Djarma Acheikh Ahmat Attidjani

Burkina Faso : la tyrannie du peuple burkinabè

Le 17 septembre, le président de la transition du Burkina Faso Michel Kafando a été renversé par le régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité d’élite de l’armée burkinabè et garde prétorienne de l’ancien président, Blaise Compaoré. Une semaine après, les putschistes et les loyalistes sont parvenus à un accord d’apaisement. Michel Kafando a retrouvé son fauteuil de président de transition du Burkina Faso mais l’impasse reste entière.

Le monde entier (ONU, UA, Cédéao) a condamné cette tentative de coup d’État ou plutôt la « prise d’otage » orchestrée par le général Gilbert Diendéré, le chef des putschistes. Cependant, ce dernier coup de force s’est révélé une réalité amère, dont nous avons été témoins durant toute une semaine. La tentative des putschistes à lever la voile sur l’immaturité politique de la classe burkinabè en place et la forme de démocratie que les autorités de transition et les «Sankaristes» cherchent à imposer au Burkina avec l’aide d’un peuple, dont la conscience collective est en récréation.

Cette forme de démocratie n’est rien autre que ce dont le Franco-Suisse Benjamin Constant appelle la tyrannie de la majorité. Il annonce que « L’erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. Ils ont vu dans l’histoire un petit nombre d’hommes, ou même un seul, en possession d’un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal ; mais leur courroux s’est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n’ont songé qu’à le déplacer. »

Dans le cas du Burkina Faso, on notera d’abord que ce coup de force du régiment de la sécurité présidentielle intervient à quelques jours de la révélation de l’état de l’enquête sur la dépouille de Thomas Sankara. Un rapport qui pourrait accuser directement le RSP et aussi provoquer des hostilités envers la France qui avait soutenu le régime de Blaise Compaoré. D’où la prudence des services français du renseignement à composer avec un futur régime et un État pro-sankariste au Burkina.

S’il n’existe aucun lien entre les putschistes et les renseignements français, on est en droit de se demander à qui profitent vraiment des événements survenus ces derniers jours pendant une semaine au pays des hommes intègres ?

Ensuite, si le coup d’État est à condamné, les raisons et les demandent des putschistes sont tout à fait légitime. Le général Gilbert Diendéré dit avoir agi pour empêcher la dissolution du RSP et pour protester contre la mise à l’écart d’alliés de l’ancien président pour les élections qui doivent parachever la transition. En effet, constitutionnellement et juridiquement, ni le Conseil national de transition, ni l’Assemblée nationale intérimaire moins encore le président de transition n’ont le droit de faire voter une loi qui empêchera un parti politique et des personnalités de se présenter aux élections. Même s’ils sont les ténors d’une ancienne dictature. C’est au peuple de juger par le suffrage universel. L’Assemblée intérimaire ne peut aussi dissoudre une entité ou prendre des décisions qui relèvent de l’autorité d’un président et d’une Assemblée nationale élue par le peuple. Ce dont n’est pas le cas.

Si les autorités de transition ont de quoi à se reprocher aux anciens ténors du régime Blaise Compaoré, ils doivent se référer à la justice qui décidera des procédures à suivre. Reste à savoir ce qu’est l’indépendance de la justice dans un pays comme le Burkina.

Enfin, nous devons dénoncer le rôle néfaste qu’a joué le Balai Citoyen lors de ces événements. Tantôt de la société de civile, tantôt acteur politique, le Balai Citoyen à plusieurs fois fait appel à l’apologie de la violence dans ses communiqués sur les réseaux sociaux dans le choix des mots et d’expressions notamment envers la médiation de la Cédéao. Nous devons aussi dénoncer le rôle de l’opposition qui interprète des failles constitutionnelles et juridiques selon ses propres intérêts.
Et dénoncer par la même rigueur, l’approche du mouvement politique sankariste qui va dans le sens inverse des idéaux de son fondateur Thomas Sankara.

Si le peuple burkinabè a réussi à faire dégager un dictateur, il est loin de faire une révolution ou de parvenir à une démocratie. Jusqu’à présent les Burkinabè n’ont fait que chasser une tyrannie minoritaire par une tyrannie de masse. Il est encore très tôt de crier démocratie.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjnai
Mondoblogueur, Activiste politique


Tchad: Panique à N’Djamena après la fermeture de l’ambassade des États-Unis

Dans un communiqué publié le 11 septembre, le département d’État des États-Unis chargé des relations internationales a mis en garde les citoyens des États-unis contre tout voyage au Tchad et recommande à ses ressortissants de quitter le territoire tchadien dès que possible.

Les ressortissants américains au Tchad sont prit de quitter le pays dès que possible en raison de la détérioration de la sécurité, annonce dans un communiqué publié le 11 septembre le département d’États américains sur son site.

Selon le communiqué du département d’État américain, les autorités américaines ont autorisé le vendredi 11 septembre, le départ volontaire des personnes à la charge du personnel du gouvernement américain et du personnel non-essentiel du gouvernement américain de N’Djamena.

En conséquence, l’ambassade de Washington à N’Djamena est fermée. Les services  sont réduites aux «services d’urgences» et «limitées».

La raison officielle  de cette décision brusque et inattendue est que le gouvernement du Tchad a peu les moyens pour garantir la sécurité des étrangères sur son sol.
Le département d’État américain prévient ses ressortissants que d
es incidents de vol des voiture à main armée, et d’assassinat ont été signalé à N’Djamena et dans tout le pays. Ces violences sont associées à des accidents de voiture où les foules peuvent se former, peut-on lire.

Mais tout de même, les autorités américaines reconnaissent  qu’il existe actuellement pas des menaces spécifiques connu contre les citoyens américains au Tchad. Mais rappel qu’il y a des organisations extrémistes violentes dans la région, tels que Boko Haram et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui ont l’intention de nuire aux Occidentaux et aux intérêts des occidentaux et sont capables de traverser facilement les frontières. 

Ainsi, on peut clairement se rendre compte de la controverse et du paradoxe des arguments avancés. Qu’est ce qui pourrait bien pousser les américains à fermer leur ambassade à N’Djamena? Les raisons évoquées par le département d’État ne sont pas seulement contradictoire mais aussi    pas convaincantes. Comme on dit: un langage diplomatique qui se veut-être rassurant. Que tout se passe bien. Ou encore «On veut juste évacuer nos ressortissants.»

Cette annonce publiée le 11 septembre, coïncidant avec la date du 14ème commémoration de l’attentat du 11 septembre 2001, a crée un mouvement de panique dans la capitale tchadienne et aux grandes villes. Les Tchadiens se demandent que pourraient être le véritable raison d’une telle décision? Une chose est sûre, quel qu’en soi, c’est assez grave et dangereux pour faire fuir même les «faucons».

Sur les réseaux sociaux, chacun va de sa prédilection. Certains évoquent la détérioration du santé du president Deby, pour d’autres c’est la reprise imminente des hostilités militaires par les rebelles contre le régime de N’Djamena qui pourrait bien expliquer la décision d’aller jusqu’à la fermeture de l’ambassade.  Les États-unis ont pris des mesures similaires lors des évènements du 2 février 2008 lorsque les rebelles ont marché sur la capitale.

En revanche, la nuit, la capitale tchadienne est encerclée par des militaires formant une ceinture à la périphérie de la ville. La population, quant-à elle est terrorisée par des fouilles et les patrouilles des militaires lourdement armée en plein ville la nuit. A cet effet, certains ménages ont commencé à faire d’approvisionnement de nourriture craignant le pire.

Actuellement, le Tchad est le seul pays  concerné par cette mesure préventive de sécurité par les États-Unis. L’autorité américaine est la seule à demander à ses ressortissants de quitter immédiatement le Tchad, qui évacue ses personnels non-essentiels, réduit ses services honoraires et ferme son ambassade. Les autres ambassades occidentaux continuent normalement leur services.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, analyste indépendant


Hissène Habré; seigneur de guerre et tyran

Reporté dès le deuxième jour de son ouverture initiale en juillet en raison de l’absence des avocats de défense, le procès historique du Tchadien Hissène Habré s’ouvre de nouveau ce 7 septembre, à Dakar. L’homme est accusé de crimes contre l’humanité, tortures et crimes de guerre commis lorsqu’il était au pouvoir (1982-1990). Portrait.

C’est aux cris de « A bas l’impérialisme ! A bas le nouveau colonialisme » qu’Hissène Habré a interrompu le 20 juillet dernier la séance d’ouverture de son procès au palais de justice de la capitale sénégalaise où l’ancien président tchadien s’est réfugié depuis 1990. Ajourné pour permettre aux avocats commis d’office de prendre connaissance du dossier, le procès reprend ce lundi 7 septembre.

L’événement est historique, car c’est la première fois qu’un ancien chef d’Etat d’un pays africain peut être jugé par le tribunal d’un pays tiers, en application du principe de « compétence universelle ». Ce principe avait permis il y a dix-sept ans, on s’en souvient, aux policiers britanniques d’arrêter l’ex-dictateur chilien Augusto Pinochet à Londres, à des milliers de kilomètres de son pays. La « première » sénégalaise qui s’inspire de l’exemple de la police de Sa Majesté fait d’ores et déjà trembler, semble-t-il, les autocrates retraités du continent noir qui ont du sang sur les mains.

Une première que Hissène Habré a tout fait pourtant pour éviter. Réfugié depuis la chute de son régime en 1990, au Sénégal, avec sa famille et le magot de 7 milliards de francs CFA (équivalent de 10,5 millions d’euros au taux d’aujourd’hui) dérobés au Trésor public de son pays selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, l’homme n’imaginait pas devoir finir ses jours derrière les barreaux à Dakar. Il avait noué des liens étroits au sein de la classe politique locale et de certaines confréries religieuses qui font la pluie et le beau temps au Sénégal. Comme preuve de son intégration réussie, il est allé jusqu’à prendre une Sénégalaise comme troisième épouse ! Mais c’était sans compter sur la ténacité de ses victimes déterminées à traquer leur bourreau pour le voir traduit devant la justice.

La traque a duré plus de vingt ans, jusqu’à un dimanche de fin juin 2013 lorsque les gendarmes sénégalais sont allés arrêter Hissène Habré à son domicile des Almadies (un quartier résidentiel huppé de Dakar, ndlr) pour le conduire dans les locaux de la police judiciaire. Inculpé de crimes contre l’humanité, crimes de torture et crimes de guerre, l’ex-dictateur a été incarcéré. Puis, au terme de 19 mois d’instruction, la mise en accusation définitive a été prononcée en tout début de cette année par les juges. Ceux-ci ont estimé qu’il existait suffisamment de preuves pour que Hissène Habré soit jugé.

Preneur d’otage, anti-kadhafiste et ami de l’Occident

Hissène Habré fut le troisième président du Tchad. Son ascension relevait autant de l’accident de l’Histoire que de la mobilité sociale par les armes dans l’un des pays les plus pauvres de l’Afrique subsaharienne. Né de parents bergers nomades dans le nord-ouest du Tchad, le futur homme fort de Ndjamena est passé par Paris où, étudiant dans les années 1960, il fréquentait Sciences-Po, la faculté de droit d’Assas et, fit sa culture politique, si l’on en croit ses biographes, en lisant Franz Fanon et Che Guevara. Mais son aura d’intellectuel révolutionnaire en prit un coup lorsqu’en 1974, l’homme enleva  l’ethnologue française Françoise Claustre et la tint prisonnière pendant trente mois dans un maquis du Tibesti.

Ce coup d’éclat destiné à faire connaître les revendications de la rébellion tchadienne finit en drame avec l’exécution de l’émissaire envoyé par le gouvernement français pour négocier la libération des otages. Le crime fut attribué à Habré, mais manifestement Paris ne lui en a pas tenu longtemps grief. Huit ans après, c’est justement avec l’aide de la France qu’en 1982 le jeune chef de guerre renversera le gouvernement de son ancien allié Goukouni Weddeye et prendra le pouvoir à Ndjamena.

Hissène Habré a été le président du Tchad, de 1982 jusqu’à ce qu’il soit renversé en 1990 par son ancien chef de l’armée Idriss Déby Itno, le président actuel. Dans les années 1980, alors que la guerre froide battait son plein, les Français n’étaient pas les seuls à avoir les yeux de Chimène pour le nouveau président tchadien. Les Etats-Unis aussi le soutenaient. En cette période de confrontation entre blocs capitaliste et communiste, l’Occident appréciait chez le jeune seigneur de guerre tchadien devenu chef de l’Etat sa méfiance forcenée à l’égard de la Libye dont les velléités pro-soviétiques, tout comme son soutien au terrorisme international, inquiétaient fortement les stratèges occidentaux.

Contrairement aux autres leaders de la rébellion tchadienne, Hissène Habré n’avait jamais sollicité l’aide de Tripoli. Au contraire, il n’a eu de cesse de dénoncer les visées expansionnistes du Guide libyen Mouammar Kadhafi dont les troupes occupaient la bande d’Aouzou dans le nord du Tchad depuis 1973. En bon connaisseur de l’histoire de son pays, il savait que le danger principal pour l’unité et l’indépendance du Tchad avait pour nom Tripoli et que ce danger s’était accru avec la contestation des frontières héritées de la colonisation par le bouillant colonel Kadhafi.

Tout au long des huit années de pouvoir de Hissène Habré, la France lui a fourni des armes, des soutiens logistiques et des soldats dans le cadre des opérations Manta (août 1983 au novembre 1984) et Epervier (1986) pour l’aider à repousser les offensives libyennes successives. Son zèle anti-kadhafiste a même été récompensé par une invitation à assister au défilé du 14 juillet en 1987, aux côtés de François Mitterrand.

Mais les Stinger et les fusils RFG-7 dont l’armée de Habré était équipée venaient des Etats-Unis. L’administration Reagan avait fait du président tchadien, surnommé « le guerrier du désert par excellence », la pièce maîtresse de sa guerre par procuration contre l’homme fort de la Libye. Selon une enquête du magazine Foreign Policy, « il y avait des moments où l’aéroport de Ndjamena ressemblait à Rhein-Main » (principale base américaine en Allemagne de l’Ouest pendant la guerre froide, ndlr). Le couronnement de cette alliance transcontinentale fut la réception en 1987 du leader tchadien au Bureau ovale, à la demande insistante de l’hôte des lieux, Ronald Reagan himself.

Un tortionnaire sanguinaire

Or pendant que les positions libyennes étaient pillonnées par les troupes de Hissène Habré, les Français comme les Américains fermaient les yeux sur les abus massifs que leur allié africain commettait dans son pays. Le «guerrier du désert » se servait des armes qu’il recevait de ses amis occidentaux pour surtout terroriser sa propre population. La répression a commencé très tôt, dès l’entrée triomphale des troupes de Habré dans Ndjamena en juin 1982. Celles-ci renforcèrent leur pouvoir par la force dès le début, en exécutant les opposants politiques ainsi que les prisonniers de guerre et en terrorisant les civils soupçonnés de vouloir pactiser avec le gouvernement précédent ou avec les Libyens.

Les chroniqueurs des huit années de règne de Hissène Habré racontent l’histoire d’un régime sanguinaire qui tuait, réprimait, torturait et violait les droits humains sans le moindre scrupule. Les partisans de l’ex-dictateur ont tendance à réduire son régime à ses trois grands triomphes guerriers – la prise de Ndjamena en 1982, la défaite de Goukouni Weddeye en 1983 et l’offensive largement victorieuse contre les Libyens en 1987. On pourrait leur opposer les trois épurations ethniques, celles des Sudistes en 1984, des Hadjeraï en 1987 et des Zaghawa en 1989, commises par le régime Habré en représailles contre les rebelles issus de ces communautés.

Les victimes de ces meurtres de masse se comptent en dizaines de milliers, 40 000 selon les estimations d’une Commission d’enquête tchadienne en 1992. Le chiffre serait 10 fois plus, selon les ONG. Ces dernières ont aussi attiré l’attention sur les assassinats politiques et les tortures systématiques perpétrées par la terrifiante police politique du régime, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), dont les chefs rendaient compte exclusivement à Habré et appartenaient tous, comme leur leader, au clan des Goranes.

Cette tribalisation exacerbée du régime n’a pas toutefois empêché le pouvoir de Hissène Habré de s’effondrer en 1990, lorsque la répression toucha les compagnons d’armes les plus proches du dictateur, dont son bras droit et conseiller chargé de la Défense et de la sécurité, un certain Idriss Déby Itno. Fragilisé par la prise de distance de son allié français, le maître de Ndjamena n’eut alors d’autre option que de prendre la fuite lorsque le Tchad fut envahi, au cours des derniers mois de 1990, par les troupes de Déby, qui elles  étaient massivement soutenues par les Libyens.

Mascarade et complots

Hissène Habré a débarqué dans la capitale sénégalaise, le 11 décembre 1990, en passant par le Cameroun. C’est Abdou Diouf qui lui a accordé l’asile politique, l’assortissant de consignes strictes : la teranga sénégalaise, contre l’obligation de réserve et l’interdiction de se mêler de la politique. L’ex-président tchadien a tenu parole, menant pendant vingt ans une vie rangée, cultivant l’image d’un père de famille dévoué et fréquentant assidûment la mosquée.
Pendant ce temps, les crimes du régime ont fait l’objet d’enquêtes et de révélations macabres. Les premières plaintes sont déposées contre l’ex-dictateur à Dakar en 2000. La découverte à Ndjamena des archives de la police politique en 2001 a révélé l’ampleur des crimes perpétrés par Habré et ses hommes de main, mais il va falloir attendre l’élection à la présidence à Dakar de Macky Sall en 2012 pour que les poursuites puissent être engagées contre l’ex-dictateur tchadien au sein du système juridique sénégalais. Les Chambres africaines extraordinaires mises en place à cet effet par le Sénégal, en collaboration avec l’UA, font arrêter Hissène Habré le 30 juin 2013, avant de l’inculper. Pour ce dernier, tout cela n’est que mascarade et complots ourdis par ses ennemis et son successeur pour discréditer son action politique à la tête de l’Etat tchadien. Son rôle n’aurait été que politique, selon les défenseurs du dictateur déchu.

Or, selon Reed Brody, le tenace avocat new-yorkais de Human Rights Watch qui porte à bout de bras la campagne des victimes du régime tchadien depuis 16 ans, Hissène Habré était tout sauf un chef politique « distant » qui se contentait de fixer des orientations et donner des ordres. « Contrairement au Chilien Pinochet, le Tchadien était, affirme-t-il, un intellectuel qui se méfiait de son entourage et s’assurait lui-même de la « bonne » exécution de ses instructions. Les archives montrent qu’il lui arrivait parfois de suivre les interrogatoires des opposants par talkie-walkie. Habré n’était pas seulement politiquement responsable des graves crimes perpétrés en son nom, il en est aussi juridiquement responsable ».

D’ailleurs, les 4 000 rescapés de l’ère Habré qui se sont constitués partie civile dans le procès qui reprend ses travaux ce 7 septembre, sont persuadés que leur vrai bourreau n’était autre que le dictateur en personne. Ce dernier, pour sa part, ne reconnaît ni la légalité ni la légitimité de la cour qui a été spécialement créée pour juger ses crimes très largement documentés par les ONG et les associations. Contraint par le tribunal d’assister aux audiences, l’ex-autocrate ne pourra pas ne pas écouter les victimes qui se succéderont à la barre pour témoigner de la violence dont ils furent l’objet, certains dans la notoire « Piscine » de Ndjamena transformée en prison, où les prisonniers ne mourraient pas seulement de faim, d’inanition ou de maladies !

 

Tirthankar Chanda pour le service de la Radio France Internationale


Du panarabisme aux portes de l’Enfer

Fuyant les violences dans leur pays, des milliers de Syriens tentent désespérément d’entrer en Europe au péril de leur vie. Plus de 300.000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier 2015 et plus de 2.500 personnes sont mortes en mer.

Le dernier drame date du 28 août 2015. Au moins 76 cadavres ont été récupérés et 198 personnes sauvées au large de la Libye après le naufrage d’une embarcation qui transportait environ 300 migrants essentiellement des Syriens. Une tragédie humaine sous les regards silencieux et indifférents du monde.

Persécutés et réprimés dans leur pays, ces migrants qui risquent leur vie à la recherche d’une terre d’accueil sont victimes des mafias qui les dépouillent du peu qui leur reste, s’ils ne rallient pas des organisations terroristes. Parmi eux principalement des Irakiens, des Syriens, des Soudanais.

L’Europe, violemment critiquée par son inertie à venir en aide aux masses de migrants, fait face à une crise qui menace les traités européens notamment le traité de Lisbonne et le traité de Bruxelles, fondement de l’Union européenne. En plus de la prise en charge extrêmement coûteuse des réfugiés, s’ajoute l’épineuse question de l’intégration dans la société occidentale.

Ironie de l’histoire, après plus d’un demi-siècle de pensées et discours anti-occidentaux, les Arabes se tournent vers ce même Occident considéré longtemps comme diabolique et satanique.

Un grand nombre des peuples arabes ou arabisés sont partisans du panarabisme dans sa figure idéologique et culturelle même si nombre d’entre eux désapprouvent ses figures politiques pour se rallier à la défense de l’identité arabe, et du destin partagé.
Beaucoup de moyens ont été investis pour réaliser ce mythe historique des Omeyyades au nom du nationalisme arabe.

Selon la notion panarabiste, la nation arabe est porteuse d’une «mission éternelle et divine.» Ils insistent sur la dimension culturelle arabe commune, un fait de civilisation que représente l’islam. Ce qui est totalement faux.

En Afrique et partout ailleurs dans le monde, l’arabe dans sa forme identitaire et culturelle est assimilée à l’islam. Et cela, de par le discours des élites. Si le premier prend en relief un peuple spécifique, le second se veut être une religion pour l’ensemble de l’humanité. En islam, être arabe ne veut pas dire grand-chose du reste des peuples. Mais depuis les temps des Omeyyades jusqu’à nos jours, l’islam servait d’argument et de raison pour des ambitions impérialistes, de conquête et de domination culturelle et identitaire dont il est innocent.

Actuellement, 22 États i forment la Ligue arabe. Si certains sont affreusement pauvres et arabisés tels que le Soudan, la Somalie ou la Mauritanie, d’autres sont bien assez riches pour éviter aux migrants syriens et irakiens un triste sort dans la Méditerranée. Si ce n’est pas au nom de l’islam qu’il le soit au nom de la nation arabe, le panarabisme.

L’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais plutôt toute la richesse du monde. C’est ce que veulent nous faire comprendre les politiques européens. Et pourtant, leur responsabilité dans ces conflits est un secret de Polichinelle.
En revanche, où sont l’harmonie et la solidarité tant prônées dans le monde arabo-musulman ? Ils sont prêts à s’unir pour se faire la guerre les uns les autres (Yémen, Irak, Libye, Syrie, Koweït). Et quand il s’agit de faire face aux conséquences, c’est chacun pour soi. Est-ce cela le panarabisme et l’islam que l’on veut imposer au monde et qu’on se prétend porteur d’une « mission éternelle et divine » ?

Tous les conflits et les guerres qui se déroulent actuellement sont des frustrations sociales résultant de mensonges, d’injustices et de l’hypocrisie du système.
Révéler ces défis nous amène à repenser les fondements de nos économies, la structure de nos États, la relecture de l’histoire et à redéfinir le droit international. Ce qui risque de ne pas être facile moins encore sans le sacrifice qu’il en faut.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Passionné des Études islamiques, activiste politique


Tchad: une monnaie pour un État en délinquance

« Nous avons la possibilité de frapper notre monnaie comme nous voulons. Le Franc CFA aujourd’hui c’est du papier. En deux ans, ça devient du chiffon, on peut même pas l’utiliser » avait martelé le president tchadien Idriss Deby lors d’une conférence de presse à l’occasion du 55ème anniversaire d’indépendance du Tchad le 11 août 2015.

Les sorties hasardeuses et scandaleuses du president tchadien ces derniers mois nous rappellent les aveux de Ben Ali, de Moubarack ou encre de Gaddafi à l’aube de leur chute. Ce sont des discours aux abois, les signes avant-coureurs d’un fin de règne.

Arrivé au pouvoir par les armes en décembre 1990, Idriss Deby a su faire face à tous les tentatives visant le renverser du pouvoir (rébellion, tentative de coup d’État, tentative d’empoissonnement, etc.) Mais ce que Deby et les ténors de son régime ne comprennent pas, c’est que la menace n’est forcement pas que de l’extérieur. Elle peut provenir du soi-même.

Tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la politique au Tchad et aux événements intérieurs savent que la chute de ce régime tant attendu ne tardera pas à se produire. Il est temps que la classe politique tchadienne pense plutôt à l’après Deby que de commenter les mensonges et les discours controversés d’un president en manque de repère.

La grande réalisation de Deby depuis presque 25 ans au pouvoir, c’est d’avoir rendu le Tchad un État voyou. Et le contraire aurait été un miracle. L’État est devenu incapable de remplir ses fonctions régaliennes les plus basiques.
Deby et son régime ont réduit le Tchad à un État en déliquescence, un État défaillant incapable de se soutenir lui-même (paiement des fonctionnaires, sécurité, etc…) et de se développer par lui-même sans être dépendant d’une quelconque aide internationale.

La privatisation de l’offre de biens publics par la famille et proche du president sans véritable contrôle étatique effectif, a transformé l’État Tchadien d’un fournisseur de biens publics à un prédateur de ces biens, versant le peu de biens public qu’est en mesure de fournir le gouvernement, à la base soutenant le régime, pris au reste des citoyens renforçant ainsi sa perte de légitimité.

Les logiques de prédation et de népotisme ont tellement affaibli le pays dans son ensemble qu’il est incapable et impossible de survivre avec le régime et à la chute du régime, comme le prouve l’effondrement si rapide et de si longue durée que subit la Somalie depuis la fuite de Mohammed Siaad ou la Libye après la chute de Gaddafi à titre d’exemple.

Le défi des politiques tchadiens serait d’empêcher l’effondrement de l’Etat. Deby a travaillé à rester au pouvoir plus qu’à renforcer les institutions de son pays. Pire, les institutions de l’Etat Tchadien sont réduites en la seul personne unique du president prédateur, assassin et corrompu, assis sur les logiques tribales.
L’Etat n’est plus capable d’assurer ses fonctions les plus basiques de sécurité et de développement et n’a plus le contrôle effectif sur son territoire et ses frontières, il ne pourra plus reproduire les conditions de sa propre existence. Cet État est voué au désordre et à l’anarchie.

Dans un État démocratique, la preuve la plus fondamentale de sa durabilité et de sa stabilité est sa capacité à permettre une alternance du pouvoir autour d’élections libres, et de respecter les droits de la minorité. Cependant au Tchad d’Idriss Deby ceci ne relève que de la science fiction et d’un humour du mauvais goût . Ce dont ne laisse choix qu’a une transition violente risquant d’aggraver de plus la fragilité du tissu social.
En résumé, au Tchad, la notion d’autorité légitime et de sécurité se détermine par la « loi de la jungle ». La notion de citoyen n’est plus pertinente, le pays n’est plus qu’une aire géographique délimitée par le droit international avec à l’intérieur des habitants soumis aux warlords (« Seigneur de Guerre »). Et cela depuis un quart de siècle.

Deby a beau inviter ses homologues africains de la zone franc à se doter de leur propre monnaie. D’abord qu’il n’a qu’à commencer par lui-même, nous et lui savons tous qu’il n’a ni le courage, ni les capacités, ni les ressources humaines et financières pour mettre sa menace en exécution.

Car sur le plan technique et économique le Tchad n’a aucune institution le permettant d’accéder à un tel luxe à part « l’institution Idriss Deby». Et si jamais par la folie de grandeur le president tchadien s’en-tête, la valeur de la monnaie tchadienne sera si bas de mal gouvernance, corruption et gabegie que les tchadiens finiront d’utiliser la monnaie des pays voisins. Le cas de la Zimbabwe et du Soudan sont édifiant.

Selon le rapport de l’organisation The Fund for Peace basé à Washington aux États-unies qui publie annuellement « The Failed States Index»,  les États en déliquescence, le Tchad occupe la 6ème place dans la catégorie des «États en danger de défaillance». Cette classification basant sur une séries d’indicateurs socio-économiques et politiques n’est pas exhaustive. Nous sommes à l’aube d’un  «État en situation critique de défaillance» qui nécessite une préparation aux défis qui nous guettent lorsque le régime atteindra son «point mort».

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, Maîtrise en sciences économiques
Article inspiré du mémoire de master (Analyse Critique de la notion d’Etat-Failli) à l’université de Bordeaux du camarade Sébastien KEREBEL  


Le Sultan Idris Deby  sort-il le Joker ou se tire une bale sur le pieds?

La copie que Idriss Deby nous a servie à l’occasion du 55é anniversaire de » l’indépendance » de notre pays est trop salée. Nous avions eut l’habitude de nous modeler avec les sorties impromptues du Sultan, mais cette fois ils nous lâche des couleuvres abominables dans nos assiettes.

Pour la première fois, il reconnait officiellement en face de tous, qu’il n’a jamais été élu par le peuple Tchadiens. Il nous dit j’y suis je reste. C’est ce que tous les Tchadiens le savent; même ceux qui pour des raisons diverses, ont toujours tenu à l’accompagner pour lui servir de justificatif de légitimité absolument nocive.

Y’aura t- il des tchadiens qui vont encore nous parler de processus électorale? de CENI, d’un organe de dialogue et consorts? Non; en l’absence de dignité et du respect aux autres, ayons la décence de conserver un minimum d’harmonie avec notre conscience.

Avec sa sortie dramatique et perfide, Deby exprime une perversité crue, avec une arrogance insolente face au peuple tchadien.

C’est en faite une réponse du berger à la bergère. Profondément choqué et ébranlé par le forum militant TROP C’EST TROP, il a laissé parler son subconscient.

Cette dérive impériale ne peut s’expliquer que par le dédain que Deby exprime vis à vis des tchadiens. Autrement dit, rien ne justifie un tel défi à un peuple entier.

En tout cas ni pour Idris Deby lui même, ni pour ceux qui militent pour se débarrasser d’une gangrène qui n’a que trop durée, rien ne sera ou se fera comme par le passé.

Capable de n’importe quoi pour pérenniser son pouvoir, Deby fait de Boko Haram l’épicentre de son action politique. On est en droit de se douter de tout ce holà fait autour de cette sinistre organisation avec laquelle il a sans doute des accointances multiples.

Toute la tribulations qui a couté chère aux Tchadiens en vie humaine, en définitif ne sont provoquées que pour justifier une reprise en main du peu de parcelle de liberté détenue encore par les quelques rares sociétaires de notre pays.

Deby se trompe largement. Boko Haram aujourd’hui n’est plus le petit groupe monté pour quelques actions frauduleuses. Dés le moment où, celui ci a fait allégeance à l’Etat Islamique, il entre de plein pieds dans cette théorie aveugle de l’Islamisme dénommée « ADMINISTRATION DE LA BARBARIE »ادارة التوحش . L’arrestation de Alassiri à l’Aéroport de Bayreuth au moment où il s’envolait pour le Nigeria n’est qu’une preuve supplémentaire.

Dans ce cas, les sorties en découpoir de notre dictateur couteront très chère à notre pays. Deby n’a certainement pas lu l’administration de la barbarie. Il s’agit d’une étude scientifique, historique, politique, sociale, économique et religieuse de chaque zone de leur intervention. Nous nous trouvons complètement encerclés et son ami El-Bechir serait le premier à le vendre. Les Libyens qui se canardent entre eux s’entendent tous dès qu’il s’agit du Tchad de Deby. Ces deux fronts se retourneront tôt ou tard contre le Tchad.

C’est pourquoi mis à par la lutte que nous menons pour nous débarrasser de la dictature, il faut sérieusement se pencher sur les solutions à envisager face à ce monstre. D’ailleurs une bonne alternance est l’une de porte de sortie.

Deby étant un soldat, il ne comprend que le langage des armes. Il est temps qu’il comprennent que les armes ne tuent pas les idées.

D’autre part il s’en prend à ces mentors français à travers une déclaration péremptoire et incongrues. Deby est incapable de comprendre que les attitudes politiques changent en fonction d’intérêts et que les contrats ne sont pas immuables. Les puissances gèrent en même temps, des contrats contradictoires avec des parties aux intérêts contradictoires; comme elles peuvent sceller une alliance de fortune. Notre Deby est certainement pris au piège quelque part. Haaa.

Si non, il ne fallait pas attendre vingt cinq ans de pouvoir pour comprendre que le CFA est une monnaie de singe.

Aussi il est claire qu’il veut en faire un moyen de chantage; Le Tchad est souverain n’est ce pas? A t il besoin de lancer un appel à l’Afrique lorsqu’on sait la limite et la faillite de UA? Non que Deby ne prennent pas les Tchadiens pour des guignols.

Lorsque le colonel de frégate Didier Ratshiraka avait claqué la porte sur Mr le premier ministre Français Mesmer en 1973, le lendemain le Madagascar a quitté la zone Francs. Ils n’ont pas attendu une décision Africaine. Lorsque le président Modibo Kaita du Mali avait quitté la zone francs il n’a pas demandé une position Africaine. lorsque le président Moctar Ould Dada de Mauritanie a créé son ouguiya il n’a pas attendu une décision Africaine. Il s’agit des décision souveraines d’un pays.

Que Deby ne nous amuse pas avec un marchandage à ciel découvert. S’il est sérieux il n’a pas a épiloguer sur la question.

Lorsque Kadhafi appelait à une monnaie Africaine commune, il avait déjà lui sa propre monnaie. Que Deby prenne sa décision et par la suite il demandera aux Africains de le suivre son exemple; autrement dit c’est de bla-bla-bla.

Aboulanwar Mahamat Djarma


Tchad: un nouveau gouvernement des  »nordistes »

La vérité rougit les yeux mais ne les cassent pas. C’est avec une énorme stupéfaction et une honte embarrassante que j’ai appris hier la composition de la nouvelle équipes du gouvernement de Kalzeubet. Que dis-je du sultan du clan Zakhawa et Président du Tchad Idriss Deby. Vers où va t-on?

Après avoir imposer sa culture ethnique en une véritable politique d’Etat, c’est alors le Tchad tout entier qui se «nordialise» et les populations du sud cessent d’aller à l’école. Lorsqu’on dirige un pays qui est aussi fragile que le Tchad, on doit faire attention et prendre toutes les dispositions en mesurant les conséquences des décisions étatiques. Il faut prendre en considération l’histoire, la géographie et tous les aspects culturels nécessaire afin d’éviter de réveiller les démons qui ne sont pas morts mais somnolent simplement.

Bien que c’est parfois dure, il faut exposer les choses de manières claires quitte à se faire des ennemis. Lorsqu’on est convaincus de ce que l’on défend et ce que l’on croit, il n’y a pas lieu de faire la politique de l’autruche. se taire pour satisfaire l’égo des autres. Sur les 28 membres du nouveau gouvernement, six (6) sont ressortissants du sud du pays et les vingt-deux (22) autres sont tous issus du nord.

Au Tchad, on reconnait facilement de quel région on est. Et l’écart entre le Nord-musulman et le Sud-chrétien ou animiste est vertigineux. De peur de blesser des gens ou de me faire passer pour un régionaliste, je ne peux en revanche pas me cacher ou me taire.

C’est depuis des années que le peuple tchadien subit des injustices d’une petite minorité d’individu qui croient avoir du droit sur les autres. Ça fait déjà plus de 30 ans que le sudiste tchadien est victime d’une politique ségrégationniste et discriminatoire d’une part par le régime Deby et d’autre part du reste de la société.

L’injustice crée de la frustration et lorsque les frustrations s’accumulent après tant d’injustice, il est possible que même un prophète finisse par devenir un rebelle. L’histoire nous a montré que les frustrations se terminent plus souvent en haine. Après avoir déposséder le Sud du Tchad de toutes ses richesses que Deby et son système investissent systématiquement à Amdjarass son bourgade lorsqu’elles ne sont pas détourner aux profils de certains individus véreux; Après avoir pris l’argent du pétrole de Doba pour faire 25km de rues bitumées à Abéché alors que la ville pétrolière n’a même pas 100 mètres de rue bitumées. On rejoue la géopolitique. Il y a de quoi se poser des questions.

Même dans la capitale Tchadienne, y règne une injustice dans le partage et la gestion des biens et des richesses communs. L’injustice est criarde lorsqu’on voit les investissements que l’Etat fait. Les rues, avenues et autres des quartiers nord sont bien aménagés et bitumés contrairement au quartiers Sud où il manque complètement d’infrastructures. Et pourtant, ce gouvernement de Deby, bien qu’ayant à sa tête un Premier Ministre issu du Sud comme veut la tradition, est une insulte au population du sud.C’est encore une façon de montrer au monde que le Tchad est à majorité musulman car l’on ne peut pas parler du nord sans parler de l’Islam.

Je n’appelle pas à la haine ni au régionalisme mais j’appelle à la justice et à l’égalité entre des citoyens. J’appelle au partage équitable des richesses publique de peur de créer des frustrations et des rancœurs. C’est pas parce qu’on est du nord qu’on doit favoriser que sa région et l’inverse n’ont plus.

A forcer de tirer et d’humilier les populations du sud, un jour la question de la division du pays prendra le dessus car mieux vaudrais être séparé dans le respect que d’être unis dans l’humiliation.

Ibangolo Maina
Activiste politique et de droit de l’homme


Après avoir  »moraliser » son gouvernement, Deby s’en débarrasse

Une nouvelle semaine et un nouveau gouvernement. Le Tchad vient de procéder à un nouveau remaniement ministériel annoncé ce dimanche 7 aout. Le quatrième en deux ans depuis la nomination du Premier ministre Kalzeubet Pahimi Deubet en novembre 2013.

Le pays est en passe d’être un champion mondial. La politique du president tchadien Idriss Deby doit inspirer autant ses homologues que les académiques en science-po. Des milliers de ministres ont transité dans les gouvernements pendant ces 24 dernières  années. Parmi eux, il y a ceux qui n’ont fait que quelques semaines, le temps de vie d’une fleur. Un passage éclair qui devrait figurer dans le Guinness des records.

Attendu depuis le mois de juin 2015, Idriss Deby crée la surprise. Il supprime purement et simplement et sans aucune honte, le ministère de l’assainissement et de la bonne gouvernance connu sous le nom du ministère de contrôle d’État. Un ministère qu’il avait lui même crée. Deby renonce-t-il ainsi publiquement au combat qui lui est cher, la lutte contre la corruption et la gabegie financière? Ou doit-on comprendre de cela une victoire comme d’habitude?

Néanmoins, a part s’être acharner contre des petits voleurs, Idriss Deby et sa famille dont les revenus publiques sont considérés comme un butin de guerre ont été soigneusement et scrupuleusement exemptés de tout poursuite ou de contrôle par cette soi-disant ministère de moralisation.

Conséquence, la situation économique du pays est en alerte rouge. La chute des cours du pétrole à affecté considérablement les revenus de l’État. Tandis que plusieurs ministres, ex-ministre, députés et secrétaires généraux réhabilités ou toujours en fonction sont accusés de détournement de fond public. Les fonctionnaires de l’État dénoncent fréquemment les retards des salaires, tandis que les étudiants en gréve réclament plus de six(6) mois d’arriéré de bourse.

Supprimez un tel ministère dans une telle situation économique, à l’approche des échéances électorales présidentielles et face à une impasse politique, n’augure rien de bon pour la bonne gestion du trésor public d’une part et à l’avenir des élections libres et transparentes d’autres part.

Le Tchadien lambda ne croit plus à ce jeux de chaise et Deby non plus d’ailleurs. Pourtant il doit satisfaire une catégorie de personne et placé ses affidés pour éviter toute contestation ethnique ou dans sa propre famille. Tout cela pour un seul but: demeurer indéfiniment au pouvoir. Mais quel pouvoir?

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, mondoblogueur


A la rencontre des derviches du Soudan

Vous avez sûrement vu des reportages, des vidéos, des articles et même des livres qui pressentent l’islam n’importe comment. On apprend que les lois de l’islam  »la charia » c’est de couper la main au voleur, la lapidation de la femme et de l’homme adultères, l’inégalité absolue entre l’homme et la femme. Que l’islam est une religion incompatible avec la démocratie, qui interdit la musique, la danse, et l’art en général. Que l’homme doit porter un djalabia, surtout le vendredi et la femme une burqa. Le musulman ne supporte pas des critiques sur sa foi, qu’il rejette tout ce qui n’est pas conforme à son fanatisme religieux, un orgueilleux. C’est souvent un terroriste qui n’attend que sa première occasion pour commettre un attentat tuant des personnes et qui espère par la suite entrer au Paradis. Il préfère la mort à la vie. C’est quelqu’un avec un esprit étriqué qui croit que la terre ne tourne pas autour du soleil. Le but recherché par la propagation de cette image de l’islam par les médias, est de se faire de l’audience même s’il s’agit pour cela de déformer ou de caricaturer.
D’autres encore vous diront que c’est une religion de paix, de justice de culture et tous les tralalas.

Après avoir eu l’opportunité d’étudier au fil des années plusieurs formes de l’islam, je partage avec vous ces magnifiques moments auprès de ceux que j’appelle les  »derviches du Soudan ».
Un derviche est une personne suivant la voie d’une discipline volontaire du corps et de l’esprit cherchant à tendre vers une perfection par le soufisme (la « Tarîqa », la manière). Ce sont des combattants de Dieu qui n’ont ni kalachnikov, ni violence moins encore de discours haineux. Ils ne cherchent ni à convertir, ni à persuader de l’état dans lequel ils sont.

L’islam fit son entrée au Soudan d’abord par l’ouest grâce à des marchands venus du Mali et du Tchad. C’est un islam soufi qui caractérise aujourd’hui la société soudanaise. Dans les années 1930 après la fondation de l’organisation de Frères musulmans (FM) par l’égyptien Hassan Al-bana, le Soudan, alors sous colonisation anglo-égyptienne, a rapidement adhéré aux idées des FM inspirées du salafisme. En ce temps, ces idées étaient une véritable révolution contre le colonialisme. La charia prônée par le président soudanais Nimery dans les années 1980 sous conseil du patriarche islamiste Hassan Al-tourabi a conduit le Soudan dans un gouffre infernal de népotisme, de corruption et d’injustice par ses théories de l’islam politique. De passage, il y a une très grande différence entre l’islam politique et la politique de l’islam. Son opposition fondamentale et violente à la laïcité et à la démocratie changea alors l’histoire du Soudan. La venue des Frères musulmans au pouvoir par un coup d’État au Soudan avec une version revue par Tourabi, installa Oumar El-Bechir au pouvoir, prôna l’arabisation du Soudan et déclencha la « frère-islamisation » des Soudanais. Ce qui a eu pour conséquence la sécession du Sud-Soudan, la guerre au Darfour et dans le Nil bleu.

Les soufis traditionnellement loin du pouvoir contrairement aux salafistes, recherchent l’intériorisation, l’amour de Dieu, la contemplation et la sagesse.

On dénombre une trentaine de  »Tariqa » au Soudan. On les trouve à Oumdourman la ville jumelle de Khartoum. Chaque groupe ou Tariqa à un guide qui a la fonction d’un sage. Les disciples se comptent en milliers. Le soir du vendredi, les disciples se regroupent et prient Dieu au rythme des chansons, des danses, des musiques et des poèmes.
Nous irons à la découvert des  » Al-Moukachafiaya » qui peut se traduire par  «lever le voile» L’histoire du soufisme est largement méconnue tant par les musulmans eux-mêmes que par leurs détracteurs. Bien souvent, les gens à l’esprit étroit disent que danser est sacrilège. Ils pensent que Dieu nous a donné la musique – pas seulement la musique que nous faisons avec notre voix et nos instruments, mais la musique qui sous-tend toute forme de vie – et qu’il nous a ensuite interdit de l’écouter. Ne voient-ils pas que toute la nature chante ? Tout dans cet univers bouge en rythme – les battements du cœur ou les ailes des oiseaux, le vent les nuits d’orage, le forgeron à son enclume ou ce qu’entend dans le ventre de la mère d’un bébé à naître -, tout participe, passionnément, spontanément, à une mélodie magnifique. La danse des derviches tourneurs est un maillon dans cette chaîne perpétuelle. Telle la goutte d’eau qui porte en elle tout l’océan, notre danse reflète et voile à la fois les secrets du cosmos.

 

IMG_2600 IMG_2602 IMG_2611 IMG_2613 IMG_2616 IMG_2594 IMG_2602Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Mondoblogueur, Passionné des études islamiques


Tchad : des étudiants arrêtés et interdiction de manifester

Nadjo-Kaina-UNETAu Tchad, le président de l’Union nationale des étudiants tchadiens (UNET), Nadjo Kaina est aux arrêts.Il a été interpellé dans la soirée du 12 août ainsi que ses collègues du syndicat des étudiants alors qu’ils étaient en réunion à Ndjamena. Au menu de cette rencontre: la situation de l’organisation après les pressions gouvernementales et le non-paiement des bourses.

Cela fait déjà plus de six mois que les étudiants tchadiens n’ont pas reçu leur bourse. Pour réfléchir à cette question et à la suite à donner à leurs revendications les responsables syndicaux s’étaient donné rendez-vous au restaurant-bar  » Le Caravelle  » dans le quartier de Chagoua à Ndjamena. Alors qu’ils étaient en pleine discussion, la police a fait irruption. Une descente musclée sur ordre du ministre de l’Enseignement supérieur Mackaye Taisso et Abderehim Bireme, ministre la Sécurité publique. Selon les ministres, les étudiants voulaient une faire une révolution populaire contre le régime.

Le lendemain, jeudi 13 août, les secrétaires généraux des sections ont été libérés. Le président de l’UNET quant à lui a été présenté le vendredi 14 août à la justice et après audition il a été transféré à la maison d’arrêt d’Amsinéné pour trouble a l’ordre public.

Dans un communiqué de presse envoyé à la rédaction, le parti d’opposition en exil Actus/prpe indique que : « Le régime du dictateur général président Déby, allergique à tout esprit indépendant   […] voudrait imposer un leader estudiantin, non élu démocratiquement et qui serait à sa dévotion. »

Le 9 mars une manifestation des étudiants et élèves à Ndjamena a été violemment réprimée. Trois étudiants ont été tués par la police et plusieurs cas de viols de filles ont été signalés. Une vidéo de 2 minutes et 12 secondes publiée sur la page Facebook de Jeunes Tchad montrant des policiers tchadiens de la GMIP (Groupe mobile d’intervention de la police) en train de torturer et d’humilier des élèves a créé l’émoi sur les réseaux sociaux.

Cette vidéo (ci-dessous) montrant des élèves sur les genoux avant de se rouler dans le sable, sous les injonctions des policiers, les battant à chaque rotation, avec des fouets et des bâtons. On entend clairement les humiliations infligées aux  élèves, « Ouvrez les oreilles ». Les jeunes prisonniers tirent sur leurs lobes d’oreilles frénétiquement. « Répétez, je ne manifesterai plus », leur lancent-ils. L’enquête ouverte par les autorités tchadiennes n’a donné aucune suite.

A la maison d’arrêt, le président de l’Union nationale des étudiants tchadiens (UNET), Nadjo Kaina risque sa vie.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Mondoblogueur, Activiste politique


Les mensonges et controverses du président Déby

A l’occasion des célébrations du 55e anniversaire de l’indépendance du Tchad le 11 août, le président tchadien Idriss Déby s’est félicité de la « décapitation » du mouvement islamiste et a déconseillé au gouvernement nigérian de répondre à la demande de négociation qui lui avait été adressée.

Le président Idriss Deby est beaucoup plus préoccupé de la sécurité de ses voisins que de celle de ses compatriotes. Depuis le 15 juin, plusieurs attentats terroristes ont secoué la capitale tchadienne faisant des dizaines de morts et centaines de blessés. Devant cette situation de crise, le président s’est retiré à Amdjarass, son village natal et cela dans toute indifférence de la peur qui règne à Ndjamena. Aucune déclaration n’a été faite. Aucun message de soutien aux familles des victimes. Pendant que les Tchadiens sombrent dans la terreur, le chef de l’Etat s’offre des vacances tranquilles.

Le soir du mardi 11 août, Idriss Deby rassure ses voisins camerounais et nigérians. Il déclare que Boko Haram est « décapité », ajoutant que le défi était maintenant d’« éviter les actions terroristes » dans la région du lac Tchad. Ce n’est pas la première fois que Déby fait des annonces qui par la suite sont révélées fausses. Voici quelques exemples :

Je sais, mais je ne sais pas

Le mercredi 4 mars, avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, en visite à Ndjamena, Déby affirmait savoir où se trouvait Abubakar Shekau, le chef du groupe islamiste.  «Abubakar Shekau doit se rendre. Nous savons où il est. S’il ne se livre pas, il subira le même sort que ses compatriotes » avait-il ainsi menacé.

Deux mois plus tard, le 11 mai en visite dans la capitale nigériane Abuja, pour une réunion de travail avec le président sortant, Goodluck Jonathan, dans une conférence de presse face à la demande des autorités nigérianes, Idriss Débya affirmait : « Je ne peux pas vous dire aujourd’hui que je sais où Shekau se cache? Et même si je savais, je ne vous le dirais pas ».

Négociation avec Boko Haram

Sur les ondes de RFI, le chef de la diplomatie tchadienne Moussa Faki annonçait en grande pompe des pourparlers entre les autorités nigérianes et la secte islamiste Boko Haram à Ndjamena. Une annonce que la secte islamiste a démentie formellement dans une vidéo publiée le 31 octobre 2014.

La libération des filles de Chibok

Le 18 octobre 2014, Moussa Faki, ministre des Affaires étrangères du Tchad annonce dans le cadre du dialogue à Ndjamena que «Boko Haram s’est engagé à libérer […] les jeunes filles enlevées à Chibok ». Malheureusement, ce n’était que du pur mensonge démenti par la secte islamiste elle-même. Les filles enlevées de Chibok sont toujours portées disparues.

La mort d’Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar

S’il y avait le prix Nobel du mensonge, c’est au président tchadien Idriss Déby qu’il serait décerné Début 2013, le Tchad déploie une force militaire au Nord-Mali pour combattre les islamistes. Deux chefs islamistes appartenant à Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique, sont supposés morts, en tout cas pour le président tchadien. Il réaffirme, lundi 4 mars 2013, que les deux chefs islamistes Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar avaient été tués  » lors d’affrontements le 22 février et le 2 mars 2013″ dans le nord du Mali. Malgré les doutes français, Idriss Déby Itno persiste et signe.

Déby détient même la preuve de ses déclarations et le fait savoir : « C’est par respect des principes de l’islam que les dépouilles de ces deux terroristes n’ont pu être exposées. C’est sur cette base que je peux répondre au ministre français de la Défense (Jean-Yves Le Drian, ndlr) qui souhaiterait avoir des preuves ».

Mokhtar Belmokhtar a été « ressuscité » et déclaré vivant en Libye contrairement à Abou Zeid tué par le bombardement de l’armée française au Nord-Mali.

Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Mondoblogueur, activiste politique.


La mort à ceux qui ne prêtent aucune importance à la vie

173875479_0Après las attentats terroristes qui ont visé le Tchad pour son engagement contre Boko Haram au Nigeria, les députés tchadiens ont modifié le 30 juillet 2015 un projet de loi antiterroriste qui leur était soumis par le gouvernement. Ils ont rétabli la peine de mort abolie il y a environ six mois.

Proposer la mort à ceux qui ne prêtent aucune importance à la vie. C’est la solution  »intelligente » du Parlement tchadien pour lutter contre le terrorisme. Pourtant, Il y a moins d’un an, la peine de mort était abolie dans ce pays. Les associations de droit de l’homme se félicitaient de cette initiative et voyaient une évolution majeure vers le respect des droits fondamentaux. Mais depuis quand le pouvoir tchadien se soucie des lois juridiques et de la Constitution ?

Les personnes disposées à commettre des actes de violence à grande échelle pour terroriser la population savent qu’elles prennent de grands risques. Elles se soucient fort peu, voire pas du tout, de leur propre sécurité. Exécuter ces personnes revient souvent à faire de la publicité pour les groupes auxquels elles appartiennent, et à en faire des martyrs qui serviront à rallier davantage de partisans.

Face à ces fanatiques et aux terroristes, la peine de mort est inefficace et dangereuse, car non seulement le message ne les effraie  pas, mais il les stimule. Ils ne redoutent pas la mort, mais plutôt ils lui donnent un sens sacrificiel. Un des leurs condamnés à mort devient un martyre au service de leur propagande.

Ils aiment la mort autant que les députes tchadiens aiment la vie alors que le peuple tchadien est prise au piège. Encore une fois.

Si le texte de loi doit entrer en vigueur, on doit avant tout commencer à l’appliquer à ceux qui l’on voté. Ils siègent à l’assemblée sans rien y faire. A moins qu’il ne soit question en réalité de cibler d’autres catégories que les terroristes.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, analyste indépendant


Bloguer, la passion la plus dure lorsqu’on est tchadien

MONDOBLOG
Le journalisme est le métier le plus difficile en Afrique disait un humoriste. Quand on est pas traqué par le pouvoir, on est lynché par le public. Vous êtes nombreux à m’avoir envoyer de message à mon Email ou sur facebook. Surtout depuis la publication des images du procès d’Hissein Habré sur ma page facebook jugé «humiliante» par ses supporteurs. Entre soutiens, menaces et interpellations dont je me suis habitué depuis six-ans d’intense activité et publication sur le net, par respects aux fidèles lecteurs et par profonde sincérité, j’espère par ce billet apporter quelque réponse.

Durant mon expérience de blogueur et activiste sur les réseaux sociaux, tchadiens notamment, j’ai été qualifié de tous les noms d’oiseaux et j’en ai appris beaucoup de chose. Une expérience pleine de courage, d’inquiétude, de savoir, de passion, de rencontre, d’amour aussi et un besoin de liberté de pensée et de partage d’idée qui sera un jour immortalisé dans un livre.

L’attitude des certains intervenants sur ma page facebook est désolante. Et je suis profondément désolé à mes 13 000 abonné(e)s qui me suivent.
Ceux qui étaient choqués par les commentaires et qui comprenaient pas pour quoi autant de haines entre ces jeunes, je recadre un article en ce sens que j’ai écris en 2013.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faudrait de prime d’abord rappeler le sens de certains mots. Le «clanisme»  communément employé pour designer un régime autoritaire, c’est un système social d’organisation fondé sur le clan, sur une tribu constituée d’un regroupement de famille.
Cependant, on n’y remarque toujours deux camps qui s’affrontent s’agissant de l’affaire Habré. les partisans du régime d’Idriss Deby  et les partisans de l’ancien régime d’Hissen Habré. (Soit dit en passant que les deux se détestent à mort). Et malheureusement, ils n’ont trouvé de champs que ma page à se battre. Ce qu’ils ignorent ou refusent de reconnaitre, c’est qu’ils ont plus de chose en commun qu’ils ne le pensent.

S’agissant des partisans de Deby, le maintien de celui-ci au pouvoir doit sa gloire au soutien inconditionnel et indéfectible de son groupe ethnique les Zakhawa et surtout une franche partie de ceux du Soudan au Darfour dont le clanisme est érigé la réglé sacrée absolue à n’ait jamais franchir; hérité de son prédécesseur. Les premiers heurs du règnes du régime dont beaucoup semblent oublier étaient très sanglantes, des assassinats, des violes, des voles et massacres jours et nuits, sans distinction orchestré la plus part par la garde présidentielle clanique notamment au Logone et Moyen Chari et tout récemment dans le Dar-Tama pour ne cité que quelque exemple.

Si quelques uns de ce clan se sont rebellés après avoir consolider le régime et infliger pendant des années aux tchadiens toute sorte de calvaire s’érigent scrupuleusement sans honte en libérateur, ce n’est nul par patriotisme moins encore pour le respect des valeurs humaines, mais uniquement d’ordre familiale et ethnique, comme s’il n’y a qu’eux au Tchad. Chasser le tyran pour mieux garder la tyrannie.

Comme tout régime clanique, il y a d’autre prêt à tout à fin de satisfaire leurs désir matérialiste offrant leur service au tyran et sa famille mais qui ne seront jamais égale. Les serviteurs volontaires et zélés du régime ne manquent pas de se faire constamment humilier. Une servitude volontaire qui donne une certaine légitimité au système et une illusion d’équilibre de gestion et de partage. Là est « le secret et le ressort de la domination, le soutien et le fondement de toute tyrannie » disait La Boétie . Les partisans de Deby en premier lieu les Zakhawa ne font jamais objet de sanction contrairement à leurs complices d’autres communautés.

Quant aux partisans de Habré, c’est un autre phénomène. Dans une illusion que le pouvoir leur revient de droit sacré. Si tribaliste, d’esprit étriqué et encarcanné par la rude du désert, la culture est toute sauf exemplaire. Leurs compatriotes du sud les appels les Nordistes – les Gouranes dont est issu Hissein Habré le prédécesseur de Deby et maitre des crimes et massacres. Au niveau de clanisme, le régime de Deby ne fait pas exception à celui de Habré. Et si on remarque que les principaux partisans de Habré sont issue de son ethnie, c’est parce qu’ils sont bien évidement à l’écarte de «l’holocauste» dont ils ont activement contribué.

Si les partisans de Deby homonymes des partisans de Habré ne font jamais objet de sanction, ces derniers, par défaut de pouvoir, n’aiment jamais être objet de critique, ni de Habré, ni de ce qui à un lien avec eux. Alors que leur bilan de huit-ans de règne absolu est un véritable désastre. On ne peut critiquer ce passer douloureux et cette culture brute sans être traiter de tribaliste, de ségrégationniste, et tout les noms d’oiseaux, ou sans que votre sécurité ou celle de vos proches ne soit mise en danger.

Et pourtant, Il ne viendrait à l’esprit de personne de considérer que si on critique un cadre sudiste (ressortissant du Sud), du centre, de l’est ou de l’ouest, qu’on est anti-sudiste, etc. Ainsi ils contribuent à véhiculer et pérenniser l’image de tout l’ethnie et non seulement d’un système de gestion d’un quelconque régime. Ces réactions participent également d’une idiotie utilitaire qui apporte de l’eau au moulin à ceux engloutie par l’injustice, submerger dans la haine et aveuglé par la vengeance.

Beaucoup pense à tort de moi être un opposant de Deby, un titre que j’ai jamais porté à cœur. Il y a parmi ces opposants des analphabètes-illettrés et des brillants académiques, des traitres-criminels et des savants-honnêtes. On y trouve de tous les espaces dans le même moulin d’opposition pour l’opposition. Pas besoin d’être opposant pour dénoncer les dérives d’un pouvoir cynique. C’est un devoir spirituel et humain. Un droit civique. Je suis un Étudiant, un blogueur, un activiste, avec la passion du savoir, qui exprime ses idées sans tabous, ni complexes, qui n’aime surtout pas la censure lorsqu’il s’agit des idées. Je pense qu’au temps du numérique, chaque étudiant doit tenir son propre blog, c’est ainsi qu’on découvre le monde en découvrant soi-même. De passage je salue le réseau Mondoblog, la plateforme des blogueurs francophones de RFI pour cette expérience inédite.

Donc, est-il encore possible de parler ou critiquer certains comportements adoptés par certaines personnes appartenant à certaines communautés ethniques ou religieuses sans se faire traiter de ségrégationniste, divisionniste etc… ? Si on peut critiquer les gros, pourquoi devrait-on épargner les nains ? Si on peut dénoncer les dérives du régime, pourquoi ne pourrait-on pas en faire autant de ceux d’opposants? Si on peut critiquer un inconnu, et pourquoi pas un parent, un ami ou un proche ? Si on peut critiquer les femmes, et pourquoi pas les hommes ? Si on se moque des sudistes, pourquoi pas des nordistes ? Existe-il des personnes supérieurs à d’autres ? Comment peut-on instauré l’égalité et la justice par le communautarisme? Peut-on critiqué certaines personnes et éviter de critiquer d’autres ? Et au nom de quoi peut-on le faire avec ceux-ci, mais pas avec ceux-là ?

Je réaffirme encore, je suis un fervent défenseur de la liberté d’expression et un farouche partisan de la démocratie dont elle est l’émanation; et je suis pour que cette démocratie écrase tous et celles qui oseraient se dresser contre elle. Quand on critique les autres, ça passe, et parfois même vous rigolez, mais quand c’est votre tour, vous pleurnichez, et sais-je encore? Personne ne vaut pas mieux que les autres, personne n’est intouchable. Si je dois rien dire pour vous nuire, je vais rien taire pour vous plaire.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste, Mondoblogueur et analyste indépendant


Le procès Habré : un événement historique parmi tant d’autres

Le lundi 20 juillet c’est ouvert le procès historique de l’ancien président tchadien Hissène Habré à Dakar. L’ancien président est jugé par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture. Au premier jour de son procès qui s’est déroulé dans un climat tendu, Habré a comparu de force. Il a traité les magistrats des CAE de traîtres et a refusé de parler. Après des échauffourées, le procès a été reporté au mardi 21 juillet. Les avocats de Habré ont décidé de boycotter l’audience à la demande de leur client. Le président des Chambres africaines extraordinaires d’assises a alors désigné trois avocats sénégalais pour l’assister. L’audience a été ajourné au 7 septembre pour permettre aux avocats commis d’office de prendre connaissance du dossier.

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Hissène  Habré («the quintessential desert warrior»), « Le guerrier du désert par excellence » ainsi était surnommé l’ancien président dictateur tchadien par la CIA. Il vivait en exil au Sénégal depuis sa chute en 1990.
Il lui est reproché la mort de 40 000 personne sous la répression de son régime entre 1982-1990.
Il doit être jugé pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture». L’accusé  risque entre 30 ans de prison ferme et les travaux forcés à perpétuité. Il pourra purger sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l’Union africaine. Il ne sera pas gracié ni amnistié, sauf en cas d’amendement de l’Union africaine. Par ailleurs, une fois sa culpabilité établie, Habré ne peut faire appel que sur ses intérêts civils.

On l’appelait « le Lion », « Boss » pour les intimes était une personnalité sombre, un individu profondément cyclothymique et indiscutablement mégalomane, despotique au point de ne tolérer ni contradiction ni discussion. Il pouvait être tour à tour, souriant et affable, froid et impérieux, cynique et sarcastique, ou gonflé de rage. On dit qu’il a été un président impitoyable, un chef de guerre paranoïaque et un redoutable stratège. Bref, un fou meurtrier.

Pour bien comprendre cette partie sombre de l’histoire du Tchad je vous invite à voyager aux confins de l’histoire politique, des guerres et des conflits ethniques pré-coloniaux et post-coloniaux du Tchad. Comprendre les clivages ethniques et confessionnels et les enjeux culturels qui nous permettront d’aller bien au-delà d’un simple procès, mais aussi rectifier certains fausses idées reçues. Les événements politico-militaires et l’obsession sécuritaire du temps de ‘Habré ne sont que la partie visible de l’iceberg.

 

Le Tchad pré-colonial

Si aujourd’hui à tort ou à raison, les Tchadiens sont vus comme des machines de guerre, des personnes impulsives et avides de combat, c’est parce qu’ils ont été maintenus dans une grande ignorance. Ils ont été nourris de mensonges érigés en valeurs culturelles par le pouvoir politique.

Le Tchad est un assemblage de territoires. Avec l’arrivé de l’impérialiste français,trois grands empires le composent actuellement. Il s’agit de l’Empire du Ouaddai, l’Empire de Baguirmi et l’Empire du Kanem. Dans ces empires, les hommes sont soumis à une socialisation militaire permanente. Ces empires en guerre les uns contre les autres, menaient des razzias aux ethnies du Sud et du Nord – considérés comme des espaces non islamisé. Ils les capturaient, les vendaient ou   les employaient comme des esclaves. Les pratiques de l’esclavage étaient banalisées, considérées comme principal mode de création de richesse.

La guerre, le massacre au Tchad et la mentalité violente que l’on observe chez une catégorie des Tchadiens datent depuis le temps pré-colonial. La guerre obéissaient non seulement à une logique de conquête mais aussi d’humiliation. L’objectif n’était pas le pillage mais la défaite de l’armée ennemie et la confiscation des revenus de l’empire vaincu. Le Baguirmi et le Ouaddai s’affrontent dans une guerre de cent jusqu’au XIXe siècle.

Mais contrairement aux idées reçues, l’islam venu du Maroc et de la Cyrénaïque était prôné au Tchad par des peuples négro-africains. L’arabe devient une langue véhiculaire d’une part du fait de l’islam et d’autre part surtout du commerce des esclaves entre les empires et les marchants arabes venus du Maghreb et du Soudan. Cependant les ethnies ou sous-ethnies refusant l’islam sont combattues, chassées de l’empire, interdites d’alliance.  ils sont connus au nom de Hadads qui souvent sont des guerriers et fondateurs du royaume. Une diabolisation des Hadads qui s’est par le temps érigé en enseignement culturel et traditionnel assimiler souvent à des esclaves dans la société tchadienne (même actuel).
Aussi l’expression «nord-musulman» n’a aucune réalité concrète car le nord du Tchad caractérisé par le B.E.T a été pendant toute l’histoire le champs de razzia de l’empire du Ouaddai, du Kanem et de la Sanoussia une confrérie soufie en Cyrénaïque (actuel Libye) composé des tribus arabe allié des Ouaddaeins.

A l’aube de la colonisation, un autre marchant d’esclave s’impose dans la région. Rabah Fadhallah un aventuriste considéré a tord islamiste était en revanche chassé du Soudan par le célèbre révolutionnaire soudanais Abdallah Al-Mahdi, un chef politique religieux soufi qui a vaincu les colons Turcs et Britanniques pour libérer et accéder à la tête du Soudan.

La bataille de Kousséri dans laquelle Rabah trouva la mort a lieu entre les soldats français de différentes colonnes dirigé par le commandant Lamy  et renforcés par de supplétifs baguirmiens, et l’armée de Rabah. Cette victoire marque le début de la conquête colonial de l’actuel Tchad par la France.

 

Le Tchad post-colonial

Pendant que les Britanniques battaient de l’aile au Soudan, les colons français soutenus par les baguirmiens et les populations Sud, bien formés et mieux armés ont déchus à tour de rôle toutes les résistances. D’abord l’Empire du Ouaddai s’inspirant de la révolution soudanaise d’Al-Mahdi, est battue en 1909 provocant une vague migratoire massive vers le Darfour,puis le Dar-Sila, allant jusqu’au Nord au Senoussia, le Kamen, et le Baguirmi. Ainsi s’achève une épisode de l’histoire ravagé par des conquêtes et des razzia. Pour imposer des nouvelles formes de violence basant sur l’injustice, la ségrégation, le conflit d’intérêt, l’égoïsme, l’ignorance, le néocolonialisme, le terrorisme et autres formes ludiques que j’aborderai dans la seconde partie dans un prochain article… A suivre

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, analyste indépendant


Procès Habré: Habré serait-il lâché par son groupe ethnique?

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Enfin, le grand jour est arrivé! La personne en charge du pays, le Tchad, pendant la sombre période où plus de 40.000 Tchadiens ont été massacrés passe chez son coiffeur.

Il s’ouvre aujourd’hui 20 juillet le procès du Pinochet Tchadien Hissein Habré à Dakar. Hissein Habré dit HH le Lion ou le « douth » doit affronter son passé de «génocidaire» avec en face de lui quelques 4.000 survivants, victimes et témoins.

Rappelons que ce procès est une première sur le continent Africain et sera un procès historique pour toute l’Afrique. Il y a 25 ans environ, Habré avait été chassé par son ancien Lieutenant Idriss Deby qui est encore au pouvoir.

Durant le règne de Hissein Habré, il y avait une politique d’intimidation et de mise à mort systématique de toutes les voix discordantes et opposantes. Hissein Habré avait son service de renseignements et sa police politique nommés DDS qui était conçu sur le modèle de la GESTAPO sous Hitler. Cette police politique était infiltrée partout que même dans une famille de 3 membres, il y régnait un climat de méfiance. Car l’un était sûrement un agent de renseignement de cette DDS.

Selon certains témoins, rien ne se passait sans l’accord d’Hissein Habré qui passait personnellement au crible toutes les informations. Toutes les fiches d’arrestation passaient chez le lion Habré qui donnait son accord. Des documents prouvant ces informations avaient été justement retrouvés dans ce qui était les locaux de la DDS après le départ du Lion.

Pour ce procès, l’ancien Lion qui a trouvé refuge comme un vulgaire clochard depuis 25 ans et en prison au Sénégal a choisi le silence. Selon ses avocats, leur client ne s’exprimera pas volontairement. Il aurait même opté pour la facilité de ne pas se présenter au procès mais pour sa seconde option, il n’a pas trop de choix car même ligoté et sur son lit d’agonisant, il sera conduit de manière éhontée. L’orgueil du Lion n’est plus car, le Lion n’est plus le roi de la forêt. Il y a eu plus fort que lui et tout ce que l’on retiendra de lui, de son règne pendant 8 ans au Tchad sera les 40.000 morts et les 3 mois du procès.

Habré optant pour le silence, il y a lieu quand même de rappeler qu’il reste les gens de sa communauté ethnique qui le soutiennent. Ils le soutiennent parce qu’ils lui doivent beaucoup : Il est leur parent, héros, bienfaiteur et même dieu. Grâce à Habré, beaucoup de ses proches avaient bénéficié et profité de ses largesses. Certains refusent d’accepter qu’il n’est plus Président depuis 25 ans. On peut citer entre autre les sorties médiatiques de sa femme Raymonde Habré et certains sites et blogs qui peinent à faire signer des pétitions en sa faveur.

Une forte communication a commencé depuis quelques années sur les réseaux sociaux et un groupe de soutien a été créé avec comme siège Dakar et des tentacules aux USA, Canada, France et même au Tchad afin de dissuader les Tchadiens et surtout à avoir l’adhésion de certains jeunes qui n’ont pas connu cette sombre période de notre république.

Malheureusement, comme on le dit, quelque soit la durée de la nuit, le soleil apparaîtra. Dans le cas de figure, on dira que la nuit vient de se faire officielle sur Hissein Habré, le lion. Il doit affronter l’inévitable procès en attendant d’affronter la justice divine où de l’autre côté du réel, ne l’attendent pas que 4.000 personne mais 40.000 personnes.

En attendant, ce procès servira de leçon pour tous les criminels au pouvoir en Afrique et surtout à Idriss Deby qui selon les organisations de droit de l’homme aurait déjà à son actif 25.000 morts.

Ibangolo Maina
Activiste de droit de l’homme


Procès Habré : « Difficile de juger Habré sans juger Déby »

Alors que le procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré devrait s’ouvrir ce lundi 20 juillet à Dakar, cet événement suscite beaucoup de réactions au sein de la classe politique africaine. Parmi eux, Acheickh Ibn-Oumar, ancien ministre des Affaires étrangères du président Habré entre 1989 1990. Exilé en France depuis le début des années 1990, cet opposant au président Idriss Déby se livre sur un procès qu’il juge incohérent. Une interview réalisée pour le Gri Gri International.

Hissene Habré n’est plus au pouvoir depuis 1990, le procès commence le 20 juillet prochain soit 25 ans après. Selon vous, pourquoi la procédure judiciaire a-t-elle mis autant d’années à s’enclencher?

Tout d’abord, il faut savoir qu’entre 1992, date où il y a eu le premier rapport de la commission d’enquête sur les crimes et les violations des droits de l’homme commis sous le règne d’Hissène Habré, et 2002, date de la première action des militants de droits de l’homme, donc pendant 10 ans, le président Idriss Deby s’est carrément assis sur le rapport de la commission d’enquête.

Donc j’estime que nous n’avions pas besoin de chambre africaine extraordinaire pour le faire.

Une commission d’enquête interne au Tchad avait, en 1992, fait un rapport interne définitif. Donc tous les éléments étaient déjà réunis dans les années 1990 pour clôturer cette sombre page de l’histoire.

Depuis 1990, Habré est installé au Sénégal au point où certains ont accusé les politiques sénégalais, et notamment le président Abdoulaye Wade, de complicité en ne le jugeant pas. Quel est votre avis ?

Il faut savoir qu’en 2002, ce n’est pas le Tchad qui a demandé un procès pour Hissène Habré, ce sont les activistes des droits de l’homme. Ils se sont rendus au Sénégal en reprochant au président Wade d’accueillir un tortionnaire alors que son pays est signataire de la convention internationale contre la torture.

Je pense que le président Abdoulaye Wade n’a pas tout fait pour accélérer la procédure.

D’ailleurs, il faisait ouvertement du chantage aux Européens, supputant que la justice sénégalaise n’était pas assez équipée pour organiser ce procès. Allant même jusqu’à réclamer à de nombreux bailleurs de fonds (Union européenne, UA, Tchad, Belgique, Pays-Bas, etc.) une somme de 27 millions d’euros pour construire un nouveau palais de justice et un hôtel afin d’accueillir les avocats et les victimes… c’était un peu fantaisiste.

Ce procès n’est-il pas un sujet sensible pour la présidence du Tchad ?

Votre collègue de RFI Laurent Correau, s’est rendu au Tchad pour faire un reportage sur l’affaire Habré et il a été expulsé manu militari à coups de gifles, au grand dam de l’ambassadeur de France qui n’a rien pu faire (ndlr le 23 juin dernier).

Donc évidemment que c’est un sujet sensible pour le président Déby.

Peut-on juger Habré sans juger Idriss Déby ?

Tous les tortionnaires de l’époque Habré ont été reconduits dans les mêmes fonctions par Idriss Deby. Selon moi, c’est difficile de juger Habré sans juger Idriss Deby. Hissène Habré n’a tué personne de ses propres mains.

Récemment, on a commencé à arrêter des responsables de la sécurité sous la présidence d’Habré et l’on peut penser que si Idriss Deby n’était pas au pouvoir, il aurait été arrêté, car il était au moins aussi responsable de crimes que ces personnes.

On a l’impression que, du fait de son statut de chef d’État, il aurait reçu certaines garanties de ne pas être arrêté.

Toutefois, le statut de l’immunité présidentielle a été affaibli ces derniers temps, on l’a vu récemment avec le président soudanais Omar el-Béchir et sa mésaventure en Afrique du Sud.

On parle de juger Habré, mais pourquoi le singulariser ?

On ne juge pas une personne, on juge des crimes et des actes. Donc si l’on parle des actes commis par Hissène Habré, certains l’ont été par Idriss Déby.

Il ne s’agit pas de défendre Habré, c’est juste une question d’équilibre. De même que les personnes qui ont combattu après son règne ont commis des actes de torture assimilables à des violations des droits de l’homme.

Donc, j’aurais préféré qu’on parle de juger des crimes de manière générale.

Pourquoi Habré n’a jamais mis en cause la complicité de Déby pour se défendre?

Ses avocats ont pris pour ligne de défense de ne pas se défendre. Prétextant que le procès est juridiquement illégal et que les chambres africaines qui doivent le juger n’ont pas de bases juridiques suffisantes, mais aussi que la justice sénégalaise n’est pas compétente. C’est pour cela que, Habré ne parle pas.

Justement, qu’attendez-vous du procès ?

Si ses avocats poursuivent sur cette ligne de défense, Habré va refuser d’y être et par conséquent, le clan Habré va boycotter le procès.

Le juge peut délivrer un mandat d’amener (ordre donné par un juge d’instruction aux forces de l’ordre afin que celles-ci conduisent immédiatement une personne mise en examen devant lui, y compris par la contrainte si celle-ci se révèle nécessaire est la monnaie par la force), mais comme le dit le proverbe africain « on peut forcer son cheval à venir au bord du ruisseau, on ne peut pas le forcer à boire » je pense que c’est à peu près ce schéma qui se dessine.

Kalidou SY

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Yedina : blog d’Acheikh Ibn-Oumar


«Les œuvres artistiques» d’Idriss Deby

deby2Dans quelques heurs s’ouvrira le procès historique pour le Tchad et l’Afrique, de l’ancien chef d’État tchadien Hissein Habré au Sénégal son pays d’exil. Il sera jugé à Dakar pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité mais peut-il y avoir une justice sans Idriss Deby à la barre?

Chapitre premier:  «Septembre Noir»

La Première Guerre civile qui à connue le  Tchad débute fin 1965 par une révolte contre le régime de François Tombalbaye, considéré comme représentatif de la domination politique des ethnies du sud du Tchad sur celles du nord et du centre, se termine par l’établissement en 1979 du Gouvernement d’union nationale et de transition, formé par différents groupes rebelles nordistes et présidé par Goukouni Wedeye.

Ainsi, Deby collabore avec Hissène Habré et entrent en rébellion contre Goukouni Oueddei après l’éclatement du Gouvernement national de transition (GUNT) formé cinq mois plus tôt. Habré nomme alors Déby commandant en chef des Forces armées du nord (FAN) et entre dans N’Djamena Déby à ses côtés poussant le président Goukouni Oueddei à s’exiler en Algérie.

Hissen Habré et Idriss Deby
Hissen Habré et Idriss Deby

Il est ensuite nommé conseiller d’Habré pour la défense et la sécurité, fonction à laquelle Deby mène une vaste campagne d’extermination des «sudistes» où il et Habré entretiennent une haine noire et féroce envers les populations du Sud.

Lire ::::::> Idriss Deby alias « Septembre Noir » : un « tueur invétéré » contre les  »Sudistes »

Aujourd’hui, Hissène Habré est détenu pendant un an au Sénégal son pays d’exil et serait jugé à Dakar pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité mais peut-il y avoir une justice sans Idriss Deby à la barre? Pourquoi avoir attendu 23 ans pour juger Hissein Habré? Pourquoi tant de victimes se taisent? L’arbre d’Habré cache t-elle encore des complices haut-placés? L’archive de la DDS ont-elles livrée tout leur secret? Pourquoi les associations des victimes choisissent-elles des avocats peu expérimenté? Faut-il renoncer à un procès sous prétexte qu’il serait imparfait? Pour quoi les chambres africaines extraordinaires ignorent-elles les victimes de septembre noir? Pourquoi tous les enquêtes s’arrêtent à N’Djamena? Une enquête réalisée par Justine Okimi (vidéo).

Rédaction de Jeunes Tchad


Tchad : un nouvel attentat sur un marché de Ndjamena

11692693_882335701860737_1282487022360367754_n« Nous allons défaire Boko Haram. Nous allons détruire Boko Haram. Nous allons gagner, non pas la bataille, mais nous allons gagner la guerre totale contre Boko Haram, il n’y a pas de doute. » D’un ton péremptoire martela le président tchadien Idriss Déby. Mais qui va défaire qui ? Au Tchad, un nouvel attentat, commis par un homme kamikaze déguisé en femme, a visé le marché central de la capitale, ce samedi matin 11 juillet, faisant de nombreuses victimes.

C’est devenu récurrent, et les Tchadiens doivent désormais s’y habituer. Selon les premières estimations, l’attentat a coûté la vie à 15 personnes et porte la signature de la province ouest-africaine de l’Etat islamique Boko Haram.

Cet attentat intervient quelques semaines après une première attaque qui a frappé le commissariat central et l’école de police, faisant 38 morts essentiellement des policiers et des gendarmes. Un autre attentat dans un quartier périphérique de Ndjamena a aussi été revendiqué par la branche ouest-africaine de l’Etat islamique.

Si les premiers attentats avaient visé le symbole de la République, cette fois-ci, c’est la population qui est clairement dans le collimateur. Pourtant dans un communiqué, avant son allégeance à l’organisation de l’Etat islamique, Boko Haram affirmait n’avoir jamais voulu attaquer le Tchad et condamnait son intervention militaire. « Nous disons aux Tchadiens que leur gouvernement les conduit dans un tunnel sombre avec son intervention dans nos terres, souligne le communiqué. Avant de poursuivre : notre ennemi est l’armée tchadienne qui est intervenue dans nos terres. Nous savons que l’armée tchadienne est habituée à la guerre par procuration. »

Pourquoi ce virement ? Doit-on comprendre que l’allégeance à l’État islamique oblige un réajustement de position et de stratégie ?

La réponse se trouve peut-être du côté des Tchadiens eux-mêmes et de leurs autorités. Il est consternant de voir la manière, dont les médias tchadiens et surtout les blogueurs et journalistes amateurs traitent un sujet aussi délicat. Il est une erreur de penser que les djihadistes sont des personnes cinglées et sans intelligence.
Si la population est désormais dans le collimateur des éléments de Boko Haram, c’est évidemment parce que cette même population a décidé de jouer à l’apprenti sorcier au service d’une police qui dévoile le moindre détail des opérations et les sources censées rester secrètes. Les policiers mettent ainsi en danger les informateurs et les témoins. Ces informations reprises en boucle par les amateurs de l’information sont des supports permettant aux djihadistes de choisir leurs prochaines cibles.

Les Tchadiens doivent s’attendre à des moments sombres et difficiles. La guerre vient d’être déclarée. Le champ de bataille sera les places publiques (les mosquées, les marchés, les écoles, les restaurants…

Connaissant le mode et le mobile opératoires des terroristes de Boko Haram, la fête du ramadan qui s’annonce risquera d’être une boucherie, si elle n’est pas déjà un deuil.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, analyste indépendant.