Yves Tchakounte

La solution à la crise anglophone au Cameroun n’est pas humanitaire, mais politique

C’est de notoriété publique : les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest Cameroun sont en proie à un conflit armé sans précédent et il faut une assistance humanitaire d’urgence. Si le Gouvernement a mis tant de temps à le reconnaître, c’est parce que l’expression « assistance humanitaire », même quand il s’agit d’une catastrophe naturelle, démontre l’incapacité des dirigeants à bien gouverner. Car bien gouverner c’est prévoir et anticiper.

 

L’enjeu principal dans ce genre de situation, est le prestige de l’État. Finalement le Cameroun va se faire assister par des agences Onusiennes (UNHCR, UNICEF, PAM…) ou des Organisations Internationales Non Gouvernementales et humanitaires (Catholic Relief Service, MSF, CARE, OCHA, OXFAM…) pour un problème dont l’existence a toujours été niée et occultée avec frénésie, par le Régime incendiaire de Yaoundé ; et à grand renfort médiatique. Cela explique donc sa tardive prise de conscience, après l’échec de ses méthodes contre-productives. Et pour sauver sa face, les séparatistes sont le bouc-émissaire idéal.

Comme le nez au milieu de la figure, la vérité est implacable, même si le Gouvernement essaie de la travestir ; les faits sont sacrés. La genèse de ce conflit est connue de tous. Son fond de toile est la violation flagrante des libertés individuelles par une minorité de jouisseurs, là où l’honnêteté et le dialogue devaient primer. Leurs mensonges et leurs crimes les rattrapent. En temps opportun, chacun d’eux rendra compte. Tout est archivé.

Le déni gouvernemental à propos de la crise anglophone (devenue une guerre civile) tous azimuts avait pour objectif, la cynique manipulation de l’opinion nationale et internationale, afin de réprimer violemment sous-silence tout dissident Anglophone. Espérant ainsi intimider les manifestants pacifiques et/ou les éliminer comme à l’accoutumée avec l’aide des tueurs légaux (agents secrets, BIR principalement). Légitimés dans cette macabre entreprise, non par la morale ou le Droit, mais par le sceau de l’impunité, de leur parodie de « justice » et de leur loi viciée sur le terrorisme. Mais c’était sans compter sur la détermination des Anglophones, le vrai patriotisme d’une minorité de Francophones, et les Réseaux Sociaux.

Leur funeste stratégie aboutira par exemple au discrédit de l’armée, qui par effet pervers, perd chaque jour sa crédibilité auprès du Peuple. Mais aussi, la volte-face des pourfendeurs des justes revendications anglophones, devenus subitement des fundraiser du « Plan d’assistance humanitaire d’urgence dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest ». Quelle scélératesse !

Ces pompiers-pyromanes promettaient une « dératisation » en seulement deux semaines. Ce sont eux les vrais responsables de cette escalade de la violence. Que fait l’Union Africaine ? que dit-elle ? Qu’attend KAGAME (son actuel président, qui connait très bien les causes et les conséquences négatives d’un génocide) pour réagir ? Où sont les Panafricanistes pour destituer par la force s’il le faut (puisque c’est le seul langage que comprend) le vieux dictateur Suisse ? Miséricorde nous périssons ! À l’aide ! Au secours !

Je me souviens qu’au bahut, des enseignants d’éducation civique n’avaient de cesse de nous marteler avec leur prévention contre la délinquance juvénile. Personne pour mettre les citoyens en garde, contre les dangers de la délinquance sénile. Parce que cette dernière est bien plus grave que la première.

Lors des premières revendications des Anglophones, la solution était pourtant toute simple : le respect des Droits fondamentaux. Hélas, l’orgueil et le nombrilisme de la gérontocratie ont jeté le feu aux poudres et continuent d’alimenter les flammes, au propre comme au figuré. Si seulement le prix à payer de l’incurie des dirigeants n’était qu’économique et matériel. C’est la jeunesse qui paie cependant, le plus lourd tribut de cette délinquance sénile. Il nous faudra au moins deux bonnes décennies pour panser les blessures de cette sale guerre.

La solution n’est pas ce plan d’assistance, ni aucun autre. Mobilisez 50, 100 milliards, voire plus, cela n’apportera pas la paix durable en zone anglophone. Une bonne partie de ces fonds sera encore détournée ; une autre servira à l’achat des armes et des munitions des sbires ; une autre pour les campagnes électorales en cours du parti-état ; le reste pour manipuler l’opinion en apportant quelques colis à une poignée de rescapés. Ensuite les médias nationaux corrompus entretiendront l’illusion de la sortie de crise et la pacification de la zone anglophone.

Ces phrases d’AKONGA ESSOMBA tracent bien les grandes lignes du véritable travail à entreprendre, pour donner une chance à la paix et à la réconciliation : « Le vrai pouvoir ignore la violence. Le vrai pouvoir construit la paix. Le vrai pouvoir promeut le développement de l’homme entier ». La solution est donc institutionnelle et politique ; non militaire ou humanitaire.

La réponse efficace qu’exige ce contexte, est la chute du papy-tyran, ainsi que la disgrâce de tous ses amis et l’abolition de tout ce qu’ils représentent : népotisme, favoritisme, corruption, injustice, détournement de deniers publics, tribalisme, occultisme etc. Des va-t-en-guerre notoires qui essayent de soulager le poids de leurs crimes par une duperie nauséabonde : voilà le vrai rôle de ce plan d’assistance humanitaire.

Les réfugiés Anglophones au Nigéria ont raison de protester contre cette assistance qui pue l’odeur des milliers de cadavres de leurs familles décimées par les sbires. À titre de rappel, leurs exodes et migrations ont vraiment commencé, après la centaine de manifestants tués le 1er octobre 2017. Votre plan d’assistance qui impute ce chaos aux séparatistes, est une insulte officielle et implicite à l’endroit de leurs morts et de la Nation entière. Tant dis qu’il tente très maladroitement, d’acheter la conscience des victimes civiles Anglophones.

Vous ne manquez pas de toupet d’accuser les séparatistes qui se défendent et protègent les leurs, de pratiquer des « exactions contre la population » et de porter « atteintes aux activités économiques ». Des images montrent pourtant des sbires en tain d’incendier des maisons, posant fièrement devant leurs forfaits. Sur d’autres images, les mêmes sbires volent le bétail et les récoltes non sans détruire les champs des « terroristes ». Les humiliations et viols collectifs et individuels qu’ont subis les filles Anglophones par vos « membres des Forces de Défense et de Sécurité », était-ce donc une stratégie pour vos « campagnes de sensibilisation contre les violences basées sur le genre (VBG) » ?

Tous les soldats qui tombent dans ces deux régions ne meurent pas pour la patrie. Ils sont sacrifiés par les kleptomanes sur l’autel de la soif du pouvoir. Chevrot dit si justement à cet effet que : « La pire rançon du pouvoir est la faculté d’en abuser ». La radicalisation des Anglophones est due au fait qu’ils n’en pouvaient plus d’être asservis. Alors ils résistent et résisteront toujours : c’est le propre de toute minorité qui refuse de se laisser phagocyter. Ces séparatistes ou « terroristes », étaient des manifestants pacifiques principalement issus de la classe prolétaire, qui réclamaient le droit à une vie digne.

Lorsque grâce aux Anglophones nous obtiendrons le Fédéralisme et nous l’aurons, tout comme grâce à eux nous avons déjà obtenu une pâle démocratie et le multipartisme, les mêmes « con-patriotes » ou leurs progénitures s’attribueront tout le mérite de leur sacrifice. Le moment vient au grand galop où chacun de nous devra répondre en son âme et conscience à cette fatidique question : quand le roi-fainéant et ses princes massacraient les Anglophones, pourquoi ne t’es-tu pas opposé ?

Nyëbë Edoa


Mondial 2018 : le réveil du Nigeria, pas trop tard

D’ordinaire quand les européens disent d’une outsider qu’elle est une équipe sympathique c’est qu’on s’attend à ce qu’elle n’aille pas loin mais fasse divertir… Aujourd’hui, entre le Nigeria  et l’Islande , ne sachant qui choisir, on évite d’appeler ces derniers sympathiques pour faire comprendre qu’on attend du concret des nigérians qu’on juge extravagants dans leur tenue… En termes euro football business ça signifie simplement qu’on leur souhaite bonheur rien qu’en cette rencontre pour que l’argentine  ait encore beaucoup de chances contre eux en dernier match de poule…

Une première mi-temps terne pour le Nigeria

L’arbitre Conger de Nouvelle Zélande est à son début en cette Coupe du Monde. À la deuxième minute, le gardien des aigles verts, Francis Uzoho (Du Deportivo La Coruna), a déjà chauffé ses gants sur un coup franc de Sigurson qu’il envoie en corner. Pour un gardien c’est mieux parce qu’il entre dans le match surtout si au début du championnat il était prévu que le titulaire fût Ikechukwu Ezenwa (du Club nigérian Enyimba). Mais l’Islande ne veut pas attendre… Elle revient souvent en attaque en recourant à la récupération au milieu de terrain. Le gardien nigérian aura du boulot apparemment. Moses, aile droite du Chelsea, obtient un corner à la sixième minute mais juste de quoi permette aux adversaires de vérifier leurs mécanismes défensifs. Les deux équipes risquent beaucoup et il ne faut pas s’attendre à un match d’intensité ou de haut niveau technique.

Le coach allemand du Nigeria  Gernot Rohr, ex de Niger  et Gabon , donne souvent des indications tactiques aux siens. C’est sur ses conseils que Moses récupère une balle en défense pour lancer Iheanacho vers un centre que Musa, à la réception, gaspille. Il est titulaire aujourd’hui et n’a pas encore pris ses marques. Il se fait de nouveau trouver distrait sur une incursion verticale de Moses à la 18ième.

Regarder Ekong et Omeruo dialoguer avec des courtes passes en défense sans trop se faire préoccuper par Sigurðsson confirme la lenteur du match. Moses risque gros à la 20ième quand un tir dirigé vers les buts se fracasse sur son abdomen pas loin des bras qui auraient pu causer un penalty. Il reste à terre un moment. Par la suite, son gardien loufoque mais efficace dans ses sorties comme en club à la Corogne en Espagne  lui frappe le ballon sur la tête : corner.

ETEBO tente de faire monter l’équipe mais les islandais n’aiment pas qu’on approche leur défense. Eyjolfsson vole un ballon à Balogun à la 30ième et celui-ci a besoin de la collaboration de Ekong pour éloigner le danger. Les Rapaces n’ont pas compris que les balles hautes et longues sont les proies faciles pour les centraux islandais.Première mi-temps terne à Volgograd où le Nigeria  cherche sa première victoire en 3 matchs depuis 2014 au Brésil .

Odemwinge avait permis de battre la Bosnie le 21 juin 1914 avant que l’équipe ne capitule devant la France  en huitièmes de finale. Balogun doit de justesse éviter qu’une balle aérienne ne favorise Bjarnuson et surprenne son gardien. Sævarsson met en touche à la 38ième, et curieusement, c’est Musa l’avant-centre du CSK MOSCOU qui fait la remise. Justement, personne pour inquiéter le gardien Hannes Thor Halldorsson…

À la 40ième Bjarnusson ne profite pas assez d’une bévue nigériane dans la surface. Sur sa passe, Sigurjónsson ne réussi pas à s’y prendre. Musa qui ne marque pas au mondial depuis Argentine  3-2 Nigeria  en 2014 accumule des fautes en attaques tandis que même sur les gradins des spectateurs sont surpris  et s’impatientent. Le match est soporifique et c’est le moment que Udowu jusqu’ici très en ombre choisit pour prendre le premier carton jaune. Sur le coup franc venimeux de Sigmundson, Finnbogason ne trouve pas la microseconde du tap-in. Ce 0-0 ne servant vraiment à personne, on s’attend à un match différent en seconde période.

Le doublé d’Ahmed Musa à la 2ème mi-temps

C’est l’Islande  qui recommence avec une balle centrale haute et le Nigeria , à la récupération, affiche son dynamisme avec une chevauchée de Etebo qui arrive fatigué au moment du tir plus de 65 mètres quand-même hein . Ebouhei, Hollandais comme Ekong, a remplacé Idowu mais possède les mêmes caractéristiques.

On attend encore qu’une équipe rompe la monotonie. Moses met le turbo à droite à la 48ième et trouvant les nordiques découverts, il veut la mettre au deuxième poteau pour Etebo, mais Musa fait montre d’excellentes capacités techniques. Il intercepte en course le cuir en demie volée du droit puis perfore les filets du même pied. Très beau but. Son troisième dans une coupe du monde et des Nigérianes lui envoient par vagues des demandes de mariage. L’Argentine , le prochain adversaire, se frotte les mains tandis que Ragnar Sigmundson est au sol. L’attaquant Nigerian lui assène un coup de genou au moment de courir jubiler pour son but.

Le numéro 6 de l’Islande  a désormais un bandage sur la tête et doit changer son maillot tout en Sang. Les arrêts de jeu seront très longs à la fin du match. Les super Eagles jouent maintenant fluide et lucides. Le tir de Ndidi à la 57ième a besoin de toute l’élasticité du gardien Halldórsson pour être passé en corner au dessus de la barre. Tandis que la clap dance des fans islandais commence dans les tribunes, sur le terrain les latéraux et La défense centrale du Nigeria sont de plus en plus sollicités.

Un tacle ingénu de Ndidi offre une chance à l’Islande à travers le mannequin Gíslason qui joue en D2 de Bundesliga en Allemagne pour 2500 euros par mois. Ragnar Sigurdsson n’a pas tenu longtemps avec le crâne bandé. Il sort à la 64ième pour permettre à Ingason né en 1993 de faire son 21ième ticket en sélection. C’est les ouest-Africains  qui se battent jusqu’ici tant mieux que mal. Les pôle-Nordistes n’ont pas changé leur attitude. Et le coach Hallgrímsson pense sûrement à faire entrer Böðvarsson comme il l’a fait contre l’Argentine.

Seul Sigurson a un pas différent par rapport aux siens, mais son tir va chercher les nuages à la 68ième. Le capitaine Obi Mickel, très expérimenté, sait comment gérer le temps qui passe. Moses reprend de l’espace à la 70ième mais n’arrive pas à servir Musa. Le corner de Iheanacho qui suit offre à Balogun une occasion de faire comprendre que le match a changé. 3 minutes plus tard, Etebo reçoit de la semelle sur la gauche, offre l’occasion du doublé à Musa mais la transversale renvoie un ballon que l’attaquant va rechercher une minute plus tard. Il rentre dans la surface en vitesse, fait une circumnavigation de La défense, fait affaisser le gardien par le dernier dribble et le voilà meilleur buteur de l’histoire du mondial des Géants d’Afrique.

La confiance reprend chez les Nigerians

2-0, deux buts pour lui comme contre l’Argentine  il y a 4 ans. Musa a attendu cette occasion depuis le début, pour faire voir son action préférée, vitesse, dribble, but en finesse. C’est lui l’auteur des 3 derniers buts du Nigeria en phase finale de la coupe du monde. Les défenseurs blonds pêchent en fondamentaux. Les coachs ne recommandent pas de gagner la ligne de fond quand le gardien est dribblé, mais de chercher à agresser le porteur de balle.

Les islandais frustrés multiplient les fautes inutiles en attaque. Emeruo sauve trop tard une action anodine quand l’arbitre Vidéo (VAR) a déjà rappelé le central pour un tackle de Ebouhei : penalty ! À ce moment, je signale à ma rédaction que je serre les fesses pour que le tireur loupe son tir et le sort que je jette a payé . Le Nigeria respire avec Ighalo qui entre et étale sa course ‍.

Uzoho le gardien nigérian quant à lui n’est pas techniquement parfait mais essentiel. À seulement 19 ans, il a le temps de s’améliorer. La dernière minute commence avec le Nigeria  qui peut compter sur le double avantage pour gérer le temps additionnel qui sera long. C’est pour ça qu’un changement offensif est fait. Iwobi, neveu, de Okocha, entre pour Etebo. Bon porteur de balle, il a 6 minutes pour éloigner les ballons de son camps. Surtout que le capitaine, Obi Mickel boitille, est blessé et le coach Rohr a fini ses remplacements.

Les Isabdsus rêvaient certainement de la seule rencontre de leur histoire avec le Green Eagles qui avaient perdu 0-3. D’abord, c’était un match amical et en 1981. 37 ans sont passés, les gars! Personne de vous n’était né, moi si .

NIGERIA  2-0 Islande 

Par : Mougoue Mathias Lionking


Pourquoi l’arbitrage vidéo perturbe le cours du jeu

L’utilisation de la Video Assistant Referee (VAR) ou assistance vidéo à l’arbitrage (AVA) pendant la coupe du monde 2018 est une première dans l’histoire des grandes compétitions internationales de football. Cette technologie est critiquée depuis ces premiers tests en 2016 et continue de l’être depuis le début du mondial. La VAR change considérablement le jeu : la preuve en trois exemples.

Ce billet a été initialement publié sur matango.mondoblog.org.

L’arbitrage vidéo est un technique de visionnage des images de matchs. La FIFA dispose en Russie de 420 caméras, donc 35 pour chacun des 12 stades. Bien entendu, 2 caméras par stade sont uniquement réservées aux litiges sur le hors-jeu. Toutes ces caméras sont connectées à une salle régie installées dans la capitale, Moscou. L’arbitre principal du match dispose d’oreillettes pour communiquer avec la régie. En dehors des trois arbitres de champ, la VAR nécessite un arbitre assistant et trois adjoints.

Cette vidéo officielle de la FIFA détaille le fonctionnement de la technologie.

Dans les 10 premiers matchs du premier tour, trois cas de recours à l’arbitrage vidéo ont retenus l’attention des observateurs. Dans ces trois matchs, La VAR a joué un rôle prépondérant sur la suite du jeu. Il s’agit des matchs France-Australie, Pérou-Danemark et Brésil-Suisse.

La France s’en sort bien

A la dixième minute après la reprise, Antoine Griezmann est taclé par l’Australien Joshua Risdon à la surface. Mais l’arbitre, visiblement, ne voit pas l’action et demande de jouer. 20 secondes plus tard, le jeu est arrêté pour une visionnage vidéo.

Cette action de l’arbitre dessinant un rectangle avec les deux mains est bien le signe qu’Andres Cunha exige à voir le ralenti à l’écran après avoir été interpellé par le quatrième arbitre assistant. On ne peut alors que constater l’enthousiasme des supportes français qui s’offusquaient dans les tribunes. Après avoir vu la vidéo, l’arbitre a accordé un penalty – marqué – à la France. Ce bouleversement du match a semblé plomber l’enthousiasme du jeu et des supporters, mais aussi faussé le chronomètre, qui a continué de s’écouler pendant ce temps. Résultat : 2-1 pour les Bleus.

On s’interroge sur la pertinence de ce retour en arrière : comment et pourquoi valider ou ne pas valider les actions qui se sont déroulées dans les 20 secondes qui se sont écoulées après le manque de vigilance de l’arbitre ? S’il y avait faute durant cette période, qu’aurait décidé l’arbitre ? Bien qu’il soit donné à l’arbitre la possibilité de recourir ou non à la VAR, lui est-il possible de la refuser ?

Ce penalty nous rappelle celui du match du championnat allemand opposant Mayence et Fribourg : l’arbitre a sifflé un penalty au moment où les deux équipes étaient déjà dans les vestiaires.

Les Danois dansent, les Péruviens maudissent la VAR

Contraire au match France-Australie, l’arbitre du match Danemark-Pérou, Bakari Gassama, a lui-même demandé de revoir la faute avant d’accorder un penalty au Pérou à la 44ème. Cueva a choisi de tirer lui-même pour se faire justice après avoir été fauché. Malheureusement, la balle est passée au dessus de la transversale. C’est une incontestable domination du Pérou mais le Danemark a vaincu. Les raisons ?

Ici, contrairement au match France-Australie, la VAR n’a pas permis au Pérou de marquer son but. Ce penalty raté leur a vraisemblablement cassé le moral. Peut-on dire qu’il a galvanisé le Danemark ? Difficile d’être affirmatif. Par contre, il est incontestable que, quand l’arbitre demande à voir le ralenti, c’est qu’il doute. Autrement dit, sans la vidéo, la faute n’aurait pas été accordée au Pérou, et le penalty n’aurait donc pas existé.

Score final : 0-1 pour les Danois.

Le non-recours à la VAR gâche la samba brésilienne

A la 20ème, le Brésil mène face à la Suisse grâce à un but de Philippe Coutinho. À la 50ème, la Suisse égalise grâce à un but de la tête de Steven Zuber. Ce score est resté inchangé jusqu’à la fin du match. Evidemment, c’est un nul satisfaisant pour la Suisse, petit poucet face à un super-favori. Ici, contrairement aux deux exemples cités ci-dessus, la VAR n’a pas été sollicitée par l’arbitre César Arturo Ramos. Des supporters brésiliens estiment que l’assistance vidéo aurait entraîné l’invalidation du but suisse, car c’est par une poussette sur João Miranda que le buteur helvète a réussi à marquer (regardez le but à 0’48 sur la vidéo ci-dessous).

La colère des brésiliens sur cette faute non sifflée par l’arbitre de terrain a beaucoup influencé le cours du jeu. A ce moment précis, les Suisses ont repris confiance en eux. Le jeu était sans complexe pour ce « no-name » qui avait visiblement le vent en poupe. Pourquoi l’arbitre n’a pas utilisé le VAR ? Pourquoi l’arbitre assistant vidéo n’a pas interpellé l’arbitre de terrain sur cette poussette ?

Résultat final : 1-1

La VAR diminue la responsabilité de l’arbitre

Il est vrai que cette première expérience de VAR va permettre à la FIFA d’améliorer la méthode pour l’avenir. Mais il est indiscutable qu’elle change le cours du jeu, elle modifie le comportement des joueurs et des arbitres. Elle démotive l’adversaire. Pouvoir se reposer sur la vidéo peut amener l’arbitre à manquer de vigilance, voire à ne plus avoir confiance en sa capacité de décision. Hors, l’arbitre doit rester le vrai juge du match.


Mondial 2018 : une première victoire pour l’Afrique grâce au Sénégal

C’est le groupe le plus équilibré dans cette revue planétaire qui a déjà livré d’énormes surprises. Il n’est pas juste d’estimer que le petit poucet sera le Japon  même si la victoire à 10 contre 11 devant la Colombie  ne plaide pas complètement pour eux. Une Colombie  à traction  antérieure avec des joueurs comme Falcao, James Rodriguez, Bacca, Cuadrado a eu la pire malchance qui pouvait lui arriver. Perdre le défenseur Sanchez à la troisième minute pour une main dans la surface de réparation l’ampute encore plus du maigre potentiel défensif et rend la pente descendante à Kagawa star du Borrusia Dortmund et sa troupe de Ninjas…

SÉNÉGAL  2-1 Pologne 

Au Sénégal  prochain adversaire de la Colombie à en bénéficier d’abord en faisant mieux que le Cameroun  qui n’alla pas au delà d’un 0-0 avec les polonais du capitaine ‍✈️ Boniek en 1982 en Espagne . Aujourd’hui, les stars de l’ex pays communiste sont Lewandowski, Milik qui, outre à 6 autres du championnat italien, aura en face son libero Koulibaly du FC Naples qui ne sera pas supporté par Albiol comme en club. Ce n’est que par ces joueurs et des arbitres comme Rocchi que l’Italie absente pourra faire voir la valeur de son championnat.

Bien qu’on veuille insister sur le fait que le Sénégal  n’a pas la même organisation que le NAPOLI, je ne perd pas espoir qu’il démontrera qu’il est le meilleur défenseur du monde . Avec lui, de nombreux autres talents qui ont renoncé à la sélection du pays européen où ils sont nés ou où ils ont grandi pour la patrie. C’est le cas de Balde Keita (espagnol) Gomis, gardien de la SPAL (italien), et Niang (Français) celui-ci souvent adversaire de lui-même, on dit qu’il s’exprime trop en deçà de son potentiel. Le match s’annonce riche en couleurs, surtout du côté des représentants d’Afrique…

On écrit Pologne  vs Sénégal , les aficionados de Champions League lisent Robert Lewandowski vs Sadio Mané. Ce dernier a joué la finale de Champions…

L’arbitre de la fédération du Bahreïn  avait déjà dirigé le Ghana  à Konichiwa au Brésil  en 2014, ville  d’où vient Tiago Cionek de Famille brésilienne d’origine polonaise, aujourd’hui sur La pelouse. Il fera parler de lui dans le match.

Le Sénégal  n’a perdu aucun match durant la phase de qualifications, Tandis que la Pologne  en perdant un seul a dominé sa poule  avec Lewandowski comme meilleur buteur des qualifications dans l’absolu tous continents confondus…

Temps des Chants Nationeux au Spartak Stadium…

L’hymne polonais fut écrit à Reggio dans l’Emilia italienne comme hommage à Dobrovsky, général qui s’unit à Napoléon pendant la campagne italienne…  Le rythme est tout de suite présent avec l’hymne sénégalais: «Touchez toutes vos Koras, frappez vos Balafons », il parle de l’orgueil africain que le président Senghor écrit de sa main… 

Le gros des 2 équipes jouent dans des championnats relevés hors de leur pays

Le Sénégal  se taille la part du lion… Je parlais d’une Colombie à traction antérieure mais les Lions de la Teranga sont l’équipe qui a apporté LE PLUS d’attaquants au mondial: 8! Le coach Cissé qui conduit son pays à sa deuxième participation en a disputé la première il y a 16 ans en battant la France  championne du monde  d’entrée de jeu. Seule la Turquie  arrêta leur progression en quarts de finale. Il était le capitaine ‍✈️ du groupe guidé par le regretté Bruno Metsü à qui il a voulu rendre hommage…  Cissé, seul coach NOAR en Russie  est aussi le plus jeune… Très apprécié au pays, il est pour moi un modèle dont doit s’inspirer la jeunesse. À part mon admiration depuis toujours pour sa personnalité et le look commun (dreadlocks), son attention pour le social le distingue… 

Le Sénégal  fait valoir son côté athlétique et physique et avec de la vitesse en plus, il empêche les reparties de la Pologne  qui cherche à découvrir ses faiblesses en défense. L’autorité des Félins Africains  contraignent Krychowiak au premier carton (jaune) de la partie. Suite à une chevauchée fantastique de Diouf qui récupère le cuir depuis son couloir gauche en défense, Niang reçoit le ballon ⚽️ La Défense polonaise déjà éventrée, et gracie le gardien d’un tir moche en 18ième minute. Grzegorz Krychowiak ne fait pas mieux de la tête pratiquement seul  sur la repartie.

L’un des morceaux de son répertoire ne réussit pas à Lewandowski 3 minutes plus tard et c’est Sadio Mané encore en ombre qui se fait freiner. Les fauves veulent lancer de longues balles au delà de la ligne arrière adverse parce que l’attention défensive est disposée déjà depuis le milieu. En vue du premier résultat de le Journée, un nul peut convenir aux deux équipes et produire le match tactique qu’on n’espère pas.

N’empêche… Les Sénégalais font le show dans les tribunes et le coach demande à ses joueurs d’y mettre d’abord la tête. Ils ont déjà vu toutes les autres équipes jouer et cela les affecte un peu : longue attente.

Moussa Mbacke déborde à droite à la 33ième mais Diouf à la réception est hors jeu. L’herbe humide ramène très vite le ballon du côté opposé.. Bezezinski s’est habitué à mettre en difficulté le latéral Sané. Le ballon doit être mis en touche pour vérifier ce qui est arrivé à Ismaila Sarr. Mbaye Niang engage et gagne un duel physique sur le côté gauche à la 36ième pour réveiller le match et justement, sa passe réveille Mané qui prolonge sur Guèye, hésitant, il tire quand même, mal et la déviation de Cionek se charge de transformer en but 

Premier but encaissé pour la Pologne devant une équipe africaine, après le 1-0 à la Tunisie en Argentine en 1978, le 0-0 avec le Cameroun  le 12 juin 1982 en Espagne et le 0-0 avec le Maroc  au Mexique en 1986. Le but est effectivement attribué à Cionek, Brésilien de famille polonaise devenu polonais en 2012 alors qu’il était en Italie où il a joué pour Padova, Modena et Palermo.

La Pologne n’est pas entrée dans le match à dire vrai… Ça se voit aussi par le coup de tête que le géant SANE de 197 centimètres vient faire sur un corner dans la surface des rouges-jaunes à la 42ième. Niang et Sarr profitent du bon moment pour donner du travail à Krychowiak qui risque son deuxième carton jaune.

Alfred N’Diaye qui reste à terre dans la surface n’obtient pas ce qu’il espérait. Tout le monde aux vestiaires pour la pause après 2 minutes de d’arrêts de jeu…  Le coach Polonais sait qu’il doit ajuster sa défense et c’est pour ça que dès l’entame de la seconde manche Bednarek est préféré à Jakub Błaszczykowski. Ils rentrent à leurs vieilles habitudes que la presse nationale avait annoncé avant le match.

La coupe du monde  de Bednarek commence mal… Son premier contact avec SABALI le renvoie sur la touche se soigner. On commence à accumuler les minutes pour le temps additionnel. À l’image de REBUS, la Pologne  y croit et veut surprendre La défense du Sénégal dans le dos.

Ça va tellement vite que Salif Sane met au sol Lewandowsky…  Carton juste jaune parce que Mbacke avait récupéré la position pour empêcher que ce fût interprété comme claire occasion de but . Lewandowski s’applique dans le coup-franc mais le gardien N’Diaye répond en vol…  Sur la relance, Niang invite au Tir Mané… Le Sénégal  est présent et déterminé…  REBUS sait que Mbacke a fait du supplémentaire pour contraster Lewandowski dans l’action précédente puisqu’il s’est affaissé après…  Il le titille donc de plus en plus sur le côté et pour peu, à la 54ième sur un centre Krykowiak ne fait pas mouche…

À la 57ième Gruziński essaie aussi. Les Sénégalais jouent à 10 puisque Niang se tord la cheville gauche en descendant. Ses coéquipiers s’en prennent aux polonais pour n’avoir pas mis le ballon hors. Le règlement dit que c’est une décision qui revient à l’arbitre et celui-ci le rappelle à Diouf. Au moment où Sané se prend un carton jaune, une autre erreur des défenseurs polonais fait le bonheur de Niang qui se retrouve le ballon entre les pieds, dribble le gardien et enfonce le 2-0… Buuuuuuut… But . Tout premier but de NIANG en sélection!   Les polonais protestent mais l’arbitre avait bel et bien autorisé Le retour sur le terrain du lion  blessé.

À présent les joueurs d’Alioune Cissé font valoir leur vivacité athlétique et le ballon ⚽️ voyage souvent en attaque où Niang règne!  La Pologne  doit gravir à mains nues la montagne  qu’elle a elle-même mise en place.

Dzelinsky et PASDAN peinent! L’écrasante majorité des fans polonais sur les gradins n’arrive pas à surmonter les chants des Sénégalais!     ON DANSE même dans La Tribune d’honneur. Le Coach Cissé lève le poing comme s’il était encore joueur. Le coach Adam Nawałka est mal mentalement et pense à ces début difficiles de 2006 et 2006 où après 2 matchs sa sélection devait déjà faire les valises…

Le ballon  est souvent en touche et le temps qui court est le Meilleur allié du Sénégal. Milik essaie à la 70ième mais Koulibali et les siens font bonne garde. Les 197 centimètres de Salif SANE s’imposent sur plusieurs Ballons ⚽️ Le très ordonné Gueye prend un carton anodin à la 71ième et c’est l’occasion pour les reporters Italiens de dire leur étonnement sur la discipline tactique des Africains vu ce qu’on sait des équipes de leur continent. S’ils réfléchissaient sur la leur et s’apercevaient que les autres n’ont pas autant de temps pour dénigrer les européens, ils seraient au mondial… 

Dieu n’est pas bête… Kownacki remplace le décevant et déçu  Milik mais Cheikh Ndoye lui enlève son premier ballon avec La collaboration du colonel Koulibaly. Le Sénégal  respire et fait entrer MOUSSA KONATE un des buteurs des qualifications pour Niang qui est en douleur et a demandé d’être substitué pour se ménager.

Le dernier quart d’heure commence…

Rebus ne lâche pas sa course ‍♂️ sur la gauche mais Salif Sane en force en Bundesliga où il a fait 4 buts  en saison avec Hannover n’est jamais loin. Encore Rebus à la 78ième mais Kownacki qui reçoit trouve le gardien N’Diaye sur sa trajectoire. Le coach Cissé enlève sa veste pour accompagner la cadence des dernières minutes, observé par le très positif arbitre Nawaf Shukral du Bahreïn  C’est peut-être Kamen Klick habituel commandant qui a manqué à cette défense polonaise qui subit encore Sadio Mané, insatisfait de sa prestation…

La génération meilleure qu’a connu la Pologne ces 30 dernières années est elle aussi formée de trentenaires qui sont en train de fausser les espoirs en passant à côté du sujet. Les protestations de Ismaila Sarr à la 84ième pour un tacle de Rebus dans la surface obtiennent les reproches de l’arbitre et pas le pénalty. Il aurait pu écoper d’un carton jaune. Sur la relance, la distraction coûte un coup franc qui offre le but à Krychowiak et la Pologne réduit la marque quand il reste 3 minutes avant les temps additionnels.

Mauvaise figure du Sénégal  qui se fait surprendre sur son point fort : le jeu aérien. Il y a de la tension dans l’air et la Pologne  met le turbo. Krychowiak est à son troisième but en sélection. Sadio Mané se charge de faire monter les siens et à là 89ième Koulibaly fait une faute en attaque sur le corner qu’il se procure. On récupérera 4 minutes, moins que ce que les européens espéraient. Koulibaly balaie en défense. Corner et Kadim N’Diaye le moins Grand sur le terrain des XXL vole encore. La confiance revient… Le calme aussi. Sur le coup franc qui s’ensuit, Mané renonce à la tête plongeante et remet au centre, dommage, le troisième but n’arrive pas.

Les polonais foncent mais N’Diaye a mangé du Sénégal Thieboudienne pimenté avec des ailes de criquet. Il vole, il vole, il vole…    Sur la relance, quand le coach Cissé demande la fin de la partie, l’arbitre lui obéit de trois coups de sifflets secs. Le Sénégal  est en train d’écrire une autre épopée…

Après 4 représentants qui n’ont pas inscrit le moindre but, Les Lions  de La Terranga rugissent, L’Afrique DANSE   le MBALAX AU rythme des sénégalaises aux corps de RÊVE!

N’est-ce pas ça devait être la  poule de Colombie  et Pologne?

Le Japon  le Sénégal  sortent donc de quelle planète?

Par Mathias Mougoué


Pourquoi l’arbitrage vidéo perturbe le cours du jeu

L’utilisation de la Video Assistant Referee (VAR) ou assistance vidéo à l’arbitrage (AVA) pendant la coupe du monde 2018 est une première dans l’histoire des grandes compétitions internationales de football. Cette technologie est critiquée depuis ces premiers tests en 2016 et continue de l’être depuis le début du mondial. La VAR change considérablement le jeu : la preuve en trois exemples.

Que signifie « Video Assistant Referee » (VAR) ?

L’arbitrage vidéo est un technique de visionnage des images de matchs. La FIFA dispose en Russie de 420 caméras, donc 35 pour chacun des 12 stades. Bien entendu, 2 caméras par stade sont uniquement réservées aux litiges sur le hors-jeu. Toutes ces caméras sont connectées à une salle régie installées dans la capitale, Moscou. L’arbitre principal du match dispose d’oreillettes pour communiquer avec la régie. En dehors des trois arbitres de champ, la VAR nécessite un arbitre assistant et trois adjoints.

Cette vidéo officielle de la FIFA détaille le fonctionnement de la technologie.

 

Dans les 10 premiers matchs du premier tour, trois cas de recours à l’arbitrage vidéo ont retenus l’attention des observateurs. Dans ces trois matchs, La VAR a joué un rôle prépondérant sur la suite du jeu. Il s’agit des matchs France-Australie, Pérou-Danemark et Brésil-Suisse.

La France s’en sort bien

A la dixième minute après la reprise, Antoine Griezmann est taclé par l’Australien Joshua Risdon à la surface. Mais l’arbitre, visiblement, ne voit pas l’action et demande de jouer. 20 secondes plus tard, le jeu est arrêté pour une visionnage vidéo.

Cette action de l’arbitre dessinant un rectangle avec les deux mains est bien le signe qu’Andres Cunha exige à voir le ralenti à l’écran après avoir été interpellé par le quatrième arbitre assistant. On ne peut alors que constater l’enthousiasme des supportes français qui s’offusquaient dans les tribunes. Après avoir vu la vidéo, l’arbitre a accordé un penalty – marqué – à la France. Ce bouleversement du match a semblé plomber l’enthousiasme du jeu et des supporters, mais aussi faussé le chronomètre, qui a continué de s’écouler pendant ce temps. Résultat : 2-1 pour les Bleus.

On s’interroge sur la pertinence de ce retour en arrière : comment et pourquoi valider ou ne pas valider les actions qui se sont déroulées dans les 20 secondes qui se sont écoulées après le manque de vigilance de l’arbitre ? S’il y avait faute durant cette période, qu’aurait décidé l’arbitre ? Bien qu’il soit donné à l’arbitre la possibilité de recourir ou non à la VAR, lui est-il possible de la refuser ?

Ce penalty nous rappelle celui du match du championnat allemand opposant Mayence et Fribourg : l’arbitre a sifflé un penalty au moment où les deux équipes étaient déjà dans les vestiaires.

Les Danois dansent, les Péruviens maudissent la VAR

Contraire au match France-Australie, l’arbitre du match Danemark-Pérou, Bakari Gassama, a lui-même demandé de revoir la faute avant d’accorder un penalty au Pérou à la 44ème. Cueva a choisi de tirer lui-même pour se faire justice après avoir été fauché. Malheureusement, la balle est passée au dessus de la transversale. C’est une incontestable domination du Pérou mais le Danemark a vaincu. Les raisons ?


Ici, contrairement au match France-Australie, la VAR n’a pas permis au Pérou de marquer son but. Ce penalty raté leur a vraisemblablement cassé le moral. Peut-on dire qu’il a galvanisé le Danemark ? Difficile d’être affirmatif. Par contre, il est incontestable que, quand l’arbitre demande à voir le ralenti, c’est qu’il doute. Autrement dit, sans la vidéo, la faute n’aurait pas été accordée au Pérou, et le penalty n’aurait donc pas existé.

Score final : 0-1 pour les Danois.

Le non-recours à la VAR gâche la samba brésilienne

A la 20ème, le Brésil mène face à la Suisse grâce à un but de Philippe Coutinho. À la 50ème, la Suisse égalise grâce à un but de la tête de Steven Zuber. Ce score est resté inchangé jusqu’à la fin du match. Evidemment, c’est un nul satisfaisant pour la Suisse, petit poucet face à un super-favori. Ici, contrairement aux deux exemples cités ci-dessus, la VAR n’a pas été sollicitée par l’arbitre César Arturo Ramos. Des supporters brésiliens estiment que l’assistance vidéo aurait entraîné l’invalidation du but suisse, car c’est par une poussette sur João Miranda que le buteur helvète a réussi à marquer (regardez le but à 0’48 sur la vidéo ci-dessous).

La colère des brésiliens sur cette faute non sifflée par l’arbitre de terrain a beaucoup influencé le cours du jeu. A ce moment précis, les Suisses ont repris confiance en eux. Le jeu était sans complexe pour ce « no-name » qui avait visiblement le vent en poupe. Pourquoi l’arbitre n’a pas utilisé le VAR ? Pourquoi l’arbitre assistant vidéo n’a pas interpellé l’arbitre de terrain sur cette poussette ?

Résultat final : 1-1

La VAR diminue la responsabilité de l’arbitre

Il est vrai que cette première expérience de VAR va permettre à la FIFA d’améliorer la méthode pour l’avenir. Mais il est indiscutable qu’elle change le cours du jeu, elle modifie le comportement des joueurs et des arbitres. Elle démotive l’adversaire. Le simple fait de ne pas faire confiance à ses propres sens peut amener l’arbitre à manquer de vigilance, voire à ne plus se faire confiance et à s’appuyer systématiquement sur la vidéo. Hors, l’arbitre doit rester le vrai juge du match.


Mondial 2018 : une deuxième journée riche en buts

Pour cette première phase des matchs de poule, la deuxième journée a été particulièrement riche en buts pour cette Coupe du monde. Au total 4 matchs avec à la clé 8 buts marqués. Par contre, le Nigeria et le Pérou n’enregistrent aucun buts. La Croatie, le Danemark et la France marquent sur leur compteur 3 points chacune. La plus grande surprise a été l’argentine, favori, qui s’en sort avec un match nul et un penalty raté de la star Messi.

France  2-1 Australie 

40 joueurs étrangers dans le passé sur 46… Voilà la photographie humaine des convoqués de ces 2 équipes… Match des multinationales, donc. Celle australienne moins est surprenante… Par contre, la Françafrique d’en face fait peu sympathie à nos lecteurs pour ses mercenaires… Parfois on les comprend, mais l’idée qui prévaut c’est qu’ils fuient leurs pays d’origine où il y a peu d’argent pour jouer pour des métropoles coloniales comme la France alors qu’en club ils gagnent déjà l’équivalent du budget de certains États…

Mbappe et Pogba ont déjà donné 2 fois du travail aux gants  du gardien des Socceroos Mat Ryan en 3 minutes… On s’attend alors à un festival des Gallinacés mais parfois ceux qui font la musique ne dansent pas… Le ballon  cette fois ci est fabriqué avec un microchip qui offrira des données scientifiques comme la vitesse… C’est ce qu’on aurait dû faire à Mbappe et Ndembélé en remplacement du test de doping… Il est interdit  d’avaler une fusée  pour aller jouer au foot… Hussein Bolt cherche des remplaçants aux 100 mètres et ils devraient le savoir… En foot  qui va trop vite peu aussi finir vite hors-jeu… Les deux, comme toute la France, espéraient surprendre avec ce détail et se laissent souvent tomber pour obtenir des Coup francs mais les joueurs australiens profil bas pourtant expérimentés ne tombent pas dans ce piège… L’arbitre non plus…

Puisque les gens ont encore la fâcheuse idée de croire qu’il y a des favoris désignés et les autres sont venus se promener, c’est Tolisso préféré à Mathuidi le premier à produire une action nette de but… Sauf que euuuh, contre son camp… ‍♂️. Il fallait bien qu’il prouve que son gardien sert à quelque chose, surtout si c’est le Capitaine ‍✈️ LLORIS…

À la pause, la supériorité technique de la France  ne s’est pas vue. C’est Elle qui a souffert et ses supporters avec… L’hypothèse d’être l’équipe la plus jeune (24 ans d’âge moyen) sans vrai leader commence à faire son chemin… Griezmann est resté au lit à l’hôtel… c’est son hologramme qui joue et en bonne compagnie… Il croise souvent l’ombre de Pogba qui peine dans ce milieu où il se dit que c’est lui qui a voulu Tolisso pour ne pas être en ombre avec la présence de Mathuidi…

L’assistance vidéo VAR est décisif mais toujours discutable… Après 10 minutes dans la deuxième manche, pour dissiper le doute, l’arbitre tranche et octroie à Griezmann le penalty bien exécuté qui débloque le score… Sans ça, les Bleus allait faire quoi ?

Pénalty pour l’Australie plus évident 3 minutes plus tard. L’arbitre décide avant de contrôler… Umtiti sait qu’il y a une différence entre le football et le volley   (les deux balles-ci se ressemblent? ). La France encaisse l’égalisation mais c’est une chance  que l’arbitre oublie le carton jaune… Le spécialiste Jefinak à son 19ième but en 75 matchs fait son boulot… LLORIS BATTU: FILETS! La minute d’après, l’Australie  remplace Nabbout décevant pour Juric, plus puissant..

Le petit diable Griezmann, quant à lui, malgré le but n’est pas adapté au Paradis du match… Il sort en compagnie du chasseur Ndembélé pour Giroud et Fekir. Pogba est de plus en plus prévisible et perd sa chaussure , pardon sa godasse sur une pression de Rogic (a l’origine Croate) qui sort la minute d’après pour Irvine…

La synthèse de match de Pavard est un tir loin au dessus du décor sur le développement du corner qui suit… Il se rattrape tout de suite en bon défenseur dans une action de couverture mais Deschamps regrette peut-être déjà de n’avoir pas trouvé un substitut au titulaire SIDIBÉ qui ratera le mondial et le sait depuis que les Coqs  avaient encore la possibilité de retoucher leur effectif… La France  manque d’idées surtout en attaque et l’Australie  plus organisée repart bien…

Journée noire pour Tolisso dépassé qui occasione un coup franc et prend un carton… Le coach décide donc de l’entrée de Mathuidi. Inutile de dire qui est sorti…

À la 80ième minute, une étrange combinaison Giroud-Pogba aboutit à un but anodin que l’arbitre valide tout de suite après avoir reçu l’impulsion de La Goal Line Technology… Le ballon  a dépassé la ligne d’un seul centimètre, suffisant pour frustrer les australiens qui ne s’attendaient pas à un but de cette façon: microscopique… Arzali, entre… Ce n’est pas Mbappe le plus jeune du mondial, mais cet australien d’origine iranienne qui est à son troisième match et a déjà fait un but…

5 minutes à jouer et Giroud fait regretter Griezmann avec de l’anti jeu… En gros pourtant, son entrée et celle de Fekir puis Mathuidi ont galvanisé la France… Le coach hollandais des Socceroos Bert Van Marwijk n’a pas voulu employer la carte Cahill à la chasse d’un record puisqu’il aspire à faire 4 Coupes du Monde  De Suite en marquant à chaque mondial… Il a encore 2 matchs pour commencer… Pour celui-ci, même si c’est la première fois que son nom apparaît dans ce reportage, le meilleur a été NGOLO KANTÉ…  

La rencontre jouée sur un rythme bas finit pendant que les écrans géants insistent peu sur le coup franc produit par une longue galopade de Pogba et mettent en premier plan les fans, question de faire voir que les Australiennes par rapport aux françaises sont plus belles…

Allez dire!

Argentine  1-1 Islande 

On ne vient pas en coupe du monde  en gagnant déjà sur le papier… L’Argentine l’a expérimenté avec l’Islande  comme si la leçon contre le Cameroun  en 1990 ne suffisait pas pour les livres  d’histoire… Par contre si on est underdog, on vient aux rendez-vous mondiaux Pour démontrer qu’on mérite la cour des grands…

Après l’euro, l’Islande confirme que sa progression n’est pas le fait du hasard… Elle se présente accompagnée d’un quart de sa population… Imaginez si les usa  voyageaient avec 80 millions de fans… Pratiquement chaque famille d’Islande a un membre actuellement en Russie … Ils semblent tous des frères… D’ailleurs, leur système social ancestral ne prévoit pas de nom de famille… Si l’Argentine  a des qualités individuelles indéniables, l’Islande  fait groupe et joue très volontaire… Autre chose qui sépare les deux équipes, l’Argentine n’a que 3 joueurs au dessus d’1m80 tandis que l’Islande n’en compte que 3 en dessous d’1m80…

Le souffle, l’athlétisme et la croissance en vitesse des Vikings a surpris les Gauchos… Le tandem Mascherano-Biglia n’a presque jamais fonctionné même si Aguero ouvre le score après moult difficultés à la 19ième minute… Le temps de 3 tours d’horloge et 2 actions collectives et légalisation des nordiques arrive tout naturellement par Finnbogason…

On va à la pause sur ce score et au retour le dynamisme argentin n’est toujours pas au rendez-vous puisque Messi se fait presque toujours subtiliser le ballon 

Le coach argentin fait un remplacement inattendu à la 53ième… BANEGA entre pour Biglia…‍ Cela ne brise pas la confiance des hommes des glaciers… Maradona dans les tribunes est une vaine intimidation en face de l’armada des fans du volcan eyjafjallajökull  toujours en symbiose avec l’équipe par la caractéristique chorégraphie Viking Clap  qu’accompagne la Skol Chant…

Le pressing incontournable de l’Argentine est payant puisque la passe filtrante de Messi lui procure un penalty à la 63ième pour une faute commise par Magnusson sur Meza qui était à la réception… Messi est coupable d’avoir laissé pousser une barbe qui le rend semblable à s’y méprendre aux islandais eux-mêmes. Le gardien l’hypnotise et bloque son penalty… 22 minutes deviennent limite pour réaliser un exploit digne des attentes…

Maintenant ce sont les islandais qui s’illustrent en dribble, sur Messi en occurrence et ne se contentent plus de contenir… Pavòn entre pour Di Maria, et en face, le capitaine Gummurson qui n’est revenu au football  qu’il y a un mois, sort pour Skülarsson du championnat belge… Encore 14 minutes à jouer…

Tentative de Pavòn d’obtenir un penalty à son premier ballon. L’arbitre lui demande de se relever même si avec le replay le doute reste…  Messi se déchaîne mais au moment de la bouchée qui donne le but, Saevarsson lui retire la cuillère  de la bouche… Plus tard le même s’immole devant Pavòn pour son équipe, obtenant un coup franc qui fait souffler les siens…

Les islandais marquent chaque joueur à 3/4 et ça leur réussit, autrement le gardien fait bonne garde sur les exécutions chirurgicales de Messi et compagnie… Hilguain a donc 9 minutes pour prouver aux côtés de Aguero s’il peut être le match winner puisqu’il remplace Meza… Le gardien islandais Halldorsson après le penalty bloqué a encore le temps de faire des miracles sur les tentatives insidieuses du duo d’attaque de l’albiceleste… Lui, réalisateur de films, a déjà quelque chose en tête pour la Fête Nationale de son pays ce dimanche 17 juin…

Sigudarson entre à la 89ième minute à la place de Finnbogason pour donner les dernières profondeurs à l’attaque des Blonds surtout en exploitant les lancers de touche kilométriques de Magnusson… Le reste de l’équipe joue écrasé dans son camp pour protéger le score et les peu d’éclats de génie de Messi ne produisent que des frayeurs passagères…

Rien ne changera après 5 minutes d’arrêts de jeu, pas même la faute de Alfredson en dernière minute dans une position de rêve pour Leo… Le petit génie argentin bute sur la barrière et l’arbitre gonfle ses poumons avec 3 coups de sifflets secs.

Le Nigeria  qui aura l’Argentine en dernier match voudra comme celle-ci éviter la France en huitièmes de finale mais d’abord il faut capitaliser dans les heures qui suivent contre la hautement technique Croatie Ceux qui avaient baptisé ce carré ‘groupe de la mort ’ en ne pensant qu’au trio Argentine  Croatie NIGERIA devront inclure l’Islande et reformuler leur fantaisie…

Vous dites quoi de ‘Quatuor de l’enterrement ‘? 

Danemark  1-0 Pérou 

Des curiosités pour commencer… Les deux équipes dans leurs langues respectives sont appelés Vert-Blanc du fait du drapeau national… Advinculla le péruvien est le joueur le plus rapide du monde… Il court à 35Km/h et passe devant Garett Bale qui en marque 35… Le match est un clash entre la physicité des Danois et la technicité des péruviens de retour au mondial après 36 ans… Aucun des joueurs n’était né au moment de la dernière participation où ils croisèrent les Lions  Indomptables du Cameroun avec qui ils quittèrent la compétition injustement au premier tour… 

Le Danemark répond avec presqu’autant de jeunesse et de diversité, avec parmi les stars le gardien schleichel fils de PETER, chzmpton deyuore 1992, l’un des meilleurs gardiens de l’histoire du football…

Le match est dans les bonnes mains de l’entrepreneur Gambien BAKARI Gassama, arbitre expérimenté, de grande  personnalité et très autoritaire avec les joueurs…

Il est à son deuxième mondial. En 2014, sous mes yeux  au Brésil , il dirigea Pays-Bas  vs Chili … Dans son curriculum, la Confederations Cup, 3 finales de Champions League Africaine et la finale de la dernière Coupe d’Afrique des Nations que la Côte d’Ivoire  remporta en 2915 devant le Ghana Il est avec son collaborateur de touche Burundais  la raison principale de notre attention pour ce match…

Le Pérou  a sur le banc son capitaine ‍✈️ Paolo Guerrero réintégré après que les joueurs et les capitaines des autres pays aient demandé qu’on lui pardonne la positivité à la cocaine pendant le match de qualification contre l’Argentine … Il ne s’appelle pas Pablo ni Paulo mais Paolo en souvenir de Paolo Rossi meilleur buteur du mundial 82 avec l’Italie que son pays croisa sous l’admiration de son Père… Il naîtra deux ans après, en 1984… Sa sélection avec un seul joueur au dessus de 180cm subit le Danemark  mais peut compter sur un public en regain d’enthousiasme pour l’équipe fanion dont les enfants ont recommencé à utiliser le maillot comme pyjama…

Les Danois Kjer et Erikssen qui avait 18 ans à la première participation en 2010 sont les seuls à avoir déjà participé à un mondial… Flores, Farfan et Advinculla donnent souvent du fil à retordre aux danois avec de parfaites géométries… Le Danemark perd KVIST à la 36ième minute et le remplace par Schöne le spécialiste des Coup francs de L’Ajax d’Amsterdam…

Avec Christian Eriksen le Ronaldo Scandinave, qui a qualifié l’équipe inscrivant notamment 3 buts aux playoffs en Irlande, les danois sont confiants… À la 38ième Delaney qui doit son nom à un grand-père qui quitta les usa  pour s’établir au Danemark  appelle le gardien des andins à une double parade sur coup franc… À la 43ième minute, tout le Pérou  y compris le banc de touche proteste en réclamant très véhéments pour un accrochage de Poulsen dans la surface aux dépens de Advinculla redevenu pimpant comme en début de match après s’être tapi dans sa défense un moment…

L’arbitre Gassama, l’officiel le plus proche de l’action jusqu’ici pour son physique athlétique ne voit pas la faute à vitesse normale… Le VAR lui fait changer d’idée mais Cueva très indécis  au moment de l’exécution gaspille très au dessus de la transversale… Le corner du côté opposé offre à Kjer une déviation infructueuse et on regagne les vestiaires au petit trot… Le péruviens le font sur une belle image. Tous vont embrasser et encourager Cueva malchanceux des 11 mètres…

Au retour, Le virevoltant SISTO Ougabdaiq naturalisé prend en mains les manœuvres du Danemark … On joue presque tous les ballons  dans le camp du Pérou… D’un ballon mal géré de Jorgensen à la 54ième nait la contre-attaque que les sud-américains bousillent… Flores Marche  incroyablement sur le cuir au moment de le pousser au fond…

Alors boulevard pour Yussuf Poulsen dit Yurary de Père Tanzanuen qui exploite une repartie et trompe le gardien Gallesse presque seul dans une défense dégarnie… Le Pérou se réveille mais le gardien Schmeichel fait opposition géante… Il vient de battre un record : 500 minutes sans prendre de but pour le Danemark…

Guerrero fils de l’autre de l’édition 1982 entre et reçoit le bon ballon  sur sa tête. Le gardien est en place pour lui souhaiter bienvenue  cette frappe est un cadeau . À la 78 Guerrero d’un talon  magistral se refuse tout seul l’égalisation… Advinculla meilleur parmi les siens aide son gardien dans une parade des pieds… La double protection fonctionne du côté opposé la minute d’après. La route est ouverte pour le remplacement Braithwaite qui entre en remplacement de Sisto…

Le match devient un ping-pong  où les longues balles passent d’une surface de réparation à l’autre sans travail d’entrejeu… Le Danemark  l’emporte mais pourrait payer cette attitude dispendieuse à la longue…

La Pérou subit une loi non écrite du football : qui gaspille est toujours puni et a eu sa chance de comprendre que qui gagne a toujours raison…

La leçon vaut pour tous…

Croatie  2-0 NIGERIA 

Il est clair que la Croatie a du talent à revendre même au banc de touche.. Par contre, au moment des hymnes, il est difficile de partager l’avis des observateurs qui pensent que le Nigeria  jouera le rôle de la mine vacante qui espère ‘déranger’… Elles ne sont pas nombreuses les équipes où pratiquement tous les joueurs peuvent courir  33 km/h… Détail : Le Nigeria  a maillot le plus vendu (3 millions d’exemplaires jusqu’ici)…

Le match est lancé et Le Nigeria porte le premier ballon  à l’attaque. La Croatie  se dégage avec élégance… Ćorluka à son centième match partira du banc de touche…

La première attaque des ex yougoslaves produit un hors-jeu… Elle se dispose de façon à contraindre les Super Eagles à jouer très bas… Même le compartiment offensif se retrouve souvent en défense dans ces premières minutes jouées sur des rythmes intenses.. Moses cherche à faire remonter son équipe mais est souvent accroché… La Croatie ferme tous les espaces…

Le public a faim et siffle… Le Nigeria n’est pas pressé et procède par passes horizontales. Etebo est à surprise titulaire à la place de Onaze… Obi Mikel le capitaine ramène le danger chez les hommes en tenue d’échiquier mais c’est Shehu qui baisse la garde et permet à Perezic d’inquiéter le gardien. Après lui, Kramaric de l’Hoffenheim… La stratégie c’est ne point donner de point de référence…

Au quart d’heure, les aigles se referment sans avoir effectué un tir… L’arbitre brésilien et Moses sont d’avis opposés quand ce dernier à la 19ième réclame pour une faute à l’entrée de la surface des européens… Balogun jusqu’ici allemand y reste couché pour un coup accusé sur le nez…. Il doit sortir se faire soigner puisqu’il saigne…

Le match nul entre Argentine  et Islande  met plus de pression aux deux challengers d’où l’impétuosité… Le premier carton jaune arrive à la 30ième et Rakitic ne l’a pas volé pour son agression aux chevilles de Moses… Perezic er Rebic interchangent les positions pour confondre les adversaires et sur un corner de Modrić à la minute 33, le but arrive… Mandjukic se distingue en une tête plongeante et fait tout de suite signe comme Kramaric que le but n’est pas sien… En effet, sans le talon malheureux d’Etebo, la boule aurait fini sa course hors du terrain…

13 minutes pour encore apprécier comment les Green refoulent le danger. Ils sont arrivés sans avoir perdu de match cédant juste un match nul à l’Algérie… Moses continue de prendre des coups et proteste parce que l’arbitre ne sort pas son carton contre l’adversaire…

Sur les Developments du coup franc, Iwobi inquiète sérieusement le gardien Subatic… Le ballon  que Moses qui a commencé sa carrière internationale chez les juniors anglais shoote dans les tribunes se Loge dans les mains d’un supporter qui veut le garder mais est découragé par le Stewart… C’est la pause. Le Nigeria la prend la tête haute…

La reprise ressemble à la première manche. Les Aigles verts accélèrent, puis remettent le ballon et laissent d’abord jouer… C’est l’approche qui leur est le moins utile pour récupérer du terrain… Les lucky chicken, poules  coloriées de vert-Blanc que les fans ramènent sur les gradins comme porte-bonheur n’ont pas été admises et on dirait que ça a un effet sur la prestation du coach allemand Gernot Rohr… Moses reste le plus entreprenant mais de moins en moins lucide…

Le Nigeria  à la 67ième sort Iwobi pour Musa sans incidence sur le sens du jeu… A la reprise c’est coup sur coup jusqu’à ce que Ekong n’embrasse son vis-à-vis trop affectueusement à 15 minutes de la fin, offrant aussi à Modric la possibilité après 107 matchs de marquer son premier but pour sa sélection en une coupe du Monde  …

Dans la journée des penaltys ratés, sa transformation fait comme celle de Griezman décidément la différence… Le remplacement à la 88ième minute du capitaine ‍✈️ Obi Mikel pour Simi qui s’est illustré avec Crotone en Italie  est très révélateur… Les Oiseaux Royaux d’Afrique de l’Ouest ont joué de malchance mais cela ne les lave pas des responsabilités qu’ils ont, quant à avoir propulsé les Croates à la Première place du groupe…

Avec l’Argentine blessée, le chemin se complique décidément… Tout cela rend la coupe du monde  simplement plus excitante… Les fans Africains en ont après les Super Eagles coupables de se sentir trop beaux avant le match sans avoir le tonus de l’époque de Yekini ou Okocha…

Si c’est vrai, c’est aussi pour plaire à leur public moderne différemment exigeant que pour ne pas trop courir, ils mettent le ballon en touche et courent faire un selfie à poster sur les Réseaux Sociaux … 

L’esprit swag pour glaner les Like…  La journée se conclut avec 4 matchs et 8 buts… Aucune réalisation pour les équipes africaines jusqu’ici justement…

3 sur 5 se sont déjà exprimées…

Simplement, les examens ne finissent JAMAIS…


Coupe du monde 2018 : début réussi pour la Russie et difficile pour les Africains

Rendez-vous sera désormais pris avec un résumé des match de chaque journée de Coupe du monde. La Russie qui accueille cette 21ème édition a fait peau neuve. Les lampion se sont allumés ce jeudi 14 juin pour un mois de compétition qui, nous l’espérons, sera âprement disputée. Grâce au chroniqueur Mathias Mougoué, chaque instant de sensation vous sera décrit dans les moindres détails. Allez, c’est parti!

Russie  5-0 Arabie Saoudite 

J’essaie de comprendre ceux qui disent que la Russie  n’a pas le niveau de la Coupe du Monde   : elle aurait laminé 5-0 une équipe sans âme, croisée par hasard sur son chemin. Je n’arrive pas à m’expliquer leur point de vue… 

La Russie a huilé ses mécanismes indépendamment de l’adversaire, fait appui sur ses atouts et exécuté ses remplacements comme s’il s’agissait d’une finale… 

L’Arabie Saoudite  n’est certainement pas un foudre de guerre mais cela seul ne suffit pas pour discréditer la Russie…

Certains observateurs sont victimes de l’idée eurocentrique qui dévalorise toute sélection sans acteurs majeurs venus des clubs hautement compétitifs de la Champions League Européenne…

Égypte  0-1 Uruguay 

Après 27 ans, c’est une solide équipe d’Égypte , solidaire, ordonnée et fière qui revient au mondial. Elle frustre l’Uruguay  qui ne réussit à l’emporter qu’à la dernière minute, sur l’action qui lui réussit le mieux ces 2 dernières années : un coup de pied arrêté depuis le fond, à droite.

Chapeau au coach HECTOR KUPER (devenu égyptien) : il aligne son gardien de réserve El Shenawy pour son tout premier match officiel, juste après un match amical contre le Portugal 

Le meilleur de cette confrontation, c’est bien le gardien égyptien, froid, concentré, talentueux et dont les choix de temps et de modes de sortie sont excellents! 

Le pire ? Soyez gentils avec Suarez qui a TOUT RATÉ… Il a un record… Outre à être dénommé EL PISTOLERO, on l’appelle ‘L’amulette’. Avec lui sur le terrain l’Uruguay n’a JAMAIS perdu… Et dire qu’ils ne gagnaient pas leur match d’ouverture depuis 1974 !

Bravo au coach Tabarez à son second cycle sur le banc de touche national depuis 2006. À 71 ans, il ne lâche rien, malgré une maladie  dégénérative incurable qui le contraint à l’usage des béquilles. À lui la dédicace du but  de J. Giménez, de facto l’homme du match puisqu’il en décide du score – malgré tout, le meilleur reste le gardien El Shenawy d’Égypte… 

Les Pharaons auront absolument BESOIN d’aligner leur finisseur et réalisateur maison, Salah, devant le pays organisateur. Encore convalescent depuis la blessure en finale de la Champions League européenne, il est resté sur le banc… ‍♂️ Finalement, tout a réussi aux Égyptiens aujourd’hui sauf le but : Salah leur a manqué, il aurait marqué… 

A noter : beaucoup ont fait le jeûne du Ramadan, qui a pris fin aujourd’hui, quand bien même il n’y étaient pas obligés    

La suite nous dira ce qu’il adviendra d’eux…

Maroc  0-1 Iran

Difficile début des Africains…‍♂️

Comme pour l’Égypte, c’est contre le Maroc que le sort se décide et de la même façon, pendant les minutes de temps additionnel… Cette fois-ci, on supputera moins sur le Ramadan car de part et d’autre des joueurs l’ont observé, y compris Bouhaddouz qui marque à la 95ième minute le but  qui décide le match…  Il est entré comme remplaçant, justement pour marquer ce but, sauf qu’il l’a fait contre son camp sur un coup de pied arrêté alors qu’il couvrait le premier poteau en position défensive… (Un vrai but d’attaquant entre autres)…

Le match s’est joué sur un rythme effréné… Les deux équipes sont à leur 5ième Coupe Du Monde . Les Marocains y sont de retour après 20 ans. La dernière fois en 1998 en France 

Si les Chérifiens ont aligné Achraf, latéral du Real Madrid de 19 ans, les Persans leur répondent avec Jahanbakhsh, premier iranien à devenir meilleur buteur d’un championnat européen. Il joue pour AZ Alkmaar aux Pays Bas… Pour son pays il a la lourde pression d’être comparé à Alì Daei, (Ex Bundesliga Allemande) seul joueur au monde  dans l’histoire du football  à avoir inscrit 109 buts pour son équipe nationale et ce en seulement 149 matchs…

Le Maroc  présente seulement 2 joueurs sur 23 qui militent dans le championnat national. Ils sont pour la plupart binationaux et très respectés au pays pour avoir fait le choix d’être des Lions  De L’Atlas comme le capitaine Benattia Stopper, auparavant français en junior… C’est son but contre la Côte D’Ivoire qui qualifia l’équipe… C’est eux qui font le match et l’Iran se contente de détruire… Un match très nerveux… 

À la fin le coach Herve Renard  spécialiste d’Afrique où il a à son actif deux Coupes des Nations a aussi craqué… Il sentait le but arriver… En effet une longue minute plus tard, ses sensations prennent forme malheureusement pour lui et les siens…

C’est l’iran  qui se porte candidate pour challenger l’Espagne  et le Portugal . Pour de nombreux observateurs le tort revient au Benattia… Un joueur de sa carrure aurait dû mieux diriger les siens…

On verra…

Les Africains ne désespèrent JAMAIS!

Portugal  3-3 Espagne 

Ceux qui attendaient un match au sommet n’ont pas été déçus… Ceux qui voulaient voir comment l’Espagne auraient réagi après le Limogeage du coach Lopetegui l’avant-veille du début en coupe du monde  coupable d’avoir signé un accord secret avec le REAL MADRID dévoilé au denier moment devront prêter attention pour le reste de la compétition.

Ce match était à part… Ceux qui voulaient lire la rivalité REAL-BARCELONE entre les lignes ont été servis… La confrontation commence sur les chapeaux de roue et le Portugal mène déjà au score à la 3ième minute…‍♂️ Penalty transformé par Cristiano Ronaldo…

Durant la partie Douglas Costa brésilien naturalisé espagnol lui répondra 2 fois… Le Portugal mène 2-1 à la pause mais au retour le deuxième but de Costa qui fait écho au second de Ronaldo met l’Espagne  sur orbite, le vent en poupe…

Elle est plus disciplinée, plus équipe, avec plus de qualité, ce qui est récompensé avec un troisième but sans trop d’attente. Nacho se fait pardonner le penalty occasionné à la deuxième minute…‍♂️

L’Espagne règne mais c’est sans compter qu’en face il y a un monsieur surnommé CR7, qui sait tout faire… Et quand l’équipe manque de quantité ou d’idée, il invente de la Quantité…

Après lui, l’autre seul titulaire inamovible depuis 2013 a souvent donné du fil à retordre à Lord Iniesta… Il s’agit de l’Angolais naturalisé William Carvalho, mastodonte du milieu de terrain…‍♂️. Sentant peut-être le match en poigne, Hierro coach espagnol depuis 2 Jours, légendaire capitaine de Madrid et des Furies Rouges, libero cinquième meilleur Buteur de tous les temps d’Espagne remplace Diego Costa…

Comme à l’euro, Quaresma l’autre valeur capitale du Portugal entre aussi et les équilibres se renversent…

Piqué, défenseur du FC Barcelone se mordra les doigts puisque c’est d’une de ses légèretés que l’occasion est donnée à CR7 de remettre les pendules à l’heure. On joue la 88ième minute… 

Coup-franc magistralement transformé… 3 buts en un match et voilà l’extraterrestre meilleur buteur d’entrée de jeu. Il ramènera le ballon avec lui et une cheville, la droite avec laquelle il a tiré à contrôler à l’infirmerie… ‍⚕️

Une chance pour Le Maroc ? En tout cas, tous sont avertis… CR7 IS ON FIRE! 

Prestation discutable pour l’arbitre italien Rocchi. Il a peiné et malgré l’assistance vidéo, l’épisode du penalty n’en est pas moins problématique…

Les fans Africains restent divisés…

Ce qui est difficilement compréhensible c’est qu’il y en ait qui supportaient le Portugal  sous prétexte qu’ils ont été de bons colonisateurs…

Pardon? ‍♂️

Rendez-vous demain pour le résumé de la 2ème journée.


L’opposition existe-t-elle encore au Cameroun ?

La crise anglophone s’est muée en guerre civile et la destructuration des superstructures des partis politiques de l’opposition n’est plus un secret. La persistance de cette crise, à l’approche, à grande enjambée, des élections (municipales, législatives et présidentielle) n’arrange pas les choses. Ces élections mobilisent les états majors des partis politiques de l’opposition. Malgré ce déploiement, impossible de les prédire des lendemains meilleurs. Du coup, le parti de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, peut-il se donner le luxe de dormir sur ses lauriers ? Que non !

Ici, le concept d’opposition est défini, non pas comme une entité figée, mais comme une force dynamique de proposition. Il est important de prendre en compte le levier déclencheur d’une position de force nécessaire à toute alternative. Elle peut être détenue par les partis politique comme par les syndicats ou tout mouvements de contestation. Nous nous contenterons de mener une analyse à travers deux partis politiques de l’opposition : le SDF et le MRC. Ce sont les partis qui mènent en ce moments des manifestations sur le terrain. Les sorties momentanées de l’un ou de l’autre les placent au-devant de l’actualité politique. Ils suscitent donc, par cette occasion, des débats politiques d’envergure qui mobilisent l’opinion nationale sur les stratégies de conquête électorale.

La mise en scène du SDF au déclenchement de la crise anglophone le démobilise politiquement

Depuis le déclenchement de cette crise dite anglophone en octobre-novembre 2016, il était difficile d’imaginer le Cameroun en guerre. Les syndicats d’enseignants et d’avocats conduits respectivement par leurs leaders Agbor Nkongho, Fontem Neba, Wilfred Tassang, Harmony Bobga sont à la tête d’une contestation qui avait abouti à des manifestations pacifiques. Cette contestation est une conséquence d’une marginalisation des anglophones qui représentent 1/5 de la population camerounaise. Ce problème lié à la marginalisation au Cameroun pose la question du sort d’une minorité anglophone qui se sent exclu de la gestion publique depuis la fin du fédéralisme en 1972.

L’entrée du SDF dans la crise

C’est le SDF, à travers son député Joseph Wirba qui, le 2 décembre 2016, politise le mouvement syndical à travers un discours historique à l’assemblée nationale. Tout le pouvoir est pris à parti par le député qui dénonce justement la marginalisation dont est victime son peuple. D’ailleurs, malgré son immunité, il a subi quelques menaces, a même fui avant de revenir siéger quelques semaines après. Puis, le meeting du SDF, le 5 décembre 2016 à Buea en plein crise, où le Chairman du parti stigmatise la classe dirigeante. Du coup, le mouvement syndical prend une dimension politique. Mais, pour confirmer son leadership sur ce territoire anglophone, le congrès du SDF du 22 au 23 février 2018 à Bamenda se tient sans anicroche et plébiscite le Vice-président Joshua Osih comme candidat à la présidentielle d’octobre 2018.

Le terrain miné par les indépendantistes

Le SDF se trouve être le seul parti politique de l’opposition qui, jusqu’ici, a mené des sorties politiques très médiatisées sur le terrain en plein cœur de la contestation anglophone. Même le parti au pouvoir, le RDPC, avec son arsenal de sécurité appuyé par les forces de l’ordre, n’y a pas pu. C’est donc dire que cet territoire anglophone appelé fief du SDF resté miné. Le durcissement des positions et le pourrissement de la situation a entraîné la formation des milice armées depuis janvier 2017 avec l’arrestation des leaders syndicaux taxés subitement de « sécessionnistes ».

La première conséquence, c’est que même le SDF serait incapable actuellement de se mobiliser sur son fiel électoral. La deuxième conséquence, c’est que la militarisation de la zone anglophone le prive de son fiel électoral. Troisième conséquence, le parti est actuellement absent sur le terrain politique à  trois mois des élections.

Le confinement du débat politique à la « tribalisation » et le déploiement du leader du MRC à la conquête du terrain

Le MRC, nouveau parti d’opposition, fera son baptême du feu à la présidentielle d’octobre 2018. Nourri par le souci de ne pas faire piètre figure, il faut mobiliser les énergies et donc, accentuer sa présence sur le terrain. Depuis 2016, son leader, Maurice Kamto, fait le tour du pays en organisant des meetings à tout vent. Curieusement, depuis le déclenchement de la guerre en région anglophone, le MRC n’a plus jamais connu des interdictions de manifestations d’une sous-préfecture. Preuve que les autorités ont lâché du lest. Cette situation d’interdiction des manifestations du MRC donnait beaucoup de fil à retordre au parti qui devait multiplier des subterfuges pour éviter de passer sous les fourches caudines des autorités.

Bal de ping-pong

Depuis la fin de ces interdictions, des échanges, des débats houleux tintés de propos stigmatisants sont devenus légions. Le leader et son parti politique sont pris en étau sous les grippes des adversaires. Accusé par ses détracteur d’être un parti régionaliste et sectaire, les partisans du MRC s’en défendent. Leurs réponses, qualifiées de « violentes », ne se font pas attendre. Des réponses à la mesure de l’attaque sont observées ça et là. Au lieu d’assister aux débats de fond, ils virent toujours à la dérive. Autrement dit, les échanges entre les membres et sympathisants leaders du MRC et les détracteurs sont essentiellement centrés sur des petites piques en dessous de la ceinture. Des accusations de sectarisme se trouvent confrontées à l’appartenance tribale du leader du MRC et de ses membres.

Du coup, même les « Fake News » prenne du terrain dans les débats. Dans ce genre de climat où l’atmosphère est polluée par des rumeurs sur les fausses démissions et les fausses révélations à tendances tribale du leader, il est difficile à l’opinion de suivre voire de mener des débats sur l’actualité du parti et sa vision pour le Cameroun. A défaut donc de cette interdiction de manifestation qui ne font plus recettes, polluer et truander les débats de Fake News est devenu le sport favoris des trouble-fêtes.

L’opposition, à travers le MRC, se trouve donc handicapée par des communications diluées. Chaque partie, le MRC et ses détracteurs, se jetant la responsabilité de la « tribalisation » des débats, les messages sont tout de même brouiller. Que reste-t-il alors en pareille situation pour une opposition qui veut être audible ? Faut-il réagir aux polémiques comme le font ses membres du MRC ou laisser faire ? En tout cas, même si le MRC réussit à se déployer malgré tout, cette situation brouille les débats.

Que reste-t-il de l’opposition camerounaise ?

De façon trivial, on dira qu’il ne reste que le parti au pouvoir, le RDPC, et ses alliés. Il reste aussi certains partis de l’opposition dont on ne parle pas beaucoup et qui font, tant bien que mal, la pluie et le beau temps au sein de l’opinion. Ces sorties sont sporadiques et éphémères, mais ne manquent pas d’intérêts du tout.

Ce qui occupe les devants de la scène socio-politique justement, c’est cette crise dans la deux régions anglophones. Une crise qui s’est, peu à peu, muée en guerre total. Une guerre qui, actuellement, donne des sueurs froides à la vue des images photos et vidéos venues tout droit des deux régions de conflits. Depuis novembre 2016, les Anglophones ont occupés le terrain politique avec des revendications syndicales. Les syndicaliste, plus modérés, exigeaient une révision constitutionnelle afin de mettre l’option du fédéralisme sur la table de négociation. Énervées, les autorités ont alors opté pour la solution de la force. La première mesure a été de dissoudre le Consortium, un collectif de touts les syndicats, puis d’emprisonner les leaders syndicaux en janvier 2017.

Changement de cap

Janvier 2017 a donc marqué la fin du leadership syndical. Les plus radicaux de la crise, les indépendantistes, ont envahi le terrain. La population, n’ayant plus de leadership, se laisse dominer par des idées séparatistes. Celles-ci prennent le dessus, de gré ou de force, sur le débat politiques. L’enjeu politique qui se joue en région anglophone a pour centre d’intérêt la ville de Limbé. C’est une ville pétrolière qui se trouve, bien entendu dans la région du Sud-Ouest, région anglophone, donc. Cette manne pétrolière fait de la guerre un enjeu socio-politique pour le président Biya. Elle est considérée, comme c’est le cas des régime tyranniques, comme une ressource importante pour faire fonctionner le système.

La persistance de la guerre est une tactique de pourrissement dont l’objectif est de décourager les indépendantistes. La résistance des combattants indépendantistes appelés « terroristes » donne une autre allure à la crise. Les Anglophones deviennent, à travers cette lutte acharnée et ces combats armés, une force alternative. Il devient donc difficile de parler de l’avenir du régime et de Paul Biya sans faire allusion aux Anglophones qui tiennent encore le bon bout jusqu’ici.

La question qui demeure cependant est celle-ci : pourquoi et comment une telle crise a pu résister pendant deux ans alors que le Cameroun en a connu et qui se sont terminé en fiasco total ? Ce développement fera l’objet de notre prochain billet.


Présidentielle au Cameroun : la bataille de communication entre les pro et anti Maurice Kamto

Le candidat à la présidentielle d’octobre prochain, Maurice Kamto, goûte à sa première expérience politique. La présidentielle au Cameroun est une période de tensions permanentes. Elle ravive les passions et les émotions dans l’opinion à travers la Toile et les médias classiques. C’est la principale caractéristiques des périodes électorales.

A l’approche de la présidentielle d’octobre 2018, les partis politiques ce sont déjà mis en branle. Cette course à la magistrature suprême est marquée par des rivalités entre les acteurs politiques. D’une part, entre les partis politiques de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition. Et d’autre part, entre les différents partis politiques de l’opposition. Pour ce dernier cas qui nous intéresse ici, la tension entre les partis politiques de l’opposition met au centre des polémiques, le leaders Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).

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Maurice Kamto, Président du MRC et candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2018 au Cameroun. Crédit photo : MRC

Pourquoi Maurice Kamto fait-il l’objet de tant de fixation pour cette présidentielle au Cameroun ?

Le Cameroun a toujours eu à passer des moments de vives tensions marquées par une situation particulière à la veille des échéances électorales. Depuis le retour du multipartisme en 1990, les élections présidentielles pluralistes de 1992, 1997, 2004 et 2011 ont, chacune, toujours été marquées par un serpent de mer : la coalition des partis politiques de l’opposition. Si celle de 1992 a été un succès pour le moins éclatant avec Ni John Fru Ndi comme candidat de la coalition de l’opposition, cette expérience hante toujours l’opinion. Les expérience ratées de 1997, 2004 et 2011 ravivent encore les tensions au point où certains laisseraient croire que l’opposition doit encore passer par cette option de coalition pour espérer une alternance. Il serait toutefois naïf de ne pas penser que dans cette derrière idée de coalition se cache le mythe de Sisyphe :  la quête du leadership.

Les partis politiques de l’opposition veulent construire un leadership à l’image de Ni John Fru Ndi, leader charismatique, en 1992. C’est ce que les idéologues du MRC de Maurice Kamto ont compris. Un projet de société conçu autour de l’idéologie du social-libéralisme est le socle sous lequel se fonde le leadership. Libérer l’homme, libérer la parole pour permettre la confrontation et exploser les talents. C’est dans la concurrence des talents que le développement est possible. Pour y arriver, la stratégie du MRC est évidente : se livrer à la bataille communicationnelle semblable au concept de la guerre de l’information.

Les conséquences de cette stratégie communicationnelle

La bataille communicationnelle a cet inconvénient qu’elle expose le leader et le livre à la vindicte. Maurice Kamto, en s’exposant, s’attend à recevoir des coups de massue. Cette bataille communicationnelle choisi par le MRC n’est pas naïve. Elle est fondée sur l’objectif de la propagande politique de son idéologie. Cette propagande est exercée dans un contexte de frustration de nombreux Camerounais face à une opposition sclérosée de 26 années de batailles sans succès. Le MRC, né seulement en 2012, n’a donc pas de choix que de se lancer dans la conquête d’occupation du terrain politique pour rattraper le retard qu’il a avec les autres partis politiques de l’opposition qui sont là depuis 1990. L’enjeu est donc grand et pour une première participation à la présidentielle, Maurice et son parti le MRC n’ont pas droit à l’erreur.

Mais avant d’y arriver, Maurice Kamto fait face aux griefs de ses détracteurs les plus féroces à travers les médias et sur la Toile. Cette bataille communicationnelle a lieu entre les pro et les anti Maurice Kamto. Voici quelques morceaux choisis, et pas les moindres, où les deux camps se livrent une lutte féroces qui a lieu généralement sur les réseaux sociaux.

Maurice Kamto, un « nain politique »?

La plupart des griefs balancés contre le leader du MRC sont focalisés sur sa modique expérience sur le plan politique. En effet, les détracteurs s’attardent sur le fait que Maurice Kamto n’a aucune expérience politique. Selon eux, le leaders fait son entré en politique lors de sa nomination en tant que Ministre Délégué auprès du Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux de décembre 2004. Pourtant, il est établi que Maurice Kamto avait été le Directeur de campagne du candidat de la coalition de l’opposition de la présidentielle de 1992. Pour rappel, les résultats de la présidentielle donnait Paul Biya vainqueur avec 40% contre Ni John Fru Ndi, son suivant avec 36%. Ce résultat, jusqu’ici, est contesté par toute la classe politique de l’opposition qui estime avoir remporté la partie.

Ce score de 36% de l’opposition à la présidentielle reste pourtant une victoire pour beaucoup d’observateurs pour deux raisons. D’une part, il est le plus gros score jamais engrangé par un leader de l’opposition au cour des scrutins suivants. D’autre part, jamais, l’opposition camerounais n’a été aussi soudée pour faire face à un seul ennemi : le parti politique (UNC-RDPC) au pouvoir depuis l’indépendance du Cameroun oriental en 1960. La force politique du leader du MRC de Maurice Kamto peut donc se mesurer à partir de cette période inédite dans l’histoire de l’opposition au Cameroun. Pour des raisons que l’on ignore, il n’y a plus eu de coalition des partis politiques de l’opposition. Plus grave encore, après cette expérience, Maurice Kamto s’éclipse.

Repli stratégique ?

Maurice Kamto avait-il vraiment pris congé de la politique ? La mémoire courte de certains leur fait oublier cette période où le leader fait son entrée dans le gouvernement de Paul Biya en décembre 2004. Il y a passé sept ans et démissionne en novembre 2011 pour lancer le MRC en août 2012 à Yaoundé. Maurice Kamto n’est donc pas un « nain politique » comme d’aucun peuvent penser. Depuis l’avènement du multipartisme, il est trempé dans la politique.

Maurice Kamto, un « pion du système »?

Ce séjour de sept ans comme Ministre délégué dans un gouvernement de Paul Biya fait-il de Maurci Kamto un homme du système ? Cet argument avait été soulevé par ses détracteurs en son temps. Aujourd’hui, il est, avec le temps, tombé dans la désuétude totale. Il faut d’ailleurs expliquer ici comment Maurci Kamto arrive dans un gouvernement d’un tyran. Au fait, Il entre au gouvernement à la faveur de la gestion du dossier de Bakassi dont les détails se trouvent dans une édition Hors série du quotidien camerounais La Nouvelle Expression du 14 novembre 2002. Ce dossier a également été traité par le magazine Jeune Afrique Économie n° 374 de Novembre-Décembre 2004.

Cette affaire Bakassi a pour origine la remise en question des frontières héritées de la colonisation. Son origine date de 1993 où le Nigeria viole le territoire camerounais par une invasion de la presqu’île riche en pétrole. La Cour Internationale de Justice (CIJ) est saisie en 1994 par les soins de deux intellectuels camerounais, Luc Sindjoun et Joseph Owona. Le rejet du dossier par la CIJ oblige le gouvernement camerounais à faire appel à Maurice Kamto, juriste international, malgré le refus de ces deux derniers. La CIJ accepte finalement le dossier du Cameroun, quatre ans après, en juin 1998.

Comment Maurice Kamto se retrouve-t-il au gouvernement ?

C’est Constantin Boyo Guehoada qui répond en ces termes :

Pendant toute la procédure ainsi que les négociations avec la partie adverse, il fallait à chaque fois signer les documents officiels ; mais la tête de proue du dossier [Maurice Kamto] n’avait rang et qualité pour le faire. Quand bien même il aurait été mandaté pour le faire, mais par courtoisie pour la partie adverse, qui ratifiait les documents par leurs ministres, il fallait tout de même que nos signataires aient la stature de ministre. Les multiples déplacements du ministre de la justice uniquement pour apposer une signature n’arrangeait pas non plus les choses. C’est pourquoi l’homme aux manettes du dossier depuis longtemps devrait lui-même signer les documents officiels ; d’où l’importance de se voir doter d’un titre de ministre. C’est pourquoi Maurice Kamto sera nommé quelques temps plus tard ministre délégué à la justice.

Ce passage de la vie politique de Maurice Kamto est souvent critiqué pour son rôle au gouvernement lors de crise socio-politique dite « émeute de la faim » de février 2008. Pour l’heure, l’information qui filtre concernant ces émeutes, est que celles-ci sont à l’origine de la démission de Maurice Kamto du gouvernement.

Le MRC, ce « petit parti » peut même gagner quoi ?

L’autre grief, et pas le moindre, est celui de réduire le MRC au parti nombriliste. Il devenait prétentieux, pour le MRC qui a vu le jour en août 2012,  de se livrer au combat des municipales et législatives de 2013. Ainsi, à l’issue des scrutins du 30 septembre 2013, un an après sa création, le parti enregistre un score mitigé de 1 siège sur les 180 aux législatives et 19 conseillers municipaux sur les 10626 que comptent les 360 communes du pays. Les critiques fusaient de toutes parts pour qualifier le MRC d’un minuscule parti qui n’est pas différents des autres. Comme pour dire que le parti vient juste jouer au figurant.

Ce score du MRC lui a valu des pamphlets pas du tout honorables de la part d’un agrégé des droits publics qui fustigeait Maurice Kamto de « mauvais perdant » dans un article daté du 30 octobre 2013. Ce même agrégé, James Mouangue Kobila, enseignant à l’Université de Douala, ne tarit pas de quolibets en continuant à tirer à boulets rouges sur Maurice Kamto. Ainsi, à la suite de la convention du MRC du 13 au 15 avril 2018, un autre pamphlet du même enseignant qualifie déjà la candidature de Maurice à la prochaine présidentielle de ‘candidature vouée à l’échec« .

Le défi politique, mais aussi psychologique

Il faut donc le dire pour bien situer le débat : Maurice Kamto et son parti font face à un défi. Ce défi est justement de montrer au yeux des détracteurs que le « maigre » score obtenu après un an d’existence n’était juste qu’un point de départ. Les législatives et les municipales à venir doivent donner l’occasion au MRC, non seulement de démontrer son leadership, mais aussi et surtout de clouer au pilori ses détracteurs. Comme on peut le constater, cette bataille ne se joue pas uniquement sur le plan communicationnel, mais elle est surtout psychologique.

Le MRC, le parti de la « secte bahamiste » ?

C’est l’un des critiques les plus virulentes balancées sur Maurice Kamto et son parti. En fait, Maurice Kamto est né le 15 Février 1954 à Bafoussam, chef lieu de la région de l’Ouest. Il est également originaire d’un village, pas loin de Bafoussam, Baham. Ses adversaires ont vite fait de le réduire à un leader du village. D’où le vocable réducteur de « secte bahamiste ». Les critiques vont d’ailleurs plus loin en lui collant les qualificatifs les plus ubuesques : parti « ethno-fasciste », « parti tontine« , etc.

Une fois encore, c’est un enseignant d’université qui est maîtrise de la propagande anti-Kamto. Mathias Eric Owona Nguini s’illustre depuis quelques temps à des propos plus que provocateurs envers le candidat à la présidentielle Maurice Kamto. Cette rivalité a pris une ampleur telle que les propos de Owona Nguini sont désormais considérés comme un acharnement sur un leader politique.

Le positionnement académique ?

A l’origine de toutes ces batailles entre les enseignants (Kamto, Mouangue Kobila et Owona Nguini), se cache une guerre de positionnement académique sous le sceau de la communication politique. Il se trouve que les militants et sympathisants du MRC sont les plus présents sur la Toile et plus particulièrement les réseaux sociaux. Leur présence et leur réaction promptes à toutes invectives font d’eux des « colériques » qui ne laissent rien passer. C’est donc le parti politique le plus présent sur le net. A travers leur nom de profil sur Facebook, les anti Maurice Kamto ont vite fait de deviner leur origine ethnique. Selon eux, la majorité des militants et sympathisants du MRC serait originaires de la même ou du même ethnie que le leader.

Cette forte présence sur les réseaux sociaux est une situation que le Cameroun n’avait pas connu avant. Au point où les détracteurs qualifiait le MRC du « parti de Facebook ». Nous sommes donc partis de la « secte bahamiste » au « parti de Facebook ». La dernière trouvaille des griots c’est de réduire Maurice Kamto par son grade académique.

« Je suis universitaire, Maître de conférence comme Maurice Kamto »

La dernière polémique et toujours pas la moindre, fait état du rang académique de Maurice Kamto. Cette bataille livrée sur la Toile a lieu dans un contexte de délit de faciès en matière de compétences juridiques. En fait, c’est dans la gestion du dossier sur l’affaire Bakassi citée plus haut que la polémique sur le grade universitaire de Maurice Kamto rejaillit en surface. Le refus de Joseph Owona, géniteur de Owona Nguini, de faire appel à Maurice Kamto pour la gestion juridique du dossier de Bakassi, est le centre névralgique de la polémique.

Owona Nguini n’a de cesse de présenter Maurice Kamto comme un « Maître de conférence » : « Je suis universitaire, Maître de conférence comme Maurice Kamto ». Ce qui a irrité un Camerounais, Pascal Aubry Bilong, qui considère cette annonce de Owona Nguini comme une baliverne.D’où sa mise au point suivante :

Joseph Owona est Chancelier des ordres académiques en 1988 lorsque Maurice Kamto retourne au pays. Joseph Owona empêche Maurice Kamto, agrégé des facultés françaises en 1988, de passer Professeur Titulaire au Cameroun tel que le prévoyait la loi, en le rétrogradant Maître de Conférence. Le Professeur Maurice Kamto, qui est très attaché à l’application de la loi, avait porté plainte contre l’Université devant le tribunal administratif et avait remporté le procès.

Pour terminer

Il se passe donc que la fixation sur la personne de Maurice Kamto par Mathias Eric Owona Nguini est le résultat d’une haine qui ne date pas d’aujourd’hui. Elle date de depuis l’époque où Joseph Owona, le géniteur de Mathias Eric Owona Nguini était ministre de l’enseignement supérieur.Cette haine est visible également en 1994 lors de l’affaire Bakassi.

Les griefs d’Owona Nguini sont-ils donc une suite logique d’une haine congénitale ?


Pourquoi Camer-Co subit la foudre des internautes camerounais

Le 27 avril 2018, une Camerounaise, Mme Tankoua Joyce, a été « suspendue de tous les vols sur l’ensemble du réseau de la compagnie jusqu’à nouvel avis ». Le passager Tankoua Joyce a été identifiée par le personnel comme la responsable d’un « incident qui porte atteinte à l’image de marque de Camer-Co » pour avoir « retiré le coussin d’assise du siège ». Elle a photographié ce siège et l’a balancé sur les réseaux sociaux. Cette décision du Directeur Général de Camer-Co, Ernest Dikoum, qui manifestement a surpris les Camerounais, n’a laissé personne indifférent. Du coup, les internautes se sont acharnés sur la compagnie et ses dirigeants.

Pour beaucoup, c’est une décision qui n’est pas appropriée. Tout comme les photos prises par Mme Tankoua, la décision du M. Dikoum, contrairement à ce qu’il veut faire croire, ne rehausse pas l’image du Cameroun. Elle est plus liée à l’incompétence des dirigeants de Camer-Co. Nous sommes donc ici en face d’une communication de crise où un client manifeste son ras-le-bol face à la détérioration des conditions de voyage. Mais la « Note de service » de la direction générale tend plutôt à démontrer le contraire en parlant d’acte « volontaire » de destruction du siège.

Les internautes n’ont donc pas hésité à parler de manipulation de la direction générale pour justifier les mauvaises qualités de service à bord des vols de Camer-Co. Il faut avouer que c’est une situation que les Camerounais avaient l’habitude de reprocher à Cameroon Airline (Camair), la défunte compagnie qui a fait ses beaux jours avant sa chute. Elle était d’ailleurs devenue célèbre par son appellation « Air Peu-être » pour ses retards légendaires. C’est ce qui explique le scepticisme des Camerounais sur la bonne foi de Ernest Dikoum qui cherche « maladroitement », avec la nouvelle compagnie Camer-Co, à redonner au Cameroun cette image d’antan qu’elle a perdu depuis belle lurette.

https://twitter.com/Nath_Yamb/status/988717281076269056

La mauvaise « tactiques commerciales » de Camer-Co ?

Une professionnelle du tourisme réagit à cette décision en la qualifiant de « tactiques commerciales » inappropriées dans un contexte de concurrence très rude. La professionnelle Alice Tchomte va plus loin et réserve à Camer-Co le même sort que son aîné Camair. Elle s’adresse au Directeur Général Ernest Dikoum sur sa page Facebook en ces termes :

En tant que citoyenne camerounaise et professionnelle du Tourisme et des Voyages, je m’insurge contre vos manœuvres anti-commerciales qui ternissent davantage l’image de notre compagnie aérienne nationale que vous êtes censé diriger et ramener à un niveau supérieur lui permettant de rivaliser en terme de qualité de service et satisfaction du client, avec un concurrent ayant une très bonne renommée internationale à l’instar de ETHIOPIAN AIRLINES!

  • Madame Joyce Tankoua, n’était ni en état d’ébriété, ni sous influence de stupéfiants, lorsqu’elle a pris ledit vol.Madame Joyce.
  • Tankoua n’est pas une terroriste.
  • Madame Joyce Tankoua n’était pas à sa première expérience en tant que passager aérien, ni sur le vol CAMAIR-CO, ni sur une autre compagnie.
  • Pour ces 3 points, Madame Joyce Tankoua n’avait et n’a aucune raison de  » VOLONTAIREMENT RETIRER LE COUSSIN D’ASSISE DU SIEGE » comme vous le prétendez dans votre note de service, pour expliquer votre puérile décision, indigne d’un homme de votre acabit!

Nous camerounais et notamment moi, avions été fiers de votre parcours dans la compagnie aérienne « EMIRATES » dans laquelle vous avez occupé le poste de Directeur. Mais, par cette note de service que vous semblez avoir signé, vous vous retrouvez au bas de l’échelle des dirigeants des compagnies africaines.

« THE CUSTOMER IS ALWAYS RIGHT  »
Où donc avez-vous mis ce slogan commercial que vous connaissez si bien et avez fait appliquer lors de vos précédents postes de dirigeant à l’international?

Ne savez-vous pas que nos avions ont effectivement quelques soucis tels que ces coussins qui ressortent de leurs sièges et qu’il incombe au personnel aérien d’essayer avec tact, de rassurer le passager plaignant, en le mettant à l’aise puis d’en informer la hiérarchie pour rapidement régler le problème en se procurant du matériel de qualité et non de demeurer dans la vétusté, source de danger?

« Le client est Roi », Monsieur Dikoum et il a le droit de se plaindre du mauvais service rendu.

Sachez que par cette note, vous avez lancé un appel à tous les passagers de CAMAIR-CO, pour prendre en photo ou en vidéo, tous les nombreux couacs de la compagnie que vous dirigez!

Fort heureusement, vous n’avez pas le pouvoir de supprimer l’air qu’on respire sur l’étendu du territoire Camerounais! Madame Joyce Tankoua, d’autres passagers et moi aurions été victimes de votre abus de pouvoir…

A moins de vouloir mettre la clé sous le paillasson, vous feriez mieux de rectifier au plus vite, vos tactiques commerciales!

Alice Tchomté

La sanction de Mme Tankoua doit « servir de leçon »

A la suite de nombreux griefs portés à l’encontre de Ernest Dikoum sur les réseaux sociaux, une employée de Camer-Co s’est vue obligée de réagir. Selon Yolande Bodiong, une ex-employée de Camer-co, toute compagnie a le plein droit d’exclure un passager de ses vols pour « destruction d’un matériel ». Voici en substance, sa réaction sur sa page Facebook :

Je peux comprendre que certains camerounais soient choqués par cette décision du Directeur Général de Camair-Co. Parce que ça relève de l’inédit au Cameroun.

La réglementation internationale en matière de transport aérien est claire: Un passager qui tient des propos injurieux à un membre d’équipage, ou qui détruit ou participe à la destruction d’un matériel doit purement et simplement être débarqué par le commandant de bord à l’immédiat avec rapport à l’appui si toute tentative de raisonnement du passager ne le calme pas.

Ce rapport donne le droit à la direction générale après enquêtes et témoignages des autres passagers et après une fois de plus avoir pris attache avec le passager concerné pour conciliation. Si infructueux, la compagnie se réserve le droit d’appliquer les sanctions conformément à la réglementation internationale en matière de transport aérien.

Le Directeur Général de Camair-Co a posé un acte courageux qui doit servir de leçon. Avoir des droits ne vous donne pas le droit au libertinage.

Des sièges endommagés dans un avion les rend simplement inoperationnels et ne sont pas vendus. Par contre les coussins y sont toutefois maintenus simplement parce que ce sont des moyens de flotaison en cas d’amerrissage et plus encore.

Dénoncer C’est bien, filmer les sièges C’est bien. Mais déplacer un coussin pour faire une photo C’est interdit.
Et connaissant mes collègues et la patience qui les caractérise face aux passagers désagréables, cette dame a dû pousser le bouchon trop loin. Elle mérite cette sanction pour que ça serve de leçon.

Par Yolande Bodiong, Ancienne hôtesse de l’air a Cameroon Airlines et cadre de Camair-co

Camer-Co : une question de survie face à la concurrence

A la suite de ces deux réaction, il faut dire que la compagnie aérienne nationale camerounaise est confronté à de réels soucis. Comme le dit si bien Ernest Dikoum et Alice Tchomte, c’est de l’image du Cameroun dont il est question ici. Détruite par la défunte Camair qui faisait face à un problème de sa gouvernance, il faut maintenant trouver la meilleure stratégie pour l’améliorer.

La meilleure stratégie passera-t-elle par l’application stricte des mesures internationales face aux clients vexés et impatients de voir Camer-Co retrouver l’image d’antan de la Camair ? Il est évident que certaines compagnies ont déjà eu à appliquer cette décision d’exclure les passagers de ses vols. Mais, il est également vrai que ces compagnie, à l’instar de British Airways, ne sont pas dans une situation de reconquête d’une clientèle camerounaise perdue à la suite de la mauvaise gestion de la Camair.

Ici, Camer-Co a besoin d’un souffle nouveau. Elle a besoin de redonner aux Camerounais le goût de voyager avec leur compagnie nationale, ce chauvinisme dont il se gargarisaient en 1979 lors de la naissance de la Camair. Dans cette pression à la recherche de son blason perdu, seule la compétence peut résoudre l’équation. C’est important, voire nécessaire pour rassurer les Camerounais et éviter des coups fourrés sur la Toile en tirs groupés. On ne saurait jamais si bien le dire.


Mida : les leçons d’une « escroquerie de grande envergure » éventrée par le gouvernement camerounais

Sept mois après le lancement de ses activités à Ahala, une localité situé dans l’arrondissement de Yaoundé 3ème, la Mission d’intégration et développement pour l’Afrique (Mida) ferme définitivement ses portes. La Mida était considérée comme une entreprise financière de placement. Le communiqué du ministre de la communication qui met fin aux activités de l’entreprise remet au grand jour révèle quatre leçons tirées à la suite de cette vaste escroquerie.

Le sociologue Serge Aimé Bikoi nous livre ici une analyse de la situation qui met en exergue les quatre leçons tirées après la fermeture de Mida. Il est à noter cependant que l’analyse que le sociologue nous livre ci-dessous nous montre le niveau de déliquescence de la société camerounaise en manque de repère. Elle est prompte à prendre des risques face à un environnement dont les opportunités de sortir du chômage sont assez morbides.

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Le logo officielle de la Mida, entreprise accusée d’escroquerie par le gouvernement camerounais. Crédit photo : Mida

Affaire Mida : chronique de la fin d’une aventure mêlée d’esbroufe et de clandestinité

Un laxisme qui a fait a fait perdurer l’escroquerie

Le ministre de la Communication (Micom) a suspendu, ce samedi, 21 avril 2018, les activités de la Mida (Mission d’intégration et développement pour l’Afrique). Après sept mois d’activités, le gouvernement monte au créneau pour sanctionner une structure qualifiée, finalement, a posteriori, de clandestine. D’après le communiqué de Issa Tchiroma Bakary rendu public ce jour (le 21 avril 2018, ndlr), le gouvernement camerounais dit suspendre les activités de ce qu’il présente comme étant une structure clandestine, dénommée la Mida. Le porte-parole du gouvernement, signataire dudit communiqué, explique que l’État s’engage à indemniser les jeunes camerounais adhérents de la Mida, estimés à plus de 8000 selon cette organisation.

L’interventionnisme du gouvernement, sept mois après la mise en route des activités de la Mida, incline à questionner les lenteurs, voire les pesanteurs administratives d’un État prompt à réagir, mais qui n’est jamais enclin à l’action au moment opportun. Cette organisation clandestine aurait due être suspendue depuis septembre 2017, période au cours de laquelle ses activités ont été étrennées sans que les autorités administratives ne viennent au devant de la scène, comme ces derniers jours, pour sonner le glas de cette escroquerie maffieuse. Mais au regard du fait que le Cameroun est un macrocosme où il règne, ce que le Sociologues de la régulation sociale, appellent « l’État-spectacle », l’État s’offre dans une scène de théâtralisation. Question de stopper les activités illicites et clandestines, lesquelles avaient droit de cité depuis sept mois. Quelle inertie!

https://twitter.com/CRTV_web/status/987751369594540032

Première leçon : les autorités administratives seraient-elles mêlées à cette escroquerie ?

La première leçon à tirer de cette suspension est liée au constat de la conflictualité des rapports de pouvoir et d’autorité entre le premier adjoint préfectoral, qui accordait une onction aux cérémonies de remise de parchemins aux séminaristes en fin de formation, et le Préfet du département du Mfoundi, dont la réaction, sur les colonnes de Cameroon tribune (Quotidien gouvernemental, ndlr), du 17 avril 2018, est intervenue sur le tard. Jean-Claude Tsila (le préfet du Mfoundi, ndlar) ne savait-il pas que la Mida exerce depuis septembre 2017 sur l’étendue du triangle national pour sanctionner, fortuitement, la suspension des activités et apposer des scellés au siège de cette structure à Ahala ?

Sans conteste, il y a l’angle de la politisation de ce contentieux entre les autorités, dont le bas-peuple, généralement dindon de la farce, ne débusque pas les tenants et les aboutissants. Sinon, comment comprendre l’accréditation, par le Sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé IIIème, de la déclaration des manifestations publiques organisées par la Mida durant sept mois sans que ce fait curieux n’interpelle le numéro 1 de la région du Centre ? Il y a, sans doute, anguille sous roche. Certaines autorités administratives ont-elles été corrompues pour avaliser les événements de cette organisation désormais clandestine ? Le Cameroun est formidable. Vivons seulement comme qui dirait!

Deuxième leçon : un laxisme administratif qui ne rend pas service au peuple

La deuxième leçon , indissociable de la première, est relative à la permanence des pesanteurs bureaucratiques des autorités officielles, lesquelles activent, mieux optent pour le paradigme du pourrissement pour, in extremis, réagir au lieu d’agir au premier abord. C’est sur ces entrefaites que certaines grilles de lecture postulent la thèse suivant laquelle le temps de l’État n’est pas celui du peuple, encore moins celui des populations. Le temps du Président, maître-censeur et penseur du système n’est pas celui du bas-peuple. L’État met, certes, du temps à agir-ce qui est une tare-, mais il agit toujours tout compte fait dans l’optique de la sauvegarde de l’intérêt général.

Troisième leçon : une jeunesse perdue qui a besoin d’un désenvoûtement

La 3ème leçon est liée au processus d’avilissement et d’ensauvagement des jeunesses du pouvoir qui, confrontées à la paupérisation, à la relégation et au misérabilisme ambiants et chancelants, sont happées comme des bêtes de somme, des moutons de Panurge dans une aventure entremêlée d’esbroufe et d’escroquerie à grande échelle, dont elles ne cherchent pas à appréhender les non-dits. C’est le corollaire de l’intérêt accru pour le gain facile.

Dépenser 12.500 Fcfa à l’entrée et percevoir 60.000 Fcfa à la sortie de la formation, souscrire à cette formation à 125.000 Fcfa et obtenir, curieusement, la somme de 600.000 fcfa au sortir de cette formation après un mois ressemble à la construction d’une illusion dans un odyssée, où tout est rose sans scrupule. Dire que 8.000 personnes qui plus est des jeunes n’ont pas questionné la provenance des fonds, mieux ce procédé de la captation faramineuse des ressources pécuniaires est assimilable, à s’y méprendre, à une scène d’envoûtement collectif aux relents spiritualiste et magico-mystique, dont les gourous promoteurs détiennent, seuls, le secret. Ah pauvreté quand tu nous tiens!

Quatrième leçon : pourquoi les Camerounais ne tirent-ils pas de leçon après tant d’expériences d’escroquerie

La quatrième leçon est liée à la mémoire courte d’une catégorie de Camerounais qui ne sait toujours pas tirer les leçons des turpitudes de certaines structures ayant mis en route, par le passé, quasiment le même levier opérationnel de la roublardise. En effet, Famm-Cameroon, Leadership Academy, le Pid sont des trois organisations qui avaient, antérieurement, procédé à l’esbroufe en flouant des grappes d’individus au mépris des conséquences préjudiciables encourues par plus d’un.

Famm Cameroon (Fondation pour l’assistance maladie et maternité Cameroon) est une Organisation non-gouvernementale (Ong) qui, lancée en 2002, avait été présentée par la promotrice comme une panacée à la sécurité sociale au Cameroun. Elle avait alors mobilisé de milliers de personnes, mais coup de théâtre, le rêve s’est estompé et cette structure avait été trainée devant les instances judiciaires compétentes pour « usurpation de fonction, détournement de deniers publics, refus de déclarer les impôts et refus de reverser les cotisations à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). Le montant des cotisations sociales collectées auprès de plus de 2800 employés est évalué à 1,3 milliards de Fcfa.

Que reproche-t-on à la Mida ?

La Mida, en ce qui la concerne, a été épinglée et est accusée, par le Préfet du Mfoundi, « d’existence illégale, d’usurpation de fonctions, de corruption de la jeunesse, de port illégal d’insignes et d’uniformes militaires et d’escroquerie par appel au public ». Quelques années après, le feuilleton Leadership academy, dont les activités avaient été interdites en octobre 2000 par le ministre de l’économie et des Finances (Minefi) de l’époque, avait fait des vagues. Soupçonnée, en effet, d’être une société écran, cette institution d’épargne a été sommée de fermer ses portes. Leadership Academy, dont le principal promoteur fut un expatrié, s’était vu refuser l’agrément par la commission bancaire de l’Afrique centrale, invitant les clients potentiels à lui confier leur épargne pour des intérêts mirobolants. Décidément, des concitoyens ne tirent pas toujours les leçons du passé!

Serge Aimé Bikoi


Le leadership du SDF mis à mal à la veille de la présidentielle d’octobre 2018 au Cameroun

Commencé le 22 février, la 9ème Convention (congrès) du SDF (Social Democratic Front), s’est achevée le 24 février 2018. En sessions ordinaire et extraordinaire cumulées, le congrès du principal parti de l’opposition au Cameroun n’a pas fait que des choux gras. Pour cause, le SDF, harcelé par des remous socio-politiques, continue d’être sous la sellette de ses détracteurs.

Les élections internes au SDF, le plébiscite de Joshua Osih lors de la primaire, le retrait de son leader historique de la course à la présidentielle, le contexte de crise socio-politique que traversent les deux régions considérées comme son fief historique, confronte le parti aux critiques les plus acerbes. Cette situation un peu inhabituelle, fait dire à beaucoup d’analystes que le parti risque de subir des coups aux prochaines échéances électorales. Malgré tout, même l’observateur le plus averti doit se méfier de livrer le SDF à la vindicte populaire.

Deux faits majeurs constituent pour moi des indicateurs d’analyse. Ils peuvent juste nous aider à scruter l’avenir du SDF. Le premier, c’est le résultat de la primaire au sein du parti. C’est l’objet du président billet. Le second, concerne justement la crise socio-politique dominée par le sécessionnisme des régions anglophones. Cette problématique sera traitée dans le second billet. La question centrale ici est la suivante :  à quoi va servir la participation du SDF aux élections dans un contexte sécessionniste ? Tout compte fait, les positions et les décisions du SDF face à cette crise dite anglophone place le parti dans une situation inconfortable.

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Photo officielle de Joshua Osih, candidat du SDF à la présidentielle d’octobre 2018 au Cameroun. Crédit photo : SDF

Des remous externes au SDF pour planter le décor

Pour rappel, le Cameroun traverse une crise socio-politique profonde qui décime, depuis octobre 2016, les deux régions anglophones. En proie aux revendications sécessionnistes, les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest sont actuellement entrées dans la phase de la guérilla. Le nombre de victimes, civils comme militaires, devient pratiquement inquiétant de jour en jour. Des accalmies par moment sont observées. Malgré les assurances des autorités, toute villégiature de ce côté s’avère toujours périlleuse.

Un congrès à problèmes

L’organisation du congrès du SDF à Bamenda n’a pas fini de susciter des controverses et parfois des attaques ad hominem. D’abord, à la veille de l’ouverture du congrès, il y a eu des rumeurs sur des menaces venant des sécessionnistes. Les congressistes commençaient déjà de s’inquiéter. Mais, la réaction immédiate du leader historique, le Chairman Ni John Fru Ndi, a heureusement calmer les esprits. Ensuite, il y eu la polémique sur la location de la salle. Prévu initialement à la salle de l’église presbytérienne de Ntamulung à Bamenda, le congrès s’est finalement tenu au palais des congrès de la même ville.

Ce palais des congrès est une sorte d’auditorium appartenant au parti au pouvoir. La photo-portrait officielle de Paul Biya, président de la République et président du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) trône au dessus de la salle. C’était comme une mise en scène, un peu semblable à celle du Christ sur la crois dans une cathédrale et qui ne finissait pas de nourrir les gorges chaudes. Enfin, il y a eu, comme invités d’honneur, des membres influents du RDPC qui ont pris place au présidium. Pour certains observateurs, ce dernier détail est considéré comme une erreur de communication.

Des questions sans réponses

Ces invectives contre le SDF n’empêche tout de même pas à un observateur de s’interroger. Quelle est la pertinence ou l’opportunité d’un tel congrès qui risque visiblement de laisser des plumes au parti ? Comment tenir un congrès ordinaire et extraordinaire, dans un contexte séparatiste, dont le point culminant devrait être l’investiture d’un candidat à la présidentielle ? Pour dire ça autrement, comment expliquer qu’un parti donc le fief se trouve dans la zone sécessionniste, se prépare à participer aux élections organisées par un régime qui réprime les sécessionnistes ?

Il faut préciser ici que le SDF, depuis le début de la crise anglophone, propose le fédéralisme comme solution. La réaction du régime de Yaoundé ne s’est pas fait attendre. La répression comme arme pour anéantir les partisans du fédéralisme a a cédé le flanc au radicalisme. Du coup, les Anglophone ont pris fait et cause des discours sécessionnistes même s’ils sont marginaux.

L’organisation de la primaire : coup de semonce pour le SDF ?

L’instance exécutive du parti, le NEC (National Executive Comity), qui s’est réunie le 09 février 2018 avait eu comme résolution majeure l’organisation de la 9ème convention du parti pour les 22, 23 et 24 février 2018. Il est question de faire d’une pierre deux coups : tenir en même temps le congrès ordinaire et extraordinaire. Ordinaire pour élire les membres statutaires du parti arrivés en fin de mandat ; extraordinaire pour choisir le candidat du parti à l’élection présidentielle d’octobre 2018.

L’organisation de la primaire marque l’accord de principe du SDF quant à sa participation aux élections présidentielle, législatives et municipales. A priori, on aurait penser que cette situation de crise devrait amener le parti à revoir sa position en choisissant par exemple le boycott. Cette stratégie de boycott qui reste quand même discutable serait logique car cela s’expliquerait ici par la volonté affichée de Paul Biya et son parti de maintenir le statu-quo sur la crise anglophone. Cette participation du SDF aux élections malgré l’issu probable de son échec ferait passer le parti sous les fourches caudines des électeurs. Ce qui lui ferait aussi perdre son leadership.

Une position de leadership bien assumée

A la suite de la présidentielle d’octobre 2011, des législatives, sénatoriales et municipales de 2013, le SDF se positionne alors comme le deuxième parti après le RDPC. Ces scores font du SDF, urbi et orbi, le parti qui tient le leadership dans l’opposition camerounaise. Cette position du leadership donne à ce parti un poids incontournable dans toute solution d’alternance.

C’est la raison pour laquelle tous les regards sont rivés sur lui. Pas donc surprenant de savoir que la désignation du candidat du parti à la présidentielle au cours d’une primaire soit le point focal. Cela faisait depuis quelques mois que les observateurs les plus avertis attendaient quand même un signal fort.

Du coup, le plébiscite de Joshua Osih, est présenté comme la montagne qui avait accouché d’une souris. C’est que le bateau du parti semble prendre de l’eau. Ce que les militants contestent évidemment et assurent que le candidat du parti est à la mesure des enjeux cruciaux de l’heure.

Les origines suisses du candidat Joshua Osih

Mais, ce qui a donc marqué plus l’opinion et ravivé les polémiques, c’est sans doute les origines suisses collées au dos de Joshua Osih. Réélu 1er vice-président du SDF, plébiscité et investi par le parti pour la présidentielle d’octobre 2018, Joshua Osih, en peu de temps, devient la bête noire à abattre. Il est honni pour ses origines métis du fait d’avoir une parenté suisse. Compte tenu du fait que la loi camerounaise interdit la double nationalité, il lui est donc reproché d’en avoir une. Il faut signaler tout de même qu’il est actuellement député élu en 2013 et sa double nationalité n’avait pas été évoquée. Joshua Osih était resté pourtant, jusque-là, incognito dans les frasques politiques.

Toutes ces intriques et bien d’autres sont mis au-devant de la scène au moment où le climat sur l’insécurité prend le pas sur l’actualité institutionnelle et les faits divers. Ce climat d’insécurité est tel qu’il pourrait compromettre le bon déroulement de l’élection présidentielle. Pourquoi Joshua Osih serait-il considéré comme l’homme à abattre alors que toute la classe politique de l’opposition, soif d’alternance, devrait avoir comme pour seul adversaire, Paul Biya ?

Et l’histoire retiendra que…

…le SDF a connu pire que ça. Le SDF n’est donc pas à son premier lynchage public comme on le voit avec les critiques de la candidature de Joshua Osih.

Quelque temps avant la présidentielle du 10 octobre 2004, il y a eu deux fronts dans l’opposition. La première et la plus célèbre est celui conduit par le SDF de John Fru Ndi et l’UDC d’Amadou Ndam Njoya. Ce premier front s’appelait la « Coalition Nationale pour la reconstruction et la réconciliation » (CNRR). Le deuxième est celui que conduisaient Jean Jacque Ekindi, Samuel Mack-Kit et Mboua Massok respectivement leaders du Mouvement progressiste (MP), de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) et du Parti Social pour la Libération du Peuple Camerounais. A la surprise général, le CNRR a éclaté en deux lorsque le comité chargé de choisir le candidat unique de la coalition a préféré Amadou Ndam Njoya à John Fru Ndi.

Le SDF, s’estimant leader de l’opposition n’a pas pu supporter cet affront qui le mettait à l’écart de la course du fauteuil présidentiel. John Fru Ndi décide de claquer la porte de la coalition et se faire investir par son parti à Bamenda au cours d’un congrès. Les résultats à la présidentielle d’octobre 2004 ont surpris les détracteurs la débâcle du parti. John Fru Ndi s’en est sorti avec 17,40%, loin de son suivant immédiat Amadou Ndam Njoya qui enregistre 4,48%. C’est tout dire.

Pour cette présidentielle d’octobre 2018, d’aucun ont même déjà pensé que la crise anglophone pourrait constituer un coup de grâce. La crise anglophone serait alors une bonne opportunité pour ce parti qui cherche à sortir de sa léthargie ?

A suivre…


Quelques références pour compléter vos lectures
  • Hadji Omar Diop (2006), Partis politiques et processus de transition démocratique en Afrique noire : recherches sur les enjeux juridiques et sociologiques du multipartisme dans quelques pays de l’espace francophone, Publibook, Paris.
  • Pierre Flambeau Ngayap (2000), L’opposition au Cameroun. Les années de braise, Études africaines, Paris.
  • J. H. Tingueu Sepo (1990), Multipartisme et démocratie au Cameroun. Les grandes occasions manquées pour l’alternance, L’Harmattan, Paris.


Quelles leçons tirer après une extradition en coulisse, par le Nigeria, des leaders anglophones camerounais ?

Le dernier rebondissement de la crise anglophone est connu : l’extradition du leader indépendantiste Sisiku Julius Ayuk Tabe et 46 personnes de son équipe à Yaoundé. Voici déjà seize mois que la crise anglophone occupe l’actualité au Cameroun. Seize mois au cours desquels l’actualité a bien sûr été nourrie par des coups de théâtre à n’en plus finir. Des arrestations par centaine, des morts de civils et des hommes en tenue par dizaine, et bien entendu, des villages entièrement rasés par l’armée. Maintenant, c’est l’extradition du leaders de la sécession anglophone qui suscite des coups de gueule.

Le déchaînement de certains Camerounais à la suite de l’extradition de Sisiku Juliu Ayuk Tabe montre combien cet événement était attendu à Yaoundé. Tandis que les uns maudissent cette arrestation, d’autres s’en délectent. Les commentaires vont dans tous les sens. Il y en même qui taxent les séparatistes de « terroristes » sans feindre de tomber sous le coup de la loi pour diffamation.

Pour rappel, c’est depuis le 5 janvier 2018, Sisiku Julius Ayuk Tabe et quelques membres de son équipe, sont arrêtés et détenus à Abuja. En tout cas, ils sont annoncés, par la presse nationale et internationale dans les locaux de la police. Curieusement, ni les autorités de Yaoundé, ni celles d’Abuja ne confirment cette arrestation. Les leaders anglophones sont donc supposés être en garde à vue sans qu’ils n’aient vu leurs avocats. Ils sont donc restés couper du monde depuis cette date jusqu’au 29 janvier 2018. C’est le dernier soubresaut d’une crise anglophone qui persiste depuis septembre 2016.

Dans la soirée du 29 janvier 2018, le gouvernement donne un point de presse pour confirmer cette extradition. Ceux qui jubilent ont toujours été les partisans de la force depuis le déclenchement de la crise. Pour eux, le « rouleau compresseur » qu’est l’État doublé de sa « riposte musclée » doivent rétablir l’ordre par tous les moyens. C’est d’ailleurs cette option qu’a choisi le gouvernement à la place d’un « dialogue inclusif » réclamé à cor et à cri par certains partis politiques et la société civile. A côté de ces réjouissances, les autres se content d’analyse la situation pour comprendre ce qui s’est réellement passé. Panorama.

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Communique du ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, annonçant l’extradition des leaders anglophones à Yaoundé. Crédit photo : Page Facebook du ministre Issa Tchiroma.

Ahmadou Ahidjo et la Guerre du Biafra

La première analyse de la situation après l’arrestation des leaders anglophone qui a attiré mon attention est celle de Bernard Williams Banag. Dans un forum Facebook, il montre justement la naïveté de Sisiku et de toute son équipe sur l’histoire du Cameroun. Pour ce Camerounais, si ces leaders anglophones avaient un petit moment imaginé que le Nigeria est redevable au Cameroun, compte tenu des vicissitudes de son histoire, ils auraient tout simplement éviter de choisir ce géant africain comme leur base. Le Cameroun, sous Amadou Ahidjo, avait soutenu le Nigeria sous Yakubu Gowon, à exterminer les leaders indépendantistes du Biafra. Voici en substance, un extrait de son argumentaire :

Ne jamais oublier que pendant la guerre du Biafra à la fin des années 1960, des compagnies pétrolières anglo-saxonnes comme Shell et BP vont soutenir la sécession en versant d’énormes sommes d’argent au Général Emeka Ojukwu, le sécessionniste et chef des rebelles qui avait décidé de créer l’État du Biafra avec Enugu comme capitale.

Si on ajoute que le Général de Gaulle ne portait pas dans son cœur le président Yakubu Gowon qui s’était ouvertement opposé aux essais nucléaires de la France, on pouvait considérer que la messe était dite. De Gaulle va même pousser les présidents Houphouet Boigny de la Côte d’Ivoire et Bongo du Gabon à soutenir et reconnaître officiellement le nouvel état du Biafra. Ils le feront sans en mesurer les conséquences et isoleront de fait le président Gowon dans ce conflit. Le président Hamani Diori du Niger est l’un des rares présidents africains à avoir apporté très tôt son soutien indéfectible à Yakubu Gowon mais son poids politique est faible dans la sous région.

Pour mettre fin à cette guerre du pétrole qui a déjà causé plusieurs centaines de milliers de morts et une crise humanitaire sans précédent dans la sous région, Ahmadou Ahidjo va appeler Hamani Diori pour lui signifier qu’il ne permettra jamais que le Cameroun et notre fameux « SO/NO » (ce sont les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest anglophones, ndlr) deviennent une base arrière des rebelles. Dans les faits, le président Ahmadou Ahidjo rencontrera secrètement le Général Gowon pour élaborer un plan et asphyxier la rébellion, malgré le soutien de la France aux rebelles et la puissance financière des compagnies pétrolières. Ahidjo confiera même à son ami Hamani Diori que le président Houphouet Boigny avait fait « sa plus grande erreur politique au Biafra ».

Le Nigeria, une république bananière

D’autres analyses, comme celles de Jean-Marc Soboth, vont au-delà de la méconnaissance de l’histoire en montrant plutôt la traîtrise dont le Nigeria s’est habituée. Pour ce journaliste, il ne faut pas être surpris de l’extradition des indépendantistes anglophones. Le Nigeria est un habitué des coups bas et des coups foireux. Ce pays n’a jamais œuvré pour l’intérêt des pays africains. Au contraire, il a soutenu, à défaut de participer, à la destruction de certains pays qu’il prend bien soin de citer. In fine, la conclusion de ce journaliste est une sentence sans appel : il ne faut pas faire confiance aux pays africains.

Ce n’est plus ce pays où les Yakubu Gowon résistèrent courageusement à la France et alliés en bénéficiant de l’entêtement d’un surprenant Ahmadou Ahidjo décidé à contrer la sécession du Biafra directement soutenue par le Général de Gaulle… Il y a si longtemps de cela. L’ex d’Aso-Rock Villa, Goodluck Jonathan Ebelle Azikiwe avait déjà montré les couleurs. Il fut la risée de ses homologues africains à Addis-Abeba sur la propension d’Abuja à être un bras séculier opiniâtre de l’impérialisme – de la France en l’occurrence – au sein de l’Union Africaine contre les autres « frères » Africains…

Abuja est, rappelons-le, l’un des principaux actionnaires/artisans de la destruction de la Libye par l’OTAN et des bombardements français en Côte d’Ivoire – résolutions 1973 et 1975 du Conseil de sécurité de l’ONU… Abuja avait extradé Taylor à la demande des Américains… Rien n’a changé avec Muhammadu Buhari dont la première visite officielle en Europe après son élection en avril 2015 fut justement à… Paris.

Après avoir promis, très officiellement, au patron du Haut Commissariat aux réfugiés, le Mozambicain Antonio José Canhandula, qu’on n’allait pas extrader le leadership séparatiste – ce dernier s’étant clairement dissocié de toutes les opérations armées à la frontière -, de même que les réfugiés et autres demandeurs d’asile, Abuja n’a pas respecté sa parole… La seule excuse valable à une telle volte-face devra être le fait d’avoir établi la preuve de l’implication de ce groupe dans la constellation armée à la frontière et dans la constitution des camps d’entraînement au Nigeria… Le contraire ne serait que traîtrise et affairisme de bas étage…

J’avais spécifié dans mon article au Club Mediapart que Abuja avait toujours aligné sa politique étrangère à l’égard des anciennes colonies françaises sur la réalité de leur dépendance à la France… Il suffit que la France s’entende avec les États-Unis, et Abuja s’exécute. On extrade même sans accords d’extradition… On l’a vu sur la Libye, la Côte d’Ivoire, le Libéria, et maintenant sur le Cameroun… Moralité: si vous voulez vous protéger du long bras de la France et de ses régimes compradores nègres, ne vous installez pas dans ces républiques bananières africaines…

L’extradition et immixtion de la France

A la suite de Jean-Marc Soboth, l’écrivain Patrice Nganang ne se limitera pas, comme beaucoup d’autres analystes, à la responsabilité du Nigeria. Après l’arrestation et de la détention des leaders, les débats ont été très tendus dans l’opinion. Petit à petit, les rumeurs sur la détention des leaders anglophones se dissipaient. Lorsque les premières informations sur leur extradition vers le Cameroun ont été diffusées par France 24 le 26 janvier 2018, la presse locale a pris le relais. Jusque-là, les doutes persistaient encore face au silence du gouvernement camerounais. Mais, l’opinion se posait quand même la question de savoir, pourquoi c’est un média français qui a été le premier à détenir l’info ?

La confirmation de l’extradition des leaders anglophones au Cameroun par le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, le 29 janvier 2018, suscite néanmoins des interrogations sur l’implication de la France. La question de l’écrivain Patrice Nganang, « Emmanuel Macron n’aime-t-il pas les Anglophones ? », est révélatrice sur l’opinion de certains analystes sur l’implication de la France. Ainsi, pour l’écrivain, tout devient clair que la France y est pour quelque chose dans cette extradition.

D’ailleurs, la démonstration de Jean-Marc Soboth ci-dessus, fait voire à l’évidence, que le Nigeria est un partenaire de la France pour des coups bas en Afrique. Le sort des leaders anglophones ne pouvait qu’être évidente.

« Emmanuel Macron n’aime-t-il pas les Anglophones ? »

Cette immixtion démontre à suffisance que la France a encore un faible pour les vieilles tyrannies africaines. Il n’y a qu’à voir la consolidation des relations entre la nouvelle France qu’incarne le jeune Président avec une vielle dictature de Paul Biya, 86 ans et 36 ans au pouvoir. Patrice Nganang trouve quand même incohérent ce type de relations diplomatiques entre un Macron, jeune, plus ouvert et un Biya vieillissant et anglophobe. L’immixtion de la France dans l’extradition des leaders indépendantistes au Cameroun aux mains du régime tyrannique de Yaoundé suffit-il donc pour conclure qu’Emmanuel Macron n’aime pas les Anglophones ?  C’est justement là, l’erreur fondamentale à ne pas commettre dans les analyses, selon Patrice Naganang qui affirme que

croire qu’Emmanuel Macron est anglophobe serait la pire des erreurs que les tacticiens politiques puissent commettre. Et je le dis encore, c’est la pire des erreurs, car ayant réfléchi à propos le plus profondément. Je crois en effet que la meilleure décision politique que j’aie prise après ma libération (l’écrivain Patrice Nganang avait été arrêté à Douala puis conduit nuitamment à Yaoundé à la police puis en détention préventive à la prison de Kondengui) était d’aller a Paris faire une blix médiatique. Ça m’a révélé une France fraiche, bien fraiche et prête à écouter avec un œil neuf. J’ai beaucoup aimé cela, et je crois c’était visible. La question se pose ainsi : quel intérêt Emmanuel Macron, premier président anglophone de France, a-t-il a supporter un fam (terme générique en langue locale, le Medumba’a, pour désigner un tyran) qui a plus du double de son age, est fondamentalement tribal, anglophobe et puis pire, lui arrive ensanglante et avec un génocide sur les mains ? Réponse : aucun.

S’il n’y a aucun intérêt pour Macron à soutenir le régime de Yaoundé, francophone anglophobe par essence, il devient donc évident et urgent de revoir, dès à présent, la configuration du « front diplomatique » en Afrique afin de donner à César ce qui est à César.

Il faut « repenser le front diplomatique » en Afrique

L’attitude surprenante du Nigeria laisse toujours les points d’interrogation sur la suprématie du front diplomatique français en Afrique. La question que Patrice Nganang se pose justement est celle de savoir : comment un pays africain, le plus peuplé, le plus puissant économiquement parlant, et issu de la fronde anglo-saxonne, peut-il se soumettre aux desiderata d’un petit pays comme le Cameroun ? Plus loin, comment un pays qui a tous les attributs d’une puissance (économie, armée, politique, langue anglaise) peut-il servir les intérêt d’une tyrannie, d’un système anglophobe ? Et c’est encore Patrice Nganang qui propose la reconstruction de ce qu’il appelle « le front diplomatique ». Pour lui, le front construit par De Gaule en 1940 doit laisser la place à la nouvelle donne que le Nigeria est censé incarné :

Si c’est vrai que les Anglophones réfugies au Nigeria ont été livres a Yaoundé, c’est que l’axe qui a été fonde par De Gaulle en septembre 1940, quand son lieutenant Leclerc est passé par le Nigeria, est entré au Cameroun, faisant tomber l’Afrique centrale, tient encore. Le Nigeria sert encore les intérêts de Yaoundé, et cela est extraordinaire, car il n’y a aucune raison à ça, aucune, les Anglophones (au Sud-Ouest et Nord-Ouest au Cameroun, ndlr) parlant anglais comme les Nigérians, le Nigeria étant la puissance de la sous-région. Depuis quand une puissance sert-elle les intérêts d’un petit pays ? Depuis quand l’anglais sert-elle les intérêts d’une langue minoritaire, le français ? 1940-2018, voila la longueur de cette ligne de fer qui doit absolument changer. Le front diplomatique de la bataille doit être repensé. A tout prix. A tout prix. A tout prix.


Donald Trump : le caillou dans la chaussure ?

Décidément, Donald Trump ne finit pas de surprendre. Le jeudi 11 janvier 2018, le président des États-Unis d’Amérique s’est exprimé à propos de l’immigration aux États-Unis. Habitué aux provocations et aux paroles choquantes, Donald Trump qualifie alors les pays d’origine des immigrés comme Haïti, Salvador et d’Afrique de « Pays de merde ».

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Donald Trump. Crédit photo, licence libre de droits : pixabay.com

Donald Trump recevait dans son bureau ovale de la Maison Blanche des sénateurs Républicains et Démocrates, en particulier Lindsey Graham et Richard Durbin. Cette rencontre avait pour objet une discussion sur le projet DACA (Deferred Action for Childhood Arrival). C’est un projet qui vise à régulariser la situation de 690 000 jeunes immigrés entrés illégalement. A l’époque, leur jeune leur jeune âge ne permettait pas aux États-Unis de les expulser. C’est donc un programme hérité du gouvernement de Barack Obama. La régularisation des ces immigrés pourra donc les permettre de travailler et d’étudier en toute légalité.

C’est donc au cour de cette rencontre avec les parlementaires que Donald Trump a tenu des propos suivants : “Pourquoi est-ce qu’on voudrait des Haïtiens chez nous ? Pourquoi vouloir tous ces Africains chez nous ? Pourquoi est-ce qu’on voudrait avoir chez nous tous ces gens venus de pays de merde ?”. En utilisant « shithole countries » pour qualifier ces pays d’origines des immigrés, toutes les communautés concernées se sont soulevées pour le décrier en qualifiant ces propos d’insultes.

Ce qui est pourtant curieux c’est que, loin d’être de mauvais goût, ces propos ne cacherait-il pas une réalité bien que choquante ? Depuis le début de son mandat, voici bientôt un an, le président Donald Trump multiple des frasques dont il a seul le secret. Il a la particularité de botter en touche le politiquement correct en bafouant les protocoles. C’est une marque déposée qui ont fini par dire qu’il est le seul président Blancs qui dit aux Noirs ce que les Blancs pensent tout bas d’eux. Ce qui n’est pas du goût des puristes qui estiment qu’un président, de par sa posture, devrait s’abstenir au risque de révéler des « vérités » bouleversantes.

Donald Trump, étant un homme imprévisible, serait-il alors un caillou dans la chaussure ? Celui qui risque balancer les secrets dehors ? Ces secrets qui montreront enfin à la fois le vrai visage du côté mesquin de l’Occident sur qu’il pense de l’Afrique et Haïti et aussi une réalité difficilement compréhensible de ces pays des Noirs ? Une réalité difficilement compréhensible qui montre justement cette contradiction entre la richesse de la nature et la pauvreté des hommes.

Le Camerounais Jean-Aimé Dibakana nous dit un plus sur cette contradiction en plaçant les propos de Donald Trump sous l’angle d’une révolution de la mentalité.

Et si Donald Trump était (en réalité) « aimable (pour les Africains) ?

Selon Donald Trump, le président américain, certains pays africains (ainsi que Haïti et Le Salvador) sont des « shithole countries », c’est-à-dire des « trous à rats », pouvant aussi se traduire (plus gentiment) par « pays de merde »… Et voici, partout, relayé par la presse occidentale, le tollé d’indignations contre ce énième « dérapage »… Hum !

Et si Donald Trump était « une chance » pour les pays africains (et les pays dits « pauvres » en général) ? Celle de leur faire connaître les jugements de TOUS les (dirigeants) Occidentaux à leur égard ? Autrement dit, Trump dirait en quelque sorte « tout haut » ce que que TOUS les (dirigeants) Occidentaux – en tout cas la majorité – penseraient « tout bas »…

En effet, depuis son élection, le milliardaire ne cesse de s’illustrer en dérapages vis-à-vis des « faibles ». « Dérapages » ? Et si, ici, l’homme d’affaires, ADNisé (et trop accoutumé) au pragmatisme qu’impose le monde des affaires, n’arrive pas à (et ne pourra pas) se faire à la langue de bois que s’impose le monde politique occidental sur les pays pauvres ?

Il faut donc peut-être voir en Donald Trump, ce dirigeant occidental qui permettra à tous les Opprimés, à tous les Estropiés, à tous les « Nés du mauvais côté », à tous les Pauvres, à tous les Exclus, à tous les Déclassés du monde de connaître ce que les Puissants qui gouvernent la planète pensent d’eux. Parce que ce dirigeant-ci, Trump, ne se fait pas (et ne pourra pas se faire) au filtre que ces camarades s’imposent à leur propos.

Car : Qui peut sérieusement penser que TOUS les puissants qui tiennent ce monde ne pensent pas que les pays africains (et les pays pauvres en général) ne sont que des « shitole contries » ?

Si non :
Pourquoi les laissent-ils périr ? Pourquoi les exploitent-ils avec tant de férocité égoïste ? Pourquoi continuent-ils à leur vendre des armes (et à entretenir les différents camps rivaux) pour que les guerres fratricides qui s’y livrent ne s’arrêtent jamais ? Pourquoi leur imposent-ils des conditions d’aide (au développement) qui, en réalité, les tuent à petit feu ? Pourquoi laissent-ils périr leurs enfants en haute mer alors qu’ils ont les moyens techniques et politiques pour arrêter cette tragédie ? Pourquoi construisent-ils des murs pour que les populations qu’ils affament n’arrivent pas sur leur sol ? Pourquoi aident-ils à se maintenir au pouvoir des tribaux, voleurs, incompétents qui font tant de mal à leurs concitoyens alors qu’ils sont informés (à la seconde) des viols, vols, assassinats, emprisonnements arbitraires, … perpétrés par ces derniers au quotidien sur leur peuple ? etc.

Oui, c’est seulement dans des « trous à rats », seulement dans des « pays de merde » que l’on peut se permettre de tels agissements… Trump a juste dit ce que tous les autres (gouvernants) occidentaux pensent, puisqu’ils agissent tous – en tout cas la majorité – avec ces pays africains comme l’on agirait avec des « trous à rats », avec des « pays de merde »…

Et dire que ces mêmes pays africains (et leurs ressortissants) pensent que leur bonheur dépend de ces mêmes Occidentaux qui les traitent de « trous à rats », de « pays de merde »… Pauvre de nous !


Comment sortir des pièges des grandes enseignes de distribution étrangère au Cameroun ?

Depuis ce mois de décembre 2017, au Cameroun, les débats sur la grande distribution meublent les chaumières. Il se trouve que le marché camerounais est largement propice à la grande distribution. C’est la raison pour laquelle le secteur est de plus en plus en vogue, depuis presque 5 ans. Les Camerounais, tout comme les étrangers, occupent le terrain et se font concurrence. Mais c’est l’arrivée de l’enseigne française Carrefour qui a relancé le débat et mis de l’huile sur le feu.

Quelques observateurs mettent en garde le Cameroun sur les velléités capitalistes de Carrefour : l’entreprise n’a a priori pas prévu de privilégier la distribution des produits locaux, quand bien même cela permettrait de booster les activités locales. En réalité, comme d’autres enseignes étrangères sont déjà installées, le mal est déjà fait. Il ne nous reste qu’à trouver des stratégies de contournement pour booster la consommation de produits nationaux. Voici quelques propositions publiées sur les réseaux que je vous convie à lire absolument.

Le développement d’un tissu productif local (Par Claude Abate)

La seule politique économique qui vaille donc dans ce pays, comme dans tous les autres pays de la CEMAC, c’est une politique qui contribue à développer le tissu productif national pour que nos entrepreneurs locaux ou nationaux produisent sur place une bonne partie de ce que nous consommons. Une politique qui doit éduquer et orienter les Camerounais à privilégier la consommation locale. Une politique qui favorise l’industrialisation afin que nos pays transforment leurs matières premières créant ainsi plus de valeur dans le pays et donc plus d’argent et plus d’emplois.

Ce qu’il faut, c’est un politique qui mette en place des barrières tarifaires comme tous les autres pays sérieux au monde, pour empêcher que n’importe quel produit étranger soit déversé sans obstacle dans nos marchés comme c’est le cas aujourd’hui. Une politique qui attire les « bons investisseurs » étrangers, c’est-à-dire ceux qui viennent investir dans la transformation industrielle et autres secteurs technologiques, permettant un vrai transfert de compétences et de technologie. Nous n’avons que faire de ceux qui viennent investir dans les enseignes de « bayam-salam* » coloniales comme CARREFOUR, CASINO, SUPER U, etc. Nous avons besoin de meilleurs investisseurs étrangers. Tout en sachant qu’aucun pays au monde ne s’est développé en comptant principalement sur les étrangers et non sur les nationaux.

La création des supérettes franchisées (Par Benjamin Zébazé)

Si, au lieu de créer chacun son réseau, les Fokou, Ecomarché, Kdo, Santa Lucia et autres s’étaient mis ensemble pour s’allier à un grand réseau mondial, jamais ces entreprises n’auraient osés venir les défier sur leur terrain.

En France dans le secteur de la distribution, on voit comment une entreprise mondiale comme McDonald’s utilise le système de « franchise » pour nouer des partenariats gagnant-gagnant avec des entreprises locales. Sur les plus de 1300 McDonald’s en France, 80% appartiennent aux Français qui exercent leurs activités sous la marque. Le plus important d’entre eux a jusqu’à 18 magasins qui réalisent 66 milliards de chiffres d’affaires en Franc Cfa.

Si, face à l’imminence des « attaques », les groupes locaux avaient seulement crée une « centrale d’achat » pour fédérer les charges tout en cherchant de nouveaux partenaires dans le monde, sans doute le choc eut été moins brutal. Là encore, en France, des concurrents comme la Fnac, Darty et Carrefour se sont alliés pour créer une centrale d’achat commune plus puissante entrainant immédiatement la réplique du duo Auchan-Boulanger. On ne peut plus rien réussir seul.

Développer la distribution locale par des partenariats

C’est dommage que nos hommes d’affaires n’aient pas choisi des parrains pouvant les réunir pour réagir face à de telles attaques. Je propose que nous laissions le secteur des supermarchés aux étrangers.

En revanche, que soit mis en place un puissant réseau de supérettes franchisées dans les quartiers et les zones d’achalandage avérées. Ainsi, sous la même marque, les entrepreneurs locaux pourront exercer leurs activités en mutualisant les charges (comptabilité, achats, marketing, entretien et maintenance…). Pourquoi quitter Bomabéri, Yassa… pour aller à Super U ou Carrefour si au coin de la rue on trouve un « petit beau » magasin bien achalandé avec des produits présentés selon des critères internationaux ?

Ces supérettes devront avoir un avantage comparatif bien identifié : le privilège donné la production locale. Je suis certains que si on explique bien à nos concitoyens qu’il y va de l’emploi de nos enfants et de notre avenir, ils accepteront de payer 5% plus cher les produits locaux, fabriqués par leurs frères et sœurs.

Booster la distribution locale grâce à la « binarisation » de la monnaie (Par Dieudonné Essomba)

Il existe une seule solution à ce phénomène : la binarisation de la monnaie ! La binarisation consiste à émettre une seconde monnaie qui n’achète que les biens locaux. Elle n’est donc pas convertible. Elle fonctionne comme des bons d’achats additionnels sur le prix. Prenons l’exemple du ciment dont le prix est de 5.000 FCFA. Si le ciment est local, son producteur pourra prendre 3.000F en CFA et 3.000 F en Franc local, car il sait qu’il peut utiliser le Franc local pour payer ses fournitures locales ou la main d’œuvre. Par contre, l’importateur du ciment n’a pas cette possibilité et doit tout vendre en CFA. Et comme le CFA est plus difficile à travailler, car c’est une devise, cette situation crée une terrible discrimination de fait qui étrangle l’importateur.

Son avantage est que nous ne fermons la frontière à personne, car le monde est devenu ouvert et nous avons pris des engagements !

Nous n’avons donc comme recours que la binarisation qui va nous fournir une protection intelligente et parfaite. L’étranger qui s’aventure à venir faire concurrence aux Camerounais sur les activités qu’ils peuvent mener sur leur territoire le fait à ses risques et périls. S’il vend dans les deux monnaies et il va se retrouver englué dans la monnaie locale, incapable de l’échanger en devises pour les exporter. Mais s’il vend seulement dans la monnaie convertible, toute sa clientèle s’enfuit !

Un exemple de réussite : Hour d’Ithaca

D’ailleurs, nous avons un célèbre précédent à Ithaca aux USA. Quand Paul Glover a créé le fameux Hour d’Ithaca, personne ne savait quelle était la redoutable puissance de la monnaie binaire. La grande multinationale McDonald’s, tellement arrogante et sûre d’elle-même, et qui avait déjà conquis l’Amérique et le monde est venue implanter ses magasins à Ithaca. Ils fermèrent tous en moins d’un an, malmenés et sévèrement battus par les petits épiciers qui prenaient le Hour et le dollar de manière binaire.

Dois-je également ajouter que c’est son système binaire, articulé autour du Franc Suisse et du WIR qui a fait de la Suisse l’économie la plus stable dans le monde selon les économistes américains ?

Privilégier la qualité de la production nationale et non le protectionnisme ( Par Achille Ebo Eva)

Dans un environnement ou la fiabilité des produits n’est pas encore la principale préoccupation des PME, le discours sur le protectionnisme aura toujours du mal à passer. L’entrepreneuriat de subsistance ou conjoncturelle est sans avenir. Celui qui se montre incapable de produire une marchandise fiable démontre par là même qu’il n’a pas de perspective … Il veut juste survivre. C’est sur cet aspect qu’il faut travailler, au lieu de tenter de prendre les consommateurs en otage. Mettre sur pied des labels qui vont garantir la fiabilité des produits aux consommateurs. A partir de là, vous verrez que les camerounais viendront eux-mêmes en toute confiance vers la production nationale. Le savon « AZUR » par exemple, c’est une véritable marque déposée. Quel que soit la concurrence, ils auront leur marché.

Nous ne pouvons pas évoluer avec l’approche par défaut. Ce n’est pas au grand groupe de distribution de s’abstenir de venir au Cameroun, c’est plutôt aux entrepreneurs camerounais de se mettre à niveau. J’ai beaucoup de respect pour les révolutionnaires de la facilité. La consommation des ménages camerounais sera toujours portée vers l’extérieur, car les grandes surfaces ont encore pour elle l’avantage d’être un peu plus qualitatives. A nous de tenter de renverser cet atout.

Une distribution de produits de qualité

Si on veut développer la production nationale, le premier chantier est de travailler sur la fiabilité des produits en mettant sur pied des labels qui garantiront cette fiabilité. De manière à créer un climat de confiance entre l’offre et la demande nationale. Vous n’allez pas prendre les consommateurs en otage pour les forcer à acheter ces trompe-l’œil qui constituent l’essentiel de la production nationale alors que de l’autre coté il y a des produits de meilleur qualité.

Démontrez nous votre bonne foi en publiant les normes qualité de l’ANOR par exemple… Je ne suis pas contre le protectionnisme, mais il doit s’accompagner d’un minimum de prise en compte des intérêts des consommateurs. Malheureusement, ce n’est pas la logique qui prévaut au sein de l’entrepreneuriat national. Le consommateur camerounais est orphelin…Il ne demande qu’à consommer camerounais mais à condition qu’on lui présente des produits fiables.

*Bayam-salam : commerce à la trié réservé aux détaillant et petits commerçant


La course marathon de la libération de l’écrivain camerounais Patrice Nganang

L’histoire de l’arrestation de l’écrivain camerounais Patrice Nganang remonte au 6 décembre 2017. Après la première audience du 15 décembre 2017, la seconde avait été renvoyé au 19 janvier 2019. Pendant que l’écrivain attendait cette seconde audience, il a été tiré de son sommeil, dans la nuit du 26 au 27 décembre 2017, pour s’entendre dire que cette audience aurait plutôt lieu le 27 décembre 2017. Le collectif pour la libération de l’écrivain sonne l’alerte. Pendant que le conseil d’avocats chargé de sa défense se mobilise pour affiner les dernières cartes, les rumeurs courent déjà sur la libération, pour ne pas dire, l’expulsion de l’écrivain.

La course marathon de la libération de Patrice Nganang commence donc ce mardi 26 décembre 2017 à 22h pour s’achever le mercredi 27 décembre 2017 vers 14h. L’un des membres du collectif nous livre ici son récit posté sur sa page Facebook que je me fais le plaisir de le partager ici.

Compte rendu circonstancié du déroulement et du dénouement de l’affaire MP et Etat du Cameroun C/Alain Patrice NGANANG

Les choses s’accélèrent dans l’après-midi du 26 Décembre 2017. En effet, les proches de NGANANG Alain Patrice sont interdits de lui rendre visite à la Prison centrale de Nkondégui. Il a fallu l’intervention de ses avocats auprès du régisseur de la prison pour qu’il puisse recevoir la nourriture apportée par ses proches et finalement s’entretenir avec ces derniers ainsi que ses avocats. Nous quittons la maison d’arrêt autour de 17h, planifiant la visite du lendemain et des jours d’après tout au moins jusqu’au 19 janvier 2018, date à laquelle, l’affaire a été renvoyée suite à la première audience du 15 Décembre, tenue au Tribunal de Première Instance de Yaoundé-Centre administratif.

L’expulsion de la cellule pour l’audience

Vers 22h ce même jour, coup de théâtre, nous sommes alertés par une source depuis la prison, qui nous indique que le dossier passera bel et bien à l’audience du 27 Décembre 2017 au lieu du 19 janvier 2018 tel qu’initialement prévu. Nous entrons en contact par des voies que je ne révélerais pas ici avec notre client qui confirme qu’il a été extrait de sa cellule quand il dormait déjà aux fins de notification du mandat d’extraction pour une audience qui passe aujourd’hui (27 décembre 2017, ndlr).

La nuit a été à la fois longue et courte pour l’équipe de la défense, la plupart des avocats étant hors de la ville et ne pouvant rallier Yaoundé qu’en mi journée. Arrive donc le jour de la fameuse audience. Notre client est effectivement extrait seul autour de 7h30 min et embarqué dans un mini bus CA visiblement préparé pour la circonstance, direction, Tribunal de Première Instance de Yaoundé-Centre administratif. Nous avons la possibilité de nous entretenir avant le début de l’audience ordinaire de Flagrant délit programmé ce jour. Après les réquisitions spéciales du représentant du Ministère public, les avocats constitués dans le dossier pour certains venant hors de la ville, font jouer la préséance pour que le dossier soit appelé le plutôt possible mais en vain car ni le dossier de procédure du juge, ni le dossier administratif du procureur de la République ne sont à l’audience. Nous nous rapprochons de la représentante du Ministère public qui nous rassure avec un sourire que le dossier va passer. Nous attendons, quelques affaires sont même appelées et renvoyées et soudain, suspension d’audience.

L’audience du procès de Patrice Nganang

Quelque 2 min plus tard, reprise de l’audience par le Tribunal autrement composé. Cette fois, nous avons au siège, le Président du Tribunal lui-même, au parquet, c’est une « collégialité » composée du Procureur de la République près le Tribunal des céans lui-même, d’un Avocat général représentant spécial du Procureur général près la Cour d’Appel du Centre et de la substitut du Procureur qui a initialement commencé l’audience.

Le président ouvre l’audience et donne la parole au Procureur du Roi comme il a appelé. Ce dernier après les civilités habituelles à l’égard du Tribunal a remercié le Tribunal d’avoir accepté le rabattement de la date d’audience à son initiative et le ré-enrollement de l’affaire à cette date. Il il a par la suite dit que cette demande qu’il a formulée lui a été instruite par sa hiérarchie, notamment le Procureur général près la Cour d’Appel du Centre dont le représentant spécial était présent. C’est sur cette note qu’il a passé la parole à ce dernier qui s’est présenté en donnant ses noms et prénoms ainsi que son grade. Il a directement embrayé sur l’objet de sa présence qui consistait en effet à venir soutenir oralement et publiquement, conformément à l’article 64 du Code Procédure Pénale, un ordre d’arrêt de poursuites écrit et signé du Procureur général sur instruction écrite du Ministre de la justice dont il produira d’ailleurs au dossier de procédure et qui sera admis comme tel.

Le jugement de la libération de Patrice Nganang est alors prononcé

Après plusieurs longues minutes d’attente et de prise de note par le Président du Tribunal, le jugement dont la teneur suit est prononcé :
Le Tribunal statuant publiquement et contradictoirement à l’égard de toutes les parties :

Donne acte au Procureur général pour ses réquisitions portant sur l’arrêt des poursuites à l’égard du Prévenu NGANANG Alain Patrice ;
Constate le désistement du Ministère public en ce qui concerne les poursuites pénales ;
Donne mainlevée du mandat de détention provisoire décerné le 13 Décembre 2017 par le Procureur de la République ;
Met les dépens à la charge du trésor public.

Après lecture du dispositif du jugement, il a à nouveau suspendu l’audience qui a été reprise par la suite.

Les formalités de la mise en liberté et restitution des effets de Patrice Naganang

Nous nous sommes instamment dirigés à la prison centrale de Nkondégui pour les formalités devant aboutir à sa mise en liberté effective. Y étant, nous recevons un coup de fil venant du Procureur de la République qui nous donne 5 min pour rallier son bureau aux fins de restitution des effets mis sous scellé de notre client. Nous essayons tant bien que mal malgré les embouteillages de Yaoundé de rentrer au parquet.

Nous trouvons dans le bureau du Procureur de la République deux cadres de la Police camerounaise notamment le Directeur en charge des enquêtes de la Direction Nationale de la Police judiciaire et son sous directeur. Nous recevons le PV de restitution des effets de notre client daté d’aujourd’hui bien qu’établi hier. Tout est là à l’exception de deux choses à savoir son passeport camerounais et la carte de résident américain de son beau-père qui est Zimbabwéen. Nous protestons et le Procureur ainsi que les deux policiers nous informent que son passeport camerounais a été retenu et qu’il sera expulsé du territoire camerounais dans un vol de 14h30 en nous brandissant le billet d’avion déjà payé par l’argent du contribuable.

Nous déchargeons néanmoins le PV avec cette réserve, entrons en possession de ses autres effets et nous dirigeons en même temps que les hauts policiers en direction de la Prison où l’escorte digne d’un film policier avec des gens cagoulés et armés jusqu’au dents est déjà en place.

Les formalités de levée d’écrou et « expulsion » de patrice Nganang vers les États-Unis

La presse et d’autres citoyens convergent vers la prison, l’ambiance devient très tendue. Après les formalités de levée d’écrou, nous refusons de signer le PV relatif à la rétention de la carte de résident de beau-père qui en réalité n’a rien à voir avec la procédure. Par la suite, nous exigeons, notamment Me Hyppolithe méli, la décision d’expulsion du territoire national de notre client mais en vain car aucune décision ni judiciaire, ni administrative n’a été pris dans ce sens. Les policiers consultent leur hiérarchie, le DGSN. Le représentant du MINJUSTICE qui est là appelle également le Ministre de la justice. Le DGSN a dit sur Talking et sur haut parleur « portez-le ».

C’est ainsi que les gars armés du GSO ont été mis à contribution pour embarquer notre client manu-militari sous bonne escorte digne d’un roman policier. Une fois à l’aéroport, nous constatons un dispositif militaro-policier sans précédent avec des éléments cagoulés et armés près à tirer car ils ont le doigts sur la gâchette. Nous parvenons tout de même es qualité de ses conseils à nous frayer un chemin. Malgré tous nos efforts, nous n’arrivons pas à le voir pour une dernière fois car embarqué par une procédure d’urgence.

C’est ainsi que notre client a quitté Yaoundé à bord du vol ET925 de la Compagnie Ethiopian Airlines à destination de New-york via Addis Ababa en Éthiopie.


Le coup de poing d’Achille Mbembe à Patrice Nganang vu au scanner

Depuis le 6 décembre 2017, jour du kidnapping de l’écrivain Patrice Nganang par la police camerounaise, diverses voix se sont élevées pour prendre position. Le caractère irrévérencieux de l’écrivain divise les opinions sur la nécessité de lui porter du soutien ou non. Ce qui fait surtout l’objet de son arrestation et des divisions, c’est son texte publié sur Facebook appelant à la mort de Paul Biya. Il s’agit de la simple expression d’un état d’âme pour les uns, de volonté d’assassinat parles autres.

Mais surtout, les langues se délient pour fustiger Patrice Nganang. Parmi eux, il y a malheureusement le célèbre historien Achille Mbembe qui a publié une diatribe contre l’écrivain qui lui avait aussi manqué de respect. Jean Claude Fogmo passe au crible la sortie d’Achille Mbembe qui, victime hier des invectives de Patrice Nganang, se retrouve bourreau aujourd’hui pour avoir roué de coups son éternel adversaire qui a un genou à terre : « On ne frappe pas sur un cadavre », dit l’adage.

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Portraits d’Achille Mbembe et de Patrice Nganang pris sur leur page facebook

A propos de la diatribe d’Achille Mbembe contre Patrice Nganang :

Le silence vaut mieux que la poubelle de l’histoire ! (Par Jean Claude FOGNO)

J’ai lu et relu la dernière sortie d’Achille Mbembe, professeur d’Histoire et de science politique à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg (Afrique du Sud) et à Duke University – Département des études romanes (USA). Tout comme j’ai eu à parcourir quelques-unes de ses œuvres « Afriques indociles : christianisme et pouvoir d’État en société postcoloniale, Paris, Karthala, 1988 », « Politiques de l’inimitié, La Découverte, 2016 », son essai Critique de la raison nègre (La Découverte, octobre 2013), entre autres. J’ai donc compris que ses principaux centres d’intérêts sont l’histoire de l’Afrique, la politique africaine et les sciences sociales.

Je ne saurai me transformer en critique littéraire car je n’ai point les compétences requises pour porter un jugement de valeur sur les travaux de deux sommités du monde littéraire. A la lecture du combat que se livrent les deux écrivains, j’ai du coup compris que le complexe du colonisé dont parlait Frantz Fanon dans son ouvrage « Peau noire, masques blancs », publié au Seuil en 1952 fera encore son chemin dans nos subconscients. Une telle déviance illustre le fameux « Discours sur le colonialisme » d’Aimé Césaire :

Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme.

Réconforter le bourreau…

Mais le défenseur des droits humains que je suis ne saurait pardonner une telle condescendance à Achille Mbembé qui prétend « rebâtir notre pays sur la base d’une autre éthique, non pas celle du catastrophisme et du nihilisme, mais celle d’Abel », alors que les droits élémentaires de l’homme sont foulés au pied au quotidien. Sur cette problématique, il brille par une cécité déconcertante et croit s’opposer au régime Biya. De là à croire que des années d’exil qui taraudent Achille Mbembe ont fini par le faire perdre les réalités locales. Mbembé est-il du côté du bourreau ou de la victime ? La question mérite d’être posée pour tout défenseur des droits humains même s’il a conclu sa litanie par « Vite relâchez-le ». Dans le domaine du droit international des droits de l’homme, on ne peut pas demander aux bourreaux au pouvoir de se tirer une balle dans le pied. Cela doit être clair pour notre écrivain. Arrêté en violation totale de toutes les règles de procédure, jeté en cellule, Nganang est un citoyen, victime de la navigation à vue d’un système aux abois, et a besoin de l’aide. A l’en croire, des gens qui ont pressé Mbembe d’y contribuer auraient mieux fait de l’amener à s’abstenir.

Toutefois, il convient d’emblée de situer le contexte de cette hérésie épistolaire depuis quelques jours.

Le mercredi 06 décembre dernier, par message radio-porté, le Délégué Général à la Sureté Nationale à Yaoundé, Martin MBARGA NGUELÉ, a donné des ordres aux services des renseignements généraux et de la police de l’aéroport d’enlever Patrice NGANANG, résidant aux Etats-Unis, Professeur de Théorie littéraire au sein du département Cultural Studies & Comparative litterature à l’Université de Stony Brook, dans l’État de New York. Nganang est donc enlevé par ceux qu’il appelle « milice du tyran » au moment où il allait prendre place à bord du vol KQ77 de la Kenyan Airways qui devait décoller à 12h10mn à destination de Harare en Zimbabwe avec une escale de 01h10mn à Nairobi au Kenya. Le vol KQ728 qui a décollé de Nairobi à 21h20 est arrivé à Harare à 23h20 mn sans Patrice NGANANG à bord. C’est son épouse, les yeux hagards, ne voyant pas son époux sortir de l’avion comme les autres passagers, décide de lancer l’alerte. Dans sa tentative, en vain, de joindre son époux, elle se précipite à appeler Kenya Airways au Cameroun qui confirme que Nganang a été bel et bien enregistré avec ses bagages et que c’est au moment du décollage qu’on l’a cherché en vain et l’avion était contraint de décoller avec son siège vide.

C’est ainsi qu’après son kidnapping, Nganang sera conduit manu militari, les mains menottées comme un malfrat, nuitamment, à bord d’un véhicule de circonstance, après avoir été dépouillé de tout moyen de communication pouvant lui permettre de joindre son conseil, à la Direction nationale de la Police Judiciaire (DPJ) à Yaoundé où son avocat Me Emmanuel SIMH l’a retrouvé, après plus de 48h d’inquiétude et de fouille intense dans plusieurs unités de police et de gendarmerie du pays.

Ce n’est que lors de son audition de près de 5h d’horloge le 09 décembre 2017 que quatre chefs d’accusation lui ont été signifiés par les enquêteurs de la DPJ, à savoir : l’outrage au chef de l’État, Menaces de mort à l’endroit du Président de République à travers un message posté sur sa page facebook, l’immigration clandestine, faux et usage du faux parce qu’ils ont retrouvé sur lui au moment de son enlèvement deux passeports l’un américain et l’autre camerounais.

Curieux, ce n’est qu’après 05 jours de séquestration, le 11 décembre 2017 à 15h que les enquêteurs vont lui présenter le bon de garde à vue, ce que Nganang a refusé de signer sous les recommandations de son conseil, tout comme il a refusé de viser l’ordonnance de prorogation de sa garde à vue délivrée par le Procureur de la République près le tribunal de grande instance du Mfoundi. A partir de cet instant, sa détention est clairement arbitraire dans la mesure où elle ne s’appuie sur aucun mandat de justice.

C’est dire que les dispositions sur l’enquête préliminaire contenues dans la loi N°2005/007 du 27 Juillet 2005 portant Code de Procédure Pénale, considéré comme les bréviaires pour toute la chaine judiciaire au Cameroun, ont été piétinées sur toute la ligne. Dans la foulée, les droits fondamentaux, aussi appelés libertés fondamentales, inhérents à la notion même d’individu et totalement protégés par des textes à valeur constitutionnelle, comme la Loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 sont sérieusement piétinés au Cameroun. Aucun individu fut-il brigand ne saurait être kidnappé de la sorte nulle part au monde. Du coup, les droits élémentaires d’un individu sont non négociables même si les délits qu’ils auraient commis sont discutables et sujets à caution. A partir du moment où la procédure a été viciée rien en saurait justifié son maintien en détention. Achille Mbembé n’a rien trouvé à redire à cette violation flagrante des droits élémentaires. Il a trouvé mieux d’assener des coups violents sous la ceinture à son éternel rival.

David contre Goliath ?

Les Saintes Écritures nous enseignent que Goliath, du nom d’une des cinq cités-États philistines est un personnage biblique du Tanakh et de l’Ancien Testament qui a livré un combat épique contre David (chapitre 17 du Premier livre de Samuel).

Les hostilités entre Nganang et Mbembé y ressemblent et ne datent pas d’aujourd’hui mais ce dernier a toujours opté pour le silence ou le profil bas, refusant toujours les débats de caniveau. Pourquoi aujourd’hui, il a décidé de voler plus bas dans la poubelle de l’histoire que Nganang qu’il traite de tous les maux existentiels ?

Le Professeur Achille Mbembe a toujours vécu à distance sans réagir à toutes ces attaques et les débats qui en découlent, mais est finalement sorti de sa réserve en mai 2015. Pas pour aller répondre sur la toile. Il est allé directement par devant les tribunaux américains pour déposer une plainte.

Oui c’est vrai. J’ai également déposé une plainte formelle auprès de l’université à laquelle il est affilié aux États Unis. Puisque sa campagne de diffamation contre moi tombe sous le coup aussi bien de la loi américaine que des conventions et de l’éthique académique, j’ai donc demandé à mon avocat de le traduire devant les instances appropriées afin que justice soit faite. Il ne m’a pas laissé beaucoup de choix. Je ne le connais pas du tout. Je ne le lis pas.

Avait-il précisé en mai 2015.

C’est vrai que Patrice Nganang l’avait trainé dans la boue. Les mots employés étaient aussi virulents que les attaques. En bref, Patrice Nganang dénonçait, par le rappel de certaines affaires, l’indifférence du professeur Achille Mbembé. Il lui reprochait, en effet de « parler sans agir » contre le régime de Paul Biya, mais se faisait surtout l’écho d’allégations de harcèlement sexuel à l’encontre d’étudiantes que Mbembe avait jugé attentatoires à son honneur.

Parallèlement à la procédure judiciaire, ce dernier avait donc fait traduire en anglais les textes incriminés et les a communiqués à l’université qui emploie Nganang, dans l’espoir qu’une procédure disciplinaire sera ouverte contre lui.

Lisez ces deux extraits de Nganang :

Ce qui est important – les jeunes chercheurs doivent savoir qu’une carrière aux USA n’a pas besoin de se bâtir sur le %%% ou le %%%. C’est aussi simple que ça, et le temps des truands – rapists, on les appelle aux USA – est fini. S’il tient encore debout, il est chanceux, mais son temps est fini (…).

A propos de son université sud-africaine au nom imprononçable-la, Achille Mbembe y a-t-il finalement le grade de Professeur titulaire, ou il compte toujours sur sa femme blanche ? Ce que je vois aux USA dont il avait été chassé à mi-carrière pour une affaire de fesses, c’est qu’il y passe d’université en université occuper les postes des gens quand ceux-ci sont en vacances. Mais surtout, je demande parce que ces ainés intermédiaires-là au final, beaucoup s’en sortent en fin de carrière, et il aura soixante ans, en terme de grade au bas de la carrière universitaire, mais cachent ça dans le bluff. Le noir que les blancs font danser devant la caméra, quoi, mais qui n’en demeure pas moins esclave. Ah la jeune génération d’universitaires africains mérite mieux que ça – structures, structures, structures, au lieu de bavardages; actions, actions, actions, au lieu de toutologie.

Achille Mbembé avait fini par retirer sa plainte comme il le dit dans sa dernière litanie :

Depuis lors, il a entrepris de monter contre moi une odieuse et interminable cabale faite de calomnies, de mensonges éhontés, d’attaques ad hominem, qui m’ont obligé à un moment de recourir à un avocat, avant que plusieurs ainés ne me supplient de retirer ma plainte.

Pourquoi n’avait-il pas laissé la justice aller jusqu’au bout pour restaurer son honneur au lieu de venir aujourd’hui se verser dans des insanités de bas étage ?

Crise anglophone

Nganang a piqué une grosse colère, une colère noire contre son compatriote Achille Mbembe qu’il accuse d’hypocrisie et d’être contre l’indépendance réclamée par les populations des régions anglophones du Cameroun. C’était au lendemain de la tribune d’Achille Mbembé parue dans le journal LE MONDE, édition du 09 octobre 2017 sous le titre « Au Cameroun, le crépuscule d’une dictature à huis clos ».

Pour exprimer son mécontentement, Patrice Nganang a adressé à l’intellectuel Achille Mbembe un droit de réponse sous forme de lettre. Une lettre publiée le 12 octobre 2017 dans le quotidien camerounais « Mutations », et republiée dans son livre « Contre Biya : Procès d’un Tyran », Éditions Assemblage: Muenster, 2011, pp.52-56 et dans laquelle il dénonce le manque de sérieux dans l’argumentation de cet historien :

(…) en même temps la désinvolture, je dirai d’ailleurs, le déraillement de votre argumentation sur la question anglophone, est symptôme de toute l’intelligence francophone camerounaise qui se retrouve toujours édentée devant ce sujet, et ne répond aux requêtes anglophones que par le silence coupable, le sourire agace ou le violent discrédit, et en cela, curieusement, comme vous, se range étonnamment dans le camp du pouvoir actuel dans notre pays, qu’elle combat pourtant si vivement ailleurs.

Poubelle de l’histoire

Quelle mouche a donc piqué Achille Mbembé de sortir de son silence de grandeur pour se verser dans le « cabinet » si cher à Nganang ?
Achille MBEMBE a sans doute oublié l’adage du fou qui ramasse vos habits quand vous vous baignez au marigot. C’est dire qu’Achille Mbembe par cette litanie démontre qu’il souffre de névrose, aussi sévère que celle de Nganang. Et quand la névrose reste comprimée à l’intérieur par la volonté de paraitre calme et sage, elle couve sous les feux ardents de la rancune et de la haine viscérale, et lorsqu’elle se libère par l’expression, il n’est pas étonnant de lire ce texte d’assassinat. La simple sagesse africaine lui aurait demandé de respecter son âge (70 ans), car Patrice Nganang (47 ans) peut faire ses folies de jeunesse, mais on ne connait pas en Afrique les folies des ainés.

Dans ces propos où se mêlaient sadisme, masochisme, pulsions tribalistes et pulsions de destruction, sexualité perverse, obsession des testicules et autres combats contre toutes sortes de moulins à vent, étaient charriées toutes sortes de choses plus propres à l’observation clinique qu’a la critique proprement académique.

En quoi le « sage » est-il différent de la « poubelle » de Nganang?

Au langage « ampoulé et ordurier » de Nganang, Achille répond avec une brillante élégance condescendante de son écriture et la cruelle délectation de celui qui a longtemps mijoté dans la colère et le subconscient le plat de sa vengeance. Surtout qu’il n’a pas perdu la tête que la vengeance est un plat qui se mange toujours à froid :

Dans la plupart de ces interventions sans aucun lien avec ses fonctions académiques ou d’écrivain, il s’agissait de propos de caniveaux, tout à fait incohérents, symptomatiques non pas d’une écriture fut-elle surréaliste, mais d’une vie manifestement blessée.

L’on découvre dans ce texte assassin l’aigreur d’un homme qui a longtemps refoulé sa soif de vengeance :

L’on avait affaire à un sujet délirant, voire halluciné, ou peut-être les deux à la fois, dont chaque mot et chaque phrase témoignaient d’un profond traumatisme en même temps que d’une extraordinaire propension mimétique à faire souffrir.

Question à notre « moralisateur » ; Comment Nganang a-t-il fait pour gagner le prix Marguerite Yourcenar en 2002 avec «Temps de chien » et le Grand Prix de la littérature d’Afrique noire en 2003 ? :

En effet, l’on n’avait affaire ni à un écrivain, ni a de la littérature.

Quelle haine Mbembé ? Vous frôlez le fond du « cabinet » de Nganang !

Il est amusant et ridicule pour le donneur de leçons d’abandonner son couloir de l’histoire africaine pour s’ériger en docteur psychiatre aux fins d’administrer des soins à Nganang. Le « docteur » se croit avoir échappé aux psychopathologies qui nous gouvernent alors que tout porte à croire que cet exil qui le traumatise depuis des années a dégénéré en déprime chez lui au point de l’amener à perdre la raison :

Car, c’est vrai – et on ne s’en est pas suffisamment rendu compte – qu’un certain mode d’exercice du pouvoir a produit, chez nous, d’innombrables blessés, des sujets hallucinés, des gens victimes de toutes sortes de lésions, de traumatismes, de tumeurs, d’encéphalites, littéralement disloques, terrasses par toutes sortes de troubles, y compris de schizophrénie, d’autismes, de névroses et d’épilepsies, d’obsessions compulsives, de syndromes d’hyperactivité, de déficit d’attention.

Toujours est-il dans son hérésie congénitale, il joue pleinement le jeu de l’oppresseur et exprime de la pitié pour son éternel rival comme s’il peut avoir le culot de mettre pied au Cameroun :

Il y a longtemps que Nganang Patrice ne représente plus la figure de l’écrivain. Il y a longtemps qu’il a sciemment ou non endosse la figure du fou, victime hallucinée parmi d’autres des lésions cérébrales que la tyrannie postcoloniale a manufacturées chez nous, l’esprit de démence qui menace la plupart des jeunes, et le nihilisme politique et culturel qui en est le langage.

Ce dont Nganang a besoin, ce n’est pas de croupir dans une sordide cellule. C’est de continuer à être, parmi nous, la figure vivante de la déchéance – y compris de la raison et de la mesure – que le pouvoir politique postcolonial a fabriquée.

Quand ce névrosé parle de la petite université d’État de Stonybrook, il fait référence à quoi si ce n’est un débordement de la haine ? Quelle comparaison y -a –t-il entre son l’Université de Witwatersrand à Johannesburg (Afrique du Sud) et l’Université de Stony Brook, dans l’État de New York ?

Quand vous dites que :

Je ne signerai pas de pétitions parce que je ne soutiens pas la diffamation, les attaques grossières contre les femmes, les prostituées inclues »,

que répondez-vous à plus de 5000 écrivains qui l’ont défait ? Où est la solidarité du corps ? C’est dire que seul le silence vous aurait sauvé.

Déchéance collective

Dans un pays qui meurt chaque jour sous les yeux de tous, où l’implosion parait imminente, où le moindre propos est épié, décrypté, analysé, retourné et rendu public sur un exorcisme de bas étage qui conduit rapidement aux autodafés, à la guillotine, Mbembé n’a trouvé que le statut de fou à coller à son compatriote.

Dans un pays où personne ne dit ce qu’elle pense, ne pense ce qu’elle dit, l’on se demande, à ce point, si les camerounais ont encore une pensée autonome, un point de vue cohérent, une ligne de conduite lisible qu’ils peuvent afficher autant en public qu’en privé sans que cela relève d’un héroïsme propre aux écorchés vifs. La réponse est malheureusement négative au regard du jeu de massacre et de la farandole d’hypocrisie sur laquelle se bâtissent l’avenir et le devenir de tout un peuple au Cameroun.

Comme quoi Achille Mbembé semble avoir raison de révéler qu’ « Il nous faut faire de la place aux fous et aux bouffons dans notre société ». Achille Mbembé mérite très bien d’être le premier à bénéficier d’une camisole de force.

Jean Claude FOGNO


Comment lutter contre les sécessionnistes anglophones au Cameroun ?

Des affrontements ont opposé l’armée camerounaise et les sécessionnistes le 14 décembre derniers. Affrontements durant lesquels les militaires camerounais ont saisi, « entre autres, une trentaine de fusils de chasse, un fusil à pompe, des munitions et des dizaines de T-shirts noirs floqués du sigle de l’« Ambazonia defense force »». Dadji, une localité située dans la ville de Mamfé, a été le théâtre des opérations. Cette ville, depuis plusieurs semaines, défrayait la chronique avec de multiples assauts des assaillants taxés de sécessionnistes.

Plusieurs assauts des assaillants à Mamfé, dans les deux régions anglophones, ne sont pas isolés. D’autres villes connaissent des assauts similaires. Plusieurs éléments de la police et de la gendarmerie ont trouvé la mort par embuscade. Le gouvernement camerounais continue de considérer les sécessionnistes anglophones comme des auteurs insoupçonnés de ces tueries. Il faut toutefois rappeler que la mort des soldats n’intervient qu’après les événements du 1er octobre 2017 où l’armée avait tirés à balles réelles sur les manifestants. Les militaires avaient toujours eu la gâchette facile depuis le déclenchement de la crise en octobre et novembre 2016. Les morts du 1er octobre, jour de la déclaration symbolique de l’indépendance du Cameroun anglophone, seraient-ils des morts de trop ? C’est donc depuis cette date que la crise anglophone s’est transformée en guérilla.

Du coup, les débats fusent dans l’opinion pour trouver une issue favorable à la sortie de la crise. Pendant que les uns soutiennent mordicus l’option militaire, les autres, comme l’économiste/statisticien Dieudonné Essomba, prônent le retour au fédéralisme. Il faut, cependant, préciser que les populations des deux régions anglophones sont, en majorité, favorables à deux options : le fédéralisme et la sécession. La persistance de la crise est donc due au fait que le gouvernement est catégoriquement opposé à ces deux options. Les deux options ont cet avantage qu’elles mettront à mal le système politique de l’État central. Pourtant, pour Dieudonné Essomba, à défaut du séparatisme, le fédéralisme présente le moindre mal pour une sortie de crise.

Sur la lutte contre les sécessionnistes anglophones (Par Dieudonné Essomba)

Si on en croit les informations qui circulent dans les médias, l’armée a démantelé le Quartier général des Sécessionnistes anglophones à Mamfé, et les articles sont accompagnées des tas d’armes et d’effets de guerre.

Si on peut se féliciter de cette action de sécurisation, on est néanmoins en droit de remarquer que le problème fondamental posé par le cas Mamfé n’est pas la victoire militaire, mais démontre les faits suivants :

  • Il y a un an, on n’avait pas ces armes, traditionnelles ou non, et qu’aujourd’hui, on les a.
  • Il y a un an, on n’avait pas de rebelles, et aujourd’hui, on les a.
  • Il y a un an, personne n’aurait imaginé qu’un Camerounais pouvait égorger un agent de défense et de sécurité et aujourd’hui, on le fait.
  • Il y a un an, on parlait de fédéralisme que certains rejetaient dédaigneusement et aujourd’hui, nous nous retrouvons avec sécession armée.

Autrement dit, ce qui est dangereux et regrettable, ce n’est pas les efforts que fournit l’Armée pour contenir le cancer, mais la malheureuse dynamique qui a fabriqué le cancer alors qu’une approche intelligente aurait pu l’éviter.

Si les victoires militaires peuvent contenir les actions de violences de Sécessionnistes, elles ne résolvent pas les problèmes de la Sécession. Une Sécession est une hydre qui ne meurt jamais ! Elle se cache, se camoufle, s’apaise, revient, sans cesse, toujours et toujours ! Car c’est une forme particulière de rébellion qui se régénère au fil des générations de père en fils. La haine se transmet dans le sang et la répression entretient la mémoire et radicalise le désir de vengeance et la détermination à partir.

Certains disent : « les Sécessionnistes préparaient la guerre ! ». Mais bien sûr ! C’est cela la définition même d’un mouvement sécessionniste, dont la vocation intrinsèque est d’obtenir l’indépendance de gré ou de force. Ce n’est un secret pour personne. L’existence d’un mouvement anglophone proclamant la sécession était le signe que la moindre erreur de gestion allait transformer la tumeur bénigne en une tumeur maligne !

Il n’y a absolument aucun génie à avoir annoncé que les Sécessionnistes allaient recourir à la lutte armée ! C’était l’évidence même ! Les radicaux du Gouvernement et les thuriféraires de la violence d’État ont naïvement cru qu’ils pouvaient la réduire par des moyens de force, commettant la plus grave erreur camerounaise de tous les temps.

Vous ne pouvez jamais venir à bout d’une sécession ! Les sécessions au Nigeria, à l’Angola ou partout ailleurs vivent toujours ! Elles ne meurent jamais ! Même en Corse, dans le pays Basque en Espagne, partout ! Vous les matez, elles sont toujours là, plus agressives et plus déterminées que jamais ! Vous ne pouvez jamais éradiquer la sécession anglophone et comme partout ailleurs, elle s’est installée à jamais !

Que faire contre une sécession ?

La seule chose qu’on peut faire contre la Sécession, c’est la confiner à un niveau larvaire et peu nuisible et la seule solution est la sous-traitance à partir des États fédérés conformément au modèle suivant : On crée l’État fédéré du Sud-ouest, ce qui déclenche une série d’effets positifs :

  1. L’existence de cet État casse le groupe des Sécessionnistes en deux, car il y a des citoyens qui se contenteraient volontiers d’une autonomie de type fédéral et qui ne suivent la sécession que par le refus de l’État Central. La sécession cesse d’être nourrie par les frustrations et ses rangs s’étiolent.
  2. Le premier ennemi des sécessionnistes, ce n’est pas l’État Fédéral, mais les autorités de l’État Fédéré. Ce sont des gens élus librement par les populations locales, qui gèrent d’importants moyens (un modèle donne 250 Milliards FCFA actuellement), gère une Fonction Publique et une Police locale recrutées suivant la réglementation de leur État dans le cadre des lois-cadres fédérales, entretiennent une vie politique locale, avec des notables politiques locaux. Lesquels ne veulent aucun désordre qui les empêcherait de jouir tranquillement et dignement d’un tel pouvoir et de tels privilèges. Ce sont ces autorités qui répriment sans ménagement la sécession et de manière plus dure que l’État central, avec l’énorme avantage que la police n’apparait pas comme une force d’occupation. L’État Fédéral vient simplement en appui et évite d’apparaitre en première ligne.
  3. La lutte contre la sécession en est facilitée, car les populations dénoncent plus facilement les Sécessionnistes aux autorités de l’État fédéré qu’à celle de l’État unitaire perçu comme un instrument d’oppression, voire une force d’occupation.
  4. Les moyens de la sécession sont limités, car dans un État unitaire, les infrastructures publiques sont toutes vécues comme une propriété de l’État central honni. Elles sont donc une cible privilégiée que les Sécessionnistes utilisent pour affaiblir l’État, sachant que celui-ci sera toujours obligé de les reconstruire, ne serait-ce que pour montrer son autorité. Eux, détruisent une école de 20 Millions avec 20.000 FCFZA, soit 1000 fois mois, ce qui finit par épuiser l’État. Par contre, une telle stratégie n’est pas envisageable dans un État fédéré, car les infrastructures sont sensées avoir été reconstruites par les populations locales avec des ressources locales. Leur reconstruction va reposer uniquement sur eux et la population n’accepterait jamais que ce qu’elle a fait soit détruit, alors qu’elle ne compte sur personne d’autre pour les reconstruire.

C’est au vu de toutes ces raisons que partout dans le monde, y compris en France, on contient la Sécession en accordant aux Communautés de très larges autonomies de type fédéral. La sécession corse a ainsi été réduite lorsqu’on leur a accordé un statut d’autonomie que n’envie pas la Bavière qui est un Land allemand.

La Fédération est le seul moyen de combattre de manière efficace et durable les sécessions. Ce qui est valable partout ailleurs l’est aussi au Cameroun, et surtout au Cameroun où les Anglophones représentent 20% de la population. Ce qui est déjà très lourd pour une telle Sécession. Lorsqu’à cela, on ajoute le fait qu’ils ont été associés au Cameroun sous l’égide de l’ONU, que cette association a été faite sous le modèle fédéral, et que de manière opérationnelle, l’État n’a pas les moyens de financer longtemps une telle guerre, avec ses finances publiques qui sont aux abois. Or, le Gouvernement n’a pas le temps, alors que les Sécessionnistes ont tout le temps.

La solution du problème anglophone n’est pas militaire, nous l’avons dit et redit. La grande majorité des Camerounais le disent. Beaucoup de personnalités éminentes l’ont dit de par le monde ! Les Anglophones veulent un État Fédéré, il faut le leur accorder ! Et si quelqu’un d’autre veut, on fait de même, car la Fédération est une entité vivante, contrairement à l’État unitaire qui est une structure momifiée.

Dieudonné ESSOMBA