Arthur Floret

La vie moderne

Voici une question que mes centaines de fans hystériques me posent souvent : « cé kwa ta #life sur #xmas ? »

Ou, en langage civilisé : « Comment pourrais-tu décrire la vie de tous les jours sur l’île Christmas ? »

#good #fword #question #iloveu #fans

C’est vrai qu’habiter sur une minuscule colonie australienne aux portes de l’Indonésie, recouverte d’une jungle abritant des dizaines de millions de crabes mais zéro singe, et où la moitié de la population humaine est derrière les barreaux, ça doit être quelque chose. En principe, au moins.

Alors, tout à mon souci d’exactitude et de profondeur, je suis allé me soulager le corps pour mieux me torturer les méninges, en bon #fan de Rousseau. Et je ne parle pas de masturbation, dont il était pourtant très #fan.

Bref, pas de bol, plus de papier toilette.

Ce qui aurait pu être un de ces drames quotidiens qui nous font tendre une main suppliante à travers l’encadrure de la porte m’a frappé comme une révélation : mais c’est bien sûr !

Car, à la même seconde, combien de mes contemporains se sont retrouvés dans cette situation précise, à Paris, à Pékin, à Saint-Machin ? Et encore, à la maison ça va, mais chez une « amie », ou au bureau…

Du coup, ça m’a inspiré un petit catalogue des phrases les plus courantes que vous pourriez entendre chez un Christmassien moyen, et comme j’ai voulu être scientifique dans mon approche, c’est tout le monde sauf moi !

Hum.

Je vous laisse vous reconnaître, ou pas, dans ces tranches de vie intime.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas de m’être vengé sur un nouveau rouleau, et d’avoir —à peine— forcé la couleur glauquissime de mes chiottes (blanc de fumeur compulsif).

On se connaît de toute façon, on fait tout pareil, non ?

Dans l’intimité des Christmassiens. Crédit Photo: Arthur Floret.


Grotte Daniel-Roux (bas): ce si précieux câble d’Ariane

Je vous avais promis une exploration de la partie basse de la grotte Daniel-Roux, après avoir fait poser le premier ministre australien en moule-bite sur un tas de guano dans la partie haute.

Nous y voilà ! Enfin… au moins, on commence par le côté oriental et sans la sortie dans l’océan.

Daniel-Roux, si vous vous souvenez de votre lecture favorite, n’est qu’un petit échantillon du grand fromage suisse qu’est l’île Christmas, mais c’est celui que vous voudriez faire goûter à tous vos visiteurs : c’est très accessible, et c’est surtout très beau. Le haut, pas le bas.

Image d’Arthur Floret utilisant une carte d’Ewan ar Born via Wikimedia et une pince de crabe de Pixabay.com

Alors, pour passer au niveau supérieur (comprendre : inférieur), j’ai jeté mon dévolu sur Franz-Florian Kunert, le géant du cinéma allemand des années 2020, pour m’accompagner, et je me suis lancé dans l’impossible : revenir vivant en haut d’en bas.

Franz-Florian Kunert devant l’entrée de la partie haute de la grotte Daniel-Roux, sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

L’attaque de la partie basse consiste à descendre à pic une sorte d’entaille géante au sein de la falaise, à l’aide d’échelles étroites et glissantes.

La pénombre est totale, l’humidité à couper au couteau, et la chaleur suffocante.

Mais ça rend la prise de photo plus amusante, surtout quand Florian doit rester immobile pendant une minute pendant que je balaye les murs avec ma lampe de poche.

La descente dans la partie basse de la grotte Daniel-Roux, sur la côte nord de l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Arrivé au fond, oubliez tout de suite la Galerie des glaces.

Vous vous trouvez au niveau d’une réserve aquifère qui rejoint la mer, à 300 mètres de distance vers l’est, à travers des corridors, des entailles, des éboulements, bref, tout un champ de bataille géologique millénaire.

C’est votre terrain de jeu.

L’atmosphère est plus fraîche, l’eau est cristalline, on y plonge en gloussant de plaisir avec son masque, son tuba, et sa lumière.

Mais attention, les marées ont dessiné des lignes sur les parois qui ne laissent pas beaucoup de place à l’imagination. Choisissez bien votre heure de passage.

La première chambre de Daniel-Roux (bas), sur l’île Christmas, montre clairement l’effet des marées sur le niveau de l’eau. Image d’Arthur Floret utilisant un panneau routier de 123RF.com.

Vous entrez dans le tunnel, la grotte vous happe.

Aucun courant d’air, aucun bruit, aucune onde ne vient perturber la quiétude de ce monde à part.

À la recherche de l’océan, dans la grotte Daniel-Roux (bas), sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Il faut beaucoup nager, et ça tombe bien, car sous la surface de l’eau, l’expérience est encore plus irréelle.

En apnée dans la grotte Daniel-Roux (bas), sur l’île Christmas. Image d’Arthur Floret utilisant une photo de Franz-Florian Kunert et des yeux qui font peur de 123RF.com.

On se surprend néanmoins à imaginer de vilaines créatures, cachées dans le noir abyssal, pendant qu’on flotte, en apesanteur.

Mais on ne verra rien. Pas comme les rares chanceux qui ont pu observer le mystérieux scorpion aveugle Liocheles polisorum (Ischnuridae), ou même des crevettes d’eau douce, des petits poissons.

Crédit Photo: Franz-Florian Kunert.

On dit que la vie ne tient qu’à un fil.

Ce jour là, le nôtre était un câble noir. Pas un fil d’Ariane, non, un câble qui connecte une batterie à un boîtier de contrôle de la qualité de l’eau, plus loin vers l’aval.

Crédit Photo: Franz-Florian Kunert.

On a cru le perdre, on a cru l’avoir confondu avec un autre, on était certain que ce n’était pas par là que l’on était arrivé, on a senti le vent marin, entendu le fracas des vagues, on s’est vu pris au piège, gonflé comme une baudruche, le ventre en l’air, tout bleu, coincé entre des stalactites.

On a fait demi tour.

Je crois que les battements de nos cœurs résonnaient contre la roche.

Crédit Photo: Franz-Florian Kunert.

Ça vous transforme la spéléologie, surtout la spéléologie amateur. Amatrice ? Ça doit faire le même effet d’être propulsé dans l’espace sans être astronaute. Grisant et complètement flippant.

Crédit Photo: Franz-Florian Kunert.

Mais ça ne règle pas la grande question qui vous taraude sans cesse en bas : comment ont-ils trouvé ce passage ?

Oui, je sais, c’est très profond…

Comment, dans ce dédale, avec ces mille fissures qui pourraient ouvrir sur n’importe quoi, quand il faut quasiment ramper comme un ver de terre, puis se faufiler comme une anguille, comment ont-ils atteint la mer ?

J’ai réfléchi, et j’ai trouvé.

Ils se sont ramenés avec une loutre affamée, lui ont attaché une ficelle interminable au collet, puis ils ont vidé des barriques de sang de morue de l’autre côté.

Trop facile.


Oyez, oyez, Christmassiens, la princesse Marie est en vue !

Point n’est besoin de sortir les robes de bal, les mouchoirs de soie et la poudre à perruque madame la marquise, ni les troés quârts de vot’ récolte m’sieur l’paysan.

On parle certes de princesse aujourd’hui, mais pas du genre à vivre sur le dos du peuple.

Tout l’inverse, en fait.

Le Princess Mary est un bateau cargo battant le pavillon d’Antigua-et-Barbuda (Antilles) et opérant depuis Fremantle (Australie-occidentale).

Donc rien de bien folichon.

Sauf que, sans lui, pas de Christmassiens !

Le Princess Mary quitte l’île Christmas pour l’Australie. Crédit Photo: Arthur Floret.

La vie moderne et les petites îles lointaines font deux.

Ici, tout provient de l’extérieur, du lait aux couches, en passant par les ampoules ou… les noix de coco, le carburant, les meubles, les machines outils, etc.

Quand je dis tout, c’est 100% de ce qui est consommé ou utilisé, moins quelques potirons ou papayes sauvages, un peu de poisson de temps en temps si vous connaissez un généreux voisin qui va pêcher à la traîne le dimanche, et un bitume local de mauvaise qualité pour les routes.

Pour être plus précis, et je cite, « plus de 95% des fruits et des légumes […] sont importés. »

Le service n’étant assuré que par une entreprise, avec un bassin de « clients » minuscule (moins de 4.000 personnes, en comptant les demandeurs d’asile placés en détention), les coûts de transport sont exorbitants : il faut débourser 6.670AUD pour un container en provenance de Perth.

Ajoutez à cela que l’île Christmas n’a pas, à proprement parler, de port ; Flying Fish Cove se traduit d’ailleurs par « la crique du poisson volant ».

Les navires doivent s’attacher à des bouées reliées les unes aux autres en eau profonde pour rester immobiles au pied de la falaise qui supporte la grue de transvasement. Il n’y a pas de brise-lames pour les protéger.

Le Princess Mary vient en moyenne toutes les quatre à six semaines, mais quand le temps est mauvais, notamment pendant la mousson, ou qu’un accident bloque l’accès à la grue, comme lors du naufrage du Tycoon, les délais entre deux passages peuvent être considérablement allongés, ce qui impacte sur les prix et sur l’achalandage en magasin.

Bref, c’est toujours un événement quand on peut voir sa silhouette et les équipes de débardeurs au travail.

Un ami m’a suggéré de le photographier en utilisant la paire de jumelles fixes du parc situé sur les hauteurs du Cove, parce que ça fait « argentique ».

Le Princess Mary à Flying Fish Cove. Crédit Photo: Arthur Floret.

C’est vrai que ça a plus de charme que le numérique, et puis ça fait un peu film de pirates aussi.

Mais moi, je trouve que ça a surtout un effet crotte de bique.

Enfin, crotte de bique, il n’y en a pas qu’une généralement. Du coup, ça m’a inspiré cette image du déchargement du Princess Mary :

Les installations portuaires de Flying Fish Cove en forme de crottes de bique (cliquez deux fois pour agrandir). Crédit Photo: Arthur Floret.

Ce doit être la perspective d’avoir de nouveau du fromage au supermarché qui me rend créatif…


« Blowholes » : le rugissement de l’île Christmas

Si je vous disais que l’île Christmas fait du bruit, énormément de bruit —et je ne parle pas des gazouillis des oiseaux dans la forêt—, me croiriez-vous ?

Aussi sûr que chacun d’entre nous a sa propre voix et ses propres expressions vocales, qui toutes reflètent notre personnalité, l’île Christmas gronde, râle, gargouille, puis rugit.

Bonjour l’humeur.

Image d’Arthur Floret utilisant une carte d’Ewan ar Born via Wikimedia et une pince de crabe de Pixabay.com

Les millions d’années de violences marines qui ont sculpté ses côtes calcaires en dentelles meurtrières ont eu la fantaisie de produire des sortes d’orgues terrifiants sur tout son pourtour, en particulier aux bien nommés Blowholes (« trou qui soufflent »), les plus spectaculaires et les plus accessibles d’entre eux.

Vraiment très accessibles…

La plate-forme d’observation des Blowholes, sur la côte sud de l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Avec ses 5.000 mètres de hauteur, dont 4.700 mètres sous l’eau, l’île Christmas fait figure de forteresse inexpugnable, mais à quels incessants assauts doit-elle faire face !

Pas de banc, de plateau ou de déclivité qui puissent amortir les chocs. La haute mer heurte de plein fouet les murailles. On sent la terre trembler à des centaines de mètres dans la jungle.

Puis on entend le cri rauque, plaintif, rageur, le cri de l’île qui résiste, les souffles fous des tunnels verticaux qui ont été creusés par les pressions incessantes des vagues entre le niveau de l’océan et le dessus des falaises.

L’air, puis l’eau, que le ressac pousse et ravale, s’y engouffrent avant d’être pulvérisés à des dizaines de mètres au-dessus de vos têtes.

La côte sud est la plus dangereuse sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

On ferait volontiers fi des consignes de sécurité pour aller se faire joyeusement rafraîchir l’entre-cuisses s’il n’y avait un risque sérieux d’être placé en orbite par la force de ces turbines, ou au contraire d’être aspiré comme un simple cheveu dans le tourbillon de son bain.

Sans compter que les rochers sont aussi tranchants que des lames de rasoir.

Bref, il fait bon rester derrière les barrières de la plate-forme construite pour admirer le spectacle.

Des « bébés » Blowholes en action sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Mais si vous avez un bon microphone, le risque vaut la peine d’être pris pour un enregistrement spécial Mondoblog…

Accrochez-vous, on est quasiment dans la gueule du monstre !



Gee Foo : femme d’affaires

On commence notre série de portraits avec une femme, une femme d’affaires, ou mieux : une femme de pouvoir.

Très à propos pour la Journée internationale de la femme.

Gee Foo occupe, sur l’île Christmas, une position stratégique.

Directrice de l’agence de voyage locale, on lui doit la seule connexion aérienne avec l’Asie du sud-est, autrement dit, avec la civilisation.

Sans ce vol, les Christmassiens ne pourraient transiter que par Perth, que certains aiment à présenter comme la ville la plus isolée du monde.

Perth, c’est le vertige de la vacuité, la triste rencontre d’un soir entre un Disneyland échappé dans le monde réel et une Metropolis de Superman en version nano et triplement javellisée.

L’ennui caché derrière le confort, et le confort que l’on prend pour du bonheur.

Ce serait même carrément une punition d’y aller s’il n’y avait pas de bons restaurants… asiatiques… à Northbridge.

Bref, c’est dire si vous êtes prêt à payer cher votre billet et à voyager passé minuit pour rejoindre le grand capharnaüm de Jakarta, à seulement 45 minutes de Flying Fish Cove.

Mais alors, comment expliquer que dans un avion de 180 places, le taux d’occupation des sièges ne soit que de 20% ?

Poser la question, c’est y répondre.

Les Christmassiens aiment Perth.

Les touristes adorent Java.

Entre les deux, il ne reste à Gee qu’une petite clientèle d’habitués et —accrochez-vous, on va traverser une zone de turbulences— une partie des « 300 vrais touristes » qui visitent l’île chaque année (ceux qui n’ont pas de liens familiaux sur place).

300…

Si un chiffre comme ça, dans l’Océan indien, ce n’est pas de la promotion touristique en soi, qu’est-ce que c’est ?

Gee Foo. Crédit Photo: Arthur Floret.

Mais Gee semble sereine par rapport à ça, et je la soupçonne d’ailleurs d’être une fière Perthienne. Perthaine? Perthoise?

Originaire de Singapour, elle a vécu dans plusieurs pays de la sous-région, avant de s’installer dans la ville aux cygnes noirs, et ce n’est qu’en 2000 qu’elle a emménagé sur l’île Christmas.

Elle ne divise pas l’humanité en deux comme moi : Perth vs Jakarta. Elle synthétise.

Et puis, ses Boeing vides, elle les doit surtout à l’industrie de la détention des demandeurs d’asile, qui a eu la peau :

  1. de la réputation de l’île comme paradis naturel (on ne voit que naufrages et grillages à la télévision et dans les journaux) ;
  2. des structures d’accueil touristique (la plupart des chambres sont prises par les employés des différents prestataires de service) ;
  3. des échanges avec l’Asie (en important désormais la nourriture, le courrier, etc. de l’Australie).

Gee lui trouve, elle, à cette industrie de la détention, bien des avantages : les routes sont en meilleur état, il y a le plein emploi, les infrastructures communautaires sont mieux entretenues, il y a plus de pouvoir d’achat, plus d’affaires à faire. C’est juste que ça empêche le tourisme de décoller.

L’île Christmas, on pourrait dire, a connu, en somme, ces dernières années, une « australianisation » qui l’a un peu coupée de l’Asie à laquelle elle appartient géographiquement et culturellement : flux migratoires, flux de capitaux, instrumentalisation par les politiciens de tous bords, médiatisation à outrance.

Une immense vague de changement social et économique a eu lieu sous l’influence de Canberra et de son obsession pour les « boat people ».

Mais Gee ne le formulera jamais ainsi.

Sa véritable préoccupation est d’une autre nature : la promotion du « fait chinois » face à son déclin et à son éventuel oubli.

Autrefois colonie britannique, aujourd’hui australienne, l’île Christmas est une île surtout chinoise.

Ce sont des cohortes de migrants de Chine méridionale et de Malaisie/Singapour qui ont défriché la jungle, construit la ligne de chemin de fer et les routes, extrait le minerai de phosphate, souffert pendant l’occupation japonaise, milité pour l’égalité des droits jusque dans les années 1980.

Les Chinois et la mine sont inséparables. Et la mine voit ses jours comptés.

La mine, c’est une histoire de « gens ordinaires qui travaillent dur », qui sont là pour se sortir de leur condition, monter les échelons, trouver des « opportunités ».

Conséquence : « on ne planifie pas ici : on fait juste bosser, bosser, bosser… »

Point d’histoire écrite, noble, valorisée. En tous cas, pas avant l’arrivée de Gee.

Un petit musée a été ouvert sous son impulsion, avec l’aide de tycoons (hommes d’affaires) venus directement de la République populaire, et d’autres liens ont été tissés plus récemment avec les diplomates en poste en Australie, notamment l’ancienne ambassadrice, Fu Ying, qui est aujourd’hui vice ministre des affaires étrangères à Pékin (ironiquement, Fu Ying est d’ethnie mongole).

Avec la Chinese Literary Association, lointaine descendante de la confrérie des coolies, ces quasi esclaves du début du XXème siècle, Gee initie aussi toutes sortes d’activités festives et collectives dans l’espoir de maintenir les traditions bien en vie.

Mais « la plupart des jeunes [Chinois] vont à Perth maintenant, et ensuite leurs parents les y rejoignent quand ils prennent leur retraite. »

Les postes de managers, les études supérieures, l’accès plus facile à la propriété, c’est là-bas.

Gee prédit même que les Chinois, qui composent 70% de la population actuelle de l’île, ne formeront plus qu’une petite minorité de 10% dans 30 ans, et passeront même à 40% dans dix ans seulement, si la tendance actuelle se maintient.

Les Malais seront alors le groupe dominant.

Que restera-t-il de toute cette période ?

Point d’architecture palatiale, ou de vieux quartiers coloniaux stérilisés comme à Singapour.

Juste le témoignage de vies pleines de souffrances et émaillées de quelques récompenses, un passé ouvrier unique au monde, et le décor brut et modeste qui va avec.

Bref, un trésor à préserver dans une Asie qui perd son âme dans la course à la modernité et au gigantisme.

Mais cette fervente catholique croit aux miracles et au pouvoir d’attraction de sa patrie d’adoption.

La seule île chinoise de l’Océan indien n’est pas encore morte.


Thérapie taboue

Voilà ce que ne verront jamais les demandeurs d’asile sur l’île Christmas, pourtant détenus au cœur même de la jungle, parfois pendant sept mois, huit mois, voire plus.

Un arbre au sol, de belles couleurs, de la pure thérapie par la forêt. No way !

Mais rassurez-vous, une grande partie des habitants de Flying Fish Cove ne sort jamais du village pour aller explorer la nature environnante.

Sans doute l’écrasante majorité, en vérité.

Vous pensez que cette photo pourrait faire un beau fond d’écran pour leur ordinateur ?

Un arbre tombé à terre sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.


Archéologie du Nouveau monde

Amateurs de ruines, oubliez Pompéi, le Nouveau monde est votre paradis !

Eh oui, car le Nouveau monde, c’est d’abord un rapport utilitaire à l’environnement.

Pas le temps de s’enraciner, de construire des terroirs, de transformer la magie de la nature en légendes, ou d’enrichir le lent travail de manucure des générations précédentes.

Cela vaut certes pour l’Australie —226 ans d’histoire européenne en 2014—, mais imaginez pour l’île Chrismas : 127 ans d’histoire humaine !

Local technique abandonné sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Ici, on a, d’un côté, la forêt « vierge » (vierge de réserves de phosphate à extraire), autrement dit un non-espace, un trou noir, et, de l’autre, la civilisation.

Comprenez : la civilisation du bulldozer.

Bulldozer à l’arrivée, bulldozer au départ.

Un réservoir en ruine sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

On construit, on abandonne ; on construit, on détruit, on laisse sur place ; puis on reconstruit ailleurs : c’est moins cher qu’un nettoyage.

Vestige de l’ancienne piscine sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Et c’est tant mieux !

Tout ce que cette culture de pionniers touche est retourné sens dessus dessous, mais tout ce qu’elle ne touche pas reste autant en l’état que possible.

C’est beau et moche à la fois, ça rend un peu schizophrène, ça interpelle toujours, ça insuffle un curieux sentiment de liberté.

Comme quoi, le gris a son charme et ses nuances…


Chérie, devine d’où je t’appelle !

Les téléphones portables, c’est incontournable. Les cabines téléphoniques, ça l’est déjà nettement moins.

Mais les locaux techniques radiotéléphoniques antiques perdus au cœur d’une jungle peuplée de crabes, c’est quoi ?

C’est dingue.

Et c’est seulement sur l’île Christmas !

Un des rares vestiges de la ligne de chemin de fer qui traversait l’île Christmas du nord au sud au XXème siècle ?

Ce suppositoire à télécommunications, qui se retrouve aujourd’hui dévoré par la végétation.

Franz-Florian Kunert, la jeune relève du cinéma allemand, réfléchit déjà au scénario de son prochain film. Crédit Photo: Arthur Floret.

Allez savoir ce qu’il s’y disait.

Mais ma fille a son idée à ce sujet…

Des discussions de princesses !

Allô Blanche-Neige? C’est Cendrillon! Tu m’entends? Crédit Photo: Arthur Floret.


Un bernard-l’hermite très écolo

Vous recyclez vos déchets ? Vous portez des vêtements d’occasion ?

Bravo.

Mais si vous combiniez les deux ?

Pourquoi ne pas vous habiller avec vos poubelles, ou celles des autres ?

Ce bernard-l’hermite terrestre est un écologiste dans l’âme.

Un bernard-l’hermite à la mode de Dolly Beach (n°1). Crédit Photo: Arthur Floret.

Assez timide, surtout nocturne, n’aimant guère l’eau, ce Coenobita brevimanus s’est pourtant fait surprendre sur Dolly Beach, à l’heure glorieuse de 15h…

Un bernard-l’hermite à la mode de Dolly Beach (n°2). Crédit Photo: Arthur Floret.

Adieu les coquilles lourdes, encombrantes, et qui accrochent partout ! Vive les matériaux synthétiques, usagés, et dont on n’aura jamais idée de la provenance !

Un bernard-l’hermite à la mode de Dolly Beach (n°3). Crédit Photo: Arthur Floret.

Et c’est encore plus chic vu de derrière.

C’est son fan club qui va être heureux de voir ça !


Reza Barati, persécuté par l’Iran, abandonné par l’Australie, tué par la Papouasie-Nouvelle-Guinée

La semaine dernière, un Kurde de 23 ans, sous protection de l’Australie, était sauvagement assassiné sur une petite île de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

77 autres personnes étaient aussi blessées, dont 13 gravement, dans des violences extrêmes impliquant demandeurs d’asile, gardes privés et population locale au centre de détention de Manus, construit sur l’initiative de Canberra.

Reza Barati, le jeune demandeur d’asile assassiné. Source: Daily Life.

Le gouvernement australien de Tony Abbott a dû faire face à un feu nourri de critiques de la part des partis de l’opposition, ainsi que des Nations-Unies, qui ont lui adressé un rappel à l’ordre, pour sa responsabilité indirecte dans ce drame.

Partout sur l’île-continent, des dizaines de milliers de citoyens se sont rassemblées lors de vigiles dimanche soir en mémoire de Reza Barati.

Ici, à Flying Fish Cove, quelques personnes émues jusqu’aux larmes ont allumé des chandelles et lâché une lanterne dans les airs, là où Reza pensait avoir terminé son périple depuis l’Iran, en juillet 2013.

Une vigile en mémoire de Reza Barati, là où il a foulé le sol australien pour la première fois en juillet 2013 (cliquez deux fois sur l’image pour l’agrandir). Crédit Photo: Arthur Floret.

Depuis, en solidarité avec les détenus de Manus, et pour arrêter les transfèrements, les demandeurs d’asile de l’île Christmas ont entamé une grève de la faim

Une lanterne a été allumée lors de la vigile de l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.


Concours crabique du mois : et le/la gagnant(e) est…

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« Mesdames et messieurs, le/la gagnant(e) du grand concours le plus débile du monde pour le mois de février est… »

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Charlot, de Paris !

Bravo Charlot, belle performance.

Néanmoins, on a un autre génie en seconde position, et c’est Alexis, de Lille.

Pour rappel, voici les questions.

***

Vous êtes un crabe de cocotier, autrement dit, pour les anglophones, vous êtes un robber crab, un « crabe voleur. »

A) À votre avis, pourquoi vous surnomme-t-on ainsi ?

  1. parce que vous êtes cleptomane ;
  2. à cause d’un a priori injustifié et discriminatoire et de toute manière c’est celui qui dit qui est ;
  3. parce que vous avez vraiment une sale gueule, et ça suffit à établir n’importe quelle mauvaise réputation ;
  4. pour rien en particulier, c’est juste que les touristes sont des pigeons et se font dépouiller tout le temps et par tout le monde.

B) Sur l’île Christmas, on dit de vous que vous auriez déjà volé :

  1. un pistolet de policier ;
  2. des chaussettes tellement sales que leur propriétaire n’aurait jamais osé les remettre sur ses pieds ;
  3. un sandwich dégueulasse ;
  4. tout ça à la fois.

***

Ce n’est pas un concours débile pour rien : j’avais donné la réponse dans le paragraphe d’après (A1 + B4).

Charlot a répondu A1 + B1, pas mal…

Alexis a répondu A2 + B4.

On reconnaît l’empreinte de Martine Aubry sur les Lillois. Bien joué quand-même, Alexis !

Charlot, qui est surfeur, m’envoie le message suivant :

« J’espère que grâce à L’isle aux rostres, bientôt mon fantasme s’accomplira et que ma photo figurera (enfin !) à la place de celle de Kelly [Slater] ! Ça ne sera pas volé ! »

Sitôt dit, sitôt fait…

Charlot, de Paris, remporte ce beau T-Shirt, et surtout… il détrône Kelly Slater! Image d’Arthur Floret.

Charlot gagne le T-Shirt qu’il porte sur l’œuvre d’art à droite, et Alexis empoche la collection complète des dix autocollants de CI Island Care qui reprennent nos panneaux routiers.

Par contre, le Lillois, ça va prendre plus qu’une Traban pour les coller tous ensemble sur le pare-chocs !

Ne vous inquiétez pas, j’adore mon frère et mon cousin…

Mais que fait le reste de la grande famille francophone ?

Allez, on se donne rendez-vous en mars : à la clef, des porte-bières isothermiques avec des beaux dessins dessus.

Sûrement de quoi faire sortir des Québécois du bois.


Toutes les routes mènent à Flying Fish Cove

S’il est vrai que l’on peut juger de l’état d’un pays à celui de ses routes, alors les Christmassiens sont plutôt bien lotis.

À part les crabes, bien sûr.

Une route bitumée de l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

L’île Christmas compte 150km de routes, dont seulement 40km de bitumées.

La particularité du réseau local est qu’il connecte le village, Flying Fish Cove —cinq hameaux en fait— uniquement aux sites naturels les plus remarquables : on ne va pas d’une communauté humaine A à une communauté humaine B, mais de chez soi à la plage, à la cascade, à la grotte, à la pêche, en forêt, etc.

Une piste dans la jungle de l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Toutes ces routes ont en effet été percées pour relier une multitude de mines de phosphate au port (exportation), pour l’essentiel dans la seconde moitié du XXème siècle.

Quand l’industrie extractive a périclité, c’est le Parc national, qui couvre aujourd’hui les deux tiers de la superficie de l’île, qui a hérité du bénéfice de ces infrastructures pour ses touristes.

Une route non bitumée de l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Mais à cause de l’ouverture du centre de détention pour demandeurs d’asile (IDC) dans les années 2000, les visiteurs ne se comptent que sur les doigts de la main.

Autrement dit, hormis sur le tronçon de l’IDC ou sur celui de la mine de la pointe sud, encore en activité, qui sont légèrement achalandés, vous pouvez oublier le code de la… route.

Carte routière de l’île Christmas (cliquez deux fois sur l’image pour l’agrandir). Source: GHD/Jim McNeill.


Français, Françaises, voici une raison d’espérer !

Vos élus vous matraquent de taxes ? Le coût de la vie vous étrangle ?

Bref, vous avez le cancer du portefeuille ?

Ne désespérez pas.

Avec un prix moyen du gasoil de 1,338EUR, vous n’êtes plus si loin du litre à 1,492EUR* que l’on paye sur l’île Christmas.

Encore un petit effort et vous ne sentirez plus rien du tout…

Le prix à la pompe (à fric) du diesel sur l’île Christmas. Image d’Arthur Floret utilisant du sang qui coule sur fr.freepik.com.

*Au taux de change du 20 février 2014.


Anderson’s Dale, le Verdun des crabes

Anderson’s Dale laisse une impression étrange.

On s’y sent de trop en tant qu’humain, perdu au milieu des crabes, mais la boue, les trous, les enchevêtrements de racines, l’eau qui s’infiltre partout évoquent un champ de bataille de la Grande guerre, comme le souvenir d’une vie antérieure de soldat.

Tout en racines en amont, Anderson’s Dale pourrait passer pour un ruisseau normal.

Anderson’s Dale, sur la côte ouest de l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

À mesure que vous le descendez, néanmoins, vous vous engagez dans un canyon oppressant où les trois protagonistes de la boucherie vous attendent par milliers.

Comme en 1914.

Le canyon d’Anderson’s Dale, sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Les crabes bleus (les Français), les crabes rouges (les Britanniques), et les crabes de cocotier avec leur rostre entre les yeux (les Allemands et leurs casques à pointe), semblent se cacher dans l’attente d’un assaut.

Un crabe bleu à Anderson’s Dale, sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Se cacher plus ou moins bien…

Un crabe de cocotier à Anderson’s Dale, sur l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Puis le massacre commence.

Sans son, comme sur les films d’archive.

Je vous ai mis des couleurs bien criardes pour faire plus contemporain.

Un crabe de cocotier tue un crabe rouge: casque à pointe vs After Eight. Image d’Arthur Floret utilisant une photo de ToutesVosRepliques.com et une photo de Leclerc-SaintRaphael.com.

On aimerait dire que le paradis attend tout ce beau monde en bout de course, mais la lumière blanchâtre que l’on voit au bout du tunnel pourrait très bien être une vague mortelle qui s’engouffre entre les murs pour vous aspirer.

L’embouchure d’Anderson’s Dale, sur la côte ouest de l’île Christmas. Crédit Photo: Arthur Floret.

Alors on rebrousse chemin en traversant de nouveau cette zone humide si particulière, classée RAMSAR, et c’est toujours une bonne ballade de faite.

Image d’Arthur Floret utilisant une carte d’Ewan ar Born via Wikimedia et une pince de crabe de Pixabay.com

Car c’est beau, c’est brut, c’est primitif, et c’est certainement un des endroits les plus sauvages de l’île Christmas.


Le concours crabique du mois : gagnez un… T-shirt de surfeur de l’île Christmas !

Tous les mois, L’isle aux rostres organise un grand concours unique au monde !

Explosez votre Q.I. en vous mettant dans la carapace d’un crabe pour courir la chance de gagner un cadeau pas cher mais qu’on ne trouve que sur l’île Christmas !

Le concours est gratuit et ne vous engage à rien, pas plus que L’isle aux rostres d’ailleurs…

En février, on continue dans la stratosphère du génie.

Vous êtes un crabe de cocotier, autrement dit, pour les anglophones, vous êtes un robber crab, un « crabe voleur. »

Un crabe voleur. Image d’Arthur Floret utilisant une photo de DeguiseToi.fr et une photo de DIBP via Flickr.

A) À votre avis, pourquoi vous surnomme-t-on ainsi ?

  1. parce que vous êtes cleptomane ;
  2. à cause d’un a priori injustifié et discriminatoire et de toute manière c’est celui qui dit qui est ;
  3. parce que vous avez vraiment une sale gueule, et ça suffit à établir n’importe quelle mauvaise réputation ;
  4. pour rien en particulier, c’est juste que les touristes sont des pigeons et se font dépouiller tout le temps et par tout le monde.

B) Sur l’île Christmas, on dit de vous que vous auriez déjà volé :

  1. un pistolet de policier ;
  2. des chaussettes tellement sales que leur propriétaire n’aurait jamais osé les remettre sur ses pieds ;
  3. un sandwich dégueulasse ;
  4. tout ça à la fois.
À gagner: un T-Shirt que Kelly Slater vous enviera! Image d’Arthur Floret utilisant une photo de Hyunlab via Wikimedia.

Répondez aux deux questions dans le formulaire ci-dessous (par exemple : A1 + B4), et courez la chance de gagner un magnifique T-Shirt spécialement imprimé pour les 10 ans du magasin de surf local ! C’est Kelly Slater qui va être jaloux !

Le meilleur d’entre vous sera choisi avec une dose d’arbitraire et une de hasard et recevra par la poste le fameux T-Shirt, tout neuf, garanti sans trace de sueur !

Le deuxième meilleur d’entre vous sera gratifié de la collection complète des dix autocollants qui s’inspirent de nos nouveaux panneaux routiers.

Les noms des trois finalistes seront publiés sur le blogue le 24 février 2014.

Dépêchez-vous, vous n’avez donc que jusqu’au 23 février à minuit heure de Flying Fish Cove pour épater la galerie !

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Orange, puis rouge

Voici une photo d’un bateau de demandeurs d’asile que j’ai prise à Flying Fish Cove l’année dernière.

Gilets de sauvetage orange. Coucher de soleil orange.

Puis il y a eu l’élection de Tony Abbott en septembre 2013.

Un bateau de demandeurs d’asile à Flying Fish Cove (cliquez deux fois pour agrandir). Crédit Photo: Arthur Floret.

Maintenant, les demandeurs d’asile n’atteignent plus l’île Christmas.

Ils sont :

  1. interceptés par la marine australienne ;
  2. forcés à monter dans des canots de sauvetage… orange… ;
  3. refoulés vers leur lieu de départ : l’Indonésie.
Le 1er canot de sauvetage ayant servi à refouler les demandeurs d’asile de l’île Christmas à Java. Source: News Corp Australia Network.

Ceux qui sont arrivés avant ça sont transférés vers les centres de détention de Nauru (Pacifique Sud) et de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Et ils voient rouge.

Une révolte vient d’éclater à Manus à l’instant-même où ce billet est publié.

Il semblerait que les autorités locales refusent de les accueillir à terme dans le pays (1, 2).


Drapeau de fin de soirée

Je donne le nom d’un pays : vous précisez la capitale. Vous me dites un pays : je vous décris le drapeau.

Vous connaissez ce jeu de fin de soirée d’intellos bourrés ?

Alors voici de quoi épater la galerie.

C’est le drapeau de l’île Christmas.

Bon, ce n’est pas un État souverain, certes, puisque c’est un territoire australien, mais qui oserait dire que le drapeau du Québec ou de la Polynésie française n’a aucune légitimité ?

À 3h du matin, en tous cas…

Le drapeau de l’île Christmas (Australie). Source: Wikipédia.

Côté symbolique :

  • bleu = mer ;
  • vert = forêt ;
  • au centre : l’île Christmas ;
  • à gauche : la croix du Sud, tatouée sur l’épaule d’un Australien sur deux ;
  • à droite : un paille-en-queue doré, l’oiseau emblématique du territoire. Avec une sorte de tête d’éléphant de mer et un petit air de raie manta.

Côté pratique : le drapeau a été reconnu comme symbole officiel en 2002.

Côté rigolo, et c’est là où je voulais en venir… il a été sélectionné par l’assemblée locale en 1986 à la suite d’un concours populaire doté d’un prix de 100AUD !

C’est un certain Tony Couch, de Sydney, qui avait travaillé ici pendant quatre ans pour la mine de phosphate, qui a remporté la mise face à 68 autres participants.

Ça doit en prendre une grosse fiesta pour finir par inventer un drapeau, non ?


Nouvel an chinois : Chap Goh Mei ! Et boum badaboum !

C’est aujourd’hui le quinzième jour de la nouvelle année du cheval, le dernier jour des festivités du Nouvel an chinois !

Pas de bol, l’éruption du Mont Kelud, en Indonésie, vient perturber la bonne humeur des Christmassiens…

En temps normal, le vendredi, c’est déjà un jour de fête en soi, avec les arrivées des vols de Perth et de Jakarta, mais aujourd’hui, les parents et les amis doivent débarquer pour la grande nouba de l’association culturelle chinoise, clore sur une note positive les deux semaines les plus importantes de la majorité de la population locale.

Résultat : tout le monde est bloqué par un nuage de cendres, ainsi que tous nos produits frais !

Avertissement de Virgin Australia relatif au nuage de cendres du Mont Kelud, le vendredi 14 février 2014. Image d’Arthur Floret.

Le rapport avec la choucroute ?

L’île Christmas n’est située qu’à 350km de l’Indonésie, un pays assis sur la ceinture de feu du Pacifique, cette longue chaîne de zones de subduction entre plaques tectoniques qui créent une activité sismique et volcanique particulièrement intense.

Carte de la ceinture de feu du Pacifique, par Rémih via Wikipédia.

Et parmi les 150 volcans que compte l’Indonésie, le Kelud est l’un des plus dangereux.

Son éruption, hier, a forcé l’évacuation de 200.000 personnes, ainsi que la fermeture de trois aéroports internationaux.

Distance entre l’île Christmas et le Mont Kelud (Java, Indonésie). Image d’Arthur Floret utilisant une carte de Sadalmelik via Wikimedia.

On comprend pourquoi :

Les cendres du Kelud ont été projetées à 17km d’altitude, et le vent les a portées jusqu’à 500km à l’ouest et au nord-ouest.

Ici, on a seulement eu une journée curieusement brumeuse.

Pas de quoi prendre des photos qui font la une des journaux, cependant.

Mais qui sait ? L’île Christmas est aussi un volcan… juste très très vieux et très très inactif…

Peut-être se réveillera-t-il en 2015 pour célébrer l’année du mouton ?