Yves Tchakounte

Crise énergétique au Cameroun : Delor Kamgaing, enjeux et leçons d’une grève de la faim

Après l’annonce de son départ du Cameroun en novembre 2013, les consommateurs camerounais croient enfin, dur comme fer, que le secteur d’électricité détenu par AES SONEL depuis 2001 va maintenant connaître un assainissement digne de ce nom car l’Etat va enfin avoir l’occasion de corriger les erreurs commises pendant plusieurs années et qui ont plombé ce secteur dans l’abîme. Que non ! Immédiatement, AES SONEL décide de rétrocéder la totalité de sa participation (56%) dans à Actis, un capital-investisseur spécialisé dans les pays émergents, à un montant de 220 millions de dollars le 7 novembre 2014.

Du coup, le secteur de l’électricité devient un énigme et les langues se délient sur la future augmentation du coût de l’électricité conformément aux clauses entre l’acheteur (AES SIROCCO LIMITED) et le vendeur (Le gouvernement camerounais). Les consommateurs, à travers la Ligue Camerounaise de Consommateurs (LCC) estiment que la médiocrité du service rendu jusqu’ici par AES SONEL ne justifie pas une augmentation du prix de l’électricité. Et son président, Delor Magellan Kamseu Kangaing décide de faire un sit-in devant le siège de l’Agence de Régulateur du Secteur de l’Electricité du Cameroun (ARSEL) et entame une grève de la faim, suscitant ainsi un remous au sein de l’opinion camerounaise qui est divisée sur le choix de la stratégie qu’a fait le citoyen Kamgaing de se révolter contre le système de gestion opaque de l’électricité et même de l’eau potable dans les villes camerounaises.

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Delor Magellan K. Kamgaing en compagnie de sa Bible et la constitution

Les détracteurs de la grève et le discours de l’inertie : « On va faire comment ? »

Beaucoup de voix se lèvent pour condamner cette grève de la faim qui, pour elles, est peine perdu car le gouvernement ne cèdera pas aux caprices d’un individu. Beaucoup encore envisagerait une action collective à la place d’une grève de la faim dans le but de renforcer le rapport de force. D’autres enfin sont tout simplement septiques et ne croient véritablement plus à une action collective au Cameroun. Ils ont fondé leur argument sur l’échec de cette grève par deux faits majeurs. D’un, dans un article de quotidien gouvernemental Cameroon Tribune du 23 avril 2014, le directeur général de l’agence de régulation (ARSEL) Jean Pierre Kedi dont l’organisme semble principalement interpelé par cette action citoyenne pacifique affirme « qu’aucune hausse du tarif de l’électricité n’est prévue ni envisagée au Cameroun » ; de deux, le 25 avril 2014, suite à une forte déshydratation et une exposition excessive au climat peu clément de Yaoundé, Delor Magellan KamseuKamgaing est transporté d’urgence dans un centre hospitalier pour soins. Ces faits seuls ont suffi pour que les détracteurs se livrent à une séance incantatoire de dénigrement de la grève et d’autosatisfaction suite à la confirmation de leur analyse prospective sur l’échec probable de cette grève.

Il est tout de même aberrant de constater que le camerounais sombre dans la peur, le dénigrement et l’autodénigrement. C’est le résultat d’un pays qui est pris en otage par une clique, une dictature, voire un totalitarisme affiné et ayant comme mode de gouvernance la répression et le matraquage psychologique. Même dans des situations qui intéresse le bien commun, qui augurent un lendemain meilleur -ici le refus de la hausse du prix de l’électricité qui touche bien tout le monde-, les camerounais sont toujours enclins à développer un discours permissif de fatalité excessive. Pour reprendre l’écrivain Patrice Nganang : « Il [Parlant du détracteur, donc, de certain camerounais] ne défend pas ses droits, mais profite de quelque chose de grand pour faire son petit truc à côté. Ne t’attaque pas de front, mais s’en va dire à ton patron, à ton frère, à ta femme, que tu es un salaud. Et pourtant, parfois, dans le tunnel de la tyrannie qui a fait de nous des latéraux, il arrive un moment de vérité comme celui-ci ou le Camerounais est face à face avec sa propre Grandeur historique: Delor Magellan KamseuKamgaing ». Ces détracteurs sont donc considérés comme des lâches qui seront les premiers à profiter des fruits de cette grève. Cette tendance au discours de l’immobilisme, de la passivité et de la fatalité qui consiste à dire que la révolte à nos jours appartient à ceux qui lorgnent des prébendes et l’héroïsme au détriment des pauvres est d’une naïveté déconcertante. Ce genre de discours est symbolisé par une rhétorique usuelle et populaire : « On va faire comment ? » qui signifie en réalité qu’il n’y a plus rien à faire dans un pays où la dictature est l’une des plus vielle d’Afrique. Erreur. Voilà comment le régime de Yaoundé a réduit le mode de pensée du citoyen caractérisé par une myopie intellectuelle à nulle autre pareille. Par cette action de courage et de bravoure qui constituent la plus grande leçon de cette grève de la faim, Kamgaing a le mérite de laisser par devers lui plusieurs autres leçons dont nous sommes appeler à méditer tous.

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Delor Magellan K. Kamgaing, en solidaire

Les 5 leçons de Kamgaing au peuple camerounais

1- La première bataille d’une grève de la faim doit d’abord être celle de la communication. Qu’il mange ou qu’il jeûne, qu’il poursuive ou qu’il cesse, la grève de la faim de Kamgaing avait d’abord pour but de sensibiliser l’opinion sur une stratégie qui pourrait être payante désormais : « La marche demandait une autorisation, or la grève de la faim n’a pas besoin d’autorisation. Et c’est une action forte et inédite » déclare Kamgaing lui-même. A travers donc cette grève de la faim, le président de la Ligue Camerounaise de consommateurs (LCC), à lui seul, a réussi à ouvrir au sein de l’opinion publique et médiatique un chapitre crucial concernant le prix du Kilowatt/heure de l’électricité au Cameroun. Il faut aussi avouer que personne n’accordait une moindre importance à ce dossier étant donné que les camerounais ont toujours eu à subir la dictature des prix des produits de consommation. Même le personnage de Kamgaing n’influençait personne dès le départ.

2-La deuxième leçon de cette grève est la démonstration du courage de cet homme de 39 ans, président de la Ligue Camerounaise de Consommateurs. Le Cameroun est sérieusement pris en otage par une clique (comme je l’ai annoncé plus haut) et, sortir de sa bulle d’enfer et oser s’humilier devant le monde entier, risquer sa vie sous la pluie, le soleil, les affres de la nuit, la solitude est tout autant pire que la souffrance humiliante du peuple sous l’effet du coût élevé de la vie. Dans un pays meurtri par une indifférence totale des dirigeants face à une revendication citoyenne plus ou moins légitime, il serait hasardeux de prendre le risque de les interpeller. Toute personne qui serait tenté par une initiative de revendication citoyenne de ses droits peut déjà considérer, dès le départ, qu’il ne sera pas écouter et qu’il perd son temps pour rien à défaut de risquer sa vie. Dans un tel environnement, seuls le courage et la détermination sont le socle d’une révolte réussie. Dans un pays où les gens ne défendent plus leurs droits et vont jusqu’à se moquer sous cape de celui qui tient à défendre les siens, et que ces gens sont prêt à jouir les fruits de la revendication, dans ce pays-là Kamgaing nous montre ce qu’est un citoyen. Le citoyen c’est celui qui a le courage de se lever et de défendre ses droits, rien que ses droits et tous ses droits, et qui au besoin met en jeu son droit ultime – le droit à la vie (Patrice Nganang), comment de pas parler de son courage et de porter son sac, comme on dit chez nous.

3- La troisième leçon est purementphilosophique et juridique. Elle est contenue dans cette idéologie de l’habeas corpus qui est le fondement même de la citoyenneté : « Mon corps m’appartient, à moi et à personne d’autre et j’en fais ce que je veux » (Patrice Nganang). Mon corps, entièrement mon corps m’appartient, c’est-à-dire: ma tête, mes pieds, mes mains, mon estomac, ma gorge, mon sexe, mes doigts, mes yeux, mon anus. Oui, mon corps m’appartient. Le principe de l’habeas corpus est reconnu comme le socle de la citoyenneté, du maître de soi, du contrôle de soi, bref, de la responsabilité. De ce principe découle le fait que tout individu, tout citoyen, en vertu des droits que lui confèrent les lois de son pays peut revendiquer, sans crainte d’être inquiété, tout ce dont il a besoin pour jouir de son corps. Selon donc ce principe, il serait absurde de maudire quiconque revendiquerait le bien-être en exposant son corps aux aléas de l’environnement. Ce serait lui refuser son droit de jouir de ce qui lui appartient. Voilà ! Aussi simple que cela puisse être compréhensible par tous. Hélas, les férus de la critiques acerbes ne se font pas prier pour exposer leur nudité intellectuelle à la recherche de… je ne sais quoi.

4- La leçon de citoyenneté de Kamgaing est un rêve, une prophétie, voir une rédemption. Se battre pour que le prix de l’électricité ne soit pas augmenté n’est pas un leurre. C’est simple comme bonjour et le rêve ici est de constater que Kamgaing n’aurait pas été le seul à bénéficier des fruits de cette grève. Pour y arriver, il a laissé sa famille, ses enfants, son cadre habituel pour se mettre à même le sol devenu sa chaise, son lit, sous la pluie, le soleil et que sais-je encore. Pour avoir aussi vécu une grève de la faim pendant neuf jours, je sais ce que cela signifie ne pas manger, ni boire, ni rien du tout. Bien que ça soit une épreuve ardue et contraignante, il ne faut surtout pas sous-estime le camerounais, quel qu’il soit, car en chacun d’eux somnole cette grandeur qui a un moment ou à un autre peut se réveiller pour nous dire que nous sommes des gens qui avons notre histoire devant nous. Rien, mais alors rien ne nous oblige d’accepter le statu quo qui est devant nous. La citoyenneté est donc ce qui nous distingue du sauvage, de la meute et de la barbarie.

5-La prise de conscience est sans doute la leçon qui aura eu plus d’écho et plus de retentissement : la visite du sous-préfet qui est venu s’enquérir de la situation. Au fait, cette visite était loin d’avoir pour objectif l’information. L’administrateur, comme à leur habitude, formé et formaté pour la répression citoyenne, est juste venu convaincre le gréviste de libérer le plancher de la voie publique et de rejoindre sa famille. Peu importe. L’avantage est qu’il venu lui-même, loin de son cadre douillet. Un groupe de journalistes de deux quotidiens camerounais Le Jour basé à Yaoundé et Le Messager basé à Douala est venu dire au gréviste leur soutien pour ce noble combat. Il n’en fallait moins pour témoigner de l’intérêt que la presse porte au changement, à la révolution des mentalités de revendication des droits du citoyen que certains semblent considérer comme une perte de temps. L’un des succès est aussi et surtout l’ouverture d’un dialogue sur la question ce lundi 28 avril 2014 en vue de donner la position formelle du gouvernement camerounais. Bien entendu, la LCC entend par là maintenir l’option de la non augmentation du prix de l’électricité faute de quoi le citoyen Kamgaingva se « rassoir pour poursuivre la grève ».

TchakounteKemayou


Crise énergétique au Cameroun : état des lieux

Depuis ce lundi 21 mars 2014, la ville de Yaoundé a encore fait parler d’elle. Dans les chaumières et aussi dans la plupart des réseaux sociaux et les médias de masse, la grève de la faim initiée par Delor Magellan Kamseu Kamgaing meuble les conversations. Après une semaine sainte mouvementée et qui a été marquée par la fameuse apparition de l’image de Jésus sur le mur d’un domicile, le président de la Ligue Camerounaise de Consommateurs (LCC) a décidé de faire parler de lui. Une probable (Future) augmentation du coût de l’électricité au Cameroun est à l’origine de la révolte de ce citoyen qui n’entend pas laisser l’entreprise AES SONEL se permettre une telle erreur qui pourrait compromettre la paix et la sécurité des consommateurs déjà fatigués de subir le poids du management opaque du secteur de production de l’énergie. Cette grève de la faim, malgré le bien-fondé de son objectif, suscite tout de même un remous au sein de l’opinion camerounaise qui est divisée sur le choix de la stratégie qu’a fait le citoyen Kamgaing de se révolter contre le système de gestion opaque de l’électricité. Avant d’aborder cette problématique que j’aborderais dans le prochain billet, un bilan rétrospectif sur l’état des lieux est nécessaire.

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Crédit photo: fr.africatime.com.
Les ingénieurs de AES SONEL à l’oeuvre

L’électricité au Cameroun, un bilan moins élogieux pour un fort potentiel hydraulique

Aux lendemains de la grande récession qui a secoué l’économie mondiale en 1995, la plupart des pays africains qui étaient touchés se voient imposer par les bailleurs de fonds multilatéraux une autre stratégie de management pour sauvegarder les intérêts capitalistes. C’est ainsi que les politiques de privatisation ont été menées de bout en bout par le Cameroun et la Société Nationale d’Electricité du Cameroun (SONEL), candidat à la privatisation, a été l’une des grandes entreprises visées par le gouvernement camerounais. Cette option était la solution miracle pour sauver l’entreprise de la mauvaise gestion due au manque de stratégies managériales pour arrimer l’entreprise aux nouvelles exigences des normes internationales exigées par la concurrence. C’est ainsi qu’un appel d’offre a été lancé le 30 novembre 2000 où il sera question de céder plus de 50% du capital à une structure privée. Après une étude des dossiers des six candidats à la reprise, seule AES corporation des Etats unis a rempli les exigences requises par la Commission technique de privatisation et de liquidation des entreprises publiques et parapubliques. Le 19 juillet 2001 a été alors la date historique de la privatisation de la SONEL qui a coûté 23 milliards de francs CFA et l’élu, AES SIROCCO LIMITED, contrôlera donc 56 % du capital de l’entreprise.

Dix (10) ans après cette privatisation, c’est-à-dire en 2011, dans une étude de commerce et marketing à l’Institut de Formation pour le Développement à Yaoundé, Jean- Louis NDZOUDOM dans sa thèse dresse un bilan sur l’état des lieux de la crise énergétique au Cameroun intitulée « EDC (Electricity Developpment Corporation) et la relance du pool énergétique camerounais : enjeux et perspectives ». Dans cette étude, la dure sentence est donnée pour lancer le débat : « Le Cameroun dispose aujourd’hui du troisième potentiel hydroélectrique d’Afrique. Cependant, la crise énergétique qu’il traverse s’explique moins par l’absence d’exploitation de ce potentiel que par la volonté de ses dirigeants ». Le ton est donc lancé et l’on assistera, plus que par le passé, à une déferlante critique de la gestion du reprenant AES SONEL venant de toute part et allant jusqu’à exiger le départ de AES SIROCCO LIMITED. La source de la crise énergétique venant principalement de la « volonté des dirigeants » il serait intéressante de donner ici quelques indices de compréhension sur les raisons de cette incompétence notoire. Dans une autre étude plus ancienne menée par la SONEL et Electricité de France de 1976 à 1983 et intitulée « Atlas du potentiel hydroélectrique du Cameroun », un inventaire général des ressources hydroélectrique du Cameroun nous montre que le Cameroun dispose de « 23 sites signalés dont les caractéristiques principales sont simplement consignés sur une fiche technique, de 30 sites signalés sur plans dont la fiche technique est accompagnée de documents topographiques et de 59 sites étudiés au niveau de l’esquisse d’aménagement, faisant chacune l’objet d’une note accompagnée de plans qui décrit les conditions naturelles du site et le schéma d’aménagement et donne une évaluation de ses caractéristiques énergétiques ainsi que de son coût de réalisation » (Jean- Louis NDZOUDOM).

Une excessive bureaucratisation et une médiocrité en termes de qualité de service   

« Au Cameroun, la principale source de production d’énergie électrique est la centrale hydroélectrique [qui occupe 76% du parc de production énergétique], parce que l’énergie produite est moins coûteuse, bien que la construction d’une centrale électrique soit onéreuse » (Jean- Louis NDZOUDOM). C’est le fait du fort potentiel naturel exploitable dont dispose le Cameroun en matière de ressources énergétique. Mais, des régimes pluviométriques, la variation des débits, la vétusté des installations existantes et des réseaux de transports rendent l’hydrologie capricieuse. Les contraintes liées à la conjoncture de 1986 et aux politiques économiques d’ajustement structurel font que la production de l’énergie soit tributaire d’une bonne santé financière compte tenu du fait que la construction des barrages est trop coûteuse.

La défunte SONEL, avec 100% des parts détenus entièrement par l’Etat du Cameroun, avait comme principale politique la satisfaction de l’intérêt général, donc le social. Par contre, il serait malhonnête de penser que cette SONEL-là ne faisait pas de bénéfices. Cette privatisation intervenue en 2001 est le fait même de la mauvaise gestion de cette plus-value. La privatisation avait alors deux objectifs : elle visait l’augmentation de l’accès à l’électricité en zone urbaine et rurale d’une part, et d’autre part, l’amélioration, en termes de qualité, de la fourniture de l’électricité. Trois ans après la privatisation (2004), le constat amer du bilan avait déjà été confirmé par un rapport de la Banque mondiale. Pour sauver le bateau en plein noyade, par anticipation (Dans la loi N°98/022 du 24/12/98 sur la réforme du secteur de l’énergie) une multitude de plans avait été mis en branle : la création de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL), de l’Agence de l’Electrification Rurale (AER) et de la société Electricity Development Corporation (EDC) sans oublier le « plan de développement du secteur de l’électricité à l’horizon 2030 (PDSE 2030) » qui marque clairement la stratégie du Cameroun de sortie de cette crise. Du coup, plusieurs projets de développement du secteur d’électricité sortent des cerveaux : « Le projet d’aménagement hydroélectrique de Memve’ele, le projet d’aménagement hydroélectrique de Mekin sur le Dja, le programme thermique d’urgence, la réhabilitation du barrage réservoir de Lagdo, le projet d’interconnexion Tchad Cameroun et le programme d’électrification rural pour ne citer que ceux-ci. De tous ces projets, Seul Lom Pangar semble avancé avec la finalisation des études techniques et la mise en oeuvre du plan d’indemnisation et de réinstallation (PIR). Néanmoins, la question de son financement reste préoccupante » (Jean- Louis NDZOUDOM).

La demande en énergie électrique qui croit de 5 à 6% par an exige un investissement conséquent. Comme le prévoit le cahier de charge, AES SONEL doit mettre l’accent sur l’investissement pour justement augmenter l’accès à l’électricité. Toujours dans le contrat de concession entre AES-SONEL et le gouvernement camerounais, l’une des clauses sur lesquelles AES SONEL ne cesse de martyriser les consommateurs, stipule que ceux-ci vont subir trois augmentations du prix de l’électricité afin de permettre à l’entreprise de rentabiliser ces investissements. Le taux d’augmentation du coût de l’électricité a été de 5% entre 2001 et 2002, puis de 7,5% par an jusqu’à 2004, une autre augmentation est intervenue entre 2012 et 2013. Il est fort regrettable de penser que cette même société s’apprêterai à faire subir aux consommateurs une autre augmentation en 2014 alors que la qualité de fourniture de l’électricité par cette entreprise est contestable et ne respecte pas les normes internationalement connues et reconnues. Les consommateurs se plaignent chaque jour des coupures intempestives, des délestages et les sous/surtensions qui endommagent les appareils électriques. Mais, au siège social de AES SONEL, tout détracteur est pris au dépourvu des chiffres élogieux que l’entreprise brandit pour se satisfaire des résultats obtenus : « Plus de 630 milliards de F CFA (960 millions d’euros) investis en douze ans, essentiellement dans la construction de centrales thermiques. Plus de 400 000 nouveaux abonnés, soit un doublement du portefeuille existant lorsque l’américain AES Corporation avait repris 56 % de l’entreprise, en 2001. Et, surtout, une capacité de production dépassant l’objectif de 1 000 MW initialement fixé, pour atteindre aujourd’hui 1 238 MW grâce à la création de deux filiales : Dibamba Power Development Corporation, qui gère une centrale thermique en banlieue de Douala, et Kribi Power Development Corporation, chargée de la centrale à gaz de la cité balnéaire du sud du pays » (Jeune Afrique Economie). Si le bilan est si satisfaisant, comment expliquer que AES Corporation, à la date du 7 novembre 2013, signe des accords de la vente de la totalité de sa participation (56%) dans AES Sonel à Actis, un capital-investisseur spécialisé dans les pays émergents, présent en Côte d’Ivoire, au Kenya et en Tanzanie à un montant de 220 millions de dollars (Jeune Afrique Economie) ? Tout ce bilan peut-il donner raison à AES SONEL de titiller l’opinion sur une future augmentation du coût de l’électricité au Cameroun ? « Non », affirme Delor Magellan Kamseu Kamgaing, président de la Ligue Camerounaise de Consommateurs et qui a tenu à se faire entendre sa voix par un sit-in devant l’ARSEL.

Tchakounte Kemayou


Yaoundé : Mystère sur l’image de Jésus

Yaoundé la belle ! La ville des sept collines ne cesse de me surprendre. Je suis dans la capitale depuis ce lundi 14 avril et il est difficile de comprendre comment la ville est en émoi depuis ce mardi 15 avril. Cette histoire d’apparition de Jésus de Nazareth n’arrête pas de me mettre dans tous mes états. C’est devenu un fantasme que de voir les gens courir dans tous les sens pour retrouver ce Jésus dont on dit qu’il est déjà revenu. Oh ! Que dis-je, qu’il est apparu en image dans un domicile situé à Odza, une banlieue de Yaoundé. Une envie folle me vient de faire le déplacement pour vivre en tant qu’observateur, mais le but de ma présence à Yaoundé, compte tenu de l’urgence, et mes convictions de scientifique d’éviter de « faire foule » me retinrent. Je me résolus donc de me contenter des témoignages. De quoi s’agit-il, donc ?

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Crédit Photo Equinoxe Radio et TV. Dame Amougui pendant son témoignage

Le témoignage de dame Amougui

Aux environs de 17 heures (heure locale) ce 15 avril, dame Amougui qui se considérée comme chrétienne catholique et pratiquante raconte, au micro de Radio Equinoxe, une chaîne privée de Douala, une histoire mystérieuse qui reste encore considérée comme une « découverte ». Je vous livre l’économie de son témoignage que voici : « Je m’apprêtais à aller à la réunion à la paroisse de Messamendongo ; la présidente (du groupe) m’a appelé pour me demander de faire le rapport de ce qui s’est dit à la première réunion, et j’ai pris le bic (stylo à bille, NDLA), j’étais assise sur ma table à manger, je réfléchissais et je me demandais ‘’je peux même commencer par quoi‘’. Je ne savais pas sur quoi j’allais commencer. Dès que j’ai dit ça, j’ai vu la lumière frapper l’ombre de quelqu’un qui est entré, mais je n’ai pas vu la personne. Et quand j’ai vu cette lumière, j’ai eu la chair de poule et j’ai sursauté. Après, j’ai regardé et j’ai vu l’image se montrait plus claire. Je n’ai pas d’abord cru. J’ai appelé mon petit neveu qui vit ici, je lui ai demandé est-ce que tu vois quelque chose droit devant toi ? Il me dit qu’il voit Jésus ; je lui ai demandé s’il est sûr que c’est vraiment Jésus, il me dit oui, c’est Jésus. Je me mets à genoux et je me mets à prier. Je lui ai dit, si tu es réellement Jésus, puisque je dois dire que j’ai vu ta face, je ne vais pas le dire sans preuves ; permets qu’on filme avec ce téléphone. On a pris le téléphone et on s’est mis à filmer et l’image devenait plus claire. A un moment, on a commencé à prier, on a appelé la famille et on a prié toute la nuit. Au fur et à mesure qu’on priait, l’image devenait de plus en plus claire. Le matin, les voisins sont venus, ainsi de suites, les gens arrivent et prient», raconte la dame. Précision de taille, je suis à la neuvaine de la face de Jésus et le mardi en était le 5ème jour ». Ce témoignage semble bien loin d’être une farce, puisque la photo donc la dame parle se trouve partout dans les réseaux sociaux. Il faut avoir les yeux bien écarquillés pour voir ce fameux visiteur d’un autre genre venu bouleverser toute une paisible ville. Jésus là est fort, hein !

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Crédit Photo: Equinoxe Radio et TV. Le mur en question où l’image apparaît discrètement;

Les apparitions des Saints

Après avoir écouté ce témoignage et celui de beaucoup d’autres personnes confirmant la réalité de cette image, je me perdis dans une cogitation qui ne dit pas son nom et deux questions qui me viennent à l’esprit à cet instant précis sont celles-ci : pourquoi Jésus de Nazareth choisirait-il d’apparaître en privé dans un domicile ? Quelle est la signification des apparitions des morts, ou mieux, des Saints ? Il faut signaler que les apparitions les plus célèbres dans le monde sont celles des Saints tels Jésus de Nazareth et de sa mère, la Vierge Marie. Jusqu’ici, ma mémoire peut me tromper, les apparitions de Jésus sont révélées dans la Bible. Mes comptes me donnent en tout douze (12) apparitions au total que je me fais le plaisir de mentionner ici : Selon la tradition, Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie, au sépulcre (Jn XX 11-18) ; Deuxième apparition aux autres femmes (Matthieu XXVIII, 9-10) ; Troisième apparition aux disciples d’Emmaüs (Lc XXIV 13-32) ; Quatrième apparition à Saint Pierre (Lc XXIV 33-35) ; Cinquième apparition aux Onze, sans Thomas (Jn XX, 19-25) ; Sixième apparition aux Onze et Thomas est là (Jn XX 26-31) ; Septième apparition aux Onze sur les bords du lac (Jn XXI 1-17) ; Huitième apparition aux Onze sur la montagne (Mt XXVIII 16-20 ) ; Neuvième apparition à Béthanie (Lc XXIV 50-53) ; Dixième apparition Ascension (Actes I, 4-11) ; Onzième apparition à saint Jacques, le mineur, le cousin de Jésus, 1er évêque de Jérusalem (I Corinthiens 15, 1-7) ; Douzième apparition à saint Paul (I Corinthiens 15, 8). Pour finir avec cette liste des apparitions des Saints les plus célèbres, je vous livre ici le fruit de mes recherches qui m’ont amené à découvrir que la Vierge Marie a été « découverte » dans le monde quatorze (14) fois selon le site dédié à l’histoire de Marie www.mariedenazareth.com. Il faut tout de même rappeler que ce sont des découvertes les plus célèbres qui sont considérés comme des sanctuaires mariaux : La Chapelle de la rue du Bac : La médaille miraculeuse (Paris, 1830); Kibeho : Notre-Dame des douleurs (De 1981 à 1989, à Kibeho, Marie apparut à plusieurs jeunes filles dont l’une prophétisa le génocide rwandais de 1994) ; Sanctuaire marial de Saragosse : El Pilar, le coeur des chrétiens espagnols (Saragosse, 2 janvier 39) ; Notre-Dame de la Guadalupe : Le portrait céleste (Juan Diego , 1531) ; Notre-Dame du Laus : Refuge des pécheurs (Laus, France) ; Sanctuaire marial de Torrecuidad : Par Amour de la Vierge (sanctuaire marial Torreciudad fondé au11è siècle et promu au 20è par Saint Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei) ; N.-D. de Beauraing : La Vierge au coeur d’or (Beauraing en Belgique, 1932) ; N.-D. de La Salette : Sanctuaire de la conversion (Isère) ; Dévotion mariale au Mont Hostyn (13ème siècle) ; Yamoussoukro : La grande basilique africaine ; Notre-Dame de Lorette : La Sainte maison ; N.-D. de l’Annonciation : Ici, le Verbe s’est fait chair ; La tradition mariale du Puy-en-Velay. Cependant, le Cameroun a connu, avant cette apparition de l’image de Jésus, l’apparition de la Vierge Marie. Cette fois-ci c’était le 13 mai 1986 sur un arbre à Nsimalen, non loin de Odza, comme par miracle ! En ce 15 avril 2014, le Cameroun fait donc le plein des apparitions (Jésus et sa mère, Marie). Pays en miniature, donc !

La problématique de la foi (chrétienne)

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Crédit Photo: Equinoxe Radio et TV. Une foule devant le domicile en question

Ma cogitation sur la foi a été quand même suscitée par cette déferlante agitation des camerounais dans leur soif incessante de voir de leurs propres yeux, comme on dit chez nous ici, ce Jésus, cette image de Jésus j’allais dire, afin de confirmer que le miracle est bien possible. Ce peuple-là n’est pas bien différent de Thomas qui n’a pas cru lorsque ses collègues disciples lui ont annoncé que Jésus est bel et bien vivant. Ce même Thomas a d’ailleurs eu une remontrance de Jésus qui lui reproche de lui manquer de confiance. Du coup je m’interroge sur cette foi chrétienne que d’aucun camerounais s’estiment avoir en voulant absolument voir avant de croire comme Thomas, donc ! Voilà donc le résultat de cette misère en la croyance qui hante un peuple meurtri par la peur de son devenir, le manque de confiance en soi. Un ami, Manmut Pem, dont les positions sur la question de la foi me donnent toujours à réfléchir s’offusque donc en ces termes : « Le désespoir est un fonds de commerce dans cette Afrique où la misère semble avoir un avenir très prospère. On appauvri le peuple et après on le met sous le joug des gourous qui se font passer pour des prophètes d’un dieu venu de Nazareth; et du coup on a résolu la question de la mobilisation populaire. Il y a ici une coalition politique des professionnels de la Bible et des voleurs en col blanc des gouvernements africains ». Pour lui, le débat se situerait à partir de 1990 avec la loi sur la liberté d’association (LOI 90/053 DU 19 DÉCEMBRE 1990). C’est elle qui a donné le coup d’envoi à la prolifération de toutes ses Églises dont le but était clairement de remplacer les partis politiques c’est-à-dire de tuer toutes luttes du peuple pour se libérer du joug de la domination oligarchique. Ainsi les religions se sont créées à tout vent et à tous les coups. La balise qui est l’enseignement de la foi a été mise en veille au profit de la fanfaronnade et de l’embrouillamini tout azimut. Du coup, le peuple convertit en chrétien ressemble à ce Thomas qui veut voir avant de croire. Et je ne peux m’empêcher de citer le verset, bouleversant tout de même, de l’évangile selon saint Jean (20, 19-31) où Jésus s’adresse à Thomas et lui disant ceci : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Peut-on, au vue de tout cela, considérer que le christianisme a raté sa mission d’évangile en Afrique ? Bien malin qui répondra à cette question.

Tchakounté Kemayou


Chronique de la situation de la presse écrite camerounaise (suite)

La presse écrite camerounaise est actuellement confrontée à un véritable serpent de mer : le financement de ses activités. Les récents développements des technologies et des techniques dans les domaines de la presse à travers le monde sont venus enfoncer davantage cette presse camerounaise déjà abattue par son incapacité à affronter les défis du monde moderne. Cette presse écrite va donc subir des concurrences surtout déloyales qui lui vaudront beaucoup de déboires. Ces déboires sont de différents ordres, mais ici, je me limiterai exclusivement à l’accès des Camerounais au réseau Internet.

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Crédit Photo: JournalduCamer.org

Le faible développement du réseau camerounais

C’est connu de tout le monde que le Cameroun reste le parent pauvre de la couverture du réseau des télécommunications et plus particulièrement de l’Internet. En 2000, le ministère des Postes et Télécommunication évaluait le taux d’utilisation d’Internet à 3.3 pour 1000. Cinq ans après, dans une thèse de doctorat soutenue à Paris II en 2005 sur l’utilisation d’Internet au Cameroun, Baba Wame fait le triste constat selon lequel les utilisateurs d’Internet au Cameroun se chiffrent à 100.000 personnes seulement. Plus récemment encore, en 2013, les données du cabinet d’analyse internetsociety.org révèlent que le Cameroun a un taux d’utilisation d’internet de 14 %. L’un des plus faible d’Afrique subsaharienne, derrière les pays comme le Burkina Faso (41 %), le Ghana (38 %), le Kenya et l’Ouganda (35 % chacun), le Mali (25 %), le Sénégal (23 %) et surtout ce pays qui sort du génocide, le Rwanda (35 %) ! Pourtant, le Cameroun a une forte potentialité en ressources tant humaines qu’énergétiques capables de hisser le pays parmi les plus fournis et les plus développés en accès Internet haut débit par fibre optique. Si l’on considère que le taux d’accès et d’utilisateur d’Internet est aussi fonction du taux de possession des outils informatiques tels que l’ordinateur ordinaire ou de bureau, le taux d’utilisateur d’Internet, en plus du taux de possession d’un outil informatique sera fonction du PIB (Produit intérieur brut), même avec la suppression de la TVA douanière sur les matériels informatiques importés.

Les différents usages d’Internet chez les Camerounais

Les études menées en 2007 par Carine Laure Koudjou à l’université de Paris-Nanterre révèlent que les matériels informatiques (Ordinateurs) importés au Cameroun sont essentiellement destinés à un usage commercial. Mais ce qui est important pour nous ici, ce sont les usages domestiques ou personnels. Ainsi, le traitement de texte est l’activité dominante pour ces utilisateurs d’ordinateurs. Les activités développées comme DAO et logiciels professionnels, développement de progiciels, montages vidéo sont minoritaires. Cela fait dire à Carine Laure Koudjou que : « Ces résultats montrent une exploitation insuffisante de l’outil informatique et surtout la mauvaise maîtrise des usages qui peuvent en découler. D’autres ne se servent d’un ordinateur que pour avoir accès à internet ». C’est donc dire que, dans la plupart des ménages, Internet est trop loin l’usage le plus répandu. Mais, que cherchent les Camerounais sur Internet, justement ?

En 2005, Baba Wamé affirmait que la principale activité des Camerounais sur le net c’est la recherche des partenaires. « Par exemple, affirme-t-il, les Camerounaises sont les plus présentes sur les sites de rencontres. Sur affection.org, elles battent tous les records. Une femme sur trois (32,17 %) par rapport à l’ensemble des inscrites et une femme sur deux (49,21 %) si l’on ne recense que les Africaines ». Plus curieusement encore, Carine Laure Koudjou affirme, dans son étude, que la principale activité des Camerounais sur Internet c’est « Communiquer » et « Suivre l’actualité » qui ont un score de 80%. Ces statistiques nous montrent bien que la presse écrite, depuis belle lurette, a sa place dans les activités de surf chez les Camerounais. Malgré donc toutes ces insuffisances et ces retards techniques et technologiques, la presse écrite avait les possibilités de se faire une place au soleil. Non seulement elle n’arrive pas à se bâtir une renommée sur le net à cause de sa pauvreté financière, mais elle est peut-être victime d’une concurrence pour le moins curieuse.

La création et la gestion des sites web de la presse écrite camerounaise

Les sites Internet de la presse écrite, j’allais dire les titres de la presse écrite camerounaise ont connu très tardivement leur apparition sur la Toile. Le développement de leur site est à l’image de la pauvreté du réseau Internet. Pourquoi donc les promoteurs de la presse écrite camerounais en particulier et des médias en général sont réticents jusqu’à présent à mettre en place une rédaction spécialisée dans la diffusion de l’information sur le web ? C’est encore une source de dépenses, me dira-t-on ! Car il y aura l’hébergement du site qu’il faut financer, le personnel à y affecter et toutes les charges que cela pourrait coûter aux promoteurs. Mêmes certains titres les plus célèbres comme le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, les quotidiens privés dits « indépendants » comme Le Jour, Mutations, L’Actu, La Nouvelle Expression, etc. ont des sites qui, pour certains, sont mis à jour 24 heures après la publication sur papier journal et pour d’autres comme quotidien comme Ouest-Littoral qui n’en ont même pas ! Le quotidien Le Messager, par contre, a une situation particulière. Elle a traversé une crise pendant longtemps, et depuis le décès de son promoteur Pius Njawé, la famille se bat tant bien que mal pour restructurer le journal qui a mis son site Internet en veille depuis plus de 10 ans maintenant. Cette situation est encore plus catastrophique pour les hebdomadaires, les (bi-) et (tri-) hebdomadaires qui sont réguliers et célèbres comme Le Septentrion, L’œil du Sahel, La Météo, et j’en passe.

La presse écrite camerounaise pêche donc par son absence criante sur la Toile depuis l’avènement des NTIC. Ceci est le reflet de sa mauvaise santé financière et plus particulièrement sa mauvaise structuration en termes d’organisation professionnelle et corporatiste. Le développement des NTIC sera une aubaine pour les Camerounais de la diaspora qui disposera désormais d’un outil efficace pour se rapprocher de plus en plus de la population d’origine. L’information qui est considérée comme ressource efficace pour un retour aux sources sera alors mise en valeur à travers le net. Le faible taux d’accès au net pour les Camerounais de l’intérieur ne pourrait donc pas être une explication plausible pour mettre en exergue l’absence de nos médias sur le net. Cette absence sur la Toile a donc permis la création des sites de partages des informations contenues dans les quotidiens. La plupart de ces sites ont été mis sur pied par quelques Camerounais de la diaspora qui ont vu qu’il y avait un marché à développer grâce au vide laissé par les promoteurs de la presse écrite. Ces sites de partages (Surtout les plus en vue en ce moment: cameroun-info.net et camer.be) vont alors se développer au détriment de ces journaux nationaux et vont offrir donc des informations qui seront même diffusées avant la publication dans les journaux en question. La concurrence devient alors rude entre les sites d’information de partage et les sites des journaux existants sur le net. D’autres parlent même de concurrence déloyale ou pire, de « vol » des articles par ces promoteurs de sites de partage qui raflent la mise en termes de nombre de visites par jour et qui se chiffrent en centaines de milliers. Du coup, le débat est ouvert sur l’autorisation ou le droit de partage que ces promoteurs des sites de partage s’octroient pour la diffusion des articles de presse. Mais, le problème se pose parce que la presse, comme je vais le démontrer dans le prochain billet, n’arrive pas à rentrer dans ses fonds dans la vente des journaux papier. Du coup, il se pose aussi la problématique du financement de cette presse qui se porte de plus en plus mal. Avant d’aborder la problématique du droit d’auteur, le prochain billet sera consacré à la gestion de la vente des journaux papier au Cameroun.

Tchakounté Kemayou  


Cameroun : trois religieux kidnappés, Boko Haram soupçonné

Dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 avril 2014 trois religieux ont disparu subitement. Selon les témoins, aux environs de 23 h45, heure locale, les hommes armés ont débarqué dans leur paroisse appelée « Paroisse de Tchéré ». C’est une bâtisse située à environ 20 km de Maroua (800 km au nord de Yaoundé), capitale de la région de l’extrême-nord du Cameroun. Région voisine du Nigeria. Il s’agit des prêtres italiens Giampaolo Marta, 47 ans, arrivé au Cameroun en 2004 et Gianantonio Allegri, 57 ans,  de nouveau au Cameroun depuis septembre 2014 après avoir passé 10 ans depuis 2002. Les deux sont originaires de Vicence, dans le nord de l’Italie. La sœur canadienne Gilberte Bussière, âgée de 80 ans, vit au Cameroun depuis 1979 et appartient à la Congrégation Notre-Dame de Montréal qui compte une vingtaine de religieuses dans le pays.

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Pour l’histoire, les kidnappings de ce genre ne datent pas d’aujourd’hui. Rappelons que  dernièrement, le rapt du prêtre français Georges Vandenbeusch, 42 ans, a fait beaucoup de bruit. Il avait été kidnappé un 14 novembre 2013 dans son monastère, la paroisse de Nguetchewe, près de Koza, dans le nord du pays, à 700 kilomètres de la capitale Yaoundé, une zone considérée comme très dangereuse. Avant lui, le 19 février 2013, la famille Moulin-Fournier avait elle aussi été enlevée.

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Le père Gianantonio Allegri

Ces deux derniers kidnapping avaient connu un tapage médiatique international à tel point  que les soupçons qui pesaient sur le groupe islamique Boko Haram ont fini par être confirmés par le chef Abubakar Shekau, leader du groupuscule depuis 2009. C’est donc avec cette certitude que le père Henri Djonyang, vicaire général du diocèse camerounais de Maroua-Mokolo, joint par l’AFP, affirme que les religieux ont été enlevés par des hommes armés de Boko Haram. «Ce sont eux qui l’ont fait », affirme-t-il sans hésitation.  Mais, comment alors comprendre ce kidnapping qui est un de trop?

Tout juste après la libération de la famille Moulin-Fournier, la presse camerounaise et beaucoup d’opinion diverses soupçonnaient le gouvernement camerounais d’avoir donné une rançon au groupe islamique Boko Haram pour la libération des Blancs français. Ces soupçons se sont encore renforcés lorsque la même France a encore eu maille à partir avec le kidnapping du prêtre Georges qui a été libéré quelque semaines après. Ces série de rapts et de libérations à n’en plus finir font penser que c’est devenu un marché tant du côté du Nigeria que du  Cameroun. Quelque leaders d’opinion se demandent au fait, pourquoi cet intérêt et cet empressement à libérer les otages blancs alors que beaucoup de Camerounais qui dans ces régions voisines du Nigeria vivent le calvaire? N’y aurait-il pas des acteurs de l’ombre qui tireraient des ficelles dans ce kidnapping en séries? Il ne fait donc aucun doute qu’il y ait des intérêts en jeu et que l’Etat camerounais gagnerait à se raviser sur sa stratégie. En tous les cas, qui vivra verra!

 Tchakounte Kemayou 


Tchad et RCA : les « anti-Balaka » et les « Balakaa » au centre de la discorde à Bruxelles

Le 29 mars 2014, une embuscade tendue par les miliciens « chrétiens » anti-balaka a causé la mort d’un soldat tchadien. En réponse, un détachement tchadien venu au secours a aussi causé la mort d’au moins 24 Banguissois. Voilà la goutte d’eau qui a débordé la vase. Du coup, Human Rights Watch bondit sur la perche pour dévoiler au grand jour les « dérives » de ses 850 hommes (sur les 6 000 que compte la Misca, la force continentale déployée sur place en RCA pour le rétablissement de la paix). Le courroux de l’homme fort de Ndjamena, Idriss Déby Itno (IDI) et partenaire de la France ne va pas tarder à se faire sentir. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères sur les ondes de RFI, Moussa Faki Mahamat, Ndjamena se plaint du « lynchage ».

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Catherine Samba-Panza et Idriss Déby Itno

Qui lynche qui ? Tenez : en 2003 François Bozizé a déchu Ange Félix Patassé grâce à IDI, tout récemment en 2013, Michel Djotodia, figure de proue de la Seleka a aussi eu la grâce de IDI qui a renversé François Bozizé, devenu enfant têtu, en 2014 Michel Djotodia à son tour fut congédié à Ndjamena et remplacé par sa compatriote Catherine Samba-Panza élue à Bangui, chef d’Etat de transition d’une nation à feu et à sang. Celle-ci a-t-elle dépassé IDI qui voulait aussi lui faire subir le même sort que ses prédécesseurs ? C’est fort probable.  Au fait, de quoi IDI a-t-il peur ? Depuis le coup d’Etat contre Hisseène Habré, son trône reste toujours en danger. Toutes les régions du Tchad comptent pratiquement une rébellion. Après avoir fini de corrompre les gars de son clan des Zaghawas qui l’ont aidé à prendre le pouvoir, il ne réussit pas toujours à mettre la main sur les autres rebelles qui lui donnent, chaque jour, des sueurs froides lorsque l’un des pays voisins, plus ou moins proches, est dans la tourmente. Pour preuve, je me rappelle qu’en février 2008, les rebelles du Commandant militaire unifié (CMU) étaient sur le point de déloger IDI qui a eu l’intelligence d’appeler son ange gardien, le président français qui a réagi tout de suite. C’est donc ce qui peut expliquer l’engagement de IDI au Mali et en RCA. Il est devenu donc le partenaire privilégié de la France pour des interventions militaires.

Par l’entremise de la France, IDI devient donc l’homme fort en Afrique pour le maintien de la paix en lieu et place des Nations unies et de l’Union africaine. Voilà donc pourquoi il peut destituer qui il veut et quand il veut. Il n’est plus le président, c’est l’homme fort désormais. Les actes diplomatiques remarqués ces derniers temps rendent bien compte de ce fait. La destitution de Michel Djotodia à Ndjamena, l’escale au Tchad pour rencontrer IDI de Mme Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, après une visite éclair en Centrafrique. Mais aussi et surtout, les soupçons qui pesaient sur Michel Djotodia et son gouvernement provisoire considérés comme des feudataires, le financement des criminels de la Seleka et armés par Ndjamena, et les Tchadiens soupçonnés d’être la Seleka ou des islamistes imposant la charia en terre bantoue ressortent des tiroirs pour accabler IDI. Peut-on ainsi comprendre la colère et la riposte des chrétiens appelés « anti-Balaka » qui ont décidé de chasser… Oui, je dis bien « chasser » les musulmans appelés « Balaka » en RCA ? C’est la réponse  du  berger à la bergère.

Pour le moment, il est certain que Mme Catherine Samba-Panza n’était pas « manipulable » par l’homme fort qui a trouvé une perche pour sortir du bourbier où son partenaire, la France, l’a plongé. Quel gâchis ! diront certains. La décision du retrait a été suivie d’effet à l’immédiat et les 850 hommes se retireront donc progressivement. Bon débarras, donc !

Tchakounté Kemayou


Cameroun : la désacralisation de la fonction ministérielle

Le 31 mars dernier, les nouvelles sur l’arrestation sous mandat d’arrêt, du ministre camerounais des Enseignements secondaires, Bapes Bapes, a fait la Une des journaux.Vingt-quatre heures après (le 1er avril), ces mêmes journaux annonçaient la libération du ministre. La liesse qui a suivi à son domicile démontrait que le ministre venait de loin. Que s’est-il donc passé exactement ?  S’agissait-il d’un poisson d’avril cousu de toutes pièces par le pouvoir ? Que non !

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La Une du quotidien camerounais « Le Jour » des 31 mars et 1er avril 2014

A situation exceptionnelle, communication exceptionnelle. En 2 min 27 s, Issa Tchiroma, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a donné très tard (22 h45) le même jour après la libération, dans les locaux de son ministère à Yaoundé, un point de presse donc voici en substance la teneur : « Dans la journée du 31 mars 2014, Monsieur Louis Bapès Bapès, ministre des Enseignements secondaires, a été placé en détention provisoire par le juge d’instruction du Tribunal criminel spécial. Dans le cadre d’une procédure suivie contre lui pour détournement de deniers publics. Le 1er avril 2014, en application du pouvoir que lui confère les dispositions de l’article 222 alinéa 1er du code de procédure pénale, ce juge a donné main levée d’office du mandat de détention provisoire décerné à l’encontre du sus nommé. En effet, d’après cet article je cite  : « Le juge d’instruction peut à tout moment, jusqu’à la clôture de l’information judiciaire, d’office, donner main levée de mandat de détention provisoire» fin de citation. En la matière, le juge n’obéit qu’à sa conscience et n’a de comptes à rendre à personne. Il y a lieu de rappeler que d’une part, d’après l’article 1er du code pénal, la loi pénale s’impose à tous. Et que d’autre part, la procédure d’information judiciaire suivie contre lui, suit son cours normalement. Voici la communication que je voulais porter à votre connaissance, en raison du fait que l’affaire se trouve entre les mains de la justice, un pouvoir indépendant, jaloux de son indépendance et de ses prérogatives, il ne m’est pas permis de répondre à une quelconque question qui tarauderait l’esprit des journalistes

Selon le journaliste Grégoire Djarmaïla, Louis Bapès Bapès fait bien l’objet d’une poursuite judiciaire pour détournement de deniers publics et qu’il est très tôt pour les proches du patron des Enseignements secondaires de jubiler, car « la procédure d’information judiciaire suivie contre lui » ne va pas s’arrêter malgré sa remise en liberté. Tout porte donc à croire qu’il pourrait retourner à Kondengui, après le remaniement ministériel qui pointe à l’horizon.

A la suite de cette rocambolesque arrestation, je suis tout de même confus par cette facilité et cette manie que nous avons, dans ce pays, de la désacralisation de la fonction ministérielle, de l’autorité de l’Etat, de la banalisation institutionnelle à défaut de parler de crime. C’est le leader d’un parti politique, Milla Assoute, réfugié en France qui s’insurger contre ces pratiques de banalisation et de désacralisation. Pour lui, explique-t-il mot à mot, un ministre qui est soupçonné de vol ou de prévarication doit rendre sa démission ou être déposé par respect institutionnel avant son arrestation. Arrêter un ministre en fonction sans décret de destitution préalable est une barbarie d’autocrate contre les institutions de la République qu’il confond à sa cuisine et de terreur à l’égard des ministres membres du gouvernement de la République. Il n’y a pas à prendre un acte de régularisation a posteriori, mais un acte a priori.

« ON A TOUT COMPRIS », cette citation a inspiré le journaliste Thierry Ngogang qui nous rappelle le dernier passage de la star ivoirienne au Cameroun :
Commentant le retour triomphal du président Biya à Yaoundé alors qu’on l’avait déclaré mort à Genève en 2003, le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakholy, en concert ce jour-là au cinéma Abbia, avait eu ces mots lourds de sens : « Il y en a qui savent mourir pour mieux ressusciter… ».
Je ne sais pas si le président Biya a ordonné l’arrestation-gag de son ministre avant de le libérer, mais ce que je sais c’est que cette tragique comédie ne me fait pas du tout rire.

Pour rester en symbiose avec notre ami Tiken Jah chantons avec lui :

ALLEZ DIRE AUX HOMMES POLITIQUES,
QU’ILS ENLÈVENT NOS NOMS DANS LEURS BUSINESS,

ON A TOUT COMPRIS

ILS NOUS UTILISENT COMME DES CHAMEAUX,
ILS ALLUMENT LE FEU, ILS L’ATTISENT
ET APRÈS ILS VIENNENT JOUER AUX POMPIERS

ON A TOUT COMPRIS

Si le président Biya voulait nous montrer qu’il est fort,
Nous lui répondons: « ON A TOUT COMPRIS ».

Tchakounte Kemayou 


Chronique de la situation de la presse écrite camerounaise

Je me rappelle ces années de braise (de 1990 à 1992) où les journaux se vendaient comme de petits pains dans tous les coins de rue de Douala et de Yaoundé, et même dans l’arrière-pays. Je me rappelle aussi… Oui, je me rappelle vraiment, et avec nostalgie, ces moments où ma passion pour la lecture s’était révélée lorsque, au lieu de m’acheter des sucreries ou amuse-gueules comme le faisaient les enfants de mon âge (Pendant mes années de lycée), je courais au kiosque à journaux loin de la maison pour acheter mon trihebdomadaire ou magazine préféré (Le Messager et Jeune Afrique Magasine). A mon jeune âge, la lecture pour moi c’était un loisir, un passe-temps. Malheureusement, je ne suis pas né dans une famille de lecteurs. Je n’avais donc pas accès aux livres pour me cultiver à la lecture. Mais, seulement à défaut de lire les livres trop coûteux pour moi, je me rabattais sur les journaux. La presse camerounaise a donc connu une effervescence telle que les tirages avoisinaient les 80.000 à 100.000 exemplaires par titre et par numéro. A l’époque, c’était même considéré comme une banalité. Aujourd’hui, pour tirer 5.000 à 10.000 exemplaires est considéré comme un exploit ! Je suis incapable, comme beaucoup de camerounais aussi, de m’offrir, pardon ne vous moquez pas de moi, un seul titre par mois, voire par an, je voulais plutôt dire que je n’achète plus les journaux. Pour des raisons diverses, la presse écrite camerounaise connait une décrépitude criarde. Comment en est-on arrivé là ?

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Pendant ces années de braise donc, le contexte était donc favorable à cette éclosion de la presse écrite. Le vent des libertés de l’Est a été le facteur majeur que beaucoup d’historiens considèrent comme précurseur des libertés en Afrique noire. Les peuples, restés longtemps sous le joug des dictatures et du totalitarisme depuis les indépendances, ont saisi la balle aux pieds pour faire plier les régimes gérontocrates et barbares. D’où le concept de « Conférence nationales » réclamée à cor et à cri à travers les « Villes mortes » que certaines villes africaines ont connu. Les camerounais plus avisés commencent à comprendre que l’heure est venue de changer complètement des habitudes de consommation car l’information devenait désormais une ressource indispensable à l’épanouissement des citoyens responsables et épris de liberté. Le besoin d’informations se faisait ressentir et, la bourse et le panier de la ménagère aidant, chacun se mit donc à la lecture des papyrus considérés comme outils de vulgarisation et de préparation de ce citoyen qui doit être toujours prêt à choisir les hommes et à assumer ses choix personnels.

Ce besoin grandit de plus en plus avec l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans le monde. Comme le multipartisme en politique, les NTIC ont connu aussi leur multipartisme que j’appellerai ici le « multimédiatisme ». Que je suis prétentieux ! C’est donc grâce la promulgation de la loi sur la communication sociale que le multimédiatisme prend son ampleur. Nous avons notamment les télévisions qui se perfectionnent et se modernisent. La chaîne de télévision nationale (CRTV) est la seule dans l’environnement des médias au Cameroun, mais les câblodistributeurs inondent des ménages d’images des chaînes étrangères. Actuellement, plus d’une vingtaine de télés privées arrosent le pays. Et encore, à cette époque, la CRTV lance les radios FM avec une qualité du son semblable au disque CD. Là aussi, les radios privées se comptent en centaines aujourd’hui, y compris les radios communautaires. Les outils informatiques ne sont pas en reste. Leur implantation dans le paysage des NTIC prend de l’ampleur à tel point que les cybercafés deviennent des lieux les plus fréquentés des jeunes. J’exagère quand même hein… L’entreprise à capitaux public, CAMTEL, principal et seul fournisseur de l’internet (Vente en gros et en détail), connait une concurrence des deux opérateurs de la téléphonie mobile « démocratisent » l’accès à internet à travers le téléphone. Ce qui relevait d’un mythe avant leur arrivée. Ce qui a fait que, CAMTEL, en plus de la vente en gros (Il est le fournisseur de ces deux opérateurs actuels), s’est aussi livré à la vente en détail, comme le font ses clients. Ce n’est qu’au Cameroun que ce genre de concurrence déloyale est possible. Mais, ça se comprend ; puisqu’ils font de la téléphonie filaire. La presse écrite camerounaise, plus florissante à l’apparition de ces outils, se heurte désormais à un challenge qui est celui de s’arrimer à la donne. Certains promoteurs de la presse écrite voient donc le danger venir et se lancent très rapidement à la conquête du marché médiatique radio-télévisé qui restait encore vierge. Les ressources de la radio et de la télé de ces promoteurs pouvaient aussi permettre d’éviter la mort subite de la presse écrite. Il n’y a qu’à voir comment le patron du « Le Messager », le feu Pius Njawé qui n’avait pas réussi à ouvrir sa radio à cause des « coups bas » comme il le disait lui-même, peinait à se maintenir debout.

Pour dire vrai, tout ce que j’ai relevé plus haut : le vent de l’Est, le multipartisme et le multimédiatisme, au lieu de constituer un atout pour son développement, vont finalement jouer de salles tours à la presse écrite camerounaise. Et si je vous parlais encore de la crise économique, de la dévaluation du franc CFA, sans oublier la double diminution des salaires des fonctionnaires qui avaient vu leur revenus réduit de plus de la moitié, vous serez alors prêts à jurer que ces patrons-là sont trop forts. Moi-même je ne croyais plus à leur survie. Que dalle ! Même l’Etat ne leur facilite pas la tâche avec les « Aides à la presse » bidonne donc la maigreur fait plutôt pitié à cette aide qu’à la presse elle-même. Ah ! J’oubliais que j’étais dans une République bananière. Passons. La presse écrite camerounaise est donc confrontée au problème financier qui ne lui donne pas l’opportunité de répondre aux exigences techniques et technologiques liées à son développement. Comment cette presse évolue-t-elle alors dans cet environnement malgré son handicap ? Quel sont les éléments que nous pouvons tirer de la technologie et qui empêchent le développement de cette presse ? Ces questions feront l’objet de mon prochain billet que je me ferai le devoir de publier dans quelques jours.

Tchakounte Kemayou 


Cameroun-Côte d’Ivoire : deux Charles, deux destins

Depuis les 1990 jusqu’à nos jours, les deux pays que sont le Cameroun et la Côte d’Ivoire ont connu et connaissent encore une effervescence d’une certaine ampleur due, peut-on l’imaginer, à un vide laissé par des leaders d’opinion d’antan à cette jeunesse si ambitieuse et si mal dans sa peau. Charles Atéba Eyene et Charles Blé Goudé, puisqu’il s’agit d’eux, n’ont pas été, pour moi, des leaders « emblématiques ».  Ils font partie des sortes de météores qui secouent un temps le peuple pour leur donner un espoir, peut-être vain, je peux me tromper, mais nul doute qu’ils ont été des leaders importants de leur temps et dont la jeunesse avait besoin pour se sentir exister.

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Ces deux grands hommes avaient la particularité d’irriter ceux qui leur prêtaient une oreille attentive. Cette particularité était liée à leur anticonformisme envers un camp considéré comme un pouvoir fort et puissant et donc seuls les plus courageux pouvaient avoir l’audace de se mêler de ces coups bas. Ils griffaient, ils mordaient, ils étaient véhéments, fougueux et même parfois vindicatifs. Tout ceci pour la manifestation de la « vérité » de tout ce qui se disait tout bas. Mais, de quelle vérité s’agissait-il ?

Tout d’abord, Charles Atéba Eyene est connu pour ses actions en faveur du parti au pouvoir au Cameroun, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Il est connu pour avoir écrit avec un stylo ensanglanté une partie de l’histoire du Cameroun pendant les années de braise 1990, 1991 et 1992 où quelques étudiants ont eu maille à partir avec des groupes d’autodéfense créés par le pouvoir pour mater le Parlement (Organisation estudiantine où se retrouvait la plupart des leaders qui revendiquaient le mieux-être). Même si la participation de Charles Atéba Eyéné à ces groupes d’autodéfense est encore considérée comme une partie de sa vie qui reste encore à éclaircir, il n’en demeure pas moins vrai que sa mort ne le dédouanera jamais du rôle qu’il aurait joué à l’époque.

Le 27 mars 2014, foule immense lors de la levée du corps de Charles Atéba Eyéné à l’hôpital général de Yaoundé

Des années sont passées et beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Depuis la sortie de son ouvrage « Les paradoxes du « pays organisateur »: élites productrices ou prédatrices : le cas de la province du Sud-Cameroun à l’ère Biya (1982-2007) » en 2008, il a commencé à séduire beaucoup de jeunes qui n’attendaient que ce son de cloche pour se faire une idée de sa souffrance. Dans cet ouvrage, Charles accuse les hommes du pouvoir et proches collaborateurs du président de la République d’avoir abandonné la région dont eux et lui sont originaires. C’était donc un paradoxe pour Charles et le peuple a vite fait de saisir cette perche pour montrer l’incapacité du régime à répondre à leurs attentes. Comme pour dire que Charles avait osé dire tout haut ce que les jeunes disent tout bas, ce qui s’apparentait à une rumeur. Plus fort encore, son dernier ouvrage intitulé « Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux mafieux », paru en 2013, est venu confirmer cette idée selon laquelle la jeunesse camerounaise est emprisonnée sous le joug des loges et des réseaux sataniques. Ces idées ont valu à Charles des sympathies spontanées des jeunes Camerounais, broyés par un chômage ambiant, convaincus avoir trouvé les responsables de leur malheur.

Hier jeudi 27 mars 2014, la liesse populaire lors de la levée du corps de Charles Atéba Eyéné observée à l’hôpital général de Yaoundé m’a donné la chair de poule. C’était incroyable ! Yaoundé n’avait jamais connu ça depuis la mort du « Lion indomptable » Marc Vivien Foé en 2003. Cela m’a donc rappelé cette foule en furie hâte de démontrer à qui veut l’entendre qu’elle n’a pas perdu sa vigueur des années de braise. Cette déferlante populaire spontanée, solidaire et inédite est un message singulier, tantôt d’espoir pour les masses, surtout un avertissement pour nos gouvernants, mais assurément le dernier que nous lègue ce que beaucoup appellent encore « Le combattant » Charles Ateba Eyéné : « Le peuple camerounais dispose d’une terrible capacité mobilisatrice, il veille, il est debout, il est prêt… ». C’est donc la preuve d’amour d’une jeunesse abandonnée par le régime du renouveau envers un personnage malgré ses déboires historiques.

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Le 27 mars 2014, Charles Blé Goudé devant le box des accusés de la CPI à La Haye (Image Ivoire;net et AFP)

Autre décor, celui de la salle d’audience de la Cour pénale internationale, hier, 27 mars 2014, à La Haye au Pays-Bas. Dans le box des accusés, Charles Blé Goudé ancien ministre ivoirien, leader de la jeunesse patriotique ivoirienne, accusé de crimes contre l’humanité suite à la sanglante crise postélectorale qui a secoué la Côte d’Ivoire, pays de l’Afrique de l’Ouest vers la fin 2010 et début 2011. Personnage énigmatique lui aussi. Faisant partie des hommes du sérail comme l’autre, son défunt homonyme, donc. Mais à la seule différence que Charles Blé Goudé était ministre de Laurent Gbagbo. Contre quelle puissance combattait-il donc? L’Occident, et plus particulièrement la France, était et est encore le pire ennemi du peuple ivoirien. Rescapé des sinistres geôles de l’armée française installée en Côte d’Ivoire Charles Blé Goudé, « Le résistant aux mains nues », comme le clame mon ami ivoirien Armand Iré, était face à la Gambienne Fatou Bensouda procureure de la CPI à La Haye. Combatif, serein et fougueux, il a planté le décor de manière claire et audible en lançant qu’il est un « Pro-Bagbo et fier de l’être ».

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Charles Blé Goudé aussi sait rassembler la foule

Même si j’avais voulu être en face des puissances pour déverser ma gueule de loup, je n’aurais pas rêvé être à la place de Charles Blé Goudé pour affronter ce système d’instrumentalisation de la justice. Même si je suis d’accord avec l’objectif de son combat, je ne pourrais jamais épouser ses méthodes pour empêcher la puissance coloniale française de prendre possession des ressources africaines qui, pour moi, relève d’un faux courage par le fait qu’il fait exposer la vie de milliers d’Ivoiriens en les envoyant sous la gueule des chars. Répondre à la violence par la violence est un très gros risque que le camp de Gbagbo et Blé Goudé a pris pour se faire justice. Ces méthodes pouvaient se comprendre à l’époque de la résistance qui avait lieu au Cameroun entre les nationalistes de l’UPC et l’armée française dans les années qui suivirent ce que les colons appellent « l’indépendance » du pays. Il n’est plus question, au XXIe siècle, d’exposer la vie de tout un peuple sous le champ de la bataille physique pour avoir raison. La conséquence est que c’est le plus fort physiquement qui va gagner la bataille et tant pis pour les victimes, car c’est le vainqueur qui écrit l’histoire quitte à ce celle-ci soit rectifiée après.

Pour reprendre une fois de plus mon ami Armand Iré : « Les deux Charles avaient pour l’un et pour l’autre 42 ans. Jeunes et pleins de rêves de grandeur pour leur pays, leur continent et la société dans laquelle ils vivaient. Le destin de l’un a connu un frein naturel, celui de l’autre est contrarié par l’injustice et la méchanceté des hommes. Pourtant en eux se trouvent les germes d’une Afrique digne et fière, le combat des deux Charles doit être repris et continué ». Et un internaute dans un réseau social de prononcer la sentence suivante : « Pour moi Charles (Charles Atéba Eyéné, NDLR) restera toujours plus vivant que mort. D’ailleurs il n’est pas mort, car quand je ferme mes yeux je le vois toujours et j’entends même le son de sa voix à la télé dénonçant les incongruités de notre société. Tu es notre Sankara

Pour ne pas conclure, je salue la mémoire de l’homme Charles Atéba Eyéné. On ne peut se réjouir même de la mort de son pire ennemi. Ce monsieur s’en va avec plein d’énigmes. La mort, loin d’être la fin d’une vie, est plutôt la confirmation d’une existence utile et l’interpellation à une prise de conscience pour les vivants que nous sommes. La terre se referme sur Charles mais ses idées arment nos bras et nos cœurs pour un combat donc nous serons plus que vainqueurs. Comme l’a dit un grand homme, « L’homme tombe, le nom grandit » (Victor Hugo).

Tchakounte Kemayou 


Cameroun : Les raisons de la grève de la faim de l’étudiant Maben Henry de l’Université de Yaoundé I

Le 20 mars dernier, l’Association pour la Défense des Droits des Etudiants Camerounais (ADDEC) fait circuler par affichage et distribution un message de sensibilisation dans lequel il est strictement demandé aux étudiants de ne pas s’acquitter des frais pour l’obtention de la carte d’étudiant qui fait en ce moment l’objet de bras de fer entre l’association et l’administration universitaire.

Les étudiants de l’Université de Yaoundé 1 et membres de l’ADDEC en pleine campagne de sensibilisation dans le campus

En effet, c’est depuis 1993 date de la réforme universitaire au Cameroun que la bourse a été supprimée et il a été institué une inscription payante de 50.000Fcfa par an et par étudiant pour chaque université d’Etat d’après le décret Présidentiel n°93/033 du 19 janvier 1993. C’est donc depuis le début de l’année académique en cours que le Recteur de l’Université de Yaoundé I, le Pr Maurice Aurélien Sosso, a mis en application, en plus des 50.000Fcfa officiellement reconnus, une carte biométrique payable à 1.000Fcfa pour chaque étudiant. Selon les dires du Recteur, cette somme de 1.000Fcfa demandée aux étudiants ne saurait être obligatoire. Curieusement, l’observation montre bien que seuls ceux qui ont été en règle par le payement de cette somme (1.000Fcfa) ont droit à la carte d’étudiant et les autres sont donc des laissés-pour-compte. Cette pratique a pour conséquence que seuls ceux qui sont détenteurs de cette carte ont le statut d’étudiant. Dans les faits, c’est donc une entorse et un non-respect au décret présidentiel de 1993.

Les étudiants de l’Université de Yaoundé 1 et membres de l’ADDEC en pleine action avec leurs camarades

C’est précisément en 2008 que cette décision de l’institution de la carte d’étudiant a été imposée aux étudiants selon un arrêté Ministériel N°08/0249/MINESUP du 11/11/2008. Cet arrêté indique en son article 3 alinéa (1) que : « Est considéré comme étudiant d’une institution Universitaire publique, le candidat qui a réuni quatre conditions » parmi ces conditions, nous avons, justement, en quatrième position cette énonciation : « La détention d’une carte d’étudiant en cours de validité, délivrée par l’autorité compétente ». Cet arrêté ministériel vient donc, en 2008, mettre en cause le statut de l’étudiant de l’université publique accordé par le décret présidentiel en 1993. Plus grave encore, le payement d’une assurance à 5.000Fcfa pour chaque étudiant entre aussi dans le même registre.

Beaucoup d’étudiants qui confirment que l’établissement de la carte d’étudiant coûtant 1.000Fcfa est volontaire et non obligatoire s’insurgent en même temps du fait que, dans la pratique, ils se retrouvent butés par les conditions d’accès à certaines prestations universitaires qui exigent aux étudiants demandeurs une carte d’étudiant. Par exemple, l’accord entre l’assureur AXA ASSURANCE et L’Université de Yaoundé I indique à l’Article IV alinéa (b) que « L’identification se fait à l’aide de la carte de l’Etudiant (…)» ; à l’alinéa (c) il est stipulé que « Le gestionnaire des bons de prise en charge au centre Médico- social de l’Université de Yaoundé I dispose d’un registre dans lequel il note entre autre le numéro de la carte de l’étudiant », dans l’article VI Alinéa (I) «  (…) Toute signalisation d’hospitalisation devra ressortir (…) le numéro de la carte de l’étudiant ». Il faut également tenir compte du fait que depuis longtemps des institutions sanitaires comme le Centre Pasteur du Cameroun permettent à l’étudiant de bénéficier d’une réduction (entre 30% et 50%) dans sa prise en charge sur simple présentation de sa carte d’étudiant en cours de validité.

In fine, des rumeurs faisant état de ce que l’attribution de la « Prime à l’excellence » (Aide annuelle accordée par le Président de la République aux meilleurs étudiants et au cas sociaux des universités au Cameroun) sera conditionnée par la détention d’une carte d’étudiant circule en ce moment dans le campus.  Il faut dire que l’Université de Yaoundé I n’est pas seule dans la logique de ce que l’ADDEC appelle « La subordination des étudiants » ou encore « La volonté de musellement ».

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L’étudiant Maben Henry. La nuit tombée, refuse de partir et décide de dormir à la belle étoile à l’entrée du rectorat et est soutenu par ses camarades.

Le message du 20 mars dernier publié par l’ADDEC avait donc pour but de sensibiliser les étudiants sur la violation du décret présidentiel par l’arrêté ministériel qui se fait appliqué par le recteur de l’Université de Yaoundé I. Au cours de cette sensibilisation donc, les étudiant membres de cette association ont été perturbés par les gros bras du recteur. Le commissaire du 5ème arrondissement de Yaoundé a interpellé le sieur Maben Henry qui a été relâché plus tard. Vexé, cet étudiant a décidé de se coucher à l’entrée du rectorat et et il refuse de s’alimenter.

Vivement la fin du cafouillage !

Tchakounte Kemayou 


Curiosité à Kinshasa : deux robots dirigent la circulation

Je me suis mis à la télé très tôt ce matin, comme il ne m’est jamais arrivé, et j’ai vu un reportage sur les robots que le ministère des Transports a décidé d’installer dans la capitale congolaise. C’est un reportage sur deux robots, implantés depuis quelques jours à Kinshasa, pour remplacer les agents de la circulation. Ces automates, 100 % congolais, sont censés faciliter le trafic routier. Ils ont été conçus par l’ingénieur congolais Isaie Thérèse. Fonctionnant à l’énergie solaire, les robots solaires sont équipés de plusieurs caméras, ouvrant la possibilité de surveiller le trafic et l’émission des billets.  Ils sont bilingues français-lingala, et, surtout, ils sont équipés de caméras qui filment les mauvais conducteurs et leur plaque d’immatriculation.

Pour cet ingénieur, l’idée vient du fait du comportement irresponsable des agents de police chargé de diriger la circulation et du non-respect des feux tricolores des automobilistes de la ville de Kinshasa. Les robots chargés de diriger la circulation présentent donc un double avantage :

Les robots flandrin bénéficient d’un facteur d’intimidation : les automobilistes, à la vue de ce robot qui constitue une révolution technologique dans leur environnement, témoignent de leur « respect » pour ces engins. Dans ce reportage, on entend l’un d’eux s’en expliquer ouvertement : « Ici nous respectons les robots. Les policiers, eux, quand ils sont là, ils en profitent pour nous arrêter. Ils nous arrêtent pour nous truander. Les robots, on les respecte, il faut en fabriquer d’autres. C’est une bonne chose ».

Les robots flandrin facilitent le paiement de la pénalité : certains automobilistes, par souci ou par habitude, violent les lois de la circulation sans scrupule, or les robots sont équipés de caméras qui enregistrent les plaques d’immatriculation des voitures. Les automobilistes concernés sont donc interpelés dans un contrôle de routine pour payer une contravention conséquente. L’avantage ici est de limiter la corruption à sa plus simple expression et l’Etat congolais trouve là une ressource importante. L’ingénieur souligne : « Nous sommes un pays pauvre et notre gouvernement cherche de l’argent. Et le gouvernement a besoin de récupérer l’argent dépensé pour la construction de routes ».

Eh bien, comme le disait Alain Peyrefitte : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Et moi je dis, « Quand l’Afrique aura les moyens de ses ambitions, attention pour tout le monde ».

Voir la vidéo ici: https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=itiR3RdswtU

Tchakounte Kemayou 


Cameroun : Yaoundé sous l’effet des « caméras espions »

Le 15 mars dernier, La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI), une organisation non gouvernementale et dont les activités sont orientées dans la défense, la justice sociale et la non-discrimination, a fait parvenir au premier ministre une correspondance dans laquelle elle s’inquiète de cette frénésie sur l’installation de plus de 350 caméras de surveillance dans la ville de Yaoundé.

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La Direction générale de la sureté nationale (DGSN), avec le partenariat de la société CAMTEL (Cameroon Telecommunication), le partenaire technique chinois HUAWEI et la Communauté Urbaine de Yaoundé (Mairie de Yaoundé), initie depuis le début de l’année l’installation de 350 caméras miniaturisées de surveillance dans la ville de Yaoundé qui devrait s’achever à la fin du mois de mars pour poursuivre avec la ville de Douala. Dans le site de Cameroon-Tribune, journal gouvernemental, cet instrument est décrit comme « … des dispositifs semblables à des lampadaires solaires,[…] implantées dans des coins de la ville de Yaoundé. Ces lampadaires sont constitués d’un poteau sur lequel est fixée une plaque rectangulaire. Sur cette dernière est suspendue une caméra qui fonctionne en continu grâce à la combinaison entre énergie électrique et solaire. Les images prises par les caméras sont enregistrées et retransmisses à travers des écrans disposés dans une salle de contrôle à la DGSN ». La raison principalement officialisée est le souci de garantir au maximum l’ordre et la sécurité des citoyens de Yaoundé. Ainsi, tout est donc mis en place pour intimider les hors-la-loi, vandales, pickpocket, violeurs, braqueurs et autres fauteurs de troubles. Les grands coins les plus visés sont par exemple : carrefour de la poste centrale, carrefours Ngousso, carrefour Ekounou, carrefour Warda/Capitole, carrefour Mvog Mbi, carrefour Kolbisson, carrefour Etoudi, carrefour madagascar, carrefour Tsinga/palais des congrès, carrefour de la mort/Ekouldoum.

Les voix s’élèvent déjà partout dans l’opinion publique, soit pour encourager l’initiative comme les habitués des coins chauds de la capitale, soit pour décrier cette action qui n’est pas jugée opportune comme ces associations de la société civiles et plus particulièrement la COMICODI qui a alors pris les devants le 15 mars dernier. Elle affirme ne pas comprendre « véritablement le sens, l’utilité, et la destination de ces caméras, qui de toute évidence, se présentent de façon grossière, encombrante ». La COMICODI s’interroge donc sur le mobile du choix entre les caméras de surveillance, la construction des échangeurs qui rendraient la ville moins pénibles aux citadins, le remplacement des lampadaires vétustes, comme ceux des poteaux en zinc du capitole près du parc Sainte Anastasie et de ceux du boulevard du 20 mai qui donnent la nausée, les feux de circulation dans la ville de Yaoundé. Les lampadaires et plus particulièrement les feux de circulation sont devenus désuets et inexistants. Ce qui rend la circulation difficile, « … livrée à l’anarchie la plus parfaite et chacun circule à sens et à contresens ». Dépassées par les événements, même les agents de la police ne font plus l’affaire. La ville de Yaoundé, comme celle de Douala, sont de véritables bordelles et restent « … handicapées, défaillantes en infrastructures de base, plongées dans l’obscurité, l’anarchie tentaculaire et la régression accélérée ».

Tandis que le COMICODI croit savoir que les raisons de ce choix très bizarre reposent sur le fait que beaucoup voit « … les caméras espions installés à Yaoundé, comme une autre affaire de commissions sur des gros marchés qui font imposer des projets non prioritaires au pays, juste pour faire manger quelques gens puissants ou rusés », d’autres opinions estiment connaitre les véritables motivations de ces « caméras espions ». En effet, l’insécurité qui règne en Centrafrique et gagnerait les régions du Sud et de l’Est du pays, et la peur d’être envahi par les attaques de Boko-Haram dans les régions du Nord du pays rendent le pouvoir de Yaoundé très fébrile ces derniers temps. La visite avortée et taxée de rumeur plus tard du président Godlove Jonathan du Nigéria pour Yaoundé annoncé par certains journaux privés au Cameroun puis la visite (non encore officielle) de Paul Biya, président Camerounais annoncée à Malabo (Guinée Equatoriale) pour les jours qui viennent sont des signes qui ne trompent pas. Ces visites ne sont pas le fait du hasard car elles entrent nécessairement dans le cadre de l’actualité à savoir l’insécurité internationale et transfrontalière qui est susceptible de déstabiliser les Etats de l’Afrique centrale. Le pouvoir de Yaoundé a donc peur des incursions étrangères dans la ville à tout moment et veut donc se préparer à la répression. Voilà donc ce qui peut paraitre inexplicable pour les non-habitués des régimes totalitaires dont la seule préoccupation est le statuquo politique. Il faut le dire, pour finir, que les villes de Douala et de Yaoundé sont tout de même en retard en matière de développement d’infrastructures par rapport aux villes semblables et de même statut comme Malabo, Abidjan, Dakar et Libreville. Et le COMICODI de conclure amèrement que « Yaoundé doit quitter le statut d’un grand village où l’on arrange juste quelques pistes comme à Ekounou, pour entrer dans le statut d’une ville moderne où l’on trouve de grands boulevards bien éclairés avec des lampadaires modernes des feux et des échangeurs. L’installation même de un million de cameras espions et grossiers de surveillance ne fait pas une ville moderne. C’est l’inverse ».

Tchakounte Kemayou 


Cameroun : Paul Biya classé 9ème dans la liste des dictateurs du monde par Huffington Post

Huffington Post fait circuler en ce moment une liste de 16 dictateurs les plus cruels du monde inspiré à travers les données de l’OMS. Cette liste a comme caractéristiques majeures que ces présidents, qualifiés de dictateurs, sont vieux et malades. Dans cette liste, y figure au total sept présidents africains qui sont, pour les uns, au pouvoir depuis l’indépendance du pays et pour les autres, une deuxième génération de président de la République. Les indépendances ayant lieu depuis les années 1960, il faut donc dire que ce sont tous des régimes d’un demi-siècle maxi pour les uns et d’un quart de siècle mini pour les autres.

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Le régime de Paul Biya est troublant et révélateur de beaucoup de dysfonctionnement et de désorganisation volontaire qui ne laisse personne indifférente. Le dernier rapport du Département d’Etat Américain publié la semaine dernière est bien là pour montrer le bien-fondé de la place qu’occupe le président de la République Camerounaise. Ce rapport s’inquiétait précisément de la conduite des dossiers de certains prisonniers des détournements des deniers publics à l’exemple de Marafa Amidou Yaya.

A 82 ans, cet autocrate au pouvoir depuis 32 ans est considéré comme parmi les plus anciens du pré-carré néocolonialiste français et tient le pays d’une main de fer. Il contrôle donc tout : le système politique (l’exécutif), économique, judicaire et législatif malgré le discours démocratique que l’on peut prêter à son pouvoir. La science politique appelle ce genre de système un régime « totalitaire ». Paul Biya est donc considéré comme un « Tout-puissant ». En langage populaire camerounais ça se nomme le « Nom-Gui » qui signifie le « Roi ». Des sources anonymes rapportées par le média social en ligne Voix d’Exil affirment qu’« On ne peut lever la tête et manifester, au Cameroun, sans se faire tabasser par des éléments de la sinistre brigade d’intervention rapide (BIR), une milice à la solde du régime. Dans les prisons comme dans les commissariats, la torture est si répandue qu’elle s’est banalisée dans l’esprit des gens ». Plusieurs méthodes permettent au régime de résister et de se perpétuer malgré son impopularité : corruption, tribalisme, achat de conscience et répression. Ce régime n’a donc rien à envier aux régimes dictatoriaux balayé par le « printemps arabe ». La répression peut donc être sanglante. Le souvenir de la manifestation contre « la vie chère » (en février 2008) est encore frais dans la mémoire. Plus de 140 jeunes chômeurs, vendeurs à la sauvette, débrouillards et étudiants/élèves furent massacrés comme de vulgaires bandits alors qu’ils ne revendiquaient que le bien-être. Quelques années avant, en 1991 et 1992 (années de braise), le pays a connu des manifestations et des mouvements d’humeurs appelés « villes mortes » qui se sont soldées par un bilan de plus de 400 morts. Les victimes les plus célèbres des manifestations de février 2008 sont notamment Paul Eric Kingue, encore en prison, et Lapiro de Mbanga qui vient de rendre l’âme à Buffalo aux USA le 16 mars dernier. Plus récemment encore, après l’élection présidentielle d’octobre 2011, deux leaders de l’opposition progressiste Alexis Ndema Same et Albert Moutoudou, président et secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun (UPC) (Albert Moutoudou, coauteur, avec Jean Chatain, du livre Kamerun, l’indépendance piégée, sur la guerre d’indépendance qui opposa l’UPC à la France coloniale (L’Harmattan)) ont été interpelés et se voient reprocher l’organisation d’un rassemblement contestant la légitimité d’ « Elections Cameroon » (ELECAM), organisme chargé de refondre les listes électorales et d’organiser les scrutins. Cette institution étant très contestée par la majorité des leaders, a donc été pointée du doigt pour avoir favorisé la réélection du dictateur Paul Biya.

En définitive donc, Paul Biya doit son maintien au pouvoir grâce, en 2008, à la modification de la constitution de 1996 fruit d’un dialogue appelé tripartite décidée après les années de braises de 1991 et 1992. Cette modification a été considérée comme une trahison à travers le non-respect de l’une des clauses de la tripartite qui limitait le mandat présidentiel à sept ans renouvelable une seule fois. C’est la levée du verrou de la limitation du mandat présidentielle qui a fait déborder l’eau du vase. La répression sanglante qui en est suivie est restée en travers de la gorge des jeunes les plus courageux. Le discours de circonstance du président de la République a mis un point d’honneur pour mettre hors d’état de nuire tous ceux qui, appelés « apprentis sorciers », oseraient encore montrer son nez dehors. Depuis cette date, la population camerounaise est donc victimes de cette répression psychologique qui hante les esprits. La peur dans le ventre de se voir flouer une balle dans la nuque par les « milices » du dictateur appelée « BIR » n’a pas encore été dominée. En attendant que la peur puisse changer de camp, la vigilance de la population est légendaire par le choix qu’elle s’est donnée de répondre aux abonnés absents sur des questions et les participations politiques.

Voici le classement complet de Huffington Post

1· Arabie Saoudite : Abdullah Bin Abdul-Aziz Al Saud, 88 ans, au pouvoir depuis 2005

2· Oman : Qaboos Bin Said Al Said, 73 ans, au pouvoir depuis 1970

3· Cuba : Raúl Castro, 81 ans, au pouvoir depuis 2006

4· Iran : Ali Hosseini-Khamenei, 73 ans, au pouvoir depuis 1989

5· Koweït : Jaber Al Hamad Al Sabah, 83 ans, au pouvoir depuis 2006

6· Laos : Choummaly Sayasone, 76 ans

7· Kazakhstan : Noursoultan Nazarbaïev A., 72 ans, au pouvoir depuis 1990

8· Guinée équatoriale : Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 70 ans, au pouvoir depuis 1979

9· Cameroun : Paul Biya, 79 ans, au pouvoir depuis 1982

10·Congo-Brazzaville : Denis Sassou Nguesso, 69 ans, au pouvoir de 1979 à 1992 et depuis 1997

11· Fidji : Ratu Epeli Nailatikau, 71 ans

12· Angola : José Eduardo dos Santos, 70 ans, au pouvoir depuis 1979

13· Singapour : Tony Tan Keng Yam, 72 ans, au pouvoir depuis 2011

14· Ouganda : Yoweri Kaguta Museveni, 68 ans, au pouvoir depuis 1986

15· Côte-d’Ivoire : Alassane Ouattara, 70 ans, au pouvoir depuis 2011

16· Zimbabwe : Robert Mugabe, 88 ans, au pouvoir depuis 1987

Tchakounte Kemayou 


Cameroun : l’homme n’est plus. Lapiro, ndinga man. Lapiro, ngata man

« For begining for today, you must learn chapter for Ndinga Man .
Chapter one : no make erreur
Chapter two: erreur for mbutuku n’a Ndame for ndossss
Chapter three: mbut na sick….
Que des leçons de la vie tu as donné dans la blague et le sense!
 »

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Voilà donc un extrait tiré de celui que les Camerounais appellent affectueusement « Ndinga Man ». Son langage, issu du monde populaire, de l’homme de la rue, des bidonvilles, est considéré comme le langage de la révolte, de la révolution. Son « Pidjin » (langue populaire, une sorte de camfranglais, un mélange de français, d’anglais et quelques tournures langagières) est d’une excellente lisibilité et d’une facilité accessible dans laquelle beaucoup de Camerounais qui n’ont pas été à l’école se reconnaissent.

Lambo Sandjo Pierre Roger, alias Lapiro de Mbanga, né en 1957, de nationalité camerounaise et père de 7 enfants, fut parmi les premiers Camerounais à s’attaquer au système. Sa mort survenue aux Etats-Unis où il était réfugié politique, des suites de maladie qu’il n’avait pu soigner pendant sa détention au pénitencier de New-Bell, prison tristement célèbre, à Douala. Le 24 septembre 2008, le tribunal de grande instance a condamné Lapiro de Mbanga à croupir durant trois années pleines dans les geôles du département. L’artiste a été reconnu coupable de « complicité de délit d’attroupement, complicité d’obstacle à la voie publique, et complicité de pillage en bande » : une avalanche de crimes au Cameroun. Il faut rappeler que c’est à la suite d’une crise appelée manifestation contre la vie chère en février 2008.  Lors de ce mouvement de contestation 40 jeunes gens (chiffres officiels), 150 (chiffres de la société civile) ont été froidement assassinés par l’armée de Biya.  L’artiste, a été accusé de « complicité de délit d’attroupement » comme pour dire que Ndinga Man a motivé les jeunes à un « pillage en bande ». C’est là où commence le malheur de l’homme fort de Mbanga comme sait si bien le dire son compatriote Jacob Nguini, le célèbre guitariste, ex-soliste de l’orchestre Rocafil Jazz de feu Prince Nico Mbarga, « Il s’agit d’un acte criminel de la part des autorités camerounaises. Lapiro est mort d’une maladie qui avait été détectée dès sa première année en prison… Un ordre explicite avait été donné de ne pas le soigner. Cette information avait été communiquée à Lapiro lui-même pendant qu’il était derrière les barreaux… Au moment où il est sorti de prison et il est arrivé aux USA, il était trop tard pour le sauver… Lapiro avait été curieusement libéré parce que les autorités camerounaises, qui connaissaient la vérité sur sa maladie, ne voulaient pas qu’il meure en prison… »

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Avant d’avaler sa pipe, il a été accablé, humilié sans pince rire. La sentence a été forte et sans appel. L’homme était condamné à payer 280 millions de F Cfa (426 857 €) au titre de dommages et intérêts à répartir entre la Société des plantations de Mbanga et le Centre divisionnaire des impôts de la même ville qui avaient porté plainte contre. S’il est vrai que cette condamnation était injuste il est aussi bien curieux de comprendre ce que voulaient les autorités administratives et politiques, pardon, que dis-je les autorités judiciaires en lui infligeant cette lourde somme d’argent. Comme le clame mon ami Jean-Claude Nyoug, « Comment parviendra-t-il à réunir une telle somme dans un pays rongé par le chômage, où gagner 20 000 F Cfa (30 €) relève d’un véritable exploit mensuel ? »

A vrai dire ces accusations ne datent pas d’aujourd’hui comme en témoigne Macaire Lemdja. Beaucoup « … ont commencé, avant son décès, à salir sa mémoire en l’accusant d’avoir été acheté par les services de renseignement pendant les années de braise (1991 et 1992, ndlr) ou l’ont accusé d’inceste et de pédophilie (article paru dans LAnecdote) devront avoir le courage aujourd’hui d’avancer à visage découvert ». C’était un moment terrible qu’avait traversé Ndinga Man à l’époque et personne ne pouvait imaginer l’homme de Mbanga encore debout malgré toutes vicissitudes de la vie. Que non ! L’homme est resté inflexible et égal à lui-même. Seulement à me rappeler de l’un de ses morceaux choisis, je pleure de rage :

« Na last time be time. Long crayon don be talk say les mêmes causes produisent les mêmes effets. Dan be say this who go do café na yi go do caca.”

Mon Dieu ! Quel courage avait cet homme de s’attaquer à l’homme du pouvoir, l’homme lion qu’il appelle « Man for Ngola ». C’est donc un artiste complet et tout un symbole.

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Je vous livre un texte d’une de ses chansons que j’affectionne beaucoup. Ce texte est une retranscription d’un compatriote camerounais nommé Vakunta :

Ancien chaud gars na mouilleur!

Step down! Démissionnez!

Because you dong over massacré constitution…

You dong over échouer

Subordination du pouvoir judiciaire na you!

Subordination du pouvoir législatif na you!

Manoeuvre politique avec impunité na soso you!

Step down! Démissionnez!

Because you dong over mouiller!

Insécurité généralisée—

 Chavoum dong hala for banque for Bonaberi

Fusils dong hala for Pont de Wouri

Dem dong meng your chef de terre,

Kamambrou for Bakassi

You dong over mouiller!

 Step down! Démissionnez!

Ngeme and chômage

Dong multiplié for dis mboko

Bendskinneurs, chauffeurs clandos,

Laveurs de voitures, tackleurs, sauveteurs

Bayam sellams, coiffeurs and coiffeuses ambulantes

For Marché Central, call-boxeurs…

Dem di pointer na for dong rain and for dong sun…

Preuve, dem di kick muna bébés

For maternité everywhere for we own kondre.

 No be youa boulot na sécurisation

Des personnes et de leurs biens?

A vrai dire this one na échec total

If you no fit garantir sécurité sep for nourrissons!

Step down! Démissionnez! You dong over mouiller!
RIP NDINGA MAN !!!

Tchakounte Kemayou


Cameroun: Le Pr. BIYOGO crée l’événement et bouleverse les convictions scientifiques établies

Du 13 janvier au 08 mars dernier, l’Université de Douala, et plus particulièrement l’Ecole doctorale de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH), et et d’autres institutions telles que l’Ecole doctorale des Sciences Humaines, Sociales et Educatives de l’Université de Yaoundé 1,  l’ESSTIC (Ecole des Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication, l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC), l’Ecole doctorale de Théologie, des Sciences Sociales et de Technologie de l’Université Protestante d’Afrique Centrale (UPAC), ont connu une effervescence particulière. Les enseignants et doctorants de ces universités, sans oublier d’autres curieux venus d’ailleurs, ont eu droit à un séminaire doctoral initié au départpar la FLSH sur la méthodologie et l’épistémologie des sciences. A cet effet, c’est le gabonais Professeur Grégoire BIYOGO, diplômé de la Sorbonne et chaire de méthodologie et d’épistémologie de la recherche, qui était le maître de séant et l’invité du Doyen de la FLSH de l’Université de Douala, le Pr EFOUA MBOZO’O.

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Séminaire doctoral à la FLSH, à l’Université de Douala, animé par le Professeur Grégoire Biyogo
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Séminaire doctoral à l’ESSTIC, à l’Université de Yaoundé I, animé par le Professeur Grégoire Biyogo

Le Shemsu Maât (Le savant), comme se fait appelé lui-même, est venu au Cameroun pour une première étape d’une périple africaine pour donner aux étudiants, chercheurs et enseignants, sans oublier le grand public, les outils de scientifiques qui leur permettront de mieux appréhender les enjeux épistémologiques du monde de la recherches en vue de donner l’Afrique ses lettres de noblesse quant à la place que ce continent a occupé dans le monde de la connaissance. Pour ce faire, les grands canons de la méthodologie des sciences doivent être connus de tous. L’une des caractéristiques majeures de cette leçon d’épistémologie est la notion de « modélisation quinaire ». Ce concept, selon le maître de céans, est une théorie qui consiste à organiser tous travaux scientifiques autour de cinq axes principaux.

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Séminaire doctoral à la FLSH, à l’Université de Douala, animé par le Professeur Grégoire Biyogo
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Séminaire doctoral à la FLSH, à l’Université de Douala, animé par le Professeur Grégoire Biyogo

La théorie de la modélisation quinaire : une révolution des convictions scientifiques ; Cérémonie de dédicace du dictionnaire comparé égyptien/fang-beti :

Depuis 2005, date de sortie de son ouvrage intitulé « Traité de méthodologie et d’épistémologie de la recherche » chez le Harmattan, le Pr BIYOGO s’est fait le maitre à penser d’une posture païenne de la pensée universelle qui plaçait l’Afrique aux antipodes des origines de l’esprit scientifique, selon la conception de Gaston BACHELARD. C’est donc, ce que je peux appeler cette « révolution épistémologique » qui a fait l’objet de toutes les curiosités du monde scientifiques à Douala et Yaoundé. Pour le Pr BIYOGO, le temps est donc révolu de considérer l’Occident et particulièrement la Grèce antique comme les références en matière de l’innovation, de l’origine et de l’esprit scientifique. L’Afrique et plus particulièrement les données d’origine égyptiennes doivent être les fils conducteurs des recherches scientifiques, des mémoires et des thèses dans les universités africaines. C’est le devoir qui doit être celui de la jeunesse pour redonner au continent noire ses lettres de noblesse d’antan. Le périple du Shemsu Maât BIYOGO s’est achevé à Yaoundé par une séance de dédicace de tous ses 45 ouvrages scientifiques.

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Séminaire doctoral la FLSH, à l’Université de Douala, animé par le Professeur Grégoire Biyogo
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Séminaire doctoral à l’ESSTIC (Ecole Sup des Sciences, Techniques de l’Information et de la Communication), à l’Université de Yaoundé I, animé par le Professeur Grégoire Biyogo

Comme prévue, la cérémonie dédicace du dernier des 45 ouvrages du Shemsu Maât Grégoire Biyogo s’est tenue ce vendredi 7 mars 2014 à l’amphi 700 de l’Université de Yaoundé I. Présidée par le Ministre de l’Enseignement Supérieur du Cameroun, l’éminent et fameux Pr. Jacques Fame Ndongo, en présence des plus grandes personnalités des universités Camerounaises, et des membres du gouvernement camerounais.

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La remise des distinctions et décorations par les soins du Shemsu Maât Grégoire Biyogo, Président fondateur de l’Université « Le Per Ankh de la Renaissance » et PDG des éditions Imhotep., Directeur de « Formation Doctorale du Centre Universitaire Européen De Management ». ici le Pr. Jacques Fame Ndongo, Ministre de l’Enseignement Supérieur, Chancelier des Ordres académiques.

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Cette cérémonie a été un véritable événement intellectuel qui a ouvert un débat franc entre le ministre, le Pr. Grégoire Biyogo, le célèbre politologue camerounais Owona Nguini et les autres universitaires. Éloquence d’un éminent Savant du monde Noir… Grand Dieu !…. Pr. BYIOGO a fait écrouler les sentiers battus dans lesquels est installée la recherche scientifique en Afrique. Le Sociologue camerounais Pr. Valentin Nga Ndongo (Directeur de l’Ecole Doctorale des Sciences Humaines, Sociales et Educatives de l’Université de Yaoundé I) l’a fort bien attesté, avouant en toute humilité que les conférences du Pr. Biyogo ont ébranlé ses convictions scientifiques qui faisaient son orgueil depuis des décennies. Et les retombées alors ? Là réside le plus grand challenge actuellement ! Comment la communauté scientifique du monde noir capitalisera toutes ces découvertes biyoguienne en vue de l’avènement de la troisième révolution copernicienne prédite par le Shemsu Maât sur la terre africaine?

Tchakounté Kemayou


Cameroon Business Forum : le Cameroun veut obtenir le meilleur classement de « Doing Business »

La 5ème édition de la Cameroon Business Forum (CBF) s’est tenue ce jeudi 6 mars 2014 à Douala. C’est une rencontre tripartite ((Etat du Cameroun, secteur privé et partenaires du développement) qui a pour objectif primordial d’assainir le climat des affaires afin d’améliorer le rang du Cameroun dans le classement annuel du « Doing Business ». Pour cette édition, le thème était intitulé « Accélérer la facilitation des procédures pour asseoir les jalons de l’émergence ». Chaque année, la Banque Mondiale publie un rapport sur le classement qu’elle appelle « Doing Business » qui donne des indicateurs sur la facilité de faire des affaires dans 180 pays. Le Cameroun se retrouve, en 2013, au 168ème rang mondial sur les 180 pays. Il a donc perdu 7 places par rapport au classement du 2012. Cette situation ne plaît pas au gouvernement camerounais qui a pris, depuis 2010, la résolution d’organiser un forum en vue de trouver des solutions dans l’assainissement du climat des affaires.

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La mission du Premier Ministre camerounais Yang Philémon à Douala revêt une double importance significative : impulser les affaires et améliorer l’image du pays tant ternie depuis belle lurette par ceux qui viennent faire des affaires, non satisfaits, repartent déçus et découragent par la suite leurs paires qui souhaitent investir au Cameroun. Yang Philémon insiste sur le fait que lui et sa suite viennent à Douala pour dire aux hommes d’affaires et partenaires du développement que le gouvernement vient vers eux les écouter afin de prendre leurs doléances en compte. Cependant, certaines informations restent méconnues par les acteurs chez qui la Banque Mondiale s’informe pour faire son classement. Les réformes qui ont été mises en place pour améliorer ce climat des affaires au Cameroun sont nombreuses. Ce qui fait au Premier Ministre que les progrès ont été réalisés, à savoir : promulgation le 18 avril 2013 de la loi portant Code d’incitation aux investissements au Cameroun ; la mise en place d’un centre pilote de dédouanement des véhicules (en 48 heures) au Port de Douala ; la création d’une agence des Petites et Moyennes Entreprises (PME), signature d’un décret portant extension des annonces légales à la presse privée camerounaise ; la dématérialisation des opérations du commerce extérieur, informatisation des documents d’urbanisme.

Cependant, les acteurs du monde des affaires restent toujours sceptiques, malgré les assurances de Yang Philémon. Ils soulignent des poches de résistance qui persistent encore à être bannies de l’environnement des affaires au Cameroun. C’est Monique Courchesne, représentante de l’IFC qui crève l’abcès en dressant un rapport mitigé de l’application des différentes recommandations en estimant que : « Sur 49 recommandations adoptés en 2013 couvrant 13 chantiers, dont 25 étaient nouvelles et 20 objets de reconduction, 20 seulement ont été exécutées, pour un taux de 41%. 17 sont en cours d’exécution, 4 n’ont pas encore débuté, 8 sont en requalification, ou ont été reportées » (Lire dans Cameroon Tribune). Quant aux hommes d’affaires eux-mêmes, c’est une déception totale après tant d’énergies mises pour booster les affaires. Pour Protais Ayagma, président d’un groupement patronal dénommé « Entreprises du Cameroun » (ECAM) qui affirme tout de même que « La seule réforme interne significative reste l’avènement des Centres de formalités de création des entreprises qui ont permis de regrouper en un lieu unique, l’ensemble des intervenants dans le processus de création d’entreprise. La deuxième réforme majeure a été la révision de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général et de celui portant organisation des Sûretés » (Lire dans Cameroon Tribune). Depuis le dernier CBF en 2013, il n’y a pas eu d’avancée majeure. Il continue en disant : « Le recul de sept places s’explique par le fait que les recommandations ont été peu exécutées. 20 seulement ont été exécutées, et quand on dit cela, il faut voir s’il y a réellement eu impact. Ce qui n’est pas vraiment le cas. Deux concernaient le secteur privé. Il n’y en a qu’une qui a été exécutée, et ça date d’hier [mardi 04 mars Ndlr]. Il s’agit de la mise en place d’une plateforme entre secteur privé. Un code éthique devait aussi être mis en place, mais en l’absence de la plateforme, ça n’a pas été fait » (Lire dans Cameroon Tribune).

Il y a tout de même un manque de volonté de la part des pouvoirs publics. Il faut taper en plein pieds sur le mil. La perde de 7 places dans le classement « Doing Business » 2013 depuis la tripartite du Cameroon Business Forum de février 2013 est une preuve suffisante pour rester sceptique quant au classement 2014 à venir de la Banque Mondiale. Il s’avère judicieux de préciser avec beaucoup d’insistance que c’est le privé qui crée la richesse. Le rôle de l’Etat doit demeurer dans la régulation stricto sensu. La croissance en dépendra inéluctablement. Et une fois de plus, Protais Ayagma de s’insurger du fait que le gouvernement camerounais, faute d’innover, a la faiblesse de copier des systèmes qui ont fait leur preuve : « Quand on dit qu’il y a facilitation, il faut aller jusqu’au bout, soutient Protais Ayangma. Il y a des pays où on n’a pas besoin de notaire, pour créer une entreprise. Ou alors, revoir à la baisse leurs honoraires… Les problèmes d’eau, d’énergie, la situation du Port autonome de Douala, sont autant de freins dans l’amélioration de la situation » (Lire dans Cameroon Tribune).

Tchakounte Kemayou


La question du statut de la femme africaine : quel regard ?

Le 08 mars de chaque année la Femme est célébrée dans le monde entier à travers ce que l’ONU appelle par un slogan marketing « Journée Internationale de la femme ». Le thème de cette année est intitulé « L’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour toutes et tous ». Le Cameroun n’étant  pas en reste, se joint aussi à l’ONU pour célébrer la Femme en rendant publique son thème de la journée qui est intitulé « Défis et réalisations des objectifs du millénaire pour le développement des filles et des femmes ». Il convient ici de remarquer la portée de ces deux thèmes qui soulèvent implicitement ou explicitement les problématiques de progrès/développement et égalité. Concepts si chers au développement dans un contexte africain en ces temps modernes. Cela m’amène donc à me poser la question de savoir ce que représente la femme africaine. Le statut de « sous-développement » et « d’inégalité » qui persiste dans notre société sont-ils le fait de la « déshumanisation » de la femme ou alors l’on considère la femme comme le levier de la modernisation de notre société ?

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La Femme comme servante

Cette conception de la femme en tant que compagnons servante de l’homme est encore plus répandue dans l’opinion des mâles et de certaines femmes. A titre d’illustrations, c’est la femme qui se lève tôt à 04 heures le matin, elle se met à la tâche ménagère et est la dernière à dormir. Parfois, c’est aux environs de 22 heures ou minuit qu’elle peut rejoindre son lit. Ceci après une rude journée de dures tâches de maison. Sa tâche commence d’abord par les enfants qu’il faut apprêter pour l’école : les laver, les habiller, leur servir le petit déjeuner, les accompagner à l’école non sans avoir donné les conseils aux bouts de chou sur l’environnement scolaire de plus en plus hostile. Monsieur le mari, pour garder la bonne humeur doit avoir son repas du bas-ventre avec sa femme dès 5 heures du matin avant de passer à table pour le repas du ventre avec les enfants. Il prend donc la route du boulot pendant que madame accompagne la progéniture à l’école. Elle reste donc seule à la maison pour s’occuper des tâches ménagères que la société a tôt faites de considérer cette occupation comme une profession. Elle lave, elle blanchit, elle cuisine, elle jardine, elle repasse, elle fait le baby-sitter, elle fait des commissions, elle garde la maison et que sais-je encore ? Beaucoup d’africains et plus particulièrement de camerounais comme moi ont eu comme « profession de la mère : ménagère » dans leurs diverses pièces officielles. Curieusement, c’est la seule « profession qui reste jusqu’à nos jour reconnue et officielle mais qui n’a pas de statut. Pour preuve, quelle est le salaire de nos mamans appelées pompeusement « Ménagère » ? Evidemment, l’opinion africaine considère ce statut de la femme comme « normal ». Son « rôle » c’est de rester à la maison, de servir de partenaire sexuel de l’homme et d’éduquer les enfants.

Il devient, de nos jours, tout à fait absurde d’avoir une conception de la femme sur le schéma décrit ci-dessus. La mondialisation et tout ce que cela comporte comme effets secondaires est venue remettre en question, dans un contexte de pauvreté, cette conception africaine sous le prisme du développement et du progrès. La première critique formulée à la conception de la femme ménagère est l’asservissement et la déshumanisation de la femme en la réduisant à une servante. La deuxième critique relève du fait que cette conception avait pour effet négatif de considérer la femme comme « la remplaçante » de l’homme et non comme « la compagne » ou « la complémentarité » de l’homme. Cette conception africaine et camerounaise a créé sa propre mort devant la poussée de la mondialisation. Celle-ci est donc venue avec des concepts innovants comme « l’égalité » entre l’homme et la femme.

L’émancipation de la femme africaine

La problématique de l’émancipation de la femme est donc le fait d’une culture de la conscience collective de la déshumanisation de la femme par les hommes en Afrique. Les raisons pour lesquelles les femmes sont considérés comme telles sont légion. La population étant considérée comme un marché potentiel dans un contexte de la mondialisation, la femme devient un objet marketing. Il devient donc nécessaire d’influencer l’opinion collective par le concept d’égalité homme/femme en considérant par exemple que la femme n’est pas née pour être « ménagère », elle peut aussi « travailler » comme l’homme et se prévaloir des droits et devoirs conférés à ce statut. Du coup la question qui se posait sur la paternité des tâches ménagère se pose et il devient donc légitime de les imputer aussi à l’homme. Il devient, en ce moment difficile de faire la nuance entre la responsabilité de l’homme et de celle de la femme dans le cas où celle-ci n’exerce aucune activité professionnelle. Quelle sera maintenant le statut de la femme en ce moment-là ? Celle-ci va-t-elle rester « ménagère » comme je l’ai démontré plus haut ?

Le concept de féminisme ne tombe pas du ciel comme un cheveu dans la soupe. Dans le contexte de mondialisation, la femme est devenue un objet de marketing sous plusieurs aspects : planning familial. Je me suis toujours posé la question sur le sens du financement de planning familial par la Banque mondiale. Est-ce pour le bien-être de la femme qui revendique ce droit de décider en toute âme et conscience le moment propice pour elle de concevoir ? Soit. Il serait tout de même absurde de refuser à la femme le droit de prendre une décision utile pour son bien-être. Cependant, peut-on par-dessus tout considérer la problématique de la guerre du nombre comme moins importante que le bien-être de la femme ? Autrement dit, la guerre du contrôle de la population mondiale dans le monde où la croissance des populations non européennes vécue en Occident comme une menace géostratégique est-elle moins à considérer que le bien-être de la femme ? Cette idéologie sur le fait que la population africaine et en particulier camerounaise est trop nombreuse n’est-elle pas utopique ? Elle est même, à la limite, une baliverne. Du coup, je peux comprendre le pourquoi de cette notion d’égalité homme/femme si chères aux féministes engagées.

Le contexte de pauvreté n’est pas pour faciliter la compréhension non plus. L’homme qui allait au boulot tôt le matin est considéré comme chef de famille. Détenteur de pouvoir d’achat, il est de ce fait considéré comme un homme puissant, donc, celui qui a le destin de la famille entre ses mains. Le chômage élevé de l’homme est donc signe que le glas a sonné pour lui. Du coup, la donne change et la femme se voit nantie d’un devoir de survie de la maisonnée. Elle est alors livrée aux petits commerces de la rue et de la trié appelé vulgairement au Cameroun « bayam sellam ». Ce pouvoir financier dévolu aux hommes change de mains. La question d’égalité homme/femme trouve son pesant d’or. La femme revendique alors cette « place » qui est la sienne et que l’homme occupe illégalement. Au fait, de quelle « place » s’agit-il ? Certainement de la compagne jadis peut-être jamais reconnue par la société pourtant le statut de ménagère ne lui a jamais été reconnu.

Il s’agit ici de reconnaitre que la femme est un être humain qui doit jouir des mêmes droits et devoirs que les hommes. Cette conception selon laquelle la femme est la maîtresse de la situation économique de la famille n’est pas fortuite. Elle est belle et bien un construit idéologique qui a pour objectif de donner à la femme des convoitises injustifiées et injustifiables. Les critiques apportées à la conception de la femme africaine sont justifiées. Il faut aussi le dire sans ambages, cette conception de la femme africaine décrite plus haut est trop biaisée et bafouée par le fait de l’esprit de domination exacerbée de l’homme africain moderne dit « civilisé » qui a réduit la femme à une servante. L’Afrique a toujours, et ce depuis des lustres, considéré la femme comme le centre de l’univers car mamelle nourricière de l’humanité. Pour preuve, d’où vient-il que dans notre génération la femme doit porter le nom de son mari alors que nos mères et grand-mères portaient ou portent leur propre nom?! Il serait donc injustifié que la conception de la femme africaine soit dénouée de tout son sens pour donner à la femme la place qui n’est pas la sienne.

Bonne fête mesdames !

Tchakounté Kemayou (TKC_YVES)


Cameroun : L’orientation académique des élèves, un projet social au service du développement local

Le 1er mars 2014 est une date mémorable pour un baptême de feu pour le moins spectaculaire. L’association dénommée « Le Ndé En Force ADI» en abrégé NEFA (Ndé, du nom d’un département de la région de l’Ouest Cameroun) vient donc d’inaugurer une série de séminaires annuelle d’orientation des élèves de la classe de Terminale de ce département. Durant 10 heures d’horloge, les participants ont eu droit aux conseils théoriques et surtout pratiques des procédés à mettre en œuvres pour un choix optimal quant à leur orientation professionnelle et académique après le Baccalauréat par des experts et étudiants rompus dans leurs domaines respectifs.

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Une vue des élèves participants et attentifs aux conseils de l’expert en tourisme Yves Pascal Honla

Le projet social dénommé « Coaching des élèves de Terminale du Département du Ndé » est l’œuvre d’un groupe de jeunes ambitieux et soucieux du développement durable de leur département d’origine. L’idée vient du fait d’un triste constat que les jeunes camerounais, surtout ceux résidants hors des grandes villes comme Douala et Yaoundé, n’avaient aucune information concernant les filières universitaires et les carrières à cours et à long terme que peuvent mener ces formations. Les désertions scolaires et les échecs répétés sont considérés comme les conséquences d’une mauvaise orientation pendant les études du secondaire. Il était temps de mettre à la disposition de ces jeunes élèves vivant pour la plupart en campagne des astuces et des outils qui leur permettront de faire le meilleur choix pour la réussite de leur cursus académique et leur carrière professionnelle. Pour ce faire, l’association « Le Ndé En Force » a mis les petits plats dans les grands en organisant ce séminaire de coaching avec à la clé des professionnels, doctorants et des hommes d’affaires qui sont venus partager leurs expériences si enrichissantes et si diversifiées.

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Une vue du panel d’experts et professionnels

Sous la coordination d’Arnaud Nana (Chef de projet), les 100 élèves, sélectionnés selon leur mérite au cours du 1er trimestre 2013 de l’année scolaire en cours, ont donc écouté attentivement les conseils des professionnels comme Achille Fumtchum (Télécommunication et Informatique), Frank William Batchou (Journalisme et communication), Olivier Kassi dit Kangol Ledroïd comme nom d’artiste designer (Art et culture), Olive Chabet (Gestion des Ressources Humaine (GRH)), Tchakounté Kemayou (Sociologie), Jean-Jacques Njoh-Mbappe (Génie civil et BTP), Yves Pascal Honla (Tourisme), Me Nkongho Tom (Avocat), Dr Simo (Pharmacie) et Hon. Djeuyong Frédéric (Entreprenariat). Les grands absents, à savoir les experts dans les domaines de la médecine et le génie agricole ont laissé tout de même un vide qui a été comblé par une ambiance et un enthousiasme que les experts ont suscité chez ces jeunes élèves soifs d’avoir leur Baccalauréat et d’intégrer le monde universitaire. Ces élèves sont donc des ambassadeurs auprès de leurs pairs. Les conseils qu’ils ont reçus seront retransmis avec la fidélité qu’on reconnaît aux meilleurs élèves. D’où le choix selon les résultats obtenus.

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Une vue des personnels enseignants des lycées et collèges de la ville de Bangangté

Il est, toutefois, à noter que c’est une 1ère expérience qui a tout de même connu un grand succès avec le patronage de la mairie de Bangangté, avec aussi et surtout les enseignants curieux qui souhaitaient avoir une idée de ce projet social qui a fait courir plus de 100 élèves. Cela n’a pas empêché le séminaire de tenir les promesses des fleurs et de susciter beaucoup d’intérêts des jeunes sur les métiers qu’ils n’ont connus que sur place.

La fin du séminaire de coaching a été marqué par la remise des attestations de participations aux élèves, une photo de famille, des discours de circonstance et plus particulièrement de celui de la Présidente Viergine Du Ndé qui, malgré l’accident survenu le 12 janvier 2014 de retour sur Douala après une mission sur Bangangté pour préparer l’événement, a tenu a remercier tous les participants et les sponsors et plus particulièrement AREA Cameroun, société d’assurance représenté par Rodrigue Kendo. Toute la logistique, la mise en place et la discipline des élèves participants est une oeuvre des mains chaleureuses de Ella La Rose qui a veillé au grain. Pour une meilleure organisation dans l’harmonisation et la synchronisation des articulations du séminaire, Armand Tankoua n’a pas été de tout repos. Il faut le dire sans hésiter, le concours des relais résidant sur place à Bangangté piloté des mains de maître par Flore Namedji a été incommensurable, sans oublier le très remarquable Emile Désiré Singeh à travers son cabinet de conseil en management « Go Ahead Africa ».

Vivement, à l’année prochaine !

Tchakounté Kemayou