DANIA EBONGUE

Aïssatou, la réponse c’est à l’hôpital !

L’histoire d’Aissatou Moussa, jeune camerounaise de 21 ans, déjà mère de 3 enfants, qui a failli perdre son enfant parce qu’elle hésite à l’emmener à l’hôpital à cause de considérations traditionnelles néfastes.

Aissatou Moussa
Aissatou Moussa

Assise à même le sol, sous un arbre, pour la protéger du soleil harassant de l’Extrême-Nord au Cameroun, Aïssatou Moussa, 21 ans, est à côté de son bébé âgé de quatre mois seulement. Celui est couché sur un pagne déposé sur ce sable chauffant. Cela fait quatre jours déjà que le petit fait la fièvre, est enrhumé et fait la diarrhée. Ces dernières heures ont failli être fatales pour lui, et il a fallu la sommation vigoureuse de quelques proches d’Aïssatou Moussa pour qu’elle l’emmène ici au Centre Médical d’Arrondissement de Gazawa, à 25 km de la capitale régionale, Maroua. Pourtant, à la voir tricoter un nouvel habit pour son fils, on ne perçoit pas tout de suite qu’elle serait peut-être en train d’enterrer son garçon ce matin. La fréquentation systématique d’un centre de santé n’est qu’un réflexe progressif dans sa communauté. Les indicateurs de la région de l’Extrême-Nord sont au rouge depuis l’enquête démographique et santé de 2011. Par exemple :

  • La mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 168 pour 1000 naissances vivantes.
  • La mortalité maternelle affiche un ratio de 782 pour 100 000 naissances vivantes.
  • La couverture en vaccination n’est que de 45% pour la région.
  • 22% de femmes seulement fréquentent les formations sanitaires.

Pourtant, bien qu’ayant accouché ce dernier dans un centre de santé, Aïssatou a eu du mal à respecter les rendez-vous des vaccins de son enfant. Pire, ce n’est qu’avec cet enfant qu’elle a accepté d’accoucher à l’hôpital. Cela n’a pas été le cas de ses deux premières couches. Aïssatou a été très vite enrôlée dans un mariage précoce et a hérité de quelques autres pratiques culturelles néfastes comme l’accouchement assisté par ces « accoucheuses » traditionnelles qui ont longtemps retardé la fréquentation des formations sanitaires. Elle a fait partie des 25% d’adolescentes qui ont déjà été enceintes au Cameroun et des 22% seulement des femmes de la région qui ont accouché dans une formation sanitaire selon l’UNFPA.

Femmes au Centre Médical de Gazawa
Femmes au Centre Médical de Gazawa

Il a donc fallu la résonance de la sensibilisation des communautés, au travers du projet SIDA/H4+ pour que, elle et d’autres femmes de la contrée fréquentent désormais leur unité sanitaire qui ne désemplit plus. Ici, les consultations prénatales se font de plus en plus naturellement. Le centre de santé de Gazawa a même obtenu le prix de la meilleure formation sanitaire en 2015.

Formation Sanitaire

Une distinction qui fait dire à Gaïbaï Ganava, chef bureau santé du district de santé de Gazawa que « désormais, on enregistre plus de 45 femmes qui accouchent dans notre hôpital par mois. Ceci grâce à la prise en charge curative et préventive du projet SIDA/H4+. La fréquentation du centre en général , a augmenté ».

images

Ce matin donc, Aïssatou a compris que les conseils que lui donnait sa tante la veille, n’étaient que le fruit d’une ignorance séculaire qui a causé tant de dégâts dans la localité. Le changement de comportement était nécessaire puisque la vie des femmes et des enfants en dépend. Ce matin donc, une simple consultation a suffi pour qu’Aïssatou sache que son enfant souffre d’un début de paludisme et d’anémie. Quelques heures de plus à la maison et elle aurait sans doute validé la thèse de la sorcellerie que lui soufflaient déjà quelques conservatrices de son entourage. Une fois à l’hôpital, elle aperçoit une affiche d’ONUFEMMES sur la porte du médecin consultant.

Onufemmes

Le message lui demande de se référer toujours à une formation sanitaire, avant, pendant et après la grossesse. Ça tombe bien, elle qui ne comprend rien en français peut lire le message en Toupuri, Mafa et Fufuldé, les trois langues vernaculaires de la localité. Elle sera servie et le médecin lui remettra une ordonnance, celle de la survie de son enfant.  En attendant le pharmacien qui est sorti s’approvisionner, Aïssatou peut recommencer à tricoter, l’espoir dans le cœur. Elle vient de bénéficier d’une des activités à base communautaire mise en œuvre par l’UNICEF  ici, dans le cadre du projet  H4+. Une voix résonne sans doute dans sa tête et lui répète sans cesse : « Aïssatou, la réponse c’est à l’hôpital ! ».


Merci Coco Mbassi, pour ces 6 bonheurs !

S’il est une chose inoubliable que Stéphane Leclerc et Marine Belondrade de l’Institut Français m’aient offerte, c’est bien ce déjeuner avec Coco Mbassi. Je suis connecté à cette star de la chanson depuis 2001, à travers son album « Sepia » qui m’a bercé et qui m’a orienté grâce à ses textes profonds, à avoir ma trajectoire spirituelle actuelle.

Stéphane Leclerc
Stéphane Leclerc

C’est difficile d’être fan et de bien faire son job de journaliste. Comment rester objectif, lucide face à la personne qu’on admire secrètement depuis des années et dans l’espoir de la rencontrer un jour. Je puis vous assurer que la télépathie existe.

Coco Mbassi
Coco Mbassi

« Le pouvoir suit la pensée » nous dit Saint Paul. Alors, si cette maxime est juste, il apparait que sans effort, Coco est venue à moi en 2016. Pendant que j’appelle Marine pour lui faire savoir que je viens d’apprendre que Coco se produira à l’Institut Français, la voilà qui me dit : « Tiens, Dania, je voulais justement t’appeler pour te demander de la recevoir dans ta matinale ».

Billets concerts

Il n’en fallait pas plus pour me frotter les mains. Quoi ? J’allais recevoir Coco en live le matin, dans la matinale la plus écoutée de Yaoundé ? Je n’étais pas au bout de mes surprises… Le lendemain, Marine me demande d’organiser un jeu concours pour récompenser le meilleur fan de Coco Mbassi, et celui-ci déjeunerait avec elle, comme… MOI également. Deux bonheurs déjà, puis un troisième indescriptible, lors de sa conférence de presse. Alors que mes collègues journalistes de Yaoundé s’agitaient à poser les questions les plus farfelues et les plus inimaginables, mon attitude lors de cette conférence était de me faire discret et de me taire. A ma grande surprise, Coco demande à son époux, Serge Ngando Mpondo, de m’offrir un CD original de l’album « JOA ». Troisième bonheur. Qu’ai-je fait pour mériter cela ? Me suis-je demandé.

Coco Mbassi et Serge Ngando Mpondo
Coco Mbassi et Serge Ngando Mpondo

C’est alors que je revis dans ma tête, toute l’histoire de ma vie qui s’était rattachée aux chansons de Coco Mbassi. J’imaginais déjà mon introduction jeudi, lorsque je la recevrais dans mon studio radio :

Fille du Cameroun, et un peu fille de la France.  La voilà qui est inscrite à l’école américaine avant d’intégrer le CBA (Collège Bilingue d’Application) devenu Lycée Bilingue d’Application aujourd’hui. Le même collège et le même lycée où j’ai fait mes classes. Oui,  Coco Mbassi a baigné dans ce bilinguisme et sa trajectoire future renforcera ce bi-culturalisme entre la France qu’elle quitte après son album Sépia en 2001 pour se rendre en Angleterre où elle réside aujourd’hui. Pourtant, c’est l’Allemagne qui est le pays prodigue de Coco Mbassi, le pays de ses plus grands succès. On pourrait même presque oublier qu’elle a été Prix Découvertes RFI Musiques du Monde en 1996. On pourrait même oublier qu’un jour, elle a prié sur le premier album de voir changer les choses dans son Afrique d’hier, qui est encore malheureusement, son Afrique d’aujourd’hui. Dans les titres « Stabat » ou encore « A Sawo », sa prière tonne si fort qu’on a l’impression que Dieu arrête toute son œuvre pour écouter cette fille Sawa lui parler et devenir le porte-voix d’une Afrique qui dort et qui s’endort. Et que dire de son mari, guitariste et contrebassiste, Serge Ngando Pondo qui l’accompagne avec sérieux dans cette aventure qui dure déjà le temps de trois albums. Le 2ème, Sisea, révèlera des titres comme « Dube », la foi, ou encore un hommage à la ville de « Kumba ». Que demandez-vous de plus à la fille du Premier professeur d’une université camerounaise, si ce n’est d’étaler tout son savoir faire et son savoir être dans ces éclatants chefs d’œuvre de créativité ? Et quand survient l’album Joa en 2014, Coco Mbassi met tout le monde d’accord sur la notion de talent intarissable et impérissable ; Joa est l’album qui nous réconcilie, si jamais on n’en avait douté avec cette immensité de l’inspiration trans-générationnelle de Coco Mbassi.

Je continuais de travailler cette intro dans ma tête, le mercredi, jour du déjeuner où se trouvaient ses trois fans, Herman, Afoudji (de nationalité togolaise) et Samy. Mon confrère de « Afrik 2 », Jamel Laplage était également là. Quatrième bonheur. Jamel est un ami d’enfance et le voir là aux côtés de notre diva a agrémenté le merveilleux repas. J’étais comblé, mais il fallait encore gérer la matinale du lendemain.

2016-01-27 13.22.23

Le soir, Coco Mbassi fait était de sa frayeur de casser sa voix avant le concert et souhaite annuler le rendez-vous ou alors que je l’enregistre avant. Je savais que cela gâcherait mon conducteur. Il fallait qu’elle soit en studio à 7H 15, car j’avais posté mes chroniqueurs et mes reporters partout pour relayer en direct les avis des fans de Coco Mbassi dans la ville.

Le lendemain, elle viendra, et sera émue par le promoteur d’un orphelinat qui lui demandera en direct d’offrir la bande dessinée qu’elle a écrite en faveur des enfants pour son orphelinat. Coco sera également émerveillée lorsque Ramsès Atéba, jeune cadre du WWF, bravant sa maladie, s’est présenté au studio radio pour rencontrer sa star et s’acheter in extremis deux billets. Coco Mbassi sortira de l’entretien en m’embrassant affectueusement. Cinquième bonheur.

Ramses et Coco
Ramses et Coco

Car la salle de l’Institut Français était effectivement comble ce soir là. Coco Mbassi était attendue de son public. L’album « JOA » sera pratiquement joué en intégralité. Deux chansons de ses deux premiers albums et le public est conquis pour de bon. Sixième bonheur.

Coco Mbassi, le 28 Janvier 2016 à l'IF de Yaoundé
Coco Mbassi, le 28 Janvier 2016 à l’IF de Yaoundé

Parfois, dans ce monde du showbiz si cruel, les « stars » ont l’habitude de me laisser dans mon coin comme un pestiféré. Pas Coco Mbassi. Merci Coco Mbassi, merci !


Franck, le fantôme qui m’a souhaité bonne année

Fantome

Oui, les morts peuvent souhaiter « bonne année ». Franck, le fils de ma sœur ainée Nathalie m’a appelé depuis l’au-delà pour me souhaiter ses meilleurs vœux. Si j’étais seul au moment de l’appel, j’allais croire à une hallucination, mais heureusement, ma fille Lady a vécu cet échange :

  • Bonsoir Tonton, bonne année !
  • Qui est-ce ? Je demande, alors que je reconnais bien cette voix.
  • Mais c’est moi, Franck !
  • Quel Franck ? (En même temps, je n’en connais pas des masses).
  • Franck, le fils de Nathalie non ?

Comme si j’avais besoin de cette confirmation pour savoir que 2016 débutait par un épisode aussi dramatique. Un drame mystique qui me fait parler pour la toute première fois de manière consciente avec un décédé. Un décédé bienveillant qui utilise les moyens de communication modernes pour adresser les meilleurs vœux de l’au-delà. D’accord, mais revenons deux mois en arrière.

Novembre 2015, Nathalie m’appelle pour me faire le reproche de mon silence depuis le décès de notre père en 2010. Le lendemain, elle m’appelle pour me dire que son fils Franck a été percuté par une moto et s’est retrouvé dans un état comateux. Trois jours plus tard, elle m’annonçait son décès. C’était un mercredi. Et selon les dires de Nathalie, un mort accidenté ne se conserve pas longtemps, alors il fallait agir, lui envoyer de l’argent rapidement pour les obsèques. Ce que je fis, non sans avoir alerté notre mère, Mama Josiane qui fit également beaucoup d’efforts pour soutenir financièrement Nathalie. Malheureusement, personne de nous n’avait assisté à ces obsèques.

Une semaine après, Nathalie me rappelle pour me dire qu’elle reçoit la visite des membres de son association pour lui présenter leurs condoléances. Elle avait donc besoin d’argent pour les accueillir. Ce que je fis sans problème. Bref, c’était la période de deuil. Le décès de Franck nous a tous rapprochés. Désormais, on échange les coups de fil chaque semaine, en mémoire de ce fiston, dont j’étais un peu le grand frère dans mon adolescence. Je l’accompagnais et je le prenais à sa sortie des classes quand il était encore en maternelle. C’était mon fils. Et sa perte était douloureuse pour moi.

Et ce 6 Janvier 2016, Franck ressuscite des morts. Je lui demande :

  • Franck, tu n’es pas mort ?
  • Moi ? Mort comment tonton ?
  • Ta mère m’a dit que tu es mort des suites d’un accident.
  • Non ! c’est quelqu’un d’autre qui est décédé dans la famille, pas moi. Cela fait 5 mois que Maman et moi, on ne se parle pas.
  • Ah bon ? Attends que je l’appelle !

Nathalie s’est trouvée embarrassée  lorsque je lui ai parlé de mes échanges avec Franck. Elle a exigé que je lui transmette le numéro de « celui » qui m’aurait appelé. Ce que j’ai fait. Franck a utilisé le numéro d’un ami pour me joindre. S’agit-il d’un ami de l’au-delà aussi ? Toujours est-il que depuis cet épisode, Franck n’a plus donné des nouvelles depuis lors. Celui qui décroche le téléphone dit que Franck avait juste emprunté son combiné pour me joindre et qu’ils ne se sont pas revus depuis lors.

Mystère ! Ai-je parlé à un revenant ? Pourquoi ce silence chez Nathalie depuis lors ? Pourquoi Franck n’a-t-il pas rappelé ? Pourquoi Nathalie aurait-elle menti sur la mort de son propre fils ? Pourquoi celui qui m’a parlé dit n’avoir aucun contact avec sa mère depuis 5 mois ? Trop de questions, peu de réponses. Ce sont sans doute des mystères outre-tombe.


Cocktail d’ambassadeurs au chevet des victimes de Boko Haram.

Une journée marathon et mémorable ce mercredi 16 décembre 2015 dans la région de l’extrême-Nord au Cameroun. Partie très tôt le matin de Yaoundé par un avion spécial des Nations Unies, la mission de haut niveau conduite par Najat Rochdi, Représentante Résidente du système des Nations Unies au Cameroun, s’est ébranlée vers le camp des réfugiés de Minauwao où 800 réfugiés nigérians affluent chaque semaine, de même qu’une fréquence hebdomadaire de 50 naissances est enregistrée. La population des réfugiés s’accroit, tout comme les déplacés camerounais internes qui sont de 92.000 à ce jour. Cette situation provoque une crise humanitaire sans précédent et les besoins en aide, sont de plus en plus nécessaires et urgents. Voilà pourquoi les pays amis du Cameroun, représentés par leurs différents chefs de missions diplomatiques ont tenu à faire partie de cette mission. Le Chargé d’affaires de l’Ambassade de France, les Ambassadeurs de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Espagne, du Canada, des Etats-Unis, et de la Suisse, ont touché du doigt les réalités des populations victimes de Boko Haram. Autour d’eux, se trouvaient également les représentants des agences onusiennes UNICEF, PAM et HCR au Cameroun, et le représentant du gouvernement camerounais, le Ministre de la Jeunesse,

Après la récente visite de Toby Lanzer, coordonnateur humanitaire pour le Sahel dans la zone, le système des Nations Unies au Cameroun poursuit ainsi ses missions pour s’assurer que les populations victimes de ce conflit odieux ne sont pas oubliées ni abandonnées. Alors, lorsque la solidarité internationale s’ébranle, il y’a de l’espoir en toile de fonds. A la fin de cette expédition marathon à l’extrême-nord, les différents représentants ont exprimé leurs sentiments en ces termes :

S.E. Claude ALTERMATT, Ambassadeur de la Confédération helvétique au Cameroun.
S.E. Claude ALTERMATT, Ambassadeur de la Confédération helvétique au Cameroun.

« Il y’a un conflit qui a débordé comme vous le savez, d’un pays étranger sur le territoire camerounais. Le Cameroun a dû relever ce défi, et le Cameroun l’a fait avec l’aide de la communauté internationale. Alors, pour moi comme ambassadeur de Suisse, c’était la première fois que j’ai pu me rendre dans cette région, qui autrement, est considérée comme région à risque. Alors, j’ai pu me rendre compte que toutes les institutions internationales, onusiennes et non onusiennes, font un excellent travail, et que le Cameroun sait relever le défi de bien accueillir ses réfugiés et s’occuper de ses propres déplacés. La Suisse va continuer à verser des contributions aux organisations internationales qui financent les activités que nous avons vues, à commencer par les organisations onusiennes ».

 

S.E. René Cremonese, Haut Commissaire du Canada au Cameroun.
S.E. René Cremonese, Haut Commissaire du Canada au Cameroun.

« C’était important pour nous de voir de nos propres yeux, comment le système de l’ONU et le gouvernement du Cameroun réagissent pour aider les peuples en détresse. Je ferai un rapport à la centrale pour expliquer et analyser ce que j’ai vu. Comme le Canada a toujours fait, on va essayer d’accompagner le Cameroun pour aider les personnes déplacées et les réfugiés ».

S.E. Holger Mahnicke, Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne au Cameroun.
S.E. Holger Mahnicke, Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne au Cameroun.

« Je viens d’arriver au Cameroun et c’était mon tout premier déplacement à l’extrême-nord. C’est également très important pour l’Allemagne puisque les informations sur cette région des pays du Lac Tchad nous échappent un peu. Nous on se concentre en Allemagne surtout sur les crises du Moyen Orient, vous savez que nous sommes en train de recevoir beaucoup de réfugiés syriens, mais on ignore un peu ce qui se passe au Sahel, même si nous sommes un des grands bailleurs du HCR. Nous allons mettre en œuvre d’autres interventions dans la région après avoir envoyé notre rapport à notre capitale ».

S.E. Michael Hoza, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Cameroun.
S.E. Michael Hoza, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Cameroun.

« We will continue our support the UN family.  What I saw today was encouraging. So, we will double our efforts to end Boko Haram as soon as possible.  Behind humanitarian system, there is security system. We are very proud to be partner of the Cameroonian security forces to protect Cameroonian territory and population from Boko Haram »

Pour Monsieur Jéremy Robert, Chargé d’Affaires de l’Ambassade de France au Cameroun,

«  Pour moi, les enseignements c’est à la fois l’accueil réservé aux réfugiés par les autorités camerounaises, et toutes les institutions onusiennes et humanitaires qui accueillent les réfugiés de façon assez incroyable. On a pu se rendre compte de ça sur le terrain, et cela montre que l’effort doit être maintenu, car malheureusement, la crise n’est pas encore terminée ».

Et s’exprimant au nom de tout le système des Nations Unies au Cameroun, Najat Rochdi a déclaré :

Najat Rochdi, Coordinatrice du Système des Nations Unies au Cameroun
Najat Rochdi, Coordinatrice du Système des Nations Unies au Cameroun

« C’était effectivement une visite assez atypique et vraiment une première où encore une fois, nos donateurs ont exprimé toute leur solidarité avec les personnes vulnérables et les populations qui sont impactées au niveau de l’extrême-nord. C’était important aussi qu’ils voient quelles étaient les réalisations qui ont été faites. La présence aussi du représentant du gouvernement est aussi fondamentale, parce que tout ce que nous faisons, nous le faisons en concertation avec le gouvernement ».

Lequel gouvernement était représenté par Mounouna Foutso, Ministre de la Jeunesse :

Mounouna Foutso, Ministre de la Jeunesse du Cameroun
Mounouna Foutso, Ministre de la Jeunesse du Cameroun

« Notre présence c’est pour leur signifier que le gouvernement pour sa part jouera pleinement son rôle conformément aux lois et règlements de la république et aux conventions internationales. Nous félicitons les populations locales pour leur sens du civisme, leur solidarité à l’égard des réfugiés et des déplacés. Ces déplacés internes se trouvent intégrés, les enfants vont à l’école normalement, et il n’y a pas de discrimination. Je rentre tout à fait satisfait de cette mission et j’espère que ce phénomène de Boko Haram prendra fin au plus vite ».


« Mon Père m’a mariée de force à 15 ans ».

Les indicateurs des mariages précoces, mariages forcés et mariages des enfants au Cameroun indexaient principalement les régions de l’Est, l’Extrême-Nord et le Sud-ouest. Il a fallu rencontrer Philomène pour découvrir que le phénomène est national et touche même la région du Centre.

Il y’a un monsieur assis là bas au salon, c’est ton futur mari 

Ce sont les phrases du Père de Philomène. Elle s’en souvient comme si c’était hier.

Et pourquoi vous ne donnez-vous pas aussi une femme à mon frère 

, demanda t-elle à son père qui répondit :

Les hommes doivent aller à l’école, pas les femmes 

C’était le jour où sa vie avait basculé. Donnée de force à un prétendant avec pour unique argument parental :

Dans notre culture, les femmes vont en mariage tôt 

Philomène Fouda, avec son aimable autorisation et celle de ses tuteurs légaux.
Philomène Fouda, avec son aimable autorisation et celle de ses tuteurs légaux.

Philomène est originaire du village Ezan-Medom, situé après le dispensaire de Messassi, une banlieue de la ville de Yaoundé. C’est dans ce village qu’un jour, alors qu’elle est au CM2, elle est victime d’un mariage forcé par son père. Elle avait alors 15 ans.  A la suite de plusieurs refus, elle finit par céder à la pression de son père et accepte de se marier à un menuisier de 24 ans. Ce dernier refusera de lui payer les études, malgré le vœu insistant de Philomène de les poursuivre. Il la fera chanter, et exigera d’elle de lui faire des enfants avant de payer ses études. Il honorera sa parole à la suite du premier enfant, mais refusera de payer après la seconde grossesse. Philomène raconte qu’elle sera victime de maltraitance, de violence et de menaces régulières de la part de son mari, qui, une fois que la dot a été versée à la famille de Philomène, en fera un véritable objet. Philomène décide alors de se lancer dans l’agriculture et de vendre des produits vivriers au marché. Entre-temps, sa mère qui n’a pas approuvé cette union forcée, désertera le domicile familial et s’enfuira vers une destination inconnue. C’est après plusieurs années d’investigations que Philomène retrouvera la trace de sa mère qui vit désormais à Bertoua dans un nouveau foyer. Philomène raconte que même sa mère avait été mariée de force à son père. Une fois à Bertoua, Philomène retrouve le chemin des bancs et est inscrite au Collège Adventiste de Bertoua réussissant même à se classer première de sa classe lors du deuxième trimestre cette année, en classe de quatrième. Avec l’aide de sa mère et de l’époux de sa mère, elle élève ses deux enfants et rêve désormais de devenir greffière dans l’avenir.

L’éducation de la jeune fille la préserve des mariages précoces, des grossesses précoces et lui confèrent une émancipation pour sa vie future. Cette situation, très alarmante en Afrique, a suscité la mise sur agenda de cette question, lors de la Journée de l’Enfant Africain en 2015. De même, le 26 et le 27 novembre 2015 à Lusaka, en Zambie, l’Union africaine a consacré  son tout premier sommet à la lutte contre le mariage précoce. A cette occasion, l’Unicef a publié un rapport alarmant : le nombre de filles mariées à moins de 18 ans pourrait plus que doubler en Afrique d’ici 2050, atteignant les 310 millions. Les Pratiques Familiales Essentielles sont donc les seules réponses adéquates aux Pratiques Culturelles Néfastes.

Pour écouter Philomène, cliquez sur le lien suivant:

 


Filles camerounaises, de grâce, cultivez-vous !

En juin dernier, j’animais un atelier culturel et littéraire dans une classe de Seconde au Lycée Fustel de Coulanges (lycée français de Yaoundé). J’étais impressionné par la manière dont ces ados parlaient avec passion et délectation de l’œuvre « Candide » de Voltaire avec un débat libre, ouvert et surtout très enrichissant. Dans la salle, des jeunes d’origines diverses : subsahariens, magrébins, antillais, occidentaux, etc. Même les artistes Sanzy Viany, et Mbalè Mbalè étaient fascinés. Une ambiance studieuse autour de Madame Akoa, une enseignante française mariée à un camerounais. Rien, mais alors rien ne donne l’impression que ces jeunes, surtout les jeunes filles, résident ici à Yaoundé. Elles sont à des années lumières de ces jeunes filles de nos quartiers.

Fille africaine

Dans d’autres lycées de la même ville, le langage n’est pas aussi châtié, la même passion n’est pas autant au rendez-vous. Il suffit de croiser une jeune fille niveau Bac + 3 ou 5, pour constater que c’est du papyrus plat et rien de plus. Les jeunes filles du système éducatif camerounais n’ont pas plus de Q.I. que ces ados de Fustel. Nos jeunes filles elles, déambulent dans les cours de récré ou dans les campus, pour papoter au sujet de la dernière série brésilienne qui est passée la veille sur les écrans des chaines de télé africaines. Lorsque survient l’heure du journal télévisé, elles désertent le salon au motif que « ce n’est pas intéressant ». Il n’est donc pas rare de les voir se scotcher devant les télé-réalités de TF1 ou de NT1, un nouvel opium qui les abrutit davantage. « Stupides du monde, réunissez-vous ! » serait-on tenté de leur dire ; Car, elles ne distinguent pas le vrai du faux, et gobent ces images commerciales, comme s’il s’agissait de la vraie vie. Parlez-leur de la COP 21 ou encore des attentats de Paris, elles n’ont rien à cirer, car leur intérêt se trouve dans la bêtise de leurs commentaires orientés vers les histoires de bas étage, les cœurs brisés, les mecs pas sérieux, et encore qui sort avec qui, qui couche avec qui, et rebelote.

J’ai honte de le dire, mais vraiment, les filles de mon pays sont …Je préfère alors laisser l’artiste AMBE le dire lui-même:

Je ne voudrais pas les insulter, mais j’ai honte.  J’ai honte des filles de mon pays. J’ai honte de ma fille adoptive de 15 ans, plantée devant le poste téléviseur cet après-midi parce qu’elle regardait une téléréalité. Lorsque j’ai mis I Télé, elle s’est réfugiée dans sa chambre. Il a fallu que je remette la chaîne de télé Trace Tv pour qu’elle revienne au salon. Je lui ai demandé : «  Tu aimerais faire quoi demain » ? Elle me répond : « Chanter avec Maahlox ». C’est vrai que depuis qu’elle a aperçu Maahlox, elle se voit star comme lui. Mais sait-elle au moins que Maahlox s’inspire de l’actualité pour écrire ses textes ? Sans doute son problème est ailleurs. Ce ne sont pas les textes de Maahlox qui l’intéressent, mais le déhanché possible qu’elle pourrait lui apporter comme danseuse. Voilà le visage hideux de notre féminité camerounaise. Je me demande quelles dirigeantes aurons-nous demain ? Ces filles un peu écervelées, toutes, même pseudo-intellectuelles et qui ont pour domaine de définition « soit belle et tais-toi ! ». Pitié, chères sœurs, vous avez plus de valeur que ce qui se cache derrière votre popotin. Il y’a de la beauté dans une conversation soutenue. Il y’a du délice quand j’écoute une fille comme Cynthe parler des TIC, et pas des filles dites androïdes. Il y’a du plaisir à écouter Olivia, quand elle délivre ses théories du droit et de la Communication. Il y’a de l’extase à écouter Reine donner des conférences dans le monde entier.

Voilà une femme, une vraie ! Pas celle qui revendique le droit de se faire prendre pour ses atouts physiques et rien d’autre. Pas celle  qui réclame de se faire entretenir comme une éternelle assistée, avec la bénédiction de sa mère et de sa grand-mère. La femme n’est pas un objet. Non ! Et si c’est elle-même qui se chosifie, l’affaire est grave.

Fille africaine 2

Femme de demain ! Cultive-toi ! Bouquine, écoute, cherche, recherche, dans tous les domaines, qu’importe ! Mais cherche ! Sois une experte en  agriculture, parce que j’ai offert du chocolat à une doctorante et elle ignorait que le chocolat vient du cacao africain. Sois une experte en musique, et non, en chansons obscènes, parce que je parlais à une fille récemment, elle ignorait qu’il existe des écoles et des conservatoires de musiques.  Sois une experte de la mode, surtout pour cette fille étonnée de voir que c’est le coton africain qui habille les stars de la chaîne Trace Tv. Sois une experte en droits de l’homme, je m’adresse à toi, jeune fille qui crois que les droits de l’homme sont un concept savant. Que non ! L’éducation de la jeune fille, les mutilations génitales féminines, les violences faites aux femmes, les questions de genre, la parité, l’émancipation de la femme (qui paye le loyer, achète ses propres vêtements, participe aux charges de la maison), voilà tes droits jeune fille ! Et tu les connaîtras en lisant.


Une ambiance « so foot » à Gado-Badzere.

En 20 ans de règne, Sa Majesté Oumarou Emmanuel n’avait jamais été témoin d’un tel dispositif institutionnel et sécuritaire dans son village Gado-Badzere, arrondissement de Garoua-Boulai, département du Lom et Djerem, Région de l’Est au Cameroun. Ce chef traditionnel avait accepté de donner la terre de ses ancêtres au profit de la solidarité internationale, lorsque le HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) l’avait approché au début de la crise de la RCA voisine pour accueillir le flux massif de réfugiés. Malgré quelques conflits fonciers entre ses sujets et les réfugiés, Sa Majesté s’est voulu ferme : « Tous les conflits sont solubles. Le Cameroun est une terre d’accueil et nous avons le devoir de tendre la main à l’étranger ».Cette main tendue a permis à de milliers de réfugiés, adultes et enfants, de bénéficier de la solidarité des organisations humanitaires dans le site de Gado-Badzere.

Emmanuel Oumarou au milieu des anciens Lions Indomptables
Emmanuel Oumarou au milieu des anciens Lions Indomptables

Et ce samedi matin, Oumarou Emmanuel est agréablement surpris de recevoir dans sa concession, quelques anciennes gloires du football camerounais. Ces footballeurs, lions indomptables des années 1980 et 1990, viennent livrer un match de gala, dans le cadre du concept S4D ( Sports For Development), déployé ici par l’Unicef. Parmi ces anciennes gloires, les illustres  Thomas Libih, Jacques Nguea, Dagobert Dang ou encore Victor Ndip Akem sont présents. Ces deux derniers seront d’ailleurs les buteurs de la rencontre qui les opposera au collectif des humanitaires du site de Gado.

Trophée des anciennes gloires, remis par Rachel Ngazang, SG de la Région de l'Est
Trophée des anciennes gloires, remis par Rachel Ngazang, SG de la Région de l’Est

Une victoire symbolique certes, mais dans un stade de Gado-Badzere très animé, dans lequel, communautés autochtones et réfugiés donnaient de la voix, l’implication des anciennes gloires, malgré le poids de l’âge, est le simple gage d’un engagement volontaire. Une preuve que le football va bien au-delà de simples passions pour devenir un facteur de partage, de solidarité et de développement.

Félicité Tchibindat, Représentante Unicef
Félicité Tchibindat, Représentante Unicef

Des valeurs scandées et rappelées par Félicité Tchibindat, Représentante de l’Unicef au Cameroun, qui déclare qu’ « à travers ce tournoi de football, nous essayons de répondre à ce souci d’équité ». L’équité revêt une grande importance chez les enfants, indépendamment de leur identité et de leur nationalité, précisera t-elle encore. Des sourires, des cris de joie, des émotions et un bouillon de fair play ont ponctué les quatre rencontres disputées en cette journée mémorable.

Présentation des joueurs du FC Diallo
Présentation des joueurs du FC Diallo

Un spectacle digne des rencontres professionnelles, qui a même poussé la rencontre opposant les jeunes locaux (Dynamo de Gado) aux jeunes réfugiés (FC Diallo), jusqu’aux tirs aux buts. Même si FC Diallo perd cette épreuve de loterie, son capitaine, Batista Pamba, se rappelle que « Fc Diallo est un club qui a été crée depuis la RCA. Nous avons conservé ce nom parce que bien qu’étant au Cameroun, nous nous sentons à la maison ici ».

Pamba Batista,Capitaine de Fc Diallo, reçoit des équipements sportifs
Pamba Batista,Capitaine de Fc Diallo, reçoit des équipements sportifs

Quand il recevra quelques instants après, des ballons et des équipements sportifs offerts par l’Unicef grâce au financement du Gouvernement du Japon, la joie de notre capitaine sera à son comble. Jouer, pleinement, librement, allègrement, devient une réalité pour eux. Le loisir qui est un droit de l’enfant, devient aussi une qualité intrinsèque de l’inclusion et de l’équité entre les communautés locales et les réfugiés, au grand bonheur de Sa Majesté Oumarou qui fièrement, se félicite d’avoir offert ses terres à ces êtres qui font désormais partie de sa communauté.

Scène de liesse au stade de Gado
Scène de liesse au stade de Gado

Des moments de fête qui ont vu la mobilisation des autorités municipales, ministérielles, régionales et préfectorales de la localité, très reconnaissantes envers l’Unicef et son partenaire le Japon, pour le travail fait en vue de l’amélioration des conditions de vies des réfugiés et des communautés hôtes. D’ailleurs, on n’avait du mal à distinguer qui était de l’un ou de l’autre bord. Est-ce important au fonds ? Au final, non ! On a juste vu des enfants se déployer, des jeunes s’amuser, des communautés se mettre ensemble. Elles ont compris que le sport apporte des couleurs, de la joie, du bonheur, et…la paix !


Je paris sur Paris

Douce France, tu n’es peut-être pas la terre de mon enfance, comme pour Charles Trenet, mais tu restes et demeures la terre de mes espérances. Douce France, fille aînée de l’Eglise, Terre des Droits de l’Homme, multicolore. Oui, pays de la liberté, de la fraternité et de l’égalité. La France des vins, du fromage, des arts, des monuments, des spiritualités.

Paris

La France de Notre Dame de Paris, qui chante un air de rassemblement contre l’horreur et la terreur. L’horreur et la terreur qui ont frappé un vendredi 13 pendant que des artistes et des sportifs se déployaient. Paris, ville Lumière a failli s’éteindre par les marchands d’un obscurantisme gratuit. Paris, 3ème ville la plus visitée du monde a accueilli le 70ème anniversaire de la conférence générale de l’Unesco. L’Unesco qui nous rappelle que :

« LES GUERRES PRENANT NAISSANCE DANS L’ESPRIT DES HOMMES, C’EST DANS L’ESPRIT DES HOMMES QUE DOIVENT ETRE ELEVEES LES DEFENSES DE LA PAIX » 

Paris, est donc la ville de la paix. Elle chantera les germes de la paix, les semences des justes relations humaines, les valeurs de l’avenir que nous voulons. Cet avenir passe par une planète, c’est offrir à notre jeunesse, les leaders et les décideurs de demain, une planète saine, une planète où l’air sera respirable, où les énergies propres éclaireront les domiciles et les industries. Une planète où les nouveaux modes de consommation et de production seront appliqués par tous. Une planète qui ne connaîtra plus le gaspillage des ressources, le gaspillage des énergies, le gaspillage de la vie. Car, le climat c’est la santé. Le climat c’est l’environnement. Le climat c’est l’agriculture. Le climat c’est l’économie. Le climat c’est la vie.  Alors, allons à Paris pour sauver cette planète.

Pray for Paris

Que la COP 21 sonne le glas d’une gestion manquée de notre héritage naturel. Allons à Paris pour qu’enfin les politiques trouvent un accord sur le climat et que les nations émissives le soient moins pour une planète plus vivable. Que la COP 21 soit aussi le signal fort que Paris n’a pas abdiqué, car comme l’a affirmé le président François Hollande :

« Les terroristes ont attaqué un restaurant cambodgien, un groupe de rock américain, un match de foot international. On dénombre 19 étrangers parmi les victimes. Les terroristes pensaient affaiblir cette passion française d’accueillir le monde mais il n’en sera rien. »

Oui, il n’en sera rien parce que, promet le président français :

« Après le deuil, la France saura faire face et Paris demeurera la ville des théâtres, des cinémas, des musées. »  

Villes hôtes de l'Euro 2016
Villes hôtes de l’Euro 2016

La France respira un air pur, celui du sport avec la belle fête de l’Uefa Euro 2016. Parmi les 10 villes retenues, Paris et Saint Denis accueilleront des rencontres. Une manière aussi de dire aux auteurs des actes du vendredi 13 Novembre dernier à Paris et Saint Denis justement, que la Lumière continuera de briller en France.


Des études françaises pour quoi faire ?

Le Sapef (Salon pour la promotion des études françaises) est devenu un rendez-vous au Cameroun. La 4e édition s’est ouverte le jeudi 12 novembre à Yaoundé, Campus France, avec ses différents partenaires, dont l’Institut français. Nombreuses étaient les institutions privées et publiques d’enseignement supérieur, des entreprises, pour la plupart des entreprises à capitaux français implantées sur le territoire camerounais et reparties dans plusieurs stands dans les locaux de l’hôtel de ville de Yaoundé.

Stands du SAPEF 2015, Yaoundé.
Stands du Sapef 2015, Yaoundé- Crédits Photos (Marine Bélondrade).

Le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna était donc l’hôte territorial de ce Sapef, et son mot de bienvenue cadrait bien avec sa stature de super maire de la ville aux 7 collines pour accompagner Christine Robichon, ambassadrice de France au Cameroun, et Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur lors de la cérémonie d’ouverture de ce salon.

Minesup

Les trois personnalités s’associeront pour couper le ruban symbolique aux couleurs des deux nations, « liées par un destin commun » comme le dira le ministre Jacques Fame Ndongo dans son allocution d’ouverture.

Coupure du Ruban, SAPEF 2015
Coupure du ruban, Sapef 2015- Crédits Photos (Marine Bélondrade).

De son côté, Christine Robichon a annoncé que : « Plus de 7 500  jeunes Camerounais étudient en France actuellement ».  Un chiffre qui montre bien l’intérêt que les jeunes Camerounais portent à l’Hexagone. C’est vrai qu’avec ses 87 universités, ses 200 écoles d’ingénieurs, ses 100 écoles de commerce et ses 120 écoles publiques supérieures d’art, la France a de quoi appâter les jeunes en quête de diplômes et de certificats. Dans ce contexte là, les études françaises se délocalisent de plus en plus au Cameroun comme l’indique l’ambassadrice de France : « La France cherche également à développer une coopération entre ses universités et les universités étrangères. Vous en trouverez plusieurs exemples dans ce salon ».

Christine ROBICHON
Christine Robichon- Cédits Photos (Marine Bélondrade).

En effet, plusieurs institutions camerounaises s’associent à des universités et/ou des écoles françaises pour délivrer des diplômes, ou des écoles de préparation aux grandes écoles françaises. On peut citer Prépa VOGT, SUP DE CO ou encore, l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie) qui offrent des choix divers d’études avec les universités françaises sans bouger le petit doigt s’éviter le processus stressant de demande de visas, puisque les études se font pour la plupart à distance.

France Cameroun

Mais qu’est-ce qui fait tant courir les jeunes camerounais vers les études françaises ? Qu’est-ce qui peut expliquer cela ? L’envie inexorable de s’exporter ? Le prestige d’un diplôme français ? Poster des photos sur les réseaux sociaux et faire mourir de jalousie tous ceux et celles qui n’ont pas cette même chance ?

Les motivations sont aussi diverses que mystérieuses, mais pour l’ambassadrice de France, le système d’enseignement supérieur de la France « est à la fois diversifié et performant. Il délivre des diplômes dont l’excellence est reconnue ».

Ces collaborations entre la France et les institutions locales ont déjà eu beaucoup de succès en Afrique de l’Ouest et au Maghreb. Plusieurs écoles et universités marocaines vantent et vendent ce modèle pour s’attirer des candidatures via leurs institutions. Parmi elles, se trouve l’Estem (Ecole supérieure en ingénierie de l’information, télécommunication, management et génie civil), dont la directrice générale, Wafaâ Bouab Bennani, présente au Sapef, se félicite de « préparer nos étudiants à passer le concours de 120 écoles d’ingénieurs en France ». Un argument qu’elle clame déjà au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Gabon, au Mali, et désormais, au Cameroun. Car ici au Sapef, au-delà des conférences, des ateliers, des attractions des stands et des brochures distribuées ici et là, il est d’abord question pour les élèves et étudiants de décider de leur trajectoire académique, devant des institutions supérieures qui ne demandent qu’à les former et aux côtés d’entreprises qui ne demandent qu’à les recruter. On conclura donc avec Christine Robichon que « l’accent est mis sur l’orientation académique et professionnelle, ce qui répond à un besoin d’autant plus important que la complexité du monde du travail s’accroît sans cesse ».


J’accuse et je récuse ton église réveillée !

International Crisis Group a récemment interpellé le Cameroun sur l’intolérance et le radicalisme dont font montre les nouvelles religiosités, à savoir les églises dites de réveil, églises évangéliques, églises messianiques, églises pentecôtistes, églises fondamentalistes. Ces églises brillent par des discours de plus en plus fanatiques, sans parler de leur illégalité sur le territoire camerounais, car de plus de 500 parmi elles n’ont même pas d’existence légale.

Séance de délivrance dans une église de reveil
Séance de délivrance dans une église de réveil

Dolores, tu es tombée en plein dedans. Tu es tombée dans ces églises et leurs dérives. Tu es devenue cette nouvelle Dolores messianique, qui sait tout, qui clame la Bible à haute voix, mais qui voit tout en noir. Tu n’es plus la Dolorès joviale que j’ai connue. A cause d’une déception amoureuse, de quelques soucis au boulot et d’une fausse couche récente. Tu as tôt fait de traiter tout le monde autour de toi de sorcier, en commençant par moi. Tu m’as dit l’autre jour : « Va t’en ! » à plusieurs reprises. Ton regard est devenu fuyant et ton langage est devenu agressif, acerbe et insultant. Dès que j’essaie de te ramener à l’ordre, tu cries au scandale et tu te mues en victime au nom de ton Jésus. Ton Jésus, il t’enseigne quoi Dolores ? Que ta mère qui t’a mise au monde est subitement devenue démon, que l’homme qui t’a fait un bébé est un vampire alors c’est la raison pour laquelle tu as fait une fausse couche ? C’est cela qu’il t’enseigne ton doux Jésus ? Il t’enseigne surtout que tu es pure et que les autres sont impurs. Dolores, tu es devenue hystérique !

Tu es stressée et stressante. Tu as même réussi à perdre ton sourire légendaire au profit d’une aigreur manifeste qui s’accompagne d’un mauvais caractère et d’un langage vipérin. Dolorès, tu parles de mener un combat dit spirituel. Tu fais pourtant de ce combat, une affaire d’hommes. Ce sont des hommes que tu combats. Ceux sont tes amis d’enfance, tes frères et sœurs qui deviennent des démons. On t’enseigne maintenant le repli sur soi, l’isolement, l’éloignement des autres. Dolorès, tu fais même un jeûne de 9 jours, exclusivement à l’eau et tu te plains d’avoir des maux d’estomac ? Toi, asthmatique et fragile, tu refuses de te ménager ? Je te demande de t’alimenter et tu me dis que je suis sorcier ? Comment ne veux-tu pas faire de fausse couche en te perturbant autant ? Dolores, tu as tout faux. Et pourtant, tu m’avais dit que tu avais intégré « juste un petit groupe de prière ».

Il faut croire que ce petit groupe t’a transformée en monstre. Car tu mets ta carapace de « Dieu, Dieu, Dieu » devant toute situation désormais. Dieu est-il intolérant ? Dieu est-il exclusif ? Dieu est-il discriminant ? Dieu a-t-il créé ses enfants pour que d’autres soient traités de païens, démons, scélérats ? Et puis, de quel Dieu parlons-nous Dolores ? Le Dieu de ton cher « pasteur » qui t’a allègrement annoncé que j’ai pactisé avec des entités, c’est pour cela que je t’interdis le jeûne alors que tu es malade ? Quel Dieu Dolores ? Le Dieu là qui te rend plus malheureuse encore ? On sait tous que tu as intégré ce groupe pour donner une nouvelle direction à ta vie. On t’a dit là bas qu’en priant et en te privant, tu trouveras un mari un jour. On t’a aussi dit que tu sortiras de ta pauvreté. On t’a dit en fait que tu seras récompensée un jour par des miracles. Alors on t’a fait un lavage de cerveau. On te manipule, car on joue sur ta sensibilité. On joue aussi sur tes faiblesses, car toi et moi savons que tu es faible. Ce pasteur-gourou a su jouer sur ta vulnérabilité et je te parie qu’il est en train de bien se servir de ce qui te reste comme jugeote ou lucidité. Tu es donc à l’image de nombreuses jeunes filles et femmes camerounaises. Elles sont tuées par vos églises de réveil qui vous endorment de plus en plus. On vous enferme dans une prison qui veut que chaque soir, on introduise dans votre cerveau des idéologies de séparation et de séparatisme. Dolores, non !

Tu étais si brillante et aujourd’hui tu te noies dans les paroles d’un diseur de bonne aventure ? Tu te noies dans les faux espoirs de quelqu’un qui lui-même cherche sa voie ? Et puis, cette Bible que tu lis là, tu y comprends quelque chose ? C’est elle qui te demande de ne pas aimer ?  C’est elle qui te demande de séparer ? C’est elle qui te fait croire que tes problèmes ce sont les autres ? Cesse de refuser de te regarder dans une glace, douce Dolores. Tu as peur des difficultés, tu les fuis, tu les redoutes. Mais quelle vie serait possible sans les difficultés ? Connais-tu un seul être sur terre qui échappe à la loi des difficultés ? Hé Dolores, ton église te détruit !

Dolores, ces églises de réveil ont réveillé quoi en toi ? Elles réveillent tes frustrations refoulées, des caractères vils, ton comportement abject, tes vices les plus têtus. Ces églises réveillent en toi la profonde bête que tu es, au lieu de la dompter. Elles te font vivre dans la prédation, dans l’instinct et non plus dans la raison. Elles réduisent cet être nommé Dieu en un patriarche barbu qui verserait des grains de riz sur notre tête, un dieu qui récompenserait ceux qui crient et hurlent dans ces églises, et qui châtierait, ceux qui comme moi, osent te dire aujourd’hui que ton église, c’est de la poubelle. Comment comprendre que tout le christianisme est basé sur l’amour et toi aujourd’hui tu me dis que ta Bible est exclusive ?

Tu me rappelles mes deux tantes. Une avait décidé de cacher ses marmites de nourriture aux autres enfants de son mari parce nés d’une autre femme. Et pourtant, elle sortait de l’église dite réveillée chaque soir. Elle refusait la nourriture aux enfants de son mari qui achetait pourtant cette nourriture. Dolores, pourquoi ? Parce que ces enfants étaient des… démons ? Mon autre tante elle, a caché son égoïsme derrière une église venant du Congo, une fondation dite du combat spirituel qui l’a emmenée elle, et ses enfants à refuser tout contact avec le reste de la famille au motif que nous sommes nés dans la sorcellerie, et l’impudicité. Oui, Dolores, le vocabulaire de vos églises est une bombe à retardement. Vos églises ont décidé de faire éclater les ménages, les familles, les amitiés. Elles tuent la cellule de base qu’est l’humanité. Qu’en sera-t-il des Etats alors ? Sors de là Dolores ! Sors de là ! Arrête de chercher Dieu dans une boucherie pareille. Dieu n’est pas dans cette exclusion. Dieu ne demande pas que l’amour d’un père et d’une mère, doit exclure l’amour d’autres pères et d’autres mères. Ce sont des cellules d’intolérance, des laboratoires de formatage de la négativité, des brasiers et des bombes à retardement. Ces églises te filent un opium silencieux, un liquide dont tu ne peux plus te passer et on te le file allègrement, pour calmer tes ardeurs ou toute velléité d’émancipation. Ces églises ne sont pas différentes des sectes djihadistes, salafistes, etc. Elles fabriquent de nouveaux monstres, déracinés de leur valeur familiale au profit de gourous et de prêtresses, entraînés pour déranger des gens faibles d’esprit.

Sur 30 radios FM présentes à Yaoundé, plus d’une quinzaine sont de ces églises. Il en va de même pour les images du câble. Bienvenue dans la propagande à outrance. On endort la jeunesse camerounaise. On la mutile, on la réduit à une illusion religieuse qui est théâtralisée par des cultes infinis, des délivrances pompeuses, du tapage nocturne, mais en fin de compte, des mirages certains. International Crisis Group a vu juste :

Le pentecôtisme et l’islam fondamentaliste évoluent dans des mondes à part en termes de modèle économique, de schéma de radicalisation et de basculement dans la violence, cela ne fait pas de doute.

Si on ne fait rien, ces églises (ou plus exactement, ces cellules d’enrôlement) feront déclencher les guerres de demain, si ce n’est déjà celles d’aujourd’hui. Dolores, je dénonce ton église ! Cameroun, berceau de nos ancêtres, comme dit l’hymne… Nos ancêtres pleurent ! Ils pleurent Dolores.


Amnesty International dénonce les bavures des forces de sécurité camerounaises

Le timing et l’opportunité de ce nouveau rapport de l’ONG Amnesty International peuvent laisser interrogateur. Trois jours après de nouveaux attentats suicides à l’Extrême-Nord du Cameroun, le même jour que le limogeage de deux officiers de l’armée camerounaise par le Chef de l’Etat Paul Biya, et le même jour que se tient à Yaoundé, un séminaire de formation sur l’avènement des points focaux « Droits de l’Homme » dans les brigades de gendarmerie au Cameroun.

Publication du Rapport de Amnesty International. Crédits Photos-Amnesty International.
Publication du Rapport de Amnesty International. Crédits Photos-Amnesty International.

Ce 16 septembre 2015, l’histoire retiendra que pendant que l’opinion publique camerounaise scande par chansons et par motions interposées qu’elle est et soutient l’armée camerounaise, voilà que cette armée est épinglée par Amnesty International dans son rapport rendu public à l’hôtel La Falaise de Yaoundé. Le document de 80 pages intitulé « Cameroun. Les droits humains en ligne de mire. La lutte contre Boko Haram et ses conséquences » met d’abord en lumière, les exactions commises par la secte islamiste avant d’attirer l’attention sur les abus et les bavures des forces de sécurité camerounaises.

Yaoundé, Hôtel La Falaise, 16 Septembre 2015. Crédits Photos-Amnesty International
Yaoundé, Hôtel La Falaise, 16 Septembre 2015. Crédits Photos-Amnesty International

Si «  Boko Haram a massacré près de 400 civils dans le nord du Cameroun, les forces de sécurité, par une réaction brutale et des conditions de détention inhumaines, ont provoqué des dizaines d’autres morts », d’après Amnesty International. Un constat suffisant pour choquer les journalistes camerounais présents dans la salle et qui ont accablé de questions les deux orateurs du jour, à savoir, Alioune Tine, Directeur régional Afrique de l’Ouest et du Centre et Ilaria Allegrozzi, Chercheur Afrique Centrale qui a interrogé plusieurs acteurs et témoins dans la perspective de la rédaction de ce rapport. A la question de savoir si Amnesty International met sur la même balance, des défenseurs de la nation (les forces de sécurité) avec des «  barbares » et des « bandits », Ilaria Allegrozzi répond « non » , mais ajoute que « ce rapport documente des violations des droits de l’homme et des crimes relevant du droit international commis par Boko Haram, mais nous avons aussi documenté la violation de ces mêmes droits perpétrés par les forces de sécurité camerounaises ». Tout en reconnaissant que ces forces ont joué un rôle fondamental dans la protection des civils au Nord du Cameroun, Ilaria Allegrozzi affirme que « lors de certaines opérations de sécurité, ces forces ont commis des bavures et des violations contre des populations qu’elles étaient supposées protéger ». Pour Amnesty International, l’une des recommandations imminentes au gouvernement camerounais est d’ouvrir une enquête impartiale et indépendante sur ces allégations. Le rapport met en avant des cas de disparitions forcées, des arrestations arbitraires et des destructions de biens pour étayer ces allégations. Des images satellites sont mêmes montrées dans le rapport pour signifier l’ampleur des bavures des forces de sécurité camerounaises. « Tout cela c’est de la manipulation », crie alors un fonctionnaire du ministère de la justice présent dans la salle et visiblement courroucé par les conclusions de l’OING. Ledit fonctionnaire dit posséder des rapports contradictoires élaborés par les structures camerounaises. Mais quand certains journalistes lui demanderont pourquoi le Cameroun est toujours dans la réaction et jamais dans l’anticipation. Pourquoi attendre la conférence de presse d’Amnesty International pour déplorer sa méthode ? Des questions sans réponse qui font dire à Amnesty International que la rédaction de ce rapport a été soumise à la confrontation des autorités camerounaises, mais plusieurs de ces requêtes n’ont pas obtenu de réponses.

Entretien avec Ilaria Allegrozzi. Crédits Photo-Amnesty International.
Entretien avec Ilaria Allegrozzi. Crédits Photo-Amnesty International.

Pour finir, notre question à Ilaria fut la suivante : « Dans un contexte aussi sensible, où les forces de sécurité camerounaises sont perçues par l’opinion publique camerounaise comme des héros qui protègent la Nation, est-ce qu’un tel rapport ne va pas être un peu fâcheux ? ». Elle répondra en ces termes :

« Notre rapport ne vise pas à démoraliser les forces de sécurité camerounaises. Notre rapport ne met pas sur le même pied d’égalité, les forces camerounaises et Boko Haram. Notre rapport ne fait pas l’analogie entre Boko Haram et les forces de sécurité. Notre rapport documente des crimes qui ont été perpétrés dans le cadre d’un conflit non armé international. Ce rapport vise à dénoncer certaines bavures et à encourager les autorités à faire la lumière sur certains faits ». Amnesty International ajoute qu’un dialogue franc a été ouvert avec les autorités camerounaises, dont la réaction à ce rapport est encore attendue.


Les femmes pour dire stop à la polio au Cameroun.

Vaccin Unicef

Depuis Octobre 2013, des campagnes multiples de vaccination contre la poliomyélite étaient organisées au Cameroun qui était devenu pays exportateur de polio virus sauvage au point où certains pays voisins comme le Tchad étaient même obligés d’alerter la population à travers des bulletins spécialisés comme celui-ci :

Extrait du Magazine "Les Nations Unies en action" Tchad, Janvier 2015.
Extrait du Magazine « Les Nations Unies en action » Tchad, Janvier 2015.

L’enjeu était donc devenu énorme. Sortir le Cameroun de la polio et avec lui, éviter la circulation du poliovirus sauvage dans la sous-région. De nombreuses missions de haut rang s’étaient donc rendues au Cameroun pour renforcer le plaidoyer en faveur de la vaccination systématique des enfants et des autres couches à risque. Au niveau national, des fora des gouverneurs de régions ont été organisés pour mobiliser les leaders religieux, les chefs traditionnels et les différentes communautés. Quelques mois après, Félicité Tchibindat Représentante de  l’Unicef peut se féliciter des différentes avancées en ces termes :

« Le dernier cas date de juillet 2014Nous célébrons plus d’une année sans nouveau cas de polio » 

A-t-elle déclaré le vendredi 11 Septembre 2015, à l’occasion de la cérémonie officielle de lancement du partenariat entre le MINPROFF (Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, et l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance) en faveur de la vaccination de et de la santé de l’enfant. La question qu’on pourrait se poser est de savoir pourquoi un tel accord alors que le Cameroun n’observe plus de cas depuis un an. Dans son discours, la Représentante de l’Unicef répond :

« En matière d’éradication de la polio, des progrès ont été réalisés certes ; mais l’arrêt de la circulation du virus, ne veut pas dire la fin des campagnes ».

Ce d’autant plus que le Cameroun n’avait plus que le Tchad voisin lui, connait cette avancée depuis deux ans, la vigilance et la surveillance sont de mise.

Extrait du Magazine "Les Nations Unies en action" Tchad, Janvier 2015.
Extrait du Magazine « Les Nations Unies en action » Tchad, Janvier 2015.

Pour éviter donc la survenue de nouveaux cas, le MINPROFF et ses associations féminines ont été mobilisés pour faire en sorte que la polio soit définitivement un mauvais souvenir au Cameroun.

« L’initiative que nous célébrons ensemble aujourd’hui est le prolongement normal de la mission confiée à ce département ministériel, à savoir la promotion du Droit de l’Enfant Camerounais à la santé et au-delà le Droit à la Participation de la Femme et le renforcement du lien social – fondement des liens entre les gouvernants et les populations ».  

Ajoute Félicité Tchibindat pour qui ce tournant de la lutte contre la polio est très décisif, surtout au vu des  difficultés à atteindre les populations des centres urbains et périurbains, comme dans les régions du Centre et du Littoral. En effet, ces deux régions du Cameroun affichent les indicateurs les plus mauvais au Cameroun:

Indicateurs Centre

Indicateurs Littoral

Les femmes s’engagent donc dans ces deux régions en priorité afin de contribuer à augmenter le niveau d’information des parents de 76% (Littoral), 83% (Centre) à au moins 95%. De même, contribuer à réduire le taux de refus de 16% (Littoral), 7% (Centre), à moins de 5%. Il s’agit alors pour ces femmes et leur ministère de tutelle de se mobiliser, de mobiliser les autres pour que la vaccination soit un réflexe. Au Cameroun, les femmes sont douées pour les campagnes politiques. Elles sont douées pour les meetings, et savent convaincre par leur facilité de mobilisation et de sensibilisation. C’est cette force qui leur est demandé à l’issue de la signature de cette convention, pour éradiquer définitivement la polio du Cameroun et de la planète. On peut donc aisément conclure avec Félicité Tchibindat :

« Les mouvements, réseaux des femmes sont bien organisés au Cameroun dans le cadre du rassemblement, de la mobilisation des populations ».


J’ai vu les réfugiés et les déplacés victimes de Boko Haram.

Des chiffres horribles qui donnent le tournis : Depuis Octobre 2014, 182 attaques ont été perpétrées par Boko Haram au Nigéria et dans les pays voisins. A ce jour, cette crise du Nord-est nigérian a déjà engendré plus de 1 million 580 mille déplacés internes, dont 81 000 au Cameroun, et 135 500 réfugiés, dont 56 400 qui se trouvent au Cameroun. Ces chiffres nous proviennent de l’OCHA (Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires) dont le Coordonnateur pour le Sahel, Toby LANZER, était ce samedi 12 Septembre 2015, aux côtés des réfugiés nigérians du Camp de Minauwo dans l’Extrême-Nord du Cameroun et aussi avec quelques camerounais déplacés internes, victimes eux aussi des exactions de la secte islamiste Boko Haram.

Toby Lanzer et les dignitaires de Minauwao
Toby Lanzer et Najat Rochdi avec les dignitaires de Minauwao

Malgré un contexte sécuritaire tendu, surtout après les récents attentats de Maroua et de Kerawa dans cette région du Cameroun,

Route embourbée de Minauwao
Route embourbée de Minauwao

malgré une route praticable mais qui embourbe les voitures par endroits, Toby LANZER, qui est aussi Sous-Secrétaire Général des Nations Unies, est venu surplace pour réitérer l’engagement humanitaire de l’ONU et de ses partenaires contre la souffrance.

« Il y’a beaucoup de raisons pour lesquelles il y’a de la souffrance au Sahel. Il y’a la dégradation de l’environnement, il y’a la pauvreté, il y’a les conflits »

nous dit Toby LANZER.

«  C’est pour cela que nous sommes ici dans le camp de Minauwao où près de 50.000 personnes ont fui le Nigéria pour prendre refuge ici au Cameroun parce que Boko Haram est entré dans leurs villages et a détruit des vies et leurs biens »

poursuit le Sous-Secrétaire Général des Nations-Unies. Alors Toby LANZER lance qu’il est impératif de soutenir les différentes équipes, agences, ONG et organisations internationales qui se déploient dans ce camp et dans tout le bassin du Lac Tchad, pour, dira Monsieur LANZER,

« pour soulager les populations, les appuyer avec leurs besoins, et faire en sorte qu’elles soient protégées en ayant accès aux vivres, à la santé , aux abris et à divers types d’intervention ». 

Dans ce registre d’interventions, l’éducation, la nutrition, la protection de l’enfance, la sécurité alimentaire, le Wash (Eau Hygiène et Assainissement), sont les plus urgentes et permanentes pour épauler les populations réfugiées et déplacées.

La Population :

            A Minauwao, selon Joseph BEYONGON, administrateur du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), « le camp a une superficie de 319 hectares, et compte environ 45094 réfugiés ». Ce chiffre est sans cesse en augmentation puisque « la semaine dernière, 263 nouveaux réfugiés sont arrivés dans le camp » ajoute Estève ELVY, Camp Manager Officer de IEDA RELIEF (International Emergency ans Development Aid). Avec une fréquence de 18 accouchements par semaine, la population s’agrandit, surtout que, selon l’infirmière accoucheuse de la maternité du camp, « pour l’instant on n’enregistre aucun cas de mortalité néonatale ». Cette bonne nouvelle est à mettre à l’actif de tous les bons indicateurs de santé du camp.

Femme en travail dans la maternité de Minauwao
Femme en travail dans la maternité de Minauwao

La santé :

Plusieurs intervenants s’activent ici dans le domaine de la santé : OMS (Organisation Mondiale de la Santé), MSF (Médecins Sans Frontières) Suisse, IMC (International Medical Corps), l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), etc. Des locaux aménagés prennent en charge tous les cas possibles en matière de santé, avec l’appui du District de santé de Mokolo, arrondissement où se trouve le camp de Minauwao. En ce moment, et ce depuis le mois de juillet, deux tours de vaccination contre le choléra sont organisés dans le camp. Un troisième tour est en vue dans les prochains jours pour éviter le déclenchement d’une éventuelle épidémie. De même, chaque famille de réfugiés qui fait irruption dans le camp, passe obligatoirement par le vaccin contre la poliomyélite dans la zone de transit avant le camp. Malheureusement, les problèmes de communication sont observables dans le camp. L’anglais est un luxe pour la majorité des réfugiés, alors il faut faire des efforts pour échanger en Haoussa ou en Kanuri avec les réfugiés, la faute à une scolarisation faible ou inexistante dans leurs pratiques culturelles.

L’éducation et la protection :

Etapes Unicef à Minauwao
Etapes Unicef à Minauwao

Avec son partenaire ALDEPA (Action Locale pour un Développement Participatif et Autogéré), l’UNICEF a mis en place dans le camp de Minawao, plus de 6 Espaces Amis des Enfants, des structures récréatives qui ont pour but la prise en charge psychosociale des enfants  selon Fatime TITI, l’une des travailleuses sociales qui travaille pour cette ONG.  « Nous occupons les enfants par tranches d’âge. En matinée ces sont les 3-5 ans, dans l’après-midi, ce sont les 6-18 ans. Nous animons les enfants avec des activités sportives et éducatives », ajoute la jeune Fatime. La prise en charge des enfants en situation d’urgence est une priorité nous dit-elle. Il est donc question d’apporter une réponse adéquate à ces enfants traumatisés par l’horreur de la barbarie qu’ils ont vécue et/ou subie. Fatime est d’autant plus fière que la fréquentation de ces espaces s’accroit de plus en plus. «  Au départ, il y’avait un seul espace dans le camp, et à présent, il y’en a six qui sont fonctionnels. On peut se retrouver à 600 enfants par semaine et par espace ».

Espace Amis des Enfants
Espace Amis des Enfants

La joie de vivre peut se lire dans ces enfants pour qui jouer à l’air libre et en toute sécurité est déjà une victoire, surtout que les parents sont désormais moins réticents à les laisser y aller. Du coup, même les écoles conventionnelles sont plus fréquentées. Un Lycée est même en construction avec du matériau durable.

La nutrition.

Chaque mois, le PAM (Programme Alimentaire Mondial) procède à la distribution des vivres aux populations du camp à travers l’ONG Public Concern qui alimente le camp avec des céréales, des haricots, de l’huile, du sel, des arômes, etc qui constituent un kit mensuel. Malgré cela, les habitants du camp s’adonnent aussi à leurs activités agropastorales. Beaucoup sont venus ici avec leur bétail et la vie se poursuit exactement comme elle se déroulait dans leurs villages avant l’arrivée du groupe Boko Haram.

Le Wash.

La scène qui marque est le lavage des mains systématiques des femmes du camp. Plus loin, les jeunes filles se chargent de puiser de l’eau dans les différents forages aménagés dans le camp, sans parler des activités de lessive aussi. L’eau coule dans le camp et l’hygiène est de mise. Des latrines aussi sot visibles de part et d’autre du camp ce qui confirme l’absence des cas de choléra et d’autres maladies hybrides dans le camp.

Lavage des mains dans le camp de Minauwao
Lavage des mains dans le camp de Minauwao

Tout ce déploiement humanitaire est le fait des ONG et des agences onusiennes, mais également la matérialisation des gouvernements du Cameroun, de la Suisse, du Japon, de la Grande Bretagne et de l’Union Européenne entre-autres.

Acteurs Humanitaires
Acteurs Humanitaires

Accompagné de Madame Najat ROCHDI, Coordinatrice du Système des Nations Unies au Cameroun, Toby LANZER a touché du doigt la réalité de ce camp des réfugiés et après plusieurs heures

Toby Lanzer
Toby Lanzer

à échanger et partager avec les familles réfugiées et déplacées, une conclusion naturelle se dégage de son séjour :

« Mon rôle c’est un rôle de plaidoyer pour faire en sorte de renforcer les moyens pour l’action humanitaire et j’espère bien que tout cela va stimuler le développement des populations et de la région. En fin de compte, sans éducation, sans la bonne santé, sans la stabilité, on n’ira pas loin. En même temps que l’action humanitaire se déploie, il est aussi capital que la stabilité soit une réalité dans cette région ».


Cameroun : la République du décret

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Chaque soir dans les journaux parlés de 17 h et de 20 h, la température monte d’un cran dans les ménages du Cameroun. La lecture des décisions, arrêtés et autres décrets détermine la marche de la République de Paul Biya. Dans ce pays, c’est le décret qui fabrique les gens, les stars, les talents, les leaders, les chefs, les directeurs, les patrons, etc. Depuis un moment, il n’est donc pas rare de vivre la montée d’adrénaline des uns et des autres qui sont allés se former pour enseigner, mais, ayant pris goût à la prise de décision et à la gestion des fonds publics, ces enseignants d’hier devenus directeurs de collège et proviseurs de lycée se satisfont de ces avantages juteux que sont les primes de technicité, les budgets de fonctionnements et autres crédits de lignes plus ou moins gratifiantes.

La logique des intérêts partisans

Ce sont ceux qui « fabriquent » ces proviseurs de lycées qui deviennent de vrais gourous, car leurs bureaux deviennent des laboratoires de tractations, de lobbying divers, émanant des logiques sectaires, politiques, et plus grave, de logiques tribales. Car, le Cameroun est une République d’intérêts cachés derrière des replis identitaires et ethniques dormants, qu’on croyait malheureusement révolus. Il n’est donc pas rare de voir des memoranda dits des gens du « Grand Nord », ou encore des élites bétis qui revendiquent tel ou tel positionnement politique. Alors depuis plus de trente ans, Paul Biya est obligé de faire des arbitrages politiques pour satisfaire les équilibres, comme si de nommer un originaire de tel département, c’est remplir le panier de la ménagère des ressortissants de tout le département. Surtout qu’à l’intérieur d’un département, il y’a d’autres logiques qui s’affrontent : si vous êtes dans le Mbam et Inoubou, les Bafia vous diront que le ministre Banen n’est pas des leurs, de même que les Yambassa, les Kon-Yambetta , les Sanaga, etc. exprimeront leurs exigences particulières. Les champions de ces positionnements sont les Bétis entre eux. Au sein d’un même groupe ethnique, les Eton en l’occurrence, lorsque les élites s’affrontent, elles vous diront que tel sénateur d’Okola ne doit pas parler au nom des Eton d’Obala ou au nom des Eton de Monatélé, ou pire, au nom des Manguissa de Sa’a. Le Cameroun est difficile à gérer, on le constate. Cette guerre perpétuelle des positionnements ethniques s’ajoute à l’équilibre « obligatoire » entre anglophones et francophones, héritage malheureusement d’une double tutelle de la France et de l’Angleterre sur le Cameroun. Ajoutez à cela, l’axe Nord-Sud qui constitue un équilibre entre ressortissants du Grand Nord et ceux dits du « Grand Sud » sous-entendu le Nord musulman et le Sud chrétien. Mais à y regarder de plus près, le fameux Grand Nord «musulman » était une illusion parce qu’après vérification, les trois régions du septentrion sont plus peuplées de chrétiens que de musulmans. Paul Biya l’ayant compris, a entrepris, dès son arrivée au pouvoir en 1982, de diviser le Grand Nord en trois régions distinctes. C’est ainsi qu’on a vite repéré que ce qui est désormais la région de l’Extrême-Nord était un territoire presque oublié dans le Cameroun du président Ahidjo. Alors Paul Biya s’est attaché les services d’Ayang Luc, éternel président du Conseil économique et social, Ahmadou Ali, vice-premier ministre actuel, et Cavaye Yeguié Dibril, éternel président de l’Assemblée nationale. Oui, l’Extrême-Nord est caressé dans le sens du poil par le régime Biya. On lui a attribué une université d’Etat, un aéroport international et autres infrastructures nées d’un décret de gratification de cette zone depuis lors très fidèle au régime de Yaoundé. Le Cameroun est un pays qui peut expliquer qu’avec plus de 200 ethnies, on se retrouve à distribuer plus de 60 postes ministériels, complétés par des nominations dans les entreprises publiques, les conseils d’administration, les universités et autres agences là où l’argent du contribuable se dépense allègrement au nom du décret.

La logique du décret qui régule la nation

Le décret est donc soumis à des logiques non scientifiques. La première d’entre elles est la filiation partisane (parti au pouvoir ou parti proche du pouvoir) ensuite, il y a les nombreux lobbies issus des filiations mystico-religieuses (églises conventionnelles, religions classiques, églises nouvelles, loges ésotériques, etc.) qui semblent tous se nourrir d’un encadrement des masses par le biais de la soupe des prêches et des homélies, qui apaisent les consciences d’une masse toujours plus endormie. Il y a enfin la logique de la filiation familiale. Certaines familles ont émergé du fait de leur proximité avec le colon d’avant ou le gouvernant actuel. Dans ces familles, lorsque l’époux est ancien ministre, l’épouse sera érigée en proviseure de lycée ou Directrice d’une administration centrale. Parfois, ce sont les fils et filles de ce ministre qui de par leur patronyme, deviennent les reflets d’une dynastie dans laquelle le mérite se situe au niveau de l’ADN. Conséquence, le Cameroun de Paul Biya est une République léthargique. Là où l’urgence est la meilleure forme de gouvernance, là où, la planification et l’anticipation n’entrent dans aucune logique administrative ou de politique publique, on attend tout du chef et on renvoie tout au chef. On attend qu’il décrète la fin de la récréation dans une cour qui est devenue trop bruyante au goût de la majorité des Camerounais. Le gouvernement brille par des scandales de gestion et d’insubordination des ministres vis-à-vis du premier ministre. Alors, les pontes du régime ayant compris comment le prince agit, inventent de-ci de-là, de pseudo remaniements pour décourager le prince d’effectuer un vrai remaniement attendu depuis au moins l’année 2011. Car au Cameroun, pour éviter le décret, il suffit d’évoquer l’éventualité de ce décret. Alors, le signataire du décret, se sentant prévisible, joue la carte discrétionnaire et se sert du pouvoir qu’il a de décider ou pas, de signer ou pas. Alors le cœur de la République bat au rythme d’une expression très courue : nominations.

Le Cameroun des grandes nominations

Les diplomates sortis de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) attendent leur nomination comme ambassadeur dans une représentation diplomatique. Les diplômés de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam)  attendent leur nomination à la préfecture ou à la sous-préfecture d’une localité. Que dire des gouverneurs des régions ? Que dire des super maires (délégués auprès des communautés urbaines) nommés et pas élus ? Que dire des directeurs et adjoints des entreprises ? Que dire des nominations des généraux et des colonels au sein de l’armée ? Que dire même des nominations qui n’ont rien à voir avec le pouvoir, à l’exemple de la nomination de l’archevêque métropolitain de la province ecclésiastique de Yaoundé ? Là bas aussi, les logiques tribales, familiales et filiales sont respectées et avant le décret du Vatican, il existe des tractations entre le Nonce et les autorités politiques. L’Eglise de Yaoundé a même brillé un moment par son intolérance, en boudant  les pasteurs ressortissants bassa et bamiléké qui au goût des populations locales, n’étaient pas des natifs de Yaoundé, donc pas susceptibles de bien gérer l’église locale. Oui, même dans la maison de Dieu, la nomination obéit à la loi de la discrimination ethnique. Récemment à la Cameroon Radio Télévision (CRTV), la nomination à titre intérimaire à la station régionale du centre (Région de Yaoundé) d’un ressortissant de Garoua (Région du Nord) a fait parler l’élite Béti. Lorsque le conseil d’administration a siégé, le ressortissant du Nord n’a pas été confirmé et c’est une originaire du centre qui a hérité du poste de chef de station. Est-ce à dire alors qu’au littoral il faudra absolument un Sawa ? Qu’à l’Ouest, il faut absolument un Bamiléké ? Si cette logique doit être respectée, que deviendront les minorités ethniques du Cameroun ? Pourtant, pour taire ces pseudo querelles, le président Biya lui-même avait démenti une rumeur selon laquelle un Bamiléké ne pourra jamais hériter du poste présidentiel au Cameroun. Il avait alors nommé un Bamiléké au secrétariat général de son parti, et un autre à la tête du Sénat, c’est-à-dire le successeur constitutionnel du chef de l’Etat en cas de vacance du pouvoir. Parlant de cette même vacance, le Cameroun a connu en 1982 une « passation » entre Biya et Ahidjo. Ce dernier ayant démissionné de ses fonctions, son successeur constitutionnel (Biya) a donc hérité du poste. Depuis lors, on parle de la logique du dauphin constitutionnel au Cameroun. En d’autres termes, le prochain président ne sera pas élu, il sera choisi (nommé) par son prédécesseur.

La logique Nord-Sud

Comme en Côte d’Ivoire, comme en République du Congo et dans d’autres pays de la Françafrique, le Cameroun a depuis l’époque coloniale établi de manière officieuse, le fameux axe Nord-Sud, qui veut qu’ Ahidjo, ait succédé à un premier ministre du Centre-Sud, et celui qui lui a succédé est venu également du Centre-Sud. Logiquement, le pouvoir de Paul Biya sera remis aux gens du Grand Nord. Mais qui sont les gens du Grand Nord ? Ce seront les Fulani ? Les Gbaya ? Les Massa ? Les Kotoko ? Les Moundang ? Les Guiziga ? Les Kapsiki ? Les Toupouri ? Les Mbororo ? Les Hauoussa ? Les Arabes-Choas ? Les Mousgoun ? Les Peul ? Qui donc ? Si ce sont les Toupouris, viendront-ils de Ngaoundéré, de Garoua ou de Maroua ? Si ce sont les Gbaya, viendront-ils du Nord ou de l’Adamaoua ? Si ce sont les Mbororo, viendront-ils du Nord-Ouest ? de l’Adamaoua ou de l’Ouest où ils se trouvent aussi ? Si ce sont les Fulani, viendront-ils de l’Est ou du Centre où ils sont installés depuis des années ? Ayons le courage de dire que la logique Nord-Sud n’est plus une vérité mathématique au Cameroun. Les ressortissants dits du Grand Nord sont simplement une invocation à la satisfaction des intérêts égoïstes quand il s’agit de se partager le pouvoir du gâteau national. A la CRTV, autant les Beti ont refusé la confirmation d’un nordiste à la tête de la station régionale du Centre, autant c’est un ressortissant du Centre qui sera désormais chef de station de la CRTV à Garoua au Nord. Que cela emmène les uns et les autres à penser un peu. Le Cameroun est un et indivisible, du moins dans le principe. Aujourd’hui encore dans le championnat de football local, c’est Coton Sport de Garoua qui est devenu Champion 2015 au Cameroun, pendant qu’au même moment, Tonnerre de Yaoundé et Canon de Yaoundé, deux équipes les plus titrées du Cameroun et anciennes championnes d’Afrique, sont reléguées en Ligue 2. La roue tourne, c’est ainsi la logique de l’histoire. Pendant longtemps, le Centre-Sud dominait en matière de football, désormais le vent souffle depuis le Nord. Au fait, j’oubliais : au Cameroun, les choses peuvent changer à tout moment. Ne soyons donc pas surpris qu’un décret vienne demain empêcher la relégation de Canon et de Tonnerre.

La logique tribale n’a donc plus sa raison d’être au Cameroun, et même les décrets devraient arrêter d’en tenir compte. Le mérite doit guider les générations du Cameroun de demain. Les anglophones nés à Yaoundé, les Bamilékés nés à Douala ou les Fulani nés à Bamenda, sont des Camerounais. Un point, un trait.


Je suis agent de santé et ma bicyclette sauve des vies

Roger et Martine. Deux agents de santé dont nous suivons les traces à bicyclette dans la localité de Touloum.

Boyo Roger en pleine sensibilisation dans un Saré
Boyo Roger en pleine sensibilisation dans un Saré

 Je m’appelle Boyo Roger. Je suis ASC (Agent de santé communautaire) du centre médical d’arrondissement de Touloum (Extrême-Nord du Cameroun). Le 26 octobre 2014, on m’a remis cette bicyclette. Avec elle, je sillonne les quartiers et les villages pour rendre visite aux femmes enceintes, aux mamans et aux nouveaux nés. Mon kit médical me permet de soigner les bébés qui souffrent de diarrhée, je fais des examens sanguins, et j’ai même un registre de consultations que je communique automatiquement au centre de santé. Avec cette bicyclette, on parcourt des kilomètres chaque jour sans difficulté alors qu’avant, on devait effectuer ces mêmes trajets à pied. Grâce à cela la mobilisation sociale est une réalité ici et le centre de santé est plus fréquenté.

Bicyclettes des ASC de Touloum
Bicyclettes des ASC de Touloum

Ils sont 10 agents communautaires formés dans le cadre du projet SIDA/H4+ ici à Touloum. Ils sont mobilisateurs, sensibilisateurs et administrent des conseils médicaux et des premiers soins. Leur suivi méthodique a développé un capital- confiance auprès des femmes de la communauté qui, pour la plupart encore ne fréquentaient pas l’hôpital il y’a un an.

Un agent C4D de Touloum
Un agent C4D de Touloum

Aidés en cela par d’autres mobilisateurs que sont les pools C4D (Communicateurs pour le changement de comportement), les ruelles des Saré (habitations des populations du Sahel) sont arpentées chaque jour par les ASC pour appeler à la vaccination, à la consultation prénatale, à l’accouchement en milieu hospitalier, etc. Dans cette localité et dans tout le district de santé de Guidiguis, l’Unicef a appuyé les aires de santé à travers la formation du personnel, la fourniture d’une banque de sang, l’approvisionnement de la pharmacie et la prise en charge des agents de santé communautaire.

Wawa Martine
Wawa Martine

Je m’appelle Wawa Martine. Moi aussi je suis agent de santé communautaire. J’ai été formée dans le cadre de ce projet SIDA/H4+ pour apporter assistance aux populations vulnérables de ma localité. Nous avons pour mission d’emmener les femmes à adopter les pratiques familiales essentielles et à fréquenter systématiquement les centres de santé. Dans le quotidien, nous insistons pour qu’elles fassent attention à leur hygiène, au lavage des mains et à l’utilisation des latrines. Je dois vous dire que moi-même je suis maman et j’ai pratiqué l’allaitement maternel exclusif pendant 6 mois et sans une goutte d’eau et mon enfant se portait à merveille. Avec ma bicyclette, je me sers de mon propre témoignage pour sensibiliser les femmes, organiser des causeries éducatives deux fois par semaine, et les résultats sont visibles aujourd’hui puisque le centre de santé est fréquenté et il y’a moins de décès de femmes et d’enfants ici à Touloum.


Radio Bon Berger ou le pouvoir des IEC

Ceux qui doutaient encore du pouvoir des IEC (Information-Education-Communication) auront un cas d’école pour revoir leur position. Il s’agit de Radio Bon Berger, située en plein cœur de la ville de Kaélé, chef-lieu du département du Mayo-Kani, région de l’Extrême-Nord au Cameroun.

Dagui Bakari
Dagui Bakari

En entrant dans les locaux de cette radio, on aperçoit Dagui Bakari, animateur de langue française dans la station. Ici, ce sont 5 langues : guizigua, toupouri, fufuldé, moudang et français qui sont parlées par les différents animateurs. Cette diversité linguistique permet d’avoir un large auditoire du Mayo Danay, au Mayo Kani, sans oublier le Mayo Louti, et même quelques localités du Tchad voisin. En plus d’être une radio communautaire, Radio Bon Berger est une radio transfrontalière, ce qui lui confère un statut particulier auprès des agences du système des Nations unies. Il n’est donc pas étonnant que cette radio ait été choisie par l’UNFPA (l’agence onusienne chargée de la population) afin de mettre en œuvre le volet communication et sensibilisation des masses dans le cadre du projet SIDA/H4+, visant à accélérer les progrès en matière de santé maternelle, néonatale et infantile au Cameroun.

Yaya Pitcheme, Chef de Station de Radio Bon Berger
Yaya Pitcheme, chef de la station  Radio Bon Berger

Formés récemment à la diffusion des messages sur les Pratiques familiales essentielles, lors de l’Atelier des radios transfrontalières organisé par l’Unicef dans la ville de Bertoua, les personnels de Radio Bon Berger, et notamment son chef de station, Yaya Pitcheme, sont aguerris en ce qui concerne la production de microprogrammes pour le changement de comportement. L’un de ces microprogrammes est le magazine « Santé Plus » dont l’UNFPA finance la production depuis décembre 2014.

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Collaboration H4+ et Radio Bon Berger

Les cibles étaient des populations reculées, des comités d’écoute appelés brigade ont été mis en place pour s’assurer que les émissions diffusées ont un impact réel sur la vie des populations. Dagui Bakari se félicite du fait que chaque jeudi, pendant la diffusion de l’émission « Parole aux auditeurs », des témoignages fusent de partout pour saluer l’impulsion grâce à laquelle les messages de la radio ont permis aux familles de fréquenter les centres de santé, aux jeunes d’avoir une sexualité responsable,  et aux femmes de consulter, ainsi que d’accoucher dans les centres hospitaliers.

« Dans notre culture, ce n’était pas évident pour une femme d’accepter de consulter un médecin ou un infirmier homme »

nous dit Diabou Martine, animatrice en langue guizigua.

Ses propos en tant que femme ont levé plusieurs tabous et désormais, la fréquentation des maternités est une réalité dans la localité.

« Plusieurs femmes sont parties de leurs villages lointains, se sont arrêtées dans notre radio et nous ont demandé de les accompagner à l’hôpital. Vous voyez que la radio est devenue pratiquement un centre social »,

ajoute Martine, fière de cet acquis.

Dagui et Yaya en studio
Dagui et Yaya en studio

Emettant de manière autonome de 5 h 30 à 10 h 15, puis de 16 h à 21 h chaque jour sur la fréquence 99.0 FM, la radio marque quelque temps d’arrêt pour prendre en relais la station régionale de l’Extrême-Nord, ou encore le poste national de la CRTV, pour les éditions des journaux.

« Car une radio communautaire doit pouvoir aussi permettre à ses auditeurs de savoir ce qui se passe dans le pays et dans le monde. Et avec la crise sécuritaire liée à Boko Haram, les tranches d’information sont fondamentales »

nous confie Yaya Pitcheme, le chef de station. Créée au départ pour être une simple radio chrétienne, la radio Bon Berger, impulsée par le Conseil des églises protestantes du Cameroun (CEPCA) est devenue par la force des choses, une radio citoyenne, utilisant les outils IEC pour toucher les populations.

«  Nous restons des bergers pour autant. Nous ne faisons pas dans la propagande chrétienne, mais nous pensons qu’en sensibilisant les populations, en impulsant le changement de comportement dans la santé maternelle, dans la santé néonatale et infantile et dans la santé de reproduction, voilà le meilleur Evangile qu’il nous soit donné de prêcher ».


Cameroun : pour que la mort n’arrache plus les donneuses de vie

Un médecin, un sous-préfet, un Lamido et une déléguée régionale de la santé louent ensemble les résultats d’un projet qui a changé les vies des populations du district de santé de Guidiguis.

Dr Fabrice BIONGOL
Le docteur Fabrice Biongol

« Depuis le début de l’année 2015, nous n’avons aucun cas de décès maternel et infantile ».

C’est une phrase forte du jeune docteur en médecine, Biongol Fabrice, médecin-chef du centre médical d’arrondissement de Touloum, une aire de santé de 25 500 habitants, dans le département du Mayo Kani, dans l’Extrême-Nord. Jusque-là, cette localité contribuait aux mauvais indicateurs de la région parmi lesquels 3 % de taux de prévalence du VIH parmi les femmes enceintes. Pas plus de 23 % des femmes accouchaient dans un centre de santé. Pour corriger ces mauvaises habitudes, cause de 168 décès de nouveau-nés sur 1 000, les agences des Nations unies*, l’Agence suédoise pour le développement international et la Banque mondiale ont décidé de collaborer à l’accélération des progrès en santé maternelle, néonatale et infantile au Cameroun. Leur initiative SIDA/H4+, a permis la formation des ressources humaines, le renforcement du système d’information sanitaire, l’offre des soins,  etc.

 « Sans le H4+, on aurait eu du mal à améliorer nos indicateurs »,

ajoute le Docteur Biongol.  Par rapport à 2014, on observe 10 % d’augmentation de femmes qui accouchent en milieu hospitalier, seulement pour le 1er semestre de 2015. Le taux de consultations prénatales a augmenté de 15 % par rapport à l’année dernière, toujours au 1er semestre 2015. Et le docteur de poursuivre :

«  Plusieurs enfants établissaient leur acte de naissance seulement lorsqu’ils allaient en classe de 6e. L’an passé, il y’avait en tout 65 déclarations de santé dans le centre médical d’arrondissement, mais au premier semestre de l’année 2015, nous en sommes déjà à 47 déclarations de naissance ».

Avec le matériel reçu du projet Sida/H4+ (boîtes d’accouchement, matériel de réanimation des nouveau-nés, berceaux, brancards, les consommables, etc.), même la prise de décision est devenue plus facile pour les femmes. On les croise désormais dans les couloirs de la maternité de Touloum, réduisant les anciennes accoucheuses traditionnelles au chômage.

L’aire de santé de Touloum appartient au district de santé de Guidiguis, l’un des 7 districts retenus dans l’Extrême-Nord pour le projet SIDA/H4+. Et depuis le 17 mai 2013, la chefferie traditionnelle de cette localité est assurée par le Lamido Aliou Amadou. A son actif : une double casquette de technicien médico-sanitaire :

« Je savais qu’à Guidiguis dans mon canton, les clignotants étaient au rouge sur le plan sanitaire. Si le projet SIDA/H4+ n’était pas né, il allait naître pour Guidiguis ». Lamido explique comment le projet a changé des vies : «  Je vais prendre un seul exemple, parlant de la localité de Guérémé : le taux de fréquentation de la maternité était d’un seul patient par mois. Aujourd’hui, nous sommes à 52 % de taux de fréquentation ».

Lamido ALIOU AMADOU
Le lamido Aliou Amadou

Ayant mobilisé tous les chefs de 2e et de 3e degré, le Lamido a obtenu ces chiffres éloquents grâce à une sensibilisation de masse qui a réveillé les consciences des populations de son canton.  Ayant identifié toutes les femmes enceintes du canton, elles ont été toutes inscrites dans les différents centres de santé. Mieux, en sa qualité d’officier d’état civil, il s’assure que les actes de naissance sont établis et se charge de les distribuer lui-même dans chaque domicile.

A cause des indicateurs socioéconomiques faibles, la population de Guidiguis, éparpillée dans 480 km2 de superficie, est vulnérable. Pour le sous-préfet Abdou Djalilou, il était impératif d’implanter ce projet dans son unité de commandement. Avant, dit-il :

« Nous avions des pratiques culturelles néfastes dans nos familles. Aujourd’hui, nous sommes dans les pratiques familiales essentielles ».

Ss Prefet ABDOU DJALILOU
Le sous-préfetAbdou Djalilou

Nommant précisément la consultation prénatale, l’allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois de la naissance, la vaccination et l’enregistrement des naissances, le sous-préfet a rappelé cette phrase choc :

« Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie ».

Une phrase qu’il répète à souhait dans chaque réunion de plaidoyer qu’il préside devant les autorités traditionnelles et les ministres du culte. Convaincu comme il dit lui-même que :

 « C’est la répétition des messages qui transforme les vies ». 

Force est de constater que ces initiatives ont apporté une amélioration, une amélioration que la déléguée souhaite désormais voir étendre sur toute la région.

Agences des Nations unies : OMS, UNFPA, ONUSIDA, ONUFEMMES, UNICEF


Vous avez dit Lionnes Indomptables ?

Si le Cameroun a bien pris part à la Coupe du monde de football féminine, le quotidien de ses joueuses est bien différent de leurs homologues masculins…

Tu sais Dolorès, pour une fois, j’ai applaudi les journalistes de la télévision privée Canal II International. Eux au moins ne se comportent pas comme ceux de Equinoxe Télévision qui reprennent les signaux des chaînes internationales pour relayer les matchs de football dont ils n’ont aucun droit.

Passons ! A Canal II, on essaie d’être professionnel et à défaut d’avoir les droits de retransmission de la Coupe du Monde de Football Féminin, on nous immerge dans le quotidien des familles de quelques Lionnes indomptables.

Lionnes Indomptables en selfie
Lionnes Indomptables en selfie

On a donc pu voir la vie des familles d’Enganamouit, de Meffometou et de Zouga, entre autres. Voilà un vrai reportage télé qui nous fait vivre la misère de ces familles dont les filles, plongées quelque part en Amérique du Nord, défendent les couleurs d’un pays qui ne s’est pas empressé de les encadrer, qui ne leur a pas offert une préparation digne de ce nom, et qui ne leur a même pas versé leurs primes de participation.

Des lionnes, des vraies

Et pourtant, ces vaillantes lionnes ont accédé au deuxième tour de leur première Coupe du monde. Elles méritaient mieux, mais pour tous les Camerounais, leur participation est un exploit. Un exploit pour un pays dont le championnat féminin est arrêté. Un exploit pour des jeunes filles que seuls le zèle et le patriotisme ont conduit jusqu’à ce niveau. Ce sont des vraies lionnes, et Yannick Noah avait bien raison :

Tu sais Dolorès, je voudrais bien voir la tête de tous ces récupérateurs politiques. De même que Françoise Mbango a obtenu deux fois l’or aux Jeux Olympiques, de même que ces mêmes lionnes ont obtenu la médaille d’or aux Jeux Africains en 2011, de même que les volleyeuses ont été plusieurs fois au podium de l’Afrique (et récemment encore à Nairobi), les Lionnes indomptables sont de véritables Reines d’Afrique :

Ces femmes que nous méprisons

Alors je te parle des Lionnes indomptables, ces femmes que nous insultons, méprisons, battons, négligeons. Ces femmes qui, pour être représentées à 30 % du parlement camerounais ont lutté à travers plusieurs décennies de plaidoyer. Ces femmes à qui on n’attribue pas encore un poste de Premier Ministre ou de Vice-Premier Ministre, encore moins Secrétaire Générale à la Présidence ou même ailleurs. Les postes clés sont attribués aux hommes.

Et pourtant, à compétence égale, une femme peut diriger et même mieux qu’un homme. Sommes-nous donc dans un pays clairement macho ? La femme est encore marginalisée dans le positionnement social du pays. On la confine à hurler dans les meetings politiques. On la réduit à applaudir, crier, et pleurer dans les cérémonies et les deuils. On la mobilise surtout pour la cuisine et nos désirs sexuels. Oui, ayons le courage d’affirmer que nous maltraitons nos lionnes. Nous les domptons au gré de nos muscles, nos critiques acerbes, et nos moqueries permanentes. Nous les abrutissons donc véritablement, à tel point que beaucoup de filles, toujours dans le souci de nous plaire nous, mâles, se dénudent pour attirer notre attention, vendent leur corps pour attiser notre sensualité, se muent en « panthères » pour espérer le soutirage subtil de notre porte-monnaie.

Autonomisation des filles.

A qui la faute ? Leur avons-nous appris à s’autonomiser ? Avons-nous cessé de les offrir à nos gendres moyennant une forte dot qui n’est rien d’autre qu’un troc commercial en bonne et due forme ? Pourquoi la fille n’hérite t-elle pas au Cameroun ? Pourquoi la fille n’a pas droit aux terres comme ses frères ? Pourquoi l’envoyons-nous en mariage avant ses 18 ans ? Pourquoi l’écartons-nous de nos conversations « savantes » lorsqu’on est au salon ? Pourquoi lui interdisons-nous certaines viandes et certaines nourritures ? Pourquoi devons-nous la priver de plaisir en l’excisant et en lui imposant nos mutilations génitales. Pourquoi devons-nous lui repasser les seins parce qu’ils poussent trop vite à notre goût ? Pourquoi ? Parce que nous croyons qu’elles doivent grandir différemment que les garçons ? Que leur place est dans l’apprentissage de la couture, la coiffure et la cuisine, tandis que nous, nous avons vocation à gérer, contrôler, commander ? Non ! Les femmes et les hommes sont assis côte à côte, partenaires à vie. Les femmes sont toutes des reines, elles le sont dès l’enfance.

Alors accueillons, applaudissons, félicitons, encourageons les Lionnes indomptables. Elles ont montré aux hommes que le football n’a pas de sexe. Tiens Dolorès, de 1998 à 2014, les lions garçons ont participé à quatre coupes du monde. Ils ont encaissé plus de 20 buts pour en marquer seulement 7. Les filles elles, en une seule Coupe du monde, ont encaissé 4 buts pour en marquer 9. Les faits sont têtus n’est-ce pas ? Vivement 2016 avec la Coupe d’Afrique des Nations féminine que le Cameroun organise. Pour une fois, que les décideurs de mon pays fassent preuve de discernement et de sagesse. Pour une fois, considérez ces femmes, nos femmes !