été de tout repos. Prendre mon courage à deux mains pour braver tout cela. Braver la réaction de ma mère qui est à l’origine de cette situation.
Ne me demande pas comment je ferai pour subvenir aux réalités de la vie, maintenant que j’ai tout abandonné. Je ne sais pas trop. En revanche, ce que je sais, c’est que j’ai pris le risque de changer de vie. Quel que soit ce qu’il adviendra.

J’espère que cette nouvelle te réjouira toi qui souhaitais tant que je redevienne la fille que tu avais connue. La belle fille douce, respectueuse, pieuse et vertueuse que tu chérissais.
C’est vrai que ça ne pourra plus marcher entre nous. Mais je ne cesserai de te porter et de te compter dans mon coeur. Retiens toutefois ceci : benji, j’ai changé !

Tati..!

NB : Ce texte s’inscrit dans le cadre du dernier challenge du #TBC. Challenge qui a pour thème ce mois  » Prendre le risque de changer de vie« . J’ai tété heureux de partager cette belle expérience avec mes amis blogueurs durant ces six mois.

Mais n’oubliez surtout pas de faire un tour chez mes autres amis challengers. Ils ont aussi de très bons textes à partager avec vous !
Elieko
Le Tchoupinov
Leyopar
Samantha

Retrouvez tous mes billets en rapport avec le #TBC, ci-dessous :

  1. – MA PLUME POUR LE #‎TBCS3E0‬ 
  2. – ET POURTANT…C’EST UNE VIEILLE FILLE 
  3. – VIENS VOIR COMMENT ON FÊTE NOËL CHEZ NOUS
  4. RÉSEAUX SOCIAUX : FAITES LE BON CHOIX
  5. COUP DE PLUME: DAME ÉCRITURE, ENIVRE MOI
  6. SI J’ÉTAIS UNE FEMME…


Benguiste : 12 autres appellations selon les pays

Durant mon séjour à Dakar, en décembre dernier, j’ai eu la chance de rencontrer avec beaucoup de joie plusieurs nationalités, plusieurs blogueurs, plusieurs amis (es) venus (es) de divers horizons.

Au-delà de la formation de Mondoblog RFI qui a eu lieu, l’occasion a été et l’est toujours, belle et riche, de découvrir un peu plus sur les réalités, les cultures, le langage des autres.

C’est alors qu’on réalise que certaines expressions présentent parfois des divergences mais aussi des similitudes d’un pays à un autre. N’est-ce pas intéressant ça ? Surtout que, ce n’est pas un péché d’assouvir quelques fois sa curiosité. Découvrons ensemble douze (12) autres appellations de l’expression  » benguiste « .

« Benguiste » en Côte d’Ivoire, Burkina, Mali…

Si en Côte d’Ivoire, au Burkina, au Mali…, on appelle benguiste , l’africain ou l’africaine qui séjourne ou vit en Europe, ce n’est pas le cas pour le Cameroun. Dans le pays de Paul Biya, on ne dira pas  « benguiste » mais plutôt « mbenguiste ».

« Mbenguiste », « voyageur », « panaméen (enne) », « mbeiguétaire », « parigot »» au Cameroun

Et si l’on remarque bien, il y a simplement l’ajout de la lettre « » qui précède l’expression. Au Cameroun, il n’y a pas que cette expression-là. Ne vous inquiétez pas, il y en a encore dans le vocabulaire camerounais.

Ainsi, l’on a par exemple les expressions suivantes : « voyageur », « panaméen », « mbeinguètaire », « parigot ». La dernière est justement aussi employé en Côte d’Ivoire même si ce n’est plus très en vogue comme au temps des premiers ivoiriens qui débarquèrent en Europe.

Paris, l'une des destinations favorites pour benguiste
Paris, l’une des destinations favorites pour benguiste. Crédit : Pixabay.com

Ngulu, mikiliste… pour le Congo Kinshasa et le Congo Brazaville

Au Congo Kinshasa (zaïre), l’expression « mbenguiste » s’utilise parfois comme c’est le cas au Cameroun. Toutefois, il existe l’expression « ngulu » pour désigner les clandestins qui embarquent pour l’Europe.

L’Europe signifiant en langue locale « poto » ou « mbengue » ou encore « mikili ». Voilà pourquoi, l’expression la plus populaire est « mikiliste » que l’on soit au Congo Kinshasa comme au Congo Brazaville.

Com from, gentes da tuga au Burundi et en Angola

Si vous faites un tour du côté du Burundi, on appelle les africains vivants en Europe les « com from » pendant qu’en Angola, on vous dira « gentes da tuga » tout simplement.

Yovodé to, simélan… au Togo

Si vous redescendez dans l’Afrique de l’Ouest, particulièrement au Togo, c’est tout autre chose. « yovodé to », voici l’appellation qu’on donne à tout africain qui se trouve de l’autre côté de l’atlantique.

En effet, « yovo » se traduit en langue locale « blanc », «  » pour « origine » et « yovode » pour « territoire de blancs ».

Mais, les jeunes togolais utilisent ou préfèrent aussi une autre expression, considérée un peu de l’argo : « simélan ». Cela se traduit littéralement par « animal de l’eau », « éssimé » qui veut dire « dans l’eau » pour finalement attribuer cela à l’occident ou au continent européen.

Derrière l'eau, l'illusion
Derrière l’eau… Crédit Photo: Benjamin Yobouet; pris à à Rincon de la victoria (Espagne)

« Diaspora » en Guinée Conakry

Enfin, chez nos frères et sœurs de la Guinée Conakry, on ne se fatigue pas trop. Il suffit juste de lancer le ou la « diapora » à celui ou celle qui vient de l’autre côté. Même si les appellations diffèrent d’un pays à un autre, les définitions ou statuts restent les mêmes un peu partout.

Parce que, est mbenguiste, comme from, yovodé to, gentes da tuga,ngulu, voyageur, benguiste, ou même mikiliste… l’africain ou l’africaine qui vit ou séjourne en Europe et sur qui l’on compte souvent beaucoup au pays. A tort ou à raison ? Telle est la question. Et vous, comment appelle t-on dans vos pays respectifs ces africains qui vivent ou séjournent en Europe ?


Si j’étais une femme…

Si j’étais une femme, une vraie. Je ne dis pas une fille qui vient de découvrir ses seins ni une demoiselle qui se fait draguer à chaque carrefour. Je dis et je répète, une femme. Je n’allais pas trop bavarder comme certaines le font dans leur foyer.

Je n’allais pas être une femme perroquet, qui parle matin, midi et soir. Oui, celle qui fatigue ou fait souvent même fuir ses enfants, son époux, ses servantes, sa famille… Non, je serais une femme douce, attentive, posée, ouverte, qui a la maîtrise de soi.

En fait, j’allais être comme tante Rosine (paix à son âme). Oui ma tante, une femme si spéciale. Elle ne parlait jamais lorsque son mari commençait à découcher.

Elle ne parlait jamais quand son mari commençait à rentrer tard. Elle ne parlait jamais, lorsque dehors, on commençait à raconter que son mari entretenait des relations avec plusieurs filles.

Elle ne parlait pas quand celui-ci revenait même avec ses copines, de jeunes filles à la maison. Bien au contraire, elle les accueillait avec self contrôle et sympathie sans se plaindre.

Etre femme, ce n'est pas être une fille  ni une demoiselle
Etre femme, ce n’est pas être une fille ni une demoiselle

Et nous, nous restions là perplexes face à son indifférence notoire. On se demandait si elle n’avait pas un réel problème. On se demandait si elle avait un cœur. On se demandait si elle aimait vraiment son mari. Parce que regarder son mari faire tout ceci sans broncher, il fallait être tante Rosine.

Un soir, elle avait passé la nuit au salon dans le canapé parce que son mari était occupée dans la chambre avec une de ses conquêtes… Ah que de choses à supporter. Mon oncle était certainement sans coeur…

Mais dès le lendemain, ma tante cuisinait les plats préférés de son cher époux. Elle restait à ses côtés. Elle prenait soin de lui. Cela a duré quelques semaines…

Et plus tard, nous remarquions que le super Don Juan, avait arrêté de découcher. Il avait arrêté de courir les jupons dehors. Il rentrait très tôt au grand dam de toute la maisonnée. Mais que s’est-il passé ?

En vérité, tante Rosine n’avait pas eu besoin de bavarder, de crier, de menacer, de plier ses bagages, d’alerter tout le monde. Non, c’est grâce à sa maîtrise de soi.

Une maîtrise de soi tellement forte et capable de susciter la honte, des remords, des regrets chez son mari. Un mari vaincu de plus en plus par une indifférence qui ne dit pas son nom.

Ce n’est pas que tante Rosine n’aimait pas son mari. Ce n’est pas le fait, qu’elle ne souffrait pas. Dieu seule sait combien de fois elle souffrait intérieurement pendant toutes ces semaines. Je la voyais toujours souriante devant tout le monde.

Cependant, lorsqu’elle se retrouvait seule, elle se consolait derrière de chaudes larmes. Personne dans la famille n’était au courant de ce qui se passait. Elle interdisait qu’on raconte cela dehors. Elle protégeait son foyer disait-elle…

C’était dur, dur d’être une femme. Cela ne l’empêchait pas de vaquer aux nombreuses tâches quotidiennes qui l’attendaient, et dans la maison, et dehors.

Faire le marché, cuisiner, accompagner les enfants à l’école, balayer la grande cour de derrière, laver les habits de son mari, les sécher, les repasser, les ranger…

Se plaindre, crier, bavarder, reprocher est-ce la meilleure solution ? Quand on sait que plusieurs femmes, en le faisant n’arrivent toujours pas à bout et prennent la clé des champs. Vous me direz certainement, Benjamin, ça va pas non ? Ou te crois-tu ? Au premier siècle ?

si j'étais une femme
si j’étais une femme

Non, tante Rosine n’était pas du premier siècle. Elle était de notre siècle, de notre temps, de notre époque mais spéciale à sa manière.

Ce genre de femme existe-t-il de nos jours ? Quelle fille – pardon – quelle femme, aujourd’hui ferait ça ? On croit qu’être femme au foyer est une chose aisée et facile. Et que c’est la porte ouverte et totale au bonheur.

Lorsque tante Rosine rendit l’âme un dimanche sur le lit de la maternité, ce jour-là, mon oncle sut qu’il n’aura jamais, oui jamais, une telle femme. Une femme douce, calme, posée, spéciale…

Une femme vraie, prête à supporter toutes les caprices d’un homme. Non, c’était fini… Hommage à toi tante. Puisse Dieu veiller sur ton âme…

On croit souvent, en tant qu’homme, qu’être femme, est une chose facile et aisée. Il suffit alors de se mettre dans la peau d’une femme pour s’en rendre compte.

Courage à toutes ces femmes qui souffrent intérieurement de différentes manières dans leur foyer.

Homme que ferais tu, si tu étais à la place de tante Rosine? Que ferais tu ou quelle femme serais tu, si jamais tu étais une femme ne serait-ce que quelques secondes?

Si j’étais une femme, j’allais être une femme spéciale. Pas une demoiselle, pas une fille, peut-être pas comme tante Agnès mais une vraie… !

En vérité, en vérité, difficile pour moi de me mettre dans la peau d’une femme, je préfère rester dans ma peau d’homme mais pas celui de mon oncle.

PS: J’ai essayé de me mettre dans la peau d’une femme, celle de ma défunte tante, conformément au thème de ce mois du #TBC Challenge « Mon histoire, ou expérience dans la peau d’une femme ».

Rassurez-vous, je ne suis pas seul; faites un tour chez mes autres amis challengers. Ils ont aussi des expériences à partager avec vous.

Elieko
Le Tchoupinov
Leyopar
Samantha


Attaque de bassam : « même pas peur »

« Même pas peur », c’est la campagne lancée par les ivoiriens et véhiculée sur les réseaux sociaux depuis l’attaque de bassam.

  On le voit, les ivoiriens sont toujours debout en dépit des crises successivesJe ne le dis non pas parce que je suis ivoirien. Non ! Je le dis parce que, malgré tout, les ivoiriens ont toujours eu cette force, puisée je ne sais où, pour surmonter tout. Tenez voyez-vous même.

Même pas peur attaque bassam - Site Com

Ce n’est pas également le fait que la  Côte d’Ivoire , comme certains le disent,  est un pays béni de Dieu. Non ! Dieu est-il devenu injuste?

Pensez-vous que les autres pays , le Mali, le Burkina, le Nigéria.. ne sont pas aussi des « pays bénis » par Dieu? Dieu aime tout le monde. Par conséquent, Il bénit et protège toutes les nations.

Mais ce qui pourrait, peut-être, faire la différence entre nous et les autres : c’est justement cette capacité à résister et à rester debout face à toute épreuve.  

🇨🇮🇨🇮🇨🇮🇨🇮🇨🇮 Toujours DEBOUT !! TOUJOURS.

Une photo publiée par Ange (@princess_de_gagnoa) le

Le coup d’Etat de 1999 n’a pas pu ébranler les ivoiriens n’est-ce pas? Même le coup d’Etat de 2002, orchestré par la rébellion et qui a fragilisé le pays pendant plusieurs années n’a rien pu. 

On a vu des ivoiriens toujours mobilisés et prêts à continuer à écrire l’histoire de leur pays. Il en est de même pour la crise post-électorale de 2010, oui, l’une des plus grandes crises survenue en Côte d’Ivoire.  Je me rappelle encore pendant la crise post-électorale, lorsque les tirs cessaient, on voyait des ivoiriens sortirent de leur cagibi pour danser, boire et s’amuser…. Ah les ivoiriens !

Certes, on assisté et déploré plusieurs dégâts inédits. Mais quelques mois plus tard, le pays s’est relevé avec ses habitants comme si de rien n’était. Alors qu’on croyait que tout était fini… !    Et qu’il fallait des années et des années pour que le pays reprenne la marche du développement.

Il est vrai que tout n’est pas comme il faut et que beaucoup, eh oui beaucoup reste encore à faire  sur plusieurs plans : réconciliation, justice, économie, politique…   Mais les ivoiriens d’obédiences diverses ont et continuent cette belle marche du pays du premier président-fondateur feu Felix Houphouet Boigny.   

Hier encore, après l’attaque de Bassam, les ivoiriens ont fait montre de leur maturité et leur solidarité quel que soit les bords politiques pour dire non à tout ce qui freinera la marche du pays.          

Les ivoiriens n’ont pas même pas peur. Oui, ils n’ont « même pas peur », même du terrorisme, même du djihadisme… Au lendemain de l’attaque de Bassam, chaque ivoirien, malgré les nombreuses victimes enregistrées a retrouvé le chemin qui pour le travail, qui pour l’école, bref pour vaquer librement à ses occupations. 

Même pas peur attaque bassam - Boris Odilon

Et sur les réseaux sociaux que ce soit sur Facebook, Twitter, Instagram…, les ivoiriens affirment et réaffirment à travers les hastags #Attaquebassam #Grandbassam #Ivoiriendebout #Jesuisivoirien…, qu’ils n’ont « même pas peur » de ce qui se passe et ce qui passera

Même pas peur attaque bassam - Saraja Shop

Comme dirait l’autre, les ivoiriens ont la  » tchat ». Et c’est justement ce qui fait le charme de ce peuple spécial qui n’a peur de rien. Toutes mes condoléances à ces personnes tombées ce 13 mars ou dimanche noir…!


Appelez-moi benguiste pas magellan

J’ai fait une remarque ces derniers jours. Certains de mes amis au pays ne m’appellent plus benguiste. Mais ils ont décidé de me « collé » un autre nom : magellan. Magellan, parce que, selon eux, je me promène un peu trop dans le pays d’Hollande et dans l’espace Schengen.

Pourtant, Constant, mon meilleur ami du pays a presque fait toutes les villes de Côte d’Ivoire. Mais on ne l’a jamais surnommé « magellan ». Ils peuvent m’appeler « benguiste », je suis d’accord. Peut-être, parce que je vis à l’extérieur de mon pays et particulièrement en Europe.

 Explorer le monde, le challenge de Fernand Magellan

Explorer le monde, le challenge de Fernand Magellan. Crédit Libre Photo : Pixabay. com

Pourquoi m’appeler magellan au lieu de benguiste ?

Mais qu’on m’appelle « magellan » maintenant, j’ai du mal à comprendre. Que signifie même ce terme ? Cela vient de l’expérience d’un grand navigateur et explorateur appelé Fernand de Mangellan. Lorsqu’on remonte dans l’histoire, on verra bien que ce portugais très connu et reconnu a effectué un grand voyage autour du monde.

Aujourd’hui, être magellan donc, signifie bouger, voyager beaucoup, se déplacer de villes en villes, de régions en régions… Si on est d’accord sur cette conception, alors, je dirai que nous tous, nous sommes magellans. N’est-ce pas ?

Je le dis parce que le mois dernier, lorsque j’échangeais avec Constant, il m’a informé qu’il allait à Abengourou. Après cela, il ferait escale à Yamoussoukro. Or, je sais bien qu’il fera un tour dans son village à Kouassi-datèkro. Je vous épargne ses autres et nombreuses tournées à l’intérieur du pays.

La semaine dernière encore, il m’a dit mon frère, je suis venu voir ma tante à Divo. Je serai très bientôt sur Abidjan. Entre moi et mon ami, qui est magellan ? Hein ? Répondez ! A cause du simple fait que j’ai été à Troyes ou résidait ma sœur. Maintenant qu’elle habite Paris, j’y vais de temps à autres pour la voir et voir d’autres parents.

En Espagne, j’y étais pour les vacances dernières, mon cher ami ivoirien Eric m’avait invité et je n’ai pas refusé. D’autant plus cela faisait deux ans qu’on ne s’était pas revu.

Montpellier et Perpignan, sont devenues mes destinations favorites, parce que depuis deux ans maintenant, je m’y rends pour les fêtes de fin d’année en compagnie de Vanessa et Corinne, mes amies ivoiriennes.

En Italie, c’était à l’occasion d’un pèlerinage pour voir le saint suaire du Christ. En Suisse, moi et mon ami Wilfried, nous y étions dans le cadre d’une formation pendant quelques jours.

L'un de mes séjours à Nice via la ville d'Antibes
L’un de mes séjours à Nice via la ville d’Antibes. Crédit : Benjamin Yobouet

A Dakar, comme vous le savez, c’était également dans le cadre de la formation Mondoblog RFI. A Nice, c’était pour rendre visite à mon autre et cher ami Mansour. Marseille, parce que c’est là maintenant que se déroule mon stage….

Le terme « magellan » n’est pas l’apanage du benguiste

Qui n’a jamais voyagé ? Qui ne rend pas visite à ses amis (es) ? Qui ne se promène pas un peu aussi ? De quartiers en quartiers, de villes en villes, de pays en pays ? Il n’y a pas que les benguistes qui voyagent alors ?

Les magellans sont-ils uniquement ceux qui sortent du pays ? Même en voyageant beaucoup comme Constant à l’intérieur du pays (ce qui est d’ailleurs bien), on peut être magellan.

En effet, je préfère connaître quelques villes de mon pays que connaître très peu les villes et régions de mon pays. N’attendons-nous pas souvent qu’on vienne nous parler ou faire découvrir notre propre pays à travers des documentaires ou une tierce personne ?

Cela me fait rappeler ce marin français et nonagénaire, un dimanche à la sortie de l’église. Lorsque je lui ai dit que j’étais ivoirien, il a commencé à me décrire les villes et quartiers, me raconter l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Je vous assure qu’il y avait des villes que je n’avais jamais visitées ; mais lui, il les maîtrisait parfaitement. Cela m’a permis de réaliser combien de fois mon pays jouit d’une grande richesse et une diversité remarquable.

C’est le cas pour la Guinée, le Burkina, le Togo, le Nigeria, le Sénégal, le Cameroun, la Mauritanie, le Maroc…. On le sait, il est bon de voyager. Voyager, c’est ouvrir son esprit. Voyager, c’est se cultiver. Voyager, c’est découvrir davantage.

Voyager, c’est casser des barrières, briser certains préjugés. Lorsque je retournerai au pays, je m’attèlerai à visiter plusieurs villes dans la Côte d’Ivoire profonde… Et pourquoi pas d’autres pays de la sous-région ?

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Nous sommes tous magellan, benguiste ou pas. Crédit Photo : Pixabay.com

C’est, en aucun cas un luxe ou un moyen pour montrer qu’on a assez d’argent ou le « m’as-tu-vu ». Non ! Tu peux t’offrir un voyage, un week-end ou une semaine pour visiter un lieu inconnu… Pas besoin de millions !

C’est pourquoi, récemment, j’ai dit à mon ami avec qui j’échangeais de m’appeler benguiste, mais pas Magellan. Car les magellans, les vrais ou les faux, c’est selon, on les connaît tous. Ce sont nos dirigeants politiques qui organisent toujours de ces missions ou de ces voyages pompeux au nom du contribuable. Suivez mon regard… ! Voyager à travers le monde, c’est bien. Mais connaître l’Afrique et son pays d’abord.