Kahofi SUY

Revue de la semaine ivoirienne du 19 au 24 mai 2014

Affi N’guessan le patron du FPI lors de la reprise du dialogue politique
Affi N’guessan le patron du FPI lors de la reprise du dialogue politique

Pour l’an trois de son arrivée au pouvoir, Alassane Ouattara a sans doute reçu le plus beau des cadeaux politiques. La reprise du dialogue direct avec le FPI ce 22 mai après plus d’un mois de blocage écrit Le Point d’Abidjan. Pour Nord-Sud Quotidien cette reprise du dialogue politique était un rendez-vous fructueux en témoigne les acquis enregistrés de part et d’autre. 3 heures d’échange dans une atmosphère détendue indique le confrère qui écris, et nous parcourons ensemble ces quelque lignes : des tapes amicales, de chaudes poignées de mains, des mines radieuses et des rires sont les signes d’une reprise heureuse du dialogue entre le Gouvernement et le FPI. L’Intelligent d’Abidjan fort de cette ambiance conclu que le Gouvernement et le FPI sont désormais ensemble pour un nouveau départ. Pour Fraternité Matin, le Gouvernement marque ainsi sa volonté d’aller de l’avant et de travailler avec l’opposition. 150 détenus pro-gbagbo qui retrouverons la liberté, 50 comptes qui seront dégelés avec en prime la question du statut administratif des cadres du FPI qui sera revu. Pour le quotidien pro-gouvernemental ce sont là des engagements forts pris par le Pouvoir. L’Inter décide de relayer cette requête de Jeannot Kouadio Ahoussou le ministre d’Etat, ministre auprès du président de la République chargé du dialogue politique. Ce dernier a demandé au FPI de lever le mot d’ordre de boycott du RGPH 2014. Une requête qui fonde les bases d’un triomphalisme sans précédent au sein de la presse bleue. Le Temps qui descelle une faiblesse du Pouvoir jubile et indique que le clan Ouattara demande pardon au FPI. Notre Voie ne dit pas autre chose quand il soutient que le Gouvernement reconnait enfin la force du FPI. Pour Le Démocrate c’est du fifty-fifty, un deal politique : 150 prisonniers pro-gbagbo contre la levée du boycott du RGPH 2014. Le Nouveau Réveil tout en saluant cette reprise du dialogue politique indique qu’il a été en grand partie possible grâce à l’implication de la représentante du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire, Aïchatou Mindaoudou. Pendant que le pouvoir et l’opposition renouent avec le dialogue au sein du bloc administratif du Palais Présidentiel, le lieu a été le symbole d’un drame manqué. Une femme après s’être aspergée avec de l’essence a tenté de s’immoler. Qui est donc cette femme ? L’Expression nous indique qu’elle se nomme Madjara Ouattara. A-t-elle réussi à s’immoler ? Non car les forces de l’ordre présentes ont pu circonscrire le feu nous indique Soir Info qui précise que la Police pour éviter toute vague a bouclé le centre des grands brûlés. Pourquoi un tel acte ? Chacun y va de son explication, de son analyse et de son doigt accusateur. Pour Le Temps c’est le régime Ouattara qui a affamé cette Dame qui a tenté de s’immoler devant la présidence. Pour Notre Voie c’est une militante qui est venu célébrer à sa manière les trois ans de succès incontesté du régime Ouattara à la tête du pays. C’est une militante du RDR qui tente de s’immoler devant la présidence titre le confrère. Le Quotidien d’Abidjan tient à rappeler qu’il s’agit d’une première dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Doit-on y voir le début d’un phénomène Bouazizi, d’une malédiction trainé par le régime Ouattara ou le début de la fin politique du RDR ? L’Expression tempère les ardeurs et propose de dire la vérité alors toute la vérité sur cet acte. Il s’agit simplement d’une femme qui voulait en finir pour des problèmes de cœur indique le confrère. Si tels est la vraie version de l’histoire pourquoi la Présidence et non le domicile du bien-aimé se demande LG Infos ? Le mystère reste entier ! Ainsi va la Côte d’Ivoire….à la semaine prochaine.


La Côte d’Ivoire est en guerre contre le cancer du col de l’utérus

Raymonde Goudou Coffie le ministre de la santé annonce une offensive contre le cancer du col de l’utérus
Raymonde Goudou Coffie le ministre de la santé annonce une offensive contre le cancer du col de l’utérus

La Côte d’Ivoire s’engage d’une stratégie de lutte contre le cancer du col de l’utérus basée sur deux angles d’action : la sensibilisation et la prévention par une campagne de vaccination.

Le cancer du col de l’utérus est une maladie de la muqueuse du col de l’utérus. Il est causé dans la grande majorité des cas par un virus appelé Papilloma virus humain. Cette maladie représente la première cause de mortalité au sein de la gente féminine dans le monde. Selon Docteur Agba N’guessan, plusieurs facteurs favorisent cette maladie.

« Nous avons comme cause entre autre les pratiques sexuelles du sujets. Nous citerons les rapports sexuels précoces et les partenaires sexuels multiples. Aujourd’hui nous avons nos sœurs qui aiment se dépigmenter en utilisant des produits de la famille des corticoïdes. Ces produits fragilisent la muqueuse du col de utérin ».

La muqueuse du col utérin une fois fragilisé devient un terreau fertile pour le Papillonna virus humain qui vient s’installer pour causer des dégâts. Le cancer du col de l’utérus est caractérisé par des saignements vaginaux anormaux en dehors des périodes de règles ou après la ménopause. Le sujet atteint est également victime de pertes rosées ou brunâtres. Les femmes pourtant peuvent se protéger contre cette maladie et même la vaincre à condition de se soumettre à un dépistage précoce.

« Si le sujet est dépisté et que le personnel soignant détecte des lésions précancéreuses, plusieurs étapes se présentent quant à la prise en charge. Nous avons cryothérapie qui élimine les lésions quand elles sont minimes. Ensuite nous avons la lie qui permet d’éliminer les lésions un peu plus étendues et selon les cas nous aurons à pratiquer une hystérectomie, une radiothérapie ou des traitements médicamenteux » nous explique Madame Tokpé Ida est sage-femme.

La prise en charge de la maladie étant plus couteuse, la Côte d’Ivoire a décidé de miser sur la sensibilisation et la prévention auprès des couches cibles. C’est ce qui justifie la vaste campagne de vaccination à destination des jeunes filles élèves de 9 à 13 ans en cours dans le pays. Docteur Kouassi Edith Clarisse, directrice générale adjointe de la santé nous explique que la stratégie de lutte de la Côte d’Ivoire avec l’appui de ses partenaires est en grande partie basée sur la prévention.

« Cette prévention passe par la sensibilisation des populations, une prévention par les campagnes de vaccination, la formation du personnel de santé à dépister tôt la maladie et à la prendre en charge » affirme directrice générale adjointe de la santé.

A toutes ces mesures s’ajoute la mise en place des unités de prise en charge dans les structures sanitaires où se trouvent des centres gynéco-obstétriques. Faire obstacle au cancer du col de l’utérus est une priorité pour la Côte d’Ivoire car chaque année se sont 6000 femmes âgées de 20 à 50 ans qui sont victimes de cette maladie avec 85% de décès dans les pays en voie de développement.

SUY Kahofi


La BAD revient à Abidjan

La BAD revient à son siège historique d’Abidjan
La BAD revient à son siège historique d’Abidjan

Le retour de la Banque Africaine de Développement (BAD) à son siège historique d’Abidjan-plateau est minutieusement préparé par les autorités Ivoiriennes. Plusieurs chantiers ont été lancés pour créer les conditions d’un bon retour aux fonctionnaires de l’institution bancaire.

La BAD avait été délocalisée d’Abidjan à Tunis en raison du « vertige national »* qui s’est emparé de la Côte d’Ivoire pendant une dizaine d’année. Depuis la fin de la crise le 11 avril 2011, le Gouvernement Ivoirien travail au retour de la Banque qui finance le développement de l’Afrique. Parmi les chantiers de ce retour très attendu figure le renforcement des capacités immobilières de la capitale économique en vue d’offrir des conditions de logement meilleur aux agents et leurs familles. Le projet logement-BAD est un investissement pour sortir de terre 1500 logements de standing avec ou sans option d’achat. Selon Bruno Nabané Koné le ministre des TIC et porte-parole du Gouvernement, « 752 logements sont déjà recensés » mais vu l’urgence les chantiers s’accélèrent sur le terrain. En effet les dirigeants de la BAD regagnent par vague Abidjan. 50 agents sont déjà présents et 500 autres feront le voyage dans les prochaines semaines.

En plus des logements, le porte-parole du Gouvernement ivoirien confirme la livraison du siège de la BAD, la création de nouvelles voies de circulation ainsi que la réhabilitation de plusieurs autres pour faciliter le trafic entre la future cité BAD et la commune du Plateau, centre des affaires où se situe le siège de l’institution. Le volet santé et éducation n’a pas été oublier car ce sont avant tout 3000 familles au bas mot qui regagneront Abidjan ! Sur ces deux points le Ministre délégué auprès du Premier Ministre Nialé Kaba, chargé de l’économie et des finances confirme la réouverture des lycées internationaux (lycée français, lycée et l’école primaire Jacques Prévert, lycée américain). La réhabilitation des services d’urgence des CHU est en cours et sera suivi du renforcement du plateau technique de la PISAM.

Le Chef de l’Etat Alassane Ouattara veille personnellement à l’exécution des travaux liés au retour de la BAD, leur état d’avancé fait l’objet de fréquentes communications lors des différents conseils des ministres. Cette attention du Gouvernement Ivoirien n’est pas fortuite car le retour de la BAD aura des avantages énormes pour le pays. Pour Albert Mabri Toikeuse, le ministre ivoirien du plan et du développement, le retour de la BAD vient couronner les efforts de la Côte d’Ivoire dans la promotion d’un climat des affaires saint. La Côte d’Ivoire pourra désormais défendre directement ses différents dossiers pour financement puisse que les guichets de la BAD seront à sa portée. Au-delà, le retour de la BAD va booster considérablement l’économie de marché et la consommation en Côte d’Ivoire car c’est au bas mot 3000 à 4000 familles qui viendront séjourner sur les bords de la lagune Ebrié.

Là où se trouve la BAD se rencontre chaque jour les grands acteurs du développement africain. Abidjan redevient un lieu où se croiseront en plus grand nombre experts, banquier et homme d’affaire; une réalité qui renforcera le rayonnement économique et diplomatique de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est confiante et attend surtout le moment où elle pourra enfin souhaiter le traditionnel Akwaba ou bienvenue à la banque de l’Afrique.

SUY Kahofi

Pour écouter le reportage

*Expression utilisée par le conteur ivoirien Adama Adépoju pour décrire la crise ivoirienne du 19 septembre 2002 au 11 avril 2011.


Recensement : les Ivoiriens n’arrivent pas à se compter

Combien sont-ils à vivre en Côte d'Ivoire ?
Combien sont-ils à vivre en Côte d’Ivoire ?

Officiellement, le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2014) devait s’achever le 30 avril dernier en Côte d’Ivoire. L’opération n’étant pas terminée, le ministère du Plan a décidé de la prolonger. Une fois de plus.

Depuis le 17 mars 2014, 31 000 agents recenseurs ont été déployés sur tout le territoire ivoirien. Plus d’un mois après le lancement du RGPH 2014, l’Institut national de la statistique (INS) a pu sillonner 7 800 villages, 80 000 campements, 14 districts et 31 régions de la Côte d’Ivoire avec pour acquis la cartographie de 108 départements. Ces résultats provisoires de l’opération sont certes prometteurs pour Bah Ibrahim, le directeur de l’INS, mais ne voilent en rien l’ombre de l’échec qui plane sur l’opération.

De nombreux Ivoiriens n’ont jamais vu les hommes aux chasubles orange

Le gouvernement a prolongé pour la deuxième fois l’opération et certains Ivoiriens attendent toujours, en vain, les agents recenseurs.

« À la télé, on nous avait dit qu’ils viendraient, mais jusqu’à ce jour ni mes voisins, ni moi n’avons vu débarquer qui que ce soit. Je suis allé au travail et à mon retour j’ai vu des inscriptions sur le portail, mais rien d’autre », soutient Yves Diomand, un riverain du quartier Maroc à Yopougon.

Comme lui, de nombreux Ivoiriens n’ont jamais vu les hommes aux chasubles orange. Certains affirment les avoir vus exclusivement à la télévision lors de l’identification d’Alassane Ouattara et de son épouse ! Ce coup médiatique du président n’a pas pu convaincre tous ses compatriotes.

« Avant de nous recenser, libérez Gbagbo ! »

Dès l’annonce du RGPH 2014, deux camps aux arguments diamétralement opposés vont se former. Rien de bien surprenant au fond puisqu’il s’agit du traditionnel face à face entre le pouvoir des houphouëtistes et une frange de l’opposition menée par le Front populaire ivoirien. Pascal Affi N’guessan, désormais à la barre du navire pro-Gbagbo, ne manque pas d’appeler ses partisans à boycotter le recensement de la population. Le mot d’ordre : « Avant de nous recenser, libérez Gbagbo ! » Pour le FPI, les conditions ne sont pas réunies pour qu’une telle opération puisse se faire dans le climat d’un consensus national. Le parti de Laurent Gbagbo évoque notamment la question des nombreux exilés, la réconciliation en panne, le dialogue politique en dents de scie sans oublier la détention de plusieurs militaires et hommes politiques proches de l’ancien régime.

Une période de sensibilisation bâclée

À cela s’ajoute une mauvaise campagne de sensibilisation menée par le gouvernement. C’est la position d’Eric Aimé Sémien, le président de l’ONG APDH (Action pour la protection des droits de l’homme) : « Dans un État normal, il faut bien qu’on sache combien il y a d’habitants. Il faut un recensement, mais pas à n’importe quel prix. La phase pilote de l’opération a commencé avant même qu’on ne puisse voir des affiches dans la ville d’Abidjan ».

« Il a fallu donc constater la démotivation avant de penser à la sensibilisation« , s’indigne ce membre de la société civile. En effet, le recensement n’est pas une mince affaire. Dans certains pays, les autorités se donnent entre 45 et 60 jours pour boucler le recensement général de la population et de l’habitat. Cette période est précédée de 15 à 30 jours de campagne intensive de sensibilisation. Ce chronogramme n’ayant pas été respecté, les agents recenseurs se sont heurtés au manque d’intérêt des populations, à leur hostilité voire à leurs menaces.

« Lorsque j’ai sonné à la première porte de ma zone de recensement, j’ai été surpris de voir la maîtresse des lieux me dire qu’elle ne savait pas qu’il y avait un recensement ! », affirme Mohamadou Diakité.

« Vous entrez dans un domicile, dès que le chef de famille pose les yeux sur vous il vous demande de sortir si vous ne voulez pas de problème », indique Issouf Ouattara.

Des agents recenseurs mal formés

Formés dans la précipitation, les agents recenseurs ont du mal à utiliser les tablettes et autres smartphones mis à leur disposition. Très vite, le papier, les crayons et les stylos prennent la place des outils numériques. L’argument qui justifie cette situation se passe de commentaire :

« Nous n’avons pas été formés sur le matériel en temps réel« , explique un agent recenseur.

Un détail plutôt surprenant quand on sait que le coût du RGPH 2014 devrait se porter à plus 12 milliards 600 millions de francs CFA.

Bras de fer politique sous fond de boycott, mauvaise campagne de sensibilisation, formation ratée des agents recenseurs… à qui incombe la responsabilité du déroulement de cette opération ? Que peut-on reprocher aux Ivoiriens ? Certainement le manque d’engouement. Que peut-on reprocher à l’opposition et en particulier au FPI ? Certainement son appel au boycott. Que peut-on reprocher à l’INS ? Sans doute son « échec » dans l’exécution technique du projet. Mais au fond, tous ces problèmes sont liés et le gouvernement ivoirien semble en porter la responsabilité.

Alassane Ouattara s’entête à imposer le RGPH 2014 aux Ivoiriens sans tenir compte des observations de l’opposition et du peuple. Cette opération ressemble bien plus à un diktat d’un camp politique sur un autre plutôt qu’une action faite sur la base d’un consensus. À l’allure où vont les choses, les chiffres du RGPH 2014 risquent de ne refléter en rien la véritable topographie de la population ivoirienne.

SUY Kahofi

*Article publié sur le site internet de RNW Afrique.


Le top 10 des malaises sous le régime d’Alassane Ouattara (acte 1)

Ouattara et son sourire électoral qui ne rassure plus
Ouattara et son sourire électoral qui ne rassure plus.

Il aura suscité de l’espoir pour de nombreux Ivoiriens lors de son arrivée au pouvoir. Trois ans après avoir prêté serment, le président Alassane Ouattara est toujours attendu avec ses solutions sur plusieurs chantiers importants.

1 – La réconciliation nationale

La réconciliation nationale est certainement la clé de voûte de la réussite de tout le mandat d’Alassane Ouattara. En effet il hérite d’un pays défiguré par de nombreuses années de crise qui ne se résume pas seulement à la récente crise post-électorale. Les Ivoiriens traînent le lourd fardeau de la division depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993, date à laquelle l’unité apparente du pays a volé en éclats avec la guerre de succession que se sont livrés deux de ses fidèles lieutenants. Étrangement l’un des protagonistes de la bataille autour de l’héritage du « bélier de Yamoussoukro » était Alassane Ouattara. ADO aura donc pour mission de recoller les morceaux d’un pays qu’il aura lui-même contribué à diviser. Mais avant d’apaiser les cœurs, il devra être le promoteur d’une justice transversale.

2 – Une justice transversale

« Comment voulez-vous parler de justice équitable en Côte d’Ivoire lorsqu’il n’y a que les personnes d’un seul camp politique qui sont traquées par la justice ? » Cette interrogation est de Danon Djédjé, l’un des barons du Front populaire ivoirien qui s’offusquait que jusqu’à ce jour seul Laurent Gbagbo et ses partisans étaient en prison. D’ailleurs il n’est pas le seul à faire le constat de cette justice des vainqueurs qui se manifeste en Côte d’Ivoire. Amnesty International, NDI, Human Rights Watch et plusieurs autres organisations ne cessent d’interpeller le gouvernement ivoirien. Celui-ci se doit d’engager des poursuites judiciaires contre tous les auteurs de crimes liés à la crise post-électorale. Un exercice qui s’avère difficile depuis le 11 avril 2011. Gbagbo Laurent et Blé Goudé à la CPI (Cour pénale internationale), pendant que des ex-com zone qui ne sont pourtant pas des enfants de chœur sont devenus des hauts gradés de l’armée ivoirienne !

3 – L’emploi des jeunes

« Politique là on parle ça quand on est rassasié » ! Comme Djibril, un jeune apprenti Gbaka d’Abobo de nombreux jeunes Ivoiriens n’ont que faire des discours sur la réconciliation nationale, les politiques de développement ou la réforme de l’armée. Plus que toute autre chose ils aspirent à un emploi ! « Le  »gars’ nous a dit qu’il a des solutions pour les jeunes et depuis on ne voit rien » avance Liliane une jeune Ivoirienne en quête d’emploi. Le taux de chômage est toujours dans le rouge et les seules offres d’emploi visibles sont celles qui foisonnent dans le secteur de la reconstruction. Mais tous les jeunes ne sont pas des as des truelles ! Que deviennent les autres ? Ils seront sans doute promoteurs de leur propre entreprise, mais d’où viendront les fonds ? Lorgner sur la fonction publique peut-être ? Il n’y a plus assez de place pour les ex-combattants ! Le chômage en Côte d’Ivoire c’est comme un cercle vicieux où le serpent se mord sans cesse la queue. Toutes les quêtes semblent se solder par un échec comme les politiques actuelles de lutte contre la vie chère.

4 – La lutte contre la vie chère

Côte d’Ivoire, nation émergente à l’horizon 2020. Mais les Ivoiriens marchent vers cette émergence le panier et le ventre vide ! Difficile sur les marchés de la capitale économique ivoirienne de pouvoir nourrir sa famille sans y laisser les plumes ! La popote à 5 000 francs Cfa devient un luxe même pour les salariés. Le prix du riz est majoré d’une boutique à l’autre, les légumes sont hors de prix à cause du racket des forces de l’ordre et les commerçants affichent les prix à la tête de la ménagère. La politique de lutte contre la vie chère du gouvernement est un échec total. Plus elle est amplifiée plus elle donne des résultats négatifs. Les consommateurs crient leur colère face aux commerçants véreux. Les commerçants crient leur colère au gouvernement qui semble fixer taxes et impôts sans tenir compte du pouvoir d’achat des populations. Une indiscipline généralisée sur les marchés, une zizanie comme celle qui gangrène l’armée.

5 – L’indiscipline au sein de l’armée

 A les regarder déambuler avec leurs gris-gris au bras, amulettes volumineuses aux reins et une odeur qui vous coupe souvent l’appétit, les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire sont taxés la plupart du temps d’indisciplinés. Ils se prennent à la fois pour des gendarmes, policiers, militaires, juges, témoins, avocats et tout en même temps. Ne vous aventurez pas à les interpeller sur leurs comportements souvent indécents. « Toi tu es qui pour parler comme ça ? Est-ce que tu me connais ? » « Moi pour avoir mes galons j’ai tué de Vavoua à Abidjan » vous lancera votre interlocuteur. Au comble de sa colère notre jeune élément des FRCI pour dira : « Je fais rien avec Ouattara parce que c’est nous qui l’avons mis là où il est ». Quelle est donc cette armée où les hommes ont à la limite du mépris pour celui que la Constitution appelle le chef suprême des armées ? Alors que le chef n’est pas respecté que mérite le peuple ?


Réforme de la CEI : il souffle un vent de dictat!

Eric Aimé SEMIEN président de l’APDH
Eric Aimé Semien président de l’APDH

Après le long débat sur la nécessité de la tenue du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2014), la Côte d’Ivoire ouvre un nouveau chapitre du débat sociopolitique : la réforme de la CEI, la Commission électorale indépendante.

De nombreux rapports sur la situation politique de la Côte d’Ivoire à l’image de ceux du NDI (National Democratic Institut) ont pendant longtemps invité le gouvernement ivoirien à se lancer dans une opération de réforme de la CEI. Le gouvernement ivoirien a accédé à cette requête; une décision saluée par la communauté internationale. Mais pour l’opposition et principalement le FPI (Front populaire ivoirien), le projet de loi proposé par le gouvernement ne garantit pas l’indépendance de l’organe en charge des élections. Et pendant que les politiciens s’engagent de nouveau dans un bras de fer, l’APDH (Action pour la protection des droits de l’homme) monte au créneau pour dénoncer la politisation du débat autour de la réforme de la CEI.

Le projet de loi pensé par le ministère de l’Intérieur portant réforme de la Commission électorale indépendante est pour l’APDH un projet de loi qui ne répond pas au principe de base d’indépendance telle que défini par les textes de la Cédéao, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. En effet le protocole de la Cédéao sur la démocratie et la bonne gouvernance en son article 3 stipule que pour les élections, les Etats membres doivent faire la promotion de Commission électorale indépendante, impartiale et non politique. « La configuration proposée à travers ce projet de loi est une proposition dangereuse » indique Eric Aimé Semien président de l’ONG de défense des droits de l’homme qui invite le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko à mettre de l’eau dans son vin. Lors de sa dernière conférence de presse, le ministre a indiqué face aux propositions du FPI « que le gouvernement ne capitulera pas ». Pour l’APDH la question de la réforme de la CEI n’est pas une bataille qui met aux prises le pouvoir et l’opposition. Il s’agit d’une question d’ordre national en face de laquelle les intérêts politiques doivent pouvoir passer en second !

Si la société civile interpelle autant le gouvernement ivoirien qui semble dans une logique d’imposer un projet de loi à l’opposition, c’est parce qu’une trop forte politisation de la CEI risque de replonger le pays dans une nouvelle crise électorale. L’APDH estime entre autres que les avertissements de la société civile n’ont pas pour but de réclamer plus de sièges mais d’avoir une CEI, non pas pléthorique en effectif, mais réellement indépendante. Si le gouvernement d’Alassane Ouattara s’entête à imposer une réforme bancale, il assumera les conséquences de son dictat !

« Qu’attendent-ils de cette commission avec cette configuration qu’ils proposent ? C’est un peu comme si nous n’avons pas tiré des leçons du passé ! L’APDH tient le gouvernement actuel pour responsable des violences qui vont se passer en Côte d’Ivoire si celui-ci continue avec cette réforme déjà contestée » déclare le président de l’ONG.

Notons que le bras de fer politique se poursuit entre le pouvoir et l’opposition sur le nombre de commissaires au sein de la CEI. Face à la proposition de 16 membres souhaités par le FPI, le ministre de l’Intérieur se montre intraitable et maintient le projet de 13 membres avec 3 postes pour la société civile et les religieux.

SUY Kahofi


Vaccination : êtes-vous à jour ?

La découverte de Pasteur sauve encore des millions d'individus chaque jour
La découverte de Pasteur sauve encore des millions d’individus chaque jour

Le monde célèbre du 24 au 30 avril la semaine mondiale de l’immunisation. Cette année le thème de la semaine se présente sous forme d’une interrogation adressée à chacun de nous : « êtes-vous à jour ? »

Initiée pour la première fois en 2012 par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) avec une célébration officielle dans 180 pays, la semaine mondiale de l’immunisation est un moment de réflexion sur la vaccination comme un puissant moyen de prévention de plusieurs maladies mortelles. Elle permet également de faire le bilan des acquis en matière d’accès aux vaccins par les couches les plus défavorisées mais aussi et surtout de jeter un regard sur les ambitieux défis que la communauté scientifique tente de relever. A ce niveau nous citerons les recherches pour un vaccin contre le VIH et surtout contre le paludisme qui continue de mobiliser plusieurs laboratoires aussi en bien Afrique (continent le plus affecté par la maladie) que dans le reste du monde.

L’immunisation contre les maladies par la vaccination est aujourd’hui considérée comme l’une des découvertes scientifiques les plus importantes des dernières décennies. Pour mémoire, c’est le 6 juillet 1885 que la première vaccination humaine fut réalisée par le français Louis Pasteur sur un sujet atteint de rage. Depuis cette date, la vaccination est devenu un réflexe médical depuis la naissance des hommes jusqu’à leur mort. Par voie oral ou par injection, la vaccination a permis d’éradiquer des maladies comme la rougeole et de prévenir certaines hautement mortelle comme la méningite ou la tuberculose.

Les vaccins sauvent chaque année des millions de personnes d’une mort certaine causée par des infections telles que le tétanos, la diphtérie ou la polio qui demeure un tueur pour les enfants de 0 à 5 ans. Malgré l’importance du vaccin, il est important de noter que de nombreuses personnes à travers le monde n’ont pas un carnet de vaccination à jour ! Pire en 2012, 1 enfant sur 5 n’a pas été vacciné lors de programme de routine. On estime qu’il s’agit de plus de 22.6 millions d’enfants devenu de potentiels réservoirs de transmission de plusieurs pathologies. En face de ces chiffres, le thème de la semaine mondiale de l’immunisation 2014 trouve tout son sens et nous amène à réfléchir sur les voies et moyens « pour être à jour« .

Les rappels par sms !

Tous les êtres humains depuis leur naissance ont déjà reçu dans leur vie au moins une dose de vaccin. Mais lorsqu’ils prennent de l’âge, certains oublient à la limite de maintenir cet élan de protection. Dans les premières années de notre vie, nos mères sont celles qui s’occupent du suivi du carnet de vaccination. Les passages au centre de santé sont fréquents car il y va de vie du bébé. De l’âge de la maternelle jusqu’aux études secondaires, cet élan peut-être maintenu. Mais les choses changent radicalement à l’âge adulte. A l’exception des personnes qui sont soumises aux contraintes du carnet de vaccination international pour cause de voyage, rares sont celles qui prennent le soin de suivre leurs rappels. Du moment où on se sent bien, nul besoin de penser à un rappel ! Or agir de la sorte nous expose. Posez-vous la question suivante : à quand remonte ma dernière vaccination ? Vous verrez si oui ou non vous êtes protégé. L’heure est certainement venue pour vous de retrouver votre carnet de vaccination !

Dans un monde en pleine mutation avec des technologies de plus en plus innovantes, pourquoi ne pas nous attarder sur les opportunités que nous offrent les outils du numérique pour résoudre le problème du suivi de la vaccination. L’exemple qui nous parait le plus pratique est l’adoption du carnet de vaccination numérique : le E-vaccin. Déjà utilisé dans plusieurs pays pour accompagner le traditionnel carnet de vaccination, il permet d’établir un système d’alerte précoce basé sur les messageries électroniques. En Côte d’Ivoire, ce système est déjà opérationnel et disponible à la demande par chaque personne qui se fait vacciner dans les centres de référence. Il s’agit principalement des antennes de l’INHP (Institut National d’Hygiène Publique) et des CHU. Grâce à une unité de suivi à distance, toute personne abonnée au service peut suivre son carnet de vaccination à distance. Les rappels sont disponibles sous forme de courriel à l’adresse indiqué par le demandeur. Un système certes révolutionnaire mais qui a également ses limites vu la faible pénétration d’internet en Côte d’Ivoire. L’idée du carnet de vaccination électronique trouverait toute son utilité s’il pouvait effectivement toucher toute les couches.

En plus du courrier électronique, le système de rappel pourrait inclure l’alerte par téléphone portable. Le taux de pénétration du téléphone portable en Côte d’Ivoire étend relativement acceptable (62%), la diffusion des sms pourrait tenir informé le demandeur en temps réel de l’état de son carnet de vaccination. Une requête à partir d’un terminal pourrait situer chaque personne sur son prochain rappel et ceux avenirs par pathologie. A ce type de service, l’on pourrait inclure les centres hospitaliers où les vaccins sont disponibles, un service d’alerte indiquant les prix homologués des vaccins et des alertes de sensibilisation à la vaccination. Ces derniers services pourraient éviter des dépenses supplémentaires aux contribuables et aider à la promotion de la bonne gouvernance dans le milieu médical.

La présence de tous ces services disponibles ou à développement ne pourront jamais remplacer la prise de conscience du contribuable. L’idéal serait que chacun puisse avant tout prendre conscience que le vaccin le protège d’une mort certaine. C’est bien là la première étape vers un suivi du carnet de vaccination.

SUY Kahofi


Paludisme : faites obstacle aux moustiques

En attendant un vaccin, la prévention reste l’arme la plus efficace
En attendant un vaccin, la prévention reste l’arme la plus efficace

Le ministère de la santé a lancé ce week-end une campagne de démoustication à Abidjan. Cette opération s’inscrit dans la suite des actions qui marque la journée mondiale de lutte contre le paludisme.

207 millions, voici le nombre de personne touchées chaque année par le paludisme dans le monde (OMS). Sur ce nombre de malade, 627.000 en 2012 ont perdu la vie. Le paludisme demeure la parasitose la plus importante et menace en particulier les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. La Côte d’Ivoire n’est pas épargnée d’où la prise par le Gouvernement d’importantes mesures pour faire reculer la maladie. L’opération de démoustication mobile annoncée par le Ministère de la santé et de la lutte contre le SIDA fait partie de ces mesures de prévention et cadre avec le thème 2014 de la journée mondiale de lutte contre le paludisme. « Pérenniser les avancées, sauver des vies, investir dans la lutte contre le paludisme« , un triptyque que la Côte d’Ivoire veut matérialiser sur le terrain.

Voici donc une nouvelle qui fera sans doute le bonheur des habitants d’Abidjan qui depuis plusieurs jours ont commencé à vivre au rythme de la pluie. Le paludisme, maladie infectieuse due à un parasite du genre plasmodium est occasionnée par la piqûre de l’anophèle femelle (moustique). La lutte contre la maladie commence donc par une lutte contre le vecteur. Un tour dans la capitale économique Ivoirienne nous fait prendre conscience qu’aucune commune d’Abidjan n’est épargnée par le fléau du développement des gîtes larvaires du moustique. Des caniveaux bouchés de Koumassi aux dépotoirs sauvages de Yopougon en passant par les poubelles oubliées de Cocody, les attitudes qui favorisent la prolifération des moustiques sont omniprésents.

« Je pense que l’action du Ministère de la santé viendra aider sérieusement les populations qui vivent avec la menace de cette terrible maladie. Grâce à la démoustication nous pourrons dormir en paix » affirme tout heureux Eudes Koffi, habitant de Yopougon.

Le jeune homme dit espérer « qu’aucun quartier ne soit oublié » et souhaiterait que l’opération se fasse à grande échelle. Comme Eudes Koffi, le vieux N’dri Benjamin aurait souhaité une opération de grande envergure. Le vieil homme se souvient d’une époque bien reculée où dans son Dimbokro natal « la pulvérisation totale de la ville s’est faite par voie aérienne ». L’action du Ministère est certes importante mais pour une frange de la population celle-ci doit être perçue comme un appel, une sensibilisation à maintenir notre cadre de vie toujours propre. Car en effet, ce ne sont pas les agents du ministère de la santé au quotidien qui viendront débarrasser nos quartiers des retenues d’eaux stagnantes. Chaque Ivoirien doit aider à éloigner les moustiques en luttant contre les dépotoirs sauvages où les pneus, ustensiles de cuisine et boîtes de conserves usés qui offrent un point de reproduction aux moustiques. Les méthodes de prévention sont plus que d’actualité puisse le pays enregistre encore de nombreux cas de paludisme. La pathologie est responsable de 43% des états morbides dans les structures de santé publique en Côte d’Ivoire ! Cette situation a obligé le Gouvernement ivoirien à prendre une décision très importante pour contrer la maladie.

« Depuis 2012, les médicaments pour le traitement du paludisme simple, la prévention chez les femmes enceintes et le test de diagnostic rapide sont gratuits et disponibles dans toutes les formations sanitaires de notre pays » indique Raymonde Goudou, la ministre ivoirienne de la santé.

A cette première politique de gratuité de soin s’ajoute la formation des agents de santé. 80% d’entre eux ont vu leurs capacités être renforcées pour une meilleure prise en charge des patients. 1200 autres agents de santé communautaires ont quant à eux reçu la formation adéquate pour assurer la prise en charge à domicile. Ces efforts ont permis de prendre en charge avec succès 3.900.000 de cas de paludisme !

Les chiffres sont donc toujours inquiétants et en attendant un vaccin capable de protéger sur le long terme les populations, la prévention reste l’arme la plus efficace. C’est ce qui justifie comme indiqué plus haut l’opération de démoustication. Cette campagne de démoustication rejoint celle de distribution gratuite de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action aux femmes enceintes et aux enfants de moins d’un an.

SUY Kahofi


Report du procès en cassation du Général Dogbo Blé

Le général pro-gbagbo aux mains des éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire
Le général pro-gbagbo aux mains des éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire

Le général Brunot Dogbo Blé sera-t-il jugé ? La question mérite d’être posée en ce sens que la suite du procès du général ivoirien (en cassation) est de nouveau reportée au 26 juin 2014.

Accusé de meurtre, Brunot Dogbo Blé, l’ancien patron de la Garde républicaine sous le régime de Laurent Gbagbo risque la réclusion à perpétuité s’il est reconnu coupable des accusations portées contre lui. Le général ivoirien, officier supérieur entièrement dévoué à l’ancien président ivoirien jusqu’à sa dernière minute de liberté est accusé, avec trois autres officiers, d’avoir enlevé, séquestré et assassiné le colonel-major à la retraite Adama Dosso, en mars 2011. Celui-ci avait été arrêté alors qu’il sortait du Golf Hôtel, à l’époque quartier général du président Alassane Ouattara, dont il était proche. Le procureur militaire Ange Kessi charge l’ancien général pour séquestrations suivies de meurtres, viols et vols. Le chef d’accusation de génocide a également été retenu contre lui par la justice civile. Bien au-delà, il est en particulier inculpé, avec deux autres officiers, de complicité dans l’assassinat du général Robert Gueï, ex-chef de la junte tué le 19 septembre 2002, jour du coup d’État raté contre Gbagbo. Rappelons que le principal accusé dans ce dernier dossier judiciaire est le commandant Anselme Séka Yapo, dit « Séka Séka », l’ex-chef de la sécurité rapprochée de l’ancienne Première dame, Simone Gbagbo. Le général Brunot Dogbo Blé comme ses cinq co-accusés est défendu par un collège de 17 avocats. Pour les deux principaux crimes dont il est accusé l’ancien homme fort de la Garde républicaine nie avoir donné l’ordre de tuer qui que ce soit.

SUY Kahofi


Le coton africain face au réchauffement climatique

Le coton africain est à l’épreuve du réchauffement climatique
Le coton africain est à l’épreuve du réchauffement climatique

Après la bataille pour la survie face au coton sponsorisé des grandes puissances, le coton africain doit désormais faire face à l’épineux dossier du réchauffement climatique. Aujourd’hui, le réchauffement global constitue une pression nouvelle sur les ressources alimentaires et plus largement sur les matières premières brutes agricoles dont l’Afrique est tributaire.

L’Afrique reste un important producteur de matières premières brutes pour l’économie mondiale. Et parmi les produits les plus exportés, figure le coton, une culture industrielle très importante pour des milliers de cultivateurs. En Côte d’Ivoire – juste à titre d’exemple – le coton occupe entre 40 et 50 % des terres cultivables du Nord. Au Mali et Burkina Faso entre 3 et 3,5 millions de personnes vivent du coton ! Hélas ce produit de rente pour plusieurs paysans du continent est l’un de ceux qui souffrent énormément du réchauffement climatique.

Difficile désormais pour le paysan qui cultivait son champ grâce à une observation plutôt empirique du climat de pouvoir « prédire le temps ».

« On ne sait plus quand il pleut ou quand il fera soleil ! Nous devons nous adapter à toutes ces nouvelles saisons pour planter le coton » se lamente, le vieux Koné Ifarkya, un producteur du nord de la Côte d’Ivoire.

Le vieillard à travers l’expression « nouvelles saisons » désigne ce dérèglement climatique méconnu des producteurs il y a encore quelques années.  Une situation qui est à la base des pertes enregistrées dans la filière coton. Premier producteur africain de coton, le Burkina Faso souffre énormément des caprices du climat, en témoigne la baisse de ses prévisions.

« Nos prévisions cette année n’étaient pas de 500 000 tonnes. Nous nous attendions à 550 000 tonnes pour ce qui est de l’hypothèse base et je pense que ce sont les facteurs climatiques qui ont essentiellement joué sur la perte de production » explique Sidiki Boubakar Seye, directeur des transports à la société burkinabè des fibres textiles (Sofitex).

Ces facteurs climatiques se signalent de plusieurs manières tout au long de la campagne. Les périodes de création de plantation et de replanting sont bouleversées à cause de l’irrégularité des pluies. Au cours de la campagne, les pluies abondantes ou rares menacent la survie des plants de coton. En fin de campagne les récoltes, l’égrainage et le séchage du coton doivent se faire sous haute surveillance pour éviter d’énormes pertes. A cela s’ajoutent les difficultés liées au transport de la production à cause des pistes villageoises et des routes dégradées par la pluie.

Pour un soutien plus accru au coton africain, producteurs, négociants, entreprises de transformation des premières et secondes catégories appellent les gouvernements africains à prendre le problème à bras le corps pour trouver des solutions durables à la problématique du réchauffement climatique. Le docteur Germain Ochou est chercheur au CNRA, le centre national de recherche agronomique de Côte d’Ivoire; il estime que l’irrigation d’appoint peut-être une solution au problème du réchauffement climatique.

« Je pense que dans un premier temps il faut une maîtrise de l’eau et cette maîtrise de l’eau passe par l’irrigation pour pallier le manque lié aux saisons. Or l’irrigation d’appoint ne peut pas se faire avec des tracteurs : il faut donc créer des petits barrages et retenues d’eau. »

Les paysans pourront se servir dans ces retenues d’eau pour remplir des citernes et grâce à la traction animale (bœufs) réaliser une irrigation d’appoint. Cette technique permettra de mieux gérer l’eau et d’éviter le gaspillage. Quant aux fortes pluies, elles pourront être canalisées vers les retenues d’eau grâce aux sillons creusés aux alentours des plantations.

A la problématique du réchauffement climatique s’ajoutent d’autres soucis connexes comme le transport du coton rendu impossible par la mauvaise qualité des pistes. Là encore, les pluies diluviennes sont en grande partie responsables des pistes et routes impraticables sur plusieurs mois chaque année.

SUY Kahofi 


ABC Innovation : un tremplin pour les porteurs de projets africains

ABC Innovation pour appuyer l’entreprenariat sur le continent africain
ABC Innovation pour appuyer entrepreneuriat sur le continent africain

L’Afrique, selon de nombreux experts du développement demeure un continent d’avenir avec sa jeunesse pleine d’ambition et des porteurs de projets (et d’idées) qui n’attendent que d’être soutenus. ABC Innovation se présente comme cette perche que cherche à saisir de nombreux entrepreneurs.

ABC Innovation est un tremplin de créativité et d’entrepreneuriat qui se présente sous la forme d’un concours. Impulsé en 2009 par l’association African Business Club (ABC), il vise essentiellement à promouvoir l’entrepreneuriat en Afrique ou à destination de l’Afrique. Il s’agit d’une aubaine pour les porteurs de projet sur le continent qui ont une opportunité de mettre en évidence leurs idées et de bénéficier d’un accompagnement. Loin d’être confiné aux seuls entrepreneurs africains (résidant ou non sur le continent), ABC Innovation donne également l’occasion à tout porteur de projet d’implémenter son idée à condition qu’elle puisse accompagner l’Afrique dans son développement socio-économique. Les projets que le concours veut mettre en évidence sont ceux qui répondent en priorité aux problématiques de développement local et ce, à tous les niveaux. Les entrepreneurs pourront à titre d’exemple promouvoir des projets touchant à la structuration des économies locales, les innovations sociales ou technologiques, la création d’emplois, l’épargne ou les activités génératrices de revenus (AGR).

ABC Innovation est ouvert à tout porteur de projet (personne majeure de 18 ans au moins). Les candidats doivent avoir la volonté de réaliser ou de développer un projet entrepreneurial en Afrique dans les domaines suivants : le développement durable (commerce équitable, environnement, énergie), la mode, le conseil (accompagnement et expertise aux entreprises) ou tout autre domaine d’activité. Toutefois, tous les projets sont acceptés et étudiés.
Les candidats doivent néanmoins comprendre que trois principaux critères doivent définir leur projet à la base :

  • avoir un projet ayant une réelle valeur ajoutée pour le développement de l’Afrique
  • présenter un dossier clair et cohérent
  • s’assurer de la viabilité du projet

Le concours ABC Innovation est avant tout une reconnaissance du talent des entrepreneurs intéressés par le continent africain mais au-delà, il se veut un tremplin de forte médiatisation des projets lauréats. Il inclut aussi et surtout un accompagnement à la mise en œuvre des projets sélectionnés et une opportunité de rencontre avec des potentiels investisseurs grâce à la Journée de l’Entrepreneuriat. Cette journée qui prolonge en quelque sorte le concours est organisée tous les ans au mois de Juin. Elle est un cadre propice d’échanges entre le grand public, les candidats et les partenaires.

Pour en savoir plus sur le concours et postuler, rendez-vous sur le site Internet de l’ABC : https://businessclubafrica.org/
ou envoyer votre demande à abcinnovation@businessclubafrica.org


« Une minute de silence » en hommage aux victimes de la crise ivoirienne

 » Une minute de silence «  c’est le titre du dernier film du jeune réalisateur ivoirien Armand Breh. Il s’agit du premier film ivoirien sur la crise post-électorale qui a secoué le « pays des éléphants » de décembre 2010 à avril 2011.

Du 4 avril 2011 au 4 avril 2014, il aura fallu trois ans au jeune réalisateur pour traduire dans un court métrage tout ce qu’il a vécu le 4 avril 2011, jour où il a été témoin de la chute des obus et autres missiles sur la capitale ivoirienne. Ce film est la photographie d’un triste moment de vie, celui d’un jour d’avril 2011 où les bombardements ont commencé à Abidjan lors de ce qui sera la dernière semaine de la crise post-électorale ivoirienne. Armand Breh a voulu immortaliser ce jour, mais aussi, et surtout mettre en lumière la souffrance d’un peuple ivoirien oublié par les deux camps qui se battaient pour un fauteuil présidentiel.

« Le 4 avril 2011 à 16 h 4, j’ai eu l’idée de faire ce film parce qu’en direct j’ai vu les hélicoptères des Nations unies (Onuci) bombarder le camp militaire d’Akouédo (Abidjan-ouest). Je suis habitué à manipuler les images avec des logiciels de montage, mais cette fois-ci c’était des images réelles ! Aucune raison ne justifie ce qui est arrivé sauf qu’il y a eu des dommages collatéraux »  explique le réalisateur.

Ces dommages collatéraux sont les victimes du drame ivoirien. Ces milliers de femmes d’hommes, d’enfants qui ont vécu terrés dans leur domicile tenaillés par la faim et l’incertitude, craignant de ne pas voir le soleil se lever le lendemain.

Une trame inspirée de faits réels

 » Une minute de silence  » est un court métrage tiré d’une histoire vraie et campe les dernières heures de vie d’Innocent K. Il s’agit d’un jeune homme dans la fleur de l’âge qui le 4 avril est fauché par une balle perdue et arraché à l’affection des siens ! Il symbolise toutes ces innocentes victimes mutilées à jamais ou mortes pour avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment. Innocent, un personnage muet comme pour matérialiser cette incapacité des Ivoiriens à se faire entendre alors que le dialogue était laissé aux bombes.

« L’idée du personnage principal muet c’est surtout pour retranscrire l’idée que ce film est la voix des sans voix. Ceux qui n’ont pas pu s’exprimer pendant la crise, ceux qui n’ont pas pu dire leur souffrance. A travers ce personnage muet, le réalisateur caricature cette situation pour la montrer au grand jour », indique Yann Patrick Konan un des acteurs.

En plus d’avoir la particularité d’être le premier film sur la crise ivoirienne, Une minute de silence est un film hommage aux victimes de la crise qui a l’originalité d’être disponible en open source. C’est sur You tube que les internautes pourront voir et revoir gratuitement le court métrage. Un choix de diffusion du film que salue Israël Guebo entrepreneur numérique. Il estime qu’il s’agit d’une occasion pour les Ivoiriens de comprendre le point de vue du réalisateur sur la crise non pas du côté politique, mais de celui de la population.

Le film d’Armand Breh a été réalisé en grande partie avec des jeunes acteurs qui jouaient pour la plupart leur premier rôle. Le rappeur franco-congolais Youssoupha a autorisé quant à lui l’utilisation de son titre Rap Franc CFA pour la BO du court métrage.  » Une minute de silence, » un court métrage que certains cinéphiles aimeraient déjà retrouver dans un format plus long, mais le réalisateur à une autre vision des choses. Pour lui, la priorité c’est que chaque Ivoirien puisse voir ce film et en tirer une leçon pour l’avenir.


A chacun son 11 avril…

Le bruit des bombes et le silence des morts est encore présent
Le bruit des bombes et le silence des morts est encore présent

C’est un vendredi comme les autres où les Abidjanais s’apprêtent à vivre à 100 à l’heure le long week-end qui s’offre à eux. Un vendredi en apparence comme les autres sauf que celui-ci marque le 11 avril, jour anniversaire de la chute du régime de la refondation.

Les populations ivoiriennes se souviennent de cette crise marquée par de nombreux morts, les pénuries alimentaires et le bruit des bombes. Un souvenir de la crise diamétralement opposé à celui des politiciens ! Pour mémoire c’est bien un 11 avril 2011 que les hélicoptères de l’armée française et ceux de l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire ont multiplié les tirs sur le Palais présidentiel d’Abidjan-Cocody. Une opération militaire qui a permis la capture de Laurent Gbagbo et d’une poignée de fidèles restés avec lui dans un bunker. Les politiques ont une lecture de cette actualité, bien différente de celle du peuple.

Pour le FPI (Front populaire ivoirien) et ses partis satellites, ce 11 avril sonne la commémoration d’une mort, celle de la démocratie en Côte d’Ivoire. Avec l’aide de l’ancienne puissance colonisatrice, l’Etat de droit, la bonne gouvernance et la justice ont été enterrés pour promouvoir l’arrivée d’un homme au pouvoir. Il s’agit d’Alassane Ouattara, l’ancien patron du FMI (Fonds monétaire international) que le FPI depuis toujours a tenu responsable de la déstabilisation politique et sociale de la Côte d’Ivoire. Ce 11 avril le FPI se souvient aussi et surtout de ses nombreux militants en détention, de son charismatique leader à la CPI  (Cour pénale internationale) et des difficultés que traverse le parti après dix années d’abondance à la tête du pays. Pour le RDR l’heure est aussi au souvenir, une pensée aux victimes de la crise mais un 11 avril pour savourer l’effort de reconstruction. Alassane Ouattara est crédité d’un bilan économique positif salué par de nombreux analystes? mais ce bilan ne peut en aucun cas faire de l’ombre au processus de justice transitionnel à deux vitesses donc bâclé, la réconciliation nationale qui peine à prendre forme, le risque de surendettement après l’atteinte de l’initiative PPTE, une ethnicisassion de l’administration ivoirienne et un esprit de mauvaise gouvernance qui souffle en permanence sur le pays.

A cela s’ajoute de nombreuses promesses non matérialisées comme la lutte contre la vie chère et l’emploi des jeunes, deux épineux dossiers qui fondent la grogne du peuple face à un leader qui avait suscité de l’espoir.


La CEDEAO a un nouveau patron

John Dramani Mahama, président du Ghana et désormais président de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO
John Dramani Mahama, président du Ghana et désormais président de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO

La 44ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO s’est achevé ce week end à Yamoussoukro la capitale politique ivoirienne. Retour sur les temps forts de cette rencontre qui aura mobilisé toute l’Afrique de l’Ouest.

Le long huis clos des chefs d’Etat et de gouvernement de ce vendredi 28 mars aura suscité la curiosité mais surtout donné l’opportunité aux observateurs de penser que les décideurs ouest-africains étaient en train de revoir la piste Helene Sirleaf Johnson. Le choix final des chefs d’Etat et de gouvernement aura eu raison du buzz médiatique autour de la présidente libérienne et de l’assurance des analystes politiques. Le président sortant Alassane Ouattara lors de la brève cérémonie de passation des charges a lui-même annoncé officiellement le nom de son successeur. John Dramani Mahama, président du Ghana et désormais président de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement pour un an. Le nouveau patron de la CEDEAO a déjà une vision claire de son action à la tête de l’organisation sous-régionale.

« J’aimerais m’attarder brièvement sur trois des points importants qui feront partie de mon action en qualité de nouveau président de la CEDEAO durant mon mandat. Le premier sera bien sûr de continuer de bâtir une CEDEAO de paix et de sécurité mais concomitamment de trouver des solutions idoines au chômage des jeunes. Le problème du chômage des jeunes à une implication sécuritaire et mérite une attention et des efforts particuliers » a indiqué John Dramani Mahama.

Le deuxième chantier consistera à relever le défi de l’intégration économique et monétaire et celui du développement de la sous-région. Quant au troisième axe prioritaire d’action, il sera consacré au développement, à l’extension et à la réhabilitation des infrastructures qui pourront aider la sous-région à se développer plus rapidement.

Au-delà de l’élection d’un nouveau président, la CEDEAO a profité de la 44ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement pour rendre public ses importantes avancées sur les Accords de Partenariat Economique CEDEAO – Union Européenne et celui relatif au Tarif Extérieur Commun. En dehors de ces deux textes de coopération, Désiré KADRE Ouédraogo, président de la commission de la CEDEAO a souligné que l’organisation a fait un bon significatif dans l’exécution de son programme de coopération monétaire.

La 44ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement montre une CEDEAO plus forte mais celle-ci ne doit pas baisser la garde face aux nouveaux défis sécuritaires qui la menace. Il s’agit du terrorisme, de la montée en puissance du crime organisé et du trafic de drogue.

« De zone de transit pour le trafic illicite de drogue, l’Afrique de l’Ouest s’est progressivement muée en une zone de transformation aux conséquences néfastes sur l’avenir des populations en particulier celui de la jeunesse ainsi sur que les économies et la stabilité dans la sous-région » a affirmé SAID Jinnit le représentant du secrétaire général des Nations Unis pour l’Afrique de l’Ouest.

Des défis sécuritaires pour lesquels l’Organisation des Nations Unies entend apporter tout son soutien à la CEDEAO et à l’Union du Fleuve Mano.

SUY Kahofi


Le « général » Blé Goudé face à la justice

Le "général" a finalement rejoint Laurent Gbagbo
Le « général » a finalement rejoint Laurent Gbagbo

Blé Goudé pris au Ghana sera face au juge unique de la chambre préliminaire ce jeudi 27 mars 2014. Le ministre de la rue, selon la CPI a engagé sa responsabilité individuelle pour 4 chefs d’accusation constitutifs de crimes contre l’humanité.

Depuis quelques mois la Cour pénale internationale persistait pour qu’il soit transféré à La Haye : c’est fait ! Ensorcelé par l’ivresse de la rue comme son mentor Laurent Gbagbo, il oublia pendant longtemps qu’il était toujours sous haute surveillance et qu’il ne pourrait pas vaincre le monde entier avec ces ses nombreuses sorties médiatiques. Bien qu’il soit hors de son pays, Blé Goudé continue de diviser la classe politique et sa comparution sera suivie de près à Abidjan, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Parlant de réconciliation, les radicaux du FPI (Front populaire ivoirien) prédisent l’apocalypse en Côte d’Ivoire alors qu’au même moment ses amis du Cojep ( Congrès panafricain des jeunes et des patriotes) lancent des mots d’ordre à peine suivis. « La rue nous appelle. En face de l’histoire, nous ne devons pas nous dérober », lançait sans succès Justin Koua dans un contexte sécuritaire où l’armée veille au grain.

Pour le pouvoir, le FPI en menaçant le dialogue républicain fait un chantage honteux. Le parti se comporte comme une femme qui a décidé de faire chanter son époux à travers la grève du sexe. « Sinon comment comprendre que l’on veuille absolument généraliser des cas isolés » s’interroge le porte-parole du RDR, Rassemblement des républicains de Côte d’Ivoire. Ce présumé blocage de la réconciliation annoncé par le camp Gbagbo n’est qu’une grosse comédie selon certains membre du Cojep. En effet la bande à Affi N’guessan n’a jamais porté dans son cœur le général que certains barons du FPI jugeaient trop proche du couple Gbagbo à cause de sa force de mobilisation. La société civile ivoirienne pense que le transfèrement de Blé Goudé va avoir des conséquences importantes sur le  processus de réconciliation non pas parce que le FPI a annoncé la rupture du dialogue politique avec le pouvoir en place, mais plutôt parce qu’il met le pouvoir Ouattara au pied du mur. Quelle sera la position du pouvoir lorsque la CPI réclamera la tête pro-ouattara impliquée dans les crimes de la crise ? Le pouvoir des houphouétistes se dit prêt à collaborer, mais les ONG des droits de l’homme restent sceptiques.

On le voit les acteurs politiques et ceux de la société civile apprécient différemment un acte qui n’a pas fini de faire parler de lui. En attendant le général passera ce jeudi 27 mars 2014 sa cinquième nuit dans la prison de Scheveningen.


Ebola en Guinée, Abidjan passe en mode vigilance

La situation de la fièvre Ebola en Guinée inquiète les ivoiriens (crédit libération.fr)
La situation de la fièvre Ebola en Guinée inquiète les ivoiriens (crédit libération.fr)

Pour ne pas être surpris par le virus Ebola, les autorités ivoiriennes qui s’inquiètent de la situation de la maladie en Guinée ont décidé de passer en mode vigilance. Au cœur de l’action, la prévention par des mesures d’hygiène et la mise sur pied d’un poste de coordination sanitaire avancée dans la région de l’ouest.

L’épicentre de la poussée du virus ébola en Guinée n’est qu’à 150 km de la Côte d’Ivoire. Les décès dans ce pays limitrophe inquiètes les populations et pour rassurer les ivoiriens notamment ceux de la frontière ouest, un mécanisme d’observation épidémiologique a été mis sur pied par les autorités ivoiriennes. Il s’agit, selon le Professeur Dagnan N’cho Simplice Directeur de l’Institut National de l’hygiène publique, de renforcer dans un premier temps la surveillance épidémiologique dans tout le pays notamment dans les zones de l’ouest. Le mécanisme de veille du Ministère de la santé et de la lutte contre le SIDA ne se limite pas à cette première mesure.

« Il s’agit aussi du renforcement du contrôle sanitaire aux frontières terrestres et aéroportuaires, le renforcement de la vigilance dans les services d’urgence des hôpitaux et au niveau des établissements sanitaires privés, l’organisation de la prise en charge des cas, la création d’un centre de coordination avancée à l’ouest l’organisation de campagne de sensibilisation » précise le Professeur Dagnan N’cho Simplice.

Au moment où le gouvernement ivoirien consolide son action grâce à une cellule interministérielle, il est important de souligner que des mesures sont déjà en vigueur sur le terrain. Il s’agit de la vigilance aux différentes frontières aéroportuaires et terrestres, la mise sur pied d’un poste de coordination avancée à la frontière ivoiro-guinéenne et surtout des mesures d’hygiène pour impliquer les populations dans le programme de prévention. Ces mesures de prévention sont l’interdiction de chasser et de consommer le gibier (chimpanzé, gorille, porc-et-pic, chauve-souris, antilope, gorille…). Eviter de consommer ces animaux et de la manipuler en cas de suspicion. Déclarer tous cas de personne infectée au personnel soignant des centres de santé les plus proches et isoler le malade. Désinfecter tout objet touché par les sécrétions du malade par une solution javellisée, se laver les mains avec de l’eau et du savon fréquemment et soigneusement.

Abidjan étant une importante plate-forme de transite dans la sous-région, les populations de la capitale économique ont commencé à observer ces mesures d’hygiène indiquée par le Ministère de la Santé et de la lutte contre le SIDA.

SUY Kahofi


La nationalité par déclaration, c’est quoi ?

Qui peut encore devenir ivoirien ?
Qui peut encore devenir ivoirien ?

La nationalité par déclaration n’est pas une nouveauté, elle est bien est une procédure spéciale qui avait été érigé dans le code la nationalité ivoirienne de 1961 et qui a été repris à la table ronde de Linas Marcoussis pour sortir de la crise ivoirienne en janvier 2003. Ainsi la nationalité par déclaration consiste en l’état de la loi du 13 septembre 2013 à saisir le juge, le substitut résident du lieu de naissance ou de résidence du requérant afin de faire une souscription de déclaration. Cette souscription qui est reçue par le magistrat du parquet du lieu de résidence ou de naissance doit être appuyée de certains documents afin que l’intégralité du dossier soit transmis au garde des sceaux. Celui-ci rend une décision d’acceptation après avoir consulté le dossier pour enfin délivrer un certificat de nationalité ivoirien aux requérants.

Sont bénéficiaires de la nationalité par déclaration ou peuvent prétendre à la nationalité par déclaration, les personnes nées en Côte d’Ivoire de parents étrangers et âgés de moins de 21 ans révolu à la date du 20 décembre 1961 : il s’agit de la première catégorie. La deuxième est composées de tous ceux et celles qui ont leurs résidences habituelles sans interruption en Côte d’Ivoire antérieurement au 7 août 1960 et leurs enfants nés en Côte d’Ivoire. La dernière catégorie touchée par cette disposition de loi est composée de l’ensemble des personnes nées en Côte d’Ivoire entre le 20 décembre 1961 et le 25 janvier 1973 de parents étrangers et leurs enfants. La loi sur la nationalité par déclaration impliquait la prise d’un décret d’application, chose qui été faite et rendu publique par le journal officiel du 22 janvier 2014. Les documents spéciaux à l’application de cette mesure sont en train d’être élaborés et un arrêté début avril devrait officialiser la période de souscription de déclaration qui ne coutera que 1500 f CFA y compris le timbre fiscal.

SUY Kahofi 


Les journalistes ivoiriens associés à la lutte contre les armes légères

Les professionnels des médias peuvent aider à la lutte contre les ALPC
Les professionnels des médias peuvent aider à la lutte contre les ALPC

Le réseau des journalistes pour la paix et la sécurité (RJPS) a initié ce 18 mars 2014 un atelier de formation à destination des professionnels des médias sur la problématique des ALPC. Il s’agit d’une initiative soutenue par la COMNAT-ALPC et le GIZ.

La Côte d’Ivoire, comme de nombreux pays en situation post-conflit doit lutter contre les armes légères et de petits calibres qui alimentent encore les poches d’insécurité sur toute l’étendue de son territoire. Cette lutte passe avant tout par la sensibilisation au dépôt volontaire des armes, mais surtout par une meilleure information des populations sur les dangers liés aux ALPC. Dans cette stratégie de lutte, les professionnels des médias se présentent donc comme de puissants vecteurs pour atteindre les populations à la base a indiqué Kora Gouré Bi chargée du projet GIZ à la COMNAT-ALPC. C’est en grande partie ce qui justifie l’atelier de renforcement des capacités des journalistes organisé par le RJPS, la GIZ (Agence de coopération allemande) et la COMNAT-ALPC (Commission nationale de lutte contre la prolifération et la circulation illicites des armes légères et de petit calibre).

Pendant huit heures d’échange, les journalistes télé, radios, web et presse papier ont revisité les instruments nationaux et internationaux de la lutte, leur vocabulaire relatif aux armes, actualisé leurs données relatives à cette problématique. Ils ont aussi  échangé sur les mécanismes pour mieux accompagner le processus de sensibilisation. La présidente du RJPS, Michèle Pépé a félicité les journalistes pour l’engouement autour de cette formation et leur implication dans les travaux de groupe qui ont permis de dégager les défis et les opportunités de la contribution des journalistes aux efforts de contrôle des ALPC par la COMNAT. Ceux-ci ont souhaité une meilleure collaboration entre la COMNAT et le RJPS pour une meilleure synergie d’action. Ils ont pris l’engagement de mettre les plumes, micros et caméras à la disposition de la lutte contre les ALPC par des dossiers, reportages et enquêtes. Un engagement fort apprécié par le commissaire divisionnaire Djokouéhi Léon qui a reconnu que sans l’appui des acteurs des médias il serait bien difficile à la COMNAT de toucher la population.

Le secrétaire chargé de la sous-commission opération sécurité de la COMNAT a profité du temps de la formation pour livrer les derniers chiffres relatifs à la lutte contre la prolifération des ALPC. La Côte d’Ivoire c’est aujourd’hui 2 285 armes collectées par la COMNAT, 1 985 grenades, 402 000 munitions et 6 646 armes collectées par l’ADDR. Il faut ajouter que 6 785 armes obsolètes et 6 336 munitions non explosées ont été détruites quand depuis 2012 la Côte d’Ivoire s’est officiellement séparée de son stock de mines antipersonnel estimé à 1 526 unités.

SUY Kahofi