Yves Tchakounte

Pourquoi la voix du peuple camerounais n’a jamais porté à l’ONU ?

Depuis le dernier discours de Um Nyobe à l’ONU le 17 décembre 1952, le cri du peuple camerounais n’a jamais été entendu en si haut lieu. En fait, l’ONU a toujours comme interlocuteur, après l’indépendance du Cameroun francophone, des personnes officiellement constituées. Pourtant, les voix alternatives, compte tenue de la situation de crise vécue par le Cameroun durant la période d’indépendance, n’étaient pas entendues. Un black-out depuis 1952 et qui vient de voir son dénouement lors du Conseil de Sécurité de l’ONU du 13 décembre 2018.

Que s’est-il passé pour que, en dehors des présidents de la république (Ahidjo et Biya), les voix alternatives soient mises hors-jeu à l’ONU ? Pourquoi l’ONU ouvre-t-elle le dossier du Cameroun en 2018 ? La particularité du Cameroun, compte tenue de son statut, pays sous le double mandat de la France et de l’Angleterre, ne donnait évidemment pas le droit à l’ONU de laisser ces deux puissances coloniales lui damner le pion. S’est-elle réveillée enfin pour reprendre son autorité ? Pour mieux comprendre la rupture et le retour de l’ONU sur la situation du Cameroun, voici une analyse synthétique qui donne, avec détails, les éléments de compréhension de la situation. Le texte est de l’écrivain Camerounais Patrice Naganag (la titraille est de moi).

 

La rupture avec l’ONU

Le Cameroun est donc retourné en décembre 2018, au Conseil de Sécurité de l’ONU. 1959-2018, ça a pris soixante ans. C’est l’évolution d’une situation extraordinaire que les politistes vont analyser à leur manière, mais ils n’auront pas la perspective qui est celle du peuple camerounais, car la voici : le Cameroun a cessé d’être une colonie en 1919, et est passé sous mandat de la SDN, et puis sous tutelle de l’ONU qui l’a confie d’une part à la France, et d’autre part à l’Angleterre.

La partie française, le Cameroun oriental, a été dirigée par la France avec ses autres colonies, et la partie anglaise a été de même dirigée par l’Angleterre avec ses autres colonies, dont le Nigeria. Quant à la partie française, elle est devenue indépendante le 1er janvier 1960 et a pris pour nom la « république du Cameroun ». La partie anglophone cependant, et c’est là où le problème anglophone commence, n’est pas devenue indépendante formellement comme la partie francophone. La différence de traitement est déjà là, et celle-ci s’est empirée quand, n’étant pas devenue indépendante formellement, elle s’est réunifie avec la partie francophone en l’absence totale de l’ONU qui en avait pourtant la tutelle !

La Conférence de Foumban s’est ainsi faite en l’absence de l’ONU, eh oui ! Deux hiatus qui sont essentiels pour comprendre la Deuxième Guerre civile camerounaise (La première guerre civile au Cameroun a eu lieu pendant la guerre de libération menée par les nationalistes, ndlr). Et qui déjà, pour la partie francophone, avaient pour conséquence, le fait que toutes les forces nationales et nationalistes du Cameroun ne soient jamais allées en France porter leurs revendications, ou en Angleterre pour les Anglophones, mais plutôt a New York, a l’ONU : le plus célèbre étant évidemment Ruben Um Nyobe, dont les voyages a l’ONU en 1952, et en 1955, aura été épique.

La manipulation de la France

La politique officielle de la France, pays qui en 1940 avec de Gaulle, avait fait du territoire sous sa tutelle qu’était alors le Cameroun français, une colonie de fait, sa position aura toujours été de rendre le retour du Cameroun a l’ONU impossible. Sinon, de choisir des gens qui parleraient pour elle : ces gens, c’étaient Okala, Daniel Kemajou, Ahidjo, etc. Jusqu’en 1960, il était encore possible d’écouter des voix alternatives, des voix non-officielles, la voix du peuple camerounais donc, à l’ONU. D’où les voyages des émissaires de l’UPC, et donc de Um Nyobe, mais après 1960, la république du Cameroun ayant été indépendante, cela n’était plus possible.

Seul Ahidjo devenait ainsi le représentant du Cameroun, le porte-voix du Cameroun, et cela jusqu’au discours de Biya en 2017 où, a la tribune de l’ONU, il se disait « mendiant de la paix« . De 1960 a 2017 donc, le Cameroun a eu un seul porte-voix a l’ONU – le président de la république du Cameroun, Ahidjo, et puis Paul Biya. La politique d’empêchement des voix alternatives, de la voix du peuple camerounais, instituée par la France jusqu’en 1960, a cependant continué. Et ainsi, le gouvernement camerounais aura toujours tout fait pour rendre une résolution de l’ONU sur le Cameroun, et spécifiquement sur la crise anglophone, impossible.

La dernière tentative aura été une mission expresse du Minrex (Ministère des relations extérieures, ndlr), après la session du Congres américain de 2017, mission dont le but a l’ONU était spécifiquement de rendre une résolution de l’ONU impossible. Politique de lobbying du gouvernement camerounais donc, qui, dans les faits rendait le travail des Anglophones impossible, eux qui se sont joints en 1961 à un Etat francophone – la République du Cameroun – déjà indépendant. Manière de dire que comme peuple ils étaient plutôt piégés dans un Etat constitué !

Le retour grâce à la crise anglophone

Voila les deux données qui ont changé avec l’ouverture au Conseil de Sécurité du dossier du Cameroun (le 13 décembre 2018) – « pays qui produit le plus de réfugies aujourd’hui en Afrique! » y entend-on. Mais l’arrivée du Cameroun au Conseil de Sécurité aura été précédée par l’arrivée de l’ONU au Cameroun, et celle-ci aura été laborieuse, sinon secrète. En juin, je rencontrais encore a New York une dame – je préfère encore taire son nom -, de qui les hasards de mon arrestation m’avait rapprochée, que l’ONU avait taskee sur le Cameroun, avec mandat de deux ans, pour y constituer un dossier conséquent, dossier dont voici sans doute la conséquence.

Elle me disait alors qu’elle ne pouvait pas travailler ouvertement parce que c’est encore au gouvernement camerounais de demander l’intervention de l’ONU, le Cameroun étant indépendant. Et Biya évidemment ne le voulait pas, se plaçant plutôt comme victime d’une agression des populations anglophones – des populations camerounaises donc -, qu’il disait « terroristes ». Ce que le gouvernement camerounais n’avait et n’a cependant pas encore compris est qu’un Etat qui commet des crimes de guerre, qu’un Etat qui commet un génocide, perd automatiquement sa souveraineté, car la protection des peuples est au-dessus de la souveraineté des Etats. Il en est ainsi de tous les pays, et l’ONU a un devoir d’ingérence dans ces cas-la : pour protéger les peuples. C’est pourquoi d’ailleurs elle a été créé en 1949 ! C’est ça son mandat impératif !

Le Conseil de Sécurité en tablant sur le dossier du Cameroun, malgré la double disposition du gouvernement camerounais, politique et de lobbying que j’ai mentionne plus haut, le signifie. Mais ce qu’il reconstitue aussi, c’est le cercle interrompu avec le peuple camerounais, cercle interrompu depuis exactement 1919, avec le départ des Allemands. C’est ici en effet que l’absence de la France lors de la session du Conseil de Sécurité du 13 décembre 2018 devient significative : car c’est elle, la France donc, qui dès 1940 avait mis en oeuvre la politique d’empêchement de la voix du peuple camerounais a l’ONU qui de facto frappait les Anglophones comme peuple depuis 1961. Et c’est elle qui toujours a porté a l’ONU la voix des Etats francophones.

L’Angleterre a pris sa place comme on voit, membre du même Conseil de Sécurité qu’elle est, elle aussi, elle qui d’ailleurs, a libéré la France coloniale de l’Allemagne en 1940. Le cercle se referme.

Une page de l’histoire de notre peuple a été tournée.

Patrice Nganang, écrivain.


Retrait de la CAN 2019 au Cameroun : les raisons de l’échec

La sentence est tombée vendredi 30 novembre. Le Cameroun ne sera pas le pays organisateur de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019. Cette décision a été prise par le comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), réuni à Accra au Ghana.

Le Cameroun n’a pas tenu son pari… Contrairement aux promesses du président de la République, faites au peuple camerounais dans un discours pompeux, le 10 août 2017, où il affirmait mordicus que « le Cameroun sera prêt le jour dit ». Seize mois après, qu’est-ce qui s’est passé pour que l’organisation de la CAN 2019 soit retirée au pays de Roger Milla ? Cette situation est vécue à Yaoundé comme un échec. Toute honte bue, le gouvernement, par la voix de son porte-parole, n’a pas caché sa déception et crie à « l’injustice ».

Les supputations ont circulé, et continuent de circuler, tant sur les réseaux sociaux que sur les médias pour comprendre ce qui s’est réellement passé pour que le Cameroun se retrouve humilié par la CAF. La plupart d’observateurs orientent leurs analyses sur les origines du retrait de l’organisation de cette compétition africaine. Il existe plusieurs tendances pour expliquer cette déculottée. Pour des raisons de commodité, je vous livre ici quatre analyses. Elles sont tirées sur le volet parmi des centaines qui circulent sur Facebook et publiées par des personnes bien connues du public camerounais. Chacune d’elle explique exactement d’où est venue la faille.

Les 4 raisons du retrait de l’organisation de la CAN 2019

1ère raison de l’échec : l’insécurité (Par Serge Aimé Bikoi)

La première raison de l’échec est d’ordre sécuritaire et c’est l’argument présenté par Serge Aimé Bikoï, journaliste à RTS (Radio Télision Siantou). La RTS c’est une chaîne urbaine émettant à Yaoundé et ses environs. Le journaliste fait un double diagnostic, non seulement sur l’insécurité qui règne au Cameroun, mais aussi sur les insuffisance au niveau des délais de livraison des stades en pleine construction :

En passant donc au crible de la raison pratique l’échec du Cameroun à l’organisation de la Can 2019, bien de déterminants socio-politique, infrastructurel, urbain et écotouristique sont déclinés pour tenter, sans coup férir, de décrypter la mauvaise passe du pays de Samuel Eto’o Fils. Au rang des invariants socio-politiques, figure la crise sécuritaire qui ébranle, depuis des années, trois régions camerounaises, en l’occurrence l’Extrême-Nord, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest. Le bilan de la crise socio-politique contemporaine, en termes d’incidences humaine, matérielle et financière, est si éloquent qu’un émissaire du congrès américain a saisi la balle au bond, ces derniers jours, pour requérir, auprès de la Fifa (Fédération internationale de football association), le retrait de la CAN au Cameroun. Cette pression des États-Unis sur la Fifa était, d’ailleurs, un signe avant-coureur et un déterminant prémonitoire à la sentence qui est, in extremis, connue de tous le jour de la commémoration de l’an 29 de la mort de l’ancien premier Président de la République du Cameroun.

2ème raison de l’échec : l’insuffisance d’infrastructures (Par Serge Aimé Bikoi)

Au-delà de la variable socio-politique, il y a le déterminant infrastructurel appréhendé comme le facteur à prendre aussi en considération sur le terrain explicatif du retrait de la CAN au Cameroun. Jusqu’ici, les stades, dont la façade est tout de même visible, ne sont pas encore achevés. A cette incurie se subordonne le déficit d’établissements hôteliers susceptibles de transcender la démographie croissante des touristes étrangers des 24 pays devant participer à cette grande messe du football africain. Aussi faut-il noter, en termes d’imperfections infrastructurelles, le manque criard de routes et d’autoroutes, voies de communications capables de relier les masses populaires locales et étrangères dans différents stades des villes camerounaises. De plus, il est impossible de ne pas constater l’absence des plateaux techniques en bonne et due forme des hôpitaux publics de référence et le giron de la voirie urbaine, qui reste et demeure moins embelli au plan touristico-urbain.

3ème raison de l’échec : la revanche d’Ahmad (Par Mathias Eric Owona Nguini)

L’échec lié au complot de la CAF contre le Cameroun est défendu par le professeur Mathias Eric Owona Nguini. C’est un socio-politologue, enseignant à l’université de Yaoundé II. Selon lui, cette thèse de complot était visible depuis bien longtemps :

La véhémence du leader de la CAF contre l’organisation camerounaise de la CAN 2019 était clairement motivée par deux raisons structurantes : le désir de revanche contre le pays du grand Issa Hayatou dont le comité exécutif lui retira la CAN Juniors et le souci de ménager ses puissants alliés nord-africains et d’Afrique australe en leur permettant de reprendre la main pour l’organisation de la CAN 2019 au détriment du Cameroun.

Malgré les propos lénifiants du président de la CAF lors de son voyage express au Cameroun en compagnie de la star Samuel Eto’o pour une audience avec le président Paul Biya, je n’ai jamais eu confiance au patron du football continental africain. Le jeu de lobbying de l’Afrique du nord et de l’Afrique australe était trop fort. Il est évident que malgré ses retards organisationnels et leurs raisons (luttes d’influence entre coteries administratives, guerres entre lobbies d’affaire, campagnes anti-patriotiques d’intoxication des milieux anti-régimes, lenteurs administratives), le Cameroun allait parvenir tant bien que mal à mettre en place sa CAN.

C’était sans compter sur les « combinaisons » politico-footballistiques confédérales recomposées avec le nouvel actionnariat dominant de pouvoir au sein de la CAF, dominées particulièrement par le souci de faire plaisir au grand parrain marocain frustré d’avoir été battu pour la Coupe du Monde 2026. Conscient des gros efforts du Cameroun, Ahmad et le Comité Exécutif de la CAF, ont usé de l’art de Salomon. Après avoir humilié le Cameroun en le décalant de 2019 à 2021, ils ont donné des gages pour que ce pays prenne le tour de la Côte d’Ivoire qui serait renvoyé en 2023. Le Cameroun semble quand même devoir avoir sa CAN au prix de quelques humiliations qu’il lavera sur le terrain en 2019 s’il se qualifie. Dans ce cas, en 2021, ce sera la 7ème étoile. Qui a dit que le football n’est pas politique ?

4ème raison de l’échec : l’irresponsabilité de Paul Biya (Par Jean-Bruno Tagne)

Le président de la République Paul Biya est considéré comme le principal responsable et doit s’en prendre qu’à lui-même. C’est ce que dit Jean Bruno Tagne, journaliste en service à Canal 2 International, dont le siège se trouve à Douala. Journaliste et présentateur dans cette chaîne, il officie également en tant que directeur général adjoint. Voici en substance son analyse après le retrait :

J’en vois qui s’en prennent à bras raccourcis aux ministres et autres collaborateurs du président de la République comme responsables du retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun par la CAF. « Le Cameroun sera prêt le jour dit. J’en prends l’engagement », avait déclaré Paul Biya devant ses hôtes en extase au palais de l’Unité à Yaoundé.

Comment peut-on prendre un tel engagement urbi et orbi et ne jamais se donner la peine ne serait-ce qu’une seule fois de visiter les chantiers pour s’assurer que les choses vont dans le sens souhaité ? Même pas une petite visite au stade d’Olembe à quelque pas du palais d’Etoudi. Stade du reste baptisé du nom de Paul Biya avant même d’être construit ! Qu’on ne me dise surtout pas que ce n’est pas le rôle du chef de l’État. D’autres le font et ça marche.

Paul Biya est coupable, comme pour d’autres choses, de s’être contenté des rapports, de n’avoir pas du haut de sa fonction donné un coup pied à la bureaucratie qui a freiné considérablement les travaux et surtout d’avoir fermé les yeux devant des gens qui avaient décidé de faire de cette CAN la plus grosse vache à lait de leur vie. Et ce ne sont pas les alertes qui ont manqué.

Vouloir, maintenant que l’échec est consommé et que le Cameroun est humilié, se défausser – comme toujours – sur les collaborateurs ou pointer une pseudo « mafia » qu’il y aurait à la CAF relève de la pure diversion. C’est même de l’irresponsabilité.

Les Camerounais n’ont pas élus des ministres mais bien un chef de l’État qui doit prendre ses responsabilités. Do your homework sir.

Et maintenant, quelles sont les conséquences du retrait de la CAN 2019 ?

Pour le moment, personne ne sait ce qui va se passer. Le président Biya possède encore les manettes pour donner le ton pour la suite. Quelques hypothèses sont cependant scrutées par des uns et des autres pour envisager l’avenir. Que va-t-il se passer maintenant ?

Le remaniement ?

La première conséquence de ce retrait est punitive. En fait, la plupart des Camerounais pensent que l’occasion est venue pour le président de la République de passer très vite au remaniement de son gouvernement, qu’il tarde à faire depuis sa réélection le 7 octobre et sa prestation de serment le 6 novembre 2018. Paul Biya a toujours cette manie d’être maître du temps, de contrôler le calendrier politique sans laisser apparaître la moindre trace des ses actes futurs. Va-t-il dérober à la tradition en procédant au remaniement tant souhaité et qui marquera le début des sanctions à venir ?

La prison ?

Il ne faudra pas seulement s’arrêter aux sanctions avec un remaniement. Le remaniement ministériel tant souhaité entraînera probablement certains responsables de l’échec vers une poursuite judiciaire pour détournement de deniers publics. Dans ce cas, la 2ème raison de l’échec (l’insuffisance d’infrastructures) serait alors la plus probable. Une poursuite judiciaire des responsables impliqués dans la construction des infrastructures de la CAN 2019 sera donc une preuve que les chantiers n’ont pas avancés pour des raisons de mauvaise gouvernance. Et la responsabilité du président de la République serait également impliquée (4ème raison).

D’ailleurs, quelques Une des journaux de lundi 3 novembre annonçait déjà des responsables impliqués dans l’échec : Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République, et Ismaël Bidoung Mpwatt, le ministre des sports et de l’éducation physique, et bien d’autres.

Le TAS ?

D’autres pensent encore que la bataille n’est pas perdue et qu’il faudra passer à la phase juridique par un recours au Tribunal Arbitral du Sport (TAS). La première personne à l’exiger c’est bien Abdouramane Hamadou qui déclare, sur sa page Facebook, que le Cameroun a la « possibilité de faire reculer la CAF ». Abdouramane Hamadou Babba est président d’une équipe de foot « Etoile Filante de Garoua ». Il est très connu par le public camerounais pour avoir affronté l’équipe dirigeante de la Fecafoot (Fédération Camerounaise de Footbal) pendant deux ans, qui avait été élu illégalement. Il a finalement eu gain de cause et le TAS a débouté le président de la Fecafoot Tombi A Roko.

Le même Abdouramane compte renouveler l’expérience en envisageant une plainte contre la CAF au TAS. Une plainte au niveau du TAS signifierait alors la confirmation de la 3ème raison comme hypothèse de l’échec. La question ici n’est pas de savoir si la CAF a raison ou non, mais c’est celle de savoir si effectivement le Cameroun est prêt a accueillir cette CAN en juin 2019 si jamais la CAF la lui accordait ? Cette question est d’autant plus importante que la sortie du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, bien que parlant d’injustice, sonne comme un aveux en demandant au « peuple camerounais de garder toute sa sérénité ».


Les Beti sont-ils menacés comme « Essingan » veut nous le faire croire ?*

Dans son numéro 138 du 19 novembre 2018, le bi-hebdomadaire camerounais « Essingan » met à sa Une un titre ronflant et fort évocateur : « Assassinat et attaques ciblées contre les Beti ». Beti ici désignant un groupe Ethnique plus large donc les régions du Centre (où se trouve Yaoundé la capitale), du Sud (région d’origine du président Paul Biya), et de l’Est, sont les territoires. Ce groupe ethnique est confrontée à des joutes tribales où les originaires de ces régions sont accusés, à tort ou à raison, de conserver le pouvoir politique au détriment des autres groupes ethniques du pays. Ainsi, les journaux, acquis à la cause beti, profitent de certaines pour manipuler l’opinion pour se donner une bonne conscience dans la victimisation, puisque le contexte s’y prête.

*Serge Aimé Bikoï, journaliste camerounais, nous livre ici une analyse de contenu de la Une du journal, du titre de l’article en question rédigé par Leger Ntiga, et de l’article proprement dit.

Analyse du contenu manifeste et latent du titre à la grande Une du journal « Essingan » de ce lundi, 19 novembre 2018, numéro 138

Dimanche, 18 novembre 2018, il y a eu des joutes engagées et passionnées sur le titre à la grande Une du bi-hebdomadaire « Essingan » paru avant le jour-j à la faveur des atouts marketistes liés à la capacité de conquête du lectorat. Bien d’internautes, sur la toile, ont épinglé et invectivé le Directeur de la publication de ce journal. D’autres, sans lire le contenu, ont battu en brèche la titraille, dont la coloration et la connotation sont, a priori, ethnocentristes.

Des lecteurs ont entrepris, au premier abord, de battre en brèche ce titre formulé comme suit :

« Ré-élection de Paul Biya. 
Assassinat et attaques ciblées contre des Beti
Des journalistes, artistes et le porte-parole de l’archevêque de Yaoundé parmi les victimes »

En contre-bas de ce titre figurent trois images des hommes publics victimes, ces derniers jours, des cas d’agressions à mains armées, en l’occurrence Ernest Obama, Avenir Ava, de regrettée mémoire, et l’abbé Félix Désiré Amougou. Dans le journal en page 3, l’article est rédigé par Léger Ntiga. La première curiosité, dans l’analyse du contenu manifeste de cet article que nous faisons, c’est qu’il y a un distinguo entre le titre qui paraît à la grande Une et celui observé en page 3. En effet, le titre paru à la grande Une mentionne :

« Ré-élection de Paul Biya 
Assassinat et attaques ciblées contre des Beti »

Par contre, le titre répertorié en page 3 est :

« Criminalité. Assassinat d’Avenir Ava et tenative (au lieu de tentative) d’assassinat contre l’abbé Félix Désiré Amougou »

Quiconque a lu le journal « Essingan » de ce lundi, 19 novembre 2018 se rend compte, en page 3, qu’il y a tromperie sur la marchandise. Et pour cause l’auteur de l’article a usé d’une tactique, d’une feinte, mieux d’une stratégie pour muter la titraille. Des théoriciens et praticiens des Sciences de l’information et de la communication viendront, sans doute, faire, ex-cathedra, un cours sur les titres en journalisme. Mais le fait est sacré, voire sacralisé et les commentaires sont libres. En substance, quiconque ayant lu ce journal constate que deux invariants ont changé dans l’architecture de la titraille.

  1. A la grande Une, tout lecteur voit : « Ré-élection de Paul Biya« . Or, à l’intérieur du journal, en page 3, le titre de l’article concerné est « Criminalité« .
  2. A la grande Une, en contre-bas du titre mentionné supra, figure ce groupe de mots : « Assassinat et attaques ciblées contre des Beti. Des journalistes, artistes et le porte-parole de l’archevêque de Yaoundé parmi les victimes« . En page 3, a contrario, il est lu : « Assassinat d’Avenir Ava et tentative d’assassinat contre l’abbé Félix Désiré Amougou« .

Ntiga a, bel et bien, muté cette titraille

Au regard de ces deux invariants du contenu manifeste de l’article et, a fortiori, du titre, chacun(e) constate que l’auteur a altéré la titraille de la grande Une dans le contenu du journal pour la simple raison que « Ré-élection de Paul Biya » remplace « Criminalité » et « Assassinat et attaques ciblées contre des Beti » se substitue à « Assassinat d’Avenir Ava et tentative d’assassinat contre l’abbé Félix Désiré Amougou« . Il s’agit, ici, d’un jeu éditorial, certes, saupoudré d’une subtilité dans le marketing du bi-hebdomadaire « Essingan », qui est en posture de faire vendre le titre à la grande Une alors qu’à l’intérieur, Ntiga a, bel et bien, muté cette titraille. Mais, ce jeu éditorial est pourvu, parlons peu parlons vrai, d’un écueil épistémologique lié à la dangerosité de la titraille de la grande Une.

C’est, d’ailleurs, à ce giron qu’il est impérieux de décrypter alors le contenu latent de cet article ou, du moins, de la titraille, qui est, a priori et a posteriori, empreint d’un péril lié à la provocation diligentée contre un groupe culturel. En parlant des attaques ciblées contre des « Beti », il y a, en toile de fond, une guéguerre, voire une guerre symbolique entre deux groupes culturels, lesquels s’affrontent, depuis ces derniers mois, autant sur les réseaux sociaux que dans l’espace public. Des escarmouches, des quolibets, des sarcasmes, des stéréotypes et des clichés sont collés à tel ou à tel. En traitant des attaques contre les Beti, personne n’imagine pas ce que l’Homme populaire peut nourrir, en terme d’acrimonie et d’animosité, à l’égard du Beti ou de toute autre communauté culturelle. C’est périlleux, insidieux et creux. Faisons attention aux mots dont nous nous servons au quotidien tant ils sont constitués d’une charge symbolique éloquente !

Attaques ciblées contre des Beti ?

En réalité, il faut choisir : soit vous parlez, comme annoncé au niveau de la titraille de la grande Une, des assassinats et attaques ciblées contre Beti, et vous le démontrez clairement, ce que nous n’avons guère vu (d’ailleurs, cette titraille a été modifiée à l’intérieur), soit a contrario, vous décidez de parler, spécifiquement, de la criminalité tel qu’annoncé à la titraille de l’article en page 3. Sur ces entrefaites, vous êtes, sans conteste, sur une ligne crédible et inattaquable puisque nous vivons, ces derniers jours, le phénomène ambiant de la résurgence de l’insécurité urbaine. D’aucuns, en se référant à la figure de style de l’hyperbole, parleront, sans coup férir, de la recrudescence de l’insécurité dans les grandes villes camerounaises, telles que Douala et Yaoundé.

D’ailleurs, l’auteur a mentionné, dans l’article, deux cas d’incendie survenus le samedi, 17 novembre 2018 dans la capitale économique, et dont les fabriques « Biopharma » et « Panzani » ont fait les frais. Mais, ce que je récuse, c’est le fait, pour Léger, d’avoir qualifié ces incendies de « suspects ». Toute chose qui est un jugement de valeur. Alors, une enquête a-t-elle été menée par l’auteur de l’article ou par la police qui a abouti à la constatation, mieux à la qualification de ces incendies de « suspects » ? L’auteur n’y a pas répondu. Peut-être y répondra-t-il dans les prochaines heures. En plus, en parlant des attaques ciblées contre des Beti, les propriétaires de ces succursales sont-ils Beti comme Ava (décédé dimanche, 18 novembre 2018), comme Amougou, comme Obama, K-Tino ou même comme Coco Argentée ?

Qui est même Beti ? Qui se réclame d’être Beti au Cameroun ? Parlez-vous de l’ethnie, de la tribu, du clan, de la généalogie, de l’agrégat ? Parlez-vous de la tribalité, du tribalisme, de l’ethnocentrisme, du mono-fascisme mono Ndjanaien ou de l’ethno-fascisme pokamien ? Parlez-vous des Beti au sens de Philippe Laburthe-Tolra, de Séverin Cécile Abega ou de Luc Mebenga Tamba ? De quel Beti Parlez-vous? Antoine Socpa, Paul Abouna, Mbonji Edjenguelle, etc.qui sont, tous les trois aussi Anthropologues, parleront de quoi lorsque des Hommes de médias manipulent, voire instrumentalisent le mot « Beti » à tort et à travers ? Sachons vraiment ce que parler veut dire pour reprendre Pierre Bourdieu, Sociologue constructiviste ! Cessez d’utiliser, de manière alambiquée et biaisée, le mot « Beti ».

Eviter de manipuler ce type de terminologie

Par ailleurs, j’appréhende, dans le contenu manifeste de cet article, la récurrence du mot « assassinat » corrélé à « tentative d’assassinat ». Dans la galaxie de la Sociologie de la déviance et de la criminalité, il faut éviter de manipuler ce type de terminologie sans avoir les indicateurs qualitatif et quantitatif qui y sont inférés. Sachez-le ! Il y a un distinguo entre le crime, l’assassinat, le meurtre, l’agression, le viol et le braquage. Actuellement, seules les enquêtes de la police ou des forces de maintien de l’ordre peuvent nous permettre de qualifier ce dont ont été victimes Ernest Obama, Félix désiré Amougou et Avenir Ava.

Dans l’imagerie populaire, le bas-peuple a tôt fait de parler de « braquage à mains armées » ou encore « d’agression à mains armées ». D’autres comme l’auteur de l’article concluent à la thèse de l’assassinat de Avenir Ava et de la tentative d’assassinat de l’abbé Amougou. Alors, des investigations ont-elles été faites pour qualifier les déviances ou les frasques vécues par ces hommes publics de « tentative d’assassinat » ou « d’assassinat » ? L’Homme de sciences, à ce giron, reste et demeure minutieux et n’utilise pas, à tort et à travers, ces mots. Le braquage n’est pas le crime ; le crime n’est synonyme d’assassinat ; l’assassinat n’équivaut pas à l’agression.

Cessons , dans la même veine, d’utiliser les concepts de la Sociologie de la criminalité urbaine de manière boursouflée et biaisée ! Nous ne nous érigeons pas en donneur de leçons, mais nous faisons preuve de rigueur épistémologique et de rigidité scientifique à l’aune du respect des critères et des principes méthodologiques enseignés dans les écoles scientifiques. Nous ne sommes pas dans la posture de maître-penseur ou dans la stature de maître-recenseur, mais nous avons préféré donner la lecture relative à l’analyse de contenu manifeste et latent de l’article de l’aîné professionnel Léger Ntiga pour qui nous avons, sans conteste, du respect. Que cela soit clair !

*Serge Aimé Bikoi

Le Don King
Mot à wou à wou!


Ces trois tribus du Cameroun*

Ces derniers temps, le discours politique sur les réseaux sociaux est infesté de mots et formules qui font référence à la concurrence voire à l’opposition entre tribus du Cameroun autour du pouvoir d’État. Les auteurs de ce discours analysent le système de partage de prébendes sous forme de strapontins politico-administratifs effectué par le président de la République ; ils sont impressionnés par la jactance de certains individus, probablement dérangés, dont le discours haineux est la seule expression politique.

À les lire, 1) Paul Biya ne nommerait que les Bétis aux postes de responsabilité, 2) les Bétis et principalement les Bulu auraient tout à craindre après le départ de Biya, 3) les Bamiléké auraient un plan de déstabilisation du Cameroun et de prise de pouvoir en tant que groupe ethnique hégémonique, 4) le Cameroun politique ne serait qu’un conglomérat de partis tribaux dont les dirigeants tirent légitimité au sein de leurs communautés ethniques uniquement. Ce repli communautariste serait ainsi le frein à l’alternance au Cameroun. On parle donc souvent ici et là, de tribalisme au Cameroun : entendez, des tribus qui se détesteraient les unes les autres.

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Monument de la Réunification à Yaoundé, symbole du vivre ensemble des différentes ethnies ou tribus. Image : Flickr

Pour ma part, je n’accrédite pas cette thèse et je peux me permettre de dire qu’elle est totalement fausse. Quand vous allez faire vos courses au marché de n’importe quelle ville du Cameroun, ces lieux où vivent les Camerounais d’en bas, vous constatez que les marchands, d’origine tribale différente, collaborent en toute honnêteté et solidarité. Le bamiléké défend sans calcul le commerce de son voisin béti et vice-versa, et ainsi de suite pour les autres. Je prends cet exemple basé sur l’intérêt individuel (le commerce, la vente, la clientèle) pour démontrer que même lorsque leurs intérêts de survie sont en jeu, les Camerounais – c’est le cas dans beaucoup de pays africains – ne se haïssent pas, ne se rejettent pas,ne se battent pas. Ils se reconnaissent dans la même condition de citoyens d’en bas; ils collaborent, fraternisent et se soutiennent. Pourquoi en est-il autrement lorsqu’advient la politique?

Il n’y a que trois tribus au Cameroun

Les linguistes identifient des centaines de langues et sans doute autant de tribus au Cameroun. C’est le point de vue de leur science. Je n’y adhère pas trop. Il y a deux décennies environ, l’intellectuel camerounais Célestin Monga identifiait seulement deux tribus au Cameroun : celle des « mangeurs » et celle des laissés pour compte. On parlait alors à l’époque, de « la tribu du ventre« , pour désigner tous ceux qui sont à la quête des privilèges ou qui veulent à tout prix conserver leurs privilèges. Il y a quelques temps, grâce à mon ami Mauricien Jooneed Khan, j’ai lu les écrits de la dramaturge et activiste kenyane d’origine indienne, Shaila Patel, qui identifie, elle, trois tribus au Kenya : ceux qui tiennent le pouvoir, ceux qui aspirent au pouvoir et les laissés pour compte. Je n’ai pas eu trop de difficultés à ramener cette réflexion au niveau de notre Cameroun.

On peut donc aisément constater que sur le terrain politique, il n’y a que trois tribus : les Privilégiés, les Aspirants aux privilèges et les Autres. Pour obtenir le changement politique au Cameroun, il faut absolument vaincre les deux premières (à défaut d’obtenir leur adhésion) et convaincre (voire mobiliser) la dernière.

1- Les Privilégiés

Ce sont ceux qui détiennent le pouvoir d’État et le pouvoir économique. Ils sont les patrons de l’administration publique, du parti-État Rdpc, de l’armée, de la police, de la gendarmerie, de la Justice et des médias de service public ; ceux qui dirigent les entreprises publiques et des entreprises privées bénéficiant des combines et prébendes du pouvoir politique ; sont également membres de cette tribu, les chefs du clergé des religions importées et les chefs du pouvoir traditionnel. Peut-on parler de cette tribu sans évoquer les multinationales et leurs protecteurs tapis dans les officines de l’ex pouvoir colonial ? Depuis Paris ou Bruxelles, on peut étouffer (on a souvent étouffé) les aspirations du peuple, parce qu’il fallait protéger les privilèges sur le sol camerounais.

On est membre de cette tribu par cooptation, généralement par le chef supérieur, le président de la République, chef de l’État, patron de l’exécutif, superviseur du législatif et gourou de la justice. Il s’appelle Paul Biya. Lui et sa tribu tueraient tout le Cameroun pour garder leurs privilèges qui sont : la puissance, la gloire et la fortune facile.

2- Les Aspirants aux privilèges

C’est la tribu la plus dangereuse du Cameroun. Elle est composée de toutes sortes d’individus éparpillés dans toutes les catégories sociales. Ils feraient n’importe quoi, y compris vendre leurs parents, pour accéder aux privilèges. Ses membres se retrouvent chez les Privilégiés et chez les citoyens d’en bas qui, toute leur vie, vivent pour accéder aux privilèges.

Ce sont 1) des Privilégiés qui aspirent à encore plus de privilèges (vous pouvez vous-mêmes faire l’illustration), 2) les Hommes de main des Privilégiés, qui gagnent leur pain à servir pour la conservation du pouvoir d’État, 3) des fonctionnaires de tout niveau qui tiennent à leurs postes, 3) les parents et proches de tous ceux qui ont des privilèges ou qui en rêvent, 4) des membres de l’ethnie du président qui supposent que c’est un privilège de parler la même langue que l’illustre dirigeant. Ce sont les plus pathétiques du groupe, car ils attendent un appel, un de ces jours, provenant de l’un des nombreux membres de la tribu des Privilégiés qui parlent la même langue qu’eux et le président. Cette idée est « décentralisée » auprès de tous les notables de cette tribu entretenant une clientèle d’affamés de petits privilèges. Bien souvent, ils finissent leur vie sans atteindre ces privilèges et constatent donc sur le tard que venir de la même aire géographique ou être membre de la même communauté culturelle que le Président ou tout autre notable de la tribu des Privilégiés n’est pas une assurance pour les privilèges

3- Les Autres

Ce sont les citoyens d’en bas. Des Camerounais qui n’ont pas accès aux privilèges, qui n’en cherchent pas, qui ne savent pas comment en chercher ou qui n’en veulent pas. Même lorsqu’ils ont envie d’une bonne qualité de vie, ils ne font pas n’importe quoi pour atteindre la fortune. Ils veulent seulement vivre en paix, accéder aux droits que les lois leur réservent. Ils ne sont pas seulement les sans-emplois, les sans-éducation, les sans-diplômes, etc., ils sont aussi des citoyens bien formés dans des écoles de tout niveau, avec ou sans emploi qui, vis-à-vis de leur pays, ont la même pudeur et le même respect que tous ceux des Autres.

Sur cette tribu, spécialement, s’exerce un matraquage discursif permanent dont le but est de faire peur quant aux lendemains incertains. Alors ils vivent dans la peur de perdre le peu de sécurité qu’ils ont, le peu de pitance quotidienne qu’ils ont, le peu de vie qu’on les laisse vivre. Cette tribu subit au plus haut niveau la zombification dont les agents principaux sont les médias de service public, les agents du système politique, les agents des clergés et des pouvoirs traditionnels, membres de la tribu des Privilégiés. C’est également elle qui subit tous les dégâts des œuvres des Privilégiés : une vie sans eau potable, sans éclairage domestique ou urbain, sans soins de santé adéquat, etc. L’esprit perclus de douleurs des violences des 50 dernières années, les Autres vivent au jour le jour. Ils ne rêvent plus. Ils ne croient plus à rien. Ils ne se mobilisent que pour leur quotidien : un deal avec les gens de cette tribu commence là et finit là là là…

Les ethnies (Tribus) du Cameroun ne sont pas un frein à la démocratie

Je pose donc que seule une transition systémique visant à disloquer les tribus « Privilégiés » et « Aspirants aux privilèges » pourraient apporter un changement systémique au Cameroun. Pour battre Paul Biya et son Rdpc, essentiellement composé de membres de ces deux tribus, il faut les vaincre (ou les disloquer). L’opposition politique, à mon avis, doit cesser de travailler au quotidien pour une supposée prise du pouvoir par les urnes (conçues, organisées, détenues, contrôlées et dont les résultats sont constatés par les myrmidons et notables des deux tribus).

L’opposition a la possibilité de se battre pour 1) le droit de faire de la politique d’abord, 2) la mobilisation des Autres dont le rêve est de vivre dans un pays où règne la justice, un pays qui assure leur sécurité, un pays dont les institutions sont à leur service. Tous les discours sur le tribalisme au Cameroun et dans la plupart des pays africains, ne sont que des activités de manipulation menées par les Privilégiés et les Aspirants aux privilèges, une diversion pour diviser afin de mieux régner éternellement.

© Venant Mboua

*Article publié par le journaliste Camerounais Venant Mboua vivant au Canada, rédigé et publié depuis le 10 février 2018. Il s’indignait sur la montée du tribalisme en cours dans les réseaux sociaux et qui s’est répandu à l’occasion de la présidentielle du 7 octobre 2018 au Cameroun.


Que cache l’assassinat du pasteur américain Charles Wesco au Cameroun ?

Un Blanc, Charles Wesco, perd la vie dans sa voiture après avoir reçu une balle en pleine ville à Bamenda. Cette information a tellement fait grand bruit. Les indignations de la presse nationale se sont limitées aux interrogations sur la provenance du tire tandis que la presse américaine et quelques journalistes camerounais accusaient l’armée camerounaise. Maintenant que l’origine du tir est connue de tous, la question qui reste pendante est donc celle de savoir ce qui adviendrait comme conséquences ?

Que s’est-il passé ? (Par Kand Owalski)

Il y’a deux semaines, un Missionnaire américain débarquait avec toute sa famille sur le sol du Cameroun en direction du Nord-ouest. Il avait tout vendu aux USA pour s’installer définitivement ici afin de prêcher la parole. Le 30 octobre 2018 il est assassiné dans son véhicule par une balle « perdue », a d’abord affirmé le gouvernement camerounais avant de déclarer officiellement que le tir provenait d’un fusil des sécessionnistes. Les sécessionnistes, eux, rejettent cette accusation et posent que c’est bien un soldat de l’armée camerounaise qui a abattu l’Américain. Au milieu de ce rejet mutuel de la « faute », l’agence américaine Reuters tranche : c’est bien un soldat de l’armée camerounaise qui a assassiné le missionnaire.

Interpellé, le vice président américain s’indigne et précise, pour le résumer, qu’un fils de l’oncle Sam a perdu la vie au milieu d’une crise due au rejet de la politique du gouvernement actuel et à l’aspiration de ces populations marginalisées à être libre. Interrogée, la femme de Wesco classe la mort de son mari comme le fait d’une volonté divine. Elle prie que ce décès ne soit pas vain ; que son sang ait été versé pour la paix et la stabilité dans ces régions sinistrées. D’autres réactions des citoyens dont celle de l’épouse de Dave Halyman, l’Américain qui conduisait Wesco ce jour là mais qui  »heureusement » ou  »stratégiquement » n’a pas été touché, demandent au gouvernement américain de prendre ses responsabilités.

A quel jeu joue Yaoundé après la mort de Charles Wesco ?

A la suite de l’annonce, par les médias locaux, de la mort d’un pasteur évangéliste américain à Bamenda, on croyait affaire à un Fake-News. Il a fallu, bien évidemment, que les autorités de Yaoundé confirment cette nouvelle qui relèverait, a priori, d’un secret d’Etat (?) pour que l’on se rende compte de la gravité de la situation. L’on se souvient encore de cette fausse-vraie nouvelle qui révélait le kidnapping des touristes dans les deux régions anglophones en proie à guerre d’indépendance. Elle avait tellement défrayer la chronique pendant des heures qu’on a dû comprendre l’intérêt du gouvernement de préserver la vie des étrangers Blancs.

Il devient donc évident que la vie d’un Blanc, dans ces régions en guerre, peut être utilisée comme un outil diplomatique. Du coup, lorsqu’elle est mise en danger, l’empressement de rendre les indépendantistes coupables devient très courant. C’est la raison pour laquelle le 2 février 2018, le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, avait annoncé le « Kidnapping » des 12 touristes dans la région du Sud-Ouest par les séparatistes. De même, le décès du pasteur Charles Wesco avait été mis sur le compte des séparatistes par ces mêmes autorités de Yaoundé à travers le ministère délégué à la Présidence chargé de la défense. D’où la question, pourquoi les autorités de Yaoundé renvoient toujours la responsabilité des crimes et des attaques sur les Blancs aux séparatistes anglophones ? Ou alors, que cache l’assassinat du pasteur Charles Truman Wesco ?

La première réponse qu’on tenterait de donner à cette question est que le gouvernement de Yaoundé est à la recherche d’une légitimité. En fait, le régime de Yaoundé attend des puissances occidentales, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, etc., un soutien intellectuel à travers une prise de position totale et ferme contre les indépendantistes appelés ici « sécessionnistes ». Les nombreux soutiens des indépendantistes de l’Ambazonie sont d’origine américaine à travers la diaspora anglophone. Selon Yaoundé, ces soutiens ne sont pas inconnus de l’Etats américain. Le gouvernement camerounais espère de l’Oncle Sam l’anéantissement et l’éradication de cette diaspora « nuisible » à tout point de vue.

Conséquences d’un tel crime (Par Kand Owalski)

Doit-on y voir un hasard ou une machination ? Pourquoi avoir choisi d’abattre principalement ce fils d’une famille puissante de religieux américain et dont le frère est sénateur ? Pourquoi pas l’autre ? En tout cas, on peut rapidement se souvenir que c’est l’enlèvement puis l’assassinat par la milice de Gbagbo, du français Stéphane Frantz alors directeur de Novotel d’Abidjan, qui provoqua l’intervention officielle de la France et son délogement. On peut rapidement se souvenir que c’est l’attentat à la vie du prince Ferdinand en fin juin 1914 qui provoqua la première guerre mondiale. On peut rapidement se souvenir que le 30 septembre dernier, 07 jour avant l’élection sur sa page Twitter, le président des États-Unis, Donald Trump traitait Paul Biya de brosse à dents en signifiant aux camerounais  »qu’une brosse à dents de 36ans est forcément vieille et inefficace et qu’il fallait s’en débarrasser à tout prix ».

On peut encore se souvenir qu’il y’a quelques mois l’ambassadeur américain demandait à monseigneur Biya de songer à une retraite honorable. La position des USA était donc déjà claire : monsieur Biya doit s’en aller. Mais si malgré ce  »lâchement » le gouvernement tyrannique continue de voler d’arrogance en arrogance, de violation en violation, c’est qu’il croit pouvoir compter sur le soutien de la France. Sauf qu’ils oublient vite que Gbagbo avait le soutien de la France jusqu’à un certain moment, que Kadhafi avait le soutien de la France jusqu’à un certain moment, que Moubutu venait de déjeuner avec l’ambassadeur américain lorsque le malheur frappa à sa porte. La diplomatie est une chose qui ne se voit pas dans les poignées de mains et les sourires des grandes gens.

Charles Wesco sera-t-il le Jésus Christ du peuple camerounais ? A-t-il versé son sang pour nous ? Si telle est le cas nous dirons  »amen ». Et à ceux qui viendront crier à l’ingérence nous dirons  »assiiiiiiaaaaaah ». Pendant deux années on a mendié un dialogue inclusif mais les hommes ont dit qu’ils ne dialoguaient pas avec les chiens, les rats, les terroristes. Ils nous ont demandé ce qu’on allait faire. Pendant deux ans on a supplié monsieur Biya de mettre fin à cette guerre; de multiples propositions de sorties de crises lui été faites mais pourquoi faire? Si ces gens débarquent au Cameroun ce sera pour le bien des populations sinistrées et moi particulièrement je me tairais pour laisser la parole à ceux qui ont fraudé pour Biya!

Kand Owalski


Lettre ouverte aux évêques du Cameroun

Les évêques au Cameroun sont-ils divisés ? Après la proclamation des résultats du scrutin présidentiel du 7 octobre 2018, les réactions fusent de toutes part. Celles qui continuent de susciter des remous en ce moment proviennent des évêques de l’église catholique. Deux évêques ce sont prononcés. La première est celle de Monseigneur Samuel Kleda, archevêque de Douala qui, le 23 octobre 2018, émettait les doutes sur la sincérité du scrutin. Tandis que Monseigneur Jean Mbarga, archevêque de Yaoundé qui, le 26 octobre 2018, par une réponse du berger à la bergère, estimait qu’il fallait déjà tourner la page sur l’épisode de l’élection pour passer à autre chose.

Ces deux réactions des hauts cadres de l’église catholique est une simple illustration du chiisme qui secoue l’église catholique au Cameroun depuis le déclenchement de la crise anglophone en 2016. Du coup, les chrétiens qui soutiennent Mgr Kleda, plus critique du régime de Yaoundé, accusent Mgr Mbarga de pactiser avec le diable. Les débats sont houleux et les observateurs s’en délectent à cœur joie. Le laïc engagé, remarqué pour ses positions iconoclaste envers l’absence de l’orthodoxie chrétienne, Nyëbë Edoa se lance dans une sorte de diatribe pour exhorter les évêques à une prise de conscience. Pour lui, l’église ne doit pas être du côté de l’oppresseur, mais du côté des faibles.

Je vous propose de lire sa lettre ouverte ci-dessous :

Messeigneurs les Évêques, paix et joie du Christ !

Je vous salue par ces mots « paix » et « joie », qui résument aussi bien le message évangélique, que les aspirations nobles du peuple de Dieu qui vit au Cameroun, dans un contexte socio-politique très inquiétant. En effet, ce peuple a plus que jamais soif de paix. Et quelle paix ? La pax Christi, la seule qui puisse nous donner la vraie joie d’enfants de Dieu.

Notre Mère, l’Église dont vous êtes les Serviteurs et Successeurs des Apôtres, a pour mission régalienne de sanctifier, d’enseigner, et de gouverner. Chacun de nous doit donc s’efforcer d’être saint. Car notre monde souffre principalement des crises de saints, capables d’être sel de la terre et lumière du monde (Cf. Matthieu. 5, 13-14). L’enseignement du Christ et la doctrine de l’Église dont vous êtes garants, chers Pères Évêques, demeure la voie certaine du Salut et de la libération de toutes sortes d’asservissements. Partout où souffre un chrétien, c’est toute l’Église qui souffre également. L’offensive pastorale doit commencer par la dénonciation publique des Hérode et Hérodiade, exactement comme le fit Saint Jean le Baptiste (Cf. Marc 6,18).

Tout ce qui est humain vient de Dieu et l’Église a le devoir de le protéger

Notre Église au Cameroun, ne sautait donc faire fi de sa mission ô combien nécessaire, en ce moment important et décisif de l’Histoire du pays, dans la tourmente de l’oppression despotique. Car « l’ensemble des droits dans l’Église est essentiellement constitué des droits de l’homme. Tout ce qui est humain vient de Dieu et l’Église a le devoir de le protéger. […] les catholiques doivent jouir de tous les droits contenus dans la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme » (MAGESA, 2001, p. 47).

À l’instar de l’Apôtre Paul à Athènes (Cf. Actes 17,16), je voudrais, au nom de notre communion fraternelle, que vos tourments devant tant d’idoles, fassent de vous de zélés défenseurs du Droit, de la Justice et de la Vérité. Ces idoles se nomment ici : corruption, tribalisme, favoritisme, infanticide, prêtricide, crimes rituels, détournements de deniers publics, injustices sociales, guerre illégitime…

Comme au temps du prophète Élie marqué par le syncrétisme religieux, de faux-frères (Cf. Galates 2,4) adorent simultanément ces idoles (véritables Baal) et le vrai Dieu (1Rois 18,21). Chez nous, ils occupent les premières places dans nos Cathédrales, et sont aussi membres de nos Conseils paroissiaux. Une telle imposture n’est pas tolérable. N’oubliez pas Messeigneurs, que corriger celui qui est dans l’erreur, est une œuvre de miséricorde spirituelle. Alors, qu’ils sachent qu’il est possible de faire la politique, sans avoir le sang aux mains, tout en espérant les laver le dimanche à l’eau bénite.

Aux États-Unis, pendant les luttes des Noirs pour leur libération et l’égalité entre Blancs et Noirs, ils sont nombreux les baptisés qui ont quitté l’Église

« L’histoire ne pardonne jamais à un homme, à un parti ou à une Église d’être en retard d’une mutation » (EMOG, 2005, p. 7), nous dit en guise d’avertissement Roger GARAUDY cité par EMOG dans son livre LE PORTEUR DE CORNES. Dois-je vous rappeler Messeigneurs, que les mouvements sociaux comme ceux que vit notre pays, ont toujours été propices aux conversions ou à l’éloignement de la Foi ? Par exemple aux États-Unis, pendant les luttes des Noirs pour leur libération et l’égalité entre Blancs et Noirs, ils sont nombreux les baptisés qui ont quitté l’Église. Dénonçant par-là l’hypocrisie des faux-frères Blancs. Ils sont devenus agnostiques, athées ou ont changé de religion.

Au Cameroun également, ce sont des chrétiens qui brûlent les maisons d’autres chrétiens. Ce sont les chrétiens qui pillent, violent et massacrent leurs frères et sœurs dans la Foi. Les appareils répressifs (les forces de l’ordre, la justice de façade, etc.) sont tenus des mains de maîtres par des personnes se réclamant disciples du Christ, qui pervertissent l’usage citoyen de ces appareils, en opprimant froidement leurs coreligionnaires. Le Christ a-t-il donc si peu d’amis dans la chrétienté ?

Cependant, gagner les âmes pour le Christ, c’est aussi améliorer le mieux-vivre des fidèles, lutter pour éloigner, voire faire disparaître les frontières du totalitarisme, exactement comme l’Église combattit jadis le marxisme de toutes ses forces. Vous avez ce pouvoir ! Le peuple de Dieu qui est au Cameroun compte sur vous, Messeigneurs les Évêques.

« Quand la justice n’est pas respectée, il ne faut rien attendre de bon de la part des citoyens »

Veuillez donc utilisez Messeigneurs, tous les moyens dont vous disposez (votre chaire, votre presse, vos relations…) pour l’accomplissement du rêve du Cardinal Christian TUMI, qui est celui de tout un peuple : un Cameroun et un Camerounais nouveaux ; c’est-à-dire juste. Le Cardinal affirmait à cet effet que : « Quand la justice n’est pas respectée, il ne faut rien attendre de bon de la part des citoyens. C’est leur demander l’impossible. C’est ici qu’il faut dire haut et fort certaines choses, au risque de choquer ceux qui ne veulent pas sortir des sentiers battus de toujours » (TUMI, 2006, p. 167) in Les deux régimes politiques d’AHMADOU AHIDJO, de PAUL BIYA et CHRISTIAN TUMI, Prêtre.

Les Évêques ont toujours su, en temps opportun, éveiller la conscience collective. Évêque de Nkongsamba et défenseur des Droits humains à l’époque des « trains de la mort », des génocides Bassa et Bamiléké, Monseigneur Albert NDONGMO disait avec force aux fidèles du Christ : « La religion, le christianisme ne sont pas là pour professer un angélisme béat et naïf, une sainte oisiveté. Le croyant, le chrétien doit faire quelque chose pour la promotion, pour le développement de l’homme, de son pays et du monde. Le chrétien doit donc inscrire son action au sein de l’action nationale pour le développement de tout le pays ; il doit être efficacement présent à tout ce qui se construit, à tout ce qui fait progresser l’homme, le pays et le monde. Et c’est justement dans cette mission qu’est requise la fidélité à Dieu, pour voir si notre vie, notre action, notre mission (politique, sociale, économique ou religieuse) a été accomplie selon le plan de Dieu. Car Dieu a un plan sur notre vie ; Dieu n’est pas indifférent à notre action » (EMOG, 2005, p. 63). C’était le 16 août 1964.

Je ne saurais terminer sans vous confier à la maternelle protection de Notre-Dame du Pilier de la Paix, Patronne du Cameroun, la Vierge Marie.

Fraternellement !
En la mémoire du martyr de Saint Jean-Baptiste 2018.

Nyëbë Edoa, laïc.


La présidentielle camerounaise du 7 octobre et la guerre des chiffres

Après de la déclaration du candidat Maurice Kamto sur sa victoire à la présidentielle du 7 octobre 2018, beaucoup d’eau a coulé sur le pont. En fait, cette déclaration a entraîné des réactions diverses qui ont fusées de toutes parts. Les plus virulents ont été celles des autres candidats comme Joshua Osih, Cabral Libii, Franklin Ndifor et Serge Espoir Matomba. Ils ont, pour la plupart, condamné cette déclaration en la trouvant prématurées et inopportunes. A côté de ces réactions, il y a la guerre des chiffres qui n’arrêter pas polluer la Toile. La communication et la diffusion des tendances étant interdite par la loi, difficile chez les Camerounais, de supporter un délai de 15 jours maximum pour la proclamation des résultats.

La dernière actualité vient d’une supposée fuite d’information en provenance de la Commission nationale de recensement général des votes (CNRGV) qui a remis sa copie ce lundi 15 octobre. C’est l’avant dernière étape d’un long processus post-électoral qui va prendre sa chute au Conseil constitutionnel habilité à proclamer les résultats définitifs. Le conseil dispose d’un délai de 5 jours maximum pour étudier les recours et proclamer les résultats. Entre-temps, les états-majors des candidats, les forums des réseaux sociaux et toute l’opinion nationales spéculent sur les chiffres qui comporteraient même des erreurs flagrantes d’arithmétique.

Nous vous livrons ici deux analyses de deux journalistes sur la guerre des chiffres. En attendant la proclamation des résultats, que va-t-il se passer ?

Biya largement en tête suivi de loin par Kamto (Alex Gustave Azebaze)

Selon des sources concordantes à la Commission nationale de recensement général des votes (CNRGV) qui a achevé ses travaux hier nuit, le président Biya arriverait largement en tête des 9 candidats avec plus de 70% de voix. Bien qu’un peu moins des 78% de 2011, il est suivi par Maurice Kamto. Avec légèrement moins de 15% des suffrages valablement exprimés, le candidat du Mrc réaliserait néanmoins un meilleur résultat que le candidat du SDF John Fru Ndi, qui avec un peu plus de 10% était arrivé 2e en 2011.

Avec chacun moins de 10%, les autres candidats suivraient dans l’ordre ci-après : Cabral Libii de Univers avec un peu plus de 6% ; Joshua Osih du Sdf avec moins de 4% ; Adamou Ndam Njoya de l’Udc avec un peu plus de 1%. Les autres notamment Garga Haman Adji (ADD), Ndifor Frankline Afamwi (MCNC), Serges Espoir MATOMBA (PURS) ferment le banc avec moins de 1% chacun. Malgré son désistement l’avant veille du scrutin en faveur du Pr KAMTO, l’ancien bâtonnier Akere Muna dont ELECAM a refusé de retirer les bulletins de vote, est classé, naturellement en dernière position.

18 requêtes au total ont été introduites. 17 demandant l’annulation totale de l’élection et une souhaite l’annulation partielle

Ces résultats quasi officiels ne sont néanmoins pas définitifs. Ils ne le seraient qu’après l’examen et les décisions sur les différents recours enregistrés depuis jeudi au greffe du Conseil constitutionnel dans le cadre du contentieux électoral qui s’ouvre incessamment, en principe au plus tard demain lundi 15 octobre 2018.

À ce sujet, 18 requêtes au total ont été introduites. 17 demandant l’annulation totale de l’élection et une, celle du Pr Maurice Kamto, souhaite l’annulation partielle dans quelques dizaines de localités situées dans 7 régions du pays.

En attendant le Conseil Constitutionnel pour les résultats officiels et définitifs

Parmi ceux qui demandent l’annulation totale, il y a deux introduits par les candidats Cabral Libii et Joshua Osih. Les 15 autres recours sont ceux de sieur Bertin Kisob, actuellement détenu à la prison de Kondengui dans le cadre de la crise anglophone. Il avait déjà tenté en vain de voir sa candidature être acceptée pour cette présidentielle. À l’époque son dossier – qui ne contenait pas le certificat de versement du montant exigé de la caution ni la preuve qu’il est investi par un parti ayant des élus encore moins les 300 signatures requises pour les candidatures indépendantes – avait été recalé. « Une candidature pour la farce » avaient alors soutenu certains analystes.

Le Conseil Constitutionnel devrait rendre son verdict dans les 72h suivantes. Probablement entre mardi 16 octobre et jeudi 18 octobre 2018. Ainsi les résultats définitifs de la présidentielle pourraient être proclamés plusieurs jours avant le 22 octobre 2018

Dans un entretien avec la presse jeudi dernier, le directeur général de ELECAM, Eric Essousse avait déclaré qu’aucun recours n’avait de chance de prospérer. Faut-il donc à la lumière de cette déclaration considérer comme définitives ces données sur les résultats compilés et obtenus par nos soins auprès de personnes ayant pris part aux travaux de la CNRGV ?

Selon un de ses membres ayant requis l’anonymat, le Conseil Constitutionnel devrait rendre son verdict dans les 72h suivantes. Probablement entre mardi 16 octobre et jeudi 18 octobre 2018. Ainsi les résultats définitifs de la présidentielle pourraient être proclamés plusieurs jours avant le 22 octobre 2018, date butoir, selon le code électoral qui donne 15 jours maximum à cette institution pour proclamer les résultats. Précision importante : les décisions de cet organe juridico-politique national sont définitives donc non susceptibles de recours. Du moins au plan du droit interne camerounais.

Le temps de la guerre des chiffres (Serge Aimé Bikoï)

Certes, les travaux de la commission nationale de recensement général des votes étaient publics, mais, prendre la décision de publier, ex-cathedra, les résultats de l’élection présidentielle, travail qui est dévolu au conseil constitutionnel, instance ayant le rôle de la publication des résultats, il y a, sans conteste, anguille sous roche.

En effet, lorsque le candidat à la présidentielle du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) s’est autoproclamé vainqueur le 8 octobre 2018 sans, toutefois, faire évocation de pourcentage qu’il a obtenu et de ceux de chaque prétendant à la magistrature suprême, il y a eu une levée de boucliers du kaléidoscope gouvernemental et de certaines catégories sociales et politiques tant Maurice Kamto a été châtié, stigmatisé, invectivé et roué de coups au sens du registre de la violence symbolique connu de tous dans le champ politique.

ces chiffres confortent les partisans du parti au pouvoir

Maintenant que certains acteurs politiques et des journalistes rendent publiques les statistiques électorales de la commission nationale de recensement général des votes, l’on n’observe guère cette contestation générale tant ces chiffres confortent les partisans du parti au pouvoir, qui souhaitent, de surcroît, l’éternisation au pouvoir du fils de Mvomeka’a.

Certains directeurs de publication des journaux dont nous sommes, d’ailleurs, en train de lire, in extenso, l’édition de ce jour, ont fait cas de ces résultats au mépris de la violation du secret du travail de cette instance et au mépris de la violation des principes, préceptes et règles du Code électoral.

Incontestablement, nous nous acheminons quasiment vers le même scénario, dont le point de chute est la proclamation de Paul Biya vainqueur de la présidentielle 2018

La publication des travaux de la CNRGV n’est pas, en réalité, une nouveauté puisque, lors de l’élection présidentielle de 2011, Ernest Peukeho, à l’époque mandataire du Bric (Bloc pour la reconstruction indépendante du Cameroun) était le premier à publier les chiffres de la commission nationale de recensement général des votes. Chiffres qui donnaient l’homme du 6 novembre 1982 vainqueur. Toute chose qui avait, en effet, été corroborée lorsque la cour suprême, faisant office de conseil constitutionnel, avait rendu publics les résultats au demeurant.

Incontestablement, nous nous acheminons quasiment vers le même scénario qu’en 2011

Incontestablement, nous nous acheminons quasiment vers le même scénario, dont le point de chute est la proclamation de Paul Biya vainqueur de la présidentielle 2018. En décidant donc de publier, comme cela est fait depuis samedi, 13 avril 2018, les chiffres de la commission nationale de recensement général des votes, l’enjeu consiste, ipso facto, à engager le débat autour de la validation ou non desdits chiffres que certains mandataires ayant participé aux travaux battent en brèche. C’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle d’aucuns récusent et contestent ces résultats en attendant le déroulement du contentieux post-électoral ce mardi, 16 octobre 2018.

Quelle est donc l’opportunité de la publication des chiffres de la commission nationale de recensement général des votes à quelques jours du verdict du conseil constitutionnel ? Sans préjuger de la connaissance de l’opinion des uns et des autres dans l’agora, il s’agit de jeter un ballon d’essai sur le terrain, le dessein étant de savoir si ces chiffres rencontrent l’assentiment du bas-peuple. Pourtant, ces statistiques sont fort contestées par plus d’un. Si Clément Atangana et ses pairs légitiment ces résultats in fine, la démographie électorale l’accréditera-t-elle?

Wait and see !


Comment, au Cameroun, les candidats à la présidentielle 2018 abordent-ils la problématique du handicap ?

Quelle importance accorder à la personne en situation de handicap au Cameroun ? Quels types de prises en charge faut-il leur accorder pour le prochain septennat ? C’est depuis le 22 septembre 2018 que les neuf candidats à la présidentielle du 07 octobre prochain se sont lancés dans la bataille de conquête de l’électorat. Curieusement, sur les cinq candidats dont les programmes sont disponibles sur internet, seul deux abordent de manière claire, la question du handicap. Il ne sera donc pas question ici de soulever des polémiques sur cette absence, ou mieux cette négligence. Nous n’abordons ici que ce que deux candidats proposent pour des personnes en situation de handicap. Mais, avant, il serait toutefois important de décrire sommairement l’état des lieux sous le plan législatif.

Les lois sur le handicap sous Paul Biya (1983 et 2010)

La loi N°2010/002 dite « protection et promotion des personnes handicapées » a été adoptée par l’Assemblée nationale et promulguée par le président de la république le 13 avril 2010. Cette loi est le résultat des critiques formulées à la loi N°83/013 du 21 juillet 1983 dite « relative à la protection des personnes handicapées ».

Rappelons ici quelques détails non moins importants concernant les décret d’application pour dire que les deux lois citées ci-dessus ont des dispositions qui nécessitent des prises en charge sectorielles. Il appartient donc à chacune de ces secteurs institutionnels (ministères, organismes de prise en charge) de prendre des décisions qui conviennent pour l’application efficiente de la loi. D’où la nécessité de la signature des décrets d’application pour mettre à exécution les dispositions des lois suscitées.

Ainsi, pour la loi de 1983, le texte d’application est intervenu 7 ans plus tard, confère le décret N° 90/1516 du 26 novembre 1990 fixant les modalités d’application de la loi n° 83/13 du 21 juillet 1983 relative à la protection des personnes handicapées. Pour ce qui concerne la loi de 2010, c’est 8 ans après que le premier ministre signe le décret N°2018/6233 du 26 juillet 2018 fixant les modalités d’application de la loi portant protection et promotion des personnes handicapées.

Remarquez d’emblée que les textes d’application sont signés 7 ans après pour la loi de 1983 et 8 ans après pour la loi de 2010. Pour cette dernière, le décret d’application intervient le 26 juillet, tandis que le corps électoral a été convoqué le 9 juillet, à quelques semaines de la date fixée pour l’élection présidentielle. La période n’est pas anodine. C’est de bonne guerre, dira-t-on ! Nous ferons donc l’économie des critiques pour aborder directement le contenu de la loi de 2010. Dans l’impossibilité d’avoir le programme de Paul Biya, cette description se limitera à la présentation sommaire considéré à la fois comme son bilan et son programme.

Que dit la loi de 2010 sur la question du handicap ?

Nous limitons notre présentation de la loi de 2010 sur la santé, l’éducation et l’emploi. Ce sont les les trois domaines essentiels de la prise en charge des personnes en situation de handicap. La prise en charge signifie une assistance psychologique, financière et/ou matérielle du gouvernement dans ces trois secteurs à travers, soit la réduction, soit la gratuité dans le payement des frais exigés pour l’accès à ces services. Les personnes handicapées sont considérées, selon la loi, comme ceux qui possèdent une carte nationale d’invalidité (Article 41). Pour l’avoir, il faut respecter les critères de taux d’Incapacité Potentielle Permanente (IPP) de 50% qui est l’aboutissement d’une enquête sociale.

Santé

Les personnes en situation de handicap sont prises en charges médicalement pour des pathologies directement liées à leur handicap : la réadaptation médicale et la rééducation fonctionnelle. Ici, l’article 22 est claire là-dessus : « Les personnes handicapées reconnues indigentes et titulaires d’une carte nationale d’invalidité…bénéficient d’une prise en charge totale ou partielle par l’Etat, dans les institutions spécialisées et les formations sanitaires, publiques ou privées en ce qui concerne leur réadaptation médicale et leur rééducation fonctionnelle ».

Cette prise en charge s’étend jusqu’à la l’éducation spéciale qui concerne les personnes handicapées qui ont besoin d’une phase d’adaptation à l’environnement éducatif et professionnel (Article 24, 25 et 26). Cette phase est une nécessité avant de mettre les personnes handicapées concernées dans le circuit normal de la socialisation.

In fine, les personnes handicapées seront prises en charge uniquement sur des pathologies qui ont un rapport direct avec leur handicap. Par exemple, la prise en charge de l’appareillage pour les handicapés moteurs est gratuite.

Education

La prise en charge dans le domaine de l’éducation n’est pas restrictive comme dans la santé. Elle s’étend à toutes personnes handicapées jusqu’à leurs progénitures. Ce sont les articles 28 et 29 qui stipulent que les personnes handicapées ont droit à la prise en charge matérielle, financière et pédagogique qui consiste en l’exemption totale ou partielle des frais scolaires et universitaires et à l’octroi des bourses.

Emploi

Pour ce qui concerne l’accès à l’emploi, cette loi de 2010 est plus ambiguë concernant les recrutements. Les personnes handicapées bénéficient d’une dispense d’âge de recrutement aux emplois publics et privés. Mais l’article 38 alinéa (2) précise toutefois que : « A qualification égale, la priorité de recrutement est accordée à la personne handicapée ». En définitive, il appartient au recruteur de juger s’il y a qualification égale parmi les postulants entre personnes valides et personnes handicapées. La loi laisse à l’employeur le soin de juger lui-même la « qualification égale » dans l’étude des dossiers de recrutement. Il y a beaucoup de subjectivité qui recouvre cette disposition.

L’autre pan important dans l’accès à l’emploi concerne les personnes handicapées qui veulent s’installer à leur propre compte. Elles bénéficient notamment de l’octroi d’aide pour le matériel et la production, ainsi que « des facilités fiscales et douanières, accordées proportionnellement au degré du handicap » (Article 17 du décret d’application).

Cependant, le décret d’application de 2018, article 27 alinéa (1), vient préciser qu’une pension appelée « allocation d’invalidité » est accordée aux « personnes handicapées indigentes dont le taux d’Incapacité Potentielle Permanente est au moins égal à quatre-vingt-quinze (95) pour-cent et dont l’état de santé nécessite une surveillance médicale et des soins constants établis ». En d’autres termes, l’allocation d’invalidité est une pension régulière (la périodicité n’a pas été précisée) accordée aux personnes dont le handicap les empêche définitivement d’exercer une activité quelconque.

Que propose les candidats à la présidentielle du 7 octobre 2018 ?

Il faut rappeler ici que parmi les 9 candidats en lice, nous nous sommes contentés de ceux de consulter les programmes disponibles et accessibles par téléchargement sur la Toile. Ainsi, 5 candidats ont fait l’objet de lecture du programme sur la prise en charge du handicap. Deux candidats seulement ont indiqué formellement dans leur programme la prise en charge des personnes en situation de handicap. Il s’agit bien de Maurice Kamto (candidat du parti MRC) et de Cabral Libii (candidat du parti Univers).

Maurice Kamto (MRC)

Le Professeur d’Université met plutôt l’accent sur l’institutionnalisation de la solidarité. En d’autres termes, la prise en charge des personnes handicapées sera assurée par le Fonds Social de Solidarité (FSS) qu’il va créer pour la circonstance. Le FSS fonctionnera à partir des 2/3 de la redevance audiovisuelle actuelle et de 50% de la Grande Taxe de Solidarité (GTS) qui sera également créer.

Maurice Kamto, en introduisant dans la gouvernance, le concept de solidarité, mise sur la participation collective de tous les Camerounais à la cause sociale. Celle-ci concerne la prise en charge des « personnes vulnérables » selon Maurice Kamto. Les personnes vulnérables représentent précisément des « personnes vivant avec un handicap, personnes âgées, orphelins sans aucun soutien, enfants abandonnés ou en délicatesse avec la loi, personnes à la retraite ». Pour le MRC, il faut élargir le champ de la prise en charge à travers le concept de solidarité. Le domaine d’invention de la solidarité concerne particulièrement la santé qui sera financée par la Grande Taxe de Solidarité à travers l’Assurance Maladie Universelle Minimum (AMUM).

Le candidat de MRC n’a pas oublié d’apporter justement son soutien dans les domaines phares comme l’éducation et l’emploi. Les personnes vivant avec un handicap bénéficieront de la bourse pour financer leur éducation du primaire au supérieur. Quant à l’emploi, « 5% des places seront réservées aux personnes vivant avec un handicap dans les concours administratifs ». Rien n’a été dit sur la forme et les critères de la prise en charge. Mais, le texte précise bien que cette prise en charge ne sera effective qu’après une enquête sociale. Celle-ci déterminera à la fois si une personne est handicapée et indigente.

Cabral Libii (Univers)

Cabral Libii, le candidat du parti Univers, ne fait pas un mystère sur la prise en charge. Il limite ses domaines d’intervention dans l’éducation et l’emploi. Les personnes en situation de handicap vont bénéficier de « la gratuité de la formation professionnelle ». C’est une précision qui doit être mise en exergue : il ne s’agit pas de la prise en charge de l’ensemble de l’éducation des personnes handicapées, comme c’est le cas avec la loi de 2010 et le programme de Maurice Kamto. En matière d’emploi, 2% de places obligatoires leur sont réservées dans le public comme dans le privé.

Petite comparaison à titre de conclusion

La loi de 2010 tenant ici lieu de programme du candidat sortant Paul Biya, n’a vu son décret d’application qu’en juillet 2018. Cela signifie que théoriquement, aucune disposition n’a été appliquée jusqu’ici ne serait-ce que pour ce qui concerne celle qui nécessite un décret d’application. Cependant, il faut dire que les associations des personnes en situation de handicap, en attendant ce décret d’application, ont exercé trop de pression sur les autorités pour faire appliquer les prises en charges dans le domaine de l’éducation. Ce sont des actions sporadiques qui n’avaient aucunement une portée assez grande pour impacter sur toute la couche sociale.

Maurice Kamto, par contre, vient marquer une différence en introduisant le concept de solidarité. Ici, ce sont les Camerounais qui participent à la prise en charge à travers une caisse de solidarité et non le gouvernement. Ce système peut avoir pour avantage d’avoir comme prétexte que le gouvernement n’a pas assez de budget pour couvrir la prise en charge des personnes vivant avec un handicap, comme c’est le cas actuellement avec la défaillance de la loi de 2010.

Cependant, en termes d’opportunité de prise en charge, Paul Biya offre plus d’avantages en matière d’éducation : une bourse et une gratuité de l’éducation et d’insertion professionnelle (création d’emploi). Par contre, Maurice Kamto offre plus d’avantages en matière de santé et d’insertion professionnelle (recrutement dans la fonction publique). Le programme de Cabral Libii reste le moins convaincant en la matière d’éducation (limité à la formation professionnelle) et emploi (recrutement limité à 2% au lieu de 5% chez Maurice Kamto).


Pourquoi la sécurité des médias est-elle un enjeu majeur au Cameroun à la veille de la présidentielle ?

Pourquoi la sécurité des médias est-elle si préoccupante aujourd’hui ? Pourquoi s’en préoccuper en ce moment où les Camerounais s’apprêtent à élire leur président de la République ? Les journalistes et les professionnels de l’information se sont retrouvés à Douala du 05 au 07 septembre 2018 pour échanger avec les officiers supérieurs de la police et de la gendarmerie. À la veille des échéances électorales, l’occasion était propice pour parler de l’accès à l’information.

Pourquoi la sécurité des médias est-elle si préoccupante ?

Au Cameroun, les contestations à la suite d’un scrutin controversé sont légions. Elles sont la suite logique d’un processus électoral non consensuel entre les autorités et le parti au pouvoir d’une part, et les leaders des partis politiques de l’opposition et ceux de la société civile d’autre part. Ainsi, les périodes électorales présentent des risques de troubles qui peuvent aboutir à des débordements. On penserait que ces situations sont le propre des tyrannies.

C’est dans pareil contexte que les médias jouent un rôle important. D’où la nécessité d’associer les forces de maintien de l’ordre (FMO) à son combat. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) y a donc pensé en organisant un séminaire à propos.

En période électorale, les médias sont les principaux canaux de manipulation des infos. Les médias ont donc leur partition à jouer dans la bonne marche du processus électoral à travers la formation et l’information du public. Ainsi, les nouvelles sur les campagnes des candidats, les infos sur tout ce qui a un lien avec l’élection sont mises à disposition.

À travers les activités des journalistes, on peut avoir une idée de la capacité d’un pays à gérer son système électoral en temps de crise. Les périodes électorales ont toujours été considérées comme « potentiellement dangereuses » et propices à l’insécurité. La moindre faille dans le rendu de l’info peut s’avérer fatale.

Ces périodes sont potentiellement risquées pour la simple raison que les acteurs en présence peuvent aller au-delà des combats idéologiques. La force des mots et des idées ne suffisent plus et cède la place à la force physique. Les médias classiques (presse, radio et télévision) et ce qu’on appelle « nouveaux médias » (site internet ou médias en ligne, blog), étant des supports et des véhicules pour la propagande des programmes et idées politiques des leaders candidats aux élections, deviennent des lieux à haut risque d’insécurité. C’est donc à ce niveau justement que les médias sont interpellés pour jouer leur rôle de neutralité dans le traitement de l’informations. Le PNUD a donc axé ses ateliers de formation sur six piliers.

Les hommes et les femmes de médias sont-ils exposés à l’insécurité ?

En fait, il ne s’agit pas de la sécurité des hommes et des femmes de médias en tant que telle. Il s’agit tout simplement de garantir les droits des citoyens à la bonne information. La bonne information est garantie par sa fiabilité et sa crédibilité. En temps de crise, cette garantie peut être menacée si la sécurité des journalistes n’est pas assurée. Cette sécurité passe par l’accès à la source et à leur protection. C’est ici qu’interviennent les Forces et Maintien de l’Ordre (FMO).

Les médias et les FMO sont des acteurs importants du processus électoral. On ne pourrait donc se limiter aux institutions chargées d’organiser les élections (Elecam et Conseil constitutionnel) et aux autorités publiques.

En temps de crise, les hommes et les femmes de médias courent le risque d’être interpellés et emprisonnés. Les risques que courent les médias de voir ses installations scellées ou tout simplement saccagées sont grands. Pire encore, le risque d’être blessés ou même tués lors de la couverture d’une des nombreuses manifestations publiques ou assassiné lâchement dans le cadre de l’exercice de leur métier sont suffisamment graves en période électorale. Les arrestations abusives, des règlements de compte, des intimidations, des menaces de mort, etc. sont le lot quotidien des professionnels de l’information.

 

Quelles sont les mesures que disposent les FMO pour la sécurité des médias en temps de crise ?

Le point d’achoppement de l’atelier de formation mettait en exergue des recommandations. Il était question de mettre à la disposition des hommes et femmes de médias des mesures sécuritaires prises par les FMO en leur faveur. Il ressort de cet échange que les FMO sont confrontées à deux difficultés majeures : faciliter l’accès aux sources d’une part et garantir la sécurité des journalistes d’autre part.

L’accès aux sources officielles est une nécessité en temps de crise pour garantir l’équilibre et l’équité. La société civile (organisations non gouvernementales-ONG) et les partis politiques, les acteurs les plus connus de la scène politique, représentent des maillons essentiels de la chaîne des propagandes politiques. Les médias, souvent friands d’informations à chaud (Scoop, Breaking News, etc.), deviennent la cible des acteurs qui recherchent de canaux faciles de diffusion. Les autorités, à leur tour, ont aussi besoin des médias pour la diffusion des informations sur la santé, l’éducation et la sécurité publique, par exemple. À ce titre, les FMO doivent faciliter l’accès à ces ressources.

Quant aux mesures prises pour la sécurité des hommes et des femmes de médias, ça va de soi. La diffusion des infos susceptibles de discréditer un des acteurs en confrontation lors d’une crise est un grand risque. Ce risque est souvent plus grand en tyrannie lorsque l’info à diffuser met en cause l’action de l’autorité ou du gouvernement. La police et la gendarmerie seront-elles alors disposées à protéger les hommes et les femmes de médias gage de respect du droit à l’information ? Situation complexe quand on sait tout de même que les FMO doivent respecter les ordres des autorités. La confusion qui règne entre l’Etat et le parti au pouvoir (RDPC) ne facilite pas le travail des FMO qui sont parfois accusés d’être au service du système et non de l’État.

L’une des mesures fortes révélées par les FMO pour assurer cette mission est d’« établir une plateforme permanente entre les deux parties ». Concrètement cela signifie que les deux acteurs doivent travailler en synergie. Cette recommandation témoigne de ce que les forces de maintien de l’ordre et les hommes et femmes de médias ont généralement des relations conflictuelles. Celles-ci peuvent être liées à la méfiance des uns et des autres. Cette confiance doit être rétablie pour que le droit à l’information selon les principes la la résolution S/RES/2222 des Nations-unis  sur la sécurité des journalistes et obligations des États soit définitivement un acquis.


Sur internet, les Camerounais s’engagent pour la scolarisation des enfants vulnérables

La solidarité est-elle un vain mot ? Déjà dix jours que les élèves du primaire et du secondaire ont repris le chemin de l’école. Comme il est de coutume, les Camerounais se démènent pour assurer une bonne rentrée scolaire à leurs progénitures. Il existe également une mobilisation autour d’autres enfants : ceux qui risquent de ne pas connaitre une scolarité heureuse pour diverses raisons. Cette mobilisation est courante dans les associations communautaires. Mais, avec l’avènement d’internet et des réseaux sociaux, les Camerounais ont développé d’autres formes de solidarité plus souples et très efficaces basées sur le fundraising. De quoi s’agit-il ?

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L’équipe du forum facebook K-MER-A conduite par Willy Noupa dans l’orphelinat de Douala. Crédit photo : K-MER-A

La solidarité religieuse et/ou communautaire et ses limites

La solidarité autour de la scolarisation des enfants vulnérables a souvent été l’apanage des associations communautaires (les tontines), et des associations de types religieuses ou humanitaires. Pour chacun de ces types d’association, la solidarité ne s’organise pas de la même manière. Les associations religieuses et humanitaires bénéficient généralement d’une donation de mécènes qui sont soit des fondations, soit des entreprises citoyennes, ou même des églises. Quant aux associations communautaires, ou tontines, en plus d’une donation de mécènes, qui sont généralement les hommes d’affaires ou hommes politiques originaires de la communauté, il existe également un apport subséquent des membres de ladite communauté.

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La solidarité de l’équipe facebook JMSSD se manifeste par des présents dans les orphelinats de Douala et de Yaoundé. Crédit photo : JMSSD

La solidarité pratiquées dans ces types d’association a une portée très restreinte. Généralement, pour être bénéficiaire ou donateur, il faut faire partie du cercle restreint de l’association : membre de la communauté villageoise, ethnique ou religieuse. Bien que ces types de solidarité soient importants, il convient de signaler tout de même qu’ils ne concernent pas tout le monde. Une nécessité d’élargir le champ d’action de la solidarité s’imposerait pour lui donner tout son sens. Et le seul outil capable de briser cette frontière est certainement internet.

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L’équipe du Forum Facebook K-MER.A (Le Kameroun en Action) sur le terrain de la solidarité. Crédit photo : Forum Facebook K-MER.A. Matango Club

Les réseaux sociaux, à travers la création des forums de discussion, sont l’une des plateformes d’organisation de cette forme de solidarité qui va au-delà des communautés. Le caractère universel d’internet ouvre les portes à tous ceux qui se sentaient mal à l’aise dans ce type de solidarité communautaire. Sans dénier la place primordiale qu’occupent cette dernière, Internet vient juste élargir le spectre de donateurs!

Bien que cette forme soit également restreint de par son accessibilité (Smartphone, connexion internet, compte Facebook, etc.). Comment s’organise donc cette forme de solidarité qui prend de plus en plus d’ampleur ces dernier temps ? Comment des personnes aussi éloignées par la distance, et qui ne se connaissent ni d’Ève ni d’Adam, peuvent-elles s’accorder pour collecter et gérer des sommes d’argent, aussi modestes soient-elles ?

Le fundraising et la fin des frontières

La solidarité des Camerounais à travers internet a pour fondement le fundraising. Le fundraising désigne une forme de financement des œuvres d’intérêt général basée sur la collecte des fonds auprès de philanthropes. Pour faire simple, une partie de ressources de financement de la scolarité de certains enfants vulnérables sont issues de la collecte d’argent auprès des internautes à travers des forums Facebook dont ils sont membres. Plusieurs forums s’illustrent dans ce type d’activité, parmi lesquels K-MER.A, créé par Willy Noupa, et JMSSD, « Je Me Suis Souvent Demandé », fondé par Guy Olivier Moteng

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L’équipe du forum facebook JMSSD conduite par Guy Olivier Moteng dans les deux orphelinats de Douala et de Yaoundé. Crédit photo : JMSSD

Ces deux forums ont été créés à l’origine pour construire une solidarité agissante autour d’un objectif : secourir les âmes en détresse, plus particulièrement les enfants vulnérables. Pour ce faire, une annonce ou publication sur le forum suffit comme alerte.

La préparation de la rentrée scolaire étant un prétexte, la mobilisation devient évidente car la scolarisation des enfants vulnérables est considérée comme une œuvre d’intérêt général.

Ce type de solidarité agissante est basée sur le volontariat, et c’est en sens qu’il brise les frontières communautaires et religieuses. Chaque membre du forum contribue, à sa manière, à la constitution des fonds de solidarité. C’est ainsi que la diaspora qui a été longtemps considéré comme un monde entièrement détaché de son environnement peut justement, à l’occasion, démontrer son implication aux œuvres de bienfaisance.

Les sommes collectées vont souvent au-delà des espérances. Elles sont le fruit d’un geste anodin de transfert d’argent électronique via son téléphone d’un montant a priori insignifiant. La force et la puissance du fundrising vient justement de cette popularité qui traverse les frontières. 

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La solidarité de l’équipe facebook K-MER-A à travers les dons à l’orphinat de Douala. Crédit photo : K-MER-A

La solidarité pour les orphelinats de Yaoundé et Douala

Les internautes de K-MER.A et JMSSD agissent dans les villes de Yaoundé et Douala. Deux grandes villes du pays, où se trouvent beaucoup d’orphelins.

Si cette solidarité via internet fonctionne, c’est que les personnes chargées de collecter et de gérer des fonds entretienne la confiance, seul gage de leur crédibilité. Comment ? Grâce à une comptabilité saine. Cette comptabilité est un compte-rendu des dépenses, accompagné des images de la cérémonie de donation en présence des bénéficiaires.

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L’équipe facebook K-MER-A conduite par Willy Noupa à l’orphelinat à Douala. Crédit photo : K-MER-A

C’est ainsi que les pensionnaires du centre Daniel Rouffignac de Yaoundé, de l’orphelinat Meinrad Hebga et l’orphelinat Synergie Fraternité de Douala ont reçu la visite mémorable des membres des forums Facebook camerounais K-MER.A et JMSSD.

Leurs actions ont consisté essentiellement en apports didactiques par la donation des manuels et fournitures scolaires, sans oublier les produits de premières nécessité : produits alimentaires, sanitaires et corporels.

Mais, il y a également, et c’est le plus important, les parrainages des enfants par quelques membres de ces forums. Le parrainage consiste à prendre en charge les besoins d’un ou de plusieurs enfants pour une période donnée. A ne pas confondre avec l’adoption qui est tout autre chose. La difficulté avec cette technique de parrainage, c’est l’injustice qu’il crée au sein de l’orphelinat par rapport aux autres enfants non parrainés et qui ne bénéficient pas de ce traitement de faveur.

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L’équipe du Forum Facebook JMSSD (Je Me Suis Souvent Demandé) fondée par Guy Olivier Moteng en action de solidarité. Crédit photo : Forum Facebook JMSSD. Matango Club

In fine, c’est plus d’une centaine de volontaire venant au secours d’une centaines d’enfants vulnérables qui sont ravis de voir leur scolarité assurée pour cette année. Loin des accusations dont ils font souvent l’objet, les réseaux sociaux ne sont pas seulement un lieu de tintamarres, d’invectives, de polémiques et des jougs politiques. Ces deux exemples de mobilisations sont la preuve suffisante que les Camerounais, de tous les bords, sont réceptifs à toutes les œuvres d’intérêts publics.

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L’équipe facebook K-MER-A en compagnie des enfants de l’orphelinat à Douala. Crédit photo : K-MER-A

Le fundraising démontre l’impuissance de l’Etat

Mais surtout, ces solidarités venues d’internet viennent remplir un rôle que l’Etat, défaillant, ne remplit plus. La solidarité agissante basée sur le fundraising a toujours été considérée comme une forme de système qui se substitue à la fonction sociale de l’Etat. D’ailleurs, historiquement, son développement est généralement le fait du désengagement de l’Etat et de la diminution, voire de l’absence, des subventions octroyées aux structures d’encadrement des enfants vulnérables. Cette situation est encore plus préoccupante lorsqu’on se retrouve dans un pays comme le Cameroun où la déstructuration et le dysfonctionnement des services publics sont de plus en plus décriés.

Les fondatrices et fondateurs d’orphelinats sont les premiers à décrier ce manquement de l’Etat. Certains sont d’ailleurs unanimes et avouent qu’ils n’ont jamais reçu une quelconque subvention de l’Etat, plusieurs années après la création. Parfois, ces orphelinats reçoivent même des enfants que leur confient les services sociaux de l’Etat. Que faire devant l’absence, devant l’incapacité, devant l’impuissance de l’Etat à assumer ses responsabilités ? La mobilisation collective autour de la prise en charge des orphelins et enfants vulnérables devient un impératif.


Lettre ouverte aux évêques de l’église catholique du Cameroun

Le 24 août 2018, l’église catholique du Cameroun a adressé une « Lettre pastorale » au peuple chrétiens camerounais. Elle concerne essentiellement les précautions sur la présidentielle du 7 octobre 2018 et les législatives et municipales prévues en 2019. L’église exige des chrétiens d’« effectuer des choix qui ne sont pas en contradiction avec leur convictions ». Cette lettre a suscité des réactions parmi laquelle celle du laïc engagé Nyëbë Edoa. Il rappelle à son tour la nécessité, pour l’église, de faire disparaître les frontières du totalitarisme comme elle l’a fait pour le marxisme.

Lettre pastorale aux chrétiens camerounais_Échéances_Électorales 2018 Et 2019 FR by Yves Tchakounté on Scribd

Messeigneurs les Évêques, paix et joie du Christ !

Je vous salue par ces mots « paix » et « joie », qui résument aussi bien le message évangélique, que les aspirations nobles du peuple de Dieu qui vit au Cameroun, dans un contexte socio-politique très inquiétant. En effet, ce peuple a plus que jamais soif de paix. Et quelle paix ? La pax Christi, la seule qui puisse nous donner la vraie joie d’enfants de Dieu.

Notre Mère l’Église dont vous êtes les Serviteurs et Successeurs des Apôtres, a pour mission régalienne de sanctifier, d’enseigner, et de gouverner. Chacun de nous doit donc s’efforcer d’être saint. Car notre monde souffre principalement des crises de saints, capables d’être sel de la terre et lumière du monde (Cf. Matthieu. 5, 13-14). L’enseignement du Christ et la doctrine de l’Église dont vous êtes garants, chers Pères Évêques, demeure la voie certaine du Salut et de la libération de toutes sortes d’asservissements. Partout où souffre un chrétien, c’est toute l’Église qui souffre également. L’offensive pastorale doit commencer par la dénonciation publique des Hérode et Hérodiade, exactement comme le fit Saint Jean le Baptiste (Cf. Marc 6,18).

Notre Église au Cameroun, ne saurait donc faire fi de sa mission ô combien nécessaire, en ce moment important et décisif de l’Histoire du pays, dans la tourmente de l’oppression despotique. Car « l’ensemble des droits dans l’Église est essentiellement constitué des droits de l’homme. Tout ce qui est humain vient de Dieu et l’Église a le devoir de le protéger. […] les catholiques doivent jouir de tous les droits contenus dans la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme ».

À l’instar de l’Apôtre Paul à Athènes (Cf. Actes 17,16), je voudrais, au nom de notre communion fraternelle, que vos tourments devant tant d’idoles, fassent de vous de zélés défenseurs du Droit, de la Justice et de la Vérité. Ces idoles se nomment ici : corruption, tribalisme, favoritisme, infanticide, prêtricide, crimes rituels, détournements de deniers publics, injustices sociales, guerre illégitime…

Comme au temps du prophète Élie marqué par le syncrétisme religieux, de faux-frères (Cf. Galates 2,4) adorent simultanément ces idoles (véritables Baal) et le vrai Dieu (1Rois 18,21). Chez nous, ils occupent les premières places dans nos Cathédrales, et sont aussi membres de nos Conseils paroissiaux. Une telle imposture n’est pas tolérable. N’oubliez pas Messeigneurs, que corriger celui qui est dans l’erreur, est une œuvre de miséricorde spirituelle. Alors, qu’ils sachent qu’il est possible de faire la politique, sans avoir le sang aux mains, tout en espérant les laver le dimanche à l’eau bénite.

« L’histoire ne pardonne jamais à un homme, à un parti ou à une Église d’être en retard d’une mutation », nous dit en guise d’avertissement Roger GARAUDY. Dois-je vous rappeler Messeigneurs, que les mouvements sociaux comme ceux que vit notre pays, ont toujours été propices aux conversions ou à l’éloignement de la Foi ? Par exemple aux États-Unis, pendant les luttes des Noirs pour leur libération et l’égalité entre Blancs et Noirs, ils sont nombreux les baptisés qui ont quitté l’Église. Dénonçant par-là l’hypocrisie des faux-frères Blancs. Ils sont devenus agnostiques, athées ou ont changé de religion.

Au Cameroun également, ce sont des chrétiens qui brulent les maisons d’autres chrétiens. Ce sont les chrétiens qui pillent, violent et massacrent leurs frères et sœurs dans la Foi. Les appareils répressifs (les forces de l’ordre, la justice de façade, etc.) sont tenus des mains de maîtres par des personnes se réclamant disciples du Christ, qui pervertissent l’usage citoyen de ces appareils, en opprimant froidement leurs coreligionnaires. Le Christ a-t-il donc si peu d’amis dans la chrétienté ?

Cependant, gagner les âmes pour le Christ, c’est aussi améliorer le mieux-vivre des fidèles, lutter pour éloigner, voire faire disparaître les frontières du totalitarisme, exactement comme l’Église combattit jadis le marxisme de toutes ses forces. Vous avez ce pouvoir ! Le peuple de Dieu qui est au Cameroun compte sur vous, Messeigneurs les Évêques.

Veuillez donc utilisez Messeigneurs, tous les moyens dont vous disposez (votre chaire, votre presse, vos relations…) pour l’accomplissement du rêve du Cardinal Christian TUMI, qui est celui de tout un peuple : un Cameroun et un Camerounais nouveaux ; c’est-à-dire juste. Le Cardinal affirmait à cet effet que : « Quand la justice n’est pas respectée, il ne faut rien attendre de bon de la part des citoyens. C’est leur demander l’impossible. C’est ici qu’il faut dire haut et fort certaines choses, au risque de choquer ceux qui ne veulent pas sortir des sentiers battus de toujours ».

Les Évêques ont toujours su, en temps opportun, éveiller la conscience collective. Évêque de Nkongsamba et défenseur des Droits humains à l’époque des « trains de la mort » des génocides Bassa et Bamiléké, Monseigneur Albert NDONGMO disait avec force aux fidèles du Christ: « La religion, le christianisme ne sont pas là pour professer un angélisme béat et naïf, une sainte oisiveté. Le croyant, le chrétien doit faire quelque chose pour la promotion, pour le développement de l’homme, de son pays et du monde. Le chrétien doit donc inscrire son action au sein de l’action nationale pour le développement de tout le pays ; il doit être efficacement présent à tout ce qui se construit, à tout ce qui fait progresser l’homme, le pays et le monde. Et c’est justement dans cette mission qu’est requise la fidélité à Dieu, pour voir si notre vie, notre action, notre mission (politique, sociale, économique ou religieuse) a été accomplie selon le plan de Dieu. Car Dieu a un plan sur notre vie ; Dieu n’est pas indifférent à notre action ». C’était le 16 août 1964.

Je ne saurais terminer sans vous confier à la maternelle protection de Notre-Dame du Pilier de la Paix, Patronne du Cameroun, la Vierge Marie.

Fraternellement !

En la Saint Jean-Baptiste 2018

Nyëbë Edoa, laïc.


Comment la minorité anglophone au Cameroun peut-elle défaire la tyrannie la plus vielle d’Afrique ?

Une élection suffit-elle pour renverser une tyrannie ? Cette question est au cœur des débats au Cameroun où la crise anglophone reste l’un des principaux enjeux de la présidentielle du 7 octobre 2018. C’est depuis novembre 2016 que cette crise, aujourd’hui transformée en guérilla, fait la pluie et le beau temps dans les deux régions anglophones (Nord-Ouest et Sud-Ouest). La crise anglophone comme conséquence de l’échec de la gouvernance n’est qu’une lapalissade. Il devient donc évident, pour beaucoup, que le renversement du régime de Yaoundé reste l’une des solutions. Comment renverser donc une tyrannie vielle de 36 ans et tenue des mains de maître par Paul Biya, l’invétéré satrape ?

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Paul Biya, président du Cameroun tyrannie la plus vielle d’Afrique, au pouvoir depuis 36 ans. Crédit photo : Nyemb Popoli, caricaturiste camerounais

Pendant que les uns choisissent l’insurrection armée pour se débarrasser du tyran, d’autres s’apprêtent à l’affronter par les urnes le 7 octobre prochain. Nous sommes donc ici en face de deux solutions pour une même équation : la prise de pouvoir par deux armes, les urnes ou les kalachnikovs. Mais, ce qui est curieux ici c’est le fait que les deux stratégies sont portées chacune par deux communautés qui se distinguent par la langue officielle coloniale : le français et l’anglais. De quoi s’agit-il exactement ?

Il est question ici de montrer comment une communauté linguistique anglophone considéré comme minoritaire du fait du nombre de population (25% d’Anglophones et 75% de Francophones) serait-elle capable de renverser un régime considéré comme dictature depuis 1958. Comment un président élu à plus de 70% en 2011 est-il subitement considéré comme un obstacle à la résolution de la crise anglophone qui dure depuis 2016 ? Un regard à propos des débats sur la légalité et la légitimité du pouvoir de Paul Biya pour nous interroger sur la question de « majority rule ».

Les débats sur le respect des droits de la minorité au cœur de la crise anglophone

Depuis la convocation du corps électoral pour la présidentielle, le Cameroun vibre au rythme de l’une des propagandes politiques les plus mouvementés de son histoire. Cette période de précampagne est nourrie d’intrique de bas étage au point où certains vont même jusqu’à revendiquer de vrais débats d’idées sous le prétexte que les électeurs seraient sevrés depuis un bon bout. De mémoire d’observateur assidu de la scène politique camerounaise, je n’ai jamais connu de vrais débats d’idées en pareille circonstance.

Cependant, le seul débat et le seul combat qui ont un sens, c’est le respect des droits des minorités. Curieusement, toutes les tyrannies ont comme dénominateur commun, le piétinement des droits fondamentaux des minorités. Et dans un contexte de période électorale, on se fiche pas mal des débats sur l’idéologie ou le programme des candidats car en tyrannie les débats d’idées n’existent pas, non pas parce qu’ils ne sont pas intéressants, mais pour la simple raison qu’ils n’ont pas de sens, autrement dit, ils ne sont pas nécessaires, au sens marxiste du terme. Ce qui a un sens c’est comment faire pour restaurer la morale, le principe moral étant le respect des droits des plus faibles ? Par exemple, personne à mobilité réduite que je suis, ou si vous voulez, personne handicapée, l’un de mes principes qui m’est le plus cher dans la vie c’est bel et bien le respect des droits de la minorité qui est la majorité de demain. Le non-respect de ce principe fondamental fera de moi un rebelle. Aussi simple que ça.

Or, le tyran tire sa force sur le respect de la majorité qui lui donne la légalité pour gouverner. L’erreur fatale commise par les régimes tyranniques c’est de piétiner les droits de la minorité qui, victime de la stigmatisation, développera des stratégies de survie : c’est la légitime défense. La puissance de la tyrannie, fondée sur la détention de la violence d’Etat, rend le pouvoir de Yaoundé légal. Cependant, c’est le respect des droits des minorités qui rend ce pouvoir légitime. Ainsi, le non-respect de ces droits sera considéré comme une porte ouverte à la légitime défense. Cela veut donc dire que lorsque les minorités vont se lever pour revendiquer le respect de leurs droits, un régime qui s’assoit sur cette minorité pour régner, se sentira alors menacé et considèrera ces revendications comme un précepte pour le renverser. En tyrannie camerounaise, toute manifestation publique ou privée qui ne plaît pas aux autorités est considérée comme « trouble à l’ordre public » et interdit par un sous-fifre appelé « sous-préfet ».

Deux stratégies pour renverser la tyrannie

Il devient donc clair que la révolte de cette minorité peut mettre en péril le pouvoir du tyran. Conclusion, la stratégie de renversement de cette tyrannie peut se construire autour des revendications des droits des minorités. C’est ce que la minorité anglophone a compris depuis 2016. Pendant que les uns trouvent que les élections sont la solution, notamment les Francophones, les autres, les Anglophones, ont choisi les kalashnikovs. Deux communautés linguistiques, deux stratégies de renversement de la tyrannie. Tout compte fait, si le régime tyrannique de Yaoundé tombe par l’une ou l’autre stratégie, cela marquera le début d’un autre pan de l’histoire du Cameroun pour ne pas dire la révolution.

Ce qui est intéressant ici, c’est cette résistance anglophone qui mérite qu’on s’y attarde un tout petit peu. Chaque fois que le Cameroun traverse une crise sociopolitique qui entraîne des manifestations publiques, celles-ci se sont toujours soldées par des morts d’hommes. Tout simplement parce que la solution militaire a toujours été celle de la tyrannie. Cette frilosité est due évidemment à la peur. Cette peur et cette frilosité du satrape fait de la minorité un danger pour sa survie. Les gouvernants de la satrapie ont toujours cette impression que le soulèvement d’une minorité a un seul objectif : la révolution de palais. C’est la raison pour laquelle l’administration et l’armée ont gardé jusqu’aujourd’hui leur fonction coloniale : la répression.

La solution militaire et le pourrissement de la situation pour résoudre toutes crises socio-politiques ont toujours été l’arme du tyran. Cette stratégie avait l’avantage de décourager les jeunes manifestants. Je ne parle-là que des crises que j’ai vécues personnellement dans l’un des quartiers les plus populaires de Douala comme New-Bell, celles de 1991 et de 2008. Comme les jeunes manifestants n’avaient aucun soutien, ne serait-ce que financier, l’échec était prévisible.

Le manque de subsistance pour entretenir un mouvement social peut entraîner sa mort subite. Il suffit que les jeunes manifestants se sentent lésés que le mouvement se transforme et prend les allures d’un vandalisme à grande échelle. Le mouvement finira par s’éteindre (2008) sans atteindre son but (empêcher le tyran de modifier la constitution de 1996 pour faire sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel). Ou tout au plus, il finira par une compromission ou une négociation au rabais (Constitution de 1996 où les Anglophones n’étaient pas satisfaits) avec un régime qui est toujours en position de force (1991).

Soutenir un mouvement de renversement d’une tyrannie, celle la plus vielle d’Afrique, se fait à la fois sur le terrain et en dehors du terrain. Ça veut dire ceci : pendant que les uns mènent le combat de libération, je dis bien « combat de libération », les autres doivent le financer. La répartition du travail se fait de la manière suivante : les jeunes sur le terrain mènent le combat au Cameroun et la diaspora finance. Une sorte de division du travail, quoi. Voilà donc la bête noire de tous mouvements de libération : l’argent, le nerf de la guerre.

Hé oui ! Il a fallu du temps pour que les Anglophones comprennent cette stratégie : le pourrissement. Depuis décembre 2016, les Anglophones, avec le soutien de leur puissante diaspora, ont compris qu’il serait impossible de vaincre l’armée, la milice de Biya en les affrontant en face ou par les urnes. Le pourrissement et la militarisation choisis par Biya a comme effet de boomerang la déstabilisation de l’Etat par le Ghost town. Du coup, l’éradication du mouvement indépendantiste anglophone à travers les moyens militaires devient une hérésie. Pourquoi ? Parce que la guérilla a pour but de mettre l’Etat à genou en le soumettant, d’une part, à d’importantes charges liées à la guerre, et d’autre part, à la déstabilisation des sources de revenus.

Bien entendu, l’analyse reste valable une guérilla dont l’objectif consiste à se séparer d’une communauté où les Anglophones se considèrent comme marginalisés par la majorité Francophone. De toutes les façons, comme le dit l’économiste Dieudonné Essomba :

Dans cette histoire, ce ne sont pas les Sécessionnistes qui souffrent, mais les populations et surtout l’Etat. C’est l’Etat qui est harcelé à tout instant, c’est son autorité qui est démolie, c’est sa puissance qui est désacralisée. C’est surtout le doute sur ses capacités à assurer son autorité qui monte en force : les Villes Mortes imposées par les Sécessionnistes sont appliquées à la lettre, sans que l’Etat puisse les empêcher malgré ses efforts. Par ailleurs, ceux qui osent afficher ouvertement leur soutien à l’Etat sont enlevés et battus, voire exécutés.

Tchakounte Kemayou


Le Cameroun au cœur des violences faites aux femmes

Le féminisme (y compris le moins radical), s’est toujours insurgé contre tout ce qui fait des femmes, les bêtes de somme de l’humanité. Car même le siècle des Lumières qui a donné naissance aux idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, n’était pas moins misogyne. Raison pour laquelle les féministes condamnent avec véhémence, le moindre discours qui transgresse leurs droits et/ou leurs libertés.

Au Cameroun, à partir de la colonisation, de nombreuses actions féministes éclatantes ont été menées par des femmes pour leur libération, contre le colon français. Depuis les Indépendances, elles ont acquis progressivement de nombreux droits (vote, études, travail, etc.). À ce jour, les principales inégalités entre l’homme et la femme ont été réduites, mais il en faut davantage.

Si en temps de paix, les femmes souffrent de multiples maux de la part des hommes, (violences domestiques, sexisme, harcèlement sexuel, etc.) imaginez donc leur calvaire en temps de guerre ou de conflit armé comme tel est le cas actuellement au Nord-Ouest, au Sud-Ouest et à l’Extrême-Nord du Cameroun.

Cependant, le constat que l’on peut faire à présent est le suivant : les femmes semblent déboussolées par le tourbillon du je-m’en-foutisme, à propos de leurs propres malheurs ou ceux de leurs congénères. À telle enseigne que, je puis affirmer qu’au Cameroun, ce sont les hommes qui sont devenus plus féministes que les femmes.

En effet, quand l’affaire Bonita a fait scandale, ce sont les femmes qui la combattaient le plus, tant dis que les hommes majoritairement la défendaient. Ensuite la vidéo de l’exécution sommaire de deux mères avec leurs enfants dont un bébé a fait surface. Des femmes ont fait preuve de mutisme comme toujours ; les autres sont montées au créneau en parlant de « fake news ».

Actuellement, les mêmes femmes justifient ou défendent le criminel « homme en tenue » qui a violé arme à la main, une fille-mère de 17 ans qui allaite encore. Pour ces femmes manifestement victimes du syndrome de Stockholm, cette vidéo-témoignage est une théâtralisation.

La marche des femmes de Douala en juillet 1931 est un fait historique qui convient d’être évoqué ici. Lorsque le Haut-Commissaire Français Marchand augmentât l’impôt de capitation et l’étendit à toutes les femmes afin d’aider son pays durant la crise mondiale de 1929, les femmes, après plusieurs correspondances infructueuses auprès de l’autorité coloniale, refusèrent de payer l’impôt à elles exigé, et manifestèrent en marchant nues dans les rues de Douala.

Le Haut-Commissaire Marchand donna l’ordre à la police de tirer sur ces contestataires. Ce fut un carnage et la presse baptisa cet évènement la « fusillade des femmes de Douala ». À la métropole, certains journaux favorables à la cause des colonisés titraient du genre « on fusille les femmes au Cameroun ». C’était en 1931, ce qui n’a guère changé depuis lors, car le même système répressif français agit encore, exécute les femmes avec leurs bébés, par les sbires du papy-tyran, dont l’une des armes favorites est le viol.

Les femmes francophones sont bouche-bée. Pis, elles combattent celles qui ont le courage d’en parler publiquement. Quand dans une famille camerounaise il y a un cas de viol et/ou d’inceste, ce sont les femmes qui étouffent l’affaire pour protéger leurs maris, non sans accabler la victime, (même si c’est leur enfant) disant que c’est elle qui a cherché. Dans les établissements scolaires, lorsqu’un enseignant viole son élève, sa seule sanction est de lui faire changer d’établissement. Au travail lorsqu’une femme dénonce son patron-violeur ou harceleur, ce sont ses collègues femmes de la « promotion canapé » qui critiquent vertement la malheureuse insoumise. Etc.

Dans son « plan d’assistance humanitaire d’urgence dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », le Gouvernement camerounais a écrit : « Pour ce qui est de la protection des couches vulnérables, des campagnes de sensibilisation sont envisagées contre les violences basées sur le genre (VBG), les mariages et grossesses précoces… ». Cependant, des dizaines de filles ont été violées individuellement ou collectivement par des membres des « Forces de maintien de l’ordre et de la paix » depuis novembre 2016. Aucun n’a été arrêté. Bien au contraire, ils sont absouts et protégés par leur hiérarchie.

Toutes les femmes sont publiquement muettes sur ces viols. Toutes, en commençant par Chantal Biya, « Ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO », « Commandeur de l’ordre international de la protection civile », « l’auréate d’Or du Grand prix humanitaire de France » etc. Aux premières heures de la crise anglophone, Brenda Biya avait écrit ces âneries via son compte Twitter : « Ne Laissons Pas La Possibilité Au Diable De Boire Le Sang Des Camerounais Qu’il Cherche À Boire Depuis Des Décennies, Nous Sommes Tous Camerounais ». Depuis là, aucun mot sur les exécutions et les viols des femmes par les sbires de papa.

Le « féminisme » des femmes Francophones s’observe un seul jour : le 8 mars. Ce jour-là, outre le « défilé des femmes », celles-ci excellent dans toutes sortes d’orgies, principalement la beuverie et la fornication. Le reste de l’année que font-elles quand la phallocratie et les violences faites aux femmes dictent leur loi ? Que font la Première Dame et ses synergies africaines ? Que font l’OFRDPC et le CERAC ? L’ACAFEJ, Association Camerounaises des femmes Juristes ? Que font les « femmes en tenue » quand leurs compagnons d’armes abusent de leur autorité et violent les filles ? Que disent les épouses, concubines et maîtresses de ces violeurs assassins ? Où se cache l’intelligentsia féminine ? Etc.

Si nous étions dans une démocratie, j’aurais dit aux femmes que, leurs votes peuvent faire basculer une élection et changer la donne. Mais au Cameroun je ne crois pas au verdict des urnes. Alors je demeure stupéfait, face à l’indifférentisme quasi unanime et complice des femmes francophones, sur les viols et les exécutions dont sont victimes d’autres femmes au Cameroun…

Nyëbë Edoa


Et la Champions League tua la Coupe du Monde

Qu’il était imprévisible ce Mondial. On l’a rebaptisé le Championnat de toutes les surprises. En fait tout était prévisible. Il n’y a plus de grandes équipes. Il n’y a même pas de Nation. Il n’y a qu’une seule notion : la Champions league.

C’est quoi la Champions League ?

La tombe de l’idée fédératrice du sport, l’élitisme capitaliste anti progressiste mais perfectionniste. D’abord cette expression de la dictature eurocentriste de la globalisation s’est tellement imposée que les identités ont pris du recul.

Qui dit Champions League ne parle pas d’Afrique ou d’Asie où la même compétition existe, mais seulement et exclusivement de la compétitions entre les clubs prestigieux d’Europe où les privilèges des clubs huppées ont tué la démocratie. Qui dit champions league dit Europe, petit Pseudo-continent d’Eurasie où se concentrent les bons joueurs, où il a été clair à partir des quarts de finale que la Coupe du monde était née pour signifier Coupe d’Europe et les autres n’y participent que s’ils infiltrent les joueurs dans ces multinationales appelées équipes nationales sommes toutes uniquement européennes au haut niveau.

Nous avons regardé cette coupe du Monde mentalement violées et polluée et conditionnées par la Champions League, celle qui a rempli nos écrans ces dernières années et celle qu’on voudrait voir la prochaine saison. On aurait dit que certains attendaient même que la revue mondiale finisse pour passer à la champions league où les 2-3-4 équipes que tout le monde aime allaient forcément finir au haut du tableau sans que les Joueurs, nos extraterrestres adorés soient dilués dans ces conglomérats mal assortis qu’on appelle équipe nationales. Qu’est-ce qu’on en a à foutre des équipes nationales si un frère peut servir un pays et son frère jumeau un autre qui se retrouve adversaire sur le terrain ?

Tous, fans, journalistes, parieurs, organisateurs, observateurs, agents ne pensions qu’à la valeur des joueurs qui sont susceptible d’être traduisible en codes inhérents à la champions league.

Bilan des joueurs de la Champions League au Mondial

L’Argentine n’a pas eu le loisir de présenter une équipe. Ils avaient un joueur qui fait des merveilles en club et en League. Alors, les autres bon joueurs de l’équipe ne nous intéressaient pas. Sans être dans la même poule, l’autre joueur qui nous frappait l’esprit est une entité à lui tout seul. Lui n’a ni équipe ni nation. Il joue seul. Il bat les adversaires seuls et quand il réalise un but ou un geste époustouflant, on ne pense pas à son pays. On pense à l’argentine. Non, pardon, à l’argentin qui pourrait faire pareil, mieux, gagner le ballon d’or, sauf que Oops, il n’a pas gagné la Champions league. Alors il peut rêver. Le mondial ne compte pas… On comptait les joueurs par équipe en se basant sur le niveau de prestige atteint en Champiosn league avec un club dans leur histoire personnelle.

La Pologne a tellement brillé par Lewandowski qui marque en Champions league au rythme de sa respiration que l’équipe n’est presque jamais arrivée au mondial, mise d’entrée de jeu en difficulté part le Sénégal.

Ah le Sénégal. Quel gâchis ! Un faisceau de Joueurs bons, intéressants parce qu’on en voit beaucoup en Champions League mais un dispositif de diasporés dont beaucoup ne sont devenus sénégalais que récemment justement parce qu’on les a vus en club européens et promus en sélection d’un pays où ils ont rarement mis les pieds. Tant pis, si ça tournait mal, on aurait quand-même remarqué des joueurs qui seraient révélés appétissants pour les clubs compétitifs en Champions League. Ah oui, ils avaient leur chance. Sadio Mané a joué une finale de Champions League. Koulibaly a flirté avec les quarts parfois. Alors pourquoi ce gardien ? On dira de lui qu’il était programmé pour être leur porte-malheur. Pourquoi ? Il joue en Afrique ! Bon, il peut aussi finalement décrocher un contrat en Europe et espérer jouer la champions league.

C’est ce qu’a fait Yurary pour le Danemark. Ce jeune Danois du père Tanzanien a pris son courage pour quitter la 3ième division allemande et accepter un contrat à Leipzig. La route pour émerger et le mondial pourraient l’aider parmi tant de siens qui goûtent déjà à la Champions League comme Schmeichel à aussi se taper un Club d’élite.

Les Islandais allaient où ? Un coach dentiste et un capitaine DJ ce n’est pas ce qu’on veut en Pro. Les joueurs qu’ils sont dispersé en Allemagne ou en Grèce ne pouvaient pas figurer au niveau de ceux qui jouent la Champions League. C’est une ligue dont le droit d’auteur est européen.

Le Panama qui ne connait que les petites ligues américaines ne pouvait pas rêver : DEHORS !

Les allemands ont compris que Lewandowski et Kagawa ne sont pas Allemands. S’ils marquent en club pendant que les équipes allemandes avancent en Champions League, ils ne sont pas de leur sélection nationale. Kagawa a honoré la sienne et Lewandowski se défendra pour garder sa place à Munich en disant que Neuer et Boateng aussi ont fait pitié.

La Colombie ne regrettera pas d’avoir essayé de garder l’esprit de nation. Falcao, Cuadrado et James connaissent la Champions league. D’autres la rejoindront. Le pays perd mais pas les joueurs. Il y a donc progrès n’est-ce pas ?

Ou tu joue la Champions League et on considère un peu ton équipe, ou tu fais comme le Costa Rica qui se défend avec orgueil et sait que le ballon sera souvent du coté du gardien pour qu’on sache qu’ils ne sont pas si mauvais que ça. Leur gardien c’est Navas. Lui c’est le portier du Real de Madrid, club né pour un jour disputer tout seul la champions league. C’est pour ça que Navas partira, remplacé dit-on par le gardien du Brésil qu’on courtise à Madrid tandis que celui de la Pologne ira se chercher à Turin. Ah ! c’était donc ça le Mondial !

Oui, c’était ça. Les Russes méritaient de sortir en 1/4 de finale. Quelle est cette sélection dont tous les joueurs évoluent au championnat local sauf 3 ? Qui les a vu en Champions League ? On sait qu’ils ont passé le premier tour parce que c’est Poutine qui a organisé leur combine à domicile. Pour penser avancer, ils devaient avoir des joueurs comme Modric qui a dominé à Madrid, ou Madzukic qui est grand à Turin. C’est pour ça que la Croatie les a battus. Leurs joueurs connaissent la Champions League… Diantre !

La Croatie n’existait pas il y a 28 ans quand la Russie a commencé à sortir des cendres de l’URSS. Avec ses 4 millions d’habitants, et des Joueurs qui évoluent dans 11 Championnats européens différents, la Croatie qui a remplacé son coach à la veille du Mondial a la plus grande densité de footballeurs de l’événement. Ils ont fixé leur pays sur la carte du monde et dans la tête des gens.

Eto’o aussi avait quitté la zone Champions League avec le défi de l’amener au Dagestan… Non non non. Ce n’était pas pour l’argent. Lui a vieilli, est resté bon, n’est plus jamais revenu en Champions League et le Cameroun a sombré. Mais il était donc si bon que ça ?

Si Ighalo du Nigeria avait su que ça comptait autant, pourquoi il a laissé L’Europe pour la Chine ? Vous aussi auriez laissé 23 millions d’euros comme ça ? S’il jouait en Champions League, il aurait marqué ce but qui n’est jamais arrivé contre l’argentine ou bien ? Mais c’est l’Argentine qui est passée, avec sa pléthores d’habitués de Champions League qui ne servaient à rien que relever le défi de leur 10 qui selon nous a pour mission dans l’histoire de découdre avec le 7 du Portugal. Voilà pourquoi je n’ai jamais mentionné ces 2 joueurs et pourquoi je n’ai jamais eu pour eux une attention en cette compétition qui aille au delà des nations. Le rendez-vous karma a bien marché et les deux, comme l’Espagne, paradis de la champions league, ont été accompagnés à la porte de sortie aux huitièmes de finale, c’est-à-dire au tout premier des matchs où les extraterrestres doivent faire la différence.

Sala de Champions League n’a pas pu le faire avec l’Egypte. Neymar, autre pointure du Champions Leaguisme est encore en train de rouler en direction du Brésil pour une faute que personne n’a commise sur lui sur la ligne touche… C’est lui qui devait départager les belligérants de Barcelone et Madrid en imposant comme Cavani la voix de Paris aux quarts de finales. Les deux ont d’ailleurs introduit un record dans les esprits de ceux qui ne regardent que la Champions League partout… Il parait que ce sont les joueurs du PSG qui exécutaient les ténors de la champions League, l’Argentin et le Portugais pour être précis. En Huitième de Finale, parmi les justiciers, à côté de Cavani, le nom d’un prodige français de père Camerounais et de mère Algérienne a dominé la scène. Kyllian Mbappè aussi est du Club de la capitale de France.

La Champions League et la jeunesse des joueurs

La France a affiché l’équipe la plus lourde en banque, celle dont les Joueurs passent le plus sur nos écrans quand il y a Champions League. Elle est allée loin pour ça ou parce que c’était la plus jeune des équipes ou encore parce que cette multinationale est une nation ? Déjà en 2016, le coach Islandais aurait dit que ce n’est pas compliqué de jouer contre un pays qui vient en tant que pays mais quand tu dois rencontrer la France, tu prépares le match contre la France et elle se ramène avec l’Union Africaine à sa suite… C’est injuste ? C’est ça le secret ?

Ils sont jeunes les Français Champions du Monde. L’avenir nous le dira. Le présent jusque là parlait assez pour la Belgique. Mais quelle langue ses joueurs parlent au terrain ? Demandez aux Suisses. Les nations ne sont qu’un soupçon, une impression, un prétexte. Les Africains eux ont dans ces occasion une Nation qu’on appelle États Unis d’Afrique qui présente 5 équipes. Si les Africains s’étaient consacrés un seul instant aux Équipes AFRICAINES comme ils s’occupent de la France, sur 5 Pays, une Équipe Africaine serait allée loin…

L’autre deuxième équipe parmi les plus jeunes est l’Angleterre. Avec la France, si ces deux équipes ont aussi des joueurs de Champions League et sont arrivées dans le dernier carré c’est que leur jeunesse et leur fraîcheur y a aussi joué pour beaucoup.

En effet, voici le résumé de notre point de vue sur le Football qui gagne : « la meilleure équipe pour La Coupe du Monde a besoin de jeunes qui savent maintenir attention, ambition et concentration au haut niveau ».

Southgate n’a déçu personne. Dès le début il a dit que l’Angleterre était là pour apprendre et chercher à gagner en 2022. Si c’est avec un attaquant comme Sterling qui a marqué 2 buts en sélection en 44 matchs alors oui, ils ont du chemin. Lukaku est meilleur que Kane qui, devant les petites équipes, a marqué 6 buts en 7 tirs. Incroyablement, il a fini le mondial en jouant 650 minutes sans un seul but. L’Angleterre était donc en stage : Redoublants ! L’Angleterre a tout de même éliminé la belle Suède. La particularité de celle-ci c’est que dès qu’elle s’est libérée de son longtemps Porte-Fanion en Champions League Ibrahimovic, sorti justement du giron de la prestigieuse compétition et plus forcément très recherché, la Suède est devenue intéressante et compétitive : belle, courageuse, rageuse.

Le mauvais sort de la Champions League

Pas très beau, resté vaniteux et superficiel c’est le Brésil. Au premier écueil, il s’est désagrégé. L’absence de Casemiro contre la Belgique et les facéties de Neymar à elles seules n’expliqueront pas les déboires d’une Séleção qui a notamment renoncé à l’Identité, identité culturelle sportive cette fois-ci. On a un Brésil qui ne joue plus comme le Brésil parce que pour 23 Joueurs, 22 ne jouent pas au Brésil, tous venus se chercher en Champions League…

Construire une charnière défensive imbattable avec 11 titulaires performants ne suffit pas. Les cartons et les blessures sont impitoyables dans une compétition où on veut aller loin. La Belgique, quant à elle, Champions League ou pas, a d’abord sélectionné 23 Champions réussissant à exécuter des remplacements sans faire regretter ceux qui quittent le terrain parce que ceux qui proviennent du banc de touche sont autant bons. Tellement bons que le coach a choisi de laisser à Rome Naingolan, incontournable Champions Leaguier au sein de son club l’AS Roma qui a bataillé fort pour le garder sans y parvenir. Il ira à l’Inter de Milan retrouver la Champions League sans rentrer en sélection.

Thierry Henry savait tout ça et a bataillé fort pour faire partie du staff de la Belgique. Pendant 2 ans, Il a postulé plusieurs fois et finalement s’est retrouvé face à la France l’ancienne sélection dont il est le buteur le plus prolifique dans un pays où on lui a réservé un traitement indigne à la fin de sa carrière.

Tous ceux qui sont arrivés en coupe du Monde avec des prévisions boostées par la Champions League en vue du ballon d’or on trouvé mauvais sort soit parce qu’avec eux le ballon dort et en place de la Coupe du Monde c’est la Coupe des Morts quand Chacun d’eux plie bagages et sort sans donner rien de plus au sport.

Les stars de champions league sont toutes arrivées essorées, paumées, défoncées et coincées. Pour ça, la finale n’a pas été une surprise. Elle ne présentait en fait aucune favorite sur le papier. Son résultat n’ont plus n’a été révolutionnaire…

L’Espagne qui a voulu rester primadonna et a ramené sa prestigieuse équipe de Champions League a plié bagages avec son arrogance. Elle s’en est allée continuer après le scandale de son coach qui justement accompagne la sélection au mondial mais sabote secrètement l’honneur national pour une signature du club divin de Champions League à Madrid.

Pourquoi la Champions League a-t-elle perdu sa valeur ?

Les Espagnols pourtant ont déplacé l’attention des aficionados du Mondial en travaillant sur les transferts. Le plus Impressionnant des joueurs de Champions League a commencé à ne plus faire parler de son futur en club qu’on ne parlait des équipes restées en compétition après l’élimination de sa sélection. Quelle insolence éliminer le Portugal ! Depuis, nous avons un concert continu sur son transfert à Turin. On avait hâte que le Mondial finisse vite pour qu’on comprennent les couleurs de son destin… C’est fait !

Il est venu en Italie. Les Amoureux de champions league continueront leur transhumance, oublieront vite la coupe du Monde et reprendront les paris pour un joueur, un club, une compétition qui draine dividendes et passions perdant de son sens en vidant le sang des autres….

Moi ça fait longtemps que le foot italien ne me dit plus rien. Beaucoup continuent à en penser du grand bien. Mon rêve c’est le Football camerounais, le Sport Africain en général comme à l’époque. L’éducation Physique c’est quand on avait 50 minutes pour aller gambader sur un terrain à l’école en grignotant quelques minutes à l’heure de maths qui suivait… Le sport c’est quand on jouait dans le rue au quartier sans autre enjeu que les morceaux de viande dans la sauce du FuFu pour le gagnant ou les yeux des sœurs des perdants puisque les filles n’aiment que les victorieux. On acceptait, Sportivement… Le Foot c’est quand Fédéral de Foumban venait défier l’Entente de Ngaoundéré. Aux inter-poules tu ne pouvais pas aller jouer à Pouma parce que le public tirait l’ailier dans la foule et le massacrait de coups de cannes à sucre.

Au delà de ça c’est le business… La politique… Mon regret c’est quand je rentre au Cameroun pensant encore y trouver de la valeur, mais mes amis me snobent le soir pour aller dans des bars s’agglutiner autour de bouteilles de bière en dessous d’un écran où on voit courir des joueurs qui disputent la champions league européenne sans aucune idée de leur existence ni de respect pour leurs pauvres vies…

Personnellement je trouve le football européen ennuyeux. Mais vraiment ENNUYEUX… Tu as un ou maximum deux clubs par pays qui balaient tout et si la formule par club ne marche pas, les joueurs eux de toute façon fonctionnent comme des mercenaires. Ils dévastent tout ce qui est possible de remporter dans un pays et se transfèrent dans le prochain…

Si Le football doit récupérer de son potentiel et de sa signification, il faut qu’il sorte de la logiques de la champions league…

Mougoué Mathias Liønkïng 


Quand la joie des Bleus fait réagir les Africains

Ambiance féérique au sein des Bleus ce samedi 30 juin 2018 en Russie. Après la victoire (4-3) face à l’Argentine en 8e de finale de la Coupe du monde, au stade Arena Kazan, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire. Les joueurs se sont livrés à quelques séances d’ambiances au rythme des musiques africaines dans le bus qui les ramenait à l’hôtel. La surprise ici ne vient pas des joueurs eux-mêmes, mais des Africains qui en ont fait leurs choux gras.

Ce billet a initialement été publié sur matango.mondoblog.org

Cette vidéo d’ambiance aux rythmes des musiques africaines a soulevé des tollés chez beaucoup d’Africains. Les opinions aussi diverses que variées se succèdent sur la Toile. Elles mettent en exergue la pensée des uns et des autres fondés pour certains sur des préjugés. Les Africains avaient besoin d’un prétexte pour dire ce qu’ils pensent de l’équipe nationale française. L’occasion faisant le larron, ils se sont lâchés pour « vider leur sac ». Tout est dit sur les footballeurs, les sportifs en général, qui ont choisi d’autres cieux pour exprimer leurs talents. Ils sont vilipendés. Ils sont vivement critiqués pour avoir choisi de se mettre au service de la France, l’ancien colonisateur.

Dans les lignes qui suivent, voici une liste de clichés piqués ça et là sur les réseaux sociaux et dans les lieux publics. Mais avant, un petit tour sur la vidéo pour vivre l’ambiance en quelques mots.

Grosse ambiance dans le bus

Tout commence dans les vestiaires. Malheureusement, en dehors de ce qu’on pourrait imaginer comme ambiance dans ces lieux après une aussi belle victoire, aucune image n’est disponible, sauf cette selfie de Lucas Hermandez se félicitant d’une mission bien remplie :

Ce qui fait le buzz depuis la fin du match, c’est une autre selfie vidéo qui circule sur la Toile. Les Bleus sont dans le bus qui les ramène dans leur camp à Istra. On les observe en liesse en train de mimer les titres les plus populaires en Afrique. Ils s’illustrent habillement dans un rythme endiablé de N’dombolo. C’est Pokba, Ngolo Kanté et autres qu’on voit se défouler avec d’autres titres célèbres comme Séka Séka de DJ Maréshall et Sentiment Moko de DJ Caloudji. Même la Sagacité du très célèbre artiste Douk Saga n’a pas échappé au playlist.

Voici une vidéo de l’ambiance comme si vous y étiez :

De l’aéroport vers l’hôtel, on a observé une autre ambiance menée par une foule de fans qui attendait dans le hall de Hilton Garden Inn Moscow New Riga. La chaleureuse accueil scandée par des salves d’applaudissements des fans n’a pas laissé les Bleus indifférents. Visiblement déjà fatigués par des séances de chants très mouvementés, leur sourire suffisait à témoigner l’appréciation de l’accueil.

Jusque-là, on était loin d’imaginer que ces ambiances, dans une équipe des Bleus, largement diffusées sur les réseaux sociaux, pourraient susciter de quelconques polémiques.

Quelques clichés collés aux Bleus noirs par les Africains

1. La domination des Bleus noirs

Les premières réactions des Africains sur cette vidéo sont unanimes sur la domination, pas seulement numérique, mais surtout psychologique des Noirs chez les Bleus. Ce sont les tenants de la thèse sur la loi du grand nombre. Ils s’opposent cette autre thèse qui postule que : « Les immigrés ou leurs descendants qui vivent en Occident, finissent par perdre leur culture à travers un processus d’intégration et de socialisation ». Le revers de cette intégration est malheureusement l’assimilation.

Cette vidéo donne l’occasion de confirmer l’hypothèse de la loi statistique du plus grand nombre qui réfute celle de l’intégration dans un environnement dominé par les étrangers majoritaires. Le nombre croissant d’immigrés dans l’équipe nationale de France imposera un changement d’habitus. Au finish, ce sont les Bleus blancs, minoritaires, qui vont finir par s’intégrer à la culture nègre importée au sein de l’équipe nationale française par les Bleus noirs. C’est comme un effet de boomerang. Que peuvent bien faire Griezman et ses compatriotes Français devant une horde de Noirs qui impose son rythme d’ambiance ?

2. Un total climat de méfiance

Il y en a qui se posent toujours la question de savoir pourquoi les joueurs ont-ils subitement décidé, pour cette Coupe du monde 2018, de se lâcher publiquement ? C’est la première fois, apparemment, que le public a droit à de telles scènes de liesse au sein des Bleus.

Si aucune information ne filtre sur l’existence d’une telle ambiance lors des compétitions antérieures, il y a de forts risques, pour René Ngono, enseignant à la retraite à Douala, de souscrire à l’hypothèse de l’autocensure. Comment une équipe française, avec une majorité écrasante d’Africains et d’Antillais, vivait-elle avant ? Est-ce seulement une autocensure ? René Ngono imagine bien que les Noirs étaient auparavant victimes de la culture des Gaulois :

Ils sont comme enfermés dans une sorte de caste ou de secte. Ce qui est certain, l’ambiance dans une équipe existe toujours après une victoire. Soit cette ambiance était rythmée par des sonorité africaine ou ne l’était pas. Mais le simple fait de ne pas les rendre public, témoigne de ce qu’il existait un climat de méfiance autour des Bleus noirs. Cela les empêchait de s’exprimer culturellement parlant.

3. Une stigmatisation vite oubliée

Le journaliste Français de Martinique Première, Serge Bile, d’origine ivoirienne, ne dit pas le contraire. Pour lui, les Noirs en sélection au sein de l’équipe nationale française de football manifestaient rarement de manière spontanée et en public leur joie aux sonorités nègres. C’est comme s’ils avaient eu peur d’exprimer leur différence collectivement :

Ils se coulaient généralement dans le moule, assignés à une relative discrétion en raison sans doute des attaques violentes dont ils étaient la cible de la part de ceux qui dénonçaient le trop plein de Noirs en équipe de France, qu’il s’agisse de politiciens comme Jean-Marie Le Pen et Georges Frêche ou d’un philosophe comme Alain Finkielkraut.

René Ngono conclut ses propos par une note positive :

Il ne faut pas simplifier cette ambiance. Elle est le symbole d’une rupture, voire d’une révolution des habitudes à la française qui caractérisaient l’équipe de France. C’est vraisemblablement une page de l’histoire qu’on vient de tourner

4. « La vidéo d’une bande d’hypocrites »

L’opinion populaire en Afrique considère les Bleus noirs comme des « enfants gâtés ». Étant fils d’immigrés, évoluant dans les club prestiges, ils ont fait le choix du luxe en optant pour l’équipe des Bleus. Ils sont considérés comme ceux qui ont déjà perdus leurs racines. En d’autres termes, lorsqu’on est né en France comme Kylian Mbappe, physiquement loin de l’Afrique, et qu’on y a passé toute son enfance, il devient pratiquement impossible de conserver les bribes de sa culture malgré la couleur de sa peau.

Les sportifs africains qui choisissent la France ou d’autres pays en Europe ont perdus leur identité d’origine. Ils n’ont aucun lien avec leur pays d’origine, qu’ils n’ont même jamais visité pour la plupart. Pour Junior Zogo, ancien Commissaire de police et vivant en exil,

Cette vidéo est faite pour narguer les Africains. Pourquoi ne pouvaient-ils pas mettre des sonorités françaises pour montrer leur amour pour la France qu’ils ont choisi de servir ? Des hypocrites qui croient aimer l’Afrique. Je vois leur sale jeu. Et ce n’est pas drôle du tout.

5. « Les petits complexés »

Cette vidéo témoigne-t-elle d’un amour débordant des Bleus noirs pour l’Afrique ? En tous les cas, le journaliste Xavier Messe estime que les sportifs qui vivent dans un confort douillet ont un devoir de solidarité envers un pays qui a besoin des talents de tous ses fils. Malgré la liberté qu’ils ont de choisir le pays qu’ils vont servir, le simple refus de servir son pays d’origine est considéré comme un complexe, une frustration. Le journaliste camerounais qualifie ce type de joueurs, parlant du jeune Kylian Mbappe, de « petits complexées » :

Les gens sont libres de faire leur choix, nous devons les respecter. Parallèlement à son refus d’être Camerounais, des millions d’autres humains sont très fiers d’être Camerounais. Ceux qui renient leurs origines pour des cieux bien bleus ne sont rien d’autres que de petits complexés dont nous pouvons nous passer allègrement. Mbappé en fait partie malheureusement.

Jacques Homssi, opérateur économique vivant à Douala, va même plus loin. Pour lui, la sortie des équipes africaines dès le premier tour de cette Coupe du monde 2018 doit les être imputée. Cette défaite collective prouve que l’Afrique perd ses talents au profit des pays riches.

6. « L’Afrique tue les talents »

Ici, les critiques sont plutôt dirigées vers ceux qui osent condamner les fils d’immigrés en les vouant aux gémonies. Pour eux, les talents ne peuvent évoluer que dans un milieu adapté aux meilleurs conditions de travail. Les résultats en dépendent. La plupart de joueurs, fils d’immigrés, qui évoluent en Europe travaillent dans un environnement qui répond aux normes de qualité. Ce qui n’est pas le cas des pays africains. Hamed Moukaïla, un fonctionnaire du ministère du sport et de l’éducation physique, avoue que :

La plupart des infrastructures dédiées à la formation des jeunes pour qu’ils expriment leurs talents sont dans un état vétuste si elles existent. La gestion financière des activités sportives manque toujours de rigueur. Si nous ne faisons rien pour eux ici, comment allons-nous les retenir ? Nous ne savons pas gérer les génies. En Afrique, on tue les talents.

Le reproche fait aux joueurs noirs en équipe de France est celui de refuser de venir sortir leur pays de l’ornière.

7. L’humanitaire pour se racheter ?

Alexis Ngos, informaticien, estime que « curieusement, ces joueurs ont tendance à venir en Afrique jouer au Père Noël. L’humanitaire n’est pas une preuve d’amour pour l’Afrique ». Cette tendance à faire de l’humanitaire en Afrique est bel et bien une preuve que les immigrés reconnaissent la nécessité de rendre service aux siens. Mais, est-ce suffisant pour leur donner un chèque en blanc ? Même les Blancs viennent faire de l’humanité en Afrique.

Revenir jouer en Afrique dans l’équipe nationale de son pays d’origine, c’est se surpasser. Beaucoup ne voulant pas faire cet effort, se rachète donc en faisant de l’humanitaire.

8. Les Français sont-ils reconnaissants ?

D’autres opinions se préoccupent plutôt du sort réservé à ces joueurs par la France et les Français. Pour elles, les immigrés ou fils d’immigrés ne doivent pas seulement se contenter de gros salaire. Ils doivent imposer le respect et la dignité qu’ils méritent pour service bien rendu. Pour Bernard Lakouzi, Banquier Canadien d’origine camerounaise,

Dans la gloire, les Français blancs sont prêts à embrasser les immigrés. La preuve, il n’y a qu’à observer leurs réactions à la moindre défaite des Bleus. Cette défaite, ils l’attribueront aux Noirs, aux Nègres. La France ne veut pas d’immigrés qui ne leur servent à rien.

Pour ce banquier, cette vidéo montrant la joie des joueurs noirs n’est que la face cachée de l’iceberg. Au fond, sont-ils satisfaits de ce que les Français pensent d’eux ? Emilie Payong, commerçante à Yaoundé et fan de foot, soutient aussi cette opinion et évoque le cas des médias français pour justifier son assertion :

Il n’y a qu’à suivre les médias français qui se gargarisent de la victoire des sportifs immigrés ou fils d’immigrés. Ils ont l’habitude de crier dans nos oreilles : « Les Français sont champions du monde ! ». En cas de défaite, ces mêmes médias les vouent aux gémonies avec des clichés négatifs : « Ces joueurs d’origine africaines… » et bla bla… Bref, ce ne sont plus des « Français », ce sont des « immigrés d’origine… ». D’ailleurs, si ça ne dépendait que de moi, je souhaite que la France n’aille pas loin dans cette coupe du monde au risque de nous polluer avec des louanges à n’en plus finir par ces médias.

9. La France, au-delà des préjugés

Pour conclure, le journaliste Serge Bile nous amène à considérer cette vidéo comme une sorte de révolution dans la mentalité des Bleus. Ils ont pris l’initiative d’oser et de faire tomber les tabous au sein de l’équipe de France. L’enseignement à tirer ici c’est qu’il ne faut pas avoir peur d’assumer son destin quoi qu’on dise. Les Bleus noirs ont oser briser les barrières. Ils ont ouvert une autre page d’histoire du football français  et c’est tant mieux :

En fait, ces joueurs nous ont montré qu’il n’y a pas qu’une façon de faire bouger les lignes dans ce pays, celle qui consisterait uniquement à espérer et attendre nerveusement que les mentalités changent. Non !! Ces jeunes nous ont rappelé qu’on peut aussi ouvrir une fenêtre dans la tête de l’autre, dès lors qu’on n’a ni peur ni honte d’assumer d’où l’on vient et ce qu’on est, en conquérant sa part avec ses contreparties, un peu comme le musicien qui apporte sa petite touche, sa petite note personnelle, au jeu et à la musique finale de l’orchestre.

Pour le reste, les commentaires ne valent que ce qu’ils sont.

Peut-on se limiter à la vidéo pour juger ?

Le sentiment anti-français peut largement expliquer ces jugements hâtifs. Ce sentiment suffit pour se rendre compte que les Africains n’ont pas encore digéré ce paternalisme qu’ils imputent à la France dans la gestion de leur pays. L’ostracisme des Africains (certains) est observé chez tous ceux qu’ils jugent comme un suppôts de la France. Du coup, les Bleus noirs se retrouvent entrain de subir des griefs pour le simple fait de servir le « colon ».

Peut-on alors se limiter aux clichés pour émettre un jugement sérieux ? Peut-on se limiter à une vidéo éphémère de quelques petites secondes et livrer les immigrés à la vindicte populaire ? Tout avis sur une communauté ou un individu ne peut avoir du sens que s’il est fondé sur des preuves matériel et concrètes et non sur des morceaux ou des bribes de vie. Autrement dit, les préjugés ne se nourrissent que des rumeurs. Il faut donc faire attention au préjugé. Il est plus émotif que rationnel.

Voici un bonus vidéo de la fiesta.

Allez les Bleus !


L’ambiance chez les Bleus fait réagir les Africains

Ambiance féérique au sein des Bleus ce samedi 30 juin 2018 en Russie. Ce jour, la France affrontait l’Argentine en 8è de finale de la Coupe du monde de football. Après la victoire des Bleus (4-3) au stade Arena Kazan, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire. Les joueurs se sont livrés à quelques séances d’ambiances au rythme des musiques africaines dans le bus qui les ramenait à l’hôtel. La surprise ici ne vient pas des joueurs eux-mêmes, mais des Africains qui en ont fait des choux gras.

Cette vidéo d’ambiance aux rythmes des musiques africaines a soulevé des tollés chez beaucoup d’Africains. Les opinions aussi diverses que variées se succèdent sur la Toile. Elles mettent en exergue la pensée des uns et des autres fondés pour certains sur des préjugés. Les Africains avaient besoin d’un prétexte pour dire ce qu’ils pensent de l’équipe nationale française. L’occasion faisant le larron, ils se sont lâchés pour « vider leur sac ». Tout est dit sur les footballeurs, les sportifs en général, qui ont choisi d’autres cieux pour exprimer leurs talents. Ils sont vilipendés. Ils sont vivement critiqués pour avoir choisi de se mettre au service de la France, l’ancien colonisateur.

Dans les lignes qui suivent, voici une liste de clichés piqués ça et là sur les réseaux sociaux et dans les lieux publics. Mais avant, un petit tour sur la vidéo pour vivre l’ambiance en quelques mots.

Description de l’ambiance dans le bus

Tout commence dans les vestiaires. Malheureusement, en dehors de ce qu’on pourrait imaginer comme ambiance dans ces lieux après une aussi belle victoire, aucune image n’est disponible, sauf cette selfie de Lucas Hermandez se félicitant d’une mission bien remplie :

Ce qui fait le buzz depuis la fin du match, c’est une autre selfie vidéo qui circule sur la Toile. Les Bleus sont dans le bus qui les ramène dans leur camp à Istra. On les observe en liesse en train de mimer les titres les plus populaires en Afrique. Ils s’illustrent habillement dans un rythme endiablé de N’dombolo. C’est Pokba, Ngolo Kanté et autres qu’on voit se défouler avec d’autres titres célèbres comme Séka Séka de DJ Maréshall et Sentiment Moko de DJ Caloudji. Même la Sagacité du très célèbre artiste Douk Saga n’a pas échappé au playlist.

Voici une vidéo de l’ambiance comme si vous y étiez :

De l’aéroport vers l’hôtel, on a observé une autre ambiance menée par une foule de fans qui attendait dans le hall de Hilton Garden Inn Moscow New Riga. La chaleureuse accueil scandée par des salves d’applaudissements des fans n’a pas laissé les Bleus indifférents. Visiblement déjà fatigués par des séances de chants très mouvementés, leur sourire suffisait à témoigner l’appréciation de l’accueil.

Jusque-là, on était loin d’imaginer que ces ambiances, dans une équipe des Bleus, largement diffusées sur les réseaux sociaux, pourraient susciter de quelconques polémiques.

Quelques clichés collés aux Bleus noirs par les Africains

1. La domination des Bleus noirs

Les premières réactions des Africains sur cette vidéo sont unanimes sur la domination, pas seulement numérique, mais surtout psychologique des Noirs chez les Bleus. Ce sont les tenants de la thèse sur la loi du grand nombre. Ils s’opposent cette autre thèse qui postule que : « Les immigrés ou leurs descendants qui vivent en Occident, finissent par perdre leur culture à travers un processus d’intégration et de socialisation ». Le revers de cette intégration est malheureusement l’assimilation.

Cette vidéo donne l’occasion de confirmer l’hypothèse de la loi statistique du plus grand nombre qui réfute celle de l’intégration dans un environnement dominé par les étrangers majoritaires. Le nombre croissant d’immigrés dans l’équipe nationale de France imposera un changement d’habitus. Au finish, ce sont les Bleus blancs, minoritaires, qui vont finir par s’intégrer à la culture nègre importée au sein de l’équipe nationale française par les Bleus noirs. C’est comme un effet de boomerang. Que peuvent bien faire Griezman et ses compatriotes Français devant une horde de Noirs qui impose son rythme d’ambiance ?

2. Un total climat de méfiance

Il y en a qui se posent toujours la question de savoir pourquoi les joueurs ont-ils subitement décidé, pour cette Coupe du monde 2018, de se lâcher publiquement ? C’est la première fois, apparemment, que le public a droit à de telles scènes de liesse au sein des Bleus.

Si aucune information ne filtre sur l’existence d’une telle ambiance lors des compétitions antérieures, il y a de forts risques, pour René Ngono, enseignant à la retraite à Douala, de souscrire à l’hypothèse de l’autocensure. Comment une équipe française, avec une majorité écrasante d’Africains et d’Antillais, vivait-elle avant ? Est-ce seulement une autocensure ? René Ngono imagine bien que les Noirs étaient auparavant victimes de la culture des Gaulois :

Ils sont comme enfermés dans une sorte de caste ou de secte. Ce qui est certain, l’ambiance dans une équipe existe toujours après une victoire. Soit cette ambiance était rythmée par des sonorité africaine ou ne l’était pas. Mais le simple fait de ne pas les rendre public, témoigne de ce qu’il existait un climat de méfiance autour des Bleus noirs. Cela les empêchait de s’exprimer culturellement parlant.

3. Une stigmatisation vite oubliée

Le journaliste Français de Martinique Première, Serge Bile, d’origine ivoirienne, ne dit pas le contraire. Pour lui, les Noirs en sélection au sein de l’équipe nationale française de football manifestaient rarement de manière spontanée et en public leur joie aux sonorités nègres. C’est comme s’ils avaient eu peur d’exprimer leur différence collectivement :

Ils se coulaient généralement dans le moule, assignés à une relative discrétion en raison sans doute des attaques violentes dont ils étaient la cible de la part de ceux qui dénonçaient le trop plein de Noirs en équipe de France, qu’il s’agisse de politiciens comme Jean-Marie Le Pen et Georges Frêche ou d’un philosophe comme Alain Finkielkraut.

René Ngono conclut ses propos par une note positive :

Il ne faut pas simplifier cette ambiance. Elle est le symbole d’une rupture, voire d’une révolution des habitudes à la française qui caractérisaient l’équipe de France. C’est vraisemblablement une page de l’histoire qu’on vient de tourner

4. « La vidéo d’une bande d’hypocrites »

L’opinion populaire en Afrique considère les Bleus noirs comme des « enfants gâtés ». Étant fils d’immigrés, évoluant dans les club prestiges, ils ont fait le choix du luxe en optant pour l’équipe des Bleus. Ils sont considérés comme ceux qui ont déjà perdus leurs racines. En d’autres termes, lorsqu’on est né en France comme Kylian Mbappe, physiquement loin de l’Afrique, et qu’on y a passé toute son enfance, il devient pratiquement impossible de conserver les bribes de sa culture malgré la couleur de sa peau.

Les sportifs africains qui choisissent la France ou d’autres pays en Europe ont perdus leur identité d’origine. Ils n’ont aucun lien avec leur pays d’origine, qu’ils n’ont même jamais visité pour la plupart. Pour Junior Zogo, ancien Commissaire de police et vivant en exil,

Cette vidéo est faite pour narguer les Africains. Pourquoi ne pouvaient-ils pas mettre des sonorités françaises pour montrer leur amour pour la France qu’ils ont choisi de servir ? Des hypocrites qui croient aimer l’Afrique. Je vois leur sale jeu. Et ce n’est pas drôle du tout.

5. « Les petits complexés »

Cette vidéo témoigne-t-elle d’un amour débordant des Bleus noirs pour l’Afrique ? En tous les cas, le journaliste Xavier Messe estime que les sportifs qui vivent dans un confort douillet ont un devoir de solidarité envers un pays qui a besoin des talents de tous ses fils. Malgré la liberté qu’ils ont de choisir le pays qu’ils vont servir, le simple refus de servir son pays d’origine est considéré comme un complexe, une frustration. Le journaliste camerounais qualifie ce type de joueurs, parlant du jeune Kylian Mbappe, de « petits complexées » :

Les gens sont libres de faire leur choix, nous devons les respecter. Parallèlement à son refus d’être Camerounais, des millions d’autres humains sont très fiers d’être Camerounais. Ceux qui renient leurs origines pour des cieux bien bleus ne sont rien d’autres que de petits complexés dont nous pouvons nous passer allègrement. Mbappé en fait partie malheureusement.

Jacques Homssi, opérateur économique vivant à Douala, va même plus loin. Pour lui, la sortie des équipes africaines dès le premier tour de cette Coupe du monde 2018 doit les être imputée. Cette défaite collective prouve que l’Afrique perd ses talents au profit des pays riches.

6. « L’Afrique tue les talents »

Ici, les critiques sont plutôt dirigées vers ceux qui osent condamner les fils d’immigrés en les vouant aux gémonies. Pour eux, les talents ne peuvent évoluer que dans un milieu adapté aux meilleurs conditions de travail. Les résultats en dépendent. La plupart de joueurs, fils d’immigrés, qui évoluent en Europe travaillent dans un environnement qui répond aux normes de qualité. Ce qui n’est pas le cas des pays africains. Hamed Moukaïla, un fonctionnaire du ministère du sport et de l’éducation physique, avoue que :

La plupart des infrastructures dédiées à la formation des jeunes pour qu’ils expriment leurs talents sont dans un état vétuste si elles existent. La gestion financière des activités sportives manque toujours de rigueur. Si nous ne faisons rien pour eux ici, comment allons-nous les retenir ? Nous ne savons pas gérer les génies. En Afrique, on tue les talents.

Le reproche fait aux joueurs noirs en équipe de France est celui de refuser de venir sortir leur pays de l’ornière.

7. L’humanitaire pour se racheter ?

Alexis Ngos, informaticien, estime que « curieusement, ces joueurs ont tendance à venir en Afrique jouer au Père Noël. L’humanitaire n’est pas une preuve d’amour pour l’Afrique ». Cette tendance à faire de l’humanitaire en Afrique est bel et bien une preuve que les immigrés reconnaissent la nécessité de rendre service aux siens. Mais, est-ce suffisant pour leur donner un chèque en blanc ? Même les Blancs viennent faire de l’humanité en Afrique.

Revenir jouer en Afrique dans l’équipe nationale de son pays d’origine, c’est se surpasser. Beaucoup ne voulant pas faire cet effort, se rachète donc en faisant de l’humanitaire.

8. Les Français sont-ils reconnaissants ?

D’autres opinions se préoccupent plutôt du sort réservé à ces joueurs par la France et les Français. Pour elles, les immigrés ou fils d’immigrés ne doivent pas seulement se contenter de gros salaire. Ils doivent imposer le respect et la dignité qu’ils méritent pour service bien rendu. Pour Bernard Lakouzi, Banquier Canadien d’origine camerounaise,

Dans la gloire, les Français blancs sont prêts à embrasser les immigrés. La preuve, il n’y a qu’à observer leurs réactions à la moindre défaite des Bleus. Cette défaite, ils l’attribueront aux Noirs, aux Nègres. La France ne veut pas d’immigrés qui ne leur servent à rien.

Pour ce banquier, cette vidéo montrant la joie des joueurs noirs n’est que la face cachée de l’iceberg. Au fond, sont-ils satisfaits de ce que les Français pensent d’eux ? Emilie Payong, commerçante à Yaoundé et fan de foot, soutient aussi cette opinion et évoque le cas des médias français pour justifier son assertion :

Il n’y a qu’à suivre les médias français qui se gargarisent de la victoire des sportifs immigrés ou fils d’immigrés. Ils ont l’habitude de crier dans nos oreilles : « Les Français sont champions du monde ! ». En cas de défaite, ces mêmes médias les vouent aux gémonies avec des clichés négatifs : « Ces joueurs d’origine africaines… » et bla bla… Bref, ce ne sont plus des « Français », ce sont des « immigrés d’origine… ». D’ailleurs, si ça ne dépendait que de moi, je souhaite que la France n’aille pas loin dans cette coupe du monde au risque de nous polluer avec des louanges à n’en plus finir par ces médias.

9. La France, au-delà des préjugés

Pour conclure, le journaliste Serge Bile nous amène à considérer cette vidéo comme une sorte de révolution dans la mentalité des Bleus. Ils ont pris l’initiative d’oser et de faire tomber les tabous au sein de l’équipe de France. L’enseignement à tirer ici c’est qu’il ne faut pas avoir peur d’assumer son destin quoi qu’on dise. Les Bleus noirs ont oser briser les barrières. Ils ont ouvert une autre page d’histoire du football français  et c’est tant mieux :

En fait, ces joueurs nous ont montré qu’il n’y a pas qu’une façon de faire bouger les lignes dans ce pays, celle qui consisterait uniquement à espérer et attendre nerveusement que les mentalités changent. Non !! Ces jeunes nous ont rappelé qu’on peut aussi ouvrir une fenêtre dans la tête de l’autre, dès lors qu’on n’a ni peur ni honte d’assumer d’où l’on vient et ce qu’on est, en conquérant sa part avec ses contreparties, un peu comme le musicien qui apporte sa petite touche, sa petite note personnelle, au jeu et à la musique finale de l’orchestre.

Pour le reste, les commentaires ne valent que ce qu’ils sont.

Peut-on se limiter à la vidéo pour juger ?

Le sentiment anti-français peut largement expliquer ces jugements hâtifs. Ce sentiment suffit pour se rendre compte que les Africains n’ont pas encore digéré ce paternalisme qu’ils imputent à la France dans la gestion de leur pays. L’ostracisme des Africains (certains) est observé chez tous ceux qu’ils jugent comme un suppôts de la France. Du coup, les Bleus noirs se retrouvent entrain de subir des griefs pour le simple fait de servir le « colon ».

Peut-on alors se limiter aux clichés pour émettre un jugement sérieux ? Peut-on se limiter à une vidéo éphémère de quelques petites secondes et livrer les immigrés à la vindicte populaire ? Tout avis sur une communauté ou un individu ne peut avoir du sens que s’il est fondé sur des preuves matériel et concrètes et non sur des morceaux ou des bribes de vie. Autrement dit, les préjugés ne se nourrissent que des rumeurs. Il faut donc faire attention au préjugé. Il est plus émotif que rationnel.

Voici un bonus vidéo de la fiesta.

Allez les Bleus !


Coupe du monde 2018 : l’Argentine se qualifie in-extremis face au Nigeria

Quand une équipe fait bloc autour de son entraîneur surtout contre la presse, elle donne des signes de solidité et santé malgré les résultats. Quand dans une équipe, un leader se lève et prend sur lui de la protéger contre la contestation, respect lui est dû parce que le message qui passe préserve unité et force mentale. Avec l’Argentine, rien de tout ça n’était encore arrivé et le Nigeria  en a profité un moment…

C’est l’hymne du Nigeria « et les compatriotes émergent » qui retentit en premier. Dans les tribunes se trouve le légendaire Kanu qui sait comment battre l’argentine. Tout de suite immortels comme dit leur hymne, chant à la liberté, c’est leur ambition après l’effondrement et la prétendue révolution des vestiaires sur laquelle le président de la fédération a jeté de l’eau pour éteindre le feu alimenté depuis BUENOS AIRES. Ce match promet beaucoup et sera décisif.

Une première mi-temps de Messi

Si du côté du Nigéria  Idowu se sent à l’aise, puisque étant à St Petersburg, où il est né, puis naturalisé Nigérian, l’Argentine , par contre, crée son aise en alignant Banega comme vrai animateur de l’entre jeu. De Messi, on attend surtout des buts pour ressusciter les espoirs. À côté de lui, un attaquant vrai, Higuain ! Mais à la 6ième ce sont Etebo et Ndidi les premiers à inquiéter La défense adverse qui réagit un peu rudement mais l’arbitre Chakir sait se faire respecter.

Renversement de front et Moses prouve sur Tagliafico (il a aussi un passeport italien) que même les joueurs avancés rentrent aider. Mascherano aussi rentre aider les siens et c’est lui qui sauve in extremis à la 14ième. Obi Mickel le Capitaine Nigérian pensait certainement à son Épouse Russe quand Messi s’échappe à la 17ième minute pour un but qui le restitue au Panthéon des Dieux du Football pour la joie folle de l’autre Dieu, Maradona, déchaîné dans les tribunes. C’est le quatrième but de Messi en coupe du Monde trois jusqu’ici devant le Nigeria . Par eux il a arrêté son compteur au dernier mondial, avec eux il le rouvre ici. On n’entend que le public argentin chanter dans tout le stade mais le match est encore long.

Les Supers Eagles gèrent le match après le but de Messi

Le coach Allemand Gernot Rohr compagnon de Bell Joseph Antoine à Bordeaux donne de la Voix, Le Nigeria  monte en pressing mais laisse toujours des espaces entre les lignes. Le Ballon filtre et le jeune gardien de 19 and Uzoho issu de la pépinière du Qatar pour arriver en force à la Corogne en Espagne  fait un miracle à la 29ième sur Higuain qui l’accroche au passage mais l’arbitre a tout vu. L’autre faute survient à la 32ième quand Balogun envoie au sol Di Maria lancé vers le but mais pas clairement. La lecture de l’arbitre est bonne: Coup Franc mais carton jaune. Seulement.

Le gardien se fait valoir. Il est dans le match. Le tir de Messi est dévié du tout bout des ongles et va lécher le poteau. Higuain, Messi et Di Maria soûlent La Défense Nigériane à la 38ième mais c’est sans compter avec la grande présence physique des Super Aigles. Ajouté à cela, c’est avec l’athlétisme que Musa va agresser à la 40ième Otamendi qui complique la vie à son Gardien Armani mais sur la remise en touche, Etebo gâche tout d’un tire dont l’histoire humaine se passera aisément…

Mascherano subit la puissance physique de Hyanacho et reste à terre… Touche pour des soins, tout de suite restituée aux nigérians qui restent haut et les argentins cherchent à respirer de touche en touche. Iheanacho resté à terre ne fait pas de théâtre. Il a bel et bien reçu un coup de genou en pleine figure. 2 minutes d’arrêts de jeu nous séparent de la pause. Mercado est juste chanceux sur la faute qu’il commet. Le choix d’un arbitre rigoureux comme Chakir d’économiser le carton jaune est discutable.

Les 45 dernières minutes nous diront…

Le réveil des Nigérians qui les Argentins à genou

On reprend avec Igalo sur le terrain. Après Udinese et Cesena en Italie  il est parti pour la Chine, un contrat de 23 millions d’Euros dans la poche. Le manque de sérénité de l’Argentine  n’échappe pas au Nigeria et devant les nigérians venus à la réception du corner frappé par Etebo, l’arbitre sévère punit Mascherano d’un penalty accompagné d’un carton jaune pour avoir tenté de violer Balogun. On ne force pas son adversaire pour danser un slow. Le même arbitre lors de la finale de Champions League 2015 ignora un Penalty similaire à la Juventus face au FC BARCELONE.

Victor Moses, froid, sûr, lucide NE RATE PAS ! 1-1 et les chances de qualifications sont du côté des NAIJA à la 50ième, surtout qu’après le poteau, de l’autre côté, la Croatie  mène 1-0 sur l’Islande  et ça redevient intéressant pour l’albiceleste mais pas pour sa défense qui se réfugie en corner sur incursion d’Igalo.

Les Nigérians martèlent maintenant au milieu de terrain et la tactique de la fausse timidité pour tout donner en deuxième mi-temps prend pied. Côté argentin, seuls les supporters chantent et Tagliafico confirme la souffrance devant Igalo qu’il abat. L’argentine  veut mettre le dossier sur le plan physique mais c’est comme inviter les puissants enfants de Nollywood à leur propre mariage… 🎊 🎈 🎉

San Pauli sort le grand jeu par un remplacement

Les sud-américains n’ont pas beaucoup d’alternatives et Messi doit inventer mais c’est Igalo qui joue les phénomènes et sème la panique devant les buts de Armani. C’est le coach San Pauli qui invente : dedans Pavòn et dehors Eteves. Pavòn fait tout de suite voir sa course mais Balogun le rattrape. Argentine  est en dispositif nettement offensif.

L’arbitre Chakir fait signe au gardien nigérian Uzoho qu’il ne tolèrera aucune perte de temps. Moses se transforme en défenseur quand Omeruo fait une faute sur Messi et sur la relance c’est Banega qui écope d’un carton jaune pour faute sur Ndidi.

Le Nigéria  se bat pour maintenir le score ou gagner, l’Argentine  souffre.

Ça insiste du côté de Pavòn mais les « HOGA » (nom populaire camerounais donné aux Nigérians installés au Cameroun) ont tout compris et jouent serré comme les fesses. Chacun participe comme il peut pour la possible qualification. Le capitaine Obi Mikel fait le ménage à la 70ième, Musa éblouit en dribble et sert l’accouant NdiNdi qui tire au dessus du décor. Au moment où on entend que l’Islande  a égalisé, Musa combine bien pour servir Igalo en face du gardien et son tir passe à la droite du dernier danseur de Tango qui prie. Pas assez pour éviter un nouveau soupçon de penalty… Le ballon a été dévié du bras. La salle d’assistance vidéo demande à l’arbitre de venir voir le replay et prendre ses responsabilités… Il établit qu’il n’y a pas penalty.

Meza est entré à la place de Di Maria, méconnaissable à la deuxième mi-temps. Sur une mauvaise passe interceptée de Meza à la 78ième, on ne comprend pas pourquoi l’arbitre ne sanctionne pas Mascherano qui commet une faute nette. Le ballon roule et Messi parmi 5 dans la surface fait juste frémir sans plus. Plus de clameur obtient l’occasion nette que Higuain envoie dans les nuages la minute d’après. Mascherano saigne, personne ne s’en aperçoit pourtant le règlement dit qu’il doit prendre l’initiative de sortir se soigner.

Les argentins pressent, commettant aussi beaucoup de fautes… « Je récupérerai tout ce temps » dit l’arbitre. Le gardien Armani reste froid et debout devant Igalo qui passe de très peu à côté d’un but déjà fait. Faute et sur le coup franc, Etebo fait rêver LAGOS… NON 🙅 PETIT FILET! 😳🙀

Rojo sort le grand jeu et délivre l’Argentine

Sur la relance, les Argentins réclament pour une possible fourberie de Moses coupable selon eux d’avoir fauché Di Maria en position avantageuse pour un but. Ni l’arbitre, ni son juge ne se laissent perturber et le ‘Silent Check’ leur donne raison. Tant pis, sur le centre qui revient de la droite, Rojo le défenseur gaucher croise du pied droit et punit le Nigeria . Messi explose de joie, Maradona dans les tribunes perd la tête avec un geste indécent.

Le Nigeria ne s’emporte pas et c’est bien. Pour une minute, l’Argentine doit tenir le résultat puisque la Croatie vient de lui faire la faveur de passer à l’avantage devant l’Islande 

Carton jaune rétroactif pour une faute de Obi Mikel sur Higuain. Musa sort pour Nwankwo. Encore deux minutes d’espoir pour les verts…

Messi prend un carton pour avoir perdu du temps et le Nigeria  repart. Peine perdu le gardien est bien placé. La sentence tant attendue est arrivée SANS APPEL et c’est le jour des résultats qu’on voit les larmes 😢 couler. Inutile de vous dire combien c’est ennuyeux d’avoir dans les oreilles l’habituelle rhétorique des commentateurs européens sur la naïveté, l’ingénuité et le manque de sens tactique des éternels Bébés Africains…

Vous savez que dans ces cas ma réponse ne se fait pas attendre et c’est… à suivre.

NIGÉRIA  1-2 ARGENTINE 

Mougoue Mathias Lionking


La solution à la crise anglophone au Cameroun n’est pas humanitaire, mais politique

C’est de notoriété publique : les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest Cameroun sont en proie à un conflit armé sans précédent et il faut une assistance humanitaire d’urgence. Si le Gouvernement a mis tant de temps à le reconnaître, c’est parce que l’expression « assistance humanitaire », même quand il s’agit d’une catastrophe naturelle, démontre l’incapacité des dirigeants à bien gouverner. Car bien gouverner c’est prévoir et anticiper.

 

L’enjeu principal dans ce genre de situation, est le prestige de l’État. Finalement le Cameroun va se faire assister par des agences Onusiennes (UNHCR, UNICEF, PAM…) ou des Organisations Internationales Non Gouvernementales et humanitaires (Catholic Relief Service, MSF, CARE, OCHA, OXFAM…) pour un problème dont l’existence a toujours été niée et occultée avec frénésie, par le Régime incendiaire de Yaoundé ; et à grand renfort médiatique. Cela explique donc sa tardive prise de conscience, après l’échec de ses méthodes contre-productives. Et pour sauver sa face, les séparatistes sont le bouc-émissaire idéal.

Comme le nez au milieu de la figure, la vérité est implacable, même si le Gouvernement essaie de la travestir ; les faits sont sacrés. La genèse de ce conflit est connue de tous. Son fond de toile est la violation flagrante des libertés individuelles par une minorité de jouisseurs, là où l’honnêteté et le dialogue devaient primer. Leurs mensonges et leurs crimes les rattrapent. En temps opportun, chacun d’eux rendra compte. Tout est archivé.

Le déni gouvernemental à propos de la crise anglophone (devenue une guerre civile) tous azimuts avait pour objectif, la cynique manipulation de l’opinion nationale et internationale, afin de réprimer violemment sous-silence tout dissident Anglophone. Espérant ainsi intimider les manifestants pacifiques et/ou les éliminer comme à l’accoutumée avec l’aide des tueurs légaux (agents secrets, BIR principalement). Légitimés dans cette macabre entreprise, non par la morale ou le Droit, mais par le sceau de l’impunité, de leur parodie de « justice » et de leur loi viciée sur le terrorisme. Mais c’était sans compter sur la détermination des Anglophones, le vrai patriotisme d’une minorité de Francophones, et les Réseaux Sociaux.

Leur funeste stratégie aboutira par exemple au discrédit de l’armée, qui par effet pervers, perd chaque jour sa crédibilité auprès du Peuple. Mais aussi, la volte-face des pourfendeurs des justes revendications anglophones, devenus subitement des fundraiser du « Plan d’assistance humanitaire d’urgence dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest ». Quelle scélératesse !

Ces pompiers-pyromanes promettaient une « dératisation » en seulement deux semaines. Ce sont eux les vrais responsables de cette escalade de la violence. Que fait l’Union Africaine ? que dit-elle ? Qu’attend KAGAME (son actuel président, qui connait très bien les causes et les conséquences négatives d’un génocide) pour réagir ? Où sont les Panafricanistes pour destituer par la force s’il le faut (puisque c’est le seul langage que comprend) le vieux dictateur Suisse ? Miséricorde nous périssons ! À l’aide ! Au secours !

Je me souviens qu’au bahut, des enseignants d’éducation civique n’avaient de cesse de nous marteler avec leur prévention contre la délinquance juvénile. Personne pour mettre les citoyens en garde, contre les dangers de la délinquance sénile. Parce que cette dernière est bien plus grave que la première.

Lors des premières revendications des Anglophones, la solution était pourtant toute simple : le respect des Droits fondamentaux. Hélas, l’orgueil et le nombrilisme de la gérontocratie ont jeté le feu aux poudres et continuent d’alimenter les flammes, au propre comme au figuré. Si seulement le prix à payer de l’incurie des dirigeants n’était qu’économique et matériel. C’est la jeunesse qui paie cependant, le plus lourd tribut de cette délinquance sénile. Il nous faudra au moins deux bonnes décennies pour panser les blessures de cette sale guerre.

La solution n’est pas ce plan d’assistance, ni aucun autre. Mobilisez 50, 100 milliards, voire plus, cela n’apportera pas la paix durable en zone anglophone. Une bonne partie de ces fonds sera encore détournée ; une autre servira à l’achat des armes et des munitions des sbires ; une autre pour les campagnes électorales en cours du parti-état ; le reste pour manipuler l’opinion en apportant quelques colis à une poignée de rescapés. Ensuite les médias nationaux corrompus entretiendront l’illusion de la sortie de crise et la pacification de la zone anglophone.

Ces phrases d’AKONGA ESSOMBA tracent bien les grandes lignes du véritable travail à entreprendre, pour donner une chance à la paix et à la réconciliation : « Le vrai pouvoir ignore la violence. Le vrai pouvoir construit la paix. Le vrai pouvoir promeut le développement de l’homme entier ». La solution est donc institutionnelle et politique ; non militaire ou humanitaire.

La réponse efficace qu’exige ce contexte, est la chute du papy-tyran, ainsi que la disgrâce de tous ses amis et l’abolition de tout ce qu’ils représentent : népotisme, favoritisme, corruption, injustice, détournement de deniers publics, tribalisme, occultisme etc. Des va-t-en-guerre notoires qui essayent de soulager le poids de leurs crimes par une duperie nauséabonde : voilà le vrai rôle de ce plan d’assistance humanitaire.

Les réfugiés Anglophones au Nigéria ont raison de protester contre cette assistance qui pue l’odeur des milliers de cadavres de leurs familles décimées par les sbires. À titre de rappel, leurs exodes et migrations ont vraiment commencé, après la centaine de manifestants tués le 1er octobre 2017. Votre plan d’assistance qui impute ce chaos aux séparatistes, est une insulte officielle et implicite à l’endroit de leurs morts et de la Nation entière. Tant dis qu’il tente très maladroitement, d’acheter la conscience des victimes civiles Anglophones.

Vous ne manquez pas de toupet d’accuser les séparatistes qui se défendent et protègent les leurs, de pratiquer des « exactions contre la population » et de porter « atteintes aux activités économiques ». Des images montrent pourtant des sbires en tain d’incendier des maisons, posant fièrement devant leurs forfaits. Sur d’autres images, les mêmes sbires volent le bétail et les récoltes non sans détruire les champs des « terroristes ». Les humiliations et viols collectifs et individuels qu’ont subis les filles Anglophones par vos « membres des Forces de Défense et de Sécurité », était-ce donc une stratégie pour vos « campagnes de sensibilisation contre les violences basées sur le genre (VBG) » ?

Tous les soldats qui tombent dans ces deux régions ne meurent pas pour la patrie. Ils sont sacrifiés par les kleptomanes sur l’autel de la soif du pouvoir. Chevrot dit si justement à cet effet que : « La pire rançon du pouvoir est la faculté d’en abuser ». La radicalisation des Anglophones est due au fait qu’ils n’en pouvaient plus d’être asservis. Alors ils résistent et résisteront toujours : c’est le propre de toute minorité qui refuse de se laisser phagocyter. Ces séparatistes ou « terroristes », étaient des manifestants pacifiques principalement issus de la classe prolétaire, qui réclamaient le droit à une vie digne.

Lorsque grâce aux Anglophones nous obtiendrons le Fédéralisme et nous l’aurons, tout comme grâce à eux nous avons déjà obtenu une pâle démocratie et le multipartisme, les mêmes « con-patriotes » ou leurs progénitures s’attribueront tout le mérite de leur sacrifice. Le moment vient au grand galop où chacun de nous devra répondre en son âme et conscience à cette fatidique question : quand le roi-fainéant et ses princes massacraient les Anglophones, pourquoi ne t’es-tu pas opposé ?

Nyëbë Edoa