Djarma Acheikh Ahmat Attidjani

Tchad: le procureur annonce être sous l’ordre du gouvernement

Au Tchad, 18 personnes, principalement des militants de la société civile, des leaders des Jeunes, mais également le chef du parti politique, ont été arrêtés samedi 6 février 2016 alors qu’ils venaient d’entamer une marche pacifique à Ndjamena pour protester contre la suspension des intégrations à la fonction publique.

Les responsables du Collectif des associations et mouvements de la jeunesse du Tchad (Camojet) à l’origine de la marche, des responsables d’ONG de défense des droits de l’homme et Mahamat Barh Béchir, président du Rassemblement patriotique du renouveau, un parti politique ont été mise en prison pour trouble à l’ordre public selon la police.

Ce matin du 8 février 2016, les accusés ont été transféré au parquet général de N’djamena. Le procureur annonce ainsi la libération des accusés présumés sous l’ordre du gouvernement.
«Nous avons reçu l’ordre de l’exécutif de vous libérer. Aucune charge n’est retenue contre vous. L’exécutif ( le gouvernement: ndrl) s’engage à être désormais à votre écoute.» annonce-t-il dans la salle.

Pour les ONG de droit de l’homme et la jeunesse tchadienne, ceci est un aveux de plus qu’au Tchad, la justice est sous l’ordre du gouvernement et du président dictateur Idriss Deby. Ce dernier depuis 25 ans est à lui seul bourreau, avocat et juge. L’indépendance de la justice au Tchad n’est que mensonge et illusion.

Ainsi, on s’interroge si la justice a reçu l’ordre de Deby et du gouvernement de déclarer un non-lieu dans l’enquête sur la disparation de l’opposant tchadien Ibni Oumar Mahamat Saleh?
A-t-elle reçu aussi l’ordre d’étouffer l’enquête sur les responsables des tortures des élèves et étudiants le 09 mars 2015 à N’djamena?
A-t-elle reçu des instructions sur la procédure du jugement d’Hissein Habré au Sénégal par la Chambre africaine extraordinaire? Les propos du procureur l’affirme.

Djarma Acheikh
Jeunes Tchad


Alternance démocratique, véritable défi pour le Tchad

Mesdames et Messieurs les journalistes

Chers participants

La liberté politique dit-on existe lorsque les citoyens peuvent exercer une juste part du monopole gouvernemental.

Plusieurs années des guerres civiles, des gouvernances autoritaires et corrompues, des situations sociales et économiques misérables, la dégradation du système éducatif sur fond de la promotion de l’incompétence et de l’analphabétisme ont marqué l’histoire de cette nation.

Tous ces facteurs sociaux, politiques, culturels et éducatifs, sont susceptibles d’affecter la question de l’alternance démocratique au Tchad. Et Plusieurs facteurs endogènes comme exogènes entrent en jeu. Une bonne connaissance du terrain est exigée et seul les tchadiens peuvent résoudre cette équation à plusieurs inconnues.

En effet, nous rappelons une fois de plus, qu’en 25 ans de règne du régime politique actuel, le Tchad n’a connu que de déchéances. Bref, une déliquescence totale de l’État Tchadien, déliquescence marquée par plusieurs maux accumulés durant des années.

Le Tchad a réellement besoin de l’alternance démocratique. Malheureusement, elle ne peut être possible qu’avec le soutien de la France. Autrement dit, si l’ancienne puissance coloniale du Tchad, remet en cause sa politique traditionnelle, après la brillante  étude réalisée par l’enseignant chercheur Roland Marchal, (étude réalisée à l’initiative du Comité de Suivi de l’appel à la Paix et à la Réconciliation) publiée en Avril 2015  et intitulée Petites et grandes controverses de la politique française et Européenne au Tchad, la France aura franchit une étape importante dans le respect des valeurs que nous lui connaissions.

Le Tchad est un pays qui a connu une évolution politique et sociale très tumultueuse et très compliquée par rapport aux autres Etats d’Afrique.

Pour toute révolution ou toute autre entreprise humaine, les ressources humaines sont très importantes. Le Tchad a besoin des ressources humaines, qui ne seront pas nécessairement les  universitaires, car nous avons vu et voyons leurs attitudes honteuses. Ils se sont rangés derrière un despote inculte et apportent leurs expertises pour la destruction de la nation tchadienne.

Au Tchad, il nous faut évidemment des personnels de haut niveau, mais des experts vertueux qui ne vivent pas de la politique. La classe dirigeante actuelle, est truffée des personnels inutiles, malhonnêtes, non qualifiés et non essentiels pour le bien-être de la République. Vouloir bâtir une République avec ceux qui se sont hissés au sommet de l’Etat par tricheries et trafics d’influence sera une entreprise d’avance vouée à l’échec.

Nous nous demandons alors où aurons-nous le personnel vertueux et qualifié après 25 années de gabegie ? Heureusement, ils existent encore des hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, qui souffrent et qui ont souffert depuis des années et qui continuent à se battre contre les injustices. C’est donc à ceux-là qu’il faut confier la mission.

Dans notre contexte tchadien, les philosophes seront ceux qui, humblement et misérablement sont au service de l’Etat, mais hautement qualifiés. La volonté politique et populaire est le seul facteur qui manque. Notre pays dispose la volonté politique et populaire, mais en état latente.

Malheureusement, l’attitude peut honnête et incompréhensible, des responsables de l’opposition politique éteint tout élan de révolte face à l’injustice et à l’imposture inouïe. Alors, qu’à cause de leur passivité de centaines d’enfants meurent de malnutrition et de maladies. La classe politique est pertinemment consciente de la situation explosive du Tchad. Cependant, la classe politique essaye comme à l’accoutumée, d’accompagner l’imposture du despote Idriss Deby et nous constatons l’architecture de l’imposture à travers les recensements biométriques.

Toutefois, la volonté d’un peuple n’est jamais tarissable. Si la société civile ne tente pas de renverser la tendance, le peuple allumera le feu!

Le despote Idriss Deby, chef de l’imposture politique du siècle, vivant ou mort, partira! Pensons désormais à comment organiser un forum sans Deby, et sans les experts cupides et malhonnêtes.

Les Tchadiens, ne croient pas à l’alternance démocratique dans les pays où, la France positionne sa force militaire. Ils sont réduits au silence du fait que les chefs d’Etat qui les oppriment sont souvent ovationnés à l’Elysée.

En effet, nous osons dire qu’aujourd’hui, l’alternance démocratique en Afrique suscite peu d’enthousiasme dans la politique française. Celle-ci se limite au principe selon lequel mieux  vaut avoir pour interlocuteur celui qu’on connaît le mieux et maîtrisé c’est –à-dire celui qui peut rendre service à la France. C’est ainsi que certaines figures de la classe politique française défendent la conception selon laquelle Paris doit continuer à garder à tout prix les liens déjà tissés depuis le temps colonial avec ces pays.

Si non comment comprendre que la déclaration du  président de la République à l’occasion du 55ème anniversaire de l’accession à l’indépendance dans le but d’éviter le chaos à ce pays » disait t-il. Autrement dit, il n’a jamais envisagé l’existence du Tchad sans lui et qu’il ne quittera pas le pouvoir après 25 ans. N’a enregistré aucun commentaire de la classe politique française  qui a bel et bien suivi ce discours. Le peuple Tchadien est surpris par le silence de la France face au résultat de la prochaine élection présidentielle de 2016 déjà connu et de l’auto-proclamation comme président à l’issue de cette élection de 2016 au Tchad.

Pour arriver à une possible alternance démocratique au Tchad,  la classe politique française a quelques obligations morales :

  • Encourager le Chef de l’Etat à la tenue des élections crédibles, libres et transparentes ;
  • Soutenir les mouvements de la société civile qui revendiquent des élections crédibles, libres et transparentes ;
  • Exhorter le Président Deby à ne pas déposer sa candidature pour le permettre de servir son pays à travers l’implication de tous les acteurs aux instances de prises de décisions.

Face à ce défi de l’alternance démocratique que pourrions-nous aisément affirmer sans risque de nous tromper que le Tchad n’est pas un Etat de Droit. Parce que les principes de primauté de droit est basée sur l’arbitraire et la formule de « nul n’est au-dessus de la loi » ne s’applique pas à tout le monde dans ce système. Cela suppose qu’il y a des règles juridiques opérationnelles, impersonnelles, impératives et exécutoire  (sanctionne) sans que le juge n’invente un délit ou un crime qui n’est pas prévu par la loi. Et qu’un délit correspond à une peine proportionnelle.

Le respect de la loi et de la hiérarchie des normes constitue l’une des plus importantes garanties de l’Etat de droit que nous pouvons énumérés :

  • La constitution
  • Les engagements internationaux ;
  • Les lois internes.

Cette base juridique s’impose à l’ensemble des personnes juridiques y compris lui-même qui devient un sujet de droit comme tout autre personne physique ou morale. L’Etat de droit s’oppose à l’autoritarisme des dictateurs et tyrans qui n’ont guère leur place dans cette société. Moins encore d’une monarchie au mépris des droits fondamentaux.

Le peuple tchadien a connu assez de souffrances pour vouloir vivre désormais dans un Etat où règne la bonne gouvernance. Elle aspire à une nation dans la quelle coexistent :

  • Une volonté politique réelle dans la gestion de la chose publique ;
  • Une transparence dans la gestion des ressources publiques ;
  • Une séparation effective des pouvoirs (Exécutif, Législatif et Judiciaire) ;
  • Une application impartiale de la loi sur le détournement et la corruption pour tous sans distinction aucune;
  • Une instauration d’un comité de surveillance et de suivi des projets régionaux et nationaux ;
  • Une implication effective de tous les acteurs dans le processus d’élaboration et de mise en place des projets.
  • Une organisation des élections libres et transparentes des députés à l’assemblée nationale (que ceux-ci ne soient pas imposés par le parti au Pouvoir) ;
  • Une implication des communautés locales et de la société civile dans la gestion de la chose publique.
  • Une mise en place d’un programme national d’éducation civique ;
  • Le respect des droits de l’homme ;
  • Une indépendance réelle de la justice surtout vis-à-vis du pouvoir Exécutif ;
  • Des nominations des personnes compétentes aux postes de responsabilités à différent niveau des services de l’état.

Pendant des décennies, le peuple a croupi sous le joug de la misère entretenue par les autorités qui se donnent le luxe de dresser des embûches au bien-être de la population en :

  • Effectuant une structuration du gouvernement qui ne répond pas à un besoin d’efficacité pour l’intérêt général mais plutôt à un formalisme politique ou ethnique ;
  • Gérant des ressources de l’Etat d’une manière lamentable, en détournant de fonds et des biens publics sans que ces derniers ne soient punis ;
  • Violant constamment l’article 11 du Pacte International Relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels des populations ;
  • Violant allègrement des droits et des libertés fondamentales de l’homme ;
  • Utilisant d’une manière non rationnelle des ressources humaines avec comme corollaires les nominations par complaisance, népotisme, clientélisme et autres ;
  • Instaurant des injustices sociales quotidiennement vécues par les populations ce qui entraînent des foyers de tension ;
  • Instaurant une insécurité grandissante dans le pays.

Toute cette misère, cette désolation et cette perpétuelle humiliation qu’a supportées le tchadien amène ce dernier à vouloir une seule chose, le CHANGEMENT. Ceci ne viendra que sans le 5ème Mandat de DEBY et si les élections sont organisées d’une manière libre et transparente. C’est par elles que le peuple exprimera librement sa volonté et concrétisera ainsi son idéal qui est « l’alternance démocratique » tant voulu.

De manière spécifique la coalition TROP C’EST TROP dit NON au 5ème Mandat du président sortant Idriss Déby Itno.

Je vous remercie de votre aimable attention !!!

Porte parole de coalition

Mme NARMADJI Céline



Fête d’Amdjarass : similitudes ou simple coïncidence ?

Sur les réseaux sociaux, on observe ces jours-ci une indignation quasi générale des Tchadiens quant aux liasses de billets de banque qui se déversent sur les chanteurs et les danseuses à Amdjaress. Siège du sultanat Itno, Amdjaress est désormais devenu le centre névralgique de l’Etat tchadien. Le président Deby et ses courtisans, aveuglés par un bien mal acquis, n’y comptent plus les billets.

En 1975, le président Tombalbaye et ses amis faisaient de même lors d’une fête organisée à Sarh et à Balemba. En mars 1975, un coup d’Etat renversait Tombalbaye.

Ndjamena, le 25 mars 1975. Au cours d’une réunion du Conseil exécutif du Mouvement National pour la Révolution Culturelle et Sociale (MNRCS), le président Tombalbaye s’adresse au conseil et interpelle Ali Kosso sur un ton péremptoire :

-Kosso, tu as vu comment on a versé de l’argent au cours des cérémonies à Sarh et à Doyaba? Tu crois que c’est normal ça?

Kosso, ne sachant quoi répondre, se tait. Tombalbaye, sur le même ton :

– Lorsque je mourrai, je sais que personne n’aura le temps de me faire de sacrifice. Alors j’ai fait mes sacrifices moi-même.

Tombalbaye lui redemande encore :

– Tu as vu à Sarh comment je jouais au balafon? As-tu vu un jour un chef d’Etat jouer au balafon?

Kosso répond :

– Non, grand compatriote.

Tombalbaye lui dit :

– Justement, je connaissais quelques notes alors je me suis pleuré moi-même.

Avant de lui reposer une troisième fois la question : 

– Kosso, tu m’as vu faire des photos avec Bono Blum, Doyangar et Rarekingar?

– Oui, grand compatriote, répond Kosso.

– Tu sais pourquoi?

– Non, grand compatriote.

– Parce que ceux-là étaient mes amis avant que je ne sois président. Après, je les ai négligés. C’est pourquoi j’ai tenu à faire mes dernières photos souvenir avec eux.

Le président Tombalbaye continue son discours et dit:

– Ecoutez-moi bien : les militaires bougent, ils sont sauvages. N’acceptez pas de vous faire humilier devant vos femmes devant vos enfants. Quant à moi, j’ai choisi la mort.

Effectivement, le 13 avril, il a refusé de se rendre aux militaires venus l’arrêter, et un capitaine lui tira une balle dans la tête. Après son assassinat et l’enquête qui s’ensuivit, on découvrit qu’il n’avait aucun compte à l’étranger.

Ses enfants au Liban, en Côte d’Ivoire et en Haïti ont tous été renvoyés de leur école parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs études. Un trimestre après la mort de leur père.

Alors, si le président Deby est sûr qu’il ne se fait pas passer pour un malade imaginaire, aura-t-il le courage de prévenir ses collaborateurs ? Ou fera-t-il comme son prédécesseur Hissein Habré, dont les proches collaborateurs juraient qu’il dirigeait encore les opérations, deux jours après qu’il ait quitté la capitale. Wait and see

Aboulanwar


Tchad: Du village au bureau, des études au chomage

Aujourd’hui l’Etat « confisque » aux forces vives du pays ses éléments les plus brillants pour en faire des fonctionnaires, à un âge auquel ils sont les plus créatifs et les plus dynamiques pour innover, créer des entreprises et faire avancer la nation.

Des jeunes « brillants »et Diplômés sans emplois, avec des âmes de « Robin des bois », dévorés par l’ambition de faire avancer leur cher pays (bien légitime à cet âge et au vu de leurs succès intellectuels), sont totalement ignoré par l’État tchadien.

Plus fort encore, des recrutements hyper sélectifs appelé « remplacement numérique » entraînent une sur- qualification, génératrice d’aigreur,de carrières bloquées et beaucoup trop longues, avec des fonctionnaires d’autorité ne connaissant rien à la vie et déformés par la « vie de cour ».

L’extrême rigidité de la fonction publique , au moment ou Les besoins et les priorités de l’État évoluent, les élus du peuple ignorant le bien fondé de la loi essaye de saper ou bloqué la bonne marche de notre pays en qualité de ressources humaine, capable de faire fusionner développement et compétence. Nul part en Afrique ou ailleurs, un État se permet d’interdire ses filles et fils la rentrée à la fonction publique , lors que ses jeunes sont diplômés.

De même , la rentrée à la fonction publique est un droit pour les tchadiens (nes) qui remplissent les critères d’admission..

Peut on dire de cette fameuse loi votée par l’Assemblée nationale qui gèle la fonction publique?

Dans quel pays l’équilibre budgétaire alloué par cette dernière permet de jauger l’effectivité du budget générale de l’État ?

Moussa kach 


Introduction à la compréhension de l’existence

Un Samouraï se présenta devant le Maître Zen Hakuin et lui demanda :
-« Vieil homme ! Dis-moi à quoi ressemblent l’enfer et le paradis ! »- « Qui es-tu ? » Demanda le Maître.- « Je suis le Samouraï … »- « Toi, un guerrier ?! » s’exclama Hakuin.- « Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t’avoir à son service ? Tu as l’air d’un mendiant. »

La colère s’empara du samouraï. Furieux, il saisit son sabre et dégaina, Hakuin poursuivit :

– « Ah bon, tu as même un sabre ?! »

Prêt à frapper le Maître. A ce moment celui-ci dit :

– « Ici s’ouvrent les portes de l’enfer. »

Surpris par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaina son sabre et s’inclina devant lui.

– « Ici s’ouvrent les portes du paradis » lui dit alors le Maître.

On en vient souvent à s’intéresser au chemin spirituel à la suite d’une déception vécue vis-à-vis de l’enseignement proposé par la religion exotérique (exo = extérieur). Elle survient comme un signe annonçant que le chercheur est prêt pour une autre étape de son cheminement. Cette ré-action survient au début, quand il y a une sorte de répulsion vis-à-vis de la compréhension littérale des textes et d’une perception moraliste limitant l’expansion de l’être vers d’autres plans de perception. A ce stade de rejet, qui correspond en fait à une phase de croissance de l’être il y a deux options. Soit l’on devient matérialiste, car ayant rejeté sans comprendre vraiment pourquoi on fuit vers un autre extrême avec la croyance d’être libéré des questions fondamentales. Ce qui évidement ne fonctionne pas, car les questionnements tiraillent toujours et un peu plus davantage avec le temps. Le matérialiste est un être en croissance qui n’a pas trouvé de nourriture nécessaire à son évolution. Et ainsi, par dépit il s’est recroquevillé dans une voie qui au fond ne lui apporte pas l’essentiel. En deuxième option, ce rejet peut trouver un écho auprès d’un enseignement spirituel authentique, l’être commence à s’en nourrir et grandir jour après jour sur le chemin intérieur.

 

Une fois en chemin, peu à peu, il essaye de comprendre son rejet et ce rejet se transforme en tolérance, puis en compassion. Il perçoit alors la diversité des êtres et le fait qu’à chaque stade d’évolution convient une nourriture appropriée. Il respecte ainsi l’enseignement des religions exotériques et la place qui leur est dû. Son cœur est aspiré ailleurs, il passe le seuil qui sépare le monde du dehors de celui du dedans et découvre le nouveau monde.

 

 

Souvent, lorsque l’on sort de l’étape religieuse il nous vient ce questionnement face aux divers récits sur les peines, châtiments et récompensent de l’enfer, du purgatoire et du paradis. Il y a le pressentiment d’une vérité dans ces notions, c’est bien pour cela qu’elles perdurent encore, mais la compréhension de leur réelle réalité reste encore imparfaite. On en rejette encore l’écorce dans laquelle le littéralisme religieux l’impose parfois. Comprenons qu’au niveau exotérique le dogme est une nécessité, tout comme pour un enfant fragile les recommandations des parents sont vitales pour sa survie. Donc, développons de la tolérance vis-à-vis de ceux qui en restent au dogme, ils ont leur rôle, mais soyons discernant quand ce rôle dépasse de temps à autres celui qui lui est attribué. Dans ce texte, nous allons voir comment il nous est permis d’harmoniser les différents angles de perceptions et aller au cœur de l’essence-ciel.

Une chose qui parait importante à comprendre avant tout développement est le fait que l’on ne peut accéder à la vérité tant que l’on regarde à l’extérieur de soi. Je souhaiterai pour illustrer ce propos citer le logion 3 de l’évangile gnostique de Thomas :

 

« Si ceux qui vous entraînent vous disent :

– « Voici, le Royaume est dans le ciel ! »

– alors, les oiseaux du ciel y seront avant vous. S’ils vous disent :

« Il est dans la mer ! »

– alors, les poissons y seront avant vous.

Mais le Royaume est au-dedans de vous et il est au-dehors de vous ! »

Ce logion rejoint directement cette phrase de l’évangile de Luc (17-21) :

« On ne dira pas : voici il est ici ou voilà il est là, car le royaume de Dieu est au-dedans de vous. »

Le poète musulman Yunus Emre énonce la même vérité :

« Quand tu cherches Dieu, cherche-le dans ton coeur. Il n’est pas à Jérusalem,ni à la Mecque , ni dans le hajj (pèlerinage). »

 

Une vue littérale de ces écrits devient difficile si l’on ne peut avoir accès à l’expérience intérieure. Tant que les portes du royaume du dedans restent closent l’incompréhension subsiste. Et soit l’on passe par-dessus la phrase en l’occultant, soit on l’interprète par le bas. C’est-à-dire que l’on ne perçoit qu’un espace limité de la vérité, en ne restant qu’à son reflet. Apercevoir le reflet du soleil sur l’océan n’est pas tourner son visage vers lui, le reflet du soleil intérieur ne peut réchauffer le cœur en sommeil …

 

Il arrive tristement que par désespoir l’on rejette l’existence même du soleil intérieur et qu’ainsi on enferme la vérité dans un reflet déformé par les vagues de la peur. Pourtant, le soleil quand à lui rayonne toujours, peu importe s’il se reflète ou pas, il Est.

 

La compréhension des reflets du soleil est une étape, et comme toute étape lui succède d’autres étapes. Paul de Tarse disait : « La lettre tue et l’esprit vivifie » (2 Corinthiens 3 – 6) il énonce ici le principe même de la compréhension intérieure. Le reflet seul ne peut réchauffer, sans la conscience de l’analogie qui existe entre le mot d’un texte et le vécu intérieur, rien de libérateur ne peut croître en nous. La lettre est un outil, elle est le doigt qui pointe la lune, mais elle ne sera jamais la lune. Un texte spirituel se lit, puis se vit de l’intérieur, ainsi l’on dépasse le reflet et accédons à l’essence, cette eau de l’esprit qui transfigure l’être entier.

 

Nous venons de poser les bases pour la compréhension qui va suivre par delà le fil du texte. Nous avons vu qu’il existe plusieurs degrés de compréhension pour un enseignement, chaques degrés étant adaptés à un âge intérieur. Et chaques degrés ayant sa juste place, les degrés plus intérieurs transcendent et incluent les degrés extérieurs. Afin de converger de la périphérie du cercle vers son centre, c’est là aussi le symbole de la roue bouddhique. Les degrés périphériques tournent d’un extrême à l’autre sur la roue, mais plus on se rapproche du centre moins les tours de roue ont d’amplitude. Au centre de la roue, le moyeu ne tourne pas, il est l’Axis Mundis (l’axe du monde) le centre absolu de l’être. Dans le christianisme par exemple l’Axis Mundis est symbolisé par la croix du Christ, il est le centre du monde car il est libéré de l’ego après son chemin de croix qui est le chemin du chercheur se purifiant de la souffrance. La Vérité ineffable a prit des noms différents par delà les époques et les cultures, mais elle demeure de toute éternité au delà de toutes dénominations. Voila pourquoi pour ne pas la rabaisser à nos concepts limités les initiés évitent de la nommer, et pour des raisons purement pédagogique la nomme provisoirement le « sans noms » « l’ineffable » « l’absolu » « le grand mystère » « celui dont on ne peut prononcer le nom ». Voici pourquoi dans toutes les traditions il est un péché de prononcer le nom de Dieu en vain. Si l’on dépasse l’interdit littéraliste, le dogme du départ, (le mot « pécher » signifie à l’origine en grec « manquer sa cible » ) on comprend avec l’œil intérieur que notre mental ne peut comprendre que ce qu’il fabrique. Car son mode de fonctionnement dualiste (binaire, 0 ou 1, vrai ou faux) ne peut que limiter ce qui est illimité et le transformer en idole stérile. La Vérité absolue ne peut être qu’un paradoxe pour l’intellect, voila aussi pourquoi les scientifiques la nient, uniquement parce qu’ils ne peuvent pas la comprendre avec leurs outils. Les méthodes de détection scientifique sont des extensions de nos sens humains, en plus complexe, ils ne peuvent que mesurer une réalité sensible, mais le monde spirituel réside en une réalité que l’on nomme supra-sensible, c’est à dire qu’elle demande de développer d’autres sens que les 5 de bases pour être capté, ce 6ème sens étant l’intuition profonde, l’ouverture du 3ème oeil, celui qui voit ce que les yeux de chair ne peuvent voir. Cette vérité est une réalité puisqu’elle se vit et se vivant elle transforme les êtres, preuve parfaite de sa réalité insaisissable.

« Le langage muet de cœur à cœur vaut tous les langages.Toute conversation doit finir dans le silence seulement. »Ramana Maharshi.

Il nous arrive de réfléchir sur la Vérité, tout comme le miroir réfléchit une source lumineuse. Mais, là encore, la lumière réfléchie ne sera jamais la lumière source originelle. Ainsi notre esprit réfléchit les rayons du soleil du cœur, il les traduit en mots afin de les transmettre à celles et ceux qui ont encore besoin des mots. Mais le reflet n’étant pas la source, aucuns mots, aussi beaux et profonds soient-ils ne traduiront fidèlement ce qu’EST la Vérité absolue. Ayant conscience de cela il nous est possible de verbaliser librement, transmettre dans la présence à la réalité vibrante en nous. Nous ne serons plus le jouet des mots, mais les mots seront ainsi habités par le silence intérieur sans forme. Seul l’espace libre inconditionné peut permettre l’émergence de formes conditionnées. Si par contre, nous en restons aux formes conditionnées alors nous sommes attaché à ce qui finira tôt ou tard et la souffrance nous étreindras par la perte de la forme. Voila pourquoi les humains semblent si souffrir de l’attachement à la forme, que ce soit leur religion ou un être cher. Car ils ne voient que le reflet de l’être et non l’essence qui donne vit à cela. S’attacher à un être (ou une religion) pour son apparence seule c’est ne pas aimer ce qui vibre en son cœur, c’est donc ne pas l’aimer réellement. On ne peut aimer que si l’être tout entier est connecté à la source de toutes choses, faisant disparaître toutes croyances de séparation. Si nous pouvons aussi aimer une forme pour sa beauté, cette beauté deviendra éternelle si le fond du cœur de l’autre s’harmonise avec le fond de notre cœur et forment à l’unisson une même voix.

 

Nous avons vu plus haut cette petite histoire mettant en scène le maître Hakuin et le samouraï. Ce guerrier valeureux arrive chez le moine avec une perception extérieure, profane, (en latin « profanum » qui signifie « en dehors du temple » le temple étant le corps, le saint des saints en est le cœur) du paradis et de l’enfer, n’ayant pas franchie le seuil de son être il ne peut qu’accéder au reflet du soleil sur l’océan. Par l’expérience directe maître Hakuin lui démontre que le paradis et l’enfer ne sont pas des lieux, mais des états de conscience qui vivent en lui. L’enfer correspond au monde de la confusion, des passions, des instincts, de l’animalité et tout ce qui maintient l’être dans la souffrance. Le paradis constitue tout ce qui apaise le cœur de l’être, le libère de la souffrance et le mène vers l’illumination. Ainsi, les récits sur les différents enfers, les tortures et le reste sont en réalité le reflet littéral des différents états de souffrance intérieurs. Dans la tradition ésotérique de l’Islam Al-Qâshânî énonce avec d’autres mots la même vérité : « L’enfer est la privation et l’éloignement (de Dieu) » . Comme nous l’avons vu plus haut Dieu pour l’initié n’est pas un personnage extérieur à lui, mais une conscience qui habite en son cœur. L’enfer serait d’être privé de la conscience, de vivre mécaniquement, balloté par les pulsions, les émotions et pensées négatives. Etre éloigné de Dieu c’est vivre inconsciemment, dans les mirages de l’ego.

 

Le soufisme distingue des stations (niveaux de conscience) différentes, allant de la périphérie au centre. Chaque station pouvant être positionnées sur le symbole de la roue bouddhique, allant du relatif à l’absolu. Ainsi pour celle ou celui dont le cœur est libéré de l’ego, les portes du paradis s’ouvrent ici bas, sur l’instant présent. Car ne se nourrissant plus du relatif, de l’impermanent et du mortel il vit dans un présent éternel, ici et maintenant, en amour avec toutes choses.

 

Nous comprenons ainsi l’universalité de la libération intérieure par delà les formes temporelles qu’elle revêt. Les oppositions entre religions n’existent que pour un regard extérieur, profane, qui s’attache à la forme au détriment du fond, au reflet plutôt qu’à sa source. Un peu comme pour une randonnée, plusieurs marcheurs partent d’un versant (ou verset) différent et ne voit tous d’abord que leur propre versant (verset). A ce stade ils croient être les seuls à ascensionner et croient que leur chemin est le seul est unique. S’il reste au bas de la montagne ils ne pourront comprendre et voir que d’autres aussi ascensionnent comme eux, mais par d’autres versants (versets). A la moitié de la montagne ils commenceront à apercevoir d’autres chemins, d’autres marcheurs, et ils commenceront à se poser des questions sur leur propre chemin. Une fois qu’ils arriveront au sommet de la montagne, ils pourront enfin observer par eux-mêmes que d’autres les y attendent afin de célébrer l’absolu lumière du cœur qui luie en chacune et chacun …         Les religions comme les concepts ont dans ce monde relatif une naissance, un apogée et une fin. Et à chaque fin de cycle un nouvel initiateur apparaît pour donner un nouveau souffle à l’humanité. Il doit exotériquement contre-indiquer la religion qui est dans sa fin pour des raisons temporelles. Car le peuple à un certains niveaux ne peut comprendre la subtilité des cycles et l’unité-divergente entre fond et forme. Ainsi il en va de toutes religions, elles sont toutes bonnes dans le fond, mais la forme subie avec le temps des déformations qui lui font perdre l’esprit de ses débuts. L’incompréhension entre les lois, les règles à pratiquer etc. ne sont pas conciliables si l’on en reste là. En effet, les lois du temps de Moïse ne semblaient déjà plus convenir du temps des débuts du christianisme et les règles coraniques ont du mal à intégrer certains aspects des autres traditions du monde. Ceci est dû au fait que les lois, les règles extérieures sont fixées pour des raisons pédagogiques et adaptées à un peuple précis, à une époque précise. Les fondateurs des religions savaient cela, mais étaient obligé d’agir dans l’urgence pour réformer le peuple et lui donner une conduite à suivre. Il subsistait des initiés dans chaque tradition pour conserver l’esprit de la lettre, bien que malheureusement ces derniers furent pourchassés bien souvent par le pouvoir en place qui ne supportait de concurrence.

 

On retrouve souvent dans les religions monothéistes un rejet parfois viscéral de l’idolâtrie. Ceci ce place là encore d’un point de vu historique et temporel et non du point de vu de l’ultime. Si à l’époque de Moïse l’idolâtrie fut rejeté c’est tout simplement parce que les cultes des anciens égyptiens étaient décadents, que les pratiquants avaient perdu l’esprit qui se cache derrière le symbole des statues et des dieux. Mais les initiés égyptiens savaient très bien que prisent sans l’esprit ce ne sont que des figures de pierre stériles. Pour un initié égyptien chaque statue est un archétype, un aspect de la source UNE et universelle. Seuls les pratiquants des niveaux exotériques de la religion égyptienne croyaient que les statues représentaient des dieux réels. On retrouve la même chose dans l’hindouisme qui est très proche de la religion égyptienne, car ce sont les deux plus anciennes religions depuis la perte de l’unité religieuse primordiale de l’humanité. Mais comme tout est cyclique, une religion apparaît, elle atteint son âge d’or et chute. Du temps de Moïse il était nécessaire que le peuple ne s’attache plus à des symboles dont on avait perdu l’esprit. Donc, l’interdit de pratiquer l’ancienne tradition (qui pourtant dans son essence était divine) fut prodigué afin de donner un souffle nouveau à l’humanité. Même chose pour l’Islam qui a appuyé considérablement ce rejet de l’idolâtrie, mais là encore pour des raisons historiques et temporelles. La religion antique du temps de Mahomet était elle aussi d’origine divine, mais elle était décadente à l’époque, car elle amorçait son cycle de fin. Il fallait, là encore, amener un souffle nouveau à l’humanité et proscrire la pratique de culte décadent, même si à l’origine ils furent spirituels. Il est inscrit dans les cinq piliers de l’Islam, au sein du « Tawhid de la confirmation » au sujet des polythéistes : « Et si tu leur demandes qui a crée les Cieux et la Terre , ils diront : « Allah » » Ceci est normal si l’on comprend le fondement réel du polythéisme, qui n’est en réalité qu’un accent mis sur la diversité des aspects de l’Un. Alors que les monothéismes ont mis l’accent plus exclusivement sur l’unité, qui a dérivé tristement à l’absolutisme du Dieu unique sur les autres facettes.

 

Le problème vient de l’auto-exclusion réciproque provenant du manque de connaissance intérieure. L’absolu est UN, mais il est multiple dans ses manifestations, en ce sens polythéistes et monothéistes vivent les mêmes choses dans le fond. Aussi bien la notion d’unité que de multiplicité peut être récupéré par l’ego, le principe de l’ego est l’exclusivité et l’exclusion. Ainsi l’Islam mal compris amène à la croyance que seul l’enseignement coranique mène à la réalisation intérieure. Ceci est une compréhension profane (en dehors du temple intérieur), les soufis réalisés savent très bien qu’il n’en est rien et que dans l’absolu tous les chemins authentiques sont UNS. Dans le « Tawhid du culte et de l’adoration exclusive » : « Il leur a été ordonné de n’adorer qu’Allah en lui vouant un culte exclusif. (Sourate 98/verset 5)» on retrouve donc ici l’accent mit sur l’unité de l’absolu, en occultant pour des raisons historiques (dégradation du culte polythéiste) la diversité des facettes de l’absolu qui étaient représentés par les statues des dieux.

 

Il suffit d’étudier en profondeur les religions antiques pour prendre conscience de l’unité transcendante des religions. Et ainsi dire que les bouddhistes sont des idolâtres car il y a des statues de Bouddha ce n’est pas comprendre que ces statues ne sont que des symboles. Notons au passage que fondamentalement il n’y a pas de grande différence entre l’idolâtrie et la bibliolâtrie, diviniser une statue de pierre ou un livre de papier revient à la même attitude profane. Sans l’esprit, la conscience de l’intériorité des symboles, les statues comme les livres ne permettent pas de connaître Dieu ou l’absolu au-dedans de soi. Aujourd’hui les religions monothéistes entrent progressivement dans la même fin de cycle traversé par les religions dites païennes. Elles ont pour la plupart perdu l’esprit au profit de la lettre et se referment sur des dogmes éculés, qui n’étaient valables qu’uniquement à leur époque, adapté au temps, aux lieux et au niveau de compréhension des peuples contactés.

Voila pourquoi dès qu’une forme religieuse entre dans son cycle de fin, une nouvelle apparaît. Mais fondamentalement pour un initié ce qui était dit de manière ésotérique il y a 12 000 ans est identique à ce qui est dit aujourd’hui. Seul la forme s’adapte aux temps et aux lieux et en fonction du niveau de compréhension des peuples. Aujourd’hui les peuples en général sont plus cultivés qu’il y a 2000 ans. Ainsi, il est possible de dévoiler d’autres aspects de l’intériorité et faire tomber les voiles de l’exotérisme pour mettre un terme à la désunion des peuples dans le monde. Ce qu’il faut comprendre c’est que d’un point de vu ésotérique la loi exotérique n’a pas d’influence. Celui qui se situe sur le centre de la roue, ne tourne plus et n’a plus à se soucier des recommandations données aux personnes situées sur la périphérie pour éviter qu’elles ne chutent de la roue. De la sorte, un initié n’est ni soumis à l’enfer parce qu’il ne respect pas la Torah ou la Charia ‘h et n’est ni récompensé parce qu’il respects ces codes de lois. Il peut être traité d’hérétique aux yeux des docteurs de la loi, mais il est un saint vis-à-vis de l’absolu. Ces lois existant uniquement comme point d’appui pour les êtres situés sur la roue, afin de les maintenir en équilibre. Et c’est aussi pour cela que l’initié provoque incompréhension et fascination, haine comme amour. Notre mental ne pouvant le comprendre, mais lui nous comprend, nous aime et nous attend au sommet de la montagne de lumière.

L’enfer est le manque de cœur, le paradis est le plein de cœur …

La conscience est en nous et nous sommes en elle

« Le tout est esprit ; l’univers est conscience. »

« Celui qui comprend la vérité de la nature de la conscience de l’univers est déjà bien avancé sur le chemin de la maîtrise. »Le Kybalion.

Cet axiome de la sagesse égyptienne d’Hermès Thot Trismégiste nous amène à réfléchir sur la nature de l’univers et sur ce que nous sommes réellement. Ceci va nous permettre d’ancrer directement la compréhension finale du paradis et de l’enfer.

Comme nous l’avons vu plus haut, l’enfer et le paradis sont des états de conscience, l’un est un état de confusion, l’autre un état de quiétude. Il existe en nous une conscience qui perçoit le monde, une conscience qui est en arrière plan de nous-même. Un œil immense qui observe silencieusement le déroulement de notre naissance et de notre mort. Peu importe les événements relatifs qui se déroulent devant elle, cette conscience observe avec calme ce qui est. Tout le travail de la méditation est réalisé dans le but de vivre pleinement cette conscience, les anciens l’appelaient aussi le saint esprit. Quand nous méditons il apparaît des pensées, des images, des sons et si nous nous identifions à eux nous sommes alors prit dans le tournoiement de la roue. Si nous restons calme, centré, et observant ces pensées, ces images et ces sons, nous verrons alors qu’ils naissent, se déploient et s’évanouissent. Nous avons ainsi prit du recul par rapport à cela et créer en nous l’observateur conscient, l’axe autour duquel peut tourner les pensées, mais sans en être affecté.

 

Il existe une instance psycho-spirituelle que l’on nomme « Ego » ou « Moi inférieur » qui utilise le mental (l’intellect) pour nous voiler la lumière provenant de la conscience pure qui vit en nous. L’ego est considéré comme une illusion, car il est uniquement constitué d’éléments relatifs, transitoires et impermanents, il est un nœud d’illusions. Par illusion entendons nous bien, pour le chemin spirituel l’illusion réside en ce qui n’est pas éternel. Est illusion tout ce qui apparaît et disparaît, la seule chose réelle étant cette conscience d’arrière-plan qui observe l’apparition et la disparition des événements, pensées, croyances, religions et autres. Bien entendu d’un point de vu relatif la chaise sur laquelle vous êtes assis est structurellement réelle, mais si on la décompose atomes par atomes elle n’est plus une chaise, il ne reste ainsi que l’espace qui permet potentiellement sa condensation.

 

L’illusion est ce qui passe, la réalité est ce qui observe ce qui passe.

 

« Nous cherchons toujours à jeter un pont entre ce qui est et ce qui devrait être ; et par là donnons naissance à un état de contradiction et de conflit où se perdent toutes les énergies. »

Jiddhu Krishnamurti.

 

Maintenant, nous pouvons faire le lien avec nos concepts de paradis et d’enfer, qui sont bien entendu des idées, des images, des illusions. Ces images, ces idées, ces illusions ont prit des noms, des descriptions différentes d’une culture à l’autre, mais dans le fond elles représentent une même perception intérieure. Le fait qu’il existe en nous des zones de souffrance qui voile la légèreté de l’être, du Soi authentique. Tant que l’on croit que l’enfer et le paradis existent réellement alors nous vivons dans l’un ou l’autre ici bas ou après avoir quitté ce corps. C’est-à-dire que tant que nous nous identifions à nos images de l’enfer et du paradis alimenté par nos conditionnements alors ils sont réels pour nous, c’est notre esprit qui crée notre qualité de rapport avec la réalité. Et ces enfers et ces paradis diffèrent en fonction de l’imaginaire des uns ou des autres, même au sein d’une même communauté. Voila pourquoi un proverbe Zen dit : « Mille hommes, mille vérités » et nous pourrions préciser, mille vérités relatives, soumises aux fluctuations du mental conditionné.

 

Dans l’enseignement du bouddhisme tibétain il existe un livre qui s’intitule le « Bardo Thödol » qui est le livre tibétain de la vie et de la mort. Il est à mon sens ce qui a été réalisé de plus précis concernant les états de conscience proche du seuil de la mort et les différents états dans lesquels se trouvent l’être qui sort de son corps. Il est enseigné dans le Vajrayana (bouddhisme tibétain) une pratique méditative nommée « Powa » qui peut se traduire par « Transfert de conscience au moment de la mort ». C’est une technique méditative qui consiste à éclaircir l’esprit et préparer aux processus subit lors du moment de la mort. Il y est écrit que les enfers, les images violentes et terrifiantes sont auto-générées par l’état de conscience du défunt. Il lui est indiquait de se faire aider par la visualisation des divinités bouddhiques élevées afin d’être absorbé par la pureté des formes que la conscience pure peut revêtir. Car les processus lors de la mort sont difficiles à vivre consciemment pour un être qui ne s’y ait pas préparé durant son existence. Voici un extrait d’un des passages du livre, le Chikhaï Bardo traduit ici par Alexandra David-Néel :

 

 

« As-tu reçu l’enseignement du sage gourou initié au mystère du bardo ? Si tu l’as reçu, rappelle-le à ta mémoire et ne t’en laisse pas distraire par d’autres pensées. Conserve fermement ton esprit lucide. Si tu souffres, ne t’absorbe pas dans la sensation de la souffrance. Si tu éprouves un reposant engourdissement d’esprit, si tu te sens t’enfoncer dans une calme obscurité, un apaisant oubli, ne t’y abandonne pas. Demeure alerte. Les consciences qui ont été connues comme étant (nom du mourant) tendent à se disperser. Retiens-les unies par la force de l’Yid kyi namparshéspa. Tes consciences se séparent de ton corps et vont entrer dans le Bardo. Fais appel à ton énergie pour les voir en franchir le seuil en ta pleine connaissance. La clarté fulgurante de la Lumière sans couleur et vide va plus rapide que l’éclair, t’apparaître et t’envelopper. Que l’effroi ne te fasse point reculer et perdre conscience. Plonge-toi dans cette lumière. Rejetant toute croyance en un ego, tout attachement à ton illusoire personnalité, dissous son Non-être dans l’Etre et sois libéré. Peu nombreux sont ceux qui, n’ayant pas été capables d’atteindre la Libération au cours de leur vie, l’atteignent à ce moment si fugitif qu’il peut être dit sans durée. Les autres, sous l’effet de l’effroi ressenti comme un choc mortel, perdent connaissance. »

 

Nous voyons que tout est une question d’identification avec un concept, mais celle ou celui qui vit de la conscience libre, qui observe ces concepts n’en est pas affectée. Le moment de la mort comme celui de la vie est en rapport avec la clarté de notre esprit, voila pourquoi il est tant mis l’accent sur le vide de l’esprit. Faire le vide est qu’une image, car le vide n’existe pas, quand il est de faire le vide il est indiquait de purifier l’esprit de toutes pensées parasites, le laver pour qu’il soit claire et lumineux et perçoit le réel tel qu’il est et non déformé par les filtres de la peur.

 

Ici il est question de la culture bouddhique mais ceci peut être transposé vers notre culture. C’est toujours l’idée du fond et de la forme, la Vérité est UNE, même si elle prend des apparences multiples. Ce qui est valable pour un tibétain est dans le fond aussi valable pour nous autres occidentaux. Peu importe que nous ayons une religion ou pas, si nous accédons au centre de la roue, nous sommes libre. « La fin justifie les moyens » dit l’expression commune, cette phrase est à l’origine hautement spirituelle, (elle a été galvaudée à des fins égoïstes d’avidités et de profits). Elle indique que seul le but ultime a de la valeur et que l’on ne peut comprendre un être qu’à la couleur de son chemin mais à la clarté de son esprit. Peu importe les moyens utilisés, peu importe la forme des outils c’est l’œuvre qu’ils permettent de réaliser qui dévoilent le travail accompli. La seule utilité d’une tradition est qu’elle peut permettre de minimiser les risques de se perdre en chemin, par le fait qu’elle ait été expérimentée par d’autres et fait ses preuves. Mais là encore on ne peut rien imposer en matière de spiritualité, il appartient à chacun de ressentir vers quoi son cœur est appelé. A nous d’utiliser la forme, l’enseignement comme un moyen et non une fin, ce qui éviterait les trop nombreuses querelles de clochers que l’on voit même dans des milieux qui se prétendent initiatiques. Chacun peut conserver sa religion ou sa non religion, tout en comprenant que tout ce qui existe a sa raison d’être. Ces formes sont des outils qui tendent vers un même but, la libération intérieure. Vivant cela aucunes distances ne peuvent diviser les êtres. L’amour et la joie n’ont pas de forme, ils se vivent au-delà des mots, tout comme le silence ou l’eau ne sont ni d’orient ni d’occident. Et pourtant tous deux demeurent indispensables à l’être humain quelque que soit la forme qu’il incarne temporairement sur cette terre.

« Si tu vois le Bouddha, donne lui 30 coups de bâton,Si tu vois un Démon, donne lui 30 coups de bâton. »

Kôan Zen.

Ce kôan (le kôan est une phrase paradoxale que les maîtres Zen donnent à leurs disciples pour les faire sortir de la dualité du mental) vient à propos pour illustrer le fait que nous créons notre propre cage avec nos propres illusions. Voir le Bouddha ou un Démon revient au même dans l’absolu, car ce sont des illusions crées par notre mental. On peut faire ici même comparaison avec les descriptions de Dieu dans les religions monothéistes. Un Dieu sévère sur son trône, jugeant les hommes ou bien les flammes de l’enfer et le démon qui punie les fautes. Dans le même état d’esprit chacun verra le Dieu ou le Démon en rapport avec son état de conscience et son contenu culturel. Si votre esprit est calme, il percera l’illusion de ces images quand elles apparaîtront soit en rêve soit au moment de la mort. Il pourra alors donner les 30 coups de bâton symbolique pour dissiper l’illusion, comme un nuage de fumée. N’oublions pas que les choses nous apparaissent réelles uniquement parce que nous les croyons réelles.

 

Par ailleurs, il semble logique qu’aucunes flammes physiques d’aucuns enfers ne puissent atteindre un être qui n’a plus de corps physique. Ce qui est physique dense peut être en effet affecté par une flamme liée à notre densité terrestre, les semblables interagissent entre eux. Mais sur un plan plus subtil ce qui relève d’une densité basse (en terme de fréquence vibratoire de la matière, la physique quantique énonce que la matière dense est de l’énergie condensée, cristallisée et durcie) n’a pas d’interaction sur ce qui est de nature plus élevé (qui vibre à un taux vibratoire plus rapide en terme de fréquence). Par exemple, une onde sonore n’est pas affectée par les nuages ou un avion qui la traverse en plein ciel (sauf si cet avion possède des instruments de réceptions orientés sur la fréquence de l’onde). Il en va de même pour les corps subtils de l’être, selon la science ésotérique l’humain possède 7 corps allant du plus grossier (le corps physique) au plus subtil. Ces 7 corps s’étalent vibratoirement sur le spectre infra-rouge/ultra-violet. Nous savons en physique que chaque couleurs possèdent ses propres longueurs d’ondes et fréquence, il en va de même pour nos multiples corps. Après la mort l’être est dépouillé de son corps physique, mais aussi de son corps éthérique (qui lui permettait la mise en mouvement des 5 sens physiques), puis de son corps émotionnel et de son corps intellectuel ou mental, il reste ainsi son corps spirituel. Rien ne peut brûler une âme à la manière où l’on brûlerait un corps physique. Par contre, plus on monte dans les plans subtils et davantage la flamme qui était physique pour le corps physique devient énergie/conscience/symbole pour les corps subtils. Le défunt s’il est dans la distorsion mentale sera sa propre victime des flammes de la confusion, par son état vibratoire il créera lui-même une onde déformée provoquant une énergie interne de trouble et de contraction. Les descriptions des différents enfers et tortures du damné sont en réalités les symboles des diverses douleurs intérieures que nous nous causons à nous-même. Les divers enfers en fonction de chaques péchés représentent les diverses douleurs intérieures que causent par exemple l’avidité, la convoitise, le mensonge, la haine etc. Et nous pouvons comprendre exactement les mêmes choses avec la lumière du paradis et ses délices. Tout est analogique, comme disait Hermès Trismégiste : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, pour ne former qu’une seule chose. »

Ceci nous amène à comprendre la loi d’analogie, de symbolisme, tout ce qui existe sur le plan physique possède d’abord sa contrepartie sur le plan subtil/symbolique, le fameux monde des idées de Platon. C’est d’abord l’élaboration du symbole qui ensuite par densification va créer la réalité physique en rapport. C’est un principe évident pour celle ou celui qui le pratique au quotidien, nous créons le monde par nos pensées, par le principe de résonance nous attirons événements et être en fonction de la qualité vibratoire de notre être intérieur. A nous d’élever notre être vers les sommets de la conscience pure et de la sagesse, afin qu’ici bas et au-delà les choses nous vivent en harmonie.

Nous avons vu le terme de « Science ésotérique », à l’origine le mot « Science » provient du grec « Gnôsis » qui donne Gnose. La Gnose dans son sens large (à ne pas confondre avec le gnosticisme pré-chrétien qui est plus spécifique à un groupe culturel de l’époque) définie la science de l’âme, où est enseigné un processus structuré, cohérent et surationnel (transcendant et incluant la rationalité et l’intuition). Aujourd’hui la science telle que nous la connaissons est en grande partie focalisée sur le monde matériel et n’intègre pas ou peu l’être humain dans ses données. Elle ne perçoit ainsi qu’un aspect de la réalité, ce que d’ailleurs la physique quantique a appuyé en énonçant des théorèmes et théories qui remettent en question la perception mécaniste de la science matérialiste. La Science ésotérique indique que le chemin vers l’absolu n’est pas n’importe quoi, c’est un enseignement total et intelligible. En ce sens il n’accepte aucunes croyances, spéculations, théologies, rêveries, superstitions irrationnelles, qui n’ont pas de réalité et ne sont pas expérimentale directement par soi. Pour la science ésotérique n’est réelle que ce qui est expérimentable directement, ici et maintenant et qui libère l’être de la souffrance. Voila pourquoi elle ne porte aucune valeur aux récits fantasmagoriques sur le paradis et l’enfer tels qu’ils sont enseignés aux pratiquants des niveaux exotériques des religions. L’initié ne croit pas, il sait, il sait, car il vit les choses en lui et que ce qu’il vit transforme tout ce qu’il est.

« Dans la nuit, un homme s’éveille pour découvrir qu’un serpent se trouve dans sa chambre.La présence de ce reptile le fige sur place. Mais pour le mental, il en va tout autrement :frappé de panique, il s’agite, se démène, s’affole. Le serpent va-t-il s’approcher et bondir ?Ne vient-il pas de bouger ?… Plus le temps passe, plus le mental de cet homme s’échauffe.La nuit lui paraît interminable.Mais au petit matin, il découvre qu’il s’agissait…d’une corde. »

Histoire indienne.

Comme l’homme et la corde (qu’il se met lui-même au cou) Si vous pouvez observer le réel tel qu’il est, en pleine conscience, alors toutes les illusions se dissolvent soudainement. Le but dans tous cela est de ne plus être pensé par nos pensées, décider enfin ce que l’on veut penser. Ainsi, si vous êtes libre de l’illusion, vous êtes libre aussi d’en créer, puis de les faire disparaître. Vous me direz maintenant, mais comment discerner entre les bonnes images, celles qui apparaissent pour communiquer un sens profond et les autres. Et je répondrai que si votre esprit est calme il saura directement ce qui est juste. L’évangile de Mathieu (6-33) dit : «  Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît.  » Ceci énonce simplement qu’il nous rechercher la clarté de l’esprit, ce royaume intérieur de l’absolu, et ensuite nous saurons ce qui est juste et le reste viendra à nous naturellement.

« Tout bien qui t’atteint vient de Dieu, tout mal qui t’atteint viens de toi-même »Sourate 4 ; verset 79.

« Je suis conforme à l’opinion que Mon serviteur se fait de Moi »Hadith Qudsi

La compréhension ésotérique de cette sourate indique que le bien (c’est-à-dire les actes conscients) vient de Dieu (la conscience universelle), mais le mal (les actes inconscients et mécaniques) vient uniquement de l’identification avec l’ego, la fausse personnalité. Ce que propose ce Hadith démontre ce que nous énoncions plus haut, c’est à dire que l’absolu se révèle en fonction du niveau de conscience de l’être qui en fait l’expérience. En ce sen il existe de multiples compréhensions de Dieu qui s’opposent en apparence mais qui dans le fond sont toutes articulées sur un fond commun. Allant du Dieu personnel anthropomorphe et ethnocentré à un absolu impersonnel et universel.

« Quiconque commet un péché le commet contre lui-même. »Sourate 4 ; verset 111.

Le péché, c’est-à-dire l’inconscience, amène directement des conséquences fâcheuses. Ce péché est une souffrance uniquement pour celle ou celui qui s’identifie à la fausse personnalité. Mais celle ou celui qui essaye de vivre en pleine conscience, même s’il lui arrive de chuté parfois (car il n’est pas encore dans la station suprême) peut directement ce reprendre en observant sa chute et ainsi il n’est pas influencé par les conséquences négatifs de son inconscience.

Le Coran nous invite à la même perception intérieure, au fait sublime que c’est à nous de choisir entre l’enfer et le paradis en fonction de la clarté de notre esprit. L’enfer est sur terre tous d’abord, quand notre esprit est perdu dans la confusion et l’ignorance de sa nature lumineuse. Rabia al Adawiyya une sainte soufie disait : « J e veux jeter le feu dans le paradis et verser de l’eau dans l’enfer pour que ces deux voiles disparaissent et que l’on voit clairement qui adore Dieu par amour et non par crainte ou par espoir du paradis. » tout est dit …

Faire le vide de l’illusion relative c’est être plein du réel absolu.

J’apprécie tout particulièrement le symbole de l’eau, car elle peut revêtir la forme d’un verre, d’un vase, d’une rivière ou de l’océan, sans que cela affecte ce qu’elle est. Ainsi nous pouvons être comme l’eau, comme cette conscience universelle qui donne vit à la diversité des formes. S’il existe 7 couleurs de l’arc en ciel, elles ne subsistent que parce qu’elles forment une seule lumière blanche. Sans le soleil, point de couleurs, sans la conscience, point de vie.

Djal Od Dîn Rûmi écrivait :

« Recherche le royaume de l’Amour
Car ce royaume te fera échapper à l’ange de la mort.
Je suis l’atome, je suis le globe du Soleil,
A l’atome, je dis : demeure. Et au soleil : arrête-toi.
Je suis la lueur de l’aube, je suis l’haleine du soir,
Je suis le murmure du bocage, la masse ondoyante de la mer.
Je suis l’étincelle de la pierre, l’œil d’or du métal.
Je suis à la fois le nuage et la pluie, j’ai arrosé la prairie.
Purifie-toi des attributs du moi, afin de pouvoir contempler ta propre essence pure
Contemple dans ton propre cœur toutes les sciences des prophètes,
Sans livres, sans professeurs, sans maîtres. »

Si nous sommes ancrés dans cette conscience/eau de la vie nous ne pouvons nous fossiliser sur une forme. Cela ne nous empêche en rien d’apprécier la beauté de la diversité, de revêtir la forme d’un cours d’eau ou d’une jarre. Si l’on garde au creux de nous cette conscience du sans forme, alors il nous est offert de vivre pleinement la beauté des formes. La créativité infinie que génère la source de toutes choses est en nous et au dehors de nous, car nous sommes elle et elle est nous …


France: déchéance de nationalité, une victoire des terrorismes

Depuis les attentats de Paris, des voix s’élèvent et appellent à la déchéance de la nationalité française. Pour l’instant, la loi autorise cette mesure, uniquement quand elle cible des auteurs binationaux d’actes terroristes, qui ont obtenu la nationalité française depuis moins de dix ans. Mais faut-il retirer la nationalité française aux personnes qui partent faire le djihad à l’étranger ?

Quinze-ans après les Américains, les Français tombent à leur tour dans le piège du terrorisme. Face à un ennemi qu’ils ne comprennent pas, les citoyens français succombent à la peur, acceptant de sacrifier leur unité pour un peu de sécurité.

Problème : les propositions de loi sur la déchéance de la nationalité ne vont pas rendre le pays plus sûr. Pire, cela va mutiler une cohésion sociale déjà bien fragile. Il s’agit maintenant de comprendre pourquoi.

Le terroriste n’a pas de nationalité, puisque ses idées n’ont pas de frontières. Ces propositions de loi ne feront que monter les Français les uns contre les autres, sans pour autant améliorer la sécurité, puisqu’un terroriste agit par nature dans la clandestinité, c’est-à-dire en dehors de la loi. Il n’y a qu’à voir comment les auteurs des récents attentats ont obtenu, facilement, leurs armes en dehors des canaux officiels. Ces propositions de loi sont, par conséquent, inutiles.

Mieux, l’Etat va dans le sens des terroristes en offrant des arguments pour l’idéologie de l’Etat Islamique – car les discriminations à l’encontre de la population musulmane vont s’aggraver avec ces propositions – tout en donnant raison à l’extrême droite, en désignant « l’étranger » comme le seul responsable des actes terroristes.

Pourtant, combattre Daesh n’est pas compliqué. Il suffit d’éteindre les carburants qui alimentent ses idées dans notre pays: Inégalités, Injustices, Désespoir.

Mais ça, c’est une autre histoire…

 

Sébastien KEREBEL


Tchad: Les aveux d’Idriss Deby

IDRISS DEBY et QUESTIONS POUR UN CHAMPION »…depuis que nous avons accédé au pouvoir , nous avons parcouru un long chemin et connu des moments difficiles. Nos plus grandes difficultés sont venues de nos propres frères qui nous ont mal compris , voire combattus. Pour être francs avec vous , mes jeunes fréres , le pouvoir des béri prendra fin avec mon départ de la présidence . Détrompez-vous, il n’y aura pas d’autres présidents béri après moi. Par conséquent , que vous ayez profité de notre pouvoir ou non , que l’ayez combattu ou défendu , sachez que quand nous l’aurons quitté, l’histoire retiendra qu’il s’agissait du pouvoir de tous les béri. Les tchadiens mettront tous les béri dans le même sac. Le bilan de notre pouvoir sera imputé à tous les béri . Autrement dit, en cas de vindicte populaire , attendez -vous à ce qu’elle retombe sur tous les béri. Personnellement , même si je quitte le pouvoir aujourd’hui , j’ai la satisfaction de penser que j’ai quand même marqué l’histoire . Je ne dis pas forcément que je l’ai fait en bien ou en mal, mais la vérité est que je l’ai quand même marquée. Pourtant, ce que nous avons fait est simple même si certains de nos frères ne nous ont pas bien compris : aussitôt la victoire , nous avons déposé un poulet et un couteau sur la table. Tout ce que nous demandions à nos frères était de se servir. Nous ne pouvions certainement pas faire mieux… » Idriss Deby Itno président de la république du Tchad.

Des grottes du Darfour à l’exil , chronique d’une lutte inachevée. Auteur Hissein Idriss Haggar.


Soudan: le nouveau sanctuaire des djihadistes de l’EI

Des nombreux services de renseignement avertissent que le Soudan est devenu le point focal de passage des combattants pour rejoindre l’Organisation Etat Islamique en Libye. Qu’ils soient des soudanais, des immigrés clandestins ou des djihadistes venant de tous les horizons.

Selon les renseignements français en collaborations avec les américains, anglais et italiens, le régime du président Oumar El-Bechir joue un rôle principal dans l’envoie des combattants à l’organisation Etat islamique en Libye comme la Turquie laissait aller autre-fois en Syrie. Et cela grâce à l’oisiveté du régime d’Oumar El-bechir face à l’afflux des combattants djihadistes soudanais et étrangers en Libye, de sa faiblesse et son incapacité à contrôler le pays ou encore la corruption criarde au sein de renseignement soudanais.

Les mêmes sources craignent que le pouvoir soudanais au bord du gouffre tombe au contrôle de l’organisation Etat islamique, vue les camps d’entraînements des djihadistes sur son territoire et les nombres des jeunes soudanais partant gonfler les rangs de l’organisation terroriste en Libye.

Lire===>Libye: Deby entre le marteau et l’enclume

Camps de recrutement de l’EI au Soudan

Plusieurs rapports attestent la mise en place de ce qui ressemble un camps de recrutement de l’organisation EI pour des djihadistes au Soudan. Ces camps accueillent les jeunes soudanais et du monde entier voulant rejoindre les rangs de l’Organisation EI en Libye. D’où la crainte des Etats de l’Union européenne du nombre croissant des migrants européens vers le Soudan pour aller combattre en Libye. Et cela depuis le durcissement de contrôle  aux frontières Turque appréhendant les jeunes européens allant combattre en Syrie.

On dénombre plus de 70 leaders soudanais  en mèche avec l’Organisation EI en Libye qui recrutement et envoient des combattants djihadistes à travers le désert du Soudan à Syrte. Le pouvoir central de Khartoum ne fait pas l’effort nécessaire pour arrêter et démanteler ces réseaux terroristes.

Oumar El-bechir, entre le marteau et l’enclume

Si le régime islamiste du président soudanais Oumar El-bechir se retrouve incapable face à ces camps de recrutement de djihadiste dans son territoire et aussi face aux leaders soudanais chargés de faire traverser des djihadistes à l’organisation EI, c’est parce que l’impasse politique et la fracture sociale et inter-islamiste m au sein de la mouvance islamiste au Soudan représente une menace direct au système ségrégationniste et mafieux du National Congress Party – NCP.
Son ancien mentor, leader islamiste radical et influent, chef controversé  du principal parti d’opposition Hassan Al-Tourabi acquis à la cause des tribus noirs africains dans la crise du Darfour entretient des liens étroites avec les islamistes des frères musulmans à Tripoli, le congrès national.
Ainsi la classe politique soudanaise se retrouve tirailler entre les islamistes du Nord prônant l’arabisation  du Soudan et ceux de l’Ouest marginalisé.

Du djihad contre les chrétiens et animistes au djihad contre les musulmans

En 2005, l’accord de Naivasha en Éthiopie met fin à la plus longue guerre civile du continent: entre les soudanais issus du Sud, noir chrétien-animiste et les soudanais issu du Nord, musulman-arabe. La fin de  cette guerre au enjeu identitaire et religieux a permit un referendum d’auto-détermination de la population du Sud, soldé par une indépendance de leur pays en 2011, le Soudan du Sud. En 1989, la venue des islamistes au pouvoir, a transformé  la nature du conflit d’un conflit politique en un conflit social et confessionnel en déclarant le djihad au nom de l’islam contre les ‘infidèles’: la population du Sud non musulmane. A l’exception des certaines tribus dans l’État du Nil-bleu et le Kordofan, des milliers des centaines de combattant issu du Darfour ont combattu au coté des forces gouvernementales sous la bananière intelligemment créer de toute pièce  par Hassan Al-Tourabi, Forces de défense populaires, la branche armée de la mouvance islamiste pour mission politique de combattre les insurgés armés du SPLM  (Sudan people’s liberation movement ) et spirituelle de faire le djihad pour islamiser la population sudiste chretienne -animiste.

D’énorme moyen ont été mise en œuvre pour enrôler la jeunesse soudanaise dans ce sanctuaire de désolation et du barbarisme: arabisation du système éducatif et l’islamisation des manuels scolaires, l’instauration forcée de leur vision de la loi islamique, appel au djihad dans le discours politique, la propagande médiatique, etc. Ainsi après l’accord de paix avec les rebelles du Sud, un bon nombre des djihadistes du Darfour ayant combattu au sud ont eu du mal à s’intégrer dans la vie civile. Ils rejoignent alors les mouvements rebelles du Darfour contre le pouvoir central après les tensions ethniques et tribales au sein de la mouvance islamiste. Ces djihadistes incontrôlables, radicaux et irrécupérables sont aujourd’hui séduits par l’idéologie de l’organisation Etat islamique et dont le régime corrompu de Khartoum craignent toute confrontation.

La dépression économique

Le détournement des fonds publics est  devenu la religion des islamistes au pouvoir à Khartoum. L’autorité centrale ne contrôle qu’une partie du territoire national, car malgré l’indépendance du Sud Soudan la guerre fait toujours rage. La fracture sociale à gagner tous les institutions de l’État notamment le renseignement symbolisant le camps des islamistes arabes ou arabisés du nord et l’armée les camps des islamistes de l’ouest. Pendant cette lutte acharnée entre les frères-islamistes, l’économie soudanaise est asphyxiée par la corruption et le détournement massif des fonds publics conduisant à une baisse considérable du pouvoir d’achat, augmentation de nombre de chômage, flambée des prix sur le marché, inflation galopante, baisse de la valeur monétaire,etc. D’innombrables éléments comme la pauvreté et la misère encouragent la jeunesse soudanaise à rejoindre l’Organisation EI en Libye moyennant de l’argent (en moyenne 500 dollars USA) par chacun.
L’élément le plus important dans cette équation est les universités islamiques qui apportent de l’eau au moulin aux mouvements djihadistes de la Somalie au Nigeria. Au Soudan, la notion du djihâd est institutionnalisée dans la société que les islamistes ne manquent pas d’utiliser comme instrument de pression politique, de revendication confessionnelle, de menace, de chantage ou un fond de commerce. Les ouvrages de l’organisation EI sont disponibles en vente au Soudan et leur idéologie est largement relayée par des prêcheurs radicaux dans les mosquées et les universités.

Intervention de la France et le spectre irakien

La situation en Libye présente une menace à moyen et long terme. Une menace directe et sérieuse pour la sécurité de l’Europe.

Selon le Figaro, dans son édition du 23 décembre rapport que Paris est en train d’esquisser les contours d’une intervention militaire pour contenir la poussée de l’État islamique dans son nouveau sanctuaire libyen.
Cette décision intervient à la veille même des attentats de Paris. L’extension des zones contrôlées par l’État islamique, à quelques centaines de kilomètres des côtes de l’Europe, le «basculement» en Libye de terroristes venus du Levant, mais aussi du Yémen et du Soudan, la menace de Touareg et de tribus du Sud, constituent les paramètres d’une équation complexe et prioritaire, selon un diplomate français.

Les modalités de l’intervention et les alliances restent à définir, mais l’urgence de la menace aurait convaincu Jean-Yves Le Drian d’ouvrir un nouveau théâtre d’opérations militaires de l’autre côté de la Méditerranée à l’horizon de six mois, voire avant le printemps.

À défaut d’un accord entre les belligérants Libyens, la France poursuivrait son travail pour mettre sur pied une coalition militaire dont l’Italie et le Royaume-Uni seraient déjà partants. L’Egypte et L’Algerie  participeront aussi mais pas le Soudan. Par ailleurs l’Egypte et l’Algerie ont plusieurs fois accusé le Soudan d’être un sanctuaire des terroristes. Le président algérien avait même interdit aux algériens de se rendre au Soudan. Quant au Caire, leur divergence est plus profonde notamment sur la question du Nil et le territoire frontalier  Hala’ib qui est lui très convoité par les deux pays, car il a un accès à la mer. Caire considère aussi que les islamistes au Soudan sont les principaux soutien après le Qatar aux frères musulmans.

En revenche, la France pourrait intervenir indirectement au Soudan en soutenant les rebelles soudanais du Front révolutionnaire qui depuis une année ont élu domicile à Paris. Le régime tchadien d’Idriss  Deby ne sera sûrement pas mise en écart. D’ailleurs si la France décide d’aider les rebelles du FRS, il y a pas meilleur intermédiaire que le Tchad de Deby. Si ce dernier ne s’écroule pas.

Et pourtant, si la situation en Libye est une menace pour l’Europe, le Soudan est une menace pour toute l’Afrique si une intervention en Libye se concrétise ou sans.

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La rééquilibre géopolitique

Après les attentats du 13 novembre 2015, les autorités françaises ont décidé d’aller à la vitesse supérieure dans la lutte contre le terrorisme qui s’est invité en pleine rue de Paris. D’abord un rapprochement sans retenu avec la république islamique d’Iran grâce à l’accord sur son programme nucléaire. Rappelons que la France a été longtemps hostile envers ce même Iran des ayatollahs considéré comme la principale source du terrorisme international. De l’extrême gauche à l’extrême droite, la classe politique française est prise dans son propre filet. N’ayant ni la capacité, ni les ressources nécessaires, elle fait appel à celles qu’elle traitait des terroristes pour une alliance spectaculaire. Ironie de l’histoire, les ayatollahs deviennent défenseurs des droits humains et la France incubateur des terroristes.
En suite, il y a la Russie défiant les américains en Syrie et les européens en Ukraine. La France se retrouve dans les bras de Poutine comme Juliette dans les bras de Roméo. Elle qui vociférait  l’ingérence de Poutine dans les affaires européennes et appelait à des sanctions économiques contre la Russie.

Lire==>Les aventures ambivalentes de Deby en Libye

Le but de ces acrobaties est d’empêcher  des attentats terroristes sur le sol français. Mais cela ne suffissent pas. Combattre l’organisation de l’Etat islamique en Syrie et en Irak en soutenant les iraniens et les russes déjà au sol face à la réticence occidentale, ne protège pas la France des terroristes qui affluent par centaine en Libye et se retrouvent en France parmi la masse des réfugiés.

Pourquoi les islamistes visent-ils la France?

Départ sa civilisation, sa culture , sa politique, son histoire et ses valeurs, la France est la cible favoris des djihadistes. Elle  entretient un mépris à peine voilé envers les valeurs et moeurs religieuses au nom des droits de l’homme ou des valeurs républicaines, qu’elles soient de l’islam ou d’autre religion depuis sa révolution légendaire contre l’autorité de l’église. Pour les islamistes, elle est la capitale de la dépravation, du libertinage, de la perversité bref le visa pour leur Paradis.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Analyste politique


Tchad : les enjeux électoraux de 2016

L’année 2016 est une année cruciale pour le Tchad. Outre les enjeux de paix et de sécurité, une alternance apaisée dans ce pays sera un gage de stabilité. En avril 2016 est prévue l’élection présidentielle. Le président sortant, Idriss Déby, après 25 ans de règne sans partage, est candidat à sa propre succession. L’opposition y voit une occasion pour installer l’alternance et mettre fin à l’injustice et à la dictature du général Déby. Pour la société civile et la population, c’est une année de crainte et de peur. Quelques propos recueillis depuis N’Djamena, la capitale tchadienne, sur les enjeux électoraux de 2016, révèlent un certain nombre d’inquiétudes.

Selon Mahamat Nour A. Ibenou, Secrétaire général de la Convention Citoyenne Tchadienne pour la Défense de Droit de l’Homme, il y a lieu de craindre le pire si le président meurt. Le président tchadien à de soucis de santé depuis quelque temps.  Pour M. Ibenou, plusieurs conséquences sont préoccupantes, notamment en ce qui concerne l’armée tchadienne, complètement désorganisée. Par ailleurs, une transition constitutionnelle ne semble pas être possible avec une armée tribale constituée de chefs de clan.

Récemment, le président tchadien Idriss Déby laissé entendre dans la presse qu’après lui il y aurait un déluge. Déby n’a pas manqué de se fendre de ce propos aussi surréaliste que lamentable : « Je ne reste pas au pouvoir pour mon bon vouloir: si j’apprends que quelqu’un d’autre peut assurer la stabilité de ce pays, je cèderai la place». Face à cette réaction, le Secrétaire général de la CTTDH  a répondu : « L’esprit hérité des anciennes dictatures est tel que nos chefs d’État pensent que, sans eux, rien ne peut se faire ». Ils promettent la peur et le déluge.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani

Analyste politique, mondoblogeur

https://www.youtube.com/watch?v=WZTfFB9NqGE


Afrique-Moyen Orient: le panier à crabes saoudiens

L’Arabie saoudite a formé une coalition islamique pour lutter contre le terrorisme. Elle comprend 34 pays dont l’Égypte, la Turquie, les Émirats arabes Unis, mais aussi des pays d’Afrique et d’Asie. L’Iran, la république islamique grand rival de Riyad, n’en fait pas partie.

L’Arabie Saoudite vient de se doter d’une coalition Islamique anti-terroriste. Un fait aussi insolite que bizarre. Si une certaine politique occidentale cherche désespéramment des outils juste pour pavoiser une complicité à peine voilée pour détourner l’attention de leurs opinion publique d’une part, et protéger des intérêts parfois obscures d’autre part, que vient faire notre pays le Tchad dans cette galère? Le Tchad départ sa constitution, il n’est pas un pays Islamique même si sa population est en majorité musulmane, moins encore un pays arabe même si pour des raisons politiques et historiques sa constitution consacre la langue arabe comme une deuxième langue officielle du pays.

Le système inique, dictatorial et corrompu qui fait de sa milice un instrument de commerce et d’échange contre nature, vient de franchir un pas de plus en direction d’une aventure qui endeuillera encore des familles Tchadienne.
Le Tchad, un pays de l’Afrique centrale ne peut s’épanouir que dans son milieu naturel, la cohérence de sa politique extérieure et la complémentarité régionale doivent prévaloir à toute autres option extérieure. Qui ignore le rôle joué par les mollahs saoudiens dans les désordres politico-religieux qui envahi la planète. Fanatisme, extrémisme, fondamentalisme et leur monstre de bébé le terrorisme, tous sans exception sont nés de la matrice du salafisme couvert du drap wahhabite.

Pour ceux qui veulent tromper leur conscience pour des raisons inavouées, ils apprendront à leur dépend et au prix de sang et de larme de leur peuple, de suite de la mascarade qui vient d’être pompeusement et triomphalement annoncée par les autorités saoudiennes.

Hier encore, les saoudiens tentaient de faire avaler à la communauté internationale que les formations comme Al-Nousra, An-saraldine, An-sarel-Islam, Djesal-Islam, Ahrar-Asham et autres crapules, qu’elles sont des formations » modérées ». Et comment peuvent-elles en être autrement pour les saoudiens quand elles ne sont que les instruments de leur propre doctrine?

Les pays Africains doivent faire attention. Le terrorisme avant qu’il ne soit armé, il est d’abord et surtout doctrinal. Or la doctrine salafiste et son corolaire le wahhabisme sont le fondement du pouvoir saoudien. Le jour où on aura obtenu que Al-Saoud seraient prêts a sillé la branche sur laquelle ils sont assis, ce jour là toute la communauté internationale poussera un ouf de soulagement.

En attendant, l’intervention surprise de la Russie en Syrie a crée une nouvelle donne qui, au delà de menace que cela fait peser sur la sécurité au nord de la méditerranée, fruit de leur propres turpitude, les pays du sahel sont plus que jamais interpelés à faire preuve d’unité, de solidarité, de perspicacité et de vigilance accrue.
Les entreprises qui gèrent les terroristes sont entrains de les transporter à Syrte en Libye en attendant de leur trouver un nouvel « Job » quelque part. Il n’est pas impossible que, vue la détermination des européens à juguler le phénomène loin de leur frontière sud, ces instruments de mort et de désolation trouvent un repère dans le sud du Darfour soudanais frontalier de la toute nouvelle République du Nord de la RCA, ou dans les montagnes de Tibesti Tchado-Libyen.

Si le dix pour cent de cette hypothèse cauchemardesque se met en relief alors les conséquences seront odieuses, dévastatrices et incalculables.
Une guerre ne se gagne jamais par les moyens des autres. Nous devons nous occuper de nos monstres de B.H, de An-sareldine et autres Daesh qui égorgent et tuent nos concitoyens dans l’indifférence de la communauté internationale qui nous distrait avec des déclarations de condamnations.

Personne ne viendra à notre secours. Tout au plus une opération Barkhane ou de drones qui ne sont pas plus efficaces que la coalition de 63 pays contre Daesh en Syrie et en Irak. Et puisque nous nous situons dans l’angle mort des intérêts immédiats de décideurs de ce grand monde, personne ne mettra la main dans sa poche pour nous secourir contre nos tueurs. De plus, nous ne cessons de confondre et de gérer le denier public comme un bien personnel. Il est normale que les autres nous regardent de très haut .Nous risquons de payer très chère le prix du mercenariat tout azimut pour lequel nous sommes si friands. L’effet boomerang nous attend sans aucune surprise.

Mahamat Djarma Khatre Aboulanwar


Salay Deby, un cauchemar bien réel

Salay est le frère cadet d’Idriss Deby. Il est connu pour son goût immodéré de l’alcool et aussi et surtout de la violence. De ses bavures à N’Djamena, il dispose d’une cellule dans une de ses résidences à la périphérie de la ville pour incarcérer et torturer ses détracteurs. Il est juge, bourreau et procureur. Mais qui est-il ce personnage mégalomane qui fait le beau et le mauvais temps?

Né en plein brousse de Tibesti dans les années 70, il grandit dans la maison de sa mère dans un quartier poussiéreux prêt de l’aéroport de N’djamena dans les années 80. Entre la maison de la vieille, celle d’IDI et celles de ses grandes sœurs, le benjamin tout droit venu du village est repoussé par les habitants du quartier et certains proches pour son manque d’éducation et son comportement de berger. Pendant que son grand frère massacrait la population du sud sous les ordres du dictateur Hissein Habre (septembre noir), Salay acquiert la réputation d’un enfant dangereux, violent et imprévisible. Un caractère propre à la famille Deby. Après la fuite de son frère suite à un désaccord avec Habre, l’enfant terrible est évacué discrètement au village. Le berger dangereux devient alors un enfant soldat et entre à N’djamena triomphalement avec le MPS, en tant que combattant de la liberté ! Du moins ce qu’il aime raconter.

Après la traversée du désert et comme le veut la coutume, l’enfant solitaire gagne le respect de la famille et la considération de son grand frère qui devient président de la république du Tchad.

Salay n’a jamais été à l’école. C’est un brillant analphabète notoire, autant en français qu’en arabe. Mais sa dangerosité est son lien avec le président. Ce dernier le nomme garde-corps rapproché à la présidence. Il sera alors chargé d’exécuter des basses besognes nocturnes. Après l’exploitation du pétrole en 2003, Salay, comme tous les membres du clan, amorcent  la grande migration vers le secteur pétrolier jugé juteux. Ainsi il sera parachuté coordinateur adjoint à la fiscalité pétrolière.

Au début de la rébellion des Zakhawa notamment celle des frères Erdimi, son grand frère, le muta  coordinateur adjoint de l’ANS, la police politique puis Régent dans la région du Batha. Les habitants de cette région très rattachés aux valeurs et cultures de l’Islam, Salay n’a du respect qu’à la délinquance, la dépravation  et la perversité. Aucune jeune fille ne passe devant lui sans se faire harceler et surtout si elle a la peau claire. Peu importe si elle est mariée ou célibataire, mineur ou adulte, il doit subvenir à son instinct animal par tous les moyens. Il est accusé de plusieurs cas de viols, ce qui a même conduit beaucoup de jeunes de la région à rejoindre la rébellion à l’époque pour tenter de rétablir leur honneur ou de se venger. Il fut aussi directeur de la réserve stratégique, poste qui lui permettra de trafiquer des armes avec des groupes d’insurgés actuel Boko Haram.

En 2008, Salay demanda son grand frère d’occuper la direction générale des douanes du Tchad. Un passage dramatique qui marqua l’histoire de cette direction à jamais. Le 24 octobre 2015 limogé et arrêté pour mauvaise gestion. Selon Jeune Afrique, près de 136 milliards de F CFA (207 millions d’euros) en liquide ont été retrouvés (16 dans ses bureaux, 120 dans ses différentes résidences). Mis aux arrêts au siège de la police judiciaire, à N’Djamena, il a été libéré un mois plus tard avant de prendre quelques jours de repos dans une de ses villa au Caire en Égypte.

Face à une telle impunité et malgré la crise économique et sociale que subissent les Tchadiens et l’insécurité qui fait rage, les organisations de la société civile et les forces vives de la nation doivent exiger et œuvrer  pour traduire en justice Salay Deby. L’esclavage est aboli, à quand la servitude volontaire?

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, mondoblogueur


Boko Haram : l’allié devenu encombrant du président Déby

Document disponible en version arabe et anglais sur: Al-tarabout.wordpress.com

Ce jour vendredi 11 décembre, Deby décide de rappeler à N’Djamena tous les militaires tchadiens envoyer au Nigeria pour combattre la secte islamiste Boko-Haram. Un mois plutôt le 07 novembre, il rappela dare-dare les Forces armées tchadiennes d’intervention au Cameroun (Fatic – plusieurs milliers d’hommes). Mais derrière cette posture de chasseur des terroristes, Idriss Deby a contribué activement à la montée fulgurante de Boko Haram.

Boko Haram-Tchad : rupture d’une alliance sulfureuse

L’année 2015 a commencé de manière bien sinistre sur les bords du lac Tchad, où Boko Haram1 a massacré plusieurs centaines de civils dans la petite ville de Baga, au Nigeria, et incendié une quinzaine de villages à ses alentours. La barbarie de ces actes – sans doute le pire crime de masse commis par la milice dirigée par Abubakar Shekau – s’explique peut-être par le fait que Baga abritait le quartier général de la Force multinationale mixte (MNJTF, selon son sigle anglais) censée combattre le banditisme et le terrorisme dans la région, et créée par les Etats membres de la Commission du bassin du lac Tchad. Ses soldats nigériens et tchadiens avaient déserté Baga quelques semaines plus tôt et les derniers militaires nigérians restés sur place n’ont guère résisté à l’assaut de Boko Haram.

La tuerie de Baga peut être considérée comme un tournant dans la guerre qui se déroule dans la région du lac Tchad. Certes, il fallut que l’émotion due à l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris retombe pour que les médias européens prennent conscience de l’ampleur du massacre. Mais, surtout, elle a marqué un changement radical d’attitude d’un des Etats de la région dont l’activité apparaissait jusque-là pour le moins ambiguë.

Le 29 janvier, une douzaine de jours après son entrée au nord du Cameroun, l’armée tchadienne affrontait pour la première fois la milice djihadiste2. Puis, le 3 février, sans l’accord des autorités d’Abuja, elle délogeait Boko Haram de la petite ville de Gambaru, du côté nigérian de la frontière avec le Cameroun3. Entre-temps, alors que l’armée tchadienne se déployait également dans le sud-est du Niger, le siège de la MNJTF était transféré, le 20 janvier, de Baga à N’Djamena. En outre, il était décidé que cette force, jusque-là minée par les dissensions entre les Etats qui l’avaient fondée, devait être revitalisée et dotée d’un mandat de l’Union africaine, qui fut obtenu quelques semaines plus tard4.

Alors que la déliquescence de l’armée nigériane avait permis une inquiétante montée en puissance de la milice de Shekau, notamment sur les rives du lac Tchad, dont quatre pays se partagent les eaux, le président tchadien Idriss Déby s’affirmait, à nouveau, comme l’irremplaçable rempart antiterroriste africain, deux ans après avoir été le premier soutien de la France pour expulser les groupes djihadistes du nord du Mali.

À y regarder de plus près, la réalité pourrait cependant être plus complexe. Durant les mois précédant le revirement du Tchad, des questions contradictoires, souvent troublantes, se posaient sur le rôle de ce pays dans la lutte contre Boko Haram.

Tout d’abord, il faut constater qu’en dépit de sa proximité géographique avec les zones sous contrôle de Boko Haram au Nigeria, aucune attaque n’avait, jusqu’au 13 février 20155, frappé le territoire tchadien6. Pourtant, de l’autre côté de la frontière, à quelques dizaines de kilomètres de N’Djamena, la capitale tchadienne, les raids et attentats de Boko Haram étaient devenus pratiquement quotidiens, et ce depuis près de trois ans au Cameroun, et encore davantage au nord-est du Nigeria.

Par ailleurs, les nombreuses armes saisies dans le nord du Cameroun tout au long de 2014 et destinées, selon toute vraisemblance, à alimenter Boko Haram provenaient presque systématiquement du Tchad. Par exemple, le 26 mars 2014, près de Fotokol, sur indication de villageois, une cache souterraine était mise à jour. On y trouva, notamment, 239 kalachnikovs, une tonne de grenades, un canon, un mortier, 9 mitrailleuses, 6 fusils FAL et 11 lance-roquettes7. De même, le 23 septembre, à Kousseri, ville camerounaise faisant face à N’Djamena, ce furent, entre autres, 5 mitraillettes, 24 roquettes, 4 lance-roquettes et 6 kalachnikovs qui ont été découvertes dans la villa d’un responsable local du groupe armé8. Le 12 novembre, à Kousseri, la police a intercepté, dans une cache aménagée dans un véhicule qui venait de passer la frontière tchadienne, 15 mitrailleuses, 6 AK-47, un lance-roquettes de type RPG et près d’un millier de cartouches9.

Un pays saturé d’armes

D’autres armes, saisies au Nigeria notamment par la MNJTF en 2012, semblaient venir également du Tchad, à travers le lac éponyme10. Le Tchad est visiblement devenu le lieu où confluent les routes du trafic d’armes, venant principalement de Libye, décrite comme un « arsenal à ciel ouvert » depuis le l’intervention de l’OTAN en 2011. D’autres pays en proie à des conflits y contribuent également, comme le Soudan ou la Centrafrique. Par ailleurs, le gouvernement de N’Djamena est confronté à une forte prolifération d’armes de guerre, héritée de deux épisodes de guerre civile (1965-1979 et 2005-2010), de diverses interventions militaires dans des pays de la région et du retour de nombreux Tchadiens, parfois armés, dans leur pays après le renversement de Mouammar Kadhafi11. Pour tenter de maîtriser la détention illicite d’armes à feu, les autorités procèdent à des fouilles et des perquisitions parmi les civils et les démobilisés12. Ce contexte pourrait inciter certains habitants à se débarrasser des armes en leur possession en les vendant à des trafiquants qui, à leur tour, les injecteraient dans les circuits alimentant Boko Haram13.

Une autre source qui a alimenté Boko Haram en armes aurait pu être l’armée tchadienne elle-même. C’est du moins ce qu’a affirmé un officier supérieur de la gendarmerie camerounaise, selon lequel le groupe armé entretenait des liens étroits avec des militaires tchadiens14. Des accusations croisées éclaboussent les armées nigériane et camerounaise. Il est bien entendu difficile d’évaluer l’ampleur et l’impact de telles complicités, bien que les allégations concernant les connexions entre l’armée d’Abuja et les djihadistes soient bien plus nombreuses et circonstanciées15 que celles visant les armées de ses deux voisins.

Quoi qu’il en soit, on peut s’interroger sur le faible nombre d’arrestations de trafiquants et de saisies d’armes destinées à Boko Haram opérées en territoire tchadien, en flagrant contraste avec la situation au nord du Cameroun. Nos recherches n’ont révélé que deux cas, peu détaillés, d’arrestation de trafiquants soupçonnés d’alimenter le groupe armé. D’abord, celui de cinq Camerounais qui, à une date indéterminée en 2013, avaient tenté d’introduire dans leur pays des armes cachées dans des sacs d’arachides et avaient été arrêtés au Tchad16. Ensuite, celui, bien plus récent, concernant la saisie de 30 armes de guerre début janvier 2015, à Dougya, une localité sur le fleuve Chari, faisant face au Cameroun17.

Si un de ces deux cas mis à jour au Tchad concernait des citoyens camerounais, plusieurs saisies d’armes opérées au Cameroun impliquaient des Tchadiens. Des ressortissants de ce pays sont également actifs dans des trafics bien plus loin éloignés. Ainsi, à au moins cinq reprises en l’espace de quelques semaines, des contrebandiers tchadiens ont été arrêtés dans le sud de l’Algérie18. Même s’il n’est pas établi que toutes ces affaires concernent du trafic d’armes et malgré le fait que des citoyens d’autres pays, dont le Niger et le Soudan, étaient souvent impliqués, cela suggère une forte culture de la contrebande transsaharienne de certains ressortissants tchadiens.

La participation de nombreux citoyens de pays sahéliens à des activités de contrebande a sans doute été rendue plus aigüe par l’expulsion de plusieurs centaines de milliers de travailleurs de ces pays par les nouveaux maitres de la Libye, dont plus de 150 000 Tchadiens retournés dans leur pays d’origine19, et de l’exode de milliers d’anciens combattants à la solde de l’ancien régime. À ce propos, il faut reconnaître au président Déby d’avoir été un des premiers chefs d’Etat à attirer l’attention de la communauté internationale sur les conséquences catastrophiques pour la bande sahélienne du chaos provoqué en Libye.

D’autre part, il faut noter que les dépenses militaires tchadiennes sont en forte progression, ayant été pratiquement multipliées par huit entre 2004 et 200820, tandis que les importations d’armes répertoriées, principalement de France et d’Ukraine, suivaient une courbe comparable. En plus, de nombreux armements n’auraient été déclarés, ni par le Tchad, qui n’a jamais participé au Registre de l’ONU sur les transferts d’armes21, ni par les pays vendeurs22. Ces achats massifs, couplés à une absence de transparence, font naître la suspicion que certains matériels auraient pu être détournés vers des acteurs non-étatiques.

Un faisceau d’allégations

Par ailleurs, un grand nombre de Tchadiens combattraient au sein de Boko Haram. Ainsi, lors d’une attaque sur Biu (Etat du Borno, Nigeria) le 14 janvier 2015, quinze membres tchadiens du groupe armé auraient été tués23. Dans les régions sous son contrôle du nord-est du Nigeria, les tribunaux mis en place par Boko Haram seraient systématiquement présidés par des Tchadiens24. Ce seraient également des Tchadiens qui auraient l’expertise nécessaire pour manier des armes lourdes sophistiquées, comme des blindés et de l’artillerie25.

En outre, des médias nigérians, citant un mémo de services de renseignement nigérians datant de 2011, font état de l’existence d’un camp d’entraînement de Boko Haram en territoire tchadien, plus précisément près de la ville d’Abéché26, à 750 km à l’est de N’Djamena. Ce camp, très éloigné des zones d’opération du groupe djihadiste, n’aurait pu exister qu’avec l’assentiment du gouvernement tchadien. Cependant, s’il a existé, ce camp n’est certainement pas le seul dans la région. Le 21 décembre 2014, l’armée camerounaise en a démantelé un dans le département de Mayo-Danaï, dans la région de l’Extrême-Nord, récupérant plus de 80 enfants qui y étaient formés et arrêtant 45 instructeurs27. D’autres camps de Boko Haram, où les adeptes étaient formés au maniement des armes, existaient au Nigeria, notamment dans la forêt de Sambisa28, et ont même été découverts à Tombouctou, au Mali, en janvier 201329, et près de Diffa, dans le sud-est du Niger, en février 201430 mais, à l’inverse du cas d’Abéché, jamais la collusion des autorités centrales n’a été suspectée.

Relevons aussi que du carburant tchadien de contrebande semble approvisionner Boko Haram, ainsi que certaines régions du Cameroun et des zones sous le contrôle des rebelles de la Seleka en Centrafrique31. Selon des médias tchadiens, ce pétrole serait directement issu des réserves appartenant à la famille présidentielle32.

Tous ces éléments ont fait dire à certains médias, notamment nigérians et camerounais, ainsi qu’à des organisations de la société civile nigériane, comme Every Nigerian Do Something (ENDS)33 et #BringBackOurGirls (BBOG)34, que les autorités de N’Djamena ont été complices de Boko Haram. Les accusations de BBOG ont été principalement alimentées par le pseudo-accord conclu le 17 octobre 2014 entre les autorités nigérianes et Boko Haram, sous la médiation personnelle du président Déby, et qui aurait dû entrainer un cessez-le-feu et la libération de plus de 200 jeunes filles enlevées à Chibok (Etat du Borno) six mois plus tôt35. L’accord n’a pas été mis en œuvre et Shekau a déclaré, dans une vidéo diffusée le 1er novembre, qu’il n’avait jamais été conclu36. À Abuja, les responsables gouvernementaux semblaient se diviser sur la responsabilité de Déby dans ce fiasco, les uns pensant qu’il avait été involontairement trompé par le groupe djihadiste, désireux de se réorganiser et de se redéployer, les autres soupçonnant le président tchadien – devenu brusquement indisponible après l’annonce de l’accord – d’avoir voulu délibérément piéger les autorités nigérianes37.

Les relations suspectes du président Déby

Un autre élément particulièrement troublant est l’amitié qui lierait le président Déby à Ali Modu Sheriff, ancien gouverneur de l’état du Borno et dont l’élection doit vraisemblablement beaucoup au soutien offert par Boko Haram en 2003. En échange, le beau-père de Mohammed Yusuf, fondateur du mouvement, assassiné en 2009, avait été nommé commissaire des Affaires religieuses de son gouvernement38. Goodluck Jonathan, alors président du Nigeria, a publiquement déclaré, en avril 2013, que Sheriff avait été un « ami » de Yusuf39.

Or, Sheriff, qui est un visiteur régulier du Tchad, en particulier de la capitale et d’Abéché, bénéficierait de la protection du président tchadien dont il aurait financé la campagne électorale de 2011, notamment en lui fournissant 35 véhicules pour sa sécurité40. En contrepartie, une société appartenant à Sheriff s’est vue attribuer deux blocs pétroliers dans le sud du pays41. Certaines sources, dont Stephen Davis, négociateur australien ayant tenté de faire libérer les filles de Chibok, ont accusé Modu Sheriff de continuer à financer Boko Haram42, voire d’organiser des transferts d’armes à son bénéfice ou de superviser le présumé camp d’Abéché43.

Cependant, en juillet 2014, Sheriff – jusque-là membre d’un parti d’opposition – a rejoint le People’s Democratic Party, au pouvoir44, et est devenu un allié de poids du président Jonathan, tandis que, le 16 décembre 2014, les services de renseignement nigérians – le State Security Service (SSS) – exonéraient Sheriff de toute complicité avec Boko Haram45. Par conséquent, malgré les intérêts électoraux qui sous-tendaient ces revirements, on pourrait difficilement reprocher au chef d’Etat tchadien d’entretenir d’étroites relations avec un homme blanchi par les autorités nigérianes des soupçons de soutien à un groupe armé nigérian…

Une autre relation trouble du Président Déby est celle entretenue avec son ancien opposant, devenu proche conseiller, Mahamat Bichara Gnorti, arrêté par les autorités soudanaises à Al-Jeneina, capitale provinciale du Darfour-ouest, le 17 novembre 2014, après que la fouille de son camion ait révélé qu’il transportait, en direction du Tchad, 19 missiles portables antiaériens SAM7 (SA-7 « Grail » selon la terminologie OTAN, 9K32 Strela-2 selon la terminologie soviétique/russe) provenant des arsenaux de l’armée soudanaise et qu’il aurait obtenus en corrompant une demi-douzaine d’officiers. Muni d’un laisser-passer des autorités tchadiennes, il aurait déclaré pendant son interrogatoire que l’armement était destiné à Boko Haram et qu’il agissait pour le compte du président Déby en personne46.

Cette arrestation a soulevé beaucoup de vagues dans la presse des pays concernés, y compris au Soudan, dont les médias sont pourtant sous étroit contrôle étatique47. Plusieurs émissaires tchadiens auraient été dépêchés à Khartoum avec pour mission de faire libérer Gnorti et auraient même brandi la menace d’une rupture des relations diplomatiques, mais ils se seraient heurtés à une fin de non-recevoir des autorités soudanaises48. C’est très probablement pour obtenir des explications que le président Jonathan, accompagné notamment du chef de sa National Intelligence Agency, a effectué une visite inopinée à son homologue tchadien le 24 novembre à N’Djamena49, mais le président Déby aurait nié tout soutien à Boko Haram50. Entre-temps, le gouvernement nigérian aurait lancé une enquête pour vérifier la véracité de ces allégations51.

Cette affaire, plus que toute autre concernant la relation entre le Tchad et Boko Haram, pose des questions particulièrement troublantes sur la nature des relations du président Déby avec Boko Haram. Mais, paradoxalement, elle semble laver de tout soupçon les autorités soudanaises, parfois accusées de soutenir le groupe armé52, bien qu’il y ait lieu de s’inquiéter de la corruption régnant au sein de leurs forces armées.

Notons également que des hommes politiques, comme le neveu d’Idriss Déby, ancien ministre devenu récemment président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale, Abbas Mahamat Tolli, et le ministre des Transports et de l’Aviation Civile, Abdelkerim Souleymane Teriao53, un ancien rebelle, appartiendraient, selon l’opposition tchadienne, à des milieux intégristes musulmans soutenant Boko Haram54.

Le chaînon manquant saoudien ?

Quant aux motivations qui auraient pu animer le pouvoir de N’Djamena, on en est bien entendu réduit aux hypothèses. Cependant, l’influence exercée par l’Arabie saoudite sur certains milieux politiques et religieux tchadiens pourrait fournir une explication, au moins partielle, à ces connivences. D’une part, grâce à des imams formés en masse dans ce pays, le wahhabisme et du salafisme ont effectué une percée spectaculaire au Tchad, au point que quelque 20 % de la communauté musulmane auraient abandonné le soufisme traditionnellement dominant dans la région pour des pratiques importées du Moyen-Orient55. D’autre part, le royaume saoudien a été fréquemment soupçonné d’entretenir des relations avec Boko Haram. Les négociations, mentionnées plus haut et conduites sous la médiation du président Déby, dans l’espoir d’une libération des jeunes filles de Chibok, se sont en effet tenues en Arabie saoudite56. Trois ans plus tôt, un porte-parole de Boko Haram avait déclaré que Shekau s’était rendu dans ce pays et y avait obtenu un « soutien technique et financier » d’Al-Qaida57. Il a également été question de liens avec des fondations et des organisations basées dans le royaume58, tandis que, selon le journal satirique français Le Canard Enchaîné, Boko Haram serait financé par des « monarchies pétrolières du Moyen-Orient »59. Un pivot de cette connexion saoudo-tchadienne serait l’homme d’affaires Abakar Tahir Moussa, qui a passé une grande partie de sa vie dans la pétromonarchie60.

En tout cas, ce ne serait pas la première fois que des gouvernements africains sont accusés de soutenir des groupes armés actifs dans des pays voisins. Ainsi, les autorités tchadiennes sont largement soupçonnées d’avoir plongé la Centrafrique dans le chaos en promouvant les insurgés de la Seleka61. Néanmoins, on peut se demander quel serait l’intérêt des autorités de N’Djamena à déstabiliser ses voisins, en particulier le Cameroun. En effet, le Tchad, pays enclavé, est fortement dépendant de Yaoundé pour ses importations de nombreuses denrées, ainsi que pour ses exportations de pétrole : plus des trois-quarts des 1050 km de l’oléoduc permettant l’exportation de l’or noir tchadien se trouvent en territoire camerounais. Cependant, l’encouragement de l’activité de Boko Haram au Cameroun pourrait être une forme de rétorsion envers Yaoundé, dont la forte hausse des droits de passage du brut tchadien intervenue en décembre 2013 a été jugée exorbitante par N’Djamena62. Par contre, un affaiblissement du Nigeria, principal rival militaire du Tchad dans la région, pourrait relever l’importance géostratégique du Tchad, qui fait figure d’un des rares pôles de stabilité dans une Afrique centrale et sahélienne où se multiplient les groupes armés et autres mouvements insurrectionnels. Par ailleurs, la découverte de pétrole en 2012 dans l’Etat du Borno63 n’est peut-être pas sans lien avec la recrudescence des activités de Boko Haram dans cette même région. L’insécurité que fait régner le groupe armé rend en tout cas impossible l’exploitation de ces réserves64, ce qui conforte le monopole pétrolier du Tchad dans la bande sahélienne.

L’engagement des troupes tchadiennes contre Boko Haram semble apporter un démenti radical à la complicité présumée des autorités de N’Djamena avec le groupe djihadiste. Pourtant, il pourrait simplement révéler un changement tactique majeur du président Déby. Les raisons déterminantes de ce revirement restent à éclaircir. Mais les hypothèses sont nombreuses. La plus évidente est que le Tchad, et en particulier sa capitale, à portée de canon des zones où opèrent les hommes de Shekau, pourrait être à son tour menacé. Les attentats-suicide dont a été victime N’Djamena en juillet sont là pour illustrer sa vulnérabilité. Ce changement de cap pourrait également résulter d’un mouvement d’humeur du président Déby, s’estimant floué après le non-respect de l’accord conclu à propos des lycéennes de Chibok en octobre 2014. Il pourrait également être le résultat de pressions internationales accrues, en particulier de la France et des Etats-Unis, dont l’influence reste prépondérante dans le pays.

Déby gagne sur tous les tableaux

De toute façon, les bénéfices que tire N’Djamena de sa déclaration de guerre à Boko Haram sont d’ores et déjà substantiels. D’une part, elle lui permet de s’affranchir de soupçons de plus en plus embarrassants de soutien à une insurrection, surtout après celui accordé à la Seleka centrafricaine. D’autre part, elle permet au président Déby de s’affirmer comme un leader régional, voire continental. En outre, alors que le Tchad était critiqué pour une utilisation peu orientée vers le développement de ses ressources pétrolières, le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne seraient maintenant en train d’adopter une position beaucoup plus nuancée65. Enfin, comme le pense l’universitaire Marielle Debos66, cette intervention contre un allié devenu gênant constitue une « aubaine » pour le président tchadien, qui « se positionne comme le pivot régional de la lutte antiterroriste » et « lui permet de faire oublier les violences passées, les pratiques peu démocratiques et la contestation sociale ».

Mais on peut également se demander dans quelle mesure la « tolérance » dont a longtemps bénéficié Boko Haram de la part des autorités de N’Djamena a contribué à sa fulgurante montée en puissance jusqu’aux premiers jours de l’année 2015.

Georges Berghezan, 29 septembre 2015

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1 Boko Haram (littéralement « le livre est un péché ») est en fait le surnom d’un groupe armé qui, jusqu’en avril 2015, déclarait s’appeler « Groupe pour la tradition prophétique, la prédication et le jihad», avant de se rebaptiser « Province de l’Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique ».
3 Christophe Châtelot, Pourquoi le Tchad s’engage dans la lutte contre Boko Haram, Le Monde, 6 février 2015.
5 Boko Haram attaque pour la première fois le Tchad, La Libre Belgique, citant AFP, 13 février 2015.
6 À l’exception d’une attaque visant des ressortissants nigérians dans un village frontalier en août 2014. Voir Boko Haram trails Nigerians to Chad, kills 6, Daily Trust (Abuja), 6 août 2014.
7 Reinnier Kaze, Le Cameroun, plaque tournante d’un trafic d’armes destinées à Boko Haram, Yahoo Actualités, citant AFP, 4 avril 2014 ; David Wenaï, 20 ans de prison pour des membres de Boko Haram, Camer.be (Bruxelles), citant L’œil du Sahel, 31 juillet 2014 .
8 Un dirigeant de Boko Haram arrêté, BBC Afrique, 26 septembre 2014 ; Raoul Guivanda, Kousseri : un chef local de Boko Haram arrêté, Camer.be, citant L’Oeil du Sahel, 26 septembre 2014 ; Cameroonian Military Capture Boko Haram’s Top Commander, Abakar Ali, Sahara Reporters, 26 septembre 2014.
10 Freedom C. Onuoha, Porous Borders and Boko Haram’s Arms Smuggling Operations in Nigeria, Al Jazeera Center for Studies, 8 septembre 2013 ; Deux islamistes nigérians tués à la frontière avec le Tchad, Slate Afrique, 1er août 2012.
12 Tchad : La circulation des armes qui fait peur dans le-Moyen-Chari et le Mandoul, Groupe de réflexion et d’action pour le Tchad, 31 juillet 2014 ; Adil Abou, Tchad: Importante quantité d’armes saisies à Abeché, Alwihda (N’Djamena), 15 décembre 2014.
13 Abdelwahid Ahmat, Cameroun : La police camerounaise découvre des armes dans un véhicule, Alwihda, 19 décembre 2014.
15 Chantal Uwimana (Transparency International), Corruption In Nigeria’s Military And Security Forces: A Weapon In Boko Haram’s Hands, Sahara Reporters, 19 juin 2014.
16 Edouard Kingue, Circulation des armes de guerre : trafic ou complot contre le Cameroun ?, Camer.be (Bruxelles), citant Le Messager (Douala), 8 octobre 2014 ; Reinnier Kaze, Le Cameroun, plaque tournante d’un trafic d’armes destinées à Boko Haram, op. cit.
17 Reouhoudou Innocent, Tchad : 30 armes de guerre saisies, Alwihda, 7 janvier 2015.
19 L’OIM au secours de migrants tchadiens en détresse expulsés de Libye, Organisation internationale pour les migrations, 12 février 2013.
20 Selon le Stockholm Institute for Peace Resarch (SIPRI), les dépenses militaires du Tchad ont même plus que décuplé durant cette même période, pour atteindre 274 milliards de francs CFA ou 7.1 % du PiB en 2008. Voir SIPRI Yearbook 2014, pp. 222 et 236.
21 Reporting to the United Nations Register of Conventional Arms, Statistics Update 2014, United Nations Office for Disarmament Affairs (UNODA).
24 Nicholas Ibekwe, Boko Haram: Nigeria downplays Chad’s move to capture Baga, Premium Times (Abuja), 19 janvier 2015.
25 Guibaï Gatama, Boko Haram : La stratégie suicidaire du Tchad, Camer.be, citant L’œil du Sahel, 10 novembre 2014.
29 Drew Hinshaw, Timbuktu Training Site Shows Terrorists’ Reach, The Wall Street Journal, 1er février 2013.
33 Nicholas Ibekwe, op. cit.
34 Nigeria: Chad Denies Funding Boko Haram, allAfrica, citant Vanguard, 4 décembre 2014 ;
35 Boko Haram: le Nigeria annonce un accord sur la libération des lycéennes et un cessez-le-feu, Le Huffington Post, citant AFP, 17 octobre 2014 ; Sodiq Yusuff, EXCLUSIVE: How Idriss Déby brokered ceasefire, TheCable (Lagos), 18 octobre 2014.
36 Boko Haram says kidnapped schoolgirls ‘married off’, France 24, citant AFP, 1er novembre 2014.
38 Femi Falana, How Modu Sheriff Sponsored Boko Haram, Sahara Reporters (New York), 4 septembre 2014.
41 Madjiasra Nako, Les chinoiseries pétrolières de N’Djamena, Jeune Afrique, 29 avril 2014.
46 D. D., La collusion de Deby avec Boko Haram vient d’être définitivement établie au Soudan !, N’Djamena Matin, 20 novembre 2014 ; D. D., Collusion between Boko Haram and Idriss Deby, US Africa News, 23 novembre 2014.
47 L’édition du quotidien Al Intibaha du 27 novembre 2014 a fait allusion à cette affaire.
48 D. D., Affaire des missiles Sam7 destinés à Boko Haram : N’Djamena panique et menace Khartoum, N’Djamena Matin, 20 novembre 2014 ; Djarma Acheikh Ahmat Attidjani, Idriss Deby derrière Boko Harram !, Jeunes Tchad, 24 novembre 2014.
49 George Agba, Jonathan Meets Chadian President Over Reported Links With Boko Haram, Leadership (Abuja), 24 novembre 2014 ; Jonathan meets Chadian president again over Boko Haram, Premium Times, 25 novembre 2014.
51 Chad president’s friend buys 19 missiles for Boko Haram, Nigerian Tribune (Ibadan), 23 novembre 2014.
52 Martin Plaut, The Sudanese link: from Seleka in Central Africa Republic to Boko Haram in Nigeria, Africa, News and Analysis (Grande-Bretagne), 24 mai 2014.
53 Selon les sources, son nom s’écrit Teriao ou Terio.
55 Christophe Châtelot, N’Djamena redoute l’implantation de Boko Haram au Tchad, Le Monde, 4 février 2015.
57 Monica Mark, Boko Haram vows to fight until Nigeria establishes sharia law, The Guardian, 27 janvier 2012.
59 Le Canard Enchaîné, 14 mai 2014.
60 Les pétro-dollars à l’assaut de l’Afrique, Mondafrique (Paris), 26 mai 2014.
61 Yannick Weyns, Lotte Hoex, Filip Hilgert et Steven Spittaels, Mapping Conflict Motives: The Central African Republic, International Peace Information Service (IPIS, Anvers), novembre 2014, pp. 62-68.
63 Nigeria Discovers Oil In Lake Chad Basin, Information Nigeria, 10 septembre 2012.
64 Obafemi Oredein, Terrorists Dampen Oil Hopes In Nigeria’s Lake Chad Basin, E&P (Houston, USA), 17 mars 2014.
65 Roland Marchal, Chad’s Déby takes on Boko Haram, The Africa Report, 4 mai 2015?
66 Citée par Cyril Bensimon et Christophe Châtelot, in Le Tchad mobilise ses troupes contre Boko Haram, Le Monde, 22 janvier 2015. Voir également Jean-Baptiste Placca, Tchad: Idriss Déby Itno, entre démocratie et menace terroriste, RFI, 7 février 2015.


Qui succédera le dictateur tchadien Idriss Deby s’il succombe à la maladie?

A la fin du mois de novembre 2015, le président tchadien Idriss Deby a été admis à l’Hôpital américain de Neuilly à Paris en France où il a passé plusieurs journées accompagné de membres de son entourage, dont son fils Zakaria.

Confronté a une maladie incurable, aucun détail n’a filtré. Pour rassurer les tchadiens ses entourages quant aux informations circulant sur les réseaux sociaux attestant sa mort, Idriss Deby a tenu une interview à la télévision nationale pour montrer qu’il est non seulement en bonne santé mais aussi bel et bien vivant. Lors de cet interview, les tchadiens ont à peine reconnu leur président.
Une voix rauque, le visage enflé, des doigts engourdis, les regardes figés, un corps montrant des signes de fatigue d’une personne guettée par la mort et qui comme dans un jeu de cache cache cherche désespérément à s’en échapper.

Depuis lors la question de son succession fait débat. Selon la constitution du 31 mars 1996, l’ordre de succession présidentielle définit pour assurer l’intérim comme président de la République du Tchad en cas de décès, d’empêchement, de démission ou de destitution du président élu est le président de l’assemblée. Mais cette constitution sacrée est violée à plusieurs reprise par Deby depuis la révision de 2005 qui a fait sauter le verrouille de la limitation de mandat. Deby s’est alors offert une présidence à vie.
Ainsi le régime au Tchad est tout sauf démocratique et ce qui rend les choses compliqués est que la constitution qui permet une transition pacifique n’a plus de valeur juridique. Une constitution cousu sur mesure pour maintenir un dictateur ne peut valoir un document de référence ou de base. D’autant que parler du respect des lois au Tchad c’est ignoré la logique des années sombres de guerre civile et de conquête du pouvoir par les armes.

Qui pour succéder Deby?

Confronté désormais à la maladie qui le ronge, Idriss Deby resserre les rangs autour de lui en plaçant au poste clé les membre de sa famille dans la sécurité et l’Armée. Une équipe de confiance et soudée pour mission d’unifier le clan autour de la personne choisie, de dépasser les malentendus et les rapport d’ego entre famille.

Lors de la dernière hospitalisation de Deby à Paris, le clan laisse savoir sans l’ombre d’un doute leurs intention à se maintenir au pouvoir  après Deby et cela en dépit de menace d’entraîner le pays dans une nouvelle guerre civile. Des tractations seraient en cours en France et dans les pays de la sous région pour imposer un membre de la famille proche de Deby pour le succéder. Trois noms y reviennent souvent: Mahamat Idriss Deby, l’enfant adoptif, Zackaria le fils agité et Daoussa le grand frère affairiste.

Depuis la libération du petit frère controverser Saley Deby de prison, les réunions s’en chaînent tout le soir loin de regard à Amdjarass. La sécurité de N’Djamena notamment la présidence est confiée à Mahamat Idriss Deby rappelé dare-dare à N’Djamena du Lac-Tchad, Ahmat Youssouf Itno, neveu d’Idriss Déby récemment nommé à la tête des Renseignements militaires; Tahir Erda, le chef de la police et frère d’un des gendres du chef de l’Etat ; et le colonel zaghawa Mahamat Salim Haggar, qui dirige le département des opérations extérieures de l’armée. Ceux-la sont chargés à veuillez sur les ex-rebelle Zakhawa, de contrôler l’armée et œuvrer pour protéger l’intérêt du clan.

Il est claire que les Zakhawa qui entourent Deby, prévalent la force des armes pour se maintenir au pouvoir qu’à un consensus global sur la personne qui mènera la transition après Deby. Le défi à révéler est que le Tchad est ni la RDC ni le Gabon. Les événements en RCA et en Libye doivent nous servir de leçon.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, analyste indépendant


Une énième tentative d’extradition se solde par un échec

Aussi vrai que l’on ne peut descendre plus bas que le fond, aussi vrai qu’un homme couché par terre ne peut tomber. Mais, seul un Déby président est capable de chuter aussi bas. Décidément le régime de Déby n’en finira pas avec les activistes et blogueurs qui dénoncent ses bavures et son système macabre.

N’est-il pas étonnant que celui qui se vantait d’avoir «écrasé » des rebelles lourdement armés redoute les publications des jeunes blogueurs et des activistes pacifistes. Des personnes à des milliers de kilomètres et qui n’ont d’arme que leur clavier et leur plume ? N’est-il pas ironique que celui qui dirige le Tchad d’une main de fer depuis 25 ans et qui le vide de toutes ses ressources se sente menacé par des articles publiés sur des plateformes virtuelles ? Que veut-il ? A-t-il encore quelque chose à cacher de sa gestion mafieuse et de sa cruauté ?

Le 10 octobre 2015, le président tchadien Idriss Déby a fait une visite officielle au Soudan à Khartoum. Sans honte, il a occupé la place d’invité d’honneur à la cérémonie d’ouverture du dialogue national. Un dialogue voulu inclusif entre le parti au pouvoir National Congress Party (NCP) d’Oumar El-Bechir, une partie de l’opposition, la société civile et une fraction dissidente des rebelles du Front révolutionnaire soudanais. Mais la rencontre a échoué avant d’avoir même commencé. Comme si on devait attendre à autre chose !

Quarante-huit heures avant l’arrivée de Déby, le tristement célèbre service de renseignement soudanais recevait une requête des autorités tchadiennes demandant l’extradition vers le Tchad du mondoblogueur Djarma Acheikh Ahmat Attidjani, c’est-à-dire ma pauvre personne, et cela en vertu  de l’accord de normalisation des relations entre le Tchad et le Soudan en 2009 empêchant toute activité politique hostile à Ndjamena.

Le 9 octobre, soit 24 h avant l’arrivée de Déby à Khartoum, j’ai été interpellé par le service de renseignement soudanais sans mandat d’arrêt évidemment, mis en garde à vue en résidence surveillée. Une enquête a été ouverte. Mon ordinateur et mon smartphone ont été confisqués. Le drame a été évité de justesse – sans le soutien et la mobilisation de certaines personnalités dont je salue le courage.

Mais il ne faut pas faire d’illusion. Si le régime soudanais se méfie d’Idriss Déby perçu comme instable et mégalomane, les deux se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Ils ont en commun plusieurs tendances machiavéliques. Mon interpellation m’a permis d’approfondir mes recherches sur un pays déchiré par une crise identitaire, une société tyrannisée par un choc de religion et sombrant profondément dans le mensonge, le déni, la perversité.

Que ceux qui s’agitent et se ridiculisent à vouloir casser les plumes des blogueurs ou à menacer les activistes s’habituent à la déception et surtout à en prendre plein la figure. Une politique que la perversité d’un système machiavélique a pu et s’est plu à inventer.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Mondoblogueur, activiste politique et analyste indépendant

NB: article pré-enregistré, le 24 octobre 2015


Les sites tchadiens de l’opposition : entre ragots et activisme de connivence

A la suite d’un article publié sur un site internet de l’opposition, les Tchadiens et le monde entier ont assisté à un spectacle écoeurant : les frasques démesurées de deux personnalités de l’opposition en exil. On a déjà une idée de ceux qui veulent remplaceIdriss Déby et combien ils capables de tomber bas.

Je ne vais rien rajouter à la misère intellectuelle et morale de cette altercation minable. Je ne peux m’aventurer à colporter des ragots de bistrot qui ne seraient pas du goût des lecteurs.

Cependant, c’est une occasion de plus de dénoncer la comédie qui se joue sur les blogs et sites web tchadiens de l’opposition. Comment peut-on vouloir une chose et son contraire ? De plus en plus l’attitude et le manque de code de déontologie chez les administrateurs de ces sites et blogs consacrés à la chose politique tchadienne se font tristement remarquer. Les causes pour lesquelles on se bat ou prétend se battre et les personnes qui nous lisent ne méritent-elles pas un minimum de respect et de considération ?

Le constat est que les blogs et les sites web qui polluent la sphère politique, pour ou contre le régime de Déby, dépendent presque tous d’hommes politiques véreux. Des hommes guidés par des volontés non avouées, consciemment malhonnêtes. En bref, un activisme de connivence au vu et au su de tous.

Je vous invite à faire un petit tour dans ces plateformes. Vous serez consternés par ces publications irréfléchies et la façon dont l’information est traitée. Certains sont carrément devenus des espaces de cons à la recherche d’une tribune.

Lire=> Un article provoque la foudre des  »blogueurs » tchadiens


L’ours se déguise en agneau pour assoir puis imposer sa volonté

  • On se fait l’opposant politiquement farouche de Déby en exil et de l’autre côté on tient à la poursuite de l’injustice sociale pour de raison de liens de sang.
  • On se fait opposant contre la dictature de Déby le jour et la nuit fervent défenseur d’un ancien dictateur avéré, motif qu’il s’agit d’un complot universel.
  • On milite pour la chute de Déby en le faisant confiance et jeter des fleurs au traître de la cause juste par ce qu’il est un copain.
  • On se précipite pour dénoncer et dévoiler les irrégularités de certains caciques du régime et à taire soigneusement celles d’autres.

Si Idriss Déby se transforme en un trophée, on ne sera pas surpris de voir les uns se battre contre les autres. C’est ici que les attend la pelure de banane de l’intégrité morale.

Les valeurs, c’est d’abord une culture, une éducation. Depuis fort bien longtemps, je ne visite plus ces sites de l’opposition tchadienne, mais bien des personnes sont naïvement victimes de ces imposteurs manipulateurs.

Au pays de la chasse gardée et de la pierre lancée, ne nous laissons pas duper.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, Mondoblogueur


Économie| Le déluge de la croissance

Avec une couverture montrant un crâne vert au fond noir auquel est écrit au dessus: L’ENFER C’EST LUI: Génocide économique. Le genre de roman d’horreur qu’on a souvent envie de dévorer lors d’un chagrin d’amour. Ça rappel étrangement l’affiche de ce film d’horreur, SAW, ou le tueur en série impose à ses victimes un choix entre la vie et la mort dans des pièges sadiques.

Lorsque j’ai vu la couverture et lu la présentation du livre, j’ai déduis au début qu’il s’agit probablement d’un adepte aux théories du complot ou un conspirationiste, qui croient dure comme fer que les illuminatis dirigent le monde.

J’en ai trop souffert voire endoctriné durant mes premiers années d’études ou je passais des heurs à lire des articles et voir des reportages sur cette force maléfique au pouvoir surnaturel qui a pour but de créer un nouvel ordre mondial dont tous les être humains de la planète seront ses esclaves. Je voyais des symboles illuminatis partout, même dans mon assiette. J’étais profondément perdu dans le labyrinthe de mon propre esprit.

L’insistance de l’auteur  qui m’envoya une version Kindle de son œuvre à susciter ma curiosité et m’a encouragé à la lecture de son livre qui est au delà de toutes mes attentes. Pendant que je lisais la présentation du livre et le «génocide économique» m’ont fait penser à tous les livres ennuyeux de l’histoire de la pensée économique que j’étais amené à lire et le temps fou que je passais à la bibliothèque de cette université islamique puante l’odeur des vieux livres.

Aujourd’hui avec une maitrise en science économique, j’ai été confronté dès ma première année aux controverses et de l’importance de l’économie dans nos sociétés. Je me rappel qu’un prof égyptien proche des frères musulmans lors de son cours en microéconomie, nous disait que  les bases auxquelles sont bâtis le modèle capitaliste et le modèle communiste sont tous faux. Pour lui et selon le système économique islamique, la seule authentique, la rareté des matières premières à la satisfaction des besoins de l’homme est une théorie qui n’a aucun fondement réel. Pour soutenir ses propos, le prof se base sur des séries de verset du Coran dont Dieu demande aux croyants de ne pas tuer  les« enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux» et plein d’autres versets et parole de prophète. Cette interprétation peut aussi être l’un des causes des misères en Afrique.  J’ai été choqué par sa façon d’interpréter le Coran et de se baser sur des versets pour saper facilement plusieurs années des travaux scientifiques.

Contrairement aux sciences sociales conventionnelles, on enseigne dans tous les universités islamiques du monde que soit l’économie, le droit, la finance, et tout ce qui fini par «islamique» préviennent du Coran et de la Sunna.  J’ai alors demandé la question pourquoi les musulmans ne sont-ils pas aussi développés et «évolués»  comme l’Occident alors que ces derniers sont de tradition chrétienne? Une question qui m’a valu la risée des étudiants islamistes majoritaires à l’université. En effet, l’argument que ces disciplines sont tirés du Coran et de la Sunna a pour but principale d’empêcher toute réflexion opposante en coupant court le débat qu’il s’agit des «paroles de Dieu», et aussi une façon de faire adhéré la masse des musulmans naïfs attirés par tous ce qui est islamique, dans un jeu des mots sémantiques.
En vérité ce ne sont que des théories faites par des hommes qui n’ont souvent aucun lien avec la discipline, inspirés des sources de l’islam. Ces théories ne sont ni saintes, ni universelles.

Dans ce milieu, la laïcité est perçue comme une religion, un péché grave pour un musulman.  Mais mes idées, mes approches et mon comportement ont toujours fini par me trahir. Alors j’ai adopté la stratégie du silence. C’est ainsi dont j’ai compris que mon éducation laïque et les enseignements dont j’ai eu au collège et au lycée ont façonné mon esprit à ne voir que sous un angle précis, rejetant tout autre vision qui ne corresponde pas. Pour se libéré de ces chaines, j’ai appris à être patient dans mes réflexions, d’observer, de comprendre, de conceptualiser et d’analyser. Il faut être capable de penser et de repenser ses pensées. Le défi de l’économiste de ce 21e siècle.

Dans le livre « L’enfer c’est lui : Génocide économique », Jo M. Sekimonyo nous éclaire d’une façon simple et éloquente, sur les failles du capitalisme d’aujourd’hui et sur son barbarisme d’avant. Les effets de son exploit ne sont pas seulement ressentis localement, mais se déplacent vite et loin comme dans la théorie du chaos. Un effet papillon à la conséquence cataclysmique. Les faillites des grandes entreprises peu scrupuleuses ont des répercussions en chaine non pas seulement pour ses proprios mais aussi à des milliers des employés qui se retrouveront sans emploi. M.Sekimonyo a révélé les écueils du capitalisme et les querelles entre les principaux courants des pensés quant à la forme et à la politique économique le mieux propice à la croissance et au développement durable profitable à tous.

Si la moitié du livre ne parle que de l’injustice du système capitaliste,  le marxisme dont M.Sekimonyo désapprouve, le socialisme qu’il s’en moque et le communisme qu’il dénonce, ont tous échoué face à cette machine d’inégalité et ce système totalitaire marchand tant décrié.  Floyd Mayweather à battu Manny Pacquiao non pas seulement parce qu’il était fort mais surtout parce qu’il était mieux entrainé et bien préparé. En revanche, après la belle tournée du monde dans ce livre, on apprend en fin la théorie magique qui est censé sauver le monde de l’obscurantisme et d’une éternelle désolation du capitalisme: l’Éthosisme.

Un concept que seul M.Sekimonyo serait capable de nous expliquer en profondeur dans un langage claire et éloquent comme il l’a fait durant ces coups de pied régulier aux fesses du Capitalisme.

Notons que plusieurs économistes de renom ont osé repenser la pensée économique. L’un des premiers à avoir proclamé la révision de la discipline économique est un prix Nobel d’économie, Paul Krugman. Les critiques des errements de l’orthodoxie économique sont depuis lors nombreuses. L’économiste américain Joseph Stiglitz, Prix Nobel 2011, juge aussi que « Si les États-Unis veulent réussir à réformer leur économie, il se peut qu’ils doivent commencer par réformer les sciences économiques. »

Stiglitz et P. Krugman, rappellent tous deux combien les leçons des années 1930 ont été oubliées par les macroéconomistes, ces spécialistes qui étudient les mouvements globaux de la production et de l’emploi. À cette époque, la grande dépression avait imposé une profonde révision des croyances des économistes. Avec un taux de chômage de 25 % en 1933 aux États-Unis, il était alors difficile de défendre l’idée que les marchés pouvaient spontanément résorber les déséquilibres entre l’offre et la demande de travail. La pensée de l’économiste britannique John Maynard Keynes avait fini par l’emporter, lui qui insistait sur la fragilité intrinsèque des économies de marché et la nécessité pour les gouvernements de dépenser massivement pour soutenir l’activité en cas de dépression. Toute une génération d’économistes, incarnée par le professeur Paul Samuelson, auteur du manuel d’économie le plus diffusé dans les années 1960-1970, s’était rangée à cette analyse.

Du coté des acteurs publics, obnubilés par la question de la dette et des déficits publics, les gouvernements ne veulent pas dépenser non plus. Or si tout le monde s’abstient d’investir, de consommer ou de subventionner en même temps, l’activité économique ne peut que ralentir et la situation de chacun se détériorer. Les entreprises ont moins de commandes, les salariés perdent leur emploi et les États ont moins de recettes fiscales. Cette thèse n’est pas nouvelle. Elle se résume largement au principe de John Maynard Keynes, hérault du déficit public : « C’est en phase d’expansion, pas de ralentissement, qu’il faut appliquer l’austérité. »

Quant aux inégalités, elles sont devenues un sujet brûlant dans l’édition américaine depuis  le mouvement des indignés américains, Occupy Wall Street, fruit d’un étonnant va-et-vient entre sciences économiques et mobilisation politique. J’approuve l’inquiétude de l’auteur du livre l’enfer c’est lui que l’augmentation du salaire minimum ne résoudra rien dans cette question brulante. Pourtant, les économistes mainstream minoraient la gravité du phénomène. Selon eux, si l’éventail des revenus s’était élargi depuis les années 1980, c’est que l’économie américaine était entrée dans un nouveau modèle productif qui valorisait plus l’éducation et les connaissances, créant un écart croissant entre les rémunérations des salariés qualifiés et celles des non-qualifiés. Dans The Conscience of a Liberal (Norton, 2007), Paul Krugman rejetait déjà cette thèse et affirmait une responsabilité politique, notamment celle de l’offensive fiscale et antisyndicale amorcée par Ronald Reagan. Cette interprétation domine également les essais récents de Timothy Noah (The Great Divergence, Bloomsbury, 2012) et de Joseph Stiglitz (The Price of Inequality, Norton, 2012) qui accusent une petite élite américaine d’avoir capté une large part des profits.
Là où T. Noah plonge le lecteur dans la fabrique de ces politiques (par le lobbying notamment), J. Stiglitz attribue de son côté cette concentration des revenus à des comportements « rentiers » grâce auxquels les magnats de l’énergie ou de la finance ont pu engranger des fortunes aux dépens de la majorité des Américains.

L’ouvrage de James K. Galbraith (Inequality and Instability, Oxford University Press, 2012) tranche avec ces interprétations politiques. Il montre notamment que l’accroissement des inégalités américaines est dû à la progression des revenus d’une toute petite partie du pays : une quinzaine de comtés (New York et la Silicom Valley, notamment) et d’activités économiques (la finance et l’informatique principalement). Mais surtout, cet élargissement de l’éventail des revenus est largement indépendant des politiques menées dans tel ou tel pays. C’est un phénomène global qui trouve une explication structurelle : le passage d’une économie manufacturière à une économie où la finance joue un rôle croissant, par les rémunérations stratosphériques qu’elle concède à quelques-uns, mais aussi par son impact sur l’essor des nouvelles technologies. Les travaux d’imminent économistes et universitaires que M.Sekimonyo ne cite pas dans son livre.

J’ai été surpris que dans cet acharnement au capitalisme ne pas avoir révéler cette partie obscure de l’iceberg qui apporte de l’eau au moulin aux inégalités: la Finance.
Dans l’offensive contre le dollar comme outil de réserve, M.Sekimonyo n’a jamais parlé du Gold Standard, l’étalon-or. Ce système monétaire dans lequel l’unité de compte ou étalon monétaire correspond à un poids fixe d’or qui permet de mieux résister à l’expansion du crédit et de la dette. La promulgation de l’Executive Order 6102 en 1933 et la Loi sur les réserves d’or (Gold Reserve Act) en 1934 par le président Franklin Roosevelt à précipiter l’écart entre les classes aux États-Unis au profil des vautours sans scrupule de la finance. Je pense que c’est le point focal de rupture post-dépression de bâtir un nouveaux système plus égalitaire et respectant des valeurs éthiques et morales.

Lire===> La valeur islamo-juridique des pièces de l’Etat islamique

Au delà de la nécessité de repenser les fondements de l’économie, il serait bon plutôt d’élargir la dimension des ces fondements prenant en compte, les enjeux morales, culturels et confessionnels de chaque nation. Ce qui fait la force du capitalisme, le modèle américain, est sa capacité à s’adapter aux réalités nouvelles, bien même qu’il peine à relever les innombrables défis du temps présent auquel il est à l’origine. Chaque nation doit développer son propre système économique basant sur ses valeurs culturelles et son mode de vie. L’envie d’universaliser la science économique est une peine perdue.

Incontestablement, l’éducation demeure la clef. Comme l’affirme l’auteur, l’enseignement supérieur est nécessaire au progrès, mais il s’arrête là où les aspirations des citoyens commencent. Un engagement solide à l’éducation d’un peuple, ne peut pas aider les nations pauvres à rattraper les économies les plus innovantes du monde actuel. Le modèle Allemand accès sur le travail ou le modèle des pays scandinaves fondant sur les revenus salariaux sont fortes intéressent. Mais nous n’avons ni la culture des Germains, ni l’histoire des Vikings.

J’attendrai patiemment le prochain livre qui j’espère découvrir des nouveaux concepts et une approche originale de la valeur, du travail, de la monnaie, du prix, de la production, du commerce, de l’offre et de la demande, en prenant en compte plusieurs dimensions.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Mondoblogueur, Étudiant à vie.


«Daesh» promu à la tête du Conseil des droits de l’homme à l’ONU

Lundi 21 septembre 2015, l’Arabie saoudite à été nommée à la tête d’une commission consultative qui propose des experts pour le Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Le « groupe consultatif » est chargé de sélectionner les rapporteurs en charge de thématiques précises comme les crimes de guerre lors d’un conflit ou les violences faites aux femmes. Ces travaux servent ensuite de base au Conseil des droits de l’homme pour émettre des recommandations.

Pour couronner cette promotion, le royaume wahhabite a choisi de décapiter, puis crucifier un jeune Saoudien de 21 ans, Ali Mohammed Al-Nimr, dont le corps monté sur une croix sera exposé publiquement jusqu’au pourrissement de ses chairs.

Ali Mohammed Al-Nimr a été emprisonné à 17 ans pour avoir participé aux manifestations de la région majoritairement chiite de Qatif contre les autorités du royaume wahhabite en 2012. Un royaume aujourd’hui garant des droits de l’homme aux Nations unies. Tout un symbole.

En ce qui concerne l’institution la plus respectée du monde après la Seconde Guerre mondiale, force est de constater que l’ONU n’a aucune valeur ou intégrité morale depuis la fin de la guerre froide. Les horreurs commises sous son parapluie au Yémen et la nomination d’un pays comme l’Arabie saoudite au conseil de droit de l’homme ne sont pas seulement une mascarade qui remet en cause la crédibilité déjà perdue, mais aussi une insulte aux organisations et défenseurs des droits de l’homme dans le monde.

Cette décapitation est aussi une honte aux musulmans et au monde arabo-musulman en particulier. Où sont ces musulmans qui il  n’y a pas très longtemps manifestaient dans les rues des capitales du monde dénonçant la caricature du prophète faite par Charlie-Hebo ?

La décapitation de ce jeune Saoudien prévue le jour de l’Aïd al-Adha ne mérite-t-elle pas une mobilisation mondiale des musulmans contre la barbarie et la cruauté d’un régime au nom de l’islam ?
N’est-il pas lamentable, hypocrite et tristement malhonnête que le sort réservé à Ali ne fasse pas vibrer pas la conscience des musulmans ?

« Le dépeçage du mouton ne lui fait aucun mal après son abattage ». C’est ce qu’avait dit Asma la fille d’Aboubakar, le successeur du prophète, à son fils Aboullah Ibn Zubayr gouverneur de la Mecque en 692, lors de  l’offensive des Omeyyades par Al-Hajjaj ben-Yussef qui le tua, le décapita et crucifia son cadavre à la Mecque. Cette dernière fut bombardée à la catapulte, endommageant un mur de la Kaaba.

La leçon de l’Arabie saoudite en matière de droits de l’homme est bien reçue dans certains pays. Les décapitations de l’organisation EI ou les massacres de Boko-Haram ne seront plus un sujet de polémique pour les médias ou ni une question de sécurité pour les chancelleries occidentales. Le monde est en bonnes mains.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Passionné des études islamiques, défenseur des droits de l’homme