De Rocher Chembessi

CoP 19 : De longues, folles, rudes négociations pour du vent ?

logo_COP19-300x266La 19ème Conférence des Parties sur le Climat (CoP19) tenue à Varsovie (Pologone) aura-t-elle permis de poser les jalons d’un nouvel accord mondial sur les changements climatiques ? Fut-elle l’autel d’un nouvel engagement pour la réduction des changements climatiques ou tout simplement celui du crucifix pour les millions de victimes dans le monde ?

Les différents événements survenus aux négociations de Varsovie, font croire que la CoP 19 aura été une partie de bal des « incapables » et de « prétentieux » sans vergogne. En effet, les délégués des 192 Etats prenant part aux travaux auraient fait preuve d’une légèreté pour les uns (pays pauvres) et d’une fermeté pour les autres (pays en développement), d’un mauvais arbitrage pour certains (USA, Union Européenne, etc…) préjudiciables pour des millions d’hommes, d’animaux, de végétaux, d’océans dans le monde. La CoP 19 annoncée comme la grande croisade mondiale contre les changements climatiques en prélude à la Conférence de Paris en 2015 a juste accouché d’une souris. Un accord in extremis et aux minima, obtenu au lendemain de la fin officielle des négociations. Et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) n’ont pas manqué de manifester leur désarroi à la vieille de la fin des négociations qui s’annonçaient totalement infructueuses. Dans un sursaut d’orgueil, qu’on pourrait même qualifier de dernière minute, celles-ci ont boudé la conférence en quittant le stade national de Varsovie qui abrite les travaux de la conférence. Du spectacle ? Nul ne saurait le dire.

Varsovie : la marche à reculons ?

Avec la manifestation des grandes ONG mondiales, le monde entier a été alerté sur la cruauté de certains Etats dont notamment la Chine, l’Inde, le Japon, l’Australie, le Canada, et de certains pays européens sur leurs objectifs d’émission de gaz à effet de serre. Et l’objectif annoncé à la CoP 18 à Doha (Qatar), de contenir à moins de 2°C le degré de réchauffement de la planète par rapport à l’ère préindustrielle semble une utopie. Varsovie, bien qu’elle ait été le théâtre des plus longues, rudes et folles discussions autour du climat, arbore une disgracieuse tunique d’échecs et de simulacres. En plus de la position suicidaire adoptée par certains Etats, la remise en cause du marché carbone, la présence à Varsovie de certaines firmes multinationales, des lobbyings pro-nucléaire, montre ô combien les prochaines joutes verbales à Pérou (CoP 20) et en France (CoP 21) seront indécises. Et les ONGs présentes à Varsovie ont manifesté leur surprise sur la présence des groupes miniers, des automobilistes, des groupes mobiliers, etc…, dans le cycle des négociations. Elles affirment même que c’est une nouvelle chimère pour les pays pauvres car ces grands groupes soutenus par leurs Etats devraient prioritairement défendre leurs intérêts. Selon des informations rapportées par la presse internationale, le négociateur américain Ted Stern aurait même déclaré qu’il « faut laisser l’idéologie à la porte ». Ce qui suppose qu’il ne peut avoir de traitement différencié entre pays développés et pays en développement. Doit-on craindre la fin de la responsabilité sociétale des grandes puissances face aux effets des changements climatiques ? Peut-on espérer un accord réaliste et imposable à tous les Etats en 2015 ? L’échéance de 2020 pour la mise en œuvre d’un nouveau protocole d’accord sur l’émission des gaz à effet (GEZ) de serre sera-t-elle respectée ? Quel avenir donc pour le fonds vert pour le climat ?

Varsovie : la Conférence des incertains ?

Bien malin qui pourra répondre à toutes ces interrogations suscitées par les assises de Varsovie. Déjà, l’Organisation Météorologie Mondiale (OMM) annonce un nouveau pic exceptionnel de concentration de CO2 dans l’atmosphère avec une trajectoire de réchauffement de la planète estimée à près de 4°C. Dans une logique peu honnête, une assurance a été tout de même donnée aux pays en développement (sur insistance de ces derniers) pour la mobilisation des 100 milliards de dollars d’ici 2020 promis à Copenhague par les pays riches pour financer les projets d’adaptation aux changements climatiques. Mais pas tout à fait convaincant. Le risque d’implosion est bien visible. Avec le spectacle de Varsovie, on court vers une tendance mondiale de méconnaissance et d’inapplication des accords de réduction de gaz à effet de serre. Des pays dits « puissants » se donneront le luxe de payer pour réchauffer davantage la planète. Dans cette pathétique conférence, Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations-Unies, qui rassure les pays pauvres d’une mobilisation probable des ressources de financement de l’adaptation des populations pauvres aux changements climatiques et non pas de l’atténuation, en appelle au secours des villes, qui selon lui seraient « les moteurs de dynamisme et de créativité, les milieux propices à nos efforts pour combattre le changement climatique, concevoir et parvenir rapidement au progrès et au développement plus équitables ». L’autre fait marquant de la Conférence de Varsovie a été le limogeage du ministre polonais de l’Environnement, Marcin Korolec, qui présidait les négociations suite à un remaniement ministériel survenu en Pologne. Pis encore, la Pologne qui accueillait les négociations a défendu son indépendance pour l’exploitation de son charbon et probablement sur celle du gaz de schiste.

De Varsovie à Paris : Encore un long et pénible chemin pour un accord plus ambitieux, réaliste et contraignant sur les changements climatiques !


JIF vs JIH: Qui gagne?

Le match pourrait ne pas durer...
Le match pourrait ne pas durer…

Il n’est point de jour dans le calendrier romain qui ne soit dédié sur le plan international à la célébration d’une cause commune. Faites-en vous même le constat. Elle peut être scientifique, médicale, humaniste voire personnifiée du genre Mandela Day. De ces journées pompeusement célébrées sur le plan international, il a une qui fait recette auprès de la gente féminine. La Journée Internationale de la Femme (JIF), célébrée tous les 8 mars de chaque année, mobilise les uns et les autres autour de ce qu’il conviendrait d’appeler les « inégalités basées sur le genre » qui mettraient la femme en position faible face à l’Homme. A priori, cette caricature de la situation de la femme serait la plus réaliste au regard de plusieurs éléments dont notamment les problèmes de ménages, l’accès à l’éducation et à un certain nombre de métiers.

Mais dans une autre analyse, cela pourrait se révéler comme une fausse considération. Et de nombreuses études tentent de le démontrer. Bien des hommes sont aussi victimes de ces « inégalités et violences basées sur le genre ». Les exemples foisonnent à tous les coins du globe et dans plusieurs domaines. Et depuis, la mobilisation des hommes s’intensifie dans le monde et particulièrement dans les pays occidentaux pour « réclamer justice ». Mieux encore, certains dont le professeur Jerome Teelucksingh ont milité pour l’instauration en 1999 de la Journée Internationale de l’Homme célébrée le 19 Novembre. Elle devrait permettre d’attirer l’attention de l’humanité sur les inégalités, les discriminations et autres préjugés dont est victime la gente masculine.

Mais qui aime les comparaisons doit réaliser que la Journée Internationale de l’Homme semble s’ériger tout doucement en un non événement. On dirait bien qu’elle n’intéresse pas grand monde. Dans un pays comme le mien, aucune manifestation officielle ou même officieuse d’une simple organisation de la société civile ne lui a été consacrée. Que dire si même une seule déclaration ne lui a été consacrée par la ministre de la famille. Une journée internationale passée donc sous silence ! Et il y a bien d’autres qui le sont, me diriez-vous. De mon intime conviction, je doute fort qu’elle ait bénéficié des mêmes honneurs dans vos pays comme en jouit la JIF. Afin de comprendre cette inaction collective autour de la journée dédiée au sexe « fort », je réalise en tout premier lieu qu’il n’est que victime de sa virilité extrême et de sa domination légitimement héritée du Créateur. En effet, c’est cette posture traditionnelle connue de l’Homme et mieux encore sa manifestation qui ont conduit à l’instauration et aux célébrations tonitruantes de la Journée Internationale de la Femme dans le monde. Est-on en faux de penser que cette journée est aussi victime de la faible représentativité de l’homme sur l’échelle de la population mondiale en termes de genres. Aussi, la plupart d’entre eux, n’auraient-ils pas le temps pour consacrer une journée à eux en vociférant sur la place publique pour comme les autres réclamer « leurs droits. » Et cela est bien juste car il fallait user de ce temps pour rechercher notamment dans les milieux ruraux la pitance de toute la famille. Bien quelques uns, notamment en situation conflictuelle pour divorce avec leurs anciennes épouses ont pu se faire entendre dans les pays occidentaux, la journée internationale de l’homme a bien du plomb dans l’aile. Et rien ne lui augure d’un avenir doré. Et quand on réalise qu’elle passe sous l’ombre de la journée internationale des toilettes célébrée le même jour, on a bien des raisons valables de craindre qu’elle ne soit vite projetée dans les fosses archivistiques de la communauté internationale.

JIF vs JIH : Qui gagne ? A chacun son pronostic…

PS : Sans doute qu’on pourrait avoir au Bénin une célébration en différée, mais j’en doute très fort…


Urgent!

Les Organisations Non Gouvernementales et les acteurs de la société de la Civile présents à Varsovie pour la Conférence des Parties (Cop19) auraient décidé de se retirer des négociations, pour disent-elles, protester contre l’absence d’un dialogue production notamment pour les pays en développement qui puissent permettre d’espérer un accord sérieux et réaliste sur le climat…

Crédit Photo : Hamzat B. Lawal (Varsovie)
Crédit Photo : Hamzat B. Lawal (Varsovie)


Mondial 2014 : ces « singes » qui qualifient la France.

Les deux héros de la qualification de la France...
Les deux héros de la qualification de la France…

La France sera bien présente à la Coupe du Monde de Football au Brésil en 2014. L’équipe de France de football a décroché son précieux sésame dans une époustouflante rencontre face à une équipe d’Ukraine défensivement dimuniée. La qualif de la France, on la doit certes à un collectif retrouvé pour ce match, mais aussi aux merveilleuses inspirations des buteurs de la soirée. Et ces buteurs qui ont envoyé la France sur la somptueuse terre du football ont un nom. Ils ont une identité. « Malins comme un signe », Karim Benzema et Mamadou Sakho ont fait l’essentiel du boulot pour l’équipe tricolore.

D’origine algérienne, Karim Benzema et son compère Malien d’origine, Mamadou Sakho ont sans doute envoyé un message fort à tous ces 18 % de Français de l’extrême droite qui revendiquent une France à la France et aux Français. Buteurs décisifs d’une importante soirée de football pour la France, ces Africains de France ont pour certains rendu justice à la ministre de la Justice Christiane Taubira, cible de nombreuses insultes racistes depuis quelques semaines en Hexagone. Aussi, doit-on voir dans cette belle performance que la France reste un pays multiracial dont l’histoire est intimement liée à celle de millions d’Africains. Contrairement à son prédécesseur Laurent Blanc qui s’est autoflagellé par une rocambolesque affaire d’équipe de France de Français de souche qui n’aurait fondamentalement rien apporté de positif au foot français, Didier Deschamps aura eu le mérite d’avoir remis en scelle une France de football multiculturelle pour honorer le drapeau tricolore. Mieux encore, bien d’autres joueurs d’origine africaine ont été alignés par Deschamps dès l’entrée de la partie ou ont participé à cette belle victoire. Paul Pogba (Guinée), Blaise Matuidi (Angola), Bakary Sagna (Côte d’Ivoire) étaient de ces « singes » qui ont étalé toute leur malice et leur robustesse dans la rencontre. Et il n’en fallait plus pour que quelques défenseurs de la cause des minorités de France demandent que cet exploit soit dédié à ces milliers de Français victimes du racisme et de la montée des idéologies de l’extrême droite. Dans exactement huit mois, la Marseillaise sera bien au rendez-vous dans les stades brésiliens grâce à ces singes qui ont merveilleusement qualifié la France pour le Mondial 2014.

« Singes » et fiers de l’être….


Mondial 2014 : Bravo la France !

Des bleus en lieisse après leur qualif au Mondial 2014...Même dans la douleur, ils y sont parvenus. L’équipe de France de football a déjoué pour le match retour des barrages du Mondial 2014 tous les pronostics qui ne la voyaient pas renverser la vapeur au Stade de France. Après avoir été malmenés et défaits par deux buts à zéro à Kiev par l’Ukraine, les Bleus ont montré tout un autre visage devant un peu moins de 80 000 spectateurs venus au Stade de France pour les pousser à la victoire. Surchauffés à bloc par les nombreuses critiques de l’après-déroute de Kiev, les Bleus se sont montrés très solidaires dans le jeu. Combattive, l’équipe concoctée par le sélectionneur Didier Deschamps a fait forte sensation devant une Ukraine stéréotypée. Pas de round d’observation pour une équipe de France qui ne veut point manquer l’historique messe du Brésil. Après trois minutes de jeu, Valbuena, titularisé à la place de Sami Nasri, décroche une frappe croisée qui sera stoppée par le gardien ukrainien. Mais ce n’était que le début d’un beau festival de Hugo Lloris et ses coéquipiers qui maintiendront les pieds sur l’accélérateur. A la fin des 45 premières minutes, l’essentiel est fait. La France est revenue à la hauteur de l’Ukraine par deux somptueuses réalisations de Mamadou Sakho (22’) et de Karim Benzema (34’). A cet instant, il ne manquait qu’un seul petit but pour Ribéry et ses amis afin de valider leur ticket pour le « pays de la samba ». Et bien que l’Ukraine présente comme à l’accoutumée un jeu défensif très rugueux, elle finira par s’écrouler sur un but contre son camp à la 72 minutes de jeu du très malheureux Oslev Gusev rentré dans le match huit minutes plus tôt. En gardant ses cages inviolées jusqu’au coup de sifflet final, la France décroche son sésame pour participer à sa 14e Coupe du Monde de football de la Fifa. Et l’euphorie était son comble pour magnifier cet énormissime exploit des Bleus dont on ne vendait pas cher la peau avant ce match retour.

Morceaux choisis

« C’est souvent le cas de la France. On ne prend pas par le chemin le plus direct. C’est mérité. » , François Hollande, président de la République française

« Ce soir on a fait grand match. C’est très important d’être au Brésil. C’est la magie du foot », Didier Deschamps, sélectionneur de l’équipe de France

« Quand tous les Français se mobilisent et regardent dans la même direction, il n’y a que du beau… » Mamadou Sakho, défenseur central et auteur du premier but de la France

« Ce soir, on a montré qu’on était une grosse équipe » Karim Benzema, attaquant et auteur du deuxième but de la France.

La qualif de la France, on la doit certes à un collectif retrouvé pour ce match, mais aussi aux merveilleuses inspirations des buteurs de la soirée. Et ces buteurs qui ont envoyé la France sur la somptueuse terre du football ont un nom. Ils ont une identité. « Malins comme un signe », Karim Benzema et Mamadou Sakho ont fait l’essentiel du boulot pour l’équipe tricolore.

D’origine algérienne, Karim Benzema et son compère Malien d’origine, Mamadou Sakho ont sans doute envoyé un message fort à tous ces 18 % de Français de l’extrême droite qui revendiquent une France à la France et aux Français. Buteurs décisifs d’une importante soirée de football pour la France, ces Africains de France ont pour certains rendu justice à la ministre de la Justice Christiane Taubira, cible de nombreuses insultes racistes depuis quelques semaines en Hexagone.

Aussi, doit-on voir dans cette belle performance que la France reste un pays multiracial dont l’histoire est intimement liée à celle de millions d’Africains. Contrairement à son prédécesseur Laurent Blanc qui s’est autoflagellé par une rocambolesque affaire d’équipe de France de Français de souche qui n’aurait fondamentalement rien apporté de positif au foot français, Didier Deschamps aura eu le mérite d’avoir remis en scelle une France de football multiculturelle pour honorer le drapeau tricolore.

Mieux encore, bien d’autres joueurs d’origine africaine ont été alignés par Deschamps dès l’entrée de la partie ou ont participé à cette belle victoire. Paul Pogba (Guinée), Blaise Matuidi (Angola), Bakary Sagna (Côte d’Ivoire) étaient de ces « singes » qui ont étalé toute leur malice et leur robustesse dans la rencontre.

Et il n’en fallait plus pour que quelques défenseurs de la cause des minorités de France demandent que cet exploit soit dédié à ces milliers de Français victimes du racisme et de la montée des idéologies de l’extrême droite. Dans exactement huit mois, la Marseillaise sera bien au rendez-vous dans les stades brésiliens grâce à ces singes qui ont merveilleusement qualifié la France pour le Mondial 2014.

« Singes » et fiers de l’être….

wc2014-brazilListe des pays qualifiés pour le mondial 2014

https://www.coupedumonde2014.net/mondial/

PS : le tirage au sort pour la composition des différents groupes aura lieu 6 décembre 2013 au Brésil….


Célébration de la fête de Bière (Réjouissance ou empoissonnement des jeunes?)

Mes fidèles lecteurs ont sans doute pris le temps de le savoir ! Je n’aime pas me lancer sur mes billets sur un ton de dénonciation. Oui ! Ils ont fini par découvrir que des billets teintés de mauvaise humeur ne sont peut-être pas mon fort.  Mais celui-ci, j’aurais bien aimé l’écrire sans humeur. J’aurais bien aimé réchauffer ma plume cette semaine au bord d’une des belles plages de mon adorable Bénin. Et pourquoi pas sur l’une de ses chutes ou ses parcs animaliers qui font la beauté de mon Bénin natal. Mais bon, j’avais juste besoin d’un petit air décontracté, de la bonne fraîcheur loin des quatre murs de ma chambre encore aux couleurs de mes années d’étudiant pour que ma plume s’emballe.

Et je ne me suis pas prié d’offrir à ma cervelle ce petit plaisir de se mettre en branle loin de la folle chaleur de ma chambre. Pour qui me connait, je vis à Parakou, capitale du Nord du Bénin dit-on ! Mais nous qui y sommes, savons bien qu’elle est loin d’être une capitale, plus est la capitale d’une région d’un pays qui se veut émergent depuis 2006. A Parakou, 3ème ville à statut particulier du Bénin où nous vivons sans salles de cinémas, des aires de jeux, des parcs d’attraction, je ne pouvais offrir grand honneur à ma plume sur nos cieux locaux. Il n’y avait qu’une bonne flânerie dans une de ces places publiques royalement au noir, avec un entretien désolant.

Comme ses milliers de jeunes de Parakois[1], je me suis embarqué dans un petit groupe d’amis pour la très populaire Place Bio Guerra de la ville. Mais ce week-end, le décor est d’un autre jour. Du silence de cimetière qui nous plongeait parfois dans de longs rêves, je fus accueilli déjà à plus de 2 kilomètres par ses sonorités de vieille date qui faisaient la fierté de la musique africaine. De l’obscurité qui nous envahissait sur toute la place, je fus illuminé depuis plus de 500 mètres par un éclairage digne de l’opéra de Paris.

Dans ma folle naïveté, j’eus crû de loin à un changement de décor à la Place Bio Guerra. Mais bon, cela fait bien longtemps (quatre mois au moins) que je m’y suis rendu. Hélas, le Roi Bio Guerra[2] recevait juste des invités de nouveaux genres pour ce week-end. A cette place située à moins de 200 mètres de l’Université de Parakou, une belle horde d’amateurs de première classe de la bière.

La bière...
La bière…

En effet, la population locale fut conviée pour trois jours et trois nuits à cette très populaire fête de la bière. Et durant tout ce laps de temps, des milliers de jeunes n’ont eu pour distraction que s’abreuver au goût de l’alcool. De la bière pour se faire une nouveau mental!?

Fort heureusement je me suis retrouvé avec des amis qui signifiaient une haine exponentielle pour l’alcool et la bière. Et moi de même car je peux bien prétendre être celui qui a prêché « cette bonne nouvelle ». Il n’en fallait donc pas plus pour entendre mes amis présenter cette manif comme un crime contre la jeunesse. Un crime qui aura été bien répété du début jusqu’à la fin des hostilités. Dans un premier temps, bien que les services de secours de la ville ont reconnu avoir été moins sollicités cette année que les autres, cette fête a tout d’un appel à la paresse, à l’alcoolisme et à la délinquance. Souffrez, c’est mon opinion ! Avec mon œil d’observateur, j’ai pu réaliser que les agents recrutés pour la fête dans la horde de chômeurs et d’étudiants à la requête du pain de vie, étalaient malgré eux, leur incapacité à contrôler le nombre de bouteilles de bières consommés par les clients (bien que cela leur ait été recommandé pour éviter qu’ils s’en saoulent et fassent des dégâts), la présence de certains mineurs sur le périmètre de la fête. Ma colère aurait pu s’estomper car je réalisai que pour la fête de la bière de cette année, on a pu éviter les heures de travail, sans doute par souci de marketing et de chiffres d’affaires que d’éthique. Hélas, la fête avait bien lieu juste en face du centre hospitalier départemental, à quelques 200 mètres de l’Université, et seulement 50 mètres d’un collège d’enseignement général. Sans doute pas une belle idée… La bière, les malades et les études n’ont jamais fait bon ménage. Que dire de ces jeunes qui ont laissé toute activité rémunératrice pour se consacrer entièrement à la bière au cours de la période.

J’en étais là à me plaindre sans savoir que d’autres gentlemen venus mesurer leur ténacité alcoolique se plaindre eux aussi du vol de leurs motos, de la perte de leurs téléphones portables ou tablettes. Rien que çà ! Mais non chers amis, je n’ai pas manqué de mémoriser dans ma petite cervelle ces scènes hautement impudiques. J’ai ouïe dire que les cas d’accidents de circulation étroitement liés au dosage alcoolique ambiant des jeunes n’ont pas manqués se produire dans la ville.…

Des participants de la fête de bière au Bénin
Des participants de la fête de bière au Bénin

Dieu aidant, Y en avait qui s’en sont désolés autant que moi. Et eux n’ont pas manqué de le dire très haut. En effet, quelques faiseurs d’opinions (grogneurs) ont profité des antennes des radios locales pour interpeller la société organisatrice de cet événement sur les dispositions qu’elle prend pour réduire au minimum le risque d’abus d’alcool. D’autres ont même évoqué la durée trop longue de la manif et la forte présence des ados. Il y en avait de plus radicaux qui protestent contre la fête de la bière et militeraient pour sa cessation. Pour eux, les autorités politico-administratives du Bénin doivent se rendre à l’évidence que c’est la jeunesse (l’avenir d’une Nation) qui est désorientée et malmenée au cours de ces fêtes de la bière. Et l’avenir se lit davantage en pointillés… « C’est un suicide collectif qu’il faudra arrêter tôt ou tard » rétorque Djibril Chabi, un ancien accroc de la fête de la bière qui réclame aujourd’hui s’être repenti. Toutefois, les politiques auraient tout un intérêt que la fête perdure, estiment ironiquement d’autres amis avec qui j’ai pu en discuter. Pour eux, la jeunesse béninoise oubliée par les politiques de tout bord  ne trouve comme solution pour s’évader de ses soucis que de s’adonner à ces activités de réjouissance. Ce qui en appellerait tout simplement à la responsabilité de l’Etat face à sa jeunesse….



[1] Nom donné aux habitants de la ville de Parakou

[2] Ancien Roi de la dynastie Baatonnu (bariba) du Nord du Bénin dans les années


Climat : La pagaille japonaise ! (Ces pays qui paient pour réchauffer la planète)

co2En pleine conférence des parties (CoP19) sur les négociations – climat à Varsovie (Pologne) et sous les douleurs du typhon Haiyan ayant balayé l’archipel des Philippines, le Japon vient de porter un coup dur à l’humanité.

Réchauffement de la planète! Catastrophe écologique ! Tempête ! Cyclone ! Fonte des glaciers ! Tout ce triste spectacle environnemental qui se renouvelle à notre siècle n’a qu’une seule origine. Nul n’ignore que la forte émission des gaz à effet de serre (GES) est la source principale de tous ces cataclysmes qui déciment des milliers de vies humaines chaque année. Mais voilà qu’en plein bourbier du typhon Haiyan aux Philippines et de la mortifère tempête du Puntland en Somalie, le Japon sème la grande désolation par une annonce tonitruante sur ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Cinquième plus gros producteur de dioxyde de carbone au monde, le pays du soleil levant avait fait au début des années 90 une merveilleuse promesse à la communauté internationale de réduire de 25% ses émissions de GES sur la période 1990-2020. Mais contre toute attente, le gouvernement japonais vient de plonger dans l’amertume toutes ces millions de personnes de part le monde victimes es catastrophes naturelles. Le pays de Shinzo Abe déclare qu’il reverrait en baisse de 3,8% son objectif du départ. Du coup, l’empire nippon augmente son émission de gaz à effet de serre de plus de 3% par rapport à l’année 1990. Au regard de ce changement brutal de politique environnementale, on est en mesure de se poser des questions légitimes. Le Japon a-t-il déjà oublié le catastrophe nucléaire de Fukushima ? Où est passé le protocole d’accord de Kyoto ? Que fait le pays des changements climatiques ? Quelle est sa vision du développement durable ? Tentez d’apporter des réponses lucides à ces interrogations, amène tout individu lambda à réaliser que le Japon ne fait que s’aligner sur une liste bien connue des criminels du climat. Ces pays qui font voler en éclat les accords sur les climats et qui s’en moquent presque se comptent à tous les coins du globe. Des États-Unis à la Chine en passant par l’Inde, la Russie, le Brésil, le Canada, l’Australie et même l’Afrique, il existe une belle cohorte de pays assassins à travers leur non respect du contexte climatique actuel de la planète. Chose plus paradoxale, ils revendiquent une certaine capacité à payer pour user du droit de réchauffer davantage le globe.

Haiyan, le gigantesque ayant rayé une bonne partie des Philippines de la carte du monde...
Haiyan, le gigantesque ayant rayé une bonne partie des Philippines de la carte du monde…

Leur mobilisation pour la tragédie des Philippines, bien qu’elle soit encore faible, illustre si bien cette mesquinerie de laisser mourir des vies humaines contre une insultante aide internationale. A titre d’exemple, le Japon puisque c’est lui qui lancé la boulimie, prévoit débloquer une enveloppe de 10 milliards de dollars, 1000 soldats, 25 médecins, 3 hélicoptères, des navires et des avions de transport en soutien aux sinistrés du typhon Haiyan. Dans un autre registre, les États-Unis refusent de s’engager dans la mise en œuvre des accords mondiaux sur le respect des normes environnementales. D’autres pays émergents tels que le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, voire le Canada et même quelques uns d’Europe y verraient un frein à leur développement. Et c’est ce qui justifierait même le revirement spectaculaire du gouvernement japonais. L’autre preuve de la démarche machiavélique de ces puissances est le « permis de polluer ».  En effet, cette disposition soutenue et défendue corps et âmes par les pays riches leur permettrait, en cas de mise en œuvre, d’acheter aux pays pauvres (en développement), le droit de produire plus de gaz à effet de serre. Un scandale, est-on bien en droit de crier. Et mon intime conviction me fait demander si les grandes croisades annuelles sur les climats, la désertification, la gestion des risques environnementales ne sont juste pas une succession de simulacres bien orchestrés pour se moquer des pays pauvres et des ONGs. Sauf aussi que ces derniers prennent du plaisir à participer à ces rencontres. Elles permettent tout au moins de s’offrir une semaine de villégiature. Ces pratiques malsaines sur la gestion climatique relancent tout un ensemble d’interrogations auxquelles il convient de trouver des réponses tangibles et humanistes.

Adaptation et résilience des populations aux changements climatiques oui, soutien aux sinistrés d’accord, mais plus de responsabilité sociétale des États et des grandes entreprises serait la mieux indiquée. Rien ne sert de dénaturer le fonds vert pour le climat…


Chine : Timide marche vers la démocratie ?

Xi Jinping poura-t-elle conduire la Chine vers la Démocratie?
Xi Jinping poura-t-elle conduire la Chine vers la Démocratie?

Comme l’on si attendait, le plenum du comité central du Parti Communiste Chinois s’est penché sur les questions brulantes de l’empire du milieu. Des nombreuses réformes annoncées, il en ressort que la Chine entame une marche « timide » sur le chemin de la démocratie et du respect des droits de l’Homme.

Les réformes, ce n’est pas ce qui manque de la dernière réunion du comité central du parti unique de Chine. Elles sont économiques, sociales et politiques. Bien qu’au départ, on annonçait un plenum fortement axé sur les questions économiques, les dirigeants chinois ont aussi porté leurs réflexions sur les enjeux politiques du pays. Sur le plan économique, on sait désormais que la Chine priorise l’économie de marché (ce qui ne signifie tout de même pas une libéralisation systématique de l’économie nationale encore moins des grands segments industriels), s’attaque à la question du vieillissement de la population, a jeté de nouvelles bases pour le financement de la retraite. Mais d’autres réformes plutôt politiques semblent avoir produit un effet de soulagement, non pas de satisfaction dans le rang des défenseurs des libertés individuelles. En effet, le président Xi Jinping a réussi une première dans l’histoire démocratique de la Chine. En annonçant la fermeture prochaine des Laojiao (centre de rééducation par le travail), l’empire du milieu, vient de marquer la rupture avec une vieille tradition née depuis les années 1957.

quelques préposés à la rééducation en 2006...
quelques préposés à la rééducation en 2006…

Spécialité administrative chinoise d’une époque révolue, la rééducation par le travail est une pratique dédiée aux petits voleurs, prostitués, autres délinquants sans jugement et pouvant aller à quatre ans. Aussi est-elle une arme de répression contre les contrevenants à la fameuse politique de l’enfant unique. Et cette politique de l’enfant unique, les autorités chinoises décident d’y apporter de profondes réformes. Ainsi, les couples chinois dont au moins un membre est enfant unique, sont autorisés à avoir deux enfants. Un coup de grâce à la précédente réforme qui n’autorise que les couples d’enfants uniques à avoir deux enfants. Néanmoins, ces deux réformes sont-elles suffisantes pour croire à la naissance d’une Chine démocratique ? Va-t-on vers une « société chinoise harmonieuse » comme l’avait annoncée Xi Jinping dès son arrivée au pouvoir ? Difficile de l’affirmer ! En effet, l’abolition des laojiao ne serait pas la fin des exactions. A en croire les défenseurs des droits de l’Homme, la fin des goulags (camp de réforme par le travail) n’est pas une option immédiate pour les pouvoirs chinois. Et bien que Xi Jinping a eu le mérite de faire aboutir des projets amorcés depuis 2007 et sans cesse avortés, de remettre la chine en phase avec sa propre constitution et la convention internationale des droits civiques qu’elle a signée en 1998, la méfiance règne en maître dans le cercle des ONG de droits de l’homme. Aujourd’hui, la Chine est le seul pays au monde où un Nobel de la paix, Lui Xiaobo, est en prison, les censures d’informations et de l’internet, le cyber contrôle et les interpellations « arbitraires » se vivent presque au quotidien par les populations. Et selon certaines indiscrétions relayées dans la presse internationale, il serait prévu en remplacement des centres de rééducation, la création des centres de correction et de réinsertion plus « respectueuse » des droits à la défense et des libertés individuelles dans lesquels les condamnés n’auraient qu’un séjour de plus un an. Légitime, affirment certains car ces quelques 360 usines-prisons de près de 160.000 pensionnaires, auraient fortement contribué au miracle économique du pays. De plus, aucune réforme n’est annoncée dans le cadre de la participation citoyenne aux affaires publiques. Une chine multi-partite, avec un système électoral ne serait pas à l’ordre du jour.  Et de mon intime conviction, la méfiance des défenseurs des droits de l’homme, teintée d’une saine colère suite à l’élection du pays au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, a toute sa raison d’être.

Une Chine démocratique sous Xi Jinping ? Wait and See…


Mondial 2014 : La France peut-elle encore espérer ?

Le premier but Ukrainien...
Le premier but Ukrainien…

Jamais et au grand jamais le Brésil n’a été si loin pour l’équipe de France de Football. Après une campagne éliminatoire en demi-teinte dans les phases de poule, les Bleus n’ont pas fait mieux qu’une prestation décevante en manche aller des barrages.

Face à l’Ukraine dans un stade de Kiev plein à craquer , les poulains de Didier Deschamps ont essuyé une cuisante défaite de deux buts à zéro. Sur des réalisations de Roman Zozulya (61’) et de Andriy Yarmolenko (83’, pen), l’Ukraine a pris une option sérieuse pour la qualification au Mondial 2014. Bien que le sélectionneur français ait fait preuve d’une grande sérénité dans ses déclarations d’après match, il faille craindre pour la France. En attendant le match retour de mardi prochain au Stade de France, une qualification des bleus serait bien laborieuse. En effet, l’Ukraine, en position avantageuse pour la manche retour est la meilleure défense des éliminatoires pour le mondial 2014. Cette équipe peu connue des grands milieux de football, n’aura encaissé que quatre petits dans les éliminatoires. Mieux encore, elle n’a concédé le moindre but de Mars 2013. Et pour se retrouver au Brésil, la France doit marquer presque autant de buts concédés par l’Ukraine en treize matches en une seule partie de jeu. En effet, les coéquipiers de Hugo Iloris doivent tromper trois fois la défense ukrainienne sans en encaisser le moindre but. Et pour qui connait le football, c’est bien compliqué mais pas impossible. Mais quand l’adversaire s’appelle « Ukraine » avec un jeu défensif assez rugueux, cela devient une équation à multiples inconnus pour une équipe fantomatique au match-aller.  En football, tout reste tout de même jouable. Et des exemples de reversement de situation sont légion sur la planète du sport roi. Mais la France a-t-elle la moindre chance de vivre l’aventure brésilienne ? Mon intime conviction me fait craindre le pire pour une équipe de France assez fébrile depuis quelques années. Souvenez-vous de la douloureuse et très controversée qualification au Mondial 2010 en Afrique du Sud et vous comprendrez que la sélection française a perdu de ses lettres de noblesses dans le gotha du football mondial. La France, ce n’est plus cette équipe de football qui pourrait faire trembler ses adversaires même de seconde zone. Et ce ne serait même pas osé de dire que cette France n’est plus une foudre de guerre. La raclée ukrainienne en dit long. Quand la mémoire devient vive, et qu’on se souvient que cette France de Franck Ribéry, Karim Benzema, Olivier Giroud, Sami Nasri, Loïc Rémy et tous les autres a de montreuses difficultés devant les buts adverses, le doute sur une possible qualification s’amplifie. L’embarquement pour Rio, Porto-Alegre, Copacabana, Recife et toutes les autres grandes villes qui accueilleront le Mondial 2014 se ferait sur le fil pour une équipe de France avec une défense centrale diminuée par l’absence de Raphael Varane et de la suspension de Laurent Koscielny. Reste peut-être un miracle à la main de Dieu de Thierry Henry comme ce fut le cas pour la qualif au Mondial 2010 face à la République d’Irlande. Mais çà aussi, il faille le répéter au moins trois fois dans une même rencontre.

La France au Brésil 2014 ? Réponse au match retour….


Parakou: De l’eau trouble au robinet !

La station de pompage et de traitement de l'eau sur le Fleuve Okpara qui désert la ville de Parakou et environs en eau courante...
La station de pompage et de traitement de l’eau sur le Fleuve Okpara qui désert la ville de Parakou et environs en eau courante…

S’il y a une consigne donnée aux touristes occidentaux qui voyagent sur l’Afrique qui m’a longtemps intriguée, c’est sûrement l’interdiction qui leur est faite de consommer de notre eau courante. Du coup, ils sont des milliers ces touristes qui viennent au Bénin sans jamais connaître la saveur de notre eau de robinet.

Et depuis peu, je commence par leur donner raison. Un court séjour à Parakou, dans le nord du Bénin, et vous risquerez de manifester un désamour profond avec l’eau courante qui est servie aux populations locales. Et le divorce entre les populations locales et la société distributrice de l’eau courante ne cesse de s’accentuer. Depuis 2008, il n’est pas rare que l’eau de robinet passe à une couleur rougeâtre. Et cette mésaventure devenue familière, la population locale la revit encore depuis le début de cette semaine. Après plus de trois jours de coupure d’eau pour des raisons techniques, la redistribution s’est faite sous fond de méfiance pour les populations. En effet, c’est une eau rougeâtre au goût piquant avec une odeur forte qui coule au robinet par endroit dans la ville. La qualité trouble de l’eau remet en cause sa potabilité. Est-elle aussi consommable ? S’inquiètent les populations. Mais à comme l’accoutumée, le directeur régional de la société distributrice de l’eau interrogée sur une radio locale de la ville rassure que cette eau bien que trouble ne représente aucun danger pour les populations. Dans ces conditions, pourquoi condamner les touristes qui passent tout leur séjour à ne consommer que l’eau minérale embouteillée ? Une récente enquête menée en 2010 par Gaston Yamaro, journaliste dans une radio locale a montré que la consommation de l’eau de robinet serait à l’origine de la fièvre typhoïde pour 25% de la population locale. En effet, l’eau courante servie aux populations locales contiendrait une forte concentration de manganèse qui, au contact des conduits d’eau (en fer) et du chlore (utilisé pour le traitement de l’eau) donne naissance à ces particules chimiques qui se déposent au fond de l’eau issue des robinets. Une situation inquiétante autant pour les populations locales, les agents de santé mais curieusement pas pour les responsables de la société distributrice de l’eau qui ne manquent pas de déclarer à chaque survenance de la situation sur les antennes des radios locales que cette composante chimique (chlorure de fer) qui se dépose dans l’eau est utile pour l’organisme humain. Assez drôle quand on sait que l’organisme humain a besoin d’un dosage conventionné pour tous les produits chimiques dont il a besoin.  Et depuis, ils sont des dizaines de personnes dans la ville qui ont fini par ne plus savoir l’emplacement de leur robinet d’eau courante dans leurs maisons. Pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir quotidiennement de l’eau minérale embouteillée, la solution fut toute simple. Aussi paradoxale qu’elle puisse paraître, ces derniers préfèrent utiliser l’eau de puits. Du coup, la méfiance à l’égard de l’eau de robinet ne cesse de s’accroître. Les rôles ont même changé dans certaines concessions. L’eau de puits sert à la boisson, et celle courante à la cuisine (on espère qu’au contact de la chaleur, elle deviendrait potable), à la vaisselle et à lessive. En attendant une réponse suffisante des autorités, les touristes savent désormais qu’ils ne sont plus les seuls à être en froid avec l’eau courante au Bénin. Et ce qui fait le grand bonheur des industries productrices des eaux minérales embouteillées.


Afghanistan : des opiacés en or…

Un champ de pavot en Afghanistan
Un champ de pavot en Afghanistan

Enfant, mon père me préparait à être un Homme. De ces conseils, j’en retiens que je devrais savoir m’adapter à toutes les situations. Je devrais développer en moi une forte capacité d’adaptation digne d’un bon acteur de Hollywood. Et si je n’avais pas fait mienne cette éducation paternelle, j’aurais connu maintes difficultés à écrire ce  billet à la sauce afghane.

Je ne pouvais parler de l’Afghanistan sans me mettre dans une belle carapace de soldat. Je ne pourrais faire voyager ma plume à Kaboul sans ma tenue militaire. Mais heureusement, mon billet afghan ne surfera pas sur les virulentes zones de combat du pays de Hamid Kazaï[1]. En effet, il ne parle point de ces combats entre forces alliées de l’Organisation Atlantique nord (Otan) et insurgés talibans, ni de ces nombreux attentats à la voiture piégée et de ces kamikazes qui s’explosent à longueur de journée dans les grandes villes de ce pays en ruine. Pour qui connaît l’Afghanistan, il y a autant, sinon plus sérieux que la guerre.

L’Afghanistan n’est pas que le pays de ces montagnes où se dissimulent les chefs de guerre talibans, les terroristes d’Al-Qaïda.  L’Afghanistan, c’est aussi ces milliers d’hectares de champs où se cultive l’opium[2]. Pour ceux qui en doutent, ce n’est seulement pas en Amérique du Sud, ou dans quelques villages reculés de l’Afrique que la production des stupéfiants (cocaïne, marihuana, etc.) est en vogue. En Afghanistan, l’opium est la culture du peuple. Ironiquement, c’est la première culture vivrière du pays.

Triste réalité !

Cette année, la surface dédiée à la culture d’opium atteint un record dans le pays. Dans un rapport publié ce mercredi par le Bureau des Nations-unies contre la Drogue et le Crime (UNODC), la superficie totale de champs d’opium est passée de 154 000 hectares en 2012 à environ 209 000 hectares en 2013. Cette hausse de plus de 36 % en moins de douze mois fait de l’Afghanistan le grenier par excellence de production de l’opium. En effet, la production locale, en hausse de 49 % par rapport à 2012, estimée pour cette année à plus de 5 500 tonnes représenterait aux dires des enquêteurs, environ 90 % de la production mondiale. Et l’Afghanistan n’est pas disposé pour le moment à se défaire de cette tristement honorable place de numéro 1 mondial en production de l’opium. Aussi, l’opium contribue-t-il à plus de 50 % de l’économie locale. Et la production locale aurait pu être plus grande si les conditions météorologiques n’étaient pas défavorables dans le sud et à l’ouest du pays. Face à cette situation, la communauté internationale semble impuissante pour endiguer le phénomène.

De l’opium comme arme de guerre ?

Bien que cette folle production de l’opium constitue une forte menace pour la santé publique du pays et même du monde entier (hausse de la consommation mondiale), la lutte contre la production est fortement handicapée par la situation sécuritaire et économique du pays. En effet, la production de l’opium sert simultanément d’armes de guerre pour les différentes parties belligérantes. Pour les talibans, c’est un riche moyen de financement de la redoutable guerre qui perdure depuis des années. Avec les taxes perçues auprès des producteurs, cela leur permet de rester économiquement forts pour continuer les combats. Du côté des forces alliées de l’Otan et du gouvernement de Kaboul, la faiblesse de la lutte, teintée de la corruption mondiale sur le marché des stupéfiants, serait justifiée par le fait qu’une destruction massive des champs d’opium bien qu’elle serait un choc économique pour les rebelles, pourraient favoriser une augmentation de leurs effectifs. En effet, le rapport souligne clairement que les populations deviendraient pauvres et elles n’hésiteraient pas à rejoindre les rebelles pour une insurrection. Et avec le départ annoncé des forces de l’Otan pour 2014, il ne faut pas prendre le risque d’enliser la situation sécuritaire. D’ailleurs, le gouvernement s’est ravisé sur sa politique de destruction des champs et de reconversion des producteurs dans les cultures vivrières.

En Afghanistan, la culture de l’opium a donc de beaux jours devant elle. L’hégémonie acquise par le pays en 1980 dans le secteur ne s’estompera pas de sitôt. Cédé à plus de 169 dollars aux négociants, ce marché de l’opium n’a rien à envier au marché d’or, de diamant, et du pétrole des autres pays du monde. Et pour la “campagne 2014’’, on s’attend à une production encore plus forte, car les acteurs du secteur se décideraient à « préserver leurs avoirs face à la perspective d’un futur incertain qui pourrait résulter du retrait des troupes internationales fin 2014 » souligne le rapport.



[1] Homme d’État afghan, élu président de l’Afghanistan en 2004, lors de la première élection présidentielle directe de l’histoire du pays, il a été placé à la tête du pays après la chute des talibans, en décembre 2001. Hamid Karzaï a incarné la transition démocratique en présidant à la mise en place d’institutions et d’élections libres.

[2] L’opium est issu de la culture du pavot.


Maroc : la sagesse d’un monarque !

Mohamed VI, roi du Maroc
Mohamed VI, roi du Maroc

Enfin il est là ! Le vaste programme marocain des régularisations des “sans-papiers’’ entre au 1er janvier 2014 dans sa phase active. Dans quelques semaines, un peu moins de trente mille migrants en situation clandestine dans le royaume chérifien se verront attribuer des titres de séjour officiel. En rendant publiques, lundi dernier, les modalités de cette grande campagne de régularisation des sans-papiers, les autorités de Rabat tentent de prouver au monde entier leur bonne foi.

Cette bonne nouvelle, le roi Mohamed VI l’avait annoncée en septembre dernier à la face du monde après la publication du rapport du Conseil national des droits de l’homme au Maroc (CNDH). Loin d’être un acte de générosité, cette volonté manifeste du Mohamed VI est d’une grande sagesse historiquement reconnue aux monarques marocains. Dans certains grands milieux en Afrique subsaharienne, le règne du roi Mohamed VI est fortement célébré, car ce dernier aurait malgré tout réussi à faire du Maroc «  une terre d’accueil ». Mais non pas seulement pour des immigrés de l’Afrique subsaharienne. En effet, le royaume chérifien compterait autant d’immigrés clandestins européens.

Aux dires de certaines associations de lutte contre le racisme, il existerait au Maroc plus de 15 000 immigrés en situation illégale originaires de France, d’Espagne et des pays européens en crise. Le rapport du CNDH est soumis à l’appréciation du monarque, et celui-ci semble être bien informé de la situation. Selon des propos rapportés par le site d’informations en ligne (www.afrik.com), Mohamed VI aurait déclaré expressément « réitéré la nécessité de procéder à la régularisation de la situation de ces personnes en matière de résidence et d’activités qu’elles exercent, au même titre que les immigrés réguliers des autres nationalités, dont les immigrés subsahariens »[1]. A la lecture de ces déclarations, on pourrait s’empresser de croire à une démarche plutôt bénéfique à ces milliers d’immigrés illégaux venus d’Europe. Néanmoins, la sagesse de la décision du monarque réside dans le fait qu’elle pourrait atténuer un tant soit peu cet ostracisme à l’égard de la communauté noire du pays. Pour rappel, quelques clandestins africains ont été victimes l’été dernier d’actes dignes d’une grande barbarie.[2]

Une cohorte de clandestins...
Une cohorte de clandestins…

Aussi pourrait-on s’attendre à une politique migratoire plus dure du royaume à la fin de cette opération qui durera jusqu’en décembre 2014. Même si le roi Mohamed VI est la figure de proue de cette campagne exceptionnelle, il n’aurait pas manqué de rappeler que « le pays ne saurait accueillir tous les migrants qui souhaitent s’y installer». Le ton est donc donné. Le royaume chérifien ne voudrait pas être vu comme le nouvel Eldorado pour les candidats subsahariens à l’immigration.


Chine : Fin de la croissance économique ?

Doit on craindre pour l'économie chinoise?
Doit on craindre pour l’économie chinoise?

La Chine vit-elle ses dernières heures de gloire économique ? A quoi doit-on s’attendre sur le futur économique de l’Empire du Milieu ? La grande muraille économique en vogue depuis les années 1980 s’effondra-t-elle ?

Excédent commercial en baisse ! Exportations commerciales en souffrance ! Consommation locale au ralenti ! Production industrielle en pleine contraction ! Investissement étranger oscillatoire ! Croissance à deux chiffres révolus ! 270 à 300% de part de dette dans le Produit Intérieur Brut (PIB) ! La Chine économique de 2013 doit-elle inquiéter ? Les dernières réformes économiques annoncées par le Bureau Politique du Parti Communiste laissent présager d’une Chine malade de son succès. Et déjà, ils sont nombreux ces économistes qui prédisent un ralentissement plus accru de la croissance économique au pays de Mao dans les toutes prochaines années. Mais est-ce la fin d’une économie chinoise qui aura tenu toute l’humanité en haleine? Guillaume Gaulier, économiste dans un rapport d’expertise économique sur la Chine estime que la fragilité du modèle de croissance chinois est la résultante d’une dynamique de développement économique fortement basée sur les exportations. Et avec l’effondrement sans cesse alarmant de la demande mondiale depuis 2008, les succès fulgurants du pays sur les marchés internationaux ne peuvent malheureusement plus tenir lieu de stratégie de développement à long terme. Du côté chinois, on semble être très conscient de la situation. En attendant que les nouvelles réformes économiques du bureau politique du parti unique ne soient révélées au monde, il y a de fortes chances que de la Chine recentre sa croissance sur sa demande intérieure. La nouvelle économie chinoise pourrait ne plus dépendre des exportations. Politiciens, économistes, populations s’accordent au minimum à la stabilisation des exportations pour éviter le pire.

Un drame ?

Non ! Estiment la plupart des chinois. Des informations recueillies sur le net montrent tout de même que certains craignent des programmes d’ajustement ou de changement structurel. Mais au-delà, le pays affiche un taux d’épargne assez élevé, une lutte acharnée et presque parfaite du gouvernement contre le chômage et l’inflation.

Qu’en est-il des finances locales ?

En Chine, le marché boursier est en rouge ! Shanghai pleure ! Shenzhen rampe ! C’est le triste visage du marché financier du pays depuis des mois. Là-bas, la chute des bourses locales a atteint un plancher record, selon les analystes. Seule bonne nouvelle, cette mauvaise mine des places boursières ne serait pas étroitement liée au ralentissement annoncé des exportations chinoises. En effet, la Chine des finances fait face au remboursement des emprunts contractés par les municipalités pour leurs grands projets de construction d’infrastructures.

La marche en dents de scie de l’économie chinoise depuis le début de l’année doit-elle fait peur aux Africains ? L’Afrique sera-t-elle la victime collatérale de grande ampleur des mauvaises prédictions annoncées sur l’économie chinoise ?

A votre avis chers lecteurs….


Béninois et Fier de l’être !

Tout n’est pas désillusion au Bénin. L’amertume ne saurait être le triste quotidien des béninois. Et l’ignorance ne doit s’ériger en mode de vie collective dans mon Bénin natal. Réputé par le passé être une terre d’excellence, le Bénin est secoué depuis quelque peu par des brouhahas politico-juridico-administratifs qui n’en font que ternir de l’image. Mais l’espoir est permis. Et cette lueur d’espoir a jailli par trois fois cette semaine sur la terre du très vénérable roi Béhanzin. Trois grands faits historiques qui ont redoré sans doute pas pour l’espace d’une semaine au Bénin son légendaire blason du quartier Latin de l’Afrique d’antan.

 

La façade principale de l'Université d'Abomey-Calavi
La façade principale de l’Université d’Abomey-Calavi

L’Université d’Abomey-Calavi (UAC), anciennement connue sous l’appellation de l’Université Nationale du Bénin (UNB) jusqu’en 2001 fait après un peu de moins 40 années d’existence son entrée dans le Top 100 des universités d’Afrique. Inconnu l’an passé, l’Uac se positionne à la 84ème place de ce classement des meilleures universités d’Afrique éditée par la « Cybermetrics Lab ». Et ceci n’est point un fruit du hasard. En effet, l’équipe rectorale du Prof Brice Sinsin a depuis son installation en Décembre 2011, mis en œuvre une série d’actions qui justifient ce grand bond de l’Uac dans le Top 100 des “prestigieuses’’ universités du continent. Aussi, l’Uac devient-elle la deuxième université francophone de l’Afrique de l’Ouest juste derrière “l’indéboulonnable’’ université Cheick Anta Diop (Ucad) du Sénégal. Bien que ce classement fasse objet de vives polémiques dans le monde de l’enseignement supérieur, il faut dire que l’actuelle équipe rectorale de l’Uac n’est pas à sa première prouesse internationale. Pour sa qualité de gestion en matière de rayonnement, d’ouverture et d’excellence académique, de leadership, d’innovation technologique sur le campus, l’Uac a été distinguée le 27 octobre dernier à Paris par la World Quality Commitment Award en recevant le prix « Convention » dans la catégorie platine. De belles performances qui font la fierté du pays et qui devraient sans doute inspirer les autres unités administratives de l’Etat notamment celles de l’éducation et en particulier de l’Université de Parakou (deuxième université publique du Bénin).

Le Prof esseur Wantchékon signa le 12 Octobre dernier son acte d'admission à l'académie...
Le Prof esseur Wantchékon signa le 12 Octobre dernier son acte d’admission à l’académie…

Toujours dans le monde scientifique, le Bénin a aussi fait parler de lui par la qualité intellectuelle intrinsèque d’un de ses fils. Léonard Wantchékon, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est désormais admis à l’Académie Américaine des Arts et des Sciences. Economiste, béninois de naissance, enseignant à l’Université Princeton aux Etats-Unis, Directeur Fondateur de l’Institut de Recherche en Economie Politique (IREP) et de l’African School of Economics (ASE) au Bénin, Léonard Wantchékon est ce qui se fait de mieux, aujourd’hui dans les sciences sociales notamment dans l’analyse des politiques économiques dans le monde. Et son admission dans l’académie américaine des sciences est une suite logique de la carrière et de la réputation de l’homme aussi bien dans les grandes universités américaines que dans la sphère politique du pays de l’oncle Sam. En effet, cet émérite enseignant est auteur de plusieurs articles en théorie de développement économique et politiques publiques indexés dans des grandes revues scientifiques telles que American Economic Review, Quarterly Journal of Economics, American Political Science Review, World Politics, Journal of Theoretical Politics, Comparative Political Studies, Constitutional Political Economy, etc… Ce grand homme des sciences vient par cette consécration honorer la terre de ces ancêtres, une terre avec laquelle il est resté fortement attaché.

Ici est érigé à Ouidah le premier musée d'art contemporain de l'Afrique...
Ici est érigé à Ouidah le premier musée d’art contemporain de l’Afrique…

Le Bénin séduisant de cette semaine, n’est pas que scientifique ou seulement dans l’enseignement supérieur. C’est aussi le Bénin de la Culture. Ouidah, ville historique du Bénin, reconnu pour son vaudou, la Traite des Noirs,  ses grandes bâtisses coloniales devient le temple de l’art contemporain africain. En effet, cette ville située sur le littoral béninois à quelques 40 km de Cotonou abrite depuis cette semaine le tout premier musée d’art contemporain de l’Afrique. Sous l’initiative de la Fondation Zinsou, ce musée qui servira de cadre d’exposition des œuvres d’art, permettra  de rapprocher les Africains et l’Afrique de l’art contemporain. Installée dans la villa d’Ajavon, ce musée, pour sa première grande exposition d’ouverture, a fait place aux œuvres de treize (13) grands artistes du continent. Un honneur de plus pour le Bénin ! dira-t-on. Mais ce musée unique en son genre sur le continent est la fierté de l’Afrique. Et Ouidah, la petite ville au Sud Ouest du Bénin en est mille fois honorée. Mais point de doute, ce nouveau temple mémorable de l’art contemporain africain serait une destination plus prisée des touristes étrangers que ceux d’Afrique et du Bénin.

L’Université d’Abomey-Calavi (Uac) dans le Top 100 des universités d’Afrique, le Professeur Léonard Wantchékon admis à l’Académie Américaine des Sciences, Ouidah (Bénin) accueille le premier musée d’art contemporain de l’Afrique, quoi de plus légitime de manifester sa fierté d’être béninois. Et une fierté plus grande lorsque Stéphane Sèssègnon, capitaine de l’équipe nationale de football du Bénin est buteur en championnat d’Angleterre face à Chelsea du charismatique José Mourinho et avec à la clé un match nul de deux buts partout à Standforbridge.


Gestion des déchets industriels et miniers : l’Afrique toujours à la traîne ?

Agbogbloshie (Ghana), premier site pollué au monde selon le rapport Blacksmith Institute (2013)...
Agbogbloshie (Ghana), premier site pollué au monde selon le rapport Blacksmith Institute (2013)…

Le Top 10 des sites les plus pollués est connu. Depuis le début de cette semaine, le rapport 2013 Blacksmith Institute et de Green Cross Suisse fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le rang des leaders environnementaux du monde. Et presque à la surprise générale de tous, c’est un rapport accablant sur la gestion des déchets industriels en Afrique.

En effet, trois pays africains figurent sur la dizaine de sites incriminés par les deux organisations non gouvernementales ayant mené l’enquête. Et sur le contient, c’est l’Afrique de l’Ouest qui détient la triste palme en matière d’existence de sites industriels à grande échelle. Pas besoin de débourser de grosses fortunes d’argent si vous vivez sur le corridor Abidjan-Lagos pour découvrir la grande tour de la pollution industrielle du monde. Selon le rapport des ONG, Agbogbloshie (Ghana) est le site le plus pollué au monde. Cette petite banlieue pauvre d’Accra d’environ 40 000 habitants, destination favorite des déchets électroniques et informatiques de presque toute la planète vient juste devant Tchernobyl (Ukraine) qui vit encore sous le poids polluant de la catastrophe nucléaire d’avril 1986. En effet, Agbogloshie est sans aucun doute la plus grande décharge du monde avec plus de 192 000 tonnes de déchets électroniques : ordinateurs, téléphones, mais aussi réfrigérateurs ou fours à micro-ondes hors d’usage. Aussi, emploie-t-elle dans une économie parallèle plus de la moitié de la population locale : en l’occurrence des jeunes et mineurs qui recherchent des métaux précieux affectionnés par l’artisanat local.

Delta Niger, victime silencieuse et quotidienne de la marée noire...
Le delta du Niger, victime silencieuse et quotidienne de la marée noire…

A quelques kilomètres à l’est du Ghana surgit le très redoutable delta du Niger  connu par les mouvements d’insurrection du Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger (MEDN), ce territoire nigérian plus grand que le Togo est l’une des grosses victimes des impacts environnementaux de l’exploitation pétrolière. Les quelque 170 millions de Nigérians qui vivent sur ces 70 000 km², assistent presque impuissants aux nombreuses fuites de pétrole des pipelines installés le long du troisième plus grand fleuve de l’Afrique. Du pétrole contre la mort ? pourrait-on bien s’interroger car l’essentiel de la production nigériane se fait dans la région.

Et pour se convaincre que l’Afrique a encore du chemin à parcourir dans la gestion des déchets industriels ou dans la dépollution et/ou la reconversion de ces espaces industriels, un petit détour à Kwabé en Zambie suffit pour découvrir le sixième site le plus pollué au monde selon le classement fourni par BlackSmith Institute. Et on dirait bien que Kwabé est un mauvais élève par excellence en matière de gestion d’impact environnemental. Déjà décrié dans le précédent rapport (2007), cet ancien centre métallurgique et ferroviaire (plomb, zinc, etc.) souffre du manque de sérieux dans les politiques de reconversion des bassins miniers sur le continent. Du coup, on y dénombre plusieurs enfants contaminés par les résidus des ces minerais.

Kwabe, l'autre eldorado de la pollution industrielle en Afrique...
Kwabe, l’autre Eldorado de la pollution industrielle en Afrique…

Quel impact de cette grande pollution sur les populations locales ?

Le rapport se fait très clair sur les critères de classement. Il tient compte en grande partie de l’impact sanitaire de ces sites sur les populations locales. Ainsi, le rapport sur les polluants indique que l’impact des polluants environnementaux sur la santé est aussi grave, voire plus grave que celui des maladies les plus dangereuses de la planète, et que ces polluants menacent des millions de vies humaines. L’Organisation mondiale de la santé estime quant à elle que 20 % de la mortalité dans les pays en développement sont directement liés aux polluants environnementaux. En outre, on considère que près d’un tiers des cancers déclarés dans le monde sont dus aux polluants environnementaux. Cette proportion, au demeurant très élevée, l’est encore plus dans les pays en développement, donc dans les zones limitrophes des sites déclarés très pollués sur le continent.

Quelle alternative pour les pays africains ?

Sur cette question, plusieurs spécialistes en environnement affirment que tout réside dans la volonté politique. A cet effet, ils ne cessent de rappeler aux différents gouvernements la nécessité d’intégration des enjeux environnementaux dans les politiques publiques de développement. Et pour le docteur Stephan Robinson, directeur du Programme désarmement et eau, de Green Cross Suisse, la lutte contre la pollution de l’environnement devra être une priorité notamment dans les pays en développement comme ceux de l’Afrique. En effet, la dépollution pourrait apporter des améliorations sensibles au niveau de la santé des populations, voire sauver des vies, notamment celle des enfants. Aussi, estime-t-il au regard des avancées obtenues après le rapport de 2007 que « l’élimination des polluants environnementaux est difficile, mais pas impossible »[1]. Et pour Nathalie Gysi[2], directrice de Green Cross Suisse, « Ces perspectives encourageantes doivent inciter les gouvernements à soutenir le financement de telles mesures». A cet effet, la seule alternative pour l’Afrique, ses gouvernants et sa population est une prise en compte réelle des préoccupations environnementales qui touchent au bien-être des populations du continent.



[1] &2   Cités tous deux dans le communiqué de presse de BlackSmith Institute.


Bénin : Du minerai à la Présidence…

Présentation des bassins pétroliers et miniers au Chef de l'Etat au Palais de la Présidence...
Présentation des bassins pétroliers et miniers au Chef de l’Etat au Palais de la Présidence…

Je n’ai point été si hésitant. Hésitant à trouver le titrage de mes billets. Mais celui-ci m’a fait cogiter. Il m’a fait même perdre mon humeur des matins. Ce billet aurait porté mille et un titres mais son contenu n’aurait pas changé. Ce que je veux dire n’est point une dénonciation, ce n’est point l’expression d’une quelconque adversité avec quiconque. Mais c’est juste encore l’expression de mon profond attachement aux valeurs de la prudence et de la méfiance dans un monde de duperie. Un monde fourberie orchestré au plus haut sommet de nos Etats. Et qui donne toute la valeur à l’expression « le ridicule ne tue pas. »

Voyons, cela fait des années et bien des siècles que la ruse du Béninois (que mes compatriotes m’en excusent) est connue sur tous les cieux. Mais cette ruse devient la recette quotidienne du sommet de l’Etat, on est bien en droit de se demander si chez nous, au Bénin, le ridicule ne tue pas ?

Pour mon billet, j’ai réveillé tous mes sens. Je me suis mis dans la peau du béninois lambda qui depuis quelques semaines et comme cela est devenu le cas pour la plupart depuis le 06 avril 2006 (date d’arrivée au pouvoir de Boni Yayi pour son premier mandat), semble impénétrable. Saint Thomas, les béninois le sont devenus ! Pas facile de rencontrer une suite de béninois qui croient sans équivoque à la bonne foi des autorités du pays. Et cette atmosphère de méfiance précédemment mêlée des affaires fantoches de tentative d’empoissonnement du Chef de l’Etat, de tentative de Coup d’Etat, de révision de la Constitution, s’est amplifiée par les derniers shows médiatiques de la présidence de la République.

Qui ne reconnait pas le génie du béninois ? Jadis Quartier Latin de l’Afrique, le Bénin a toute l’alchimie qui échappe au monde entier pour résoudre par un coup de baguette magique les nombreux problèmes qui secouent l’humanité. Dans mon Bénin, il n’y a point un champ expérimental plus productif, mieux équipé et très productif que le palais de la Présidence. Au palais de Yayi, on s’est tout fait. Avant on y cultivait du Coton. Et ici, tous, on se souvient des flèches de l’opposition politique et quelques organisations de la société civile qui, pour s’offusquer contre la comédie présidentielle “rossignolaient’’ que le « Coton ne se cultive pas à l’Etat ». En attendant que le gouvernement nous sorte des données fiables qui puissent attester que le Coton béninois a renoué avec ses belles performances du début des années 90, ce qui semble se compliquer avec la guéguerre Gouvernement-Société de Développement du Coton (Sodeco) ouverte depuis quelques jours, le Palais de la Présidence du Bénin s’est déjà mué en un grand périmètre minier. Un champ riche en ressources minières. Dans le palais de Yayi,  c’est une course contre la montre pour les nombreuses sociétés d’exploration du sous-sol béninois. Elles se relaient les unes après les autres pour nous annoncer bouteilles en mains, gobelets pour d’autres le riche patrimoine minier du Bénin. Bien drôle ! Pourquoi au Palais et non pas le Chef de l’Etat sur les sites de découverte ? s’est exclamé un ami. Après le pétrole[1] de bassin côtier de Sèmè à Grand-Popo, annoncé à renfort médiatique et dans une confusion royale sur les potentialités exactes[2] de la société qui en fait la découverte, voici maintenant la saison des minerais. Du Pétrole à Avrankou (Sud Ouest), du Pétrole à Allada, (vers le Centre), du Fer à Loumbou-Loumbou et Madékali (Nord est du pays), de l’Or à Perma, Sina-Siré, Sarga (Nord Ouest et Est), du Phosphate au Mékrou (Nord Ouest), encore du Calcaire, du marbre, du gravier, de l’argile, de la terre de barre, du kaolin, du sable sur toute l’étendue du territoire national particulièrement au sud, des pierres ornementales au Centre et au Nord, des combustibles fossiles au sud, des diamants microscopiques à Mangou et Kiatiko (Nord Ouest), du rutile (Centre), le Nickel à Péhunco (Nord Ouest), du gypse à Pobè (Sud Est), et Bopa (Sud Ouest), de l’étain à Sinendé (Nord Est), tout y est pour faire du Bénin un pôle minier. Et à la Présidence de la République, on en jubile. On ne s’arrête pas de faire défiler les sociétés d’exploration au palais. Et le ministre des recherches minières en profite pour faire son petit numéro. Pour qui le connait, c’est un amateur de la danse, de la jubilation, donc pas sorcier que Barthélémy Kassa, c’est son nom, soit aux anges à chaque fois qu’il introduit au palais un explorateur minier. Des minerais au Bénin, qui n’en veut pas ? Pas sûr qu’un béninois puisse dire non. Mon intime conviction me fait savoir qu’il s’agit d’un peuple mur qui saura ne pas vivre l’amère expérience de certains pays du continent où les exploitations minières ont tourné au vinaigre. Mais en attendant ce fameux jour où les premiers coups de pioche, les premiers bruits de moteurs, les premiers vrais échantillons de ces métaux, les premiers cargaisons à l’exportation ou à la transformation de ces nombreux minerais seront une réalité, les béninois n’ont d’yeux que pour les minerais du palais de la présidence…



[1] Lire ma lettre ouverte au Président de la République via le lien https://www.24haubenin.info/spip.php?article2771

[2] Grosse polémique autour de la capacité réelle de SAPETRO à obtenir en si peu de temps des résultats probants d’exploration et d’exploitation future d’un gisement de pétrole…


France: UDI-MoDem, Un mariage de raison ?

Borloo (à gauche) et Bayrou (droite)
Borloo (à gauche) et Bayrou (droite)

La France vit-elle un séisme politique ? Allons-nous vers une recomposition de l’échiquier politique en France ? Qui de Hollande, Sarkozy, Marine Lepe et même Mélenchon devrait se faire de soucis ? En effet, la France politique a assisté tout sagement à un événement sans précédent. Les alliances politiques ne sont pas inconnues de la politique française. Mais celle qui vient d’être scellé laisse surgir beaucoup d’interrogations. En effet, le mardi 05 Novembre 2013 sera marquée d’une empreinte indélébile en France par l’officialisation de l’union politique entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou. Les deux anciens ministres, adversaires ou amis politiques du Centre  se tiennent désormais les mains pour les prochaines électorales. Les deux hommes au parcours politique ambigu signent l’acte de naissance de « Alternative » qui devra être une réponse crédible aux nombreuses préoccupations des Français. Mais la question taraude les esprits aussi bien en France que dans le monde est la longévité de cette union. Le rapprochement entre l’Union des Démocrates Indépendants (UDI) et le Mouvement des Démocrates (MoDem) fera-t-il long feu ? Est-ce un mariage de raison ou juste une union qui ne tiendra que le temps des prochaines élections municipales ? Selon des informations diffusées par les médias français, on croit à une union durable qui saura exister et jouer sa partition sur l’ensemble des scrutins intermédiaires, municipaux, européens, cantonaux, régionaux et même pour les joutes présidentielles du côté des militants de François Bayrou. A-t-on la même sérénité dans l’entourage de Jean-Louis Borloo ? De mon intime conviction, les deux principaux leaders du Centre ont juste un rêve. Celui de tirer profit d’une France en pertes de valeurs et de renaissance entre un Parti Socialiste (Hollande) confrontée aux dures réalités des crises économiques et de l’exercice du pouvoir d’Etat, une UMP (Sarkozy, Coopé, Fillon) en panne et un Front National (Marine Lepen) épinglé par une excessive nostalgie de ces leaders aux passés racistes d’une France non hospitalière.  Il est aussi vrai que les comportements et le show politiques des deux figures de proue du Centre vont connaître des modifications au nom de l’union entre leurs deux partis mais pas pour autant car la charte précise clairement qu’il s’agit d’une union non pas d’une fusion. L’existence légitime, légale, indépendante de l’UDI et du Modem ne sera-t-elle pas un handicap à l’atteinte des objectifs de l’ « Alternative » ? Bien malin qui pourra le dire. Et bien que la politique sous les tropiques est loin d’être homologue à celle qui se fait en France ou en Occident, des faits marquants d’union politique en Afrique pourraient présager d’un sombre avenir pour ce pacte entre Bayrou et Borloo. En effet, l’exemple du regroupement politique l’Union fait la Nation (UN) au Bénin en dit long. L’Union pourrait se limiter à un simple pacte de non agression entre les deux partis comme cela se vit dans l’exemple béninois. La conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat pourrait se muer en un vœu pieux de longue durée. Mais nous en sommes encore loin et très loin même. Bayrou et Borloo ont-ils cogité sur la situation des micros partis du centre ? Hervé Morin et les siens seront juste conduits en hibernation ? Ou seront-ils contraints à rejoindre l’ « Alternative » ? Nul ne saurait le dire. Mais une nouvelle comparaison avec l’expérience béninoise de l’Union fait la Nation au Bénin ou de nombreux partis ont rejoints les rangs sans véritable conviction en raison de la polarisation du paysage politique pourrait bien faire école. En effet, la plupart ont quitté les rangs juste au premier échec. Aujourd’hui, l’Union même avec ses formations politiques de souche peinent à se redonner un nouvel équilibre conquérant. Apprendre des nombreux échecs d’union politique qui foisonnent sans doute dans le monde serait donc d’un grand bénéfice pour les nouveaux partenaires. Surtout que l’un, Jean-Louis Borloo expliquait «Nous avons décidé de nous rassembler, de rassembler toutes nos forces face à la situation de désarroi et de désespérance de notre pays« , et que l’autre, François Bayrou affirmait « Ce n’est pas pour nous que nous faisons ça. Le désarroi est la désaffection sont si grands que c’est désormais l’essentiel qui est en jeu. La démocratie elle-même, dans les prochaines années, est en jeu« , au terme de leur accord d’union.D’autres caractéristiques propres à chacun des deux partis pourraient être source de divorce précoce dans le futur. En effet, les mouvements politiques de ces dernières semaines laissaient penser à une « gauchisation »  du Modem de François Bayrou. L’homme aurait sympathisé avec de nombreux cadres et personnalités de sensibilité plus à gauche. Et il était annoncé comme successeur du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault à Matignon.  Aussi se souvient-on de son soutien à François Hollande au deuxième tour des élections présidentielles de 2012. De l’autre côté, Jean-Louis Borloo est considéré comme un centriste de droite. En effet, l’UDI est un allié de longue date de l’UMP bien que le tandem a connu quelques soucis de cohabitation ces derniers jours. Mais ce qui est curieux pour les observateurs de la politique française, c’est l’annonce de l’appartenance de « Alternative » à l’opposition. Un scénario peu probable au regard des derniers événements survenus dans le paysage politique. Mais en attendant, ces ténors voudraient bien revoir des centristes en position de pouvoir d’Etat de la belle époque de Valéry Giscard d’Estaing (Président), Raymond Barre (Premier Ministre). Sommes-nous au vrai dans un mariage de raison ? A chacun son opinion…


Reddition du M 23 : fin de la guerre en RDC ?

La nouvelle est tombée aussi brusque que la naissance de la rébellion. Telle est une traînée de poudre, elle a surpris plus d’un dans le monde. Même les Congolais habitués aux grandes situations d’insécurité ont été pris du coup. Le Mouvement du 23 Mars plus connu sous le nom du « M 23 » vient de mettre fin à sa rébellion dans l’est de la République démocratique du Congo. Sultani Makenga et ses hommes qui se sont dissous dans la nature, ont décidé de déposer les armes. Bien que cette reddition des hommes « forts » de la province du Nord-Kivu soulage plus d’un Congolais, elle laisse tout de même planer une méfiance. Méfiance justifiée. Il est vrai que les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) ont mené une offensive herculéenne ces derniers jours dans  les bastions de la rébellion. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus sur plusieurs périmètres tenus par les rebelles du 23 Mars. Une rébellion qui aura connu de lourdes pertes en termes d’armements et dont nombreux miliciens ont fait défection. L’armée congolaise a certes gagné une bataille qui aura duré environ deux ans (22 mois) mais peut-elle déjà crier victoire ? Face à cette situation,

Des éléments de l'armée congolaise...
Des éléments de l’armée congolaise…

de nombreux analystes jouent la prudence. Une prudence justifiée en tout premier lieu par les conditions de naissance de la rébellion. Aussi, les autorités congolaises ne devraient-elles pas se prévenir des soutiens supposés de la rébellion auprès de certains pays frontaliers ? De plus, les annonces faites par les autorités de Kinshasa qui comptent mettre fin unilatéralement aux pourparlers, ne sont pas aux yeux de certaines personnes averties, de nature à protéger durablement les acquis de cette victoire. L’objectif des Congolais est le retour à la paix et à l’unité du pays. En effet, une mauvaise exploitation de cette renonciation aux combats armés du M23 pourrait ramener la RDC à la case départ (ce qu’aucun Congolais ne souhaite). Pour qui se souvient des conditions de naissance du M23, le gouvernement congolais se doit de gérer avec délicatesse la situation. En effet, le M23 est né d’une mutinerie d’anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l’armée congolaise trois ans plus tôt à la suite d’un accord signé le 23 mars 2009 avec la rébellion du Congrès national pour la Défense du peuple de Laurent Nkunda. Et les mutins, ce n’est pas ce qui manque en République démocratique du Congo ? Aussi, doit-on s’attarder sur la position actuelle des ténors du M23 et des quelque 2 500 soldats volatilisés dans la nature. Où sont passées la lourde artillerie et l’importante somme d’argent issue de l’exploitation illégale des ressources minières de la région du Kivu par la rébellion ? En l’absence de toute réponse fiable à ces différentes interrogations, le gouvernement de Joseph Kabila a encore un grain de sable dans sa victoire « totale » sur la rébellion. Spécialiste en terrorisme et relations internationales, Francis Adanlao, estime que les négociations de Kampala ne peuvent être rompues. « Nous sommes arrivés à un stade où le gouvernement congolais est en position de force, mais très délicate qui exige de lui une finesse dans sa stratégie de pacification du pays. » estime-t-il. Le M23 serait-il en train de jouer contre la montre ? « Possible ! Mais a priori, nous sommes loin d’une stratégie de guerre, car la rébellion a perdu  toute sa verve. Il serait difficile qu’elle retourne aux armes dans les conditions actuelles » ajoute-t-il. En poursuivant son analyse, Francis Adanlao qui s’intéresse à la légitime défense des Etats, préconise un maintien des soldats congolais dans la zone acquise. «  Autant que le dialogue, le ratissage doit être maintenu pour éviter une résurgence de probables dissidents du M23 qui veulent poursuivre la lutte armée ou d’autres groupes armés » conclut-il. Le retour d’une paix durable en République démocratique du Congo pourrait donc se forger sur un sentier assez pénible. Reste à chacune des parties de se décider au fumer le vrai calumet de la paix…

 

Sultani Makenga, le très recherché chef d'Etat Major de la Rebellion du M23
Sultani Makenga, le très recherché chef d’état-major de la rébellion du M23