Djarma Acheikh Ahmat Attidjani

Terrorisme au Tchad: complot ou vérité?

Aboulanwar Djarma
Aboulanwar Djarma

Depuis l’intervention militaire forcenée du Tchad au Mali, qui ne répondait qu’a un seul objectif celui d’assouvir les ambitions effrénées d’un homme insatiable de m’as- tu- vu, les Tchadiens sont hantés par l’ombre du terrorisme qui pourrait se venger pour ses hommes traqués et tués par les soldats Tchadiens qui se sont fait remarqués par leur accrochages impétueux, qui ne connait pas de recule.

Considéré par tous comme l’œuvre d’abord des Tchadiens, le démentiellement de ceux qui ont semé la terreur et la désolation, dans cette région du Sahel, a placé le Tchad sur le phare des islamistes et leur pourvoyeurs du monde entier. Ils ne comprennent pas qu’un pays classé parmi les plus pauvres du monde s’offre le luxe de combattre un monstre sorti de plus complexe laboratoires des intelligences internationales. Tous les grands politiques, économiques, financiers et militaires du monde ont un pieds dedans un pieds dehors.

S’il y a parmi les occidentaux ceux qui ont applaudi le Tchad avec une main et le gratifié d’une dent sarcastique pour son étourderie , il y a à parier que tous, se disent mais; qu’est ce qu’il est venu faire celui là dans cette galère?

Deby qui ne regarde qu’avec un seul œil, a pris les mauves pour des rosiers, et le quinquina pour un manguier. C’est pourquoi après un calcul mal fait et encouragé par une presse internationale en mal de sensation, il s’est jeté sur le premier doigt de Paul Biya pour se fourvoyer au Cameroun et dans la foulée il mène des opérations au Nigéria contre Boko Haram, cette fois contre la nébuleuse qu’il est sensé bien connaitre.

Deby a peut être oublié qu’il a fait la médiation entre cette formation des égorgeurs assoiffés de sang et le gouvernement Nigérian? Il avait même jubilé annonçant la conclusion d’un accord qui est repris en chœur par son amis Hollande .Pourquoi alors ne pas utiliser cette même filière complice pour résoudre se qu’il a qualifié des menaces sur les importations Tchadiennes? A-t-il résolut depuis lors les équations qui ont déterminé l’intervention de troupes Tchadiennes au delà de nos frontière? Le résultat est là: les pleures les douleurs et les deuils. D’ailleurs le contraire serait un miracle, l’ampleur de dégât de cette navigation à vu était prévisible.

Aussi, s’il est claire pour tous, que le cinglé de Boubakar Shikaw avait proféré de menaces contre le Tchad, la main de B.H dans les tourments odieux que connaissent les tchadiens depuis le 15 juin, ne pas aussi visible que veut le faire croire le gouvernement Tchadien.

La grossièreté des informations contradictoires véhiculées par les autorités tchadiennes sans le moindre gant, laissent pantois, et ouvre la voie à toutes les incrédulités possibles. La crédibilité d’une information dépend du sérieux du respect et de la confiance qu’on vis à vis de celui qui la livre.( Je doute que ça soit le point fort de nos gouvernants). Tous les scénarios livrés jusqu’à là par les autorités Tchadiennes soulèvent des zones d’ombre caractéristique du système qui gère le pays. Évidemment les mesures qui ont suivi ces douloureux événements ont discrédité totalement les autorités mettant à nu les intentions inavouées de la dictature.

Si déjà la tête du mariée est en friche avant qu’elle ne soit veuve, qu’allait-elle faire de ses cheveux lorsqu’elle aura perdu son mari? Haaa!

Bientôt les Kemnelou, Massalbaye, Ibedou, Maky, Gali, Ngarledji, Kebzabo et autres activistes seront classés Boko Haram.

La société civile et la presse déjà en sursis, seront d’avantage traquées, muselées et mises à genoux. Et tout cela à cause d’une méchante peur qui torture et ronge les entrailles de notre dictateur national, depuis que les tchadiens ont décidé de ne pas le voir candidat en 2016.

Mais si on accréditait la thèse du gouvernement d’un pourcentage minime soit-il, et que le Tchad soit réellement en face du terrorisme internationale de l’E.I auquel est affilié Boko Haram, alors , nous devons nous rendre à l’évidence, que le système MPS tel qu’il est, serait incapable de juguler des actions qui seront menées sous la bannière noire de L’E.I. Un état qui vivote dans l’informel comme le notre ne peut pas réussir là où, ceux qui sont dotés des moyens le plus sophistiqués du monde continuent à patauger.

Dans ce cas, il faut repenser entièrement les structures de l’Etat, revoir la copie de la gouvernance, et obtenir à défaut d’une véritable réconciliation nationale un front national qui mettra fin aux errements actuels, sources de gabegie, de corruption, de détournement et destruction systématique de l’espoir même du peuple Tchadien .

De telles mesures permettront de souder les rangs et de contribuer à la cohésion nationale seul moyen de faire face aux épreuves chaotiques qui mettent en danger l’existence du pays.

L’ indispensable coopération sécuritaire internationale au sens large du terme, est nécessaire pour se faire accepter dans le cercle et les coulisses des services déjà engagés dans la lutte anti-terroriste, imposent une crédibilité du système politique, et des cadres compétents reconnus pour leur probité.

Les lois envisagées et adoptées à la hâte pompeusement qualifiées d’anti-terroristes , ne sont que des textes liberticides pour assoir d’avantage la torpille dictatoriale.

Ailleurs ces lois sont faites pour permettre à la justice de traiter dans la dextérité, les dossiers et les contrevenants. Le respect de la constitution demeure le point focale autour duquel la société est bâtie. Malheureusement dans notre pays, la constitution, les lois, les structures et les institutions se résument en la personne du Général Sultan Idris Deby.

Heureusement pour le Tchad, le terrorisme ne peut pas s’implanter. Il est étranger à notre société sur tout le plan et à tout point de vue . La culture d’égorger , d’éventrer, de s’imposer pour tuer des innocents en masse, résulte il est vrai parfois, de la frustration, de l’injustice de l’oppression et de désespoir; sujets qui ne manquent pas dans notre pays. Mais il est aussi prouvé que sans le soutien d’une doctrine extrémiste, une structure idéologique et organisationnelle, une source de financement obscure soit-elle, et une complicité évidente, les actes terroristes sont inenvisageables.

Malgré l’apparence, la culture non violente des tchadiens, leur amabilité, leur capacité de pardonner et leur esprit de tolérance sont légendaires, et demeureront pour longtemps un véritable rideau de ferre devant la fulgurance de la folie meurtrière.

Qu’il soient des événements douloureux nés de la guerre civile de 12 Février 1978, ou encor les multiples affrontements entre les différentes tendances politico-militaires entre elles, et où avec les différents régimes, tous se sont dépassés sans rancune, sans haine, sans un esprit de vengeance.

Nul part qu’au Tchad vous trouverez deux armées qui s’affrontent aux armes de tous les calibres, où il peut y avoir des morts et des blessés; mais aussitôt que les armes se taisent, les blessés sont soignés de part et d’autres et les prisonniers auront le choix de se joindre à la rébellion ou de regagner leurs unités. Vous ne trouverez aucune trace des tortures physiques sur un prisonnier entre Tchadien. Ils est vrais notre histoire a retenu deux ou trois individus cruels connus de tous, mais ils constituent un cas psychique particulier.

C’est aussi la particularité dans l’éducation des tchadiens qui a fait que malgré tout se qui se passe en Syrie en Irak en Libye et ailleurs, vous ne trouverez pas des tchadiens dans cette aventure macabre, et ce, malgré les milliers des anciens combattants qui peuplent la diaspora; ou encor ceux don le MPS a jeté comme de mal propres qui rasent les mures des villes et des villages. Seuls deux ou trois tchadiens sont identifiés en Syrie, don un serait tué. Et si on a soupçonné à un moment la présence des tchadiens en Libye, cela ne peut être que le fait de deal entre Kadhafi et Deby.

Par contre s’il est prouvé que des Tchadiens opèrent avec B.H. au Nigeria, alors il faut le prendre au sérieux. Lorsqu’on se frotte avec les lépreux on le devient.

Autrement dit, s’il y a un jour des terroristes au Tchad, ils ne peuvent être que des étrangers; et dans ce cas il leur sera impossible de se dissimuler dans la masse . La structure sociale dans notre pays est une structure ouverte. Tout le monde connait tout le monde, les portes des maisons ne sont jamais fermées  toute la journée. Le passage de voisins d’un domicile à un autre se fait sans autorisation aucune.

Le seul pays ou le visiteur entre dans une concession quand il veut, et sans frapper à la porte.

La dernière chose à craindre c’est que le système se sachant honni par le peuple, serait tenter de jouer à l’apprenti sorcier dans une forme de terrorisme d’Etat.. Dans ce cas, il se fera très vite brulé les doigts; tant la vigilance est de rigueur, et la conscience nationale a l’air de finir sa récréation.

Aboulanwar Mahamat Djarma Khatre
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Mahamat Djarma Khatir (1943), homme politique tchadien également appelé Sheikh Aboulanwar, ancien maire de Fort-Lamy et membre du front de libération nationale du Tchad, s’est engagé par la suite dans la rébellion armée tchadienne dans le but de renverser Idriss Déby. Il a également été enseignant, écrivain et poète.

 


La valeur islamo-juridique des pièces de l’Etat islamique

Le groupe terroriste Etat islamique a mis en circulation sa propre monnaie, le « dinar islamique ». Les premières photos de cette monnaie ont été diffusées sur Twitter. On ne voit aucun billet mais des pièces en or, en argent et en bronze, sur lesquelles figurent les inscriptions «Etat islamique» et «Califat», ainsi que le poids et la valeur de la monnaie.
L’organisation explique dans un document publié sur Internet que l’objectif est de remplacer «le système monétaire tyrannique imposé aux musulmans, qui a conduit à leur oppression». Il est également précisé que l’objectif est de les libérer du «mercantilisme et de l’oppression économique satanique qui a été imposée».

Dans ce document, qui est censé expliquer cette démarche, les djihadistes se présentent en victime. Face à cette propagande de l’Etat islamique, les médias mainstream ont joué  le jeu à la perfection. Les médias francophones, arabophones et anglophones ont tous proposé leur analyse dans la direction qui leurs a été tracée par l’Etat islamique.

Certes, un État doit avoir sa propre monnaie. C’est un signal fort pour affirmer sa légitimité et sa souveraineté en tant qu’État et prouver à ses ennemis qu’il est là pour rester et même pour conquérir le monde. Cette figure apparaît sur de ces pièces.

Mais le fait de choisir des pièces de métal pour monnaie et non des billets de banque revêt une autre signification bien plus complexe encore.

Il faut comprendre que l’Etat islamique est une organisation islamiste djihadiste qui à pour but de rétablir le Califat. Cette organisation se fonde sur une pensée, une idéologie vaste et complexe: le salafisme. Ce dernier œuvre pour le retour à la culture et l’habitude islamique des premiers temps de l’islam. Il est fondé sur une interprétation littéraliste et rigoureuse des textes.
Donc, tous ses faits et gestes doivent trouver une explication dans l’islam. Mais en vérité, ses membres n’appliquent que des théories et interprétations qui correspondent le mieux à leur fanatisme religieux.

Pourquoi choisir l’or, l’argent et le cuivre?

Le choix de ces matériaux n’est en réalité pas anodin. Et il est loin de la simple volonté d’affirmer une quelconque puissance. La raison principale se trouve dans la conception salafiste de ce que l’on appelle aujourd’hui la «finance islamique».

Dans la finance islamique, qui est fondée sur la loi islamique, l’intérêt est formellement interdit : Ô les croyants! Craignez Allah; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants. sourate 2, Verset:278

Cependant, la finance islamique se distingue des pratiques financières conventionnelles par une conception toute différente de la valeur du capital, de la monnaie et du travail.
Cette différence est plus souvent difficile à cerner pour les habitués du système conventionnel car elle ne se limite pas à la théorie en soi mais s’étend aussi à toute une philosophie de vie.

Dans le système communément reconnu et appliqué, la monnaie exerce trois fonctions : elle est unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges. En revanche, dans le système islamique et selon l’idéologie salafiste, un billet de banque ne peut être une réserve de valeur (مخزن للقيمة), car le billet en papier n’a pas plus de valeur que ce que lui accorde le droit juridique et constitutionnel. Les salafistes appellent en revanche au retour aux matières précieuses en tant que références et à la matérialisation des supports monétaires.
Pour eux, la monnaie  doit avoir une valeur intrinsèque. Et quiconque utilise du papier en tant que monnaie, et lui assigne une valeur fictive (aussi faible soit-elle), tente ainsi de créer de la richesse à partir de rien. Cette pratique est frauduleuse : c’est de la riba (intérêt).

Pour justifier cette théorie, les membres de l’Etat islamique s’accordent sur une série de hadiths, dans lesquel Dieu a mis à disposition de l’homme l’or et l’argent comme seuls véritables instruments monétaires. En ce sens, ils constituent les seuls intermédiaires d’échanges de biens et de services et la seule réserve de valeur. Cette parole du prophète a été pendant des siècles sujet de débat et chaque école va de son interprétation.

«De l’or contre de l’or, de l’argent contre de l’argent, du blé contre du blé, de l’orge contre de l’orge, des dattes sèches contre des dattes sèches, du sel contre du sel : quantité égale contre quantité égale, main à main. Celui qui donne un surplus ou prend un surplus tombe dans l’intérêt, le receveur et le donneur en étant similairement (tous deux) coupables. »

Depuis la suppression de toute référence aux matières précieuses, les partisans musulmans de la théorie de matérialisation monétaire se trouvent obligés d’appliquer un «système monétaire tyrannique qui [leur] est imposé».

planche-monnaie
Avec la décision de frapper sa propre monnaie métallique, l’Etat islamique n’entend pas  seulement combattre l’Occident mais veut aussi fasciner le monde à sa façon, en réalisant les fantasmes fanatiques les plus fous. Reste à savoir comment il compte concrétiser un tel projet et éviter les méandres du système financier mondial.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Étudiant en éco, passionné des études islamiques


Sauver l’Islam de l’islamisme

A Dacca comme à Chittagong, deuxième ville du Bangladesh, je constate qu’il est nécessaire de mettre en place un réseau des intellectuels et des artistes musulmans libéraux pour défendre nos pays contre la déferlante wahhabite salafiste. Celle-ci est en train de transformer l’islam et de conduire ses peuples vers le pire, vers la régression, l’obscurantisme, la fermeture, le fanatisme.

Il est étonnant de découvrir combien les problèmes sont les mêmes du Maroc à ces contrées de l’Asie du Sud. Toute l’horizontale qui oblique vers les tropiques à laquelle nous appartenons est contaminée, elle chancelle vers une uniformisation dévastatrice.

Et cette situation n’est pas le fruit du hasard, elle est le résultat d’une politique raisonnée, qui a montré sa cohérence, sa rigueur, son souffle. Elle produit des effets qui transforment le réel, après une action inscrite dans la durée entamée à la suite du premier choc pétrolier de 1974. Choc qui déversa sur l’Arabie saoudite la manne pétrolière dont une partie a été méthodiquement utilisée en faveur de la propagation de la foi wahhabite de par le monde.

A partir de ce moment, l’islam n’a cessé de changer de l’Indonésie à l’Occident maghrébin. Il est en train de subir une uniformisation et une universalisation du culte à la manière wahhabite simplificatrice, excluant la complexité théologique pour favoriser la constance de la pratique, sous l’égide du Dieu un transformé en un être exclusif, dépouillé de toute médiation. Au point qu’on aboutit à l’adoration d’une idole menaçante, tyrannique, d’autant plus redoutable qu’elle demeure absente, inaccessible, irreprésentable en son immanence même. Telle conception réduit le Dieu à une sentinelle tatillonne, vous surveillant en chacun de vos gestes pour savoir s’ils sont conformes à la norme ou s’ils la transgressent.

Pour lutter contre ce péril, s’il n’est pas trop tard, il nous faut agir sur les quatre points qui ont été la cible préférée des wahhabites.

D’abord l’islam vernaculaire, celui qui tourne autour du culte des saints, qui récupère le fonds dionysiaque et tragique, c’est-à-dire qui prend au sérieux la scène qui active la catharsis, la purge par laquelle est évacué l’excédent dont la charge pèse sur les âmes des individus et de la communauté qu’ils constituent. Or cette scène vernaculaire récupère des matériaux qui proviennent de l’ère préislamique.

L’origine de cette matière remonte loin dans le temps ; elle actualise avec verve l’ancien, l’antique, qui, au Bangladesh, est indien ; elle se connecte avec des vestiges hindouistes, bouddhiques, qui donnent une forme de solidarité entre le ‘âlim (« savant ») et le pandit, entre le soufi (« mystique ») et le yogi. Comme il en est en Tunisie du fonds appartenant à la Méditerranée, à la berbérité, à la judéité, à la latinité, à l’Afrique subsaharienne, tant d’éléments ancestraux qui interfèrent, s’entrecroisent, se tissent pour être encadrés par la croyance islamique.

Ensuite, le deuxième point concerne l’approche doctrinale et la procédure juridique telle qu’elle a été adaptée et articulée à l’horizon du droit positif. C’est pour étouffer ces particularismes que la vague wahhabite voudrait submerger la mémoire hanafite [tendance libérale et rationaliste de l’islam] au Bangladesh et la mémoire malékite [de l’imam Malik ibn Anas (711-795), théologien et législateur qui vécut à Médine] au Maghreb.

Or ces mémoires, nonobstant leur carence opérationnelle, portent en elles une complexité et une propension au débat que ne supporte pas la schématisation wahhabite qui concentre son énergie sur l’orthopraxie au détriment de quelque autre questionnement.

Puis, j’en viens au troisième point, celui qui réclame le retour au fonds théologique et soufi impliquant la spéculation et l’interrogation. Pour revivifier un tel fonds, il faut au préalable dépasser aussi bien l’adhésion à l’un des quatre rites sunnites que le clivage sunnites/chiites. Il convient aussi de s’affranchir de la contrainte de l’ijmâ‘, du consensus qui a figé l’édifice constitué par la tradition ; et renouer avec l’ikhtilâf, le désaccord entre oulémas. Celui-ci crée la polyphonie, ouvre grandes les portes de l’ijtihâd, cet effort d’interprétation qui suscite la controverse et maintient vive la diversité des opinions, ce qui relativise l’accès à la vérité. Ce mot-clé, l’ikhtilâf, rayonne dans le livre juridique du cadi philosophe Ibn Rushd (Averroès 1126-1198), dont le titre peut être traduit ainsi : « Ici commence celui qui fait effort d’interprétation, là finit celui qui en fait l’économie. »

A ce stade, il est aussi impératif d’élargir le domaine de nos références en puisant dans les corpus philosophique et poétique qui ont été consignés pendant des siècles par le truchement des grandes langues d’islam, surtout l’arabe et le persan. Car nous trouvons à travers les saillies de ces textes les prémices, les annonces, les signes avant-coureurs des leçons libérales qui répondent d’une manière efficiente aux problèmes d’aujourd’hui. On peut, par exemple, combler avec elles notre déficience à penser la question de l’altérité.

Au Bangladesh, il existe un problème dans le rapport du musulman avec l’autre, bouddhiste. Les actualités ne manquent pas de nous rapporter l’investissement de sites bouddhistes par des bandes salafistes qui brûlent les temples et détruisent ou décapitent les statues de Bouddha.

Tel fut le cas récemment, le 29 septembre, dans la ville de Ramu et les villages alentour, près de Cox’s Bazar, sur le golfe du Bengale. Onze temples en bois ont été réduits en cendres, dont deux vieux de trois siècles. Et ces violences se sont propagées à Patria, plus près de Chittagong, où la présence bouddhiste est relativement dense.

Puis est venu le tour d’Ukhia, de Teknaf, toujours dans le sud-est du pays, non loin de la frontière birmane.

L’atteinte à l’harmonie entre communautés a blessé ici bien des individus appartenant au milieu des musulmans libéraux. Ce déni de l’altérité bouddhiste a suscité un poème de protestation qui redonne gloire au Bouddha écrit par Kaiser Haq, un des poètes que j’ai rencontrés à Dacca. Lors d’une séance de lecture publique, j’ai rappelé nombre d’évocations bouddhistes dans la tradition islamique chez des auteurs médiévaux.

Tous ces auteurs du Xe et du XIe siècle se révèlent autrement plus ouverts à l’altérité, plus curieux de l’autre, plus aptes à entendre la différence, plus pertinents à saisir le fonctionnement de la croyance étrangère, en la singularité de ses rites et de ses représentations que nos contemporains salafistes wahhabites qui veulent nous imposer leur vision fanatique et exclusive. Après un tel rappel, la lecture du poème de Kaiser Haq a acquis une franche évidence qui a renforcé la conviction des auditeurs présents à travers la diversité de leurs opinions.

Enfin, j’en arrive au dernier point, celui qui recommande l’articulation de notre discours à la pensée moderne et postmoderne telle qu’elle s’est exprimée depuis le XVIIIe siècle, depuis Rousseau et Kant jusqu’à Karl Popper et Jacques Derrida en passant par John Stuart Mill et tant d’autres, celle qui prône l’ouverture et la liberté, qui use de l’arme de la critique et de la déconstruction d’un héritage qui ne vaut que lorsqu’il continue d’être porté comme trace interrogée avec constance.

L’assimilation d’une telle pensée nous restitue aussi à la complexité et nous réoriente vers l’interrogation, elle nous détourne des réponses toutes faites. Telles sont les conditions qui nous conduisent sur la voie de la liberté et de la reconnaissance de celui qui ne partage ni vos convictions ni votre croyance.

En honorant ces quatre points (honnis par les salafistes), nous serons en mesure de construire un discours alternatif destiné à contrer le propos wahhabite, à le réfuter et à en refuser le projet. Il s’agit d’un « contre-discours », selon le mot utilisé par un penseur bangladais, le professeur Imtiaz Ahmed, avec qui j’ai participé à une conversation publique au Senate Hall de l’université de Dacca devant un public varié et attentif composé aussi bien de séculiers que d’islamistes bon teint comme d’autres d’apparence salafiste. Et la discussion avec le public qui a suivi nos interventions et notre échange a été constructive, cordiale.

Après cette séance, des jalons ont été posés pour avancer vers le tracé de cette voie alternative sur laquelle devrait cheminer le produit de nos échanges qui pourraient être facilités par la constitution d’un réseau qui tisserait la toile des libéraux musulmans, d’Indonésie au Maghreb, comme partout dans le monde, et les encourager à s’organiser pour ne pas que leurs pays soient une proie facile entre les griffes islamistes.

Abdelwahab Meddeb, écrivain et poète
Lemonde

 


Tout attentat terroriste n’est pas forcement l’œuvre des islamistes

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Prés de deux semaines après l’attentat du 15  juin qui a frappé la capitale tchadienne N’Djamena, l’acte n’a toujours pas été revendiqué. Les autorités accusent la secte islamiste nigériane Boko-Haram, mais ne présente aucune preuve pour soutenir ses accusations.


Controverses, incohérences, agitation et brutalité sont employées par les autorités tchadiennes qui cherchent toujours les responsables des attentats du 15 juin. Une violence qui laisse planer le doute non seulement sur la version des faits avancé par le gouvernement mais aussi sur ceux qui pourraient bien être derrière cet attentat.

Qui se cache véritablement derrière cette attaque ? Qui sont les vrais responsables ? Quel était leur principal mobile ? Autant des questions que se posent de plus en plus les Tchadiens, car les explications du gouvernement ne convainquent plus personne. Pour tout observateur avisé de la scène politique au Tchad, deux hypothèses sont plausibles.

Un attentat perpétré par Boko-Haram

Si l’attentat n’a pas encore été revendiqué par la secte islamiste, tous les regards se tournent vers elle car à maintes reprise, son leader Aboubakar Shekhou avait menacé le président Deby des représailles. Le Tchad fait l’objet de menaces depuis sa participation militaire dans une coalition régionale en première ligne au Nigéria dans la lutte contre le terrorisme.

La proximité entre la capitale tchadienne et les régions du lac-Tchad dans lesquelles sévit le groupe islamiste laisse croire à des infiltrations ou à la réactivation des cellules dormantes.

Cependant, le comportement de nos autorités a été plus suspect que le silence des islamistes. Sans attente, un comité de crise a été constitué en urgence pour gérer la situation. Mais paradoxalement, il n’a fait qu’attiser la frustration et la colère des Tchadiens, indignés par ses décisions drastiques et inappropriées prises pour lutter contre le terrorisme ou plutôt faire plaisir à Deby et sa famille.

Il est strictement interdit de porter la burqa, de turban ou tout autre système où on ne voit que les yeux, avait annoncé le première ministre tchadien à la télévision nationale. On apprend ainsi que même les casques moto sont interdits. Pourtant selon le rapport de police et les image vidéos [flous] diffusées, les trois auteurs de cet attentat ne portaient ni burqa, ni turban, moins encore de casque. Ils étaient mal-habillés, en pantalon et chemise et trébuchaient, ce qui laisse croire qu’ils étaient sous  emprise des stupéfiants. Donc, qui vise-t-on avec ces décisions? Serait-on en train d’accuser une communauté particulière ? Si le fait d’interdire le turban est une façon de prévenir ou d’éviter un attentat terroriste, que dirait-on du grand Boubou, de Djalabia ou de Kaptani ? Ne sont-ils pas des habits susceptibles de cacher des bombes et des armes ? Ou nos forces de défense et de sécurité ont-elles désormais le don d’identifier un terroriste par un simple regard direct dans les yeux ?

Il est aussi interdit la navigation des pirogues et la pêche sur la portion du fleuve entre Gassi, la sortie sud-est de N’Djaména, et Karkandjiri. Cette mesure en revanche ne vise qu’à sécuriser la présidence avant tout. Car l’attentat du commissariat central n’était qu’a 50 mètres à peine de la présidence. Et il faut avoir des complices bien placés pour commettre une telle opération dans le  quartier le plus sécurisé de toute la ville. S’il faut assurer la sécurité du Général Deby, qu’en est-il du reste de la capitale et des provinces ? On sait aussi la haine des djihadistes envers les Occidentaux. Pourquoi laisser l’ambassade de France et s’attaquer à une école de police ?

Dans la déclaration du première ministre toujours, au nombre des mesures figurent le changement des cartes d’identité nationale et des passeports en cours. Une décision qui relève de l’escroquerie selon beaucoup des Tchadiens et a provoquée un tollé de mécontentement sur les réseaux sociaux.
Quel est le lien entre les pièces d’identités et l’attentat-suicide? Doit-on comprendre de cela que les terroristes se sont munis des pièces d’identités tchadiennes pour s’introduire dans la capitale? Et qu’est ce qui prouve qu’ils sont des étrangers? A-t-on la preuve qu’ils ne sont pas des Tchadiens ?

Et pourtant, depuis 24 ans, qui contrôle le renseignement et délivre les pièces d’identité ? Ismaël Chaibo, Hassan Borgo, Ramadan Erdoubou, soit des proches darfouri  d’Idriss Deby. Sur quoi les autorités tchadiennes se baseront-elles  pour déterminer qui est Tchadien et qui ne l’est pas ? Celui qui est muni d’un passeport doit être muni d’une carte nationale et doit aussi avoir un certificat d’acte de naissance. Mais si le passeport actuel est facilement falsifiable, rien ne dit que le prochain ne le sera pas. Et si c’était une façon de remplir les poches d’un certain Bedey ?

Une vengeance Zakhawa

Si ce n’est pas Boko-Haram, c’est Zakhawa. Ainsi s’accordent à dire les Tchadiens aujourd’hui. Mais si beaucoup n’arrivent pas à expliquer cette hypothèse persistante, c’est parce qu’ils regardent dans la mauvaise direction.

Tout remonte au  27 Avril 2015, lorsque les milices pro-Khartoum avaient décimés le principal mouvement rebelle du Darfour, le Mouvement pour la Justice et l’égalité (MJE) composé essentiellement des parents de Deby dont il fut le parrain avant la normalisation des relations entre N’Djamena et Khartoum en 2009.

La bataille qui a eu lieu dans la région de Goz Dongo au sud du Darfour entre les milices appartenant au service de renseignement soudanais composée de 4.000 éléments ont tenu une embuscade aux 1.100 combattants du MJE. Au moins 400 rebelles ont été tués dans cette embuscade et d’importants stocks d’armes, de munitions et 250 véhicules lourdement armée avaient été saisis. Une victoire qui a conduit le président soudanais Oumar El-Bechir à aller sur les lieux pour savourer la victoire. Lui, qui n’encaisse que des défaites et des fuites sur tout les fronts.

Après cette défaite cuisante, les leaders politiques du MJE ont accusé Idriss Deby de les avoir vendus aux Djelaba [arabe] et d’avoir trahi la cause de la communauté Zakhawa du Soudan ainsi que du Tchad.
Une trahison qui ne restera pas impunie d’autant que le mouvement a perdu l’essentiel de son aile militaire.

Pour ceux qui connaissent la mentalité de cette communauté et leurs pouvoir de faire courber et de décider de la politique au Tchad, on est amené à croire que l’attentat de N’Djamena n’émane pas de Boko-Haram mais plutôt d’une tentative d’envoyer un message fort au pouvoir qui est restreint à la seule famille Deby.

En attendant une revendication de Boko Haram, la seconde hypothèse est la plus privilégiée.
Quant à l’expulsion forcée du journaliste de RFI, Laurent Correau, c’est une autre histoire. Je reviendrai dessus…

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani (Activiste politique, mondoblogueur)


Ou va l’éducation nationale au Tchad?

Supprimer le redoublement au Tchad, était-ce vraiment la meilleure réponse à apporter aux écoliers tchadiens ?

Non, je vais pas vous parler encore de l’attentat terroriste qui a eu lieu à N’Djamena. Si vous voulez tout savoir sur ce sujet, vous n’avez que suivre les médias français et leurs analystes. Ces personnes payées très cher pour justement ne pas dire de n’importe quoi.

Pendant que les tchadiens sont préoccupés après l’attentat terroriste qui a frappé la capitale le 15 juin dernier, un ministre se démarque une fois de plus et fait  parler de lui à sa façon. Ce ministre n’a rien à envier à la ministre française Najat Vallaud-Belkacem. Au contraire, elle doit même inspirer ce «génie tchadien» en matière de reforme de l’éducation dont la France souffre tant.

Portrait d’un intellectuel aux apparences trompeuses

Lunette triangulaire, les regardes confiants, plus souvent en costume et cravate, comme un sérieux intellectuel. Mais derrière cette posture d’un académique soigneusement orchestré, se cache un véritable «tonneau vide». L’apparence est trompeuse. Si on doit mesurer ses activités cérébrales, la valeur de son costume vaut plus que sa cervelle et tout ce qu’il y a dedans.

Comment peut-on confier un ministère aussi important comme celui de l’Éducation nationale à un délinquant ? Ce même ministre que je fustigeais à l’époque dans un article sur ce blog, figure parmi les criminels rechercher aux États-Unis. Pire encore, il ne dispose d’aucun bagage intellectuel pour ce poste. Son seul atout ? Être le frère de Hinda Deby, l’épouse du président.

Fini le redoublement au Tchad

Ahmat Khazali Acyl vient de signer un arrêté qui supprime le redoublement de classe à partir de l’année scolaire 2015-2016. Mais ce n’est pas parce qu’on est le petit frère de la première dame et un raté scolaire, que l’on a le droit de bafouer l’avenir de ce pays et de ces élèves. (S’il y a un avenir).

Ainsi à partir de l’année prochaine, le passage en classe supérieure est automatique pour tous les élèves des établissements d’enseignement primaire et collège jusqu’en classe de 3ème. Une décision qui arrive quelques temps après l’approbation par le gouvernement l’admission au Baccalauréat avec une moyenne de 9.25 et même 8.00 au lieu de 10.

La baisse du niveau scolaire au Tchad fait couler beaucoup d’encre et continuera tant que des analphabètes en français autant qu’en arabe continueront de dicter leurs lois. En ce mois du Ramadan, si je devais faire cadeau, j’offrirai un bonnet d’âne au ministre de l’éducation pour la victoire des toto.

Jeunes Tchad


Attentat : les Tchadiens frappés par le terrorisme

Le Tchad vient d’enregistrer son premier attentat terroriste, au coeur de sa capitale N’Djamena, dans la matinée du 15 juin 2015. Les terroristes s’en sont pris à la direction de la Sécurité publique et au commissariat central, ainsi qu’à l’école de police, à travers une série d’attentats kamikazes. Selon les sources officielles, il y aurait 27 morts, dont 4 assaillants, et une centaine de blessés, essentiellement des policiers et des gendarmes.

L’attentat n’est pas encore revendiqué mais les autorités tchadiennes pointent du doigt la secte islamiste Boko Haram. Une accusation partagée par François Hollande.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons que ceux qui ont péri dans cet attentat suicide, ceux qui ont perdu la vie, ne sont autres que des dommages collatéraux dans l’échiquier du pouvoir en place.

Si nous devons mourir, devons-nous nous demander pourquoi et pour qui ? Pourquoi la vie d’une personne, d’un Tchadien, est-elle si insignifiante et ne vaut pas l’intérêt d’une élite véreuse et cruelle ? Maintenant, il est temps qu’on se dise la vérité, aussi déplaisante soit-elle.

D’abord, j’ai été surpris par les réactions des autorités tchadiennes, notamment du service de l’ordre et de la sécurité, dans la gestion de cette crise face à un attentat terroriste. On dirait qu’ils ne servent qu’à torturer les enfants et les étudiants.

L’attentat, qui a eu lieu le matin du 15 juin, nous prouve une fois de plus que les services de police, de renseignement et de sécurité sont consacrés surtout à la répression des opposants et des activistes, plutôt qu’à la sécurité publique et à la préservation des intérêts suprêmes de la Nation.

Lorsque le secrétaire général de la CEEAC, Ahmad Allam-mi, évoque les informations qui circulaient dans la région sur de possibles attaques par Boko Haram, en expliquant qu’ils ne savaient pas exactement où elles allaient avoir lieu. On en déduit automatiquement qu’ils ont été pris par surprise.

En tant que diplomate chevronné, je peux comprendre son ignorance en matière de sécurité, mais de là à dire «  nous avons la preuve qu’ils se préparaient à attaquer N’Djamena, la capitale du Tchad, qui est à la porte du Nigeria, du lac Tchad «  ? On peut féliciter monsieur le diplomate pour cette formidable réflexion, qui a conduit à ce résultat. Grâce à vous et à cette information ultra secrète que vous venez de nous divulguer, on sait maintenant que N’Djamena est la cible de Boko Haram.

Que le Tchad fasse l’objet d’une menace terroriste est un secret de Polichinelle, et il n’aurait pas dû l’être s’il n’y avait pas eu l’intervention irréfléchie d’Idriss Déby au Nigeria. Aujourd’hui, ces jeunes ainsi que tous les autres morts seraient encore parmi nous. Certains seraient encore en train de passer du temps avec leurs enfants, leurs épouses et leurs familles. Et pourtant nombreux sont ceux qui ont mis en garde contre les conséquences d’une telle intervention.

Selon toute vraisemblance, Monsieur Allam-mi et le président qu’il représente a peut-être oublié à quel service il appartient ? Des Nigérians, des Camerounais, des Nigériens, des Tchadiens, d’un clan ou bien de la France?
En réalité, les autorités tchadiennes ne disposaient d’aucune information, pas plus que des suppositions fondées sur des inquiétudes. Il n’y a pas eu un travail d’enquête ni d’information crédible. La preuve est que l’attentat a visé le cœur même du service de renseignement et de la police.
C’est un acte de défiance qui en dit long sur la capacité de nos forces de l’ordre et de sécurité à amorcer, à contourner ou à éviter tout acte terroriste.

Vient ensuite le président français François Hollande. Lui, il n’a visiblement pas appris les  »fausses » informations que N’Djamena lui a chuchoté aux oreilles. Depuis Alger, où il était en visite, il accuse Boko Haram d’être «le responsable» derrière cet acte terroriste. Mais, si chacun va de son analyse et de sa prédiction, ne faudrait-il pas mieux mesurer la portée de nos déclarations ? Ne serait-ce que pour la sensibilité de la situation ?

Visiblement, la France peine à s’imposer dans la lutte contre le terrorisme, contrairement aux « faucons ». Elle n’a ni la bonne stratégie, ni la capacité de faire face à ce phénomène. Car on ne peut pas combattre le terrorisme sans le comprendre. Et les techniques d’approche entre les décisionnaires politiques et les chercheurs et experts en la matière sont vertigineuses.

Désormais, Idriss Déby a carte blanche pour liquider ses farouches adversaires ou restreindre les droits publics, au nom de la lutte contre le terrorisme. Une lutte contre laquelle il peut compter sur la France, l’Union Européenne et, pourquoi pas, les États-Unis.

Enfin, la secte islamiste n’est plus celle que l’on a connue. Depuis son allégeance à l’organisation de l’État islamique en Syrie et en Irak, elle est une branche de Daesh sous le nom de «Province Ouest-africaine de l’organisation de l’Etat islamique». Ce changement de nom, pour les chercheurs en études islamiques, doit être suivie illico de changements, non seulement sur leur mode opératoire mais aussi au niveau idéologique, pour correspondre au mieux à la pensée prônée par l’État islamique. C’est l’organisation terroriste est la plus puissante de tout les temps.
Alors si celle qu’on appelle Boko Haram est amenée à disparaître, cela ne devrait pas être sans leur cousin dans la région et leur frère en Libye.

Malgré l’amateurisme de nos autorités, habituées à la répression du peuple, il serait une erreur monumentale de croire que les assaillants ne sont pas des Tchadiens. Tout soupçon fondé essentiellement sur les ressortissants étrangers ne fera qu’empirer la situation.

La lutte contre le terrorisme ne peut justifier que l’on porte atteinte aux libertés fondamentales. Pour le combattre, il faut donc aussi mobiliser la société civile, les médias et le système éducatif. Elles sont déjà toutes défaillantes sous ce régime.

Alors, comment justifier, face à ces terroristes, la défense des droits de l’homme, des droits civils et politiques, si nous procédons de la même manière qu’eux?

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, analyste indépendant


Ndjamena : une ville 100 % bio… ou presque

Lors d’une première visite à Paris, la mère du président que le fils vient fraîchement d’installer au pouvoir par les armes, reprochait à son fils de perdre son temps dans la lutte armée pour seulement régner à Ndjamena, une ville chaude et poussiéreuse et le conseilla en revanche de conquérir la France qui en vaut la peine.

Durant 24 ans, le Tchad est devenu un vaste laboratoire de toutes sortes d’expériences scientifiques et de théories économiques, politiques et sociales les plus folles. Des découvertes de savants illetrés, des paysans qui par les armes se retrouvent du village dans un bureau climatisé.

On peut citer parmi ces théories l’objectif affiché du gouvernement d’atteindre le point d‘achèvement de l‘initiative des pays pauvres très endettés. Une annonce joyeusement acclamée par les autorités qui selon les théoriciens économistes de Déby serait la preuve que le pays est dans la bonne voie de la renaissance.

Ainsi et après avoir décrété le Tchad pays émergent et capitale vitrine de l’Afrique, les autorités se sont lancées à un nouveau défi : faire de Ndjamena une ville 100 % bio… ou en fin presque. Et pour se faire, ils n’ont rien trouvé de mieux que de planter des palmiers en plastique sur certaines avenues de la capitale. (voir ces images crédit de tchadinfo).

11329986_855111044583203_287464156291866973_n 11053108_855111034583204_7694982872827953103_n 11012703_855110971249877_8245085630911294799_n Le nord du Tchad est une région désertique, peu peuplée, mais on y trouve des palmiers, des vrais palmiers à moins que ce soit des palmiers en plastique qui forment la forêt mythique que l’on veut préserver pour lutter contre les feux de brousse.

Rédaction de Jeunes Tchad


Tchad-MPS: l’histoire telle qu’elle n’a pas été, telle qu’elle aurait pu être

La seule chose, à la limite, qui pourrait me faire réfléchir en ce moment, c’est si j’avais des gosses, pour leur avenir… Et encore. Vous imaginez, vous, hop, comme ça, un jour, une brèche, un trou, un passage puis pouf ! Vous n’y êtes plus.

Aimeriez-vous refaire l’histoire? Ou la réécrire? Croyez-vous que l’on peut tromper le peuple ? Que la (révolution) de 1990 a donnénaissance à un État libre et démocratique?
Oui, Idriss Deby est le président du Tchad, il a prononcé en 1990 un discours aujourd’hui légendaire sur la paix, la justice et l’égalité dans un pays meurtri par l’injustice et qui n’a pas manqué de s’atteler à favoriser la cohésion sociale. Le Tchad est la première puissance économique et militaire en Afrique. La guerre de 1979 à durée 30 ans.

Bon allez, vous le savez bien : en réalité, ça ne s’est pas du tout passé comme ça. C’est justement la raison d’être de l’uchronie (utopie dans l’histoire): écrire l’histoire, non telle qu’elle fut, mais telle qu’elle aurait pu être, à ce que l’on croit. Mais en vérité, ce n’est que de pure fantaisie, car les faits s’éloignent on ne peut plus de la triste vérité. L’histoire telle qu’elle ne sera jamais.

Depuis 24 ans et le 12 mai 2015 en particulier, les tchadiens sont sujet d’une véritable tapage médiatique, le drapeau tricolore tchadien est mis en berne pour deux jours. Une tragédie s’est déroulée. Cette fois-ci, elle a frappé fort.
Mahamat Ali Abdallah Nassour, n’est plus. Il est mort. C’est un général de l’armée et un proche d’Idriss Deby, le président tchadien. D’aucuns disent même être le successeur. Mais paradoxalement, étonné de voir que beaucoup des tchadiens n’ont jamais entendu parler de lui. En tout cas pas à son vivant.
Au décès de l’ex-future président, l’Etat ou plutôt le régime clanique est en berne. Car si demain on annonce la mort d’une maitresse de Deby, il ne faut pas s’étonner à voir faire une affaire d’État.

Le défunt a eu des honneurs militaires à la Place de la Nation, suivis d’une grande messe à la mosquée. Un détaille important qu’il faut mentionné, bien qu’il est musulman. L’archevêque métropolitain Matthias N’GARTERI, n-à-t-il pas eu de messe à la tradition musulmane?
En tout cas, espérons que ces messes lui seront assez et utiles pour effacer ses multiples crimes et péchés commis ici-bas.

Pourtant pour nous les vivants, la presse officielle, la machine de propagande du clan, s’est considérablement investie dans un gigantesque Uchronie qu’elle veut nous faire passer pour de vérité. Le défunt nous est présenté comme un libérateur, un grand homme et un exemple à la jeunesse. Mais si l’histoire doit un jour s’en souvenir, il faut bien s’assurer qu’il était l’un des fondateurs et piliers d’un régime mafieux qui à tuer et continue d’assassiner injustement des tchadiens. Il était l’artisan d’un système corrompu que nous seront volontaire à le dénoncer et veiller le mentionné dans l’histoire.

Il me semble aussi qu’un bon nombre de tchadien souffre du syndrome de Stockholm jusqu’à développer une telle empathie envers leurs geôliers. C’est la raison pour la quelle nombreux de nos personnalités politiques morts, nous sont présenté comme des héros puis des idoles alors qu’ils n’étaient que des lâches et des corrompus.

S’il est au nom de la religion soi-disant ne pas se réjouir à la mort d’un bourreau, au nom de quelle religion doit-on tuer injustement les hommes, de voler leurs biens, de violer leur dignité ou de dépraver leurs valeurs?

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, mondoblogueur


Malik Adoum Tchéré, auteur de la vidéo du 09 mars

Le 09 mars 2015 à la  suite d’une manifestation pacifique des élèves et étudiants à N’Djamena contre le port obligatoire de casque, la police a violemment réprimée les élèves faisant  3 morts dont un étudiant et plusieurs blessé entrainant une paralysie générale dans l’éducation et l’enseignement.

Une vidéo publiée sur la page facebook de Jeunes Tchad et disponible sur la chaine Youtube montre des policiers de la GMIP (Groupe Mobile d’Intervention de la Police)  torturer violemment les élèves au coup de matraque et de fouet.

L’Union Européenne a interpellé les autorités tchadiennes au respect de droit de l’homme et avait exigée que tout la lumière soit faite sur cet événement. Le procureur de la république avait ouvert une enquête le soir de la publication de cette vidéo et onze (11) policiers ont été arrêté.

J’ai mené une enquête sur cette affaire et comme il faut s’attendre, la justice au Tchad de Deby est a géométrie variable.

D’abord, après avoir passé une dizaine de jours en détention, à la coordination de la police judiciaire, 11 policiers plus 4 autres ont été présenté devant le parquet de grande instance de N’Djamena le 23 mars 2015 et les chefs d’accusation leur ont été notifiés. Cette procédure vise principalement à calmer l’opinion nationale et internationale comme annoncé dans un précédent article.

Seul le parquet était plaignant contre ces policiers, tandis qu’aucune victime, des élèves sur la vidéo ne s’est présentée, moins encore un parent pour se constituer partie civile.

Selon une victime les parents ont eu peur de se constituer partie civile, d’autre ont même reçu des menaces.

Le directeur la police Tahir Erda avait fait la promesse de libéré les policiers arrêté. Maintenant, ils ne sont que 5 en détention selon plusieurs sources de la police.

Malik Adoum Tchéré, l’auteur de la vidéo à été arrêté quelque semaine plu-tard caché chez un parent à N’Djamena.

Il faut aussi noter que Malik et un autre camarade qui ont filmé la vidéo n’ont pas été présenter au juge. Ils sont depuis en détention de la coordination de la police judiciaire pour insubordination alors qu’ils ont juste filmé la scène et pas participer à la torture. Et pourtant, les policiers qui ont prit part et facilement reconnaissables dans la vidéo, circulent librement à N’Djamena.

Selon leurs camarades choqués, ces policiers ne faisaient que suivre les ordres de leur hiérarchie et «s’il faut juger quelqu’un c’est Hisseine Doudoua» (un intouchable) commandant de la GMIP. Ils assurent que s’ils n’avaient pas des ordres formels, ces élèves ne peuvent-être torturer dans la cours de la GMIP.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste, mondoblogueur

 


Les quatre modèles du terrorisme Internationale

Les analyses ne manquent pas pour tenter de rendre compte des attentats meurtriers des jihadistes. Elles émanent de divers horizons : islamologues, historiens, politiques, psychologues ou experts des mouvements terroristes. Les théories explicatives peuvent 
se raccrocher à quatre grands groupes.

1 · L’idéologie : au nom des idées


Il est des idées qui tuent. Au 20e siècle, ce fut le cas des idéologies totalitaires (nazie ou communiste). Concernant l’islam, certains mettent en avant la violence fondatrice du Coran, dont certaines sourates semblent explicites : « Ne prenez pas (les mécréants) 
pour alliés tant qu’ils n’auront pas émigré pour la cause de Dieu 
et s’ils se détournent, emparez-vous d’eux et tuez-les où que vous 
les trouviez (sourate 4). »

Mais cette thèse a plusieurs arguments contre elle. D’abord, toutes les sourates doivent être contextualisées : la tradition du jihad militaire
n’est d’ailleurs pas dans le Coran. Elle a été forgée par un courant minoritaire d’oulémas en lutte pour le pouvoir. L’islam a connu au cours
de sa longue histoire une « époque des Lumières » 
(9e-14e siècle), des formes politiques diverses (donc certaines proches de la laïcité), des courants pacifistes (soufisme) et dans l’ensemble une morale de bienveillance à l’égard d’autrui.

L’histoire des religions montre, du reste, qu’un même message fondateur peut être interprété et remodelé au fil du temps dans des directions très diverses. Toute religion est susceptible, selon les circonstances,
de délivrer un message de paix, ou au contraire de justifier l’élimination de ses opposants. Ce fut le cas avec le christianisme (saint Augustin a appelé explicitement à l’élimination des païens). Un même texte originel peut être susceptible de multiples lectures.

2 · Les réseaux : le poids 
des organisations


Les idées ne tuent que dans des contextes précis, comme des luttes de pouvoir organisées par des groupes armés. Les attentats meurtriers, d’où qu’ils viennent (Ira, ETA, etc.), sont toujours le fait de groupes qui embrigadent, forment et transforment des individus en combattants. Dans cette perspective, les organisations jouent un rôle majeur, avec leurs lieux de recrutement, leurs réseaux, leurs stratégies, leurs camps d’entraînement, leurs armements, leurs financements.

Les guerres de positions entre groupes jihadistes – comme, au Moyen-Orient, entre Daesh, Al-Qaïda au Levant et Aqpa – relativisent le poids des idées. C’est pourquoi nombre d’auteurs s’opposent à des lectures strictement confessionnelles des conflits au Moyen-Orient (sunnites contre chiites, juifs contre musulmans) au profit d’analyses en termes de conflits de territoire et d’intérêts stratégiques réciproques. Les ressources (le pétrole, le gaz), les politiques territoriales, la défense de positions stratégiques, les liens avec les territoires palestiniens, les jeux d’alliance sont déterminants dans les stratégies d’attentat.

3 · La thèse de la folie meurtrière

Et si les auteurs d’attentats étaient des déséquilibrés dont le profil relevait de la psychiatrie ? Ce sont des individus fragiles, influençables, limités intellectuellement. L’idéologie tiendrait moins de place dans leur engagement (ils connaissent mal le Coran) que la volonté d’en découdre : ce sont des jeunes fascinés par les armes et la violence. Cette vision « pathologique » du terroriste borderline existe, mais elle ne permet pas de rendre compte de la diversité des profils des candidats au jihad. Parmi eux figurent des adolescentes comme des hommes mariés et insérés socialement. Certains ont un passé familial troublé et un passé judiciaire de délinquants, d’autres comme Maxime Hauchard (qui a participé à la décapitation d’un journaliste américain) n’ont rien dans leurs antécédents qui laisse présager des comportements violents. Leurs motivations sont souvent comparables à celles des jeunes qui s’engageaient pour les Brigades internationales dans les années 1930, pour des causes révolutionnaires dans les années 1960-1970, dans les combats de l’ETA et de l’IRA plus récemment. Ils sont mus par une révolte morale (combattre les injustices du monde) et le désir de participer à un combat héroïque.

La sociologie des croyances extrêmes montre que le fanatisme peut s’appuyer sur un noyau d’arguments qui paraissent suffisamment probants pour justifier des croyances délirantes. Même la stratégie du kamikaze peut être envisagée d’un point de vue rationnel, d’autant qu’une récompense est promise : le paradis dans l’au-delà et un statut enviable de héros parmi les siens.

4 · La société responsable ?

La théorie du désespoir social repose sur l’idée que la violence se déploie sur fond de crise sociale et morale. Une société qui n’offre pas d’intégration à ses jeunes les pousse à la révolte. L’exclusion produit de la déviance. Le cumul de l’échec scolaire, de l’échec d’insertion professionnelle et de la déstructuration familiale nourrit un ressentiment contre la société. Et l’islam radical offre un cadre de socialisation, un idéal, une identité à des jeunes en « manque de repères ».

Ce modèle ne rend toutefois pas compte de certains terroristes bien intégrés socialement (comme ceux des attentats du 11 septembre 2001 ou de Londres en 2005). Lire la suite de l’article sur:====> Scienceshumaines.com


Pourquoi Deby tient tant à intervenir au Yémen?

Depuis la nuit du 25 au 26 mars dernier, une coalition de dix pays de la région (les principales puissances sunnites), menée par l’Arabie saoudite, mènent des frappes aériennes au Yémen (pays le plus pauvre de la péninsule arabique) afin de freiner l’avancée des rebelles houthis (une tribu arabe chiite soutenu par l’Iran ) et leurs alliés des militaires fidèle à l’ex- président Ali Abdallah Saleh (33 ans au pouvoir, renversé par une révolution populaire en 2012) , qui avaient pris le contrôle de la capitale Sana et fonçaient vers Aden ou était réfugié le président de transition Abdel Rabah Mansour jugé corrompu.

Cette coalition composé de l’Égypte, du Maroc, du Soudan, du Qatar, de l’Arabie Saoudite, du Pakistan, etc, vise principalement d’empêcher l’arriver des chiites au pouvoir au Yémen comme c’était le cas en Irak (Nour Al-Maliki), en Syrie (Alaouites) ou encore au Liban (Hezbollah).Pour les régimes sunnites, l’arriver des chiites au pouvoir est traduit comme une main mise de l’Iran qui depuis la révolution islamique du 1979 du grand Ayatollah  Mousavi Khomeini, la politique iranienne ne ménage aucun effort dans sa vision expansionniste dans le monde musulman. Le conflit entre les chiites et les sunnites dans la région remonte à des divergences controversés autour de la succession du prophète Mohamed après sa mort. Des divergences qui ont entrainé politique et religion, les musulmans dans un cycle infernal des siècles de guerre et de haine.  Mais de nos jours, le conflit sunnites/chiites a pris une dimension identitaire, religieuse et politique. Il est devenu le discours favori des régimes corrompu et autocrate pour faire passer toute sorte des pilules auprès de l’opinion nationale ou pour prévaloir une légitimité.Au Yémen, les rebelles houthis ne sont pas des Perses ou des iraniens mais des tribus arabes faisant partie intégrante du peuple yéménite. Ainsi, le Yémen ne fait pas l’objet d’une attaque extérieur de l’Iran comme tente de faire croire certains médias mainstream. Il est plutôt question d’un problème purement interne entre le peuple Yéménite, donc l’ingérence saoudienne est clairement une violation du droit international et une atteinte à la souveraineté du Yémen et son peuple.Il est triste de constater combien de fois le pétrodollars est si puissant jusqu’à faire courber les diplomates au conseil de sécurité à New York, à soutenir une action qui met en péril les efforts de paix et de la stabilisation de la région.

Sous la bananière de la Ligue arabe, certains ont vu dans cette coalition l’espoir tant rêvé d’une unité des pays arabes. D’autres, un nouveau  souffle au panarabisme, un ancien projet né des années vingts et développer dans les années cinquante par le président Égyptien Gamal Abdoul Nassir.

Ce projet cher au peuple arabe n’a jamais vue le jour grâce notamment à des multiples contradictions et paradoxes culturels, politiques, religieuses et morales. Et pourtant, cette coalition est tout sauf unitaire. Car l’objective de chacun des pays membre peut se transformer en un véritable conflit d’intérêt.

Après que le parlement Pakistanais a rejeté à l’unanimité la proposition du gouvernement de faire parti de cette coalition, le Pakistan, une puissance sunnite proche du Royaume salafiste, s’est retiré officiellement. D’autre comme l’Égypte préoccupé beaucoup plus par la situation de chez son voisin  libyen et des groupuscules djihadiste sur son sol à Sinai au Nord que les événement au Yémen ou le Bahreïn à majorité chiite, se sont fait discret. Ce qui leur a valu des critiques par les saoudiens qui craignent un revirement de position.

Le régime soudanais qui participe par 3 bombardier y voit la chance en or pour se faire un allié de poids au vue des critiques de la communauté internationale en ce moment des élections présidentielles aux dépens de l’Iran dont le Soudan a été jusqu’ici un proche allié. L’envoi de troupes soudanaises au Yémen est donc juste ce qu’il faut pour raccommoder les relations entre Khartoum et Riyad depuis des divergences en Libye et donner aussi un peu d’oxygène à l’économie soudanaise.

Mais ce qui est incompréhensible dans tous cela, est la décision du Sénégal de vouloir envoyer 2000 soldat sénégalais combattre au coté de l’Arabie Saoudite. Une décision qui prouve une fois de plus l’esprit étriqué et la vision encarcannée de certain de nos présidents africains en matière de la chose publique. Pour qui? Pour quoi? Et au nom de quoi ces soldats vont-ils risqués leur vie au Yémen? Verront-on  un jour les saoudiens au secours des sénégalais lors qu’ils seront menacés  par des djihadistes dont la pensée salafiste est en plein effervescence au Sénégal?  Car en ce jour-là, il faut plus que les marabouts  »soufis » de circonstance et leur fétiche pour y faire face.  Pourquoi vouloir envoyer des troupes au Yémen alors que les terroristes de Boko Haram sont juste à coté?

De plus les houthis ne sont ni des terroristes, ni des djihadistes. Une opposition politico-militaire qui réclame justice sociale et partage du pouvoir. Quant aux rumeurs qui affolent la blogosphère tchadienne d’un probable envoie des troupes tchadiennes au Yémen, il faut noter que la visite du vice-ministre de la défense saoudien au Tchad à la veille de l’opération  »Tempête décisive » n’a pas un lien direct avec les événements au Yémen.

Après la mort du roi Abdallah, le nouveau roi envisage de changer radicalement les rapports tendus entre l’Arabie saoudite et les islamistes en Libye notamment les frères musulmans dont Deby joue l’apprentie sorcier avec les Toubou. Mais l’idée de l’envoie des troupes tchadiennes au Yémen vient tout droit des soudanais qui ont sollicité l’aide d’Idriss Deby après le refus catégorique des certains milices paramilitaires au Darfour contrôler par le service soudanais de renseignement de combattre au Yémen. Les soudanais ont aussi demandé de recruter des militaires des tribus arabe tchadien. Deby voit dans ce geste de quoi fanfaronner et se repositionner comme un rempart incontournable contre le terrorisme international et sans lequel il croit que le Tchad et la région seraient condamnés au chaos. Seul problème, les houthis ne sont pas des terroristes.

Le milieux conservateur saoudien qui avait initié cette coalition, considère le président tchadien comme un  »apostat » de son intervention militaire au Mali contre les djihadistes et au Nigeria contre Boko Haram. Ils ne peuvent donc en aucun cas le laisser participer dans une opération aussi complexe et  »sainte ». Dans ce milieu, Idriss Deby est considéré un laïc c’est-à-dire un non musulman qui à plusieurs reprise combattu l’islam (Mali, Nigeria, Soudan, etc). D’autant qu’il est moins un arabe. Notons à cela que Deby avait lui même dissous par un décret la principale organisation fiancée des saoudiens pour la prédilection de l’islam il y a quelque semaine soupçonné en lien avec Boko Haram.En bref, cette action au Yémen par la forte présence d’Al-Qaida engendra sans aucun doute un nouveau monstre indomptable dans cette partie de la région. Cela s’ajoute au multiple crise dont fait face les peuples de la région entre terrorisme et régime autocrate en Égypte, en Irak, en Syrie, en Libye, au Liban, en Tunisie, au Soudan, etc.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, mondoblogueur


Boko Haram : le double jeu du président Déby ?

L’année 2015 a commencé de manière bien sinistre sur les bords du lac Tchad, où Boko Haram a massacré plusieurs centaines de civils dans la petite ville de Baga, au Nigeria, et incendié une quinzaine de villages à ses alentours. La barbarie de ces actes – sans doute le pire crime de masse commis par la milice dirigée par Abubakar Shekau – pourrait peut-être s’expliquer par le fait que Baga abritait le quartier général de la Force multinationale conjointe de sécurité censée combattre le banditisme et le terrorisme dans la région. La FMCS avait été désertée quelques semaines plus tôt par les soldats nigériens et tchadiens et les derniers militaires nigérians restés sur place n’ont guère résisté à l’assaut de Boko Haram.

Le 17 janvier, l’armée tchadienne faisait une entrée remarquée au nord du Cameroun, en accord avec les autorités de ce pays, et avec comme objectif déclaré, notamment, de reprendre Baga1. Cependant, les autorités nigérianes – jusque-là davantage préoccupées par de très prochaines élections que par la déliquescence de leur armée face au groupe djihadiste – affirmaient n’avoir pas été consultées et demandaient le respect de l’intégrité territoriale de leur pays par les forces tchadiennes. Et le 21 janvier, avec le transfert du siège de la FMCS de Baga à Ndjamena, le Tchad et son inamovible président, Idriss Déby, semble prendre la main dans la lutte contre Boko Haram et manifester une exemplaire solidarité envers ses deux voisins, le Cameroun et le Nigeria, dont les forces armées rencontrent les plus grandes difficultés pour maîtriser la progression des hommes de Shekau. Deux ans après avoir été le premier soutien de la France pour expulser les groupes djihadistes du nord du Mali, le président Déby  s’est érigé en irremplaçable rempart antiterroriste dans le Sahel.

À y regarder de plus près, la réalité pourrait être plus complexe. Depuis plusieurs mois, des questions contradictoires, souvent troublantes, se posent sur le rôle du Tchad dans la lutte contre Boko Haram.

Tout d’abord, il faut constater qu’en dépit de sa proximité géographique avec les zones sous contrôle de Boko Haram au Nigeria, aucune attaque n’avait, jusqu’au 13 février 20152, frappé le territoire tchadien. Pourtant, certaines zones de ses voisins, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale tchadienne subissent des raids et attentats de Boko Haram presque au quotidien, et ce depuis près de trois ans, dans le cas du Cameroun, et encore davantage au nord-est du Nigeria.

A noter que les nombreuses armes saisies dans le nord du Cameroun au cours des derniers mois et qui serviraient à alimenter Boko Haram proviennent presque systématiquement du Tchad. Par exemple, le 26 mars 2014, près de Fotokol, sur indication de villageois, une cache souterraine était mise à jour. On y trouva, notamment, 239 kalachnikovs, une tonne de grenades, un canon, un mortier, 9 mitrailleuses, 6 fusils FAL et 11 lance-roquettes3. De même, le 23 septembre, à Kousseri, ville camerounaise faisant face à Ndjamena, ce sont, entre autres, 5 mitraillettes, 24 roquettes, 4 lance-roquettes et 6 kalachnikovs qui ont découverts dans la villa d’un responsable local du groupe armé4. Le 12 novembre, à Kousseri, la police a intercepté, dans une cache aménagée dans un véhicule qui venait de passer la frontière tchadienne, 15 mitrailleuses, 6 AK-47, un lance-roquettes de type RPG et près d’un millier de cartouches5.

Un pays saturé d’armes

D’autres armes, saisies au Nigeria notamment par la FMCS en 2012, semblaient venir également du Tchad, à travers le lac éponyme6. Le Tchad est visiblement devenu le lieu où confluent les routes du trafic d’armes, venant principalement de Libye, décrite comme un « arsenal à ciel ouvert » depuis l’intervention de l’Otan en 2011. D’autres pays en proie à des conflits y contribuent également, comme le Soudan ou la Centrafrique. Par ailleurs, le gouvernement de Ndjamena est confronté à une forte prolifération d’armes de guerre héritées de deux épisodes de guerre civile (1965-1979 et 2005-2010), de diverses interventions militaires dans des pays de la région et du retour de nombreux Tchadiens, parfois armés, dans leur pays après le renversement de Mouammar Kadhafi7. Pour tenter de maîtriser la détention illicite d’armes à feu, il procède à des fouilles et des perquisitions parmi les civils et les démobilisés8. Ce contexte va inciter certains habitants à se débarrasser des armes en leur possession en les vendant à des trafiquants qui, à leur tour, les injectent dans les circuits alimentant Boko Haram9.

Une autre source des armes alimentant Boko Haram pourrait être l’armée tchadienne elle-même. C’est du moins ce qu’a affirmé un officier supérieur de la gendarmerie camerounaise, selon lequel le groupe armé entretient des liens étroits avec des militaires tchadiens10. Des accusations similaires éclaboussent les armées nigériane et camerounaise. Il est bien entendu difficile d’évaluer l’ampleur et l’impact de telles complicités, bien que les allégations concernant les connexions entre l’armée d’Abuja et les djihadistes11 soient bien plus nombreuses et circonstanciées que celles visant les armées de ses deux voisins.

Quoi qu’il en soit, on peut s’interroger sur le faible nombre d’arrestations de trafiquants et de saisies d’armes destinées à Boko Haram opérées en territoire tchadien, en flagrant contraste avec la situation au nord du Cameroun. Nos recherches n’ont révélé que deux cas, peu détaillés, d’arrestation de trafiquants soupçonnés d’alimenter Boko Haram. D’abord, celui de cinq Camerounais qui, à une date indéterminée en 2013, avaient tenté d’introduire dans leur pays des armes cachées dans des sacs d’arachides et avaient été arrêtés au Tchad12. Ensuite, celui, très récent, concernant la saisie de 30 armes de guerre début janvier 2015, à Dougya, une localité sur le fleuve Chari, faisant face au Cameroun13.

Si un de ces deux cas mis à jour concerne des citoyens camerounais, plusieurs saisies d’armes opérées au Cameroun impliquaient des Tchadiens. Des ressortissants de ce pays sont également actifs dans des trafics bien plus loin éloignés. Au moins cinq reprises en l’espace de quelques semaines, des contrebandiers tchadiens ont été arrêtés dans le sud de l’Algérie14. Même s’il n’est pas établi que toutes ces affaires concernent le trafic d’armes, et en dépit que des citoyens d’autres pays, dont le Niger et le Soudan, étaient souvent impliqués, cela suggère une forte culture de la contrebande transsaharienne de certains ressortissants tchadiens.

L’implication de nombreux citoyens de pays sahéliens dans des activités de contrebande a sans doute été rendue plus aigüe par l’expulsion de plusieurs centaines de milliers de travailleurs de ces pays par les nouveaux maîtres de la Libye, dont plus de 150 000 Tchadiens retournés dans leur pays d’origine15, et de l’exode de milliers d’anciens combattants à la solde de l’ancien régime. À ce propos, il faut rappeler que le président tchadien, Idriss Déby, avait été un des premiers chefs d’Etat à attirer l’attention de la communauté internationale sur les conséquences catastrophiques pour la bande sahélienne du chaos provoqué en Libye.

D’autre part, il faut noter que les dépenses militaires tchadiennes sont en forte progression, ayant été pratiquement multipliées par huit entre 2004 et 200816, tandis que les importations d’armes répertoriées, principalement de France et d’Ukraine, suivaient une courbe comparable. En plus, de nombreux armements n’ont pas été déclarés, ni par le Tchad, qui n’a jamais participé au Registre de l’ONU sur les transferts d’armes17, ni par les pays vendeurs18. Ces achats massifs, couplés à une absence de transparence, font naître la suspicion que certains matériels auraient pu être détournés vers des acteurs non étatiques.

Un faisceau d’allégations

Par ailleurs, un grand nombre de Tchadiens combattent au sein de Boko Haram. Lors d’une attaque sur Biu (Etat du Borno, Nigeria) le 14 janvier 2015, quinze membres tchadiens du groupe armé ont été tués19. Dans les régions sous son contrôle du nord-est du Nigeria, les tribunaux mis en place par Boko Haram ont été systématiquement présidés par des Tchadiens20. Ces derniers ont l’expertise nécessaire pour manier des armes lourdes sophistiquées, comme des blindés et de l’artillerie21.

En outre, des médias nigérians, citant un mémo de services de renseignement tchadiens datant de 2011, font état de l’existence d’un camp d’entraînement de Boko Haram en territoire tchadien, plus précisément près de la ville d’Abéché22, à 750 km à l’est de Ndjamena. Ce camp, très éloigné des zones d’opération du groupe djihadiste, n’aurait pu exister qu’avec l’assentiment du gouvernement tchadien. Cependant, ce camp n’est certainement pas le seul dans la région. Le 21 décembre 2014, l’armée camerounaise en a démantelé un dans le département de Mayo-Danaï, dans la région de l’Extrême-Nord, récupérant plus de 80 enfants qui y étaient formés et arrêtant 45 instructeurs23. D’autres camps de Boko Haram où les adeptes étaient formés au maniement des armes, existent vraisemblablement au Nigeria, bien que l’armée en ait rarement démantelés, et ont été découverts à Tombouctou, au Mali, en janvier 201324, et près de Diffa, dans le sud-est du Niger, en février 201425, mais jamais l’assentiment des autorités centrales n’a été suspecté.

Relevons aussi que du carburant tchadien de contrebande approvisionne Boko Haram, ainsi que certaines régions du Cameroun et des zones restées sous le contrôle des rebelles de la Seleka en Centrafrique26. Selon certains médias tchadiens, ce pétrole est directement issu des réserves appartenant à la famille présidentielle27.

Tous ces éléments font dire à certains médias, notamment nigérians et camerounais, ainsi qu’à des organisations de la société civile nigériane, comme Every Nigerian Do Something (ENDS)28 et #BringBackOurGirls (BBOG)29, que les autorités de Ndjamena sont complices de Boko Haram. Les accusations de BBOG ont été principalement alimentées par le pseudo-accord conclu le 17 octobre 2014 entre les autorités nigérianes et Boko Haram, sous la médiation personnelle du président Déby, et qui aurait dû entraîner un cessez-le-feu et la libération de plus de 200 jeunes filles enlevées à Chibok (Etat du Borno) six mois plus tôt30. L’accord n’a pas été mis en œuvre et Shekau a déclaré, dans une vidéo diffusée le 1er novembre, qu’il n’avait jamais été conclu31. À Abuja, les responsables gouvernementaux semblaient se diviser sur la responsabilité de Déby dans ce fiasco, les uns pensant qu’il avait été involontairement trompé par le groupe djihadiste, désireux de se réorganiser et de se redéployer, les autres soupçonnant le président tchadien – devenu brusquement indisponible après l’annonce de l’accord – d’avoir voulu délibérément piéger les autorités nigérianes32.

Les relations suspectes du président Déby

Un autre élément qui accrédite cette thèse est l’amitié qui lit le président Déby à Ali Modu Sheriff, ancien gouverneur de l’Etat du Borno et dont l’élection doit vraisemblablement beaucoup au soutien offert par Boko Haram en 2003. En échange, le beau-père de Mohammed Yusuf, fondateur du mouvement, assassiné en 2009, avait été nommé commissaire des Affaires religieuses de son gouvernement33. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a publiquement déclaré, en avril 2013, que Sheriff avait été un « ami » de Yusuf34.

Or, Sheriff, qui serait un visiteur régulier du Tchad, particulièrement de la ville d’Abéché, bénéficierait de la protection du président tchadien dont il aurait financé la campagne électorale de 2011, notamment en lui fournissant 35 véhicules pour sa sécurité35. Certaines sources, dont Stephen Davis, négociateur australien ayant tenté de faire libérer les filles de Chibok, accusent Modu Sheriff de financer Boko Haram36, voire d’organiser des transferts d’armes à son bénéfice ou de superviser le présumé camp d’Abéché37.

Cependant, en juillet 2014, Sheriff – jusque-là membre d’un parti d’opposition – a rejoint le People’s Democratic Party, au pouvoir38, et devenir un allié de poids du président Jonathan, tandis que, le 16 décembre 2014, les services de renseignement nigérians – le State Security Service (SSS) – exonéraient Sheriff de toute complicité avec Boko Haram39. Par conséquent, on pourrait difficilement reprocher au chef d’Etat tchadien d’entretenir d’étroites relations avec un homme blanchi par les autorités nigérianes des soupçons de soutien à un groupe armé nigérian…

Lire la suite et l’intégralité de l’article sur===> Le blog Les Afriques dans le Monde

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  1. Pourtant, c’est l’armée nigériane qui a finalement repris la cité le 21 février 2015. []
  2. Boko Haram attaque pour la première fois le Tchad, La Libre Belgique, citant AFP, 13 février 2015. []
  3. Reinnier Kaze, Le Cameroun, plaque tournante d’un trafic d’armes destinées à Boko Haram, Yahoo Actualités, citant AFP, 4 avril 2014 ; David Wenaï, 20 ans de prison pour des membres de Boko Haram, Camer.be (Bruxelles), citant L’œil du Sahel, 31 juillet 2014 . []
  4. Un dirigeant de Boko Haram arrêté, BBC Afrique, 26 septembre 2014 ; Raoul Guivanda, Kousseri : un chef local de Boko Haram arrêté, Camer.be, citant L’Oeil du Sahel, 26 septembre 2014 ; Cameroonian Military Capture Boko Haram’s Top Commander, Abakar Ali, Sahara Reporters, 26 septembre 2014. []
  5. Cameroun : Des armes en provenance du Tchad ont été saisies à l’Extrême-nord, kaoci.com, 12 novembre 2014 ; Cameroun : l’armée neutralise 58 membres de Boko Haram dans L’Extrême-nord, 237online, 17 novembre 2014 ; David Wenaï, La police démantèle un réseau d’armes de Boko Haram, Camer.be, citant L’Œil du Sahel, 17 novembre 2014. []
  6. Freedom C. Onuoha, Porous Borders and Boko Haram’s Arms Smuggling Operations in Nigeria, Al Jazeera Center for Studies, 8 septembre 2013 ; Deux islamistes nigérians tués à la frontière avec le Tchad, Slate Afrique, 1er août 2012. []
  7. Cyril Musila, Le trafic d’armes légères et de produits de contrebande : carburant, médicaments, véhicules et pièces détachées, irenees.net, juillet 2012. []
  8. Tchad : La circulation des armes qui fait peur dans le-Moyen-Chari et le Mandoul, Groupe de réflexion et d’action pour le Tchad, 31 juillet 2014 ; Adil Abou, Tchad: Importante quantité d’armes saisies à Abeché, Alwihda (N’Djamena), 15 décembre 2014. []
  9. Abdelwahid Ahmat, Cameroun : La police camerounaise découvre des armes dans un véhicule, Alwihda, 19 décembre 2014. []
  10. Reinnier Kaze, Le Cameroun, plaque tournante d’un trafic d’armes destinées à Boko Haram, op. cit. []
  11. Chantal Uwimana (Transparency International), Corruption In Nigeria’s Military And Security Forces: A Weapon In Boko Haram’s Hands, Sahara Reporters, 19 juin 2014. []
  12. Edouard Kingue, Circulation des armes de guerre : trafic ou complot contre le Cameroun ?, Camer.be (Bruxelles), citant Le Messager (Douala), 8 octobre 2014 ; Reinnier Kaze, Le Cameroun, plaque tournante d’un trafic d’armes destinées à Boko Haram, op. cit. []
  13. Reouhoudou Innocent, Tchad : 30 armes de guerre saisies, Alwihda, 7 janvier 2015. []
  14. L’Armée annonce avoir arrêté plusieurs contrebandiers étrangers dans le Sud, Tout Sur l’Algérie, 30 novembre 2014 ; Algerian army says captures foreign smugglers on Niger border, Reuters, 2 décembre 2014 ; Des contrebandiers africains arrêtés à In Guezzam et Bordj Badji Mokhtar, Algérie 1, 2 janvier 2015 ; Arrestation par les forces de l’ANP de huit contrebandiers à In Guezzam, Algérie Presse Service, 9 janvier 2015 ; La contrebande redouble de férocité au Sud, L’Expression (Alger), 11 janvier 2015. []
  15. L’OIM au secours de migrants tchadiens en détresse expulsés de Libye, Organisation internationale pour les migrations, 12 février 2013. []
  16. Selon le Stockholm Institute for Peace Resarch (SIPRI), les dépenses militaires du Tchad ont même plus que décuplé durant cette même période, pour atteindre 274 milliards de francs CFA ou 7.1 % du PiB en 2008. Voir SIPRI Yearbook 2014, pp. 222 et 236. []
  17. Reporting to the United Nations Register of Conventional Arms, Statistics Update 2014, United Nations Office for Disarmament Affairs (UNODA). []
  18. Le développement piégé : les transferts d’armes et le développement au Tchad (2005-2010), CCFD-Terre Solidaire, janvier 2012. []
  19. 15 Chadians Boko Haram Fighters Killed As Soldiers Repel Attack On Biu, Sahara Reporters, 14 janvier 2015. []
  20. Nicholas Ibekwe, Boko Haram: Nigeria downplays Chad’s move to capture Baga, Premium Times (Abuja), 19 janvier 2015. []
  21. Guibaï Gatama, Boko Haram : La stratégie suicidaire du Tchad, Camer.be, citant L’œil du Sahel, 10 novembre 2014. []
  22. Secret Intelligence Report links ex-Governor Sheriff, Chad President to Boko Haram sponsorship, Premium Times, 12 septembre 2014. []
  23. Reinnier Kaze, Info RFI: un camp d’instruction de Boko Haram démantelé au Cameroun, RFI, 21 décembre 2014. []
  24. Drew Hinshaw, Timbuktu Training Site Shows Terrorists’ Reach, The Wall Street Journal, 1er février 2013. []
  25. Un camp d’entraînement de Boko Haram localisé au Niger, kaoci.com, 19 février 2014. []
  26. Tchad: sur les traces du pétrole de contrebande, RFI, 18 novembre 2014. []
  27. D. D., La collusion de Deby avec Boko Haram vient d’être définitivement établie au Soudan !, N’Djamena Matin, 20 novembre 2014. []
  28. Nicholas Ibekwe, op. cit. []
  29. Nigeria: Chad Denies Funding Boko Haram, allAfrica, citant Vanguard, 4 décembre 2014 ; []
  30. Boko Haram: le Nigeria annonce un accord sur la libération des lycéennes et un cessez-le-feu, Le Huffington Post, citant AFP, 17 octobre 2014 ; Sodiq Yusuff, EXCLUSIVE: How Idriss Déby brokered ceasefire, TheCable (Lagos), 18 octobre 2014. []
  31. Boko Haram says kidnapped schoolgirls ‘married off’, France 24, citant AFP, 1er novembre 2014. []
  32. Fredrick Nwabufo, Revealed: How Chadian president fooled Nigeria on phantom Boko Haram ceasefire, TheCable, 9 novembre 2014. []
  33. Femi Falana, How Modu Sheriff Sponsored Boko Haram, Sahara Reporters (New York), 4 septembre 2014. []
  34. Video shows President Jonathan linking ex-Borno Governor, Ali Modu Sheriff, to Boko Haram, Premium Times, 31 décembre 2014. []
  35. Secret Intelligence Report links ex-Governor Sheriff, Chad President to Boko Haram sponsorship, op.cit. []
  36. Australian Negotiator Insists Modu Sheriff, Ihejirika Sponsor Boko Haram, Exonerates Buhari, El-Rufai, Sahara Reporters, 31 août 2014. []
  37. Secret Intelligence Report links ex-Governor Sheriff, Chad President to Boko Haram sponsorship, op.cit. []
  38. [1] Blamed by opponents for Boko Haram insurgency, Ali Sheriff dumps APC, joins PDP, Premium Times, 14 juillet 2014. []
  39. SSS Clears Ihejirika And Sheriff, Arrests Seven ‘Fraudulent’ Associates Of Stephen Davis, Sahara Reporters, 16 décembre 2014 ; Video shows President Jonathan linking ex-Borno Governor, Ali Modu Sheriff, to Boko Haram, op. cit. []


 » La branche de l’Etat islamique en Afrique revendique la destruction du pipeline Tchad-cameroun »

Soudain, une explosion énorme, dans un terrible brasier, s’élèvent des flammes qui jaillissent du sol. Les prairies brûlent, la terre gronde, le ciel devient ténébreux, les flammes bondissent d’arbre en arbre.  Quelques hommes vont chercher de l’eau pour essayer d’éteindre le feu, d’autres s’inquiètent pour leur famille. Les pompiers se désolent, aucun endroit n’est épargné par les flammes. Le feu brule des jours et des jours, dévaste tous ce qu’il trouve sur son chemin laissant derrière lui un désert minéral et noirci de cendres.

Les dégâts sont énormes, inestimables, inimaginables. Des milliards de dollars, 70% du PIB tchadien, 1070 km de  pipeline (du Tchad au sud du Cameroun), tout partie en fumé. En quelque minute. A la télé, un seul mot:  »Allahou Akbar », attentat revendiqué par la branche de l’État Islamique en Afrique de l’Ouest, Boko Haram.

Remontons l’histoire. Nous sommes au présent. Pour l’instant, ce scenario relève de la pure fiction. Mais pas improbable. Une menace qui n’a sans doute pas été étudier sérieusement avant l’envoie des troupes tchadiennes dans la guerre contre Boko Haram au Nigeria .

L’intervention irréfléchie du président tchadien au Nigeria ne sera pas sans conséquence. Soyons certains. Et l’allégeance de Boko Haram à l’Etat Islamique n’a fait que renforcer la détermination et la position des djihadistes et islamistes en générales sur ce qui concerne le Tchad, qu’ils lui réservent une grande surprise de taille.

Si jusqu’à de nos jours aucun attentat n’a été produit au Tchad c’est pour tout une autre raison que sécuritaire. Ce n’est pas une service de sécurité dévouée entièrement à celle du président et la torture de ses opposants qui empêchera les terroristes de faire un attentat dans un pays aussi vaste que le Tchad, à moins qu’elle est plus performante que celle des États-unies, de la France ou du Nigeria.

Que les tchadiens se fassent bruler ou qu’ils meurent de faim, ce n’est pas un problème pour Deby à condition que rien ne touche à sa présidence. Même pas une mouche.

Certains croient que l’État Islamique est en Irak et en Syrie. Ce qui relève d’une naïveté flagrante. L’idéologie n’a pas de frontière et très peu de nos Etats africains y détiennent les outils nécessaires et adéquats pour faire face. Pour des régimes tel que celui de Deby, la force est la solution à tous les problème: terrorisme, radicalisme, maladie, manifestation, chômage, cherté de vie, chagrin d’amour, etc. Tout est résolu par la violence. En effet c’est le seul langage dont-ils disposent et dont-ils croient vraiment. Les militaires au Tchad et dans la plu-part des pays africains ne savent qu’une chose: tenir un kalachnikov.

Cependant avec l’émergence de nouveau défi et des phénomènes terroristes, il est urgent de reconfigurer le concept de l’Etat en Afrique, au risque d’entrer dans un cycle infernal de conflit dont l’on ne sait l’ami de l’ennemie.

Le lambda tchadien ne comprend pas. Sa personne est le résultat de 24 ans  de politique d’un regime improviste avec un esprit étriqué et une mentalité encarcannée dans le tribalisme et le clientélisme aiguë.
Ces enjeux sont tout à fait en dehors du champs de ses activités cérébrales.

Après l’attentat perpétré mercredi 18 mars 2015 en fin de matinée dans le prestigieux musée de Bardo en Tunisie et revendiqué par la branche libyenne de l’Etat Islamique, ce dernier ne manquera sans doute pas la revanche sur le  Tchad, si même, ils ne s y préparent pas en ce moment son prochain cible.

L’héritage des tchadiens du système Deby sera sanglante.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique, blogueur


Tchad: Le policier, l’auteur de la vidéo en cavale

Contrairement à ce qui était annoncé par le procureur de la république, le policier auteur de la vidéo filmant la torture des élèves à la suite d’une manifestation le 09 mars 2015 ne figure pas parmi les onze (11) policiers arrêtés.
L’auteur de la vidéo est activement recherché par les autorités et est actuellement en cavale. Par ailleurs, même les onze (11) policiers de la GMIP (Groupe mobile d’intervention de la police) arrêtés, bien qu’ils aient assistés à la torture, ne sont pas ceux qui figurent sur la vidéo.

Ils sont au nombre de 28 policiers dans leur section et seulement onze (11) mise au arrête. Les dix-sept (17) autres dont ceux qui figurent sur la vidéo, y a ceux qui ont pris la fuite, d’autres aidés par leur proche à la hiérarchie ont traversé la frontière et sont à Kousserie au Cameroun et certains autres «intouchables» baladent sans crainte à N’djamena.

Comme annoncé dans un précédent article, le procureur de la république est juste dépassé par cette affaire dont les enjeux sont ethniques, politiques, sociales et internationales.

Cette arrestation des onze (11) policiers  »seulement » a crée une vague d’indignation parmi les commissaires et officiers au sein de la police centrale de N’djamena  qui fustige une justice à géométrie variable.

Selon des sources policiers, le directeur de la police  Tahir Erda avait laissé entendre la libération de tous les policiers  et l’arrestation de l’auteur de la vidéo pour ″insubordination″ et ″complicité″ et sera envoyé à la prison de Korotoro.

Quant aux élèves et étudiants, ils promettent de manifester ce Lundi 23 mars et continueront jusqu’à la satisfaction de leur revendication.

Lire==> Tchad: Les cours seront-ils suspendus indéfiniment?


Djarma Acheikh Ahmat Attidjani

Activiste politique


Les policiers massacreurs des élèves seront-ils relâchés?

Onze (11) policiers du Groupe mobile d’intervention de la police (GMIP) ont été arrêté le lundi 16 mars et mise à la disposition de la justice tchadienne. Oui, le Tchad de Deby à aussi une justice.
L’arrestation de ces policiers vient à la suite d’une vidéo publier sur la page facebook de Jeunes Tchad, les montrant torturés des élèves arrêtés lors d’une manifestation le 09 mars 2015. Une manifestation qui a conduite à la fermeture des établissements scolaires du primaire au supérieur par le gouvernement.

Le mercredi 18 mars, le président tchadien Idriss Deby a ordonné lui-même la reprise de cours jeudi 19 et a appelé au calme. Un discours qui est loin des revendications des élèves et étudiants qui exigent la démission du directeur générale de la police Tahir Erda qui s’est vue promu au grade de corps d’armée, la démission du ministre de la sécurité publique et l’ouverture d’une enquête indépendante.

Mais bien avant cela, le 13 mars quelque heur après la publication sur Jeunes Tchad de la vidéo qui a fait le tour du monde, les policiers ont été très vite identifié le soir même.

Cependant, il a fallu le 16 mars soi 3 jours face à l’ampleur de la vidéo et l’indignation générale qu’elle a provoquée que les autorités tchadiennes ont décidé en fin d’arrêter les policiers, bien même qu’une information judiciaire a été ouverte.

Sur la vidéo, on écoute clairement  des noms de certains policiers de la Gmip s’appeler entre-eux.  C’est ce qui a permis de les identifier aussi vite. Mais ce qu’il faut retenir, bien avant le 13 – date de la publication de la vidéo, les policiers ont torturés et humilier les élèves le 09 mars. Et ce pour leur travail formidable que le ministre de l’Administration du territoire et de la Sécurité publique les avaient salué sur les antennes de la radio publique, comme « des agents biens formés et dévoués dans leur service ». Oui, celle de massacré des élèves et des paisibles personnes.

Et pour couronner le tout, le président tchadien Deby en personne a promu le général de division, le directeur général de la police Tahir Erda qui «tirait à balle réelle» pendant les manifestations, au  grade de général de corps d’armée par un décret signé par le Chef de l’Etat et diffusé sur les ondes de la radio et de la télévision du Tchad.

«Erda a su diriger avec succès pour contrecarrer les manifestations des élèves contre le port de casques» a affirmé le président qui lui renouvelle sa confiance pour service rendu. On compte trois(3) morts parmi les manifestants dont un étudiant, des nombreux blessés, plus de 200 arrêtés et disparus. Qu’adviendra-t-il aux victimes si cette vidéo n’était pas fuitée et publiée? Combien des cas similaires sont passées sous silence?

Nous savons que l’un des policiers qui a participé aux massacres des élèves s’appelle Alnnadif et surnommé Com-tourape (2min – 3sec). Un autre surnommé Com-drapeau (1min- 53sec).

De tel massacre sont courant tous les jours depuis bien trop longtemps et dans tous les camps et lieu de détention au Tchad.

A N’djamena précisément au quartier Chagoua dans le 7eme arrondissement où se trouve le camp du Groupement Mobile d’Intervention de la Police et le lieu dont ont été tournées les images, ces policiers sont très connus dans le quartier et très appréciés par leur hiérarchie.

Il a fallu une véritable discussion entre les familles des policiers (ethnie), leur hiérarchie et les agents de la justice pour que ces policiers acceptent d’être ainsi arrêter, à fin de clamer les esprits.

Notons aussi que la vidéo n’était pas pour s’auto-denoncer. Elle circulait en interne entre les policiers qui prenaient de plaisir à revoir le traitement infligé à leur victime. Ils les avaient aussi montrés à un certain nombre de commissaire qui leurs avaient félicités. La fuite été venue d’un de leur proche que je préfère garder l’anonymat.

Dans le couloir de la présidence, il murmure que la perspective d’un nouveau gouvernement est sur la table. Mais il n’est pas question la démission de Tahir Erda.

En attendant, les étudiants et les élèves menacent de descendre bientôt dans la rue si leur revendication n’est pas satisfaite. Et de l’autre coté, le procureur de la république est juste dépassé par cette affaire dont les enjeux sont ethnique, politique, sociale et internationale.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Blogueur, Activiste politique


Tchad: Les cours seront-ils suspendus indéfiniment?

Au Tchad, cela fait déjà une semaine que les écoles et universités de la capitale sont fermées. Une décision des autorités qui intervient suite à la contestation violente de la mesure obligeant les motocyclistes à porter des casques par les élèves le lundi 09 mars 2015. Des contestations qui ont débordé à l’université, provoquant la mort de trois (3) personnes selon des sources hospitalières, dont un étudiant.

Mais la fermeture des établissements scolaires, du primaire au supérieur n’a pas fait retomber le climat électrique qui règne dans les milieux des enseignants et des étudiants.

La tension est montée d’un cran au milieu de la semaine à la suite d’une vidéo publié par Jeunes Tchad sur les réseaux sociaux  montrant des policiers torturés des élèves au coup de matraque et de fouet. La vidéo à ému l’opinion nationale et internationale. Au Tchad une information judiciaire est ouverte.

Hier, lundi 16 mars, onze (11) policier ont été arrêté  et 57 élèves et étudiants condamné par la justice à trois (3) mois de prison avec sursis et 5 000 fcfa d’amande. Cette décision de la justice était sensée apaiser la tension car dans la journée, plusieurs tentative de manifestation des élèves était disperser par la police.

Le soir, le ministre de la communication, porte parole du gouvernement Hassan Sylla, annonçait à la télé-nationale ONRTV que les cours vont-être repris le mercredi 18 mars 2015.

Quelque instant plu-tard, une bande d’information marquée urgent à la télé-nationale annonce que les cours sont toujours suspendus jusqu’à nouvel ordre. Mais jusqu’à quand? Se demandent des élèves et étudiants sur les réseaux sociaux.

Joins par Jeunes Tchad, une source à N’djamena affirme que la marche arrière du gouvernement à la reprise de cours annoncée mercredi 18 mars 2015 est liée à la manifestation prévue en ce même jour à Paris en France par la diaspora tchadienne, devant l’ambassade du Tchad contre les violences policières de ces derniers jours à N’djamena. Les autorités tchadiennes craignent tout attroupement des élèves ou d’étudiants qui risque selon eux de reprendre la manifestation de plus belle insiste la source.

Rappelons qu’aucune solution n’a été présenté par le gouvernement ni sur le port obligatoire de casque moins encore aux revendications des élèves, étudiants et enseignants qui exigent la suspension momentanée de l’arrêté exigeant le port des casques, le retrait des forces de l’ordre des locaux et proximité des établissements scolaires et le départ du ministre de l’ Administration du territoire et de la Sécurité publique et aussi  la «tête» du directeur général de la Police nationale, Tahir Erda.

Ce dernier, général de division, a été élevé au rang et appellation de « général de corps d’armée », selon un décret présidentiel publié vendredi.

Cette promotion de l’ancien chef de la garde présidentielle irrite davantage l’opinion nationale, déjà choquée par les propos du ministre de l’Administration du territoire et de la Sécurité publique qui, sur les antennes de la radio publique, avait salué les forces de sécurité comme « des agents biens formés et dévoués dans leur service ».

Il est claire qu’avec ce comportement, le gouvernement lance un défi aux élèves et étudiants et ainsi qu’à la société civile son intransigeance à maintenir par la force et unilatéralement sa politique et ses décisions.

Quant à l’arrestation des policiers responsables des tortures des élèves, ce n’est que de la poudre au yeux pour calmer les esprits quand les donneurs des ordres se voient offrir une promotion.

Djarma Acheikh Ahmat Attidjani
Activiste politique



Tchad: Après le massacre des élèves par la police, le directeur de la police est promu  »général de corps d’armée »

Quatre jours après la fermeture des écoles et des universités de N’Djamena par le gouvernement à la suite des violences qui on entrainé de tension entre les élèves, les étudiants et les enseignants d’un côté et les autorités nationales de l’autre, la tension reste encore vive.

Le 9 mars, le gouvernement tchadien a annoncé la fermeture des établissements scolaires et universitaires de N’Djaména pour une durée indéterminée à compter du 10 mars.

Le ministre tchadien de l’Administration du territoire et de la Sécurité publique, Abdérahim Birémé Hamid, justifiait cette décision par les perturbations qui ont mis pendant toute une semaine les élèves et les étudiants de la capitale « en danger permanent ».

La veille, des manifestations de lycéens avaient tourné au drame avec un étudiant tué dans la confusion à la Faculté de Droit de l’Université de N’Djaména, et l’arrestation de 200 personnes.

Mais la fermeture des établissements scolaires, du primaire au supérieur n’a pas fait retomber le climat électrique qui règne dans les milieux des enseignants et des étudiants.

Le Syndicat des enseignants et chercheurs du supérieur (SYNECS), très remonté contre la violation des enceintes de l’Université et la molestation de plusieurs enseignants-chercheurs dans leurs bureaux par les forces de l’ordre, a décidé d’observer une grève illimitée à compter de la date de la fermeture des établissements.

Le Syndicat des enseignants du Tchad (SET, dans le secteur de l’ éducation primaire et secondaire), menace de son côté d’aller en grève si le gouvernement ne donne pas suite à un certain nombre de revendications: la libération des élèves et étudiants incarcérés, la suspension momentanée de l’arrêté exigeant le port des casques,le retrait des forces de l’ordre des locaux et proximité des établissements scolaires et le départ du ministre de l’ Administration du territoire et de la Sécurité publique.

Depuis plusieurs jours, les élèves exigent, à travers des SMS et sur les réseaux sociaux, que « des têtes tombent ». Parmi leurs cibles, il y a également le directeur général de la Police nationale, Erda Tahir.

Ce dernier, général de division, a été élevé au rang et appellation de « général de corps d’armée », selon un décret présidentiel publié vendredi à la suite d’une vidéo publier sur le net montrant des policiers entraines de torturer des élèves.

Cette promotion de l’ancien chef de la garde présidentielle irrite davantage l’opinion nationale, déjà choquée par les propos du ministre de l’Administration du territoire de la Sécurité publique qui, sur les antennes de la radio publique, avait salué les forces de sécurité comme « des agents biens formés et dévoués dans leur service ».

Selon M. Birémé Hamid, c’est grâce à ce dévouement qu’il y a eu « seulement un mort » dans les violences contre le port obligatoire du casque.

Au cours d’une réunion, tenue vendredi dans ses bureaux, le Premier ministre tchadien Kalzeubé Payimi Deubet est resté intransigeant. Aux membres de son gouvernement, les représentants des syndicats, des commerçants, des élèves et les maires des communes, il a réaffirmé que le port du casque est obligatoire et les dérapages seront sanctionnés conformément à la loi.

Xinhua – Jeunes Tchad