Kahofi SUY

Abidjan se débarrasse de ses ordures

Abidjan la perle des lagunes et capitale ouest-africaine de la joie met les bouchées doubles pour pouvoir se débarrasser des nombreux tas d’ordure qui ont proliféré depuis le début de la crise post-électorale. En effet depuis plusieurs semaines les entreprises d’assainissement de la capitale privées de l’appui des bailleurs extérieur n’ont pas pu libérer la ville de ses ordures. Aujourd’hui c’est petit à petit que la ville retrouve son visage de capitale.

Les bennes et balayeuses de la SAS (Société Abidjanaise de Salubrité) exécutent leur ballet quotidien apportant avec elles un lot toujours plus important d’ordure. Malgré le déploiement exceptionnel d’engin les autres entreprises à l’image de la SAS ont du mal à enlever les dépotoirs sauvages. « C’est vrai que les engins vont et viennent mais c’est pas du tout facile je m’en rend compte moi-même ! Ce dépotoir est monté en trois semaines et pour le moment il nargue les travailleurs ». Ces propos sont de Christine Kouadio une habitante de Cocody Danga qui chaque voit les effort entrepris par les balayeurs pour enlever les ordures. « C’est petit à petit que tout va disparaître » déclare Isaac un jeune charretier. Son job à lui consiste à récupérer le contenu des poubelles moyennant des pièces de monnaie. Les charretiers ont une action plus efficace sur le terrain : ils ont la chance de pouvoir collecter les ordures foyer par foyer. Ils soulagent donc les entreprises de la collecte porte à porte. Dans cette opération de toilettage de la capitale tous les quartiers ne sont pas logés à la même enseigne. Le plateau centre des affaires occupe la première position, Cocody le quartier présidentiel et ses ramifications suivent, viennent les quartiers d’habitation populaire tels que Treichville ou Yopougon. Il est vraiment salutaire que cette opération d’enlèvement des ordures en cette période de saison des pluies soit une priorité. La prolifération des ordures a occasionné le retour du choléra dans la capitale notamment dans le district sanitaire d’Adjamé ou la  maladie a tué 6 personnes en l’espace de quatre jours.

Les abidjanais placent beaucoup d’espoir en cette opération d’enlèvement des ordures car la capitale était méconnaissable il y a quelques semaines. En l’absence des bailleurs de fond comme la Banque Mondiale qui avait déboursé à l’époque la bagatelle somme de six milliards pour rendre le cadre de vie du district d’Abidjan propre, on se demande si les Mairies d’Abidjan et les entreprises pourront mener à bien cette tâche ardue.

Suy Kahofi


Sanctions et asphyxies économiques : le revers de la médaille

Le Ministre français des affaires étrangères, Mme Alliot Marie à propos de la crise Ivoirienne soulignait que « les sanctions économiques à l’endroit du régime Laurent Gbagbo finirait tôt ou tard par l’asphyxier ». Je ne veux pas douter de cette stratégie mais les sanctions économiques n’ont pas seulement un côté positif c’est-à-dire faire plier bagage à un régime déchu. Elles peuvent avoir des retombées désagréables pour le gouvernement élu et les populations.L’argent le nerf de la guerre

Dans le conflit post-électoral Ivoirien, de nombreux chefs d’Etats préconisent le dialogue pour une sortie de crise pacifique. Néanmoins pour éviter que le régime sortant ne puisse dilapider les revenues du pays avant son départ et surtout profiter de ces revenus pour asseoir une dictature, les institutions internationales et les puissances occidentales ont décidé du gel des avoirs des caciques du régime. Cette mesure est payante car elle jette les bases d’une vaste opération visant à couper les vivres au clan Gbagbo. Depuis cette date le contrôle des finances, de la bourse et des avoirs du pays se présente comme une bataille importante dans la guerre politique que se livre les deux camps. Après l’UE, les USA et la France, la CEDEAO et l’UEMOA ont décidé de ne reconnaître que la signature du Docteur Alassane Ouattara. Les côtés positifs de cette décision sont importants : Laurent Gbagbo est privé d’une importante source de revenues. Certaines banques locales, succursales des grandes banques étrangères ne peuvent plus décaisser pour un ordre émis par son gouvernement. La liquidité après un délai très court se fera rare au plan national. La Côte d’Ivoire de Gbagbo qui disait pouvoir se passer du franc CFA et de la BCEAO n’a rien pu faire que de sauter sur les coffres de la banque centrale ! L’arrêt de l’exportation du cacao le prive aussi de recettes d’exportation importantes puisse que le pays est le premier producteur mondial. L’argent du cacao a servi à financer de bout en bout la guerre de Laurent Gbagbo avec la création de nombreuses structures dont le seul objectif était de piller les paysans pour enrichir la nouvelle bourgeoisie des refondateurs. Ces mesures sont si efficaces que c’est haletant que le gouvernement Gbagbo a lancé sa vague de réquisitions, une manière politiquement correcte de dire nationalisation. Après s’être pris pour Martin Luther, Nelson Mandela, tout récemment pour Lumumba, le woody de mama porte aujourd’hui le nom de Fidel Castro de mama ! Ce qu’il oublie c’est que tous les peuples de la terre n’auront pas l’âme des Cubains car chaque peuple a ses habitudes et ses convictions. L’Ivoirien habitué à la bière, aux maquis, au luxe, à la belle vie pourrait-il accepter de vivre en dessous du seuil de pauvreté comme à Cuba ?

L’effet boumerang

Les sanctions économiques envoyées en pleine poire du régime Laurent Gbagbo n’ont pas seulement un côté positif. Bien au contraire elles sont en train de porter des fruits très amers qui risque à la longue de discréditer le gouvernement Soro. Au chapitre de la BCEAO, les Ivoiriens doivent comprendre que la fermeture des agences par Dakar posera le problème de la liquidité si la Côte d’Ivoire décide de rester dans la zone CFA. Les banques Ivoiriennes limitent aujourd’hui tout décaissement à leur guichet à 1 million ! L’absence d’argent frais pour payer les fonctionnaires et surtout les travailleurs du privé devient un problème aussi bien pour le régime en place que pour le gouvernement Soro qui sera présenté comme l’ennemi du peuple. « C’est à cause d’eux qu’on ne pas vous payer ! », « Ils n’ont jamais été pour le développement de ce pays », « Soro est contre les Ivoiriens et veut les affamer » pourra-t-on entendre dire dans les jours qui viennent. Quant au problème café-cacao il risque de créer l’émeute car il touche directement des millions d’Ivoiriens à commencer par des paysans le plus souvent illettrés et faciles à manipuler ! Voici un terrain fertile pour semer l’évangile anti-ouattara et le diaboliser à jamais. Si on arrive à couper les vivres à Gbagbo, on arrive aussi à laisser des millions de paysans sans revenus. Un intellectuel bien disposé d’esprit peut aisément comprendre une stratégie d’asphyxie économique mais pour le paysan celui qui empêche l’exportation du café et du cacao est son ennemi.

Sur le plan économique le temps joue désormais contre le Docteur Alassane Ouattara et non plus contre Laurent Gbagbo. Si la crise ne prend pas fin, le Président Alassane Ouattara sera dans l’esprit de nombreux Ivoiriens celui qui aura fait perdre à des pères de famille leurs emplois et ruiné l’économie du pays. La solution à la crise est ailleurs et plus on met du temps à l’appliquer, plus le Docteur Alassane Ouattara risque d’être isolé.

Suy Kahofi


Le nouchi, une identité linguistique qui passe difficilement

La Côte d’Ivoire c’est 63 ethnies réparties sur 332.462 Km². Le pays n’a donc pas l’avantage d’avoir une langue nationale comme le bambara au Mali ou le wolof au Sénégal. Pourtant en Côte d’Ivoire il existe un langage que de nombreuses personnes partagent et utilisent même dans leurs échanges. Il s’agit du nouchi, quelque chose que je définirais comme un français Ivoirien ou un créole Ivoirien !Origine et composition d’un langage

Le nouchi si l’on s’en tient aux témoignages des aînés est vieux comme le pays ou plutôt comme les premiers mouvements et organisations de rue. Ce langage qui est surtout utilisé par les jeunes est composé de mots et d’expressions français, anglais mais aussi des langues locales et d’onomatopées. Le nouchi évolue très vite et semble s’enrichir chaque jour. Par exemple autour des années 70 pour dire je suis amoureux de toi on disait je suis mouk de toi mais de nos jours c’est je suis fan de toi ou je suis kpayôrô de toi ! Le nouchi s’impose à celui qui visite Abidjan et qui veut se fondre dans la masse pour ne pas être un gaou (un bleu). « Tout Abidjan est nouchi ! Regarde même la monnaie : 25 f c’est grô, 100 f c’est togo, 1000 f c’est krika…Tu peux trouver aujourd’hui des personnes qui ne parlent que nouchi et rien d’autre. Le bon français c’est pour les bureaux et l’école : la rue c’est le nouchi » affirme Brou N’guessan Issac chauffeur de taxi. Nombreux sont les mots français qui ont un équivalent en nouchi : woyo pour taxi, lalé pour portable, nanwlè pour vérité, gnaga pour bagarre, gbangban pour crise…les verbes aussi : appeler c’est wélé ou kpopko, frapper c’est dabâ, vendre c’est kêner, la c’est donner ! Alors un bonne phrase en nouchi ça donne ceci : « j’ai un nikwadja lalé, je vais te la mon tapement comme ça tu pourras me kpokpo ». Vous n’avez rien compris ? Voici la phrase en français : « j’ai un nouveau téléphone portable, je vais te donner mon numéro et tu pourras m’appeler ». Le nouchi porte avec lui également toute l’identité d’une jeunesse souvent marginalisée voir oubliée. Alors pour extérioriser cette peine certains artistes ont décidé de composer leurs chansons en nouchi pour toucher un maximum de personnes. Nash, Bony RAS, Julien Goualo, Billy Billy, Sans Soi ou Garba 50 sont autant de groupes et d’artistes qui ne parlent aux Ivoiriens qu’en nouchi. Au sujet du nouchi Nash l’une des rares artistes hip-hop de Côte d’Ivoire entend se lancer dans un ambitieux projet. « Je veux créer le premier dictionnaire nouchi » affirmait l’artiste sur les antennes de la RTI. « Je multiplie les contact auprès des anciens du milieu artistique mais aussi auprès des jeunes pour chaque jour enrichir ce dictionnaire avenir ».

Le nouchi, pourquoi certains ne l’aime pas ?

« Si ma mère m’entend parler nouchi elle me plie en quatre » affirme en riant Cédric un jeune élève. « Ma mère est convaincu que le nouchi est un langage pour délinquant et surtout qu’il contribue à avoir un mauvais niveau de langue » conclue le jeune homme. La maman de Cédric n’est pas la seule à penser que le nouchi ne contribue pas à la formation intellectuelle des enfants. Monsieur Konan Yves est professeur de lettre moderne et voici sa position sur ce langage. « Un enfant qui pratique au quotidien le français à plus d’aptitude à avoir un bon niveau de langue contrairement à celui qui passe toutes ses journées à parler nouchi. Lorsque nous corrigeons les copies il y a de la matière à provoquer des céphalée : on ne sait pas où les enfants vont dénicher leurs tournures et le plus souvent les plus jeunes glissent dans leur devoir des mots nouchi parce qu’ils pensent que c’est du français ». L’enseignant achèvera son élément de réponse en demandant aux parents de surveiller la manière de parler de leurs enfants. Peut-on vraiment censurer le nouchi puisse qu’il est partout ? Non et Adrien Kouassi élève en classe de Terminal dans un lycée semble avoir une solution pour concilier ‘’bon français’’ et nouchi. « On peut parler le nouchi et avoir un bon niveau de langue au point de ne pas mélanger les deux. Un enfant peut parler baoulé chez lui mais il est tenu de parler français à l’école : je crois que c’est la même chose pour le nouchi. On peut utiliser cette langue pour la rue, les échanges quotidiens et le français pour les études et l’administration ».

On a longtemps reproché aux Ivoiriens de ne pas avoir une langue nationale capable de les unir au-delà de leurs différentes ethnies. Pour de nombreux Ivoiriens à défaut de choisir une langue et de l’enseigner il sera possible d’opter pour le nouchi et d’en faire une véritable langue nationale.

Suy Kahofi


Fin du sommet de l’UA à Addis-Abeba : sursit d’un mois pour le camp Gbagbo

Les lampions viennent donc de s’éteindre à Addis-Abeba capitale de l’Ethiopie sur le sommet de l’Union Africaine qui a été consacré en grande partie aux crises qui secouent le continent et surtout à celle que traverse la Côte d’Ivoire. Les conclusions sur le sujet Ivoirien sont diversement interprétées à Abidjan mais une chose est sûre, c’est le camp Gbagbo qui doit se frotter les mains. Les Chefs d’Etats africains, ceux qui sont très éloignés de la Côte d’Ivoire et des réalités du pays ont décidé de peser dans la balance en faveur d’une autre médiation ou plutôt d’une mission. Les conclusions dit-on seront contraignantes pour les deux camps  mais à quel point ?L’UA ne peut pas s’aventurer à dire haut et fort qu’elle reconnaît Ouattara comme vainqueur de l’élection présidentielle et revenir se dédire aux yeux du monde. L’Afrique serait trop ridicule et donnera raison au Président Sarkozy qui affirmait en des termes plus diplomatiques que le seul cerveau qui n’ait pas évolué depuis des décennies est celui de l’africain ! La position de l’UA est  claire : Alassane Ouattara est président et si les nouveaux médiateurs s’amusent à remettre en cause les acquis du second tour de l’élection présidentielle, ce que tout le monde veut éviter se reproduira. L’indignation, la colère et l’amertume du ministre Sidiki Konaté (FAFN) sont infimes face à la colère de nombreux militants du RHDP que j’ai croisé durant ces dernières 48 heures. « Si on continue de nous voler notre victoire nous irons chasser Gbagbo nous-mêmes : on n’aura pas besoin de l’ECOMOG » affirme Désiré un jeune homme de 28 ans ! « Je ne sais pas pourquoi on dialogue avec quelqu’un qui se maintien avec la force ! Il faut le déloger par la force un point c’est tout ! Il a encore un mois avec son groupe ce qui signifie que le peuple va souffrir pendant un mois » souligne Coulibaly un enseignant à la retraite. Même les militants les plus modérés ne cachent pas leur pessimisme ! « Je préconise le dialogue mais on connait la réponse de Gbagbo si on lui demande partir : le peuple m’a choisi, j’ai prêté serment selon la constitution patati patata…et retour à la case départ » s’indigne Koffi N’dri Carlos avant de conclure « c’est encore une perte de temps et des Ivoiriens qui vont continuer de souffrir ».

Les militants de La Majorité Présidentielle eux ne cache pas leur joie. « Qui vous a dit qu’on vient demandé à Gbagbo de partir ? C’est maintenant que les vraies enquêtes vont commencer : tout le monde va enfin connaitre la vérité et le woody restera à son poste ! » déclare N’da Clarisse. « C’est une décision sage de la part des Chefs d’Etat Africains qui montre que l’Afrique est mature. Les conclusions de l’investigation seront contraignantes surtout pour les va-t-en guerre comme Compaoré et Goodluck Jonathan qui fait lui-même parti des cinq Chefs d’Etat attendus à Abidjan. Ils auront la vérité entre les mains et diront que Gbagbo est Président, c’est tout ! » affirme Youan Bi. A la question de savoir si les conclusion ne font pas l’affaire du président Gbagbo sa réponse fait penser à un slogan de campagne : « je te dis mon frère, le contraire ne peut pas se produire : Gbagbo est président ! ». Les quatre semaines avenirs seront donc décisives aussi bien pour les protagonistes de la crise post-électorale ivoirienne que pour tout le continent car l’UA joue toute sa crédibilité dans le dossier Ivoirien. « Attendons de voir » comme m’a dit tout souriante une jeune enseignante qui a souligné que « la Côte d’Ivoire doit sortir de la crise sans effusion de sang ».

Suy Kahofi


Ils nous ont fait oublier la crise…et le font toujours !

Huit ans de crise et d’enlisement politique c’est long, ennuyeux et triste à cause des conséquences désagréables du conflit socio-politique Ivoirien. Malgré cette situation de crise tout ne fut pas si triste en Côte d’Ivoire bien au contraire. Les huit dernières années ont été riches en évènements culturels, musicaux et surtout sportifs qui ont permis aux Ivoiriens d’oublier les bruits de bottes et de mitraillettes. Ces évènements portent la marque de certains Ivoiriens qui ont su déchaîner les passions et unir tout un peuple. Deux se sont brillamment illustrés : Douk Saga et Didier Drogba !Le foot est l’opium du peuple !

Il était inconnu des Ivoiriens jusqu’à ce qu’un matin le Président de la FIF (Fédération Ivoirienne de Football) Mr Jacques Anoma ne le présente au grand public. L’étoile de l’Olympique de Marseille, Didier Drogba est arrivé en équipe nationale de football comme pour redonner espoir à un pays marqué par la crise. Son nom et ses exploits mettaient tout le monde d’accord et permettaient d’oublier la politique. « Oui Didier c’est un chef ! Je peux dire qu’il est l’Ivoirien le plus célèbre et grâce à lui quand on parle de la Côte d’Ivoire on oublie que nous vivons des problèmes » affirme Bekoin Evariste. Avec sa bande de camarade en équipe nationale, Didier Drogba permet à la Côte d’Ivoire de goûter aux délices de la Coupe du Monde. Une première qualification historique pour l’Allemagne et un peuple heureux et fier de son équipe. « Il y a des moments de la vie du pays que vous voulez vivre chaque jour. Je me souviens comme si c’était hier cette défaite du Cameroun, la joie dans les maquis, les cabarets et les bars. J’ai la certitude que ce jour chacun avait oublié son parti politique et son ethnie pour penser à la Côte d’Ivoire » déclare Kouassi N’da Parfait. Didier Drogba est un phénomène, le symbole d’un nationalisme positif ! Tout ce qu’il fait ou presque rappelle son pays. De sa manière de célébrer ses buts à son action humanitaire, Didier Drogba n’est jamais sans la Côte d’Ivoire. Icône nationale du ballon, il a su rester neutre sur le plan politique et utiliser son image pour appeler à la réconciliation nationale et à la non violence durant les élections.

Douk Saga, la légende, le héro national !

Il est l’artiste qui aura marqué la Côte d’Ivoire pendant ses huit dernières années avec le concept musical qui continue de survivre : le coupé décalé. Douk Saga, Stéphane Hamidou Doukouré de son vrai nom est décédé le 12 octobre 2006 à Ouagadougou au Burkina Faso d’une pathologie pulmonaire chronique mais sa légende demeure ! Il était si célèbre que ses funérailles furent digne d’un Chef d’Etat : les plus imposants en Côte d’Ivoire après ceux de Roger Fulgence Kassi l’animateur vedette de la RTI et Félix Houphouët Boigny le premier président de la Côte d’Ivoire. A la tête d’un groupe africain de jet setter Ivoirien il lance le ‘’travaillement’’. Le président avait pour fidèle lieutenants Le Molare, Boro Sanguy, Lino Versace, Jean-Jacques Kouamé, Solo Béton, Serge Dephalet, Kuyo Junior, Bedel Patasse, Chakoule Bachelor et Papa Ministre. Bien que de nombreux Ivoiriens se posaient des questions sur l’origine de sa fortune, ses séances de distributions gratuites de billet de banque attiraient un monde fou. « Tout monde donnait en coupé décalé et voulait se faire voir, entendre son nom dans un spot ou un single de Dj et montrer lors d’une soirée dans une boîte de nuit qu’on pouvait dépenser » affirme Souverain 1er gérant de bar à la rue princesse de yopougon. Douk Saga a su redonner la joie de vivre aux Ivoiriens et les Dj Ivoiriens perpétuent son mouvement. Du coupé décalé sont nés la danse de la grippe aviaire, le kpangôr, le placali, le bobraba, le sans guêbê et nombre incalculables d’autres concepts. « Il est parti très tôt mais il a su comme ‘’un messie’’ nous faire oublier nos soucis » souligne Koffi Laurent. On retiendra de lui qu’il fut un bon vivant et qu’il aura contribué à sa manière à faire oublié les affres de la crise aux Ivoiriens.

Suy Kahofi


Impact des réseaux sociaux en Côte d’Ivoire

Il a fallu bien peu de temps pour que les internautes Ivoiriens envahissent les réseaux sociaux. Les habitués du net ont au moins un profil sur Netlog, Unik, twitter et surtout sur le plus célèbre des réseaux sociaux facebook. Sur la toile chacun a ses petites habitudes mais l’objectif est partout le même : être vu, échanger et surtout toucher un maximum de personne au cas où l’on organise un évènement.

Les habitudes sur les réseaux sociaux

Sur les réseaux chacun a ses petites habitudes. Il y a ceux qui viennent exclusivement pour le tchat et pour se faire des amis, ceux qui sont des passionnés de vidéo en ligne, de partage d’image et vient pour finir les professionnels qui utilisent les réseaux comme support de travail. « Je suis constamment sur facebook car j’appartient à un petit club de collectionneurs de chaussure de sport. Je viens afficher mes dernières trouvailles et voir celles de mes amis » affirme Soro. « Moi je suis mannequin et je viens pour afficher mes photos. Elle me permettront d’être vu par des stylistes ou des responsables d’agence » déclare Xéna. Philipe Kouakou est commercial dans une entreprise d’électronique et la meilleure façon pour lui de faire la publicité de son nouvelle arrivage c’est de se connecter sur le profil facebook de son entreprise. Il affiche fièrement ses 3762 amis ! « Avec autant d’amis je suis sûr de toucher un nombre important de personnes. 3762 à la base sans compter les amis de mes amis et si je me dis que chacun à au moins 300 amis imaginez-vous combien de fois ma pub sera efficace » affirme le jeune homme avec un sourire malicieux ! Facebook et twitter sont également l’empire du show-business abidjanais : pour les spectacles, soirées dansantes, bal à thème et show case les tenanciers d’espace de divertissement ont leur profil. « Le face’ c’est la meilleure manière de toucher les night-cluber » affirme Souverain 1er gérant d’un bar à la rue princesse à Yopougon avant de conclure « je peux sans risque de me tromper dire que les réseaux sociaux te font économiser 40% de ton budget de communication ». Journalistes et bloggeurs utilisent également les réseaux pour partager vidéo, photo mais surtout les liens de leurs articles.

Les victoires des réseaux en 2010

Les réseaux sociaux ont montré leur efficacité à plusieurs reprises en Côte d’Ivoire. J’en veux pour preuve deux évènements majeurs au cours de l’année 2010 : la libération du journaliste Théophile Kouamouo et l’opération don de sang pour Jodah. Théophile Kouamouo est un journaliste et bloggeur célèbre. Patron du quotidien Nouveau Courrier, il est le créateur de la première plate forme de blog en Côte d’Ivoire : Ivoire Blog. Aussi lorsque la justice Ivoirienne met le grappin sur l’homme et deux de ses collaborateurs pour une enquête sur la filière café-cacao c’est toute la toile qui se mobilise pour sa libération. Les messages de soutien sont postés et partagés via twitter et facebook. L’effet était immédiat sur le terrain car à chaque marche et à chaque procès ceux qui connaissaient Théo par le net venaient le soutenir. Certains internautes ont même pu voir Théophile Kouamouo pour la première fois car il était plus un ami virtuel pour plusieurs personnes ! Cette mobilisation a certainement contribué à apporter un soutien moral aux détenus et à contribuer à leur libération. L’histoire de Jodah quant à elle est une chaîne de solidarité virtuelle qui s’est matérialisée. La jeune fille luttait entre la vie et la mort car elle avait besoin d’une transfusion : étant d’un groupe sanguin rare il lui fallait un donneur mais où le trouver ? Un message diffusé par la bloggeuse Ghislaine Attha et relayé via les réseaux sociaux entraîne une véritable mobilisation pour Jodah. L’action virtuelle se matérialise en une chaîne de donneur et grâce à la mobilisation des internautes Jodah est sauvée d’une mort certaine !

Les réseaux sociaux continueront d’attirer de millier d’Ivoiriens quand bien même souvent on regrette des dérives. Les injures, photos obscènes et commentaires déplacés font aussi le quotidien des échanges sur facebook mais ces dérives ne sauront en rien jeter une ombre sur le côté positif des réseaux sociaux.

Suy Kahofi


Les femmes au cœur des fumoirs Abidjanais

Un nombre de plus en plus important de femmes consomment la drogue et sont des fidèles abonnées des fumoirs d’Abidjan. De Cocody à Marcory en passant par Abobo et Treichville, les habitués connaissent l’emplacement exact des boutiques tenues par les dealers. Nos guides dans les nuits chaudes d’Abidjan ont pour surnoms Adamo et Che Guevara, deux revendeurs de drogue à Marcory. Contre la garantie de ne plus chercher à les revoir après notre enquête, ils ont accepté de nous guider sur les pas des filles du réseau.

Les raisons d’une addiction de plus en plus importante

« Les filles qui viennent ici pour se gbaner (se droguer) sont les gos (petites amies) des kêneurs (vendeurs de drogue). Elles vendent aussi la drogue mais elles fournissent surtout les tchoins (prostitués) et leurs patrons » souligne d’entrée de jeu Adamo. Son territoire à lui c’est le bas du pont aux environs d’Anoumabo. Là, il voit défiler chaque jour un nombre important de jeunes filles. « La drogue on y vient souvent par imitation et à force de vivre avec quelqu’un qui consomme ‘’ça’’ tu finis par aimer. Or ce qui est mauvais c’est que quand tu commences, tu ne peux plus t’arrêter » affirme Adamo avant de conclure « les filles qui viennent ici sont de toutes les couches sociales : commerçantes, étudiantes et même fonctionnaires ». Il reconnaît souvent des anciennes clientes devenues aujourd’hui femmes au foyer qui reviennent pour une petite dose : « la drogue ça ne s’oublie pas » nous dit-il. Les filles qui se droguent viennent parce que poussé ou pour ne pas avoir froid aux yeux. Elle recherche pour certaines les amphétamines et de l’herbe. L’héroïne et la cocaïne étant plus chers, elles les récupèrent généralement pour la vente à des consommateurs nantis.

L’organisation du réseau

Plusieurs filières de vente existent dans le marché abidjanais de la drogue. Par exemple, les étudiantes consomment et rachètent la drogue pour alimenter leurs réseaux sur les campus. Au sein de ce réseau, on compte un nombre important de filles qui le jour sont étudiantes mais la nuit deviennent des prostitués. La drogue leur permet de tenir le coup et ‘’d’aligner’’ un nombre plus croissant de clients. Les macros utilisent la drogue pour le dressage de leurs protégées. Elles sont généralement jeunes et viennent des pays comme le Togo et le Ghana. Ces prostituées de luxe sont très appréciées dans les milieux chics de la ville et les bars de strip-tease. « Quand ils ‘’recrutent’’ les filles, ils les bourrent de drogue et les font violer en série par des hommes. La fille ‘’rodée’’ est jetée sur le bitume avec chaque matin une dose pour ne pas être timide, tenir contre la faim et faire le meilleur profit » soutien Adamo.

Corruption et pot de vin

Certains policiers sont connus du milieu : ils viennent pour prélever la taxe en nature ou en espèce et laissent le business se poursuivre. Dans les fumoirs on vend un peu de tout : marijuana, cocaïne, haschisch et des comprimés (bleu bleu) qui font parti d’une gamme d’amphétamine. Les doses ont un prix qui oscille entre 100 f et 9000 f CFA. A ce prix les victimes féminines se comptent par dizaine et si certaines ne deviennent pas folles, elles finissent dans des camps de délivrance ou des hôpitaux.

Victimes et cure de désintoxication

Elisabeth que nous avons croisée complètement bourré dans un fumoir à Anoumambo est aujourd’hui internée dans un camp de délivrance à Treichville. Ce camp a accueilli un célèbre chanteur de zouglou pour son addiction aux drogues dures ! Ici la désintoxication se fait seulement par la prière et les crises dues au manque sont récurrentes. « C’est pas facile : on nous impose des jeûnes, on prie beaucoup et nous sommes enchaînés car pour eux nous sommes fous ! » soutien Elisabeth une grosse chaîne au pied. Pendant que nous échangeons, une fille internée pour les mêmes raisons se met nue sous nos yeux. Les démonologues nous prient de quitter les lieux. Nous retrouvons alors Che Guevara : c’est un dealer VIP ! Il fournit des bars climatisés et des boîtes ayant des fumoirs. « Dans ces bars il y a des salles où les gens se retirent pour fumer ou sniffer. Les femmes qui y viennent sont des grandes Dames, on ne pourra jamais les soupçonner la journée » souligne notre guide. Dans ces bars les fumoirs sont dissimulés par des trompes l’œil et on y entre qu’après avoir montré patte blanche.

Bien que des associations de femmes se battent contre ce fléau, les efforts pour arriver à stopper l’action des dealers et des propriétaires de fumoirs semblent rester vain. Le laxisme de la police des stupéfiants et celles des autorités Ivoiriennes est souvent critiqué. Que cache ce laxisme ? Qui protège qui dans ce business ? Difficile de percer les dessous d’une activité aussi lucrative.

Suy Kahofi


L’étranger n’est pas un ennemi

« Les ennemis de l’Afrique se sont les africains ». Cette phrase extraite d’un des tubes à succès du pape du reggae africain, Alpha Blondy m’a toujours séduit dans la mesure où elle met le peuple africain devant ces responsabilités. L’africain aime bien accuser l’occident lorsqu’il a des problèmes : c’est toujours l’autre et jamais lui ! L’africain ne se remet jamais en cause : se sont les blancs qui ne veulent pas de son bien, la France lui apporte la guerre, les USA colporte les génocides, Dieu lui-même ne veut pas de son bien car nous avons la peau noire et nous sommes donc les descendants maudits de Noé.A force d’accuser l’occident, l’étranger ou le blanc, l’africain a fini par développer un pseudo panafricanisme qui a muté vers une xénophobie sans égale ! C’est malheureusement sur cette fibre ultra-nationaliste que nos chers dictateurs et dirigeants corrompus jouent pour endoctriner le peuple ! Même entre nous africain nous nous rejetons la pierre de nos échecs.

Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, l’échec né du second tour de l’élection présidentielle qui a débouché sur une crise post-électorale est imputé à l’étranger. La France, les USA, le Burkina Faso, le Mali…bref la CEDEAO, L’ONU, l’UA pour ne pas dire que le monde entier est ennemis du peuple Ivoirien. Avant d’accuser et de menacer les étrangers vivants en Côte d’Ivoire, j’aimerais que la jeunesse de mon pays comprenne que nous sommes à l’origine de nos problèmes. J’ai n’ai pas souvenir d’avoir vu un malien, un burkinabé, un togolais ou un béninois aller aux urnes : se sont les Ivoiriens qui sont allés aux urnes et donc s’il y a un problème c’est d’abord eux. Alors pourquoi les ressortissants étrangers vivants en Côte d’Ivoire doivent-ils cueillir des propos xénophobes du simple fait que l’ECOMOG décide d’intervenir en Côte d’ivoire ? Pourquoi des ressortissants français sont intimidés quand ils circulent en voiture ? Les étrangers vivants en Côte d’Ivoire ne sont pas allés chercher l’ONU, se sont les Ivoiriens qui ont fait venir la mission. Avant de s’en prendre donc au pauvre vendeur de garba nigérien, au charretier burkinabé, au maçon togolais et aux boucher nigérian qui savent à peine ce que signifie CEDEAO, les Ivoiriens doivent comprendre qu’ils sont à la base de leur problème. Il faut commencer par cette étape avant de penser à trouver des voies pour une sortie de crise. De grâce chers Ivoiriens vous devez comprendre que la politique extérieur de Nicolas Sarkozy n’a rien en commun avec les français vivants en Côte d’Ivoire. La politique extérieur de Blaise Compaoré n’engage pas les burkinabés vivants en Côte d’Ivoire. « Après la crise chacun rentre chez lui » triste d’entendre ce genre de réflexion au moment où la Côte d’Ivoire dit prier pour la paix. La Bible et le Coran n’attestent-ils pas que l’étranger est une source de bénédiction ? Chacun chez lui : nous mettons les 17.000 français dehors et Sarkozy nous rapatrie les 50.000 Ivoiriens résidants en France sans compter le nombre incalculable de sans papiers ? De même qu’un Libanais est étranger en Côte d’Ivoire, un Ivoirien est aussi étranger en Afrique du Sud et même plus proche de nous au Burkina. Arrêtons de nous intoxiquer à la sève de la haine de l’étranger et pensons à résoudre nos problèmes.

Suy Kahofi


15ème Conférence des chefs d’Etat de la zone UEMOA : la victoire du gouvernement Soro

15ème Conférence des chefs d’Etat de la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) ce samedi 22 janvier, la crise post-électorale ivoirienne a dominé les débats. Bien qu’invité à cette conférence le président Laurent Gbagbo n’a pas fait le déplacement vers Bamako. Certaines indiscrétions faisaient néanmoins état d’envoyés du gouvernement Aké N’go présentés dans les couloirs de la conférence comme un groupe de lobbying auprès des décideurs de l’UEMOA.Au sujet de la crise Ivoirienne qui a dominé les débats le président en exercice de la Conférence, Amadou Toumani Touré a tenu à souligner pourquoi la crise ivoirienne mérite toute l’attention des Etats membres de l’UEMOA. En effet le pays représente environ 40% de la masse monétaire du bloc et une crise à long terme pourrait bien fragiliser l’union. « Quand la Côte d’Ivoire s’enrhume c’est toute l’UEMOA qui tousse » avait-il lancé en prélude aux travaux des chefs d’Etats. Le président Amadou Toumani Touré comme la majorité de ses pairs africains n’a pas manqué de souligné que la meilleure manière de trouver une solution à la crise post-électorale Ivoirienne demeure le dialogue.

Au-delà de l’aspect politique de la crise Ivoirienne, l’UEMOA s’est également penchée sur le contrôle des comptes de la Côte d’Ivoire à la BECEAO. Sur ce point économique, le gouvernement Soro remporte une victoire avec à la clé la démission du gouverneur Philippe Henri Dakoury Tabley, acculé pour une présumé opération de 80 milliard sur le compte Ivoirien de la BECEAO à destination du gouvernement Aké N’go. Difficile de parler de démission car dans son adresse à la presse Mr Dakoury a clairement souligné qu’il « a été contraint à la démission ». Il consacre certainement une formule politiquement correcte pour parler de limogeage. Malgré les contestations du gouvernement de Laurent Gbagbo, il revient désormais au Docteur Alassane Ouattara de nommer le prochain gouverneur. On pourrait dire que l’opération séduction de Soro Guillaume consacre une victoire du type trois en un : la signature d’ADO validé, sa victoire reconnue et la nomination dans les jours avenirs d’un nouveau gouverneur.

Suy Kahofi


Pays en crise cherche médiateur

« Il faut sortir de la crise Ivoirienne sans un seul coup de feu, de façon pacifique » voici la rengaine martelée par tous les diplomates et tous les chefs d’Etat africains qui se prononcent sur le brûlant dossier Ivoirien. Depuis le 28 novembre 2010 on assiste à un ballet incessant de médiateurs sur les bordures de la lagune Ebrié. Malgré l’expérience des uns et des autres, chacun bute sur l’intransigeance d’Alassane Ouattara et surtout celle de Laurent Gbagbo. Seul contre tous le Woody de mama sait que tous les médiateurs qui viennent au palais le croiser sont porteur d’un seul et unique message : « vous devez céder la place à votre rival ».Or Laurent Gbagbo n’étend pas céder à cette injonction ! Dans ce cas de figure le camp LMP trouve désormais que tous les médiateurs sont les ennemis de leur charismatique leader. Alassane Ouattara quant à lui ne semble pas avoir de problème : tous les médiateurs font l’affaire de l’ancien premier ministre d’Houphouët Boigny. Alors qui fera donc l’affaire du camp Laurent Gbagbo ? Voici je pense quelques critères à remplir pour être le médiateur qu’il faut dans la crise ivoirienne.

Critère N°1 et non des moindres ne soyez ni l’ami de Gbagbo ni celui de Ouattara : neutralité totale. Ensuite ne reconnaissez pas la victoire de Ouattara au détriment de celle de Gbagbo : neutralité totale. Il vous faut par ailleurs respecter la constitution ivoirienne, le conseil constitutionnel mais évité de cracher sur la CEI et la certification de l’ONUCI : neutralité totale. Ne pas égratigner dans son discours les FDS fidèles à Gbagbo et les FAFN fidèles à Ouattara car aucun camp n’a un charnier à cacher et défend la république à sa manière. Le médiateur doit éviter les mots qui fâchent : on ne traite pas les jeunes patriotes d’ultra nationalistes à la solde de Laurent Gbagbo et les forces de l’ONUCI n’apportent pas un soutien aux rebelles. On ne parle pas de blocus autour du golf car tout le monde est sous blocus : selon les rédacteurs du quotidien Le Jour Plus le président Gbagbo se déplace exclusivement entre le Plateau centre des affaires et sa résidence de Cocody. Le médiateur peut venir de tous les pays monde mais les pays qui feront l’affaire du camp Gbagbo sont  la Chine, la Russie et l’Angola. Enfin le médiateur doit avoir d’autres positions à défendre que celle de l’Union Africaine, de la CEDEAO, de l’UEMOA, de l’Union Européenne, des USA et de l’ONU. A lire tous ces critères on se demande bien s’il existe quelqu’un sur cette terre capable de les remplir ! S’il s’agissait de s’en tenir à ces critères les volontaires seront bien rares mais tout le monde veut sauver la Côte d’Ivoire et quand bien même le dossier soit brûlant chacun n’hésite pas à s’en saisir.

Alors si personne dans l’immédiat ne rempli toutes ces conditions choisissons l’option de Jacob Zuma : trouver un deal entre ADO et le Woody pour que les deux puissent ‘’gérer’’ la Côte d’Ivoire. Ils peuvent le faire puisse qu’ils se sont présentés aux Ivoiriens comme des personnes soucieuses de l’avenir de la Côte d’Ivoire mais surtout des amis de longue date.

Suy Kahofi


Vers la fin de la crise Ivoirienne ?

28 novembre + 6 semaines et toujours le statu quo ! Au cœur du conflit ivoirien la reconnaissance totale de l’un des deux hommes forts d’Abidjan. Si la communauté Internationale reconnaît Ouattara comme Président en lui apportant tout son soutien ferme, Laurent Gbagbo est fort du soutien de ses militants et d’une armée qui lui a juré fidélité. Au milieu de ce débat de clans interposés le peuple Ivoirien qui semble payer le plus lourd du tribu. Les morts (officiellement 250), les déplacés internes, les réfugiés se comptent par milliers.Inflation, pauvreté et fracture ethnique font le quotidien des Ivoiriens. Les positions sont de plus en plus tranchées et elles se radicalisent mêmes ! « De la même manière que certains sont prêts à mourir pour Gbagbo, d’autres sont prêts à le faire pour Ouattara » nous indique un leader de la société civile.

Dans cet univers chaotique la diplomatie semble abattre ses dernières cartes. Gbagbo Laurent ‘’pour sauver’’ la Côte d’Ivoire se dit prêt au recomptage des voies. Son rival lui demande d’oublier cette proposition et de négocier plutôt les conditions de son exil ! Raila Odinga l’infatigable médiateur de l’UA vient de quitter le pays ! Depuis ce lundi il multiplie les rencontres qu’il qualifie « de constructives, intéressantes, fructueuses, enrichissantes, utiles… ». Un discours minutieusement calibré qui cache le malaise d’un échec ? Oui, l’homme s’en va : il a jeté l’éponge ! Abidjan de son côté veut entendre autre chose que les propos rassurants d’un diplomate. La CEDEAO qu’on dit manipuler par la Communauté Internationale pour ne pas dire les USA et la France a d’autres chats à fouetter que de prêter attention aux prêches enflammées des pro-Gbagbo qui chaque jour organise rencontres, colloques et déjeunés pour expliquer la victoire et surtout les visions panafricanistes de leur leader. Les chefs d’Etats major de la CEDEAO se réunissent à Bamako pour prévoir les stratégies militaires de l’ECOMOG. Le CEMA du Nigeria qui conduisait les débats a réaffirmé « le total accord de tous les pays membres en cas d’intervention militaire ». Voici une rencontre qui doit bien réjouir les militaires Ivoiriens qui attendent de pied ferme leurs homologues ouest africains pour une partie de western dans les savanes Ivoiriennes !

Le beau frère des Ivoiriens avait un autre programme, son excellence Blaise Compaoré accompagné de certaines autres personnalités africaines sont allés parler de la crise post-électorale avec le Président Sarkozy. Les mauvaises langues annoncent qu’ils vont négocier une intervention stratégique du COS et des Services de Renseignement pour que les satellites militaires français soient bien orientés sur la Côte d’Ivoire quand l’ECOMOG sera le théâtre des opérations. Ce mardi 17 fut riche en évènement pour la Côte d’Ivoire et les semaines avenirs le seront encore plus avec cette énième opération ville morte au bilan mitigé. Une chose est sûre avec un nombre aussi important de remèdes pour le malade, c’est clair que la guérison n’est pas du tout loin !

Suy Kahofi


Abobo : Force d’auto-défense ou rebelles infiltrés ?

La tension est visiblement retombée ce matin à Abobo PK 18 quartier situé dans le nord de la capitale Ivoirienne Abidjan après 48 heures de violence qui ont fait 10 morts dont 7 policiers. Malgré les craintes et la peur visible sur les visages des interrogations circulent : qui sont les hommes qui ont tenu tête à l’armée Ivoirienne ? Si ici certains habitants ne soutiennent pas ouvertement ces hommes de l’ombre, on cache difficilement son admiration pour ces épouvantails qui ont calmé les ardeurs des miliciens.« Depuis la marche du RHDP réprimée dans le sang nous sommes livrés à nous-mêmes ! Seules quelques patrouilles de l’ONUCI nous rassurent mais une fois la nuit tombée c’est chacun pour soit » affirme Drissa un résidant de PK 18. Pour lui les affrontements de ces dernières heures sont le fruit d’une « opération très bien préparée par l’armée ». En effet depuis deux semaines sur les portails de certaines concessions l’étrange lettre ‘’D’’ avait été inscrite. Ce symbole pour désigner les maisons marquées devait indiquer aux FDS où frapper. Cette opération dont le commanditaire reste dans l’ombre s’étend du Plateau Dokui à Anyama. Malheureusement le mot est passé et chacun a pu prendre ses dispositions ! Explication avec Tanoh un jeune homme se présentant comme un ‘’élément de sécurité’’ du quartier. « Nous avons demandé aux populations d’effacer la marque ‘’D’’ et de rester chez elles. On savait que les miliciens allaient nous attaquer alors nous nous sommes préparés pour nous défendre » déclare le jeune homme. A propos des armes dont ils disposent le jeune homme préfère laisser le soin à un autre camarade de nous répondre. Ce dernier prononcera une seule phrase : « notre arsenal de défense vient de ceux qui nous agressent, nous tuent et violent nos sœurs ». Pourtant il m’est difficile de croire que ces jeunes gens à l’allure si inoffensive et surtout sans entraînement militaire puissent « manier avec autant d’aisance des lances roquettes de type RPG ». Mon inquiétude est partagée par un officier qui malgré son agacement à notre vu lâche sa colère. « Petit frère que les médias occidentaux arrêtent de dire que l’armée s’attaque à des civiles aux mains nues ! Nous avons perdu 7 hommes en deux jours face à des hommes qui connaissent les tactiques les plus poussées du combat urbain. De grâce il y a des rebelles ici et il faut les déloger : nous compter le faire ! ».

La polémique enfle donc depuis le retour au calme à Abobo PK 18 sur l’identité réelle des hommes qui se sont attaqués aux FDS. L’ONUCI quant à elle ne polémique pas sur l’identité des personnes qui ont ouvert le feu sur l’une de ses patrouilles mixtes. Le communiqué officiel souligne clairement que la patrouille « a essuyé des tirs croisés venant d’éléments des FDS fidèles à Laurent Gbagbo ».

Suy Kahofi


« La démocratie s’impose aussi par le canon »

Ce mardi matin (ndlr hier 11 janvier) un contact à Abobo PK 18 me signale un ballet de cargo et de pick-up de la BAE (Brigade Anti-émeute) et de la Garde Républicaine. Alors que je me rendais sur les lieux, le quartier était bouclé : la raison de cette présence policière serait une chasse aux rebelles. Inutile de revenir sur le bilan humain de l’opération car tout le monde le connait ! Ma journée d’hier ne fut pas aussi vide bien au contraire j’ai eu la chance de tomber sur un témoignage vivant de ce que peut-être la force légitime de la CEDEAO. Pour lui si la Côte d’ivoire ou plutôt Laurent Gbagbo et ses partisans s’entêtent à garder le pouvoir « l’ECOMOG aura toutes les cartes pour sévir ».Sam Newator voici le nom que me donne le jeune libérien d’environ 36 ans. L’homme regardait d’un œil assez distrait le siège du HCR par ses compatriotes. Après quelques politesses et une rassurante cigarette l’homme se propose de me raconter sa guerre à lui autour d’une bière. Difficile de dire si mon interlocuteur n’a pas monté un scénario hollywoodien mais une chose est sûre c’est qu’il me parlait avec beaucoup d’assurance. « J’ai été une jeune recrue de prince Johnson puis envoyé en Sierra Léone j’ai déserté et je me suis retrouvé à combattre au côté de Fodey Kalet, un jeune chef rebelle aux pratiques d’ivrogne qui vivait plus de rapt et de vol commis dans les autres camps rebelles » affirme le jeune homme. Il me dira que la guerre il l’a vécu et que c’est bien l’une des rares choses qu’il puisse souhaiter à un peuple. « Quand les Ivoiriens me disent qu’ils ont vécu la guerre je me moque d’eux car la guerre ce n’est quelques jours d’accrochage entre forces loyalistes et rebelles. La guerre c’est le KO et un KO total ! Le KO est tel que les hommes politiques n’ont même pas le temps de s’asseoir autour d’une table négociation ! » déclare Sam. « J’apprécie la Côte d’Ivoire parce que les gens se parlent mais avec la crise post-électorale et ces meurtres en série les choses risquent de se gâter ! L’action des médias ne favorise pas aussi l’instauration d’un climat apaisé et cela m’inquiète. La Côte d’Ivoire s’enlise dans une crise et au fur et à mesure que les négociations échouent, le potentiel usage de la force devient une réalité ». A ce moment de son récit Sam prend un ton plus sérieux, plus grave en prononçant le mot ECOMOG ! « J’ai eu la triste opportunité de les voir sur deux théâtres d’intervention et si les rebelles les appellent ECOWAS Bad Dog c’est parce qu’ils savent que ces militaires ne sont pas des enfants de cœur ! Ils ont les moyens et surtout l’audace de faire plier les chefs de guerre même les plus téméraires ! Ils ont bouté Taylor hors du Libéria et imposé des élections en Sierra Léone en rasant pratiquement Freetown. Que la Côte d’Ivoire ne pousse pas la CEDEAO à faire venir ces militaires ici sinon ce peuple va le regretter toute sa vie ! » souligne inquiet le jeune homme. Pour lui l’armée de Laurent Gbagbo quelque soit les armes qu’elle aura ne pourra pas tenir face à des hommes rompus à l’art du combat depuis des années surtout quand ceux-ci ont fait disparaître de l’histoire des conflits ouest-africians des groupes rebelles entiers. Il nous dira que tous ces pays qui font semblant de soutenir Gbagbo ou d’être neutres seront les premiers à faire venir des troupes lorsque les USA et la France ouvriront le tiroir pour financer l’opération militaire.

« Les occidentaux, je veux parler de la ‘’grande communauté Internationale’’ ont les moyens d’imposer la démocratie en Afrique par tous les moyens y compris par les MIRAGES et les F16. Un embargo serait invivable pour ce pays et c’est parce que certains Ivoiriens ignorent les retombés d’un embargo qu’ils prétendent pouvoir tenir. Je prie que la CEDEAO n’intervienne pas ici car je suis fatigué de marcher d’un pays à l’autre » déclare Sam en riant. Son vœu s’est que la classe politique puisse trouver une solution négociée et pacifique à la crise car le ton belliqueux des autorités fidèles à Laurent Gbagbo face à la CEDEAO joue à leur désavantage.

Suy Kahofi


La presse Ivoirienne en cure éditoriale à Accra

Les 7 et 8 janvier 2010, sur initiative de Media Fondation for West Africa dont le siège se trouve à Accra au Ghana, les organes de presse d’Afrique se sont réunis dans la capitale ghanéenne pour réfléchir sur les nouvelles stratégies visant à promouvoir la presse et les médias en Afrique de l’ouest. Invité spécial de cette rencontre, la presse Ivoirienne qui dans un contexte de crise post-électorale devait recevoir de une aide éditoriale et faire un monitoring de la situation des médias en Côte d’Ivoire.

Les professionnels des médias représentants la Côte d’Ivoire ont pris d’importantes résolutions pour contribuer à asseoir un climat de paix en Côte d’Ivoire et contribuer à un dénouement heureux et surtout pacifique de la crise. Dans les jours avenirs les professionnels des médias organiseront un forum avec les protagonistes de la crise. Cette table ronde aura pour mission d’exposer le point de vu des hommes de média sur la résolution de la crise et ce niveau le président du CNP (Conseil National de la Presse) Eugène Djé Kacou souligne que la presse doit prendre ses responsabilités. « S’il n’y a plus de pays il n’y a plus de médias et donc nous devons contribuer au retour de la paix. On accuse le plus souvent les médias d’attiser le feu du conflit en Côte d’Ivoire, je crois qu’il est temps pour nous d’apporter de l’eau afin d’éteindre ce feu ». Au-delà de ce forum les journaux Ivoiriens devront s’engager dans la rédaction d’éditoriaux communs quelque soit leurs bords ou leur ligne éditoriale fut-elle dictée par un parti politique. Si la presse Ivoirienne s’accorde à réussir ce projet elle sera d’une importance capitale pour la résolution de la crise dans la mesure où les principes d’impartialité seront respectés. Il est prévu également la rédaction de message de paix et de tolérance à la une des différents canards Ivoiriens.

Suy Kahofi


ONUCI Fm, la radio la plus écoutée depuis 1 mois !

Malgré les propos de plus en plus hostiles à l’endroit de l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire, sa radio est la plus écoutée…

Voici environ quatre semaines que dans un contexte de crise post électorale en Côte d’Ivoire, je me suis aventuré à mener des enquêtes (sondages) auprès des Ivoiriens sur leurs habitudes d’information. Dans un précédent article sur la presse Ivoirienne j’ai tenté tant bien que mal de mettre en lumière les tendances de lecture des journaux nationaux. Cette fois ci j’ai décidé de rendre public les conclusions d’un petit sondage sur les radios dédiées à l’information et émettant depuis Abidjan.Sur un échantillon d’environ 1200 personnes allant du cordonnier au cadre de banque en passant par la coiffeuse et l’enseignant, je me suis rendu compte que ONUCI Fm est la radio la plus écoutée. Une seule question au centre  de ce sondage : quelle est la radio que vous écoutez depuis le 28 Novembre ?

Les facteurs favorisants le succès d’ONUCI Fm

L’une des raisons principale pour laquelle ONUCI Fm à glaner un nombre important d’auditeur est le silence de RFI notamment à Abidjan ! En l’absence de la chaîne française considérée comme la bête noire du régime Ivoirien, un nombre important d’habitants se sont rabattus sur la fréquence de la paix pour trouver un contre poids aux informations diffusées par les radios de la RTI. Depuis le début de la crise, l’écoute de la radio est passée de son caractère de distraction (divertissement) à celui d’information. Partisans du RHDP et même du LMP écoute ONUCI Fm pour disent-ils « comparer l’information ». En effet les Ivoiriens, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne se bornent pas à boire le calice des nouvelles venues des chaînes d’information publique. En huit ans de crise les Ivoiriens ont compris combien de fois le contrôle de l’information joue un rôle important dans l’endoctrinement des masses. « Certains peuvent dire que ONUCI Fm est une radio partisane mais elle au moins à le courage de tendre son micro à tous les protagonistes de la crise : il y a donc un certain équilibre. Les journalistes n’utilisent pas des propos haineux ou orduriers et ça personne ne peut le nier » affirme Sinan Ismaïla. « Moi j’apprécie également l’instauration d’un flash chaque heure avec des informations actualisées » déclare un chauffeur de taxi qui a préféré garder l’anonymat. Au-delà de l’information, ONUCI Fm joue la carte de la proximité en diversifiant ses unités de valeur. Les chaînes musicales perdent jour après jour leur auditeurs et cela s’explique selon N’guessan Oscar par la subtilité du programme de la radio des Nations Unies. « Ils ont une bonne programmation musicale et de bons magazines qui ne vous donne pas le courage de toucher au tuning de votre récepteur ! Ils nous offrent des anciennes chansons qui attirent tous les âges ! ». En plus d’émettre 24/24 à Abidjan ONUCI Fm couvre plusieurs localités du pays avec des relais et un réseau de correspondants rendant compte en temps réel de la situation sur le terrain.

C’est la radio des Nations Unies en Côte d’Ivoire n’est pas appréciée par tout le monde. On lui reproche notamment son soutien au Gouvernement du Premier Ministre Guillaume Soro et d’être « la voix des Forces Nouvelles ». Certains Ivoiriens nous ont également dit avoir été intimidé ou même molesté pour avoir écouté ONUCI Fm. Enfin les trois quartiers ou la chaîne est la plus écoutée sont Treichville, Abobo et Port-Bouët.

Suy Kahofi


Abidjan : quand la rumeur fait son show !

A Abidjan toutes les informations ou presque sont d’abord des bruits de couloir, des murmures, des chuchotements… des rumeurs ! Malheureusement celles-ci ont la réputation de créer bien souvent des chocs psychologiques.

La rumeur n’appartient à personne, à aucun camp politique mais elle semble servir la cause des uns et des autres. Difficile de dire où et quand elle naît mais son action est visible auprès des populations !

La rumeur de la décennie

L’exemple le plus frappant de ces dix dernières années concernant les rumeurs en Côte d’Ivoire fut celle qui annonçait la mort du Président Jacques Chirac. En 2004 après les évènements de l’hôtel Ivoire, alors que le sentiment anti-français avait atteint son pic, une rumeur a permis à tout le pays de vibrer quelques heures. La Côte d’Ivoire venait de perdre lamentablement un match de foot des éliminatoires combinés CAN coupe du monde face au Cameroun. Chacun a préféré rentrer se coucher mais quelques heures après cette grande tristesse Abidjan était en joie ! « Je n’avais jamais vu les Ivoiriens en joie à ce point depuis le début de la crise ! Au début j’avais du mal à comprendre ce qui se passait puis un chauffeur de taxi m’a lancé l’information : tu n’es pas dans le pays ? Chirac vient de mourir ! » se rappelle Yannick Kouamé. Les fêtards d’un soir on juste eu le temps de passer leur ivresse pour constater que le président français était toujours vivant !

Les rumeurs dans la crise

A l’origine le bouche à oreille servait à véhiculer les rumeurs mais aujourd’hui elle s’est mise à la mode des NTIC ! Sms, email et sites de partage sont les supports les plus utilisés. Dans ce contexte la rumeur devient une arme pour combattre le camp en face. Les protagonistes engagés dans la crise post-électorale redoutent bien la rumeur car elle est utilisé pour semer le doute chez les Ivoiriens dont plusieurs n’ont pas les moyens de savoir si elle fondée ou pas. Alors chaque jour qui passe engendre de nouvelles rumeurs.  Les dernière en date sont les suivantes : le dialogue direct Ouattara Gbagbo, les maisons marquées et le retour des escadrons de la mort ! Si la première rumeur avait réussit à attirer l’attention des Ivoiriens, elle a vite été démenti par le gouvernement d’Alassane Ouattara. Les deux autres par contre ont crée un véritable psychose ! Les maisons marquées telles que présentées par monsieur tout le monde sont des cibles pour les mercenaires qui élèvent et tuent. Des informateurs anonymes dit-on sont chargés de repérer ‘’les ennemis’’ des différents régimes. « Depuis que j’entends parler des maisons marquées je ne trouve plus le sommeil. Je ne suis pas du même bord politique que mes voisins alors j’ai peur que l’un d’entre eux me livre » s’inquiète Mlanhoro Eude. La peur, voici ce que crée la rumeur chez plusieurs Ivoiriens surtout quand il s’agit du phénomène des escadrons de la mort ! Rumeur ou pas quand on parle d’escadrons de la mort à Abidjan chacun retient son souffle ! A défaut d’avoir des véritables conclusions d’une enquête sur leur existence, les escadrons sont toujours restés dans le domaine de l’imaginaire mais on leur attribue un nombre important de meurtres et d’exécution sommaire.

Pour beaucoup d’Ivoirien bien que la rumeur soit un flot d’informations à peine vérifiées ou vérifiables, elles pourraient bien contenir une part de vérité. Alors attention, la rumeur se repend comme une traînée de poudre dans la cité, gare à celui ou celle qui osera lui prêter une oreille même distraite.

Suy Kahofi


La crise Ivoirienne dans l’impasse

Deuxième mission de la CEDEAO en Côte d’Ivoire et toujours le statu KO. Laurent Gbagbo n’entend pas céder son fauteuil à Alassane Ouattara malgré toutes les garanties de l’organisation sous régionale. La menace d’utiliser la force pour déloger le président sortant s’éloigne et cède la place au dialogue.

Un dialogue de sourd car chaque camp refuse d’entendre les explications de l’autre. Dans le camp de Laurent Gbagbo on assure qu’il existe une solution pacifique à la crise post-électorale par le dialogue. Le conseiller diplomatique de Laurent Gbagbo, Gnamien Yao a affirmé que « la communauté internationale n’avait pas de soucis à se faire » et que « la Côte d’Ivoire fait office d’exception ». Il a rappelé que la Côte d’Ivoire a traversé des périodes plus difficiles que celles qu’elle vit et qu’elle s’en sortira par la voie du dialogue. « De quel dialogue parle Laurent Gbagbo ? » s’indigne Ali Coulibaly le conseiller diplomatique d’Alassane Ouattara. « Le président sortant a eu toutes les chances pour se retirer dignement, il n’est plus question de dialogue : il a perdu les élections qu’il parte ! ». Les positions se radicalisent au plan politique et pendant ce temps la misère et la fracture sociale gagne du terrain. Les affrontements inter-ethniques sont de plus en plus importants dans l’ouest du pays, des voisins ne s’adressent plus la parole, des jeunes se regardent en ennemis et sont toujours prêts à la bagarre et aux propos injurieux pour le moindre motif. Les enlèvements, intimidations et meurtres sont le quotidien des Ivoiriens. Plus grave, le nombre de réfugiés Ivoiriens a passé le cap des 20.000. Il s’agit notamment de femmes et d’enfants épuisés par de longues heures de marche dans la forêt.

L’organisation ouest africaine se réserve le droit d’utiliser la force

La CEDEAO n’écarte toujours pas l’usage de la force même si celle-ci s’éloigne un peu pour le moment. Seule annonce qui aurait pu détendre l’atmosphère, celle de la possible levée du blocus autour de l’hôtel du golf. Une première annonce en se sens avait été faite mais sans aucun effet sur le terrain, pire les religieux et autres acteurs de la société civile qui ont tenté d’approcher l’hôtel ont été repoussé de façon peut recommandable. Les militaires ont souligné qu’ils étaient en zone de guerre ! Pour les militants du RHDP c’est du ‘’glaguer tuer’’ ! « Les intensions de monsieur Gbagbo ne peuvent être que lugubres ! Il veut lever le blocus pour infiltrer l’hôtel et s’attaquer à nos leaders » souligne Soumahoro un jeune militant venu à cocody pour prendre des nouvelles d’un ami porté disparu. Il va plus loin en demandant que « le blocus reste pour éviter que quelqu’un ne tente d’éliminer les ministres de Soro et tout autre personne du camp Ouattara ». Dans ce contexte explosif, les ressortissants étrangers retiennent leur souffle et préfèrent ne pas penser à une intervention militaire de la CEDEAO. « Nous ne voulons pas subir le même sort que les français » s’inquiète Bassirou un ressortissant nigérian commerçant à Treichville. « Si nos Présidents veulent attaquer Gbagbo ses supporters peuvent se venger sur nous ! » conclu le jeune homme avant de prendre congé de nous.

Suy Kahofi