Mawulolo

CAN 2019 : Dakar se prépare et sera prête

La Coupe d’Afrique des Nations de football se déroulera du 21 juin au 19 juillet en Egypte, au pays des pharaons. Le Sénégal y sera. Et tout le pays s’y prépare.
L’amour et la passion du peuple sénégalais pour le ballon rond et les Lions, l’équipe nationale, vont de nouveau se montrer.
Ce billet est publié dans le cadre de la #MondoCAN 2019 initiée par l’équipe de Mondoblog.

Un jeune supporter à l'intérieur du Sénégal -Photo :Ndianko Ndao (avec son autorisation)
Un jeune supporter à l’intérieur du Sénégal -Photo : Ndianko Ndao (avec son autorisation)

Le Sénégal a toujours été un pays de football et les attentes de la population sont devenues énormes depuis l’épopée des Lions à la Coupe du Monde 2002. Dans cette compétition où ils sont arrivés au stade des quarts de finale, ils avaient démontré toutes les capacités du Sénégal.

Aujourd’hui, à chaque compétition continentale ou mondiale de football, le peuple sénégalais rêve de voir les Lions revenir avec la coupe.

Cette année sera-t-elle la bonne ? Je ne saurais le dire mais je le souhaite vivement. Ce qui est sûr, c’est que tout le pays et toutes ses villes avec en tête la capitale, Dakar, se préparent à suivre avec ferveur la Coupe des Nations 2019.

Le Président Macky a remis le drapeau national aux Lions

La cérémonie de remise du drapeau national aux Lions du Sénégal a marqué les esprits. Elle s’est déroulée le vendredi 7 juin 2019. Au-delà de son aspect solennel, elle a été empreinte d’émotions lorsqu’un soldat ayant perdu ses deux membres supérieurs lors d’une mission a été présenté. Un exemple fort de l’engagement qui est demandé aux joueurs et au staff de l’équipe nationale. Le « blessé de guerre » a pris la parole pour dire aux Lions « ca-kanam » (« Allez de l’avant » en wolof, langue locale du Sénégal).

Les mots utilisés par le président Macky Sall étaient bien choisis pour motiver la troupe. Il a aussi rappelé aux joueurs toute la considération et le respect à vouer à l’aboyeur. Je veux dire le coach Aliou Cissé dont c’était le surnom lorsqu’il était joueur et capitaine des Lions du Sénégal.

Rappelant la devise du pays «Un peuple – un but – une foi », Macky Sall a demandé à la sélection nationale de jouer pour le peuple dans le seul but de ramener la coupe. Si l’on dit que la foi permet de soulever des montagnes, c’est qu’avec elle on peut aussi soulever une coupe, a dit en somme le Président. Il a par ailleurs demandé aux jouer de laisser le titre de «Lions de la Téranga» (Lions de l’hospitalité) au Sénégal et d’être, en Egypte, comme des lions dans une jungle où il faut régner. Son mot de fin a été « Dem ba diekh » (« allez jusqu’au bout », en wolof).

Le village de la CAN 2019 est prêt, la RTS aussi

A la place de la Nation (Place de l’Obélisque) à Dakar, les derniers travaux sont en cours pour la transformer en ce qui sera appelé le village de la CAN. Là, les populations pourront suivre tous les matchs de la compétition et surtout ceux du Sénégal.

La RTS (Radio Télévision Sénégalaise), la chaîne nationale, y fera ses plateaux spéciaux de couverture avec des invités bien choisis. Ce sera également une fan zone.

Le village de la CAN est une nouvelle version de ce qui a été le village du Mondial. Plusieurs sponsors en profitent pour accompagner la fête du football. Cette place se retrouve prise d’assaut pour les célébrations des victoires du Sénégal.

Installation du village de la CAN à la Place de la Nation - Photo : Roger Mawulolo
Installation du village de la CAN à la Place de la Nation – Photo : Roger Mawulolo
Les supporters sont prêts, les commerçants aussi

Le douzième Gaïndé (mot wolof signifiant lion), le groupe national de supporters qui accompagnera les Lions en Egypte, est aussi prêt. La délégation sera, dans les prochains jours, en Egypte. A part ceux qui voyagent, certains seront ici à Dakar pour animer les rues surtout quand le Sénégal joue.

La population sera aussi de la partie, dans les domiciles, les boutiques, les restaurants ou dans les bars. Tous les lieux où un poste téléviseur ou même une radio seront allumés seront pris d’assaut.

Les commerçants lancent déjà des publicités liées à la CAN. Les promotions sur les divers produits électroménagers sans oublier les crédits de communication téléphonique sont déjà publiées. Les vendeurs de maillots de l’équipe nationale ainsi que de tee-shirts à l’effigie des Lions du Sénégal voient déjà leurs chiffres d’affaires augmenter.

Comme le dit celui chez qui j’ai acheté mon maillot, les Chinois seront de la partie. Pour dire que les faux maillots seront bientôt sur le marché. Et il n’a pas eu tort.

Tout le monde espère ne pas revivre la désillusion du Mondial 2018.

Moi-même je suis prêt pour la CAN

De mon côté, je me prépare à suivre tous les matchs tant que cela sera possible. Mais je ne compte pas rater un seul match du Sénégal. Je supporte les Lions.

Je suis avec intérêt les matchs des autres équipes comme les Super Eagles du Nigeria, les Eléphants de la Côte d’Ivoire et les Bafana Bafana de l’Afrique du Sud. J’accorderais une attention particulière aux matchs des Lions indomptables du Cameroun. Mes ami(e)s du Cameroun vous diront certainement pourquoi je veux les suivre. Par ailleurs, il faut préciser que l’organisation de l’actuelle CAN leur a été retirée à quelques mois de son début. Le pays n’était pas prêt.

Je me ferai également un plaisir de produire quelques billets pour MondoCAN 2019, une initiative de l’équipe de Mondoblog. Les mondoblogueurs pourront proposer divers articles liés directement ou indirectement à la compétition. Le présent billet est le premier de la série.

Je vous souhaite une bonne CAN et surtout beaucoup de sensations fortes.

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

 

 


Notre génération est la meilleure

« Notre génération est la meilleure » est souvent la conclusion de beaucoup de personnes lorsque vous discutez de certains sujets. Et surtout des sujets où l’on compare des pratiques, des mérites ou des points de vue évoluant dans le temps. En réalité, qui peut dire ne jamais l’avoir dit ?

Génération - Crédit image : Rawpixel sur Pixabay
Génération – Crédit image : Rawpixel sur Pixabay

Au mois de février de cette année dans la cafétéria de Radio France Internationale, l’expression est encore ressortie lorsque nous discutions entre mondoblogueurs et membres de l’équipe de « l’Atelier de médias ». Cela m’a rappelé toutes les fois que je l’ai entendue.

Cette expression dépasse même les limites qu’on se donne en parlant de « génération Y », de « génération Z ».

Au-delà de la définition classique qui veut qu’une génération soit des personnes étant à peu près du même âge ou une période s’étendant de 25 à 30 ans, elle est aussi synonyme de saison ou de promotion. Ces deux derniers mots pris dans le sens d’un groupe de personnes ayant fait une formation ensemble ou ayant été recruté au même moment. Il en est de même pour ceux ou celles qui ont fait des initiations traditionnelles ou religieuses ensemble.

Entre Mondoblogueurs

Ce jour-là, nous étions à la cafeteria de la radio du monde. Nous, il s’agit des mondoblogueurs Benjamin Yobouet,  Inda Etou, Sinatou Saka, George Atino, Kpénahi Traoré et moi-même. L’équipe de l’Atelier des médias était aussi présente avec Camille Deloche, Camille Sarazin et Simon Decreuze.

Les discussions ont tourné autour des blogs, des billets, de nos inspirations pour les écrire et bien d’autres sujets d’actualité. Par la suite, nous avons fait un peu le tour pour mieux faire connaissance et dire de quelle saison (génération) de Mondoblog chacun était. Surtout pour ceux et celles qui ne se connaissaient pas ou qui ne s’étaient jamais rencontrés. Lorsque nous avons abordé le sujet des formations en citant les villes où chacun avait suivi la sienne, certains noms réputés de la plateforme Mondoblog furent cités. Et à une des personnes présentes, que je ne citerai pas, de dire « Cette génération-là était la meilleure, et c’était la nôtre ». Cela me fit sourire intérieurement.

Même chez les « tchiza »

A maintes reprises, j’ai pu entendre des « tchiza » âgées s’en prendre à des plus jeunes. Le terme désigne les maîtresses d’hommes mariés. Elles soutiennent qu’en leur temps, elles avaient plus de tact et de discrétion quand elles sortaient avec des maris d’autrui. Mais que la génération actuelle s’affiche sur les réseaux sociaux même avec des hommes déjà mariés.

Il y a des années à Nyékonakpoè mon quartier d’origine à Lomé, je mangeais du poulet en bord de route. Deux dames de la quarantaine discutaient. Elles ont dit en somme : « A notre époque, nous le VIH n’existait pas et il fallait juste éviter de tomber enceinte. Du coup, nous prenions le vrai plaisir –chair contre chair- car avec les préservatifs, le goût de la chose change. Avec le condom, on dirait qu’on consomme des friandises mais avec leur emballage. » Et elles ont conclu : « Vraiment notre génération est la meilleure car elle prenait beaucoup plus de plaisir et en toute sécurité et discrétion. » Cela se passe de tout commentaire.

Quand il s’agit de football ou de musique

Du Sénégal au Togo en passant par le Cameroun, pour ne citer que ces pays-là, ces débats sont parfois houleux. Les anciens disent que Roger Milla est plus fort que Eto’o Fils, que Kaolo est mieux que Adébayor ou encore que Jules Bocandé est plus talentueux que Sadio Mané.

Pour le cas du Togo que je connais bien, j’ai déjà eu à répondre qu’Adébayor a conduit le Togo au Mondial 2006 et a eu un Ballon d‘or africain en 2008. Ce que n’a pas fait feu Edmond Apeti dit « Dr Kaolo ». Il a certes amené le Togo à sa première Coupe d’Afrique en 1972 mais Shéyi en a fait au moins quatre avec les Eperviers. On dit beaucoup de bien du Dr Kaolo dans mon pays et je n’en doute pas. Mais avouons que c’est difficile de comparer et surtout que les faits parlent pour Adébayor en termes de palmarès. Le débat reste le même lorsque l’on compare les Camerounais Roger Milla et Etoo ou les Sénégalais Jules Bocandé, El Hadji Diouf et Sadio Mané.

Pour la musique, l’on vous dira qu’avant c’était de la vraie et pure musique. Et que de nos jours, ce sont des logiciels qui gèrent tout. Des instruments jusqu’à la voix, l’on peut tout manipuler et masquer. Bref on peut facilement tromper le public ou les spectateurs même quand on n’a pas une belle voix. On peut programmer les instruments et faire semblant de jouer. Avant, il fallait vraiment connaître cet art avant de monter sur scène.

Pour tout ça, les anciens disent « Notre génération est la meilleure » et les jeunes aussi se disent la même chose.

Sur les lieux de travail

Là, les aînés pensent que les plus jeunes ne respectent plus les traditions ou les codes. Les aînés voudraient bien que les jeunes puissent lire entre les lignes et entendre ce que les murs racontent sur le passé.

Pendant que les aînés louent leur esprit de sacrifice, les jeunes calculent les heures supplémentaires accomplies et en veulent la rémunération. Au moment où les plus âgés prêchent pour le respect total de la hiérarchie, les plus jeunes demandent à leurs supérieurs s’ils peuvent les tutoyer ou les appeler par leur prénom.

Face à tout cela, les aînés disent « Oh ces jeunes ne respectent plus rien, ni personne. Notre génération est la meilleure ».

On pourrait multiplier les exemples en prenant la religion, le mariage ou plein d’autres sujets. Pour ma part, je me dis, qu’il faut juste s’abstenir de comparer sauf si c’est pour identifier des points faibles à améliorer par exemple. Ou encore des points forts à partager ou à reproduire. Mais surtout pas une comparaison nette et tranchée qui donne la fameuse conclusion « Notre génération est la meilleure ».

Et vous, pensez-vous que votre génération est la meilleure ?

En tout cas, que celui qui n’a jamais dit « Notre génération est la meilleure » jette la pierre aux autres.

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)


Sénégal : la publicité change avec le Ramadan

Le Ramadan au Sénégal est une période où les publicités et la communication des diverses entreprises commerciales envers leurs cibles prennent un autre style.

Composition d'éléments de publicité pour le Ramadan - Réalisée par Roger Mawulolo sur la base d'une image libre de freepick.com
Composition d’éléments de publicité pour le Ramadan – Réalisée par Roger Mawulolo sur la base d’une image libre de freepick.com

Au Sénégal, c’est juste la date de début du Ramadan qui est difficile à trouver. Après cette étape qui peut permettre d’avoir deux ou trois jours différents de début, le reste suit un rythme habituel caractérisé notamment par les embouteillages des heures précédant celle de la rupture ou encore les sotiou qui se retrouvent à presque toutes les lèvres. Le nombre de voilées dans la ville et sur les profils Facebook aussi augmente sensiblement.

Au-delà de tout ça, les panneaux et les spots publicitaires changent. Les éléments publicitaires (musique, produits, slogan) se mettent au diapason de la période de jeûne.

Les principaux produits concernés

Presque tous les produits commerciaux se servent de la période du Ramadan pour faire des publicités, des promotions et autres campagnes de communication. Mais certains produits spécifiques sont en tête de file.

Les marques de produits alimentaires prennent le dessus. Les marques de beurre, de café, de thé, d’eau, de jus de fruits, de lait et de sucre pour ne citer que celles-là sont mises en avant sur les panneaux publicitaires occupant les grandes artères de la ville de Dakar.

Les entreprises de télécommunications ne sont pas en reste. Diverses promotions sur les diverses offres (abonnements, téléphones portables…) sont faites. Des tombolas sur les transferts d’argent par téléphone mobile sont organisées.

Les éléments  propres au Ramadan utilisés pour les visuels

Sur les panneaux et dans les spots publicitaires, certains éléments et caractéristiques sont visibles.

Le croissant lunaire est l’élément le plus utilisé. L’on peut le voir stylisé sous divers aspects. Dessiné avec une fumée de thé ou de café chaud, ou encore du lait coulant. Il peut être surmonté par des minarets ou des dessins représentant des toits de mosquées.

Les autres objets ou éléments les plus usités sont les dattes (fruit prisé pendant la période), les écritures arabes (beaucoup de polices de textes utilisées pour les slogans sont inspirées de cette forme d’écriture), la théière, les tapis de prière, l’architecture mauresque ou orientale.

Les lampes sont aussi beaucoup utilisées. Cet emblème du Ramadan dans les pays du Moyen-Orient s’exporte bien dans les panneaux publicitaires du Sénégal. Le « panier ndogou » donne la touche sénégalaise à certains panneaux.

Toutes les combinaisons imaginables et possibles sont faites avec ces divers éléments cités. Dans les publicités où apparaissent des personnages, l’accent est mis sur le sens du partage et de la famille.

Globalement les jeunes filles au large sourire ou les jeunes hommes aux pantalons et habits moulants sont évités. Si des personnages apparaissent, ils sont plutôt en boubou. Et si ce sont des femmes, elles portent le voile.

Les slogans les plus partagés

Mis à part les slogans en français qui se résument souvent à « Bon Ramadan », trois autres sont spécialement utilisés. Les deux premiers en langue arabe sont « Ramadan Moubarak » et « Ramadan Kareem ». Le Wolof étant roi au Sénégal, il serait grave de ne pas avoir un slogan en cette langue locale. Nous avons donc « Kooru Jamm ». La signification pour les trois slogans est la même et peut se résumer en un souhait de mois de carême béni. Quand le terme « Kareem » évoque noblesse ou encore générosité, « Moubarak » indique chance et bénédiction tandis que « Kooru Jamm »  souhaite un Ramadan de paix (tout ce qui est considéré comme retombée positive).

Face à tout ce foisonnement de communications publicitaires, il y a un groupe d’opérateurs économiques qui ne s’agite pas mais dont le chiffre d’affaires augmente sensiblement. Il s’agit des boulangers et pâtissiers. Les files d’attente sont toujours longues chez eux. Pourtant ce sont eux qui font le moins de publicités. Le pain est la star du Ramadan et peut se faire désirer.

Ramadan Mubarak…Ramadan Kareem…Kooru jamm à vous tous.

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)


Sénégal : la communauté togolaise a célébré les 59 ans d’indépendance du Togo

Le 27 avril 1960, le Togo, un pays de l’Afrique de l’Ouest, accédait à la souveraineté internationale. Cela faisait donc 59 ans, le samedi 27 avril 2019.
Les Togolais vivant au Sénégal n’ont pas voulu rater cette occasion pour se réunir et commémorer l’événement. C’était à Thiès, la ville du rail, située à 70 km de Dakar.

Des Togolais arborant l'uniforme de la célébration - Photo : Roger LASMOTHEY
Des Togolais arborant l’uniforme de la célébration – Photo : Roger LASMOTHEY

Au Sénégal, plusieurs associations et amicales regroupent des Togolais de tout bord. Il s’agit notamment de l’Union Togolaise du Sénégal (UTS), de Novisi de Thiès, du Fonds de Solidarité et d’Entraide des Togolais en fonction à la BCEAO (FOSETO), de l’Amicale des Togolais en fonction à l’ASECNA à Dakar (ATAD), de l’Amicale des Togolais de Ouakam (ATO), l’Association des Togolais pour le développement (ATD), de la Coordination des Etudiants et Stagiaires Togolais au Sénégal (CESTS) pour ne citer que celles-là.

Ces diverses associations et amicales, avec en tête de file, l’UTS et Novisi, ont donc organisé les festivités marquant ce 59e anniversaire de l’Indépendance du Togo.

L’organisation

Après quelques réunions et plusieurs échanges, la communauté togolaise a décidé dès le début de l’année 2019 de célébrer la fête de l’indépendance par un grand pique-nique fraternel. L’association des Togolais vivant à Thiès (70 kilomètres de Dakar) a accepté d’accueillir les festivités.

Les démarches administratives furent donc menées auprès des autorités civiles et administratives de la ville d’accueil pour toutes les autorisations nécessaires.

Par la suite, un comité d’organisation conjoint fut mis en place pour piloter les préparatifs. Les Présidents d’association ont joué leur partition jusqu’à la concrétisation des diverses idées sous la forme d’un programme alléchant ainsi que le choix d’un parrain : M. Paul TOUPET (un acteur économique togolais au Sénégal, vivant à Mboro, une localité située à environ 92 kilomètres de Dakar).

Les festivités

Le samedi 27 avril 2019, le grand départ fut pris à Dakar en direction de Thiès. Près de 200 Togolais habillés de polos spéciaux confectionnés pour l’occasion, prirent place à bord des trois grands bus affrétés pour le déplacement des participants. L’ambiance était bon enfant à bord et était entretenue par des chants du terroir togolais.

La cérémonie a débuté par une prière suivie de l’exécution des hymnes nationaux du Sénégal et du Togo. Une série d’allocutions a suivi. Tour à tour, le Président de « Novisi », le Docteur Joseph ADOM, celui de l’UTS, M. Cyrille AKOLLY et M. Pascal Blewusi DAUGBEY, consul du Togo au Sénégal, se sont adressés à l’assistance. Ce dernier a informé la communauté de la mission itinérante du gouvernement togolais qui sera au Sénégal durant le mois de juin pour entretenir les Togolais sur divers sujets concernant la diaspora. Il a également invité l’ensemble de ses compatriotes à remplir le bulletin d’identification du Togolais de l’extérieur. Les informations recueillies par le biais de ce bulletin serviront à alimenter la base de données sur les compétences des membres de la diaspora togolaise du Ministère des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Togolais de l’Extérieur.

Des artistes togolais de la chanson, vivant au Sénégal, ont interprété divers morceaux de leur composition. Il s’agit notamment de Leenx, Luciano, John Yayrix, Jonathan Defoé, Authentik et aussi Kounta Kinté. Les quatre premiers artistes cités ont aussi interprété ensemble une chanson intitulée « Novisi » (fraternité). Une exhortation aux Togolais à s’unir pour le développement du pays au-delà de toute considération politique ou ethnique.

L'artiste-peintre Alidou Kapi et son tableu-Photo : Roger LASMOTHEY
L’artiste-peintre Alidou Kapi et son tableau-Photo : Roger LASMOTHEY

Le groupe de danse « Maman Diaspora Togo », composé d’étudiants togolais a émerveillé le public. Ses chorégraphies savamment orchestrées sur divers rythmes folkloriques du Togo mixés avec de la musique moderne notamment des « Toofan » a arraché des applaudissements aux uns et aux autres.

Plusieurs moments de danses aux rythmes traditionnels du Togo notamment Kamou, Akpêssê et Agbadja ont émaillé les festivités.

Le clou de la journée

Le clou de cette journée a été la réalisation sur place d’un portrait de Sylvanus Olympio, le père de l’indépendance du Togo. Celui dont le Centre Hospitalier Universitaire de Lomé porte le nom.

Ce beau tableau a été réalisé par l’artiste peintre togolais, Alidou Kapi. Ce dernier né lui-même un 27 avril en a profité pour se présenter à la communauté togolaise. Pendant près de deux heures, avec ses pinceaux et couleurs, ce dessinateur autodidacte s’est livré à son œuvre. A la fin, plus de la moitié des participants ont pris diverses poses de photo autour de l’œuvre réalisée. L’artiste a offert son tableau à l’Union Togolaise du Sénégal (UTS).

Il a été difficile pour les participants de se séparer en fin de journée. Ils se sont donc donnés rendez-vous pour l’année 2020 pour la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance du Togo. Les différentes associations ont pris l’engagement pour une nouvelle organisation en commun.

Il faut préciser que des offices religieux avaient réuni les Togolais dans plusieurs Eglises de Dakar.

Le thème général de la célébration 2019 a été « Togolais, viens bâtissons la cité ».

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)


#MondoChallenge : le mojito, l’alcool préféré des mondoblogueurs

Selon l’accent que veut adopter le barman ou la serveuse que vous croiserez, vous entendrez dire de « morito », « mohito » ou « mojito ». Même sur les cartes de cocktails, les manières de l’écrire peuvent différer d’un endroit à un autre. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit du même cocktail.

Il me semble être le plus célèbre cocktail du monde. Et il l’est aussi dans le cercle des mondoblogueuses et mondoblogueurs.

Un Mojito et un laptop - Crédit photo : picjumbo.com (Image libre)
Un cocktail mojito – Crédit photo : picjumbo.com (Image libre)

Le cocktail « mojito » est cubain d’origine et à la base est toujours alcoolisé. Sa version « sans alcool » s’appelle justement « virgin mojito » pour montrer qu’il lui manque une certaine virilité. N’y voyez aucun machisme mais plutôt un corollaire de l’effet que peut avoir l’alcool, surtout le rhum cubain.

Il en existe diverses variétés dont celle à la fraise ou encore à la mangue. Par endroits, on peut voir des barmen innover avec des versions diverses. De base, il vous faut du rhum blanc, des feuilles de menthe, du sucre, du citron vert et de l’eau gazeuse. Chaque bar y va selon sa technique et veut créer son originalité. Mais il est reconnu que la recette d’origine doit comporter : 6 cl de rhum cubain, 7 feuilles de menthe, du sucre de canne ou de la cassonade, des tranches de citron, des cubes de glaçons ou de la glace pilée selon les goûts.

Le début de l’histoire du « Mondo mojito »

Ils, plutôt elles, ont beau crier « Ce qui s’est passé à Tana reste à Tana », que nenni, l’affaire du mojito de Tana a été éventée. Lors de la formation Mondoblog de 2016 à Antananarivo, la capitale de la Grande Île, Madagascar, les mondoblogueurs avaient pour habitude d’échanger autour d’un pot après les séances de formation.

Un soir dans leur promenade nocturne, ils sont tombés sur un snack appelé le Mojo. Et il y avait une grande soirée de publicité sur le mojito. Des divers témoignages recueillis, le « mojito » était tellement bon que les amateurs n’ont eu aucune difficulté à faire de nouveaux adhérents au « mojito fan’s club ».

C’est donc là que le goût commun pour le « mojito » s’est affirmé. Si ceux qui se définissent comme de nouveaux fans de ce cocktail vous disent qu’ils y ont été entraînés à leur corps défendant, ne les croyez surtout pas. Je vous assure que cet esprit « mojito » sommeillait déjà en eux et n’attendait qu’un catalyseur. Et Tana a joué ce rôle. Sacré MondoTana.

Le plus intéressant est que la gent féminine était très fortement représentée dans ce lot de consommateurs de Tana. Et mieux, « mojito » est bien devenu un code entre certaines mondoblogueuses que je m’abstiens de citer. Elles ont même monté la « Mondogang » qui a pour boisson de référence le mojito.

 Mojito un jour, mojito toujours

Il est courant de voir sur les diverses plateformes regroupant des mondoblogueurs des photos de cocktails mojito circuler. Il s’agit souvent d’une dégustation solitaire ou en groupe. Et souvent lorsqu’ils se rencontrent dans un des pays où ils sont, le mojito coule à flot. Il est admis que les non consommateurs absolus d’alcool prennent le mojito en sa version « virgin ».

Il ne manque plus qu’un séjour organisé à Cuba, la terre du mojito, pour que soit délivré à Mondoblog le titre de fan club officiel de cette boisson. A défaut, on pourrait faire une tournée au MojitoLab, un bar parisien spécialisé en mojito. Ils ont plus d’une dizaine de variétés de ladite boisson.

La seul vraie concurrente du « mojito » dans le cercle des Mondoblogueuses et Mondoblogueurs reste et demeure la bière. Au Cameroun et au Gabon, deux pays où la bière est reine, cela se vérifie bien.

Mais je ne puis finir sans vous rassurer que la consommation de mojito est toujours modérée chez les Mondoblogueuses et Mondoblogueurs. Ceux qui s’apprêtaient à mettre en commentaire « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé », ce n’est donc plus la peine de le faire.
Merci.


Dakar : quand retentit ta sonnerie

A Dakar, quand la sonnerie de la porte de votre domicile résonne, il ne s’agit pas seulement de visiteurs connus. Je peux même dire souvent, ce sont des inconnus très spéciaux. Et cela vous révèle un vrai pan de la vie sociale et sociologique du Sénégal.

Sonnerie - Image de cocoparisienne sur Pixabay
Sonnerie – Image libre de cocoparisienne sur Pixabay

A Dakar, quel que soit le quartier où vous vivez, plusieurs catégories de personnes peuvent sonner à votre portail. Même si vous avez un agent de sécurité devant le domicile, cela ne manquera pas.  Quelquefois lui-même peut venir vous appeler pour répondre à ces visiteurs inattendus.

Dans ce billet, je ne vais pas évoquer les mendiants normaux de Dakar ou les agents des société de prestation comme la Senelec (Société nationale d’électricité), la Sonatel (Société Nationale des Télécommunications) ou la SDE (Société Nationale des Eaux).

Je vous présente ces visiteurs que j’ai souvent accueillis à ma devanture. Et je vous assure, ici, il vaut mieux le faire avec le sourire. C’est toute votre vie sociale dans votre quartier qui peut en dépendre. Et préparez votre dictionnaire Wolof car vous en aurez besoin.

Les jeunes du quartier pour l’« ataya » et les « navétanes »

Deux raisons principales peuvent les amener à sonner à votre porte.

Ils sont en petits groupes dans votre rue et ont besoin d’un peu d’argent pour faire du thé. Le fameux ataya sénégalais. Sans hésitation, ils peuvent venir sonner chez vous et vous exposer leur problème. « Sama grand, nakayi tey ? (Mon grand, et la journée ?) Nous voulons asséter (acheter) du sucre quoi, c’est pour le thé. » Il vous parle en vous tendant directement la main pour vous saluer. Oui, au Sénégal, ne pas se donner la main quand on se salue est un signe de manque de respect. En fin de billet, vous pourrez apprécier le clip « Ataya » du groupe Positive Black Soul. Il date des années 90.

La deuxième raison ce sont les navétanes (championnat de football se jouant pendant les vacances). L’équipe du quartier, généralement appelée ASC (Association Sportive et Culturelle) envoie ses émissaires solliciter un appui financier des riverains. L’approche est la même que ceux qui veulent faire du ataya. C’est juste le motif qui change.

Lorsque vous accédez à leur demande, ils vous remercient et sollicitent les bénédictions divines pour vous et votre famille. Les mots habituels « Dieuredieuf grand. Na la Yalla na fèye » (Merci grand, que Dieu te le rende). Même quand vous dites que vous n’avez rien à leur donner, il vous remercie en disant « grawoul » ou « amoul problème quoi, nio far » (pas de problème, nous sommes ensemble). Et ils promettent de revenir vous voir en cas de besoin. Et y rajoutent le mot incontournable au Sénégal. Ce mot est : « inchallah » (Si Dieu le veut).

Les enfants pour le «  ndeweneul »

Le « ndeweneul » est une forme de vœu pour que vous soyez encore en vie et en bonne santé jusqu’à l’année prochaine. Il est sous-entendu que le remerciement au don qui porte ce nom est une prière pour une nouvelle année heureuse pour vous.

Pendant les périodes de fêtes (Tabaski, Pâques, Noël notamment), les enfants s’organisent en cohorte pour solliciter de petits cadeaux, de maison en maison. Ils sonnent alors chez vous et demande le « ndéweneul ». Généralement, ici au Sénégal, toutes les fêtes religieuses sont célébrées par tous, sans distinction entre musulmans et chrétiens. Et tous ces jours sont d’ailleurs fériés, ce qui montre la laïcité du pays de la Téranga.

A ces enfants, faites juste de petits cadeaux sans vous offusquer.

L’envoyé de la mosquée

Celui-ci est généralement une personne âgée et c’est un homme. Souvent, il vous montre une liste de tous les dons déjà reçus dans le quartier. Vous y voyez des noms ou des anonymes. Si vous n’avez pas d’argent à donner, il peut vous faire promettre pour un jour et une heure donnés. Et je vous assure, il le respectera. En période de Ramadan (jeûne musulman), c’est une demande spéciale pour le « sukkeroukor » (sucre du jeûne) pour le « ndogou » (rupture du jeûne). Et en temps normal, c’est pour des travaux à la mosquée ou les personnes nécessiteuses qui sollicitent la mosquée.

L’approche est tellement bien appliquée qu’il est souvent assez difficile de refuser d’aider.

Les chercheurs d’emploi

Une troisième catégorie de personne ce sont les chercheurs d’emploi. Plutôt des chercheuses.

Ce sont généralement des groupes de jeunes filles à la recherche d’emploi. Elles se proposent pour s’occuper du ménage, de la cuisine ou de la lessive. Pour la lessive, elles vont se dire « lingères ». Aussi vous demandent-elles  souvent, après que vous ayez ouvert le portail, « Bougoulène diank ? » (Voulez-vous une servante ?).

Pendant les vacances scolaires, le phénomène s’amplifie car beaucoup d’étudiantes ou d’écolières de la ville ou venues des zones rurales s’y mettent aussi.

Au Sénégal, la vie est assez simple si vous la prenez du bon côté. Pour maintenir des rapports cordiaux avec votre voisinage, il est bien de contribuer de temps en temps à la préparation du ataya. Il ne sert à rien d’éviter tout le quartier en se mettant à l’écart. Depuis mon enfance, mes parents ont bien pris soin de m’apprendre que notre première famille demeure le voisinage. Cette leçon est bien valable partout dans le monde.

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)


#MondoChallenge : mon top 10 des propositions pour l’égalité femme-homme

Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes et souvent l’occasion pour beaucoup de ressortir la panoplie des revendications ou des recommandations visant à rétablir un tant soit peu l’égalité des genres.
Ce sujet, qui est d’une importance notable, requiert que l’on propose des solutions bien conçues. Ces solutions doivent être des objectifs SMART comme on dit en gestion de projet. Oui, arriver à l’égalité homme-femme est tout un projet.

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CP : Marc Nozell via Flickr CC BY 2.0

Les propositions de solutions pour l’égalité femme-homme peuvent varier selon le milieu et les temps. La raison est simple : les causes de cette inégalité constatée ne sont pas les mêmes que l’on soit sur des régions, des continents ou des pays différents. Déjà que dans un même pays, les réalités divergent.
Je vous propose donc un menu de 10 solutions, une sorte de dix commandements, légèrement commentées. Puisque nous savons tous que l’humain (femme ou homme) est le seul qui puisse agir ou implémenter des solutions, mes propositions vont s’adresser à des personnes que je désignerai par « tu » ou « vous ». A vous de voir si vous êtes concerné(e)s. Vous pourriez aussi voir les solutions qui vous semblent réalistes ou acceptables pour vous, même si ce que je dis n’engage que moi-même.

Solution 1 : de la formation sur l’égalité des genres, tu organiseras

La semaine dernière, une de mes amies, qui est médecin (je ne peux pas dire médecine 😀 ), a écrit sur son mur Facebook qu’elle a reçu, en consultation, un couple. La femme ne répondait à aucune des questions et c’est l’homme qui le faisait à sa place. Pourtant c’était elle qui était souffrante. C’est spécifique à leur ethnie que l’homme prenne toujours les devants. Devant les commentaires de mon amie scandalisée, certains internautes lui ont demandé si la dame même n’était pas consentante. Et c’est là où tout le problème se pose : la prise de conscience de sa situation de dominé ou de dominant. Et en agissant dessus, on peut rétablir un équilibre ou une égalité. Il faut donc une prise de conscience des acteurs de l’inégalité : les femmes et les hommes.

Des politiques de formation des enfants, des jeunes, des femmes, des groupes et des associations de jeunes doivent être élaborées sur la question du genre. Cette formation doit aussi s’adresser aux spécialistes des médias qui pourraient être des relais efficaces auprès des populations.

Les thématiques à traiter concerneront l’égalité des droits, le leadership féminin notamment.

Solution 2 : l’écriture inclusive, tu promouvras

L’écriture inclusive ou épicène est permet de ne plus considérer que parce qu’il y a ne serait-ce qu’un seul homme parmi des femmes on peut tout mettre au masculin pluriel pour signifier le groupe. Elle touche aussi les fonctions qui ont des appellations exclusivement masculines et qui sont pourtant exercées par des femmes aussi.

Les défenseurs de cette forme d’écriture ne croient pas en la neutralité des mots masculins et y voient une forme de sexisme. Sa mise en œuvre n’est pas encore totalement maitrisée mais le programme avance.

Une anecdote : il y a un cantique célèbre dont le refrain est « blanc, plus blanc que neige… » et depuis un certain temps, j’entends les femmes chanter à tue-tête « blanche, plus blanche que neige… » ; je me suis dit que l’écriture inclusive est arrivée même dans les églises.

Solution 3 : l’inclusion financière des femmes, tu impulseras

À l’échelle mondiale, les femmes sont 7 % moins susceptibles d’avoir accès à des services de transactions financières simples. Les couches les plus pauvres sont les plus touchées. Les femmes vivant avec moins de deux dollars par jour sont en moyenne 28 % moins à même d’avoir un compte en banque que les hommes. Il existe même des pays où la femme a besoin de l’autorisation de son mari pour ouvrir un compte en banque. Ceci est une forme d’inégalité femme-homme à laquelle il faut remédier.

Plusieurs structures financières nationales ou internationales comme la Banque mondiale, l’Alliance pour la finance inclusive (AFI) ou encore la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) déploient des stratégies pour réduire cette inégalité. Pour notre part, nous devons aussi lutter pour enrayer les freins sociaux qui n’encouragent pas les femmes à aller vers l’indépendance financière, à accéder aux services bancaires et autres. Cette inclusion financière des femmes boostera automatiquement l’entrepreneuriat féminin.

Solution 4 : l’accès à la technologie, tu simplifieras pour les femmes

L’inégalité des genres est aussi visible dans le domaine des technologies de l’information, surtout dans les pays en développement. Là, selon la GSM Association, 200 millions de femmes de moins que les hommes n’ont pas de téléphone portable. Et cette disparité se répercute sur l’utilisation d’Internet.

De nos jours, les difficultés d’accès à l’information ou aux divers services numériques sont considérées comme une discrimination. Il convient de développer des stratégies spécifiques pour faciliter l’accès des femmes aux nouvelles technologies de l’information. Les programmes du style « une fille scolarisée, un ordinateur » doivent être vulgarisés.

Solution 5 : des femmes prêtresses, pasteures ou imams, tu accepteras

Dans l’Eglise catholique, par exemple, les femmes ne peuvent être prêtres et dans certaines églises protestantes, elles ne peuvent être pasteures. Dans l’Islam, il n’est pas accepté d’avoir des femmes imams. Mais je crois que dans beaucoup de couvents animistes africains, il y a des prêtresses. Dieu déteste-t-il les femmes ? Non.

Si ces pratiques avaient été adoptées dans le temps, c’était peut-être pour des raisons sociales spécifiques. De nos jours, ces blocages doivent être levés pour que la femme soit réhabilitée dans ce qui est son droit dans la pratique religieuse.

Femme sénégalaise mâchant un cure-dent - Crédit photo : Toon van Dijk sur flickr.com
Femme sénégalaise mâchant un cure-dent – Crédit photo : Toon van Dijk sur flickr.com
Solution 6 : de sa dot et de son mariage, vous discuterez

Dans beaucoup de pays, d’ethnies, de cultures, la femme ne peut décider seule de son mariage ou de la constitution de la dot qui la concerne. Des fois, elle n’a même pas son mot à dire. Ce sont les hommes ou les familles qui décident à sa place. Même lorsqu’elle n’est pas encore majeure, on peut la marier comme on veut et à qui on veut sans son avis.

Les populations doivent être sensibilisées à ce sujet pour que la femme ne soit plus un objet de marchandage entre des parents véreux.

Solution 7 : les lois et codes, sur le sujet, tu feras connaître

Dans beaucoup de pays, des lois et des codes civils ou matrimoniaux existent et confèrent des droits aux femmes. Mais force est de constater que beaucoup les ignorent. Il conviendrait de faire connaître ces textes et surtout les conséquences de les enfreindre. Cela réduirait certainement les actes qui conduisent à des inégalités de traitement entre les hommes et les femmes.

Au Sénégal, par exemple, l’article 111 du code de la famille indique que la femme ne peut se marier qu’à plus de 16 ans. Pourtant, les mariages précoces sont encore légion dans le pays. Et beaucoup de pays africains sont encore dans la même situation. Souvent les personnes concernées sont ignorantes de cette disposition pourtant en vigueur.

Solution 8: de l’homme, tu ne feras pas un ennemi

Souvent, lorsque l’on parle de l’égalité des genres, beaucoup pensent que les hommes ne peuvent pas faire partie de la solution car ils sont vus comme la cause des inégalités. Ceci est une grave erreur. Les hommes doivent être impliqués à tous les niveaux concernant la thématique de l’égalité des genres.

Là où l’on recherche exclusivement des activistes féminins et féministes que l’on appelle desfois « femmes d’influence », on pourrait peut-être former des paires d’activistes du genre. Cette paire sera un duo composé d’un homme et d’une femme pour faire des campagnes de sensibilisation sur le sujet. J’ai beaucoup apprécié la campagne « He for She » initiée depuis quelques années.

Solution 9 : l’excision, tu banniras

Il y a pratiquement un mois, le 6 février, était célébrée la journée internationale de la « Tolérance zéro » à l’égard des mutilations génitales féminines. Cette journée a été instaurée depuis 2003. Même si le phénomène semble en recul, les chiffres actuels font encore froid dans le dos, lorsqu’on imagine ce qu’une femme peut ressentir lorsque la lame passe sur la partie dont on l’ampute. Cette question de mutilation porte atteinte à l’autonomisation de la femme. Les conséquences psychologiques et physiologiques en font une source d’inégalités.

Ce qui peut étonner certains est le fait que ce problème n’est pas seulement africain. Même en Asie et en Europe, le phénomène est constaté.

Il urge de trouver des voies et moyens pour stopper ce phénomène abominable que rien ne saurait justifier. On ne le voit pas souvent mais ce fléau est aussi la raison de certaines migrations, des réfugiées fuyant l’excision à l’intérieur d’un même pays ou vers l’extérieur.

Solution 10 : de la discrimination positive, tu n’abuseras pas

Je discutais avec une amie qui m’a affirmé qu’elle est foncièrement contre la discrimination positive en faveur des femmes, surtout quand il s’agit de candidatures pour un emploi. Selon elle, si à compétences égales, on sélectionne toujours les femmes, beaucoup auront tendance à sous-estimer la gent féminine. Et aussi la femme elle-même peut se sous-estimer. Elle aurait préféré voir une femme gagner sa place pas parce qu’elle est femme mais plutôt parce qu’elle aura été la meilleure. Sinon, pour elle, la discrimination positive est une cooptation qui ne dit pas son nom.

Me référant à cette réflexion que je partage partiellement, je me dis qu’il faut utiliser la discrimination positive avec parcimonie.

Il y a évidemment beaucoup d’autres propositions qui pouvaient être faites. Pour ma part, j’en ai retenu les 10 que je vous ai livrées. Les femmes autant que les hommes ont leur partition à jouer dans le projet d’aboutir à l’égalité femme-homme.

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)



Vous avez dit bars ?

Dans ce pays où il fait vraiment froid, il m’était indispensable de me trouver un bon petit coin pour me réchauffer de manière éthylique. Et sur les panneaux indicatifs, je ne cherchai qu’un mot : « bar ». Lorsqu’enfin à la Gare du Nord, je vis ce mot de loin sur un panneau, je me dis intérieurement et sans lire la suite, « Alhamdoulilah » (expression courante, au Sénégal, pour exprimer une satisfaction ou un soulagement). Mais que ne fut ma surprise lorsque je me retrouvai en face de l’entrée. Il était écrit « Beauty Bar ». C’était moins le nom qui m’avait surpris que le reste des inscriptions. Dans mon pays, le Togo, « Beauty Bar » est un nom convenable pour un vrai bar. Mais ici, on traitait toute autre chose que les envies éthyliques. Une vraie usurpation d’identité. Bienvenue à Paris.

La façade du bar à ongles et cils de la Gare du Nord (Paris) - Photo : Roger Mawulolo
La façade du bar à ongles et cils de la Gare du Nord (Paris) – Photo : Roger Mawulolo

D’habitude quand vous entendez le mot « bar », trois significations vous viennent normalement à l’esprit. Soit le poisson, soit l’unité de mesure de la pression atmosphérique. Mais le plus souvent, on pense à un « débit de boissons ». Au Cameroun, le pays où la bière demeure le liquide le plus précieux, des bars sont même nommés « Facebook » ou « Whatsapp » car ils sont de véritables réseaux sociaux.

Après mon aventure de la Gare du Nord à Paris, j’ai fait des recherches et découvert tout un lot de bars. Des bars de types nouveaux.

Depuis quelques années au Japon, à Taiwan, en Europe, aux Etats-Unis mais aussi en Afrique, on voit de nouveaux types de bars. On pourrait y trouver de la boisson mais elle n’y est plus le sujet principal d’activité. Je vous parle de 7 types qui ont retenu mon attention, entre autres.

Les bars à ongles

Vous avez besoin de vous faire faire rapidement les ongles, vous pouvez vous rendre dans un bar à ongles. Vous pourriez y trouver un long comptoir comme dans un vrai bar et là les stylistes ongulaires s’occupent de vous ou plutôt de vos ongles. De la pédicure et de la manucure en passant par la pose d’ongles artificiels, vous avez tous les soins classiques du domaine. Même la pose de vernis fait partie des activités de ce bar.

En plus de tous ces services, certains bars à ongles sont aussi des instituts de formation de professionnels en stylisme ongulaire. Ah oui, il faut mettre les grands concepts sur les métiers. Comme on dit en Nouchi, « qui va se négliger ? ». Pour des défilés de mode, vous pouvez même avoir recours à leurs services de consultant.

Les bars à ongles peuvent être couplés avec un bar à boissons.

Les bars à sourcils

Quand vous aurez fini de vous faire les ongles, les mains et les pieds et que vous penserez à vous arranger les cils et les sourcils, ne vous inquiétez pas. Les bars existent aussi pour cela.

Souvent ces bars se définissent comme des paradis du regard. Leur mission est de mettre en valeur vos sourcils et cils. Vous aurez tellement un nouveau regard que des regards nouveaux vous remarqueront dès que vous en sortirez. Ils proposent des épilations, la pigmentation et autres traitements à vos sourcils.

Les divers traitements proposés sont définis comme des menus et les noms varient selon les inspirations des tenanciers du bar où vous êtes. Pour se donner un nom en phase avec le temps, ils se font appeler les stylistes du regard.

Les bars à sourire

Vous n’avez encore rien vu si vous croyez que les ongles et les sourcils seuls ont leur bar. Bienvenue au bar à sourire.

Ici, des traitements de blanchiment des dents sont proposés avec des produits chimiques évidemment. Si on vous dit que le traitement est bio, n’en croyez rien jusqu’à preuve du contraire (si contraire il y a). Si vous avez les moyens de vérifier les qualifications du personnel chargé du blanchiment de vos dents, je vous prie de les utiliser pour vous rassurer. Sinon sachez que toutes les dents de la terre ne sont pas forcément blanches.

Les propriétaires des bars à sourire ont souvent maille à partir avec les dentistes. Ces derniers leur reprochent leur manque de maîtrise des dosages et concentrations de produits à utiliser. Et de mon avis, ce n’est pas juste parce que les chirurgiens-dentistes craignent cette concurrence. Même s’ils la jugent déloyale.

Les bars à lèvres

De jolis sourcils oui… De jolies dents bien blanches oui… mais cela seulement ne suffit pas pour accrocher tout le monde. Il vous manque certainement les jolies lèvres pour accompagner tout ça. Vous avez alors les bars à lèvres.

Ces bars proposent divers traitements pour que vos lèvres ne soient plus comme avant. Vous les voulez plus larges ou plus minces, un tatouage avec effet 3D peut vous être fait. Vous voilà avec de nouveaux contours dessinés pour vos lèvres. Les jugez-vous trop ténues ? L’on peut leur donner du volume avec le plump (repulpeur de lèvres). Vous n’aurez plus rien à envier à Angelina Jolie.

Les bars à chats

Vous sentez-vous stressé(e) après une âpre journée ? Aimez-vous les chats ?

La solution est la « ronronthérapie » dans un bar à chats. Il s’agit de siroter un jus, un mojito ou toute autre boisson dans un local rempli de chats. Vous pouvez les porter, les caresser ou tout simplement les admirer du regard. C’est selon votre goût. Né au Japon et à Taiwan sous le nom de « neko café », le concept s’est vite exporté en Europe et aux Etats-Unis.

Les chats sont bien stérilisés et vaccinés et les clients sont aussi tenus d’observer une stricte hygiène. Ces félins sont souvent issus de refuges ou cédés par des propriétaires qui ne peuvent plus s’en occuper. Il existe même des hôtels à chats.

Ce que je vais dire peut sembler cruel aux défenseurs des animaux mais qu’ils me pardonnent. Ce genre de bars ne pourrait pas exister dans certains pays. Je vous assure qu’ils seront braqués ou cambriolés. Pas pour l’argent mais pour les chats qui seront emportés pour être revendus ou consommés. Oui, il y a beaucoup qui raffolent de la viande de chat et ne s’en privent pas.

Je peux aussi conclure cette partie en disant que Dakar, là où je vis, est un grand bar à chats à ciel ouvert.

Un chat sur le bar - Photo libre : flickr - https://www.flickr.com/photos/tvbrt/4656852349
Un chat sur le bar – Photo libre : flickr – https://www.flickr.com/photos/tvbrt/4656852349
Les bars à bulles

Si les chats ne vous conviennent pas pour la détente, vous avez les bars à bulles. Les buveurs penseront qu’il s’agit d’un bar à champagne. Que nenni.

Il s’agit de s’installer par terre et de s’entourer de boules ou encore de sauter et de s’allonger dans des boules de différentes couleurs. Avec des amis vous pouvez même vous en lancer pour vous détendre. A côté, vous aurez de quoi boire ou manger.

Bar à oxygène

Ce n’est pas loin du masque à oxygène que l’on met aux malades souffrant d’insuffisance respiratoire. Ici vous êtes en bonne santé mais faites le choix d’aller respirer de bonnes bouffées d’oxygène pur. Cela vaut peut-être le coup si l’on voit le niveau de pollution de l’air de nos villes. Votre oxygène peut être même agrémenté avec différentes senteurs provenant d’huiles essentielles qui sont souvent dites bio. Avec la légalisation de la cocaïne ou de la marijuana sous certains cieux, j’imagine aisément qu’on peut tout respirer. (Je dis ça, je dis rien, comme disent les jeunes 😀 )

Voilà, vous savez maintenant que les boissons n’ont plus l’apanage de définir à elles seules les bars. Bien d’autres concepts ont émergé et font fureur auprès des consommateurs. Il existe aussi des bars à fruits, des bars à chicha, des bar-tabacs et des bars à jeux mais eux je les ai trouvé trop ordinaires pour en parler.

On aura tout vu dans ce monde et je dirai même qu’on n’a encore rien vu. Dans tous les cas, quand vous voudrez désormais boire un coup, ne vous fiez plus seulement au mot « bar ».

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)


Emiliano Sala et les acteurs du football partis dans les cieux

Quand le vol Air France AF 019 à bord duquel j’étais a pris son envol, j’ai pensé à Emiliano Sala et à tous les autres qui sont partis par les airs.
Lorsque l’on dit qu’un footballeur s’élève dans les airs, c’est généralement parce qu’il doit essayer un coup de tête. Mais ça c’est sur la pelouse. Dans les vrais airs, il y en a qui y sont allés et ils ne sont plus revenus. La dernière victime des airs, disons-le ainsi, est l’Argentin Emiliano Sala, le guerrier de la Beaujoire.
Abdul Majeed Waris célébrant un but du FN Nantes avec un tee-shirt à l'effigie de Sala / Photo AFP prise sur www.rfi.fr
Abdul Majeed Waris célébrant un but du FC Nantes avec un tee-shirt à l’effigie de Sala / Photo AFP prise sur www.rfi.fr

Pour nous les africains, la conception des décès par accident est assez particulière. Autrefois, et même encore aujourd’hui, ce genre de décès est considéré comme une malédiction, comme si cela n’était pas une mort honorable. Les victimes de cette mort accidentelle étaient toujours enterrées hors du village. Chez les Ewés (mon ethnie, que vous trouverez au Togo et au Ghana), on parle de zogbéku (décès à l’étranger ou décès sauvage ou encore décès tragique). Le pire, c’est lorsque l’on ne retrouve même pas la dépouille pour faire le deuil.

Emiliano Sala, un joueur que j’affectionne, est donc mort d’un « zogbéku ». Et bien avant lui, d’autres acteurs du football sont décédés dans les mêmes conditions : dans les airs ou dans les cieux même si les chutes ont été dans l’océan ou sur la terre ferme.

Ici, je vais vous parler des quatre cas que j’ai toujours en tête. Evidemment, il y en a eu d’autres…

Emiliano Sala, le disparu de la Manche, en 2019

De la joie à la tristesse doit avoir été le sentiment de la famille Sala, le 22 janvier 2019. Attaquant du FC Nantes, Emiliano Sala venait de réaliser son rêve de rejoindre la Premier League en signant un contrat avec Cardiff.

Après être venu dire au-revoir à ses désormais ex-coéquipiers, Emiliano Sala,  l’attaquant décrit comme peu esthète, n’arrivera donc jamais en Angleterre. L’avion qui l’y amenait n’arrivera jamais à destination. A ce jour, les dépouilles (de Sala et du pilote) n’ont pas été retrouvées. Seuls des débris de l’appareil ont échoués sur une plage en France.

Vichai Srivaddhanaprabha et son hélicoptère, en 2018

Cette fois-ci, ce n’est plus un avion et l’océan qui sont en cause mais un hélicoptère et la terre ferme. Le 27 octobre 2018, après un match du championnat anglais entre son équipe Leicester City et celle de West Ham, le Président Vichai Srivaddhanaprabha ne retrouvera plus la terre ferme. En tout cas pas vivant.

Son hélicoptère qui avait décollé de la pelouse du stade s’est écrasé quelques minutes après, sur le parking du stade. Aucun survivant au crash.

L’équipe brésilienne de Chapecoense dans les collines de Medellin, en 2016

En route pour la finale aller de la Copa SudAmericana (équivalent de la Ligue des champions de l’Amérique du Sud), l’avion de l’équipe brésilienne de Chopecoense a fait un crash dans les collines ,non loin de Medellin, en Colombie. Au total 71 morts et 6 survivants. C’était le 28 novembre 2016. Les enquêtes ont conclu à un crash dû à une panne sèche. Manque de carburant dans un avion alors que l’on n’est pas sur terre. Une très grande bêtise qui a coûté la vie à de nombreux joueurs.

La Zambie au large de Libreville, en 1993

L’équipe nationale de football de la Zambie a arboré plusieurs appellations au cours de son histoire, cette équipe est un véritable phœnix. A un moment dénommée les « Kenneth Kaunda Eleven »(les onze Kenneth Kaunda*), l’équipe est ensuite devenue « Mighty Zambia » avant d’être « les Chipolopolo », le nom qu’on leur connait de nos jours.

Le 27 avril 1993, l’avion qui les amenait vers le Sénégal (pour jouer un match éliminatoire de la Coupe du Monde 1994) a échoué au large de Libreville (Gabon). A l’époque, mes amis et moi même, amoureux du football avions été très tristes mais nous étions un peu soulagés de savoir que notre joueur préféré, Kalusha Bwalya, avait été retardé par un match à livrer par son club d’alors, en Belgique. Il était donc le miraculé.  Et figurez vous qu’en 2012, cette équipe est revenue au Gabon et cette fois-ci, elle y a remporté la Coupe d’Afrique des Nations. Le pays au large duquel le crash avait décimé l’équipe en 1993 est devenue la terre de leur succès continental. Bizarre non?

Nous, Africains, avions dit que les esprits des disparus zambiens de l’océan étaient présents pour aider l’équipe à gagner.

Pour finir…

La mort trouble toujours, même quand on s’y attend. Alors quand cela survient lorsqu’on s’y attend le moins, le choc est encore plus dur à encaisser. Pour Sala surtout, je me demande -et certainement vous aussi – comment peut-on mourir en étant aussi près de s’enrichir un peu plus, de réaliser son rêve et en étant si jeune et en bonne santé. Mais ça, nous ne le saurons jamais. Et c’est peut-être cela qui fait le charme de notre vie : la partie que nous ne maîtrisons pas, malgré tous les progrès de la science…

Certainement une occasion pour nous de savoir que les hommes et femmes que nous sommes, ne maîtriserons jamais tout de notre vie, et encore moins de notre mort. Nous pouvons envisager et préparer l’avenir, c’est sûr, mais il restera toujours cette inconnue de l’équation qui nous échappera toujours.

Je comprends dès lors l’expression qui dit qu’il faut vivre comme si on allait mourir demain.

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]

* Kenneth Kaunda était le Président de la Zambie à l’époque, et l’équipe avait son nom !


Dakar : la vie autour du centre de dépôt des demandes de visas Schengen

La gestion des dépôts de demandes de visas Schengen est une affaire lucrative. Et pas seulement pour ceux qu’on imagine le plus facilement. Un petit tour au centre de dépôt de visas de Dakar sis à Ouakam, un des quartiers de la ville, permet de s’en rendre compte. Autour des lieux s’est développé un véritable pôle économique et social avec des acteurs aussi divers qu’insoupçonnés.

Image d'une partie de passeport montrant un visa schengen - Photo et retouche : Roger Mawulolo
Visa Schengen et cachets d’aéroports dans un passeport – Photo et retouche : Roger Mawulolo

Au Sénégal, la gestion des dépôts de demandes de visas pour la France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et certains autres pays européens ne se fait plus directement dans les consulats. Ce pan du processus est externalisé et confié à la société dénommée « VFS Global ». Cette dernière se charge de la collecte des divers dossiers ainsi que des éléments biométriques des demandeurs. Après tout cela, elle envoie les données recueillies vers les consulats qui gardent toutes leurs prérogatives pour refuser ou accorder les visas.

A Dakar, ce centre se situe actuellement à Ouakam. Une visite sur les lieux permet de constater que l’endroit est devenu un véritable pôle économique et social. La vie de tous les jours autour de ce centre est rythmée par des parties prenantes diverses et parfois insoupçonnées.

Les courtiers

Avec le développement des technologies, une grande partie du processus précédant le dépôt physique des dossiers de visa se fait en ligne par internet. Ceux qui sont à l’aise avec les outils numériques font donc leurs saisies et prise de rendez-vous en ligne par leurs propres soins. Par contre, les illettrés ainsi que les personnes peu habituées se font aider par d’autres. Des courtiers se sont donc spécialisés dans cette aide aux demandeurs de visa.

Ils sont présents aux abords du centre dès les premières heures et ont mis en place un véritable dispositif permettant de détecter les personnes hésitantes. Après cette détection et une approche suivie de discussion, ils vous proposent leurs services. Cela va de la saisie des informations sur le site internet de France-Visas jusqu’à la prise de rendez-vous sur celui de VFS. Certains demandeurs font tout le processus en ligne et omettent d’imprimer les documents sanctionnant cette saisie. Ils sont alors renvoyés à l’équipe de réception pour complément de documents. Ceci fait l’affaire des courtiers qui les récupèrent pour les aider à finaliser l’opération d’impression. Les plus naïfs refont tout le processus de saisie.

Les courtiers se font rémunérer à des taux qui varient selon la naïveté du « client ». Les illettrés et analphabètes font souvent partie de leurs clients. On dispose même des courtiers de courtiers. Les tarifs évoluent donc proportionnellement au degré d’intermédiation.

Les vendeurs de café et de nourriture

Comme dans tous les lieux où il y a du monde, à Dakar, les alentours du centre de dépôt de visa ont leurs vendeurs de nourriture et de café. Des tangana à l’air libre. Je n’y suis pas resté jusqu’à l’heure du déjeuner pour savoir s’il y a du tiep.

Pour la nourriture, l’inévitable vendeur de pain avec omelette et petits pois est bien sûr présent. Les sandwichs au Sénégal contiennent toujours des frites et aucun ne déroge à la règle. Le ketchup et la moutarde sont au choix.

Pour le café, j’ai remarqué deux vendeurs. L’un fait son café à base de Nescafé et pour l’autre il s’agit du café Touba. Les prix variant de 50 à 100 francs CFA.

Ce qui est frappant, c’est que ces vendeurs peuvent rapidement se muer en intermédiaires entre vous et les courtiers dès que vous osez exposer un problème lié à la démarche d’obtention du visa.

Bien qu’eux-mêmes n’aient jamais entrepris la démarche, ils parlent de toutes les étapes à suivre

avec une certitude qui vous déconcerte.

Demandeurs de visa devant le centre de dépôt de Dakar - Photo et retouches : Roger Mawulolo
Demandeurs de visa devant le centre de dépôt de Dakar – Photo et retouches : Roger Mawulolo
Le kiosque multitâches

Le centre de réception des demandes de visa dispose lui-même d’une agence de voyage pouvant vous délivrer des attestations de réservation de billets d’avion ou de chambres d’hôtels et aussi des assurances-voyages. Vous pouvez aussi y avoir des photocopies et des photos d’identité. A l’extérieur du centre, un petit kiosque offre les mêmes services. Du traitement, en passant par les photocopies et les photos, sans oublier les réservations ainsi que la prise de rendez-vous ou le remplissage du formulaire de demande de visa, tout y est disponible. Ils vous le font en conformité avec les critères exigés par le Consulat de France.

Lorsque le dossier d’un candidat au visa est incomplet, cela fait le bonheur du propriétaire du kiosque. Il procure au candidat tous les documents manquants à des tarifs bien fixes. Mais entre le portail du centre de dépôt et le kiosque, le candidat peu avisé peut se retrouver dans les mains des courtiers. Eux mettront donc leur marge en sus du tarif du kiosque.

Les laveurs de voiture et gardiens de parking

Ils sont inévitables à Dakar. Tous les parkings publics, voire certains parkings privés, sont devenus leurs lieux de travail. Ils s’approprient même les espaces libres et les transforment en parkings payants. Le centre de dépôt des demandes de visas n’échappe pas à la règle. Ainsi, ils fixent des tarifs pour le stationnement ainsi que pour laver les véhicules des personnes qui y viennent. Ces laveurs et gardiens de parking peuvent, eux aussi, tout vous dire sur les démarches de visa avec des anecdotes invraisemblables.

Celui qui m’a le plus épaté est un homme assez âgé. Selon l’idée qu’il se fait de vous, il change de « titre ». Il a quatre casquettes : laveur de voitures, gardien de parking, courtier mais aussi mendiant.

Si vous arrivez en voiture, il vous fait de grands gestes pour vous indiquer où vous garer et prend soin de vous préciser le tarif, avec ou sans lavage. S’il vous voit assez sûr de vous, de par vos gestes et regards, il n’ajoute rien. Mais s’il vous voit hésitant ou lançant des regards interrogateurs, il vous demande si vous voulez déposer une demande de visa. Et votre réponse guidera la suite de vos discussions. Si au finish, il n’obtient pas d’argent par ses propositions de services, il se mue en mendiant et vous demandes de l’aider à se nourrir ou à s’acheter des médicaments. Il peut même vous montrer des ordonnances prescrites pour lui-même ou des membres de sa famille. Evidemment ces ordonnances sont factices.

Je ne peux finir sans oublier de préciser que les proximités du centre sont devenus de vrais arrêts de bus. Un lieu de stationnement privilégié pour les taxis, « car rapides » et autres « clandos » (taxis clandestins, roulant sans autorisation d’exercer dans le transport) ou « Ndiaga Ndiaye » en quête de clients.

Au total, les demandes de visas Schengen n’enrichissent pas que les consulats et leurs prestataires. Au Sénégal, nous savons toujours tirer parti, surtout financièrement, de toutes les situations qui s’offrent à nous.

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

 


Chocotogo, le chocolat togolais

Par le biais des réseaux sociaux, j’ai découvert que mon pays le Togo produit du chocolat. Je devrais plutôt dire que des jeunes togolais produisent du chocolat au Togo. J’ai donc patienté d’avoir l’occasion de les acheter et goûter, lors d’un voyage au pays. Je ne fus pas déçu et je me suis dit qu’il fallait que je me renseigne sur les producteurs et que j’en parle. Ce chocolat produit au Togo s’appelle « Chocotogo » et est produit par une jeune entreprise éponyme.

Ne vous inquiétez pas car ils ne m’ont pas payé pour ce billet.

Les chocolats Chocotogo - Photo : Roger Mawulolo
Les chocolats Chocotogo – Photo : Roger Mawulolo

Pour produire du chocolat, il faut bien évidemment du cacao. Et le Togo en produit depuis les années d’avant son indépendance en 1960. Pourtant, il a fallu attendre 2014 pour voir des jeunes entrepreneurs se lancer réellement dans la production du chocolat au Togo.

Le cacao est principalement cultivé dans la zone de Kpalimé, une ville située à 120 kilomètres au Nord-Ouest de Lomé. C’est une région aux terres très fertiles. Quand les oiseaux y mangent des fruits et en font tomber les grains au sol, les arbres fruitiers repoussent tous seuls. La région des Plateaux où se situe la ville de Kpalimé est tout aussi fertile.

Le cacao faisait partie des produits d’exportation qui enrichissaient le pays. Une société d’Etat existait même pour s’occuper spécialement de la filière. Elle s’appelait la SRCC (Société pour la Rénovation de la Caféière et de la Cacaoyères togolaises). En plus d’elle, il y avait l’OPAT (Office des Produits Agricoles du Togo) qui était chargé de la commercialisation. C’était au temps de la révolution verte où l’agriculture était déclarée prioritaire. Ces deux sociétés d’Etat n’existent plus, de nos jours, et pour cause. Mais cela n’est pas le sujet.

Revenons donc au chocolat togolais « Chocotogo »

L’histoire de Chocotogo

Choco Togo a lancé ses activités en mars 2014. Mais tout a commencé un an plus tôt. A l’issue d’un projet de formation de jeunes en entrepreneuriat agricole dénommé FYSIC (Fair Young Sustainable and Inclusive Cooperative), 6 jeunes togolais et un encadreur ont été sélectionnés pour une formation pratique en Italie (à Modica en Sicile). Sur place, ils ont été rejoints par 18 autres jeunes venus de la Côte d’Ivoire, de la République Tchèque et du pays hôte. Le projet était financé par l’Union européenne.

A Modica, les jeunes ont reçu une formation pratique en fabrication traditionnelle du chocolat, en tourisme responsable, en commerce équitable et en  e-commerce.

Durant leur formation, les jeunes ont bien compris que c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Aussi ont-ils entrepris à leur retour, de se lancer dans des recherches et expériences pour trouver, concevoir et mettre en œuvre la meilleure technique de fabrication du chocolat et surtout celle qui sera adaptée à leur contexte. Pour mieux appréhender toute la chaîne de fabrication, ils ont aussi effectué des séjours d’études et réalisé un documentaire dans les fermes villageoises de cacao.

Etiquette du chocolat chocotogo - Photo : Roger Mawulolo
Etiquette du chocolat chocotogo – Photo : Roger Mawulolo
La fabrication de « chocotogo »

Du choix des fèves jusqu’à l’obtention du chocolat, un processus artisanal a été mis en place,  préservant ainsi toutes les vertus naturelles du cacao. Ce qui n’est pas le cas, des gros producteurs mondiaux qui utilisent des additifs, des huiles et des arômes chimiques. Ici l’arôme naturel du chocolat est garanti et préservé.

Les fèves de cacao utilisées par Chocotogo sont certifiées biologiques et équitables.

La pâte de cacao, le sucre roux et des ingrédients locaux tels que l’arachide, le gingembre, la noix de coco utilisés confèrent au chocolat « Chocotogo » toute son originalité en terme de goût et de saveur.

Plusieurs gammes de Chocotogo (avec divers poids) existent :

  • chocolats « nature » (à 85%, 70%, 60% et 50% de cacao)
  • chocolats noirs (à l’arachide, au gingembre et à la noix de coco avec une teneur de 55% en cacao)
  • Des pâtes de cacao
  • Des fèves de cacao torréfiées
  • De la pâte à tartiner AZINTO

Des coffrets cadeau personnalisés de chocolats peuvent aussi vous être conçus et livrés par Chocotogo.

Les retombées pour la région

La proximité de l’unité de fabrication avec les zones de culture du cacao permet une grande réduction des coûts notamment de transport. Ce qui permet à la jeune entreprise de mieux rémunérer les planteurs qui l’approvisionnent.

Chocotogo crée de l’emploi dans les zones d’où il tire sa matière première, le cacao. Le traitement et le décorticage des fèves sont confiés aux femmes de la zone. Le taux de chômage s’en trouve réduit. Ce qui constitue un facteur de création de richesse ainsi que d’amélioration des conditions de vie des familles. Ce qui n’est pas rien dans ces zones rurales qui sont souvent pauvres et délaissées par les programmes étatiques.

Aujourd’hui, Chocotogo emploie une cinquantaine de femmes à Kpalimé où se trouve son siège et 12 jeunes à Lomé sur son second site de production.

Toutes ces actions et efforts ont valu à Chocotogo d’être récompensé par plusieurs prix : le 2éme prix d’innovation du Salon International de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire (SIALO), le  1er prix d’innovation des jeunes entrepreneurs agroalimentaire de Terra Madre (SLOW FOOD) en Italie et le 1er prix du meilleur projet entrepreneurial du Forum des jeunes entrepreneurs au Togo en 2015 et le 2ème prix de la catégorie Agriculture-Agribusiness du Concours « Francophonie 35<35 » en 2016.

Vous savez donc ce qui vous reste à faire si vous voulez manger du chocolat togolais.

J’espère, pour les jeunes entrepreneurs de Chocotogo, qu’ils auront de l’appui de l’Etat togolais ou d’autres structures. Avec cela, peut-être qu’ils vont conquérir le monde et que pendant les fêtes de fin d’année, ils concurrenceront Lindt, Ferrero et compagnie.

Il est permis de rêver, n’est-ce pas ? En tout cas, c’est mon rêve pour eux.

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

 



La bière, le liquide le plus précieux au Cameroun

Au Cameroun, vous pouvez couper l’eau du robinet pendant des jours et avoir la paix. Mais si vous interdisez la vente de la bière, juste pour un seul jour, c’est sûr qu’il y aura des émeutes. D’ailleurs, lorsque vous parcourez la plateforme Mondoblog, les billets parlant de la bière nous viennent souvent du Cameroun.

Une pinte de bière - Image libre de Martin Vorel (sur libreshot.com)
Une pinte de bière – Image libre de Martin Vorel (sur libreshot.com)

A Douala, les bars sont aussi nombreux que les églises de réveil, sinon plus. De jour comme de nuit, ils fonctionnent mais leur apogée a lieu surtout les nuits et les week-ends.

La nuit, les sièges et tables des bars débordent sur la chaussée jusqu’au petit matin. Pourtant, ils ont l’obligation de fermer à 22 heures. La police passe régulièrement mais ne les ferme pas. Même pour la bière, les « apacheurs » sont présents. A « Douala-bar », une rue du quartier Akwa jonchée de débits de boisson, la partie dénommée VIP n’est différente de la partie normale que parce qu’elle est à gauche de la chaussée et l’autre à droite. J’ai beau observer les deux parties, je n’ai pu conclure.

L’essentiel est que ça mousse

En Afrique de l’Ouest, les consommateurs de bière sont généralement exigeants sur sa température. Surtout si elle est à boire sur le champ. Les consommateurs ouest-africains préfèrent les bars qui garantissent les bières glacées. Au Cameroun, ce problème n’existe pas. Lorsque je fis remarquer à mon ami Camerounais que la bière que nous venions d’acheter n’était pas à la bonne température, il me répondit « wêêêê gars*, l’essentiel est que ça mousse. »

Au Cameroun donc seule la mousse compte et pas la température. Je comprends alors pourquoi dans ce seul pays, on peut dénombrer plus de dix variétés de bières. Et la consommation est à un niveau élevé.

Je ne vous dis pas comment j’ai souri et même ri lorsque j’ai vu un matin à 6 heures un homme avec une bouteille de Guinness à la main. Je me demandais si c’était sa manière de nettoyer ses dents au réveil.

Vous êtes servis sans verre

Si l’on ne vous prévient pas, vous pouvez rester devant votre bouteille de bière à attendre que la serveuse vous donne un verre. J’en ai fait l’expérience à « Douala-bar ». Tous mes amis avaient déjà commencé par prendre leur boisson à la trompette comme on dit. A un moment, ils ont cru que je voulais encore dire que la température de la bière n’était pas adéquate. Quand ils ont dit « Eh Mollah*, prend ta bière ; elle est quand même glacée », j’ai rétorqué que j’attendais un verre. Ils ont pouffé de rire et m’ont demandé ce qui n’allait pas. Ils m’informèrent alors que ce n’était pas systématique d’avoir un verre dans un bar à Douala pour boire la bière. Et il semble que c’est pareil aux Etats-Unis.

D’ailleurs quand j’ai insisté pour en avoir, le juron que la serveuse a poussé résonne toujours dans mes oreilles. Sacrées Camerounaises !

Les serveuses ont des badges

La passion du mondoblogueur Ecclésiaste Deudjui pour les badges n’est pas fortuite. Beaucoup de personnes dans les rues de Douala en portent et on dirait que chacun veut que les autres sachent où il travaille. Cela ne doit certainement pas plaire aux chômeurs. J’ai été surpris de voir que même les serveuses de bars ordinaires avaient des badges. Souvent dans les pays africains, seuls les serveurs et serveuses de restaurants huppés ont des badges. Et souvent ce ne sont pas les badges avec des cordons au cou mais plutôt épinglés sur la poitrine.

Là dans les bars, j’ai vu les serveuses avec des badges à cordon autour du cou. On ne peut pas ne pas remarquer leur mini, micro ou nano jupes et robes. Pour leur sourire, cela dépend de votre gentillesse mais à la base, leur ton peut vous paraitre agressif. Oui, au Cameroun tout le monde parle fort.

Les multiples rondes de la police

Lorsque vous êtes assis dans un bar populaire de Douala, vous remarquerez certainement qu’en l’espace de deux voire trois heures 3 à 4 voitures de police se seront arrêtées à tour de rôle à la porte.

A chaque fois que la voiture s’arrête, la serveuse ou le gérant du bar s’en approche discrètement et elle repart. Je ne sais pas exactement ce qui se passe lorsque le personnel du bar s’approche ainsi du véhicule de la police. Mais ce qui est sûr, la réglementation qui stipule que les bars ordinaires doivent fermer à 22 heures n’est jamais appliquée. Ce qui fait la joie des buveurs qui peuvent restés scotchés à leur siège et faire défiler plusieurs bouteilles de bière jusqu’au petit matin.

Certainement qu’il faudra décerner à mes amis de Douala un trophée qu’on pourrait nommer « le gosier d’or ». Oui, les quantités astronomiques de bières englouties l’expliquent. Même les augmentations de prix ne dissuadent personne, ni ne réduisent les quantités consommées.

Douala et le Cameroun, un vrai robinet à bière.

A bientôt…

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

* »wêêêê gars », « Eh Mollah » : interpellations usuelles au Cameroun ayant le même sens que « Eh l’ami »


Douala et ses savoureux poissons braisés

On peut tout reprocher à Douala et au Cameroun, sauf la qualité de leurs poissons braisés. Lors de ma visite en 2016, j’ai été séduit. Et durant mon tout dernier séjour en 2018, j’ai été subjugué. Et je pèse mes mots. Manger du poisson braisé à Douala est toujours un moment de joie et délice. De vrais poissons braisés « androïd »* hein et pas « tchoronko »*.

Plat de poissons braisé à Douala - Crédit Photo : Roger Mawulolo
Plats de poissons braisés à Douala – Crédit Photo : Roger Mawulolo

A Douala, les meilleurs poissons braisés ne se trouvent pas dans les restaurants huppés ou dans les grands hôtels. Croyez-moi, si vous voulez profiter des vrais poissons braisés, rendez-vous sur les bords du fleuve Wouri dans les coins simples ou choisissez juste des endroits à ciel ouvert en bordure de route. C’est tellement bon que même l’odeur d’un bac Hysacam (société chargée du ramassage des ordures) ne pourrait vous perturber, ni encore les bruits de la circulation automobile et piétonne. Même les gyrophares des véhicules de police qui passent fréquemment ne peuvent vous distraire.

Les accompagnements habituels sont le miondô ou le bobolo (bâton de manioc cuit), les plantains frits ou les pommes de terres frites. N’oubliez surtout pas de manger avec la main. Oubliez les fourchettes et autres couteaux, le goût n’en est que meilleur.

Les lieux recommandés

Il y a trois types d’endroits pour avoir du bon poisson braisé : les chantiers, les bords de routes et les bords du Wouri, le fleuve qui traverse Douala.

Les chantiers sont l’appellation donnée aux restaurants qui sont installés dans la cour d’une maison d’habitation. Il s’agit souvent d’une grande cour de maison où sont disposées des chaises et des tables pour la consommation du poisson braisé. Dans un coin de la cour, un petit enclos est aménagé et dispose d’un matériel rustique de cuisson : un fourneau et un grillage. Je vous assure, la qualité du poisson braisé n’a rien à voir avec ce que vous pouvez penser de l’endroit. Si tu n’as pas goûté, tu ne peux pas comprendre. Les maters (appellation en camfranglais** des femmes d’un certain âge) qui tiennent souvent ce genre d’endroit ont tellement de clientèle qu’elles peuvent même se permettre de virer les clients jugés incorrects. J’en ai visité un à Akwa. Exquis et délicieux fut le poisson que j’ai mangé.

Les bords de routes que j’ai testés sont l’ancienne route de Bonabéri, la rue de la joie de Déido et Douala Bar à Akwa. Ce sont souvent des débits de boisson qui prêtent leurs sièges aux mangeurs de poissons braisés à condition qu’ils les arrosent avec de la bonne bière, le liquide le plus précieux au Cameroun.

Les incontournables « apacheurs »

Il est difficile de traiter directement avec ceux qui braisent le poisson. Dès que vous descendez de votre véhicule, il y a des démarcheurs qui vous abordent. Ils sont appelés « apacheurs ». Ils vous proposent le poisson braisé comme si c’était eux les vrais vendeurs. Le milieu est tellement réglementé que celui qui braise lui-même ne s’adressera jamais à vous sans passer par le démarcheur.

Les prix sont discutés avec les « apacheurs » et les poissons choisis en sa présence. Pour vous montrer qu’un poisson est frais, il soulève les opercules pour vous montrer les branchies bien rouges. Il suit la préparation et la livraison et à la fin vient lui-même récupérer le paiement. Vous ne saurez jamais le prix qu’il a négocié avec celui qui braise.

Il vous trouve une place assise et si l’accompagnement que vous voulez n’est pas disponible chez le vendeur de poisson, il vous le trouvera ailleurs.

L’apacheur a sa marge sur toutes ces transactions, ce qui fait que le prix est un peu haut.

Poisson braisé à Douala – Crédit Photo : Roger Mawulolo
Les chargés de la braise

Le poisson est souvent ou presque toujours braisé par des hommes. Même si l’affaire appartient à une femme, à la cuisine, ce sont les hommes qu’on voit. Je ne sais pas s’ils suivent une formation spéciale mais ce sont des experts en braise. Des capitaines aux bars en passant par les carpes sans oublier les gambas, les crevettes ou autres fruits de mer, la technique est rodée. La manière d’envoyer les condiments, les sauces ou l’huile sur le poisson au feu relève d’une dextérité sans faille. En les observant, j’ai compris que mes cours de sciences naturelles en terminale étaient tirées de la réalité, surtout la partie qui concernait le « chien de Pavlov ». Je me suis même demandé si le docteur Ivan Pétrovich Pavlov lui-même n’a pas vécu à Douala.

Chose étonnante au Cameroun, et qui mérite d’être soulignée, il n’existe pas encore de nom en Camfranglais pour les hommes chargés de braiser le poisson. Un bon sujet de recherche pour les linguistes du Cameroun.

Le vendeur de mayonnaise

Lorsque votre poisson vous est servi, un personnage insolite s’approche toujours de votre table. Il m’a fallu ma troisième sortie pour comprendre que c’était un vendeur de mayonnaise qui opérait à son propre compte. J’avais toujours cru que c’était le vendeur qui l’envoyait.

Il s’approche de votre table avec son bocal et une cuillère bien spéciale. Vous pouvez alors acheter votre cuillerée de mayonnaise au détail. La cuillère que le vendeur de mayonnaise utilise a été étalonnée par lui-même pour réduire l’unité de mesure de la mayonnaise. Lui aussi n’a pas encore d’appellation en Camfranglais.

Le Cameroun, champion de la braise

Souvent, je n’aime pas faire des compliments à mes amis Camerounais car ils prennent vite la grosse tête et commencent par vite crier « Impossible n’est pas camerounais ». Déjà qu’ils ne savent pas parler doucement. Mais pour le poisson braisé, je suis obligé de reconnaître que c’est leur domaine de prédilection. J’en ai goûté dans beaucoup de pays et j’avoue qu’en la matière, le Cameroun est en tête. Selon moi, en tout cas. Et comme le dit mon grand-père, même si on peut dire au lièvre qu’il a de trop longues oreilles, on doit au moins lui reconnaître qu’il court vite.

Chers amis Camerounais, si le président de la Confédération Africaine de football vient encore pour inspecter vos infrastructures pour la Coupe d’Afrique des Nations de football 2019, amenez le manger du poisson braisé à « Douala Bar » (Akwa) ou à la « rue de la joie » (Déido). Il sera tout de suite de votre côté. Mais bon, n’oubliez quand même pas d’accélérer les travaux pour pouvoir accueillir la CAN hein car là ça devient inquiétant. Sinon même un avocatier*** ne pourra vous sauver.

A très bientôt car je n’en ai pas encore fini avec le Cameroun…

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

* android / tchoronko : deux termes utilisés en opposition pour parler de ce qui est de très bonne ou de mauvaise qualité (ou encore moderne ou désuet).

** Camfranglais : langue cosmopolite parlée au Cameroun constituée d’un mélange de français, d’anglais et de langues locales.

*** avocatier : lors des dernières élections présidentielles, un candidat pour se défendre a mobilisé une pléthore d’avocats ; l’expression courante a ainsi utilisé le terme « avocatier » pour désigner le groupe d’avocats.


Bienvenue à Douala

Lorsque vous visitez Douala, vous avez le choix entre l’aimer ou la détester tellement les contrastes y sont forts. Moi j’ai décidé d’en aimer les bonnes parties et de ne pas forcément en détester les mauvais côtés. J’ai fait miennes ces paroles que les Camerounais aiment répéter : « si on t’explique le Cameroun et que tu le comprends c’est sûrement qu’on te l’a mal expliqué. » Mais moi, je comprends Douala et le Cameroun à ma façon aussi…

Douala - Scène de circulation : carrefour Tiff / Photo : Roger Mawulolo
Douala – Scène de circulation en fin de journée : carrefour Tiff / Photo : Roger Mawulolo

Capitale économique du Cameroun, Douala est une ville vivante. Sa vitesse de peuplement et son activité économique semblent dépasser les capacités des autorités municipales, ce qui est palpable sur les équipements d’urbanisation et d’assainissement de la ville. Les embouteillages sont monstres aux heures de pointe. Les nuits, dans les quartiers chauds, les sièges des débits de boissons débordent sur la chaussée. Les étals des vendeurs de poissons braisés aussi. Les trottoirs n’existent presque plus tellement les toits de tôles des kiosques des vendeurs sont avancés.

L’aéroport de Douala

Beaucoup de mondoblogueurs en ont déjà parlé, notamment Réné Jackson Nkowa, mais je ne puis m’empêcher d’y rajouter ce que j’y ai vu.

Les longs couloirs avec des poteaux, je dirai « couloirs aux mille poteaux », semblent lugubres surtout quand c’est vide. Et il y règne une chaleur d’enfer. Je ne sais pas si c’est parce que la climatisation était éteinte à mon arrivée ou à mon départ. Au moins les poteaux servent à faire de la publicité : à ma première visite c’était Coca-Cola et à ma dernière ce fut MTN. C’est le seul changement en deux ans.

Des pays africains que j’ai visités, le Cameroun fait partie des rares où le visa demeure, à ce jour, un rectangle de tampon rouge, et les informations sont inscrites au stylo. L’informatisation n’est pas encore passée par là. En plus, lorsque vous réglez les frais de visa, vous n’avez droit à aucun reçu de paiement. Je me demande comment le contrôle des fonds encaissés est fait. Il faut aussi subir l’humeur du fonctionnaire de police qui a votre passeport en main. Lorsque l’officier de police est une femme, vous allez regretter la douceur et la voix mielleuse des Sénégalaises. Les fonctionnaires de police sont dans le « sissia » (mot utilisé pour désigner l’art de l’intimidation). On dirait que personne ne sait parler doucement à Douala.

En somme, disons que l’aéroport est vraiment vétuste avec deux petits tapis qui servent à délivrer les bagages.

Toutes les sociétés qui posent des films plastiques sur les bagages dans cet aéroport continuent de le faire à la main. Pourtant, l’une d’elles a exposé une très jolie machine devant son stand. C’est en utilisant leur service que l’on se rend compte que la pose est manuelle et que la machine ne fonctionne pas.

Les dimanches matins, les alentours de l’aéroport sont assaillis par des groupes de sportifs qui font leurs exercices physiques sur les pelouses et la chaussée.

Les taxis et les bend-skins (moto-taxi)

Les conducteurs de ces deux types de transport de Douala sont pareils. Ils parlent fort, disent des mots crus et insultent à tout-va. En plus, ils conduisent mal. Aucun respect pour les signalisations routières. Que le feu de signalisation soit rouge, orange ou vert, la règle est « on passe ou on passe ». Ils préfèrent les klaxons aux freins. Ils foncent toujours et évitent les obstacles par de brusques coups de volant ou de guidon mais ne semblent jamais vouloir freiner. Lorsque l’obstacle est franchi et s’il s’agit d’un autre conducteur, il récoltera, à coup sûr, des injures salées que je n’ose répéter ici. Quand la voie empruntée est sujette à un embouteillage, ils prennent sans sourciller la voie opposée qui, pourtant, est en sens contraire. Même là, ils se permettent d’injurier quiconque les bloque alors qu’ils sont en infraction.

Ce qui m’a marqué chez un des chauffeurs de taxi, c’est qu’il a vraiment manqué de respect à une dame avec qui j’étais. Le tort de la dame est de ne pas lui avoir dit qu’il y avait des embouteillages sur le chemin. Il a ajouté à mon endroit « Vous, Monsieur je sais que ce n’est pas vous. Mais la dame a menti et ce sont les Camerounais qui font toujours ça. » Au moins devant moi un étranger, il aurait pu se retenir de mal parler de ses compatriotes.

Un conducteur de moto-taxi dans une rue de Douala - Photo : Roger Mawulolo
Un bend-skinneur à Douala – Photo : Roger Mawulolo

Chez les bend-skinneurs (conducteurs de moto-taxi), ce qui me faisait sourire c’était la toiture montée sur la moto pour se protéger du soleil et de la pluie. Il s’agit d’un parapluie dont la toile a été prolongée par un bout de bâche ou de plastique. Une autre partie couvre l’avant. Si vous êtes malchanceux, vous devriez rester en apnée durant tout votre trajet sur le bend-skin grâce à l’odeur de transpiration du conducteur. Comme les zémidjans, leurs homologues de Lomé et de Cotonou, ils sont aussi capables de prendre deux passagers sur leur moto, pourtant destinée à un.

Presque tous les noms de quartiers commencent par « Bona »

Pour rire, je dirais tous les quartiers appartiennent à la famille du célèbre chanteur Richard Bona. Pour être plus sérieux, j’ai posé la question mais les définitions ne sont pas forcément les mêmes. Certains m’ont dit que cela voulait dire « grande famille » ou « à » ou « chez ». Je me dis que cela doit être similaire au mot « keur » en wolof qui signifie « maison » qui donne Keur Massar ou Keur Mbaye Fall. Au Togo c’est plutôt « kopé » qui signifie « village » qui donne « Kolokopé », « Kodjoviakopé », « Hanoukopé » ou « Amouzoukôpé » par exemple.

Bonandjo, Bonapriso, Bonalembé, Bonamoussadi, Bonabéri, Bonassama, Bonaduma et que sais-je encore ? Mais nous avons aussi Akwa (centre-ville), Bépanda, New-Bell, Makêpê ou le quartier chaud de Deido, avec sa rue de la joie.

Dans les quartiers de Douala, les poteaux téléphoniques et électriques m’ont intrigué. On dirait que les câbles ne pouvaient jamais être bien tendus entre deux poteaux. Et sur chaque poteau, on y voit un tel amoncellement de fils qu’on croirait que la société de téléphonie ou d’électricité s’y constitue une réserve. Mais le hic, c’est que chaque arrivée de fil avait son rouleau toujours bien fourni. D’ailleurs, les fils se disputaient les poteaux avec les bâches publicitaires ou d’annonces de décès.

Douala demeure une bonne ville africaine avec ses bacs blancs d’ordures toujours débordants ainsi que ses caniveaux toujours remplis d’eaux verdâtres. Faites surtout attention quand vous marchez sur les plaques de béton qui les couvrent.

Au Cameroun, ne vous étonnez pas qu’on réponde à vos questions par des questions. A la fin des mots vous allez toujours sentir les « euuuu », les « engggg » et les « onggggg ».

A bientôt…

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)


La canne blanche, pour voir et pour parler

Fortuitement j’ai découvert qu’il existait une journée internationale de la canne blanche. Cet outil si précieux pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes. Cette célébration est prévue pour le 15 octobre de chaque année. C’était donc le lundi dernier. Je trouve que beaucoup ignore encore l’existence de cette journée. Ce qui démontre le peu d’attention que nous accordons aux personnes souffrant de déficiences visuelles.


Sénégal : hommage à Bruno Diatta, le sherpa des présidents

J’avoue que depuis que je vis au Sénégal, je ne me souviens pas avoir vu un hommage aussi grandiose et unanime à l’endroit d’un disparu. Le jeudi 27 septembre 2018, du Palais de la Présidence à la Cathédrale Notre-Dame-Des-Victoires de Dakar, l’émotion était grande et palpable. Tout le Sénégal avait le cœur étreint et la cité de Kabrousse, en Casamance, pleurait son fils. Cet homme, le sherpa des Présidents sénégalais depuis l’indépendance, c’est Bruno Diatta.

Feu Bruno Diatta, chef du protocole de la présidence sénégalaise. © DR
Feu Bruno Diatta, chef du protocole de la présidence sénégalaise. © DR

Bruno Diatta était d’une discrétion remarquable malgré son rôle central auprès de l’Etat. Ce qui n’est pas étonnant pour le Casamancais qu’il était.

Le sort aura voulu qu’il ne voit pas le jour de la commémoration des 16 ans du naufrage du bateau « Le Joola ». Bruno Diatta est décédé le 21 septembre 2018 et le 26 septembre aura été la date de la célébration. Etant Casamançais, il avait forcément des parents qui ont péri dans ce drame qui fait aujourd’hui partie intégrante de l’histoire du Sénégal et de sa région sud, la Casamance.

Je vous livre ici ce qui est un hommage à un homme que je ne connais pas mais dont j’ai tellement entendu parler. Et aussi, ce n’est plus un secret, tout ce qui touche à la Casamance me touche. Allez savoir pourquoi.

L’homme

De son nom complet Bruno Robert Louis Diatta, il était jusqu’à son décès le chef du protocole de la présidence sénégalaise. Cet agent de l’Etat est unanimement cité comme exemplaire et discret. Il a poussé ses premiers cris dans la ville au grand pont métallique, Saint Louis. Il y fit également ses études primaires et secondaires. Ce digne fils du Sud est donc né dans le Nord le 22 octobre 1948. C’est toujours dans cette ville très liée au jazz (un festival y est organisé chaque année) qu’il se maria.

Digne fils de Casamance, c’est par l’oraison funèbre lue en son honneur par le Chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, que je sus qu’il était de la même lignée que la résistante Aline Sitoe Diatta de Kabrousse. Certainement que c’est pour cela que Bruno Diatta était doté d’une ténacité et d’une inflexibilité légendaires. Il était imbu des règles protocolaires au point où il savait recadrer même les Chefs d’Etat.

Bruno Diatta laisse derrière lui une veuve et 4 enfants.

Ses œuvres

Il a fait ses études supérieures en France (Institut d’Etudes politiques de Toulouse) et les a terminées à l’Ecole nationale d’Administration du Sénégal à la section « Diplomatie ».

Réputé homme efficace, discret et digne de confiance, il a mené, pour tous les Présidents du Sénégal, bien de missions sensibles. Ce qui est constant chez tous ceux qu’il a servi est de reconnaître qu’aucun secret du Palais ne pouvait se retrouver dehors à cause de lui. Ce qui explique certainement qu’il soit resté au Palais depuis 1977. Il y fut introduit par le premier Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. Par la suite, il fut au service d’Abdou Diouf, d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall. Ce dernier l’éleva au rang de ministre. Le Sénégal entier sait qu’Abdou Diouf avait conseillé à son successeur Maitre Abdoulaye de ne pas se séparer de Bruno Diatta.

Il était un acteur important du dialogue islamo-chrétien qui fait du Sénégal, l’un des pays où les confessions religieuses vivent en parfaite harmonie. Il était chrétien catholique certes, mais œuvrait aussi pour que la communauté chrétienne protestante ait aussi sa place. Aussi a-t-il favorisé bon nombre de rencontres entre ces deux confessions et les plus hautes autorités du Sénégal.

Les Chrétiens du Sénégal savent et reconnaissent que Bruno Diatta murmurait à l’oreille des Présidents et qu’il était écouté. Mieux, il était aussi porteur de messages des musulmans. Un vrai trait d’union entre beaucoup de couches de la société sénégalaise.

L’hommage de la nation

Je vous disais tantôt que le Président Macky Sall l’a élevé au rang de Ministre. Dans son discours-hommage en guise d’oraison funèbre, il a dit ceci : « J’ai voulu ainsi reconnaître les qualités personnelles et ses mérites professionnelles au service de l’Etat ». Cet hommage n’est sans doute pas fortuit puisque le Président connaissait bien l’homme et depuis fort longtemps. Le Président Macky a été, avant d’être Chef de l’Etat, ministre des mines et de l’énergie, ministre de l’intérieur, maire de Fatick et aussi Président de l’assemblée nationale.

A titre posthume, Bruna Diatta a été élevé au rang de Chevalier de l’Ordre national du Lion. Cette distinction est la plus élevée du pays.

La salle des conseils de la Présidence de la République du Sénégal portera, désormais, son nom. Le grand amphithéâtre de l’Ecole nationale d’Administration aussi. Il sera le parrain de la promotion 2019 de cette école.

Enfin, l’Etat a aussi promis d’accompagner la réalisation du projet d’Académie du protocole que Bruno Diatta envisageait de créer. Sans être dans le secret des dieux, je pense quand même que cette académie portera son nom.

Les rois et notables de Kabrousse, le village du Département d’Oussouye, étaient aussi présents à Dakar pour les obsèques. Ils étaient reconnaissables dans leurs tenues rouges. Certainement que les funérailles traditionnelles de l’illustre disparu auront bientôt lieu dans son village.

Le sherpa, l’homme de l’ombre et des missions délicates, s’en est allé. Fidèle à lui-même, il s’en est allé dans le calme.

Emit é ékane fouyaki fou djélène (littéralement « Dieu fasse que la tombe te soit fraîche », en langue Diola de Kabrousse)

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)