Mawulolo

La Suisse, c’est la Suisse (Partie 2)

Après la première partie où je vous ai parlé de chocolats, de montres, de couteaux, d’argent, de cantons, de drapeau et de manger, voyons d’autres particularités de la Suisse.

Vue de Genève, en Suisse, depuis les hauteurs de la vieille ville - Photo : Roger Mawulolo
Vue de Genève depuis les hauteurs de la vieille ville – Photo : Roger Mawulolo

Le pays d’Henri Dunant, fondateur de la Croix-Rouge et de Roger Federer, champion de tennis, demeure toujours une attraction. Vous verrez comment on y déclare officiellement le printemps ou encore comment on y désigne le téléphone. Mieux encore, certaines dispositions du code de la route peuvent vous dérouter et les Africains pourront s’y tromper avec les saints.

Le lac Léman

Le lac Léman baigne la Suisse et la France. Mais les Suisses semblent lui accorder plus d’importance que les Français. Généralement lorsqu’on dit d’une personne qu’il séjourne au bord du Lac Léman, l’on pense directement à un séjour en Suisse. A Genève, il est surplombé par le pont du Mont-blanc. Des cygnes y sont visibles et attirent beaucoup de touristes. Pour faire tomber le cœur d’une jeune suisse, une invitation au bord du Léman peut vous servir. Vous pouvez en abuser. Je ne vous dirai pas si j’ai utilisé ce catalyseur. 😀

Le lac Léman a été même à l’origine de la création d’une discipline scientifique : la limnologie. Cette science se charge de l’étude des lacs et étangs.

Le code déroutant de la route

En Suisse, même quand le feu tricolore passe du rouge au vert, il passe toujours par l’orange. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays où l’orange ne s’allume que lors du passage du vert au rouge. La prudence suisse n’a pas d’égale.

Les conducteurs suisses se trompent souvent en France et les français se trompent souvent en Suisse lorsqu’il s’agit d’entrer ou de sortir d’une autoroute. La raison est simple : en Suisse les autoroutes sont indiquées par des panneaux à fond vert ; en France, le même panneau a plutôt un fond bleu.

Le marronnier et sa plaque en médaillon - Photos et montage : Roger Mawulolo
Le marronnier, actuellement en fonction, et sa plaque – Photos et montage : Roger Mawulolo
L’arbre officiel d’annonce du printemps (le marronnier)

Une seule hirondelle ne fait pas le printemps mais en Suisse, un seul arbre l’annonce. Devant les portes de la vieille ville, à Genève, se trouve un marronnier. C’est sur lui que se constate le début officiel du printemps. Quand y apparait le premier bourgeon, les Suisses sont officiellement au printemps. Et cela passe par une annonce officielle.

Cette tradition a débuté depuis 1818. Le marronnier, actuellement en fonction, est en fait un régent. Cette régence sera finie quand les « fils » du marronnier précédent seront mûrs pour la relève. Ce dernier, appelé le plus ancien fonctionnaire, a servi de 1929 en 2016.

Téléphone et internet en Suisse

Lorsqu’un Suisse vous parle de « natel », sachez qu’il vous parle de téléphone mobile. Quelque soit le canton dans lequel vous vous trouvez, ce terme est connu. Un conseil : lorsque vous tombez sous le charme d’une Suisse, belle comme Martina Hingis (quand elle était jeune), demandez lui son numéro de « natel ». Elle en sera ravie car vous aurez déjà fait un effort d’intégration.

Lorsque vous êtes dans un aéroport, vous avez besoin de votre passeport ou de votre carte d’embarquement pour avoir un code d’accès à Internet. Dans les restaurants et supermarchés ou encore dans les gares, un numéro de téléphone vous est toujours demandé pour l’envoi de votre code d’accès.
Il n’y a presque jamais de code d’accès publique, au réseau wi-fi, affiché pour les clients.

Les saints ne sont pas que catholiques

Les Saints sont partout même chez les Protestants. En Afrique, les catholiques ont l’apanage de la connaissance ou de l’utilisation des « Saints ». Une Paroisse dénommée Saint François d’Assises ou Saint Augustin, par exemple, est très souvent catholique. En Suisse, même des cathédrales dénommées par un nom accompagné de l’adjectif « saint » peuvent être protestantes. Ainsi nous avons la cathédrale Saint François de Lausanne ou Saint Germain à Genève.

C’est aussi le pays des réformateurs comme Jean Calvin, Guillaume Farel, John Knox et Théodore de Bèze dont les statues trônent sur le mur de la réformation sis dans le parc des Bastions à l’Université de Genève.

Dès que vous en aurez l’opportunité, n’hésitez pas à visiter la Suisse. Et comme une amie suisse me disait, quand je me plaignais du temps changeant « il n’y a jamais de mauvais temps, il y a juste de mauvais habits ».

J’ai trouvé les Suisses très philosophes et portés sur les réflexions profondes. Je n’en dirai pas plus.

Salam chez vous.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


La Suisse, c’est la Suisse (Partie 1)

La Suisse est un pays assez particulier. Je dirais même que ce ne serait pas la Suisse si nous n’y trouvions tout ce qui fait, justement, sa particularité, dont il est question dans ce billet. Un nouveau carnet de voyage, rien que pour vous, chers lecteurs.

Vue d'un grand hôtel de Genève avec le drapeau suisse et d'un immeuble portant une marque de montre - Photo : Roger Mawulolo
Vue d’un grand hôtel de Genève avec le drapeau suisse et d’un immeuble portant une marque de montre – Photo : Roger Mawulolo

Il faut ouvrir les yeux et les oreilles pour voir, entendre et comprendre la Suisse et les Suisses, tellement ils sont discrets. Des anecdotes, de l’Histoire, de la géographie et des habitudes de vie vous donne une large idée de la particularité suisse. Un petit secret pour les garçons : quand une fille suisse vous dit que vous êtes son « bon ami », soyez heureux : en Suisse, ce terme veut dire « petit copain » ou « amant » (si je veux exagérer un peu).

Par ailleurs, lorsqu’on évoque la Suisse, nos pensées vont souvent directement aux montres, aux chocolats et à l’argent…

Une affaire de cantons et de drapeau carré

Composée de 26 cantons, la Suisse est une fédération. Chaque canton est autonome et dispose de son parlement et de son gouvernement. Ce qui est vrai dans le canton de Vaud ne l’est pas forcément dans celui de Genève ou celui du Valais.

Les langues officielles en Suisse sont le romanche (langue de souche), l’allemand, le français et l’italien. Il est à noter quand même que le suisse-allemand est différent de l’allemand classique.

Le drapeau suisse est carré et non rectangulaire comme celui des autres pays. Toute autre forme donnée à ce drapeau à fond rouge avec au milieu une croix blanche est une erreur.

Couteaux, montres et chocolats

Le couteau suisse n’est pas un simple couteau. Il est en fait couteau que de nom car il comporte « seulement » une ou deux lames, mais il possède beaucoup d’autres outils, nombreux et variés, par exemple, pour les derniers-nés, des clés Usb ! De taille variable, c’est un outil apprécié par les bricoleurs parce-qu’il est vraiment multifonction. Le couteau suisse s’entretient. A l’achat, ils sont garantis et c’est rare d’en trouver à moins de 30 euros. Les marques sont entre autres : Victorinox et Leatherman.

Pour connaître les marques de montres suisses, il suffit de vous promener dans Genève. Beaucoup d’immeubles portent sur leur toit ou leur fronton ces noms. Vous verrez Patek Philippe, Rolex, Breguet, Jaeger-LeCoultre, BlancPain, Zenith, TAG Heuer, Omega, Breitling, IWC, Tissot ou autres. Lorsque vous discutez avec des Suisses, ils vous diront que ce sont les montres purement mécaniques qui sont les plus chères. Ceux qui en fabriquent encore sont de grands spécialistes. A l’heure du « tout électronique », cela a bien du sens.

En matière de chocolat, nous connaissons bien les marques Lindt, Milka, Nestlé et Toblerone qui sont suisses. Mais il en existe d’autres que l’on ne voit peut-être pas assez hors du pays. Je peux citer, entre autres, Camille Bloch, Favarger, Frey, Suchard, Martel, Villars, Swiss dreams, Barry Callebaut ou Cailler.

Euros et francs suisses

Pouvons-nous parler de la Suisse sans parler d’argent ?

La Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne mais l’euro peut y être utilisé. Seulement, lorsque vous payez en euros lors d’un achat, le reliquat vous est donné directement en francs suisses. Même si vous réclamez des euros, cela n’y changera rien.

Le taux de change est intégré directement dans les applications de gestion des caisses y compris dans les automates (distributeurs). A défaut, le vendeur peut considérer que les deux monnaies sont équivalentes. Et ceci est plutôt à son avantage vu qu’un euro équivaut à 1,5  francs suisses.

Manger en Suisse

Manger en Suisse n’est pas compliqué mais il ne faudra pas vous tromper sur les moments. L’appellation « petit déjeuner » n’y existe pas, ce qui décale un peu les choses !

Le matin, de Longirod à Genève en passant par Bâle ou Yvons-les-bains, on prend plutôt un « déjeuner », on « dîne » à midi et le soir, on prend « le souper ».
Lorsqu’une jolie Suisse accepte donc de dîner avec vous, n’allez pas vite en besogne en allant chercher des bougies, elle viendra à midi et non le soir.

Voilà, vous en savez un peu plus sur la Suisse. Rendez-vous dans le prochain billet qui sera le deuxième et dernier du carnet de voyage en Suisse.

Salam chez vous.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Le Rwanda, pays des mille gorilles (Voyage au Rwanda – Partie 5)

L’autre nom du Rwanda est le pays des mille collines. Mais au vu de la considération qui y est donnée aux gorilles, je suis tenté d’affirmer qu’il peut bien être aussi appelé « pays des mille gorilles ».

Le siège de "The Dian Fossey Gorilla Fund International" au Rwanda - Photo : ©Azurfrog on Wikimedia
Le siège de « The Dian Fossey Gorilla Fund International » au Rwanda – Photo : ©Azurfrog on Wikimedia

Le tourisme rwandais a beaucoup d’aspects dont l’un des plus fascinants est le parc des gorilles. Au-delà de la préservation de cette espèce, le gorille est tout un symbole dans le pays. Beaucoup de marques de divers produits rwandais portent la dénomination « gorille » ou « gorilla ». De vrais symboles de l’importance accordée à cette espèce sont visibles et présentes au Rwanda.

L’espèce la plus en vue au Rwanda est celui des gorilles de montagne à dos argenté.

Dian Fossey, la primatologue, pionnière reconnue mais controversée

S’il y a une figure qui a révolutionné les études et les pensées sur les gorilles, c’est sans conteste Dian Fossey. Elle est considérée comme la plus grande experte en gorilles car elle a vécu 18 ans dans les montagnes du Virunga pour les étudier. Américaine, née en 1932, cette chercheuse s’est spécialisée dans l’étude de la vie des gorilles. Elle a réussi à enlever de l’imaginaire populaire que les gorilles étaient des bêtes féroces qui s’en prenaient à l’homme. Après un tour au Congo, elle s’est installée au Rwanda en 1967 et a activement lutté pour la préservation des gorilles à dos argenté. Le « meurtre », le 31 décembre 1977, de son gorille préféré nommé « Digit » la changea complètement, à partir de là son attitude ne fut plus la même qu’auparavant. Elle décida de financer des patrouilles, de détruire des pièges, de brûler des campements, de capturer des braconniers. Elle fut accusée de torture sur des braconniers que son groupe avait interpellé.

Dian Fossey - Image libre : Flickr.com
Dian Fossey – Image libre : Flickr.com

L’énigme de sa mort reste non élucidée à ce jour. Elle fut violemment assassinée. Son corps sans vie fut découvert, le 27 décembre 1985, dans sa tente, avec de profondes blessures à la tête, faites à la machette.
Dian Fossey a publié un livre titré « Gorilles dans la brume ». Cette œuvre a été adaptée au cinéma (vous pouvez visionner la bande-annonce à la fin du billet). Une fondation de recherche et de protection des gorilles porte aujourd’hui le nom de « The Dian Fossey Gorilla Fund International ». Elle est basée au Rwanda avec des antennes aux Etats-Unis.

Le Kwita Izina

En Afrique et au Rwanda, quelques jours ou semaines après la naissance d’un enfant, une cérémonie de baptême est organisée pour lui donner un prénom. Pour démontrer son attachement à la préservation de l’espèce des gorilles, l’état rwandais organise depuis 2005 cette cérémonie pour les bébés gorilles qui naissent. Elle est dénommée Kwita Izina qui veut dire « donner un nom » en kinyarwanda. La portée de cette idée originale dépasse de loin le seul baptême des bébés gorilles. Elle donne l’opportunité au Rwanda d’attirer l’attention des populations locales et du monde sur la nécessité de préserver l’environnement. La cérémonie mobilise des participants venus du Rwanda et de l’extérieur. Parmi eux, on retrouve des écologistes, des opérateurs économiques, des acteurs célèbres et personnalités de haut rang. Au-delà de la cérémonie de baptême qui se tient à Kinigi, plusieurs autres activités (dîner de gala, circuit touristique, conférence…) sont organisées dans le pays.

Des prénoms évocateurs sont ainsi donnés aux bébés gorilles et ils sont suivis durant toute leur vie. Chaque bébé gorille est identifié par son nom, sa date de naissance, le nom de sa mère, le nom de sa famille. Il a un parrain ou un baptiseur qui est souvent une haute personnalité du Rwanda ou d’ailleurs. La cérémonie est présidée par le Président Paul Kagamé lui-même.

Cette année 2017, 15 bébés gorilles ont été baptisés. Quelques prénoms choisis avec leur signification en français : Ikigega (stock de trésors), Inyungura (addition), Ganza (l’éternel dominant), Isimbi (perle brillante), Iciamamare Maktub (l’étoile montante), Icyororo (fertile), Ubwiza (beauté), Inkingi (pilier), Iyamarere (le courageux), Ikoranabuhanga (la technologie), Uruyange (floraison), Ubudasa (l’unique).

Bébé et maman gorille au parc national des volcans - Crédit photo : Derek Keats sur flickr.com
Gorilles au parc national des volcans, Rwanda – Photo : Derek Keats sur flickr.com
Les gorilles sont aussi hors des parcs
Paquets de thé et café de marque basée sur "gorille" - Photo : Roger Mawulolo
Paquets de thé et café – Photo : Roger Mawulolo

Soyez sans crainte, vous ne croiserez pas un gorille déambulant dans les rues de Kigali ou de Rubavu. Mais vous les retrouvez quand même partout en statues trônant à un rond-point, dans la cour d’un hôtel ou d’une institution. La célèbre place de l’indépendance de Kigali a son rond-point nommé « Les gorilles ». Le parc national des volcans de Kinigi, où vivent les gorilles à dos argenté, a évidemment aussi sa massive statue de gorille.

Beaucoup de produits aussi portent la marque « Gorilla » (notamment le café et le thé). Il existe aussi le « Mountain Gorilla Lodge » qui est un hôtel situé à Kinigi (nord Rwanda).

Avec tout cela, convenez-vous avec moi que le Rwanda peut être aussi appelé « pays des mille gorilles » ?

Bonne lecture et surtout à vous lire en commentaires ….

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Ces charmantes Rwandaises (voyage au Rwanda – Partie 4)

Pour ce quatrième et avant-dernier chapitre de mon carnet de voyage au Rwanda, je vous parlerai des Rwandaises. Pour un homme, c’est un exercice risqué que de bien parler des femmes d’un pays qu’il a visité seul. Si vous voyez ce que je veux dire. Mais pour vous mes lectrices et lecteurs, je le fais quand même.
Et comme d’habitude, tous les commentaires et conclusions n’engagent que moi.

Danseuses rwandaises - Image libre de droits Wikimedia Commons
Danseuses rwandaises – Image libre de droits Wikimedia Commons

A Kigali, on dit « ni beza », ce qui veut tout simplement dire « elles sont belles » en kinyarwanda.

La femme rwandaise peut vous sembler fragile mais ne vous y trompez pas. Ce sont des femmes qui ont beaucoup de caractère, ce qui n’enlève rien à leur grâce. Pour preuve, actuellement, le Rwandais le plus célèbre en dehors du pays – mis à part le Président Kagamé himself- est une femme. Je ne vais pas la citer car cela n’est pas l’objet de mon billet, mais si vous voyez de qui il s’agit, vous comprendrez comme moi que les femmes rwandaises sont souvent des femmes très courageuses. Pleines de grâce, la douceur et le charme sont assurément avec elles.

Joli physique

Qu’elles soient de teint noir ou clair, petites ou grandes, minces ou rondes, les Rwandaises sont charmantes. Elles ne parlent pas beaucoup mais savent toujours vous répondre quand vous leur posez une question. Quand elles sont un peu embarrassées, elles vous sortent un large sourire. Si vous lui fixez un rendez-vous et qu’elle accepte, c’est qu’elle viendra. C’est rare qu’elle fixe un faux rendez-vous sauf vraiment en cas de force majeure. Même si elle n’a pas dit « non » de manière claire (mais qu’elle n’a pas dit « oui » clairement non plus), elle ne viendra pas. Souvent, elles sont de très bonnes cuisinières et savent surtout bien griller la viande, le poisson ou autres. Elles sont accro à l’hygiène, à la propreté et à l’entretien comme les Casamançaises du Sénégal.
Quand elle est de teint clair, son prénom est « Violette » (avec une prononciation en anglais, genre « vaolette »).

Sapées comme jamais

Je vous avais parlé du mushanana qui est l’habit traditionnel des Rwandais. A part cela, la Rwandaise s’habille aussi à la mode européenne ou américaine. Les jeans pantalons ne sont pas négligés (par les jeunes surtout). Les dames rwandaises raffinées affectionnent particulièrement les tailleurs bien coupés, avec de bonnes couleurs. Elles savent faire la distinction entre tenues de ville et tenues de soirée. La coquetterie est le synonyme de « la rwandaise ».

J’ai aussi noté quelques légères percées des tissus wax qu’elles ont commencé par adopter petit à petit.

Des femmes rwandaises nappies habillées en mushanana - Photo : Roger Mawulolo
Des femmes rwandaises nappies habillées en mushanana – Photo : Roger Mawulolo
Les Rwandaises sont nappies

Côté coiffure, elles préfèrent être naturelles, nappy. Il est assez rare de croiser une Rwandaise avec des coiffures basées sur des mèches brésiliennes ou indiennes. Je ne sais pas si c’est par souci d’économie ou d’authenticité mais la majorité semble s’accorder sur cette mode. D’ailleurs, beaucoup de femmes des pays de l’Afrique de l’Est adoptent aussi ce style. Les Kényanes, les Tanzaniennes, les Ougandaises pour ne citer qu’elles. Peut-être un phénomène régional.
Au Rwanda, la coiffure naturelle ( le « nappy ») est la règle et les autres types de coiffure sont des exceptions.

Elles ont des parapluies

En toute période, la Rwandaise a un parapluie à la main surtout lorsqu’elle a un enfant sur le dos. Que ce soit en période de chaleur pour se protéger contre les rayons de soleil ou en période de pluie. J’ai remarqué que la coquetterie va jusqu’au parapluie qui est souvent fleuri ou de couleur bien choisie.
Il n’est pas rare de voir même des parapluies aux couleurs assorties aux habits portés. J’ai été séduit.

Elles sont présentes au parlement

Dans beaucoup de pays dans le monde, la représentation des femmes dans les instances politiques demeure faible. Au Rwanda, au contraire, les femmes représentent 61,3% des députés de l’Assemblée nationale. Ce contre exemple étonne, d’ailleurs beaucoup de délégations parlementaires étrangères se sont déjà rendues au Rwanda pour voir comment implémenter le modèle dans leurs pays. Le Rwanda a réussi cette introduction des femmes au Parlement en une génération, ce que la Suède a mis 50 ans à réaliser (mais au moins, elle a le mérite de l’avoir réalisé). Le Rwanda est en tête du classement mondial en terme de représentation féminine dans un Parlement national. En Afrique, les meilleurs taux sont de 42,7 % au Sénégal et 41,5% pour l’Afrique du Sud. La France se trouve loin derrière, elle se classe 17è  au rang mondial avec un taux de femmes de 38,7% seulement.

Abanyarwandakazi, murakoze cyane*

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)

* Abanyarwandakazi, murakoze cyane : Femmes rwandaises, merci à vous (en kinyarwanda)


Ndagukunda* Rwanda : le pays (Partie 1)

Jamais un pays africain ne m’a autant fasciné. J’en ai déjà visité plus de quinze mais la fascination exercée sur moi par le Rwanda est énorme. Simplicité, ordre, discipline, sécurité, propreté et organisation mais aussi silence, ont été les choses qui ont retenu mon attention.
Dans une série de billets, je vous ouvre mon cahier de voyage au pays des mille collines.

Scène de circulation à Kigali - Photo : Roger Mawulolo
Scène de circulation à Kigali – Photo : Roger Mawulolo

Tout ce qui est vrai pour Kigali l’est généralement pour le reste du pays. Ce n’est pas comme certains pays où l’on ne prend pas soin que de la capitale.

Le pays

Je ne sais pas si les collines ont été comptées mais on a vraiment l’impression d’en voir mille ! L’ensemble du pays est en effet une succession de collines. Ce qui n’a, en rien, empêché le développement d’un réseau routier en bon état. Si vous avez une voiture, il vaut mieux avoir de très bons freins à main pour pouvoir vous garer sur les multiples pentes ! Normalement avec ce relief, les Rwandais devraient aussi être des champions de la course de fond, comme les Kényans et les Ethiopiens.
La capitale, Kigali, est un réseau de collines où se succèdent des immeubles cossus et des quartiers moins riches mais toujours propres, en un mot : la simplicité dans la propreté.
L’animal le plus respecté dans ce pays m’a semblé être le gorille. Je vous avoue que je me suis plusieurs fois demandé si l’on devait dire « pays des mille collines » ou « pays des mille gorilles »! J’y reviendrai dans un autre billet.

Les habitants

Vous pouvez aussi avoir l’impression de voir le Président Paul Kagamé partout. Ce n’est pas que ses effigies sont omniprésentes mais juste qu’il y a beaucoup d’hommes et de femmes qui lui ressemblent comme s’ils ‘étaient des jumeaux. Les Rwandais sont, en général, d’un calme et d’un silence troublants. Il faut du temps pour que vous vous familiarisiez vraiment avec eux. Je ne suis pas arrivé à évaluer si c’était un impact du drame du génocide vécu par ce pays. Ce sont des gens très sympathiques dans le fond. Ma visite au mémorial du génocide de Kigali a renforcé le grand respect que j’ai pour ce peuple. Prononcer même les termes Hutus et Tutsis m’était devenu difficile. Sachez donc juste que tout le monde parle le Kinyarwanda, qui est une langue officielle.
Ils semblent ne faire du bruit et donner de la voix que lorsqu’ils sont à un concert de gospel. Là, ils peuvent sauter de manière étonnante. 😀
Pour la femme rwandaise, je vous promets un billet spécial. Et je vous assure, elles le méritent bien !

Une forte présence policière mais sans corruption

Les rues de Kigali et les routes interurbaines sont surveillées par un parfait cordon de policiers, de jour comme de nuit. Après chaque deux cents mètres, vous avez un policier debout avec ou sans arme. La seule fois où je les ai vus en action c’était sur la route Kigali-Rubavu. Un policier verbalisait un chauffeur qui avait dû trop appuyer sur sa pédale d’accélérateur, ce qui est assez rare pour être signalé. Les conducteurs Rwandais respectent souvent et scrupuleusement les limitations de vitesse. Les visites techniques de vérification de conformité des véhicules sont aussi gérées par la police. A l’aéroport de Kigali, les policiers sont courtois et polis mais néanmoins fermes. A l’entrée de l’aéroport, le contrôle est strict et un chien policier renifle vos bagages.
Le meilleur de toute cette forte présence est qu’il n’y a pas de corruption des policiers, cela fait que l’ordre et la discipline règnent.

Les feux tricolores fonctionnent et même les taxis-motos les respectent

En Afrique subsaharienne, il y a deux cas de figure : soit les feux tricolores existent soit ils n’existent pas. Et quand ils existent, ils ne fonctionnent pas toujours. A Kigali, non seulement les feux tricolores existent mais en plus ils fonctionnent. Ils sont munis de compteurs qui, du rouge au vert, vous indiquent la durée vous restant. Beaucoup de pays africains n’ont pas ce type d’équipement. Mieux encore, au Rwanda, les feux sont respectés par les taxis-motos. Pourtant, au Bénin et au Togo, ces derniers sont les champions du non-respect du code de la route. Au Rwanda, les taxi-motos portent toujours un casque, ainsi que leur passager. D’ailleurs les casques sont numérotées, ils portent même le numéro de téléphone mobile du conducteur, qui, lui-même a un numéro visible inscrit sur sa tenue réglementaire.

Propreté absolue et sans sacs en plastique

Les sachets en plastique sont strictement interdits au Rwanda. La règle est vraiment respectée et cela contribue à donner au pays une propreté sans égal. Que vous achetiez dans un marché populaire ou dans un supermarché, dans un centre artisanal ou dans un centre commercial ultra-moderne ou encore à la boutique du parc national de l’Akagéra, vos produits sont livrés dans des sacs en papier. Même les emballages de produits sont souvent en papier.
J’ai pu constater que même les routes poussiéreuses, car non goudronnées, sont propres.

Une conclusion simple : Kigali est propre et n’a pas besoin, comme beaucoup de capitales africaines, d’être maquillée et nettoyée pour l’accueil des grands évènements ou des hôtes de marque.

Murakozé** et à bientôt pour la suite de la promenade écrite à travers le Rwanda.

Je vous laisse ci-dessous le clip « Ndagukunda » de l’artiste rwandais King James

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)

* Ndagukunda : je t'aime en Kinyarwanda, la langue locale et officielle du Rwanda
** Murakozé : merci en Kinyarwanda


Voyage au Rwanda : une vie tranquille (Partie 3)

Dans ce troisième chapitre de mon cahier de voyage au Rwanda, le pays des mille collines, je vous propose de découvrir quelques habitudes observées chez les Rwandais. Toutes les descriptions, déductions et observations n’impliquent que moi.

Scène de circulation à Kigali - Photo : Roger Mawulolo
Scène de circulation à Kigali – Photo : Roger Mawulolo

Mandela disait « J’ai découvert ce secret : après avoir gravi une colline, tout ce que l’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. ». C’est comme s’il parlait du Rwanda. Dans ce pays fascinant, alors que vous croyez avoir découvert de nombreuses facettes de la culture, beaucoup de nouvelles facettes s’ouvrent encore à vous ! Il n’est vraiment pas facile de découvrir l’ensemble des mille collines, dans sa totalité, même le temps d’une vie.

Vous avez dû aussi remarquer que beaucoup de Rwandais ont des noms qui finissent par les syllabes « mana« . Mana veut dire « Dieu ». Tous ces noms sont donc pour indiquer que Dieu a fait quelque chose. C’est comme mon nom : Mawulolo, qui veut dire « Dieu est immense ». En Ewé, une langue locale au Togo, Mawu veut dire « Dieu ». Mana est donc l’équivalent en kinyarwanda (langue nationale rwandaise) de Mawu en Ewé.

Manger à Kigali

Généralement, lorsque vous mangez à Kigali, vous commencez par une soupe. Sa couleur peut être verte, jaune ou orangée. Tout dépend des ingrédients, mais elle est toujours bonne, surtout quand elle est chaude. Ensuite, vous pouvez passer au plat de consistance, souvent des grillades. Les Rwandais sont experts en grillade ! Que ce soit du poisson ou de la viande, ils y ont des mains d’ange. Le must, c’est quand la serveuse vous met de l’eau sur les mains pour que vous les rinciez. C’est trop doux, surtout que l’eau est souvent tiède. En plus, les serveuses sont recrutées parce-qu’elles sont jeunes, jolies et souriantes. Du coup, manger au Rwanda peut presque amener au septième ciel !

Dans beaucoup de restaurants, les prix sont abordables. Quand le service du déjeuner est présenté sous forme de buffet, la quantité que vous prenez peut être contrôlée, surtout les morceaux de viande. C’est juste que, pour le montant payé, il ne faudrait quand même pas emporter à vous tout seul tous les morceaux de viande, au détriment des autres clients ! Si vous vous savez gourmand, il vous faudra alors payer deux tickets.

Enfin, je ne peux pas terminer ce paragraphe sans évoquer l’«Akabanga», du piment liquide conditionné dans de petits flacons, semblables à des collyres ophtalmiques (qui lui confère d’ailleurs le surnom de collyre). Il donne vraiment une saveur particulière aux plats.

Le mushanana, la tenue traditionnelle du Rwanda

Impossible de ne pas en parler. Le mushanana est le vêtement traditionnel au Rwanda. Il est porté autant par les hommes que par les femmes. Il consiste en une longue jupe froncée aux hanches, un bustier et une étole drapée par-dessus une épaule. Le tissu est généralement léger pour accentuer l’effet de fronce. Parfois, certains hommes le porte avec un pantalon et une chemise. Pour les couleurs, chacun y va de son goût.

De nos jours, cette tenue n’est pas portée au quotidien, elle est réservée aux cérémonies de mariage ou aux groupes culturels. Le jour où la famille d’un jeune prétendant apporte la dot à celle de l’élue de son cœur, il n’est pas rare de voir des mushanana de grande classe portés par les membres des deux familles. Chaque Rwandais en a au moins un dans son armoire. Mais vous serez beaucoup plus considéré si, à diverses occasions, vous ne mettez pas toujours le même mushanana, élégance oblige !

Des Rwandais dansant en mushanana - Photo : Roger Mawulolo
Des Rwandais dansant en mushanana – Photo : Roger Mawulolo
Les distances s’expriment en heure

Lorsque vous demandez à un Rwandais « quelle est la distance entre Kigali et Rubavu ? » par exemple, il vous répondra certainement « cela fait environ 3 heures de route ». Au Rwanda, les distances semblent s’évaluer en heures et minutes plutôt qu’en kilomètres. J’ai fini par comprendre que la culture de la limitation de vitesse est fortement ancrée dans les habitudes et que c’est finalement la durée qui compte le plus. Et s’il s’avère que le trajet vous prenne 4 heures au lieu des 3 heures annoncées, il n’y a pas lieu de se mettre en colère car votre ami Rwandais vous répondra avec le sourire  qu’« il n’y a pas de problème ».

Ici, la patience est bien le maître-mot. En trajet interurbain, les rwandais ne sont pas autorisés à dépasser 70 km/h. Et avec l’habituelle présence policière, le respect est de mise. Je me suis souvent demandé si le respect aurait été aussi strict sans présence très importante de la police.

Bus et taxi-motos

Dans beaucoup de pays africains, les bus « Toyota – Coaster » sont utilisés pour le transport de touristes et ils sont loués assez chers. A Kigali, ils servent aussi de transport en commun. Vous pouvez les voir partout dans les rues, en route ou stationnés aux arrêts de bus. Les passagers les attendent puis ils montent dedans en ordre et sans raffut. La surcharge n’existe pas car la police veille au grain. Je crois aussi que les chauffeurs sont conscients des risques d’accident que cela pourrait induire.
Mais le moyen de transport le plus répandu, c’est le taxi-moto. Les conducteurs sont toujours habillés d’une tenue réglementaire avec un numéro bien visible. Leur casque porte souvent leur numéro de portable. Ils vont partout et leurs prix sont abordables. Le port du casque est obligatoire et cette disposition est complètement respectée. Ce n’est pas comme dans d’autres pays africains où les femmes refusent de mettre le casque quand elles ont une nouvelle coiffure.
Pour disposer d’un taxi-moto, il existe même une application sous Android appelée SafeMotos, un peu comme Uber sous d’autres cieux.

Aujourd’hui, le Rwanda se développe et forme sa jeunesse, le pays est loin des dénonciations de manque de démocratie ou de non-respect des droits de l’être humain. Il fait indéniablement partie des pays africains qui, au XXIe siècle, se développent sûrement et rapidement.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Voyage au Rwanda : la vie de tous les jours (Partie 2)

Mwaramutsé ou mwiriwé (bonjour ou bonsoir en Kinyarwanda, langue locale du Rwanda) selon le moment où vous lirez mon billet.

Le centre de conférence de Kigali - Photo : Roger Mawulolo
Circulation aux abords du centre de conférence de Kigali – Photo : Roger Mawulolo

Après mon premier billet qui vous a ouvert une partie de mon cahier de voyage au pays des mille collines, je vous révèle ici quelques observations de la vie courante rwandaise.
La vie de tous les jours au Rwanda qui semble être d’une étonnante simplicité. Petite revue de mes observations du comportement, de l’expression, de la façon de voir ou de faire du Rwandais.

De l’électricité partout

Une amie française s’est exclamée : « Mais ici, il y a de la lumière partout jusque dans les montagnes et dans les champs. Pourtant dans les autres pays d’Afrique, on n’en trouve souvent que dans les grandes villes ou dans les quartiers habités par le Président ou les ministres ». Elle n’avait pas tort. Que ce soit des quartiers modestes ou huppés de Kigali ou sur les routes interurbaines et rurales, les lampadaires étaient de mise. Dans des plantations de thé et de café, situées dans des villages loin de Kigali, nous avions bien vu des villages et des champs éclairés. Ces champs et plantations avaient aussi des systèmes d’irrigation électriques.

Ma curiosité m’a poussé à faire quelques recherches et j’ai trouvé que dans un de ses rapports, la Banque mondiale a relevé que :

  • près d’un million de Rwandais ont été raccordés à l’électricité entre 2009 et 2012,
  • les réseaux de distribution ont été prolongés de plus de 1 400 km, et les raccordements multipliés par trois,
  • la proportion d’écoles et de centres de santé qui ont accès à l’électricité a augmenté de 70 %.

Les dirigeants rwandais ont compris que l’énergie est la base du développement économique et y mettent beaucoup de moyens.

J’ai quand même constaté quelques coupures assez brèves à Kigali. Mais dans l’ensemble et pour moi qui vit dans un pays africain, le Rwanda est largement au-dessus du lot. D’ailleurs, en 2018, le pays entend avoir une couverture à 100% de ses besoins en électricité et vers 2021 en exporter vers les pays voisins. Et souvent, jusque-là, quand ses dirigeants le disent, ils le font.

Les briques rouges et les portes en fer

Beaucoup de constructions, au Rwanda, sont réalisées en briques rouges. Des églises aux maisons en passant par des auberges ou hôtels, la brique rouge est reine. Il y en a deux sortes : les crues et les cuites. Les deux sont obtenues à base d’argile, mais la première est obtenue après séchage systématique au soleil tandis que la deuxième est séchée au feu de bois. Pour la conception des briques cuites, de nouvelles contraintes sont apparues avec la politique de réduction de la déforestation rigoureusement appliquée par le gouvernement.

La majorité des portes de pièces au Rwanda est en fer et non en bois. Par ailleurs, j’ai noté que les Rwandais aiment à la folie leurs couleurs nationales. Il n’est donc pas rare de voir des constructions peintes en bleu, vert ou jaune. Plus généralement, si vous devez travailler sur des couleurs avec un Rwandais, il vaut mieux lui dire d’avance ce que vous désirez. De peur qu’il ne vous mette tout aux couleurs du drapeau de son pays. 😀

Maisons en briques rouges sur la route Kigali-Rubavu - Photo : Roger Mawulolo
Construction en briques rouges sur la route Kigali-Rubavu – Photo : Roger Mawulolo

Les Rwandais et le caractère « @ »

L’accès internet est assez facile et fluide au Rwanda. Les opérateurs de téléphonie vous fournissent un accès de qualité. Dans la plupart des restaurants et lieux publics, vous avez un accès à internet par Wi-Fi. Et souvent les mots de passe d’accès définis contiennent toujours le caractère « @ ». Je ne sais pas si c’est par amour de ce caractère mais au moins on peut dire que les Rwandais connaissent la bonne nomenclature pour la définition d’un mot de passe robuste. Il est recommandé d’avoir des caractères spéciaux dans un mot de passe.

Lorsque vous faites une petite promenade ou un footing matinal, vous remarquerez que les Rwandais aiment bien écouter la radio sur leur téléphone mobile. Et bien souvent, ils le mettent en haut-parleurs. Vous pouvez donc écouter avec eux sans permission. C’est vraiment le sens du partage quoi. 😀

L’expression rwandaise

Dans l’expression d’une bonne catégorie de Rwandais, on sent encore le passage de la Belgique. Vous pouvez les entendre dire septante, octante ou nonante pour dire 70, 80 ou 90.

Tandis que les personnes d’un certain âge s’expriment encore bien en français, une certaine génération semble un peu perdue entre cette langue et l’Anglais. La génération la plus jeune, quant à elle, a une bonne maîtrise de l’Anglais. Il faut noter que le pays est passé à l’Anglais comme langue officielle en 2010. Dans tous les cas, la langue officielle locale, le Kinyarwanda,  reste sereinement en tête des langues utilisées.

La langue locale a quelques répercussions sur les prononciations. J’ai vu écrit sur une pancarte « pédicule et manucule » au lieu de « Pédicure et manucure ». Moi-même, je souriais souvent quand on m’appelait « Loger » au lieu de « Roger ».

Je termine ce deuxième billet en vous assurant que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, même les Français sont bien accueillis et sont en sécurité au Rwanda.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)



Mon mandat

Soyez sans crainte, je n’ai pas encore de mandat d’élu politique.
Une histoire vécue m’a juste rappelé celle racontée par Sembène Ousmane dans son œuvre titrée « le mandat ». Un mandat postal venant de Paris et qu’on peine à toucher. Oui, c’est encore possible de nos jours.

Temps et argent - Image libre : Rilsonav sur pixabay.com
Temps et argent – Image libre : Rilsonav sur pixabay.com

Mon aventure a duré 5 jours avec 3 déplacements.

Premier déplacement : le problème internet

Je reçois un message whatsapp de mon cousin qui vit en France m’indiquant un envoi de fonds par mandat postal. Le message contenait une photo du mandat avec toutes les informations nécessaires pour le retrait.

Je me rendis alors au bureau de la poste. Je fus reçu par une dame.

  • Bonjour Madame, dis-je.
  • Bonjour, me répondit-elle.
  • Je viens pour un retrait de fonds envoyés par mandat postal.
  • Ah moussié, danga dioum deh dou fi (en wolof, en français signifie « Ah Monsieur vous vous êtes trompé, ce n’est pas ici).

Devant ma mine montrant que je n’avais rien compris, elle reprit en français :

  • Ok Monsieur, mais ce n’est pas ici; allez plutôt au guichet 4.
  • Merci Madame.

Arrivé au guichet, la préposée m’indiqua qu’il y avait un problème de connexion internet. La meilleure solution qu’elle me proposait était de repasser le lendemain. Elle rajouta qu’il était fort plausible qu’il n’y ait pas de solution au cours de la journée. Je ne connaissais pas les bases de son analyse. Je décidai alors de prendre mon mal en patience jusqu’au lendemain.

Deuxième déplacement : le système IFS

Je me rendis directement au guichet 4. La dame me demanda le code du transfert. Je me dis intérieurement «alhamdoulilah» (expression courante au Sénégal signifiant Dieu soit loué). Que nenni ! La dame me souligna qu’internet fonctionnait mais que c’est le système IFS qui ne fonctionnait toujours pas. Elle me pria gentiment de repasser le lendemain. Je lui expliquai que c’était la même chose qui m’avait été servie la veille. Elle me rappela que mon cas était encore normal car cela faisait une semaine que certains revenaient tous les jours sans succès. Je lui fis savoir que je n’avais pas de temps à perdre à revenir tous les jours pour un système qui devait marcher et qu’elle devait penser à la qualité de service offert au client. Tout en lui promettant que le lendemain, je récupèrerai les fonds quoi qu’il arrive, je me suis retiré.

J’ai au moins pu savoir ce jour que le système informatique qui sert pour les transferts internationaux par mandat postal était dénommé IFS.

Troisième déplacement : la délivrance

En arrivant au bureau de poste, pour la troisième fois, je m’étais préparé à la bagarre. A mon arrivée, le même message : le système ne fonctionne pas. Je dis à la dame qu’il fallait que je m’entretienne avec son supérieur.  Devant sa stupéfaction et son silence, je redis haut et fort : « Madame, je veux discuter avec votre supérieur hiérarchique ».

Aussitôt, une de ses collègues plus jeune mais aussi bien sénégalaise (elles sont souvent fines comme des gazelles et d’un joli teint noir) vint à la rescousse. Elle m’interpella aussitôt :

  • Monsieur, s’il vous plait, pourriez-vous m’expliquer votre problème ? Je vais m’en occuper.

Sa voix doucereuse calma aussitôt ma fureur. Je faisais quand même mine d’être toujours en colère et je répondis :

  • Madame, cela fait 5 jours que je cours après un mandat postal.
  • Venez à mon guichet, s’il vous plaît Monsieur.

J’aurai bien voulu entrer dans le guichet. Elle tenta alors de se connecter au système mais sans succès.  Elle me montra l’interface affichant le message d’échec de connexion. Aussitôt, elle dit : « Monsieur, attendez, je vais appeler l’informatique  ». Ce fut le déclic qu’il fallait avoir. Je la vis sourire et prendre des notes. Quelques minutes après, avec une voix plus doucereuse que précédemment, elle me dit :

  • Monsieur, puis-je avoir le numéro de votre transfert, le nom de l’expéditeur et le montant ?

Je lui donnai alors toutes les informations. Elle me remit alors les fonds et m’expliqua que le logiciel avait changé de version. Il fallait de nouveaux paramètres de connexion. Elle avoua qu’aucun agent de guichet n’avait eu l’information de ce changement. Ce qui faisait traîner les clients depuis des jours. Je la remerciai donc vivement et au passage elle me donna son prénom (que je ne vous donne pas). Sa politesse et son professionnalisme qui n’avaient d’égaux que sa beauté et son charme méritaient que je lui donne quand même aussi mon prénom. Je tiens à préciser que nous ne nous sommes pas promis de nous revoir 😀 .

Vivement que nos services d’administration publique améliorent leur communication interne et externe.

Pour ma part, j’ai vécu « mon mandat », je dirai même le mandat 2.0.

Salam chez vous

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

*Salam : paix en Arabe, mot utilisé couramment au Sénégal


Après la pluie, ce n’est pas toujours le beau temps

La Comtesse de Ségur a légué à la postérité un livre dénommé « Après la pluie, le beau temps ». Ce titre est devenu une citation célèbre. A chaque saison pluvieuse, elle résonne fortement dans ma tête comme une moquerie.
Même si vous me dites le contraire, nous en Afrique, on sait qu’après la pluie ce n’est pas toujours le beau temps. Mieux, on le vit.

Sacs remplis de sable pour absorber l'eau de pluie - Photo libre : Fesikreporter via pixabay.com
Sacs remplis de sable pour absorber l’eau de pluie – Photo libre : Fesikreporter via pixabay.com

Dans des pays comme les nôtres dont les économies dépendent largement de l’agriculture, nous devons tous prier pour avoir de bonnes saisons pluvieuses. Pourtant vous serez étonnés que dans beaucoup de nos villes, cette période est très redoutée. Du moins, on souhaite souvent que la pluie épargne nos villes et se limite juste à la campagne.

Les inondations

Lomé, Abidjan, Cotonou, Douala, Dakar pour ne citer que celles-là sont, à chaque saison de pluies, sujettes à des inondations. Au fil des ans, rien ne semble être fait pour prévenir ou éradiquer le mal. Les populations ne font que constater les dégâts et subir les conséquences désastreuses de ce qui devait plutôt rafraîchir la nature et faire penser à de belles récoltes. A la limite, elles maudissent Dieu de faire tomber la pluie. Pourtant ce sont les gouvernants qui ne prennent pas le problème au sérieux. Les constructions continuent d’être réalisées dans des zones reconnues inondables sans que personne ne lève le petit doigt. Ces inondations se soldent même souvent par des pertes en vies humaines, comme en 2015 à Accra au Ghana.

Les ordures

Dans beaucoup de nos quartiers, il existe des décharges à ciel ouvert. Elles ne sont pas conventionnelles mais les populations sont obligées d’y recourir à cause de l’inexistence ou de l’insuffisance du service fourni en matière d’évacuation des ordures ménagères. Après chaque pluie, des odeurs pestilentielles de ces ordures emplissent l’atmosphère de beaucoup de quartiers de nos villes.

L’eau de pluie devient alors un catalyseur de mauvaises odeurs. Les amas d’ordures non évacués qui ont été mouillés par la pluie sortent des senteurs qui n’ont rien à envier à un groupe de putois.

Les eaux usées (égouts)

Les quartiers sont très peu viabilisés ou pas du tout. Les canalisations sont quasi-inexistantes. A Dakar, par exemple, chaque année avant la saison des pluies la mairie fait un curage des égouts et canalisations. Mais cela ne donne aucun résultat. A chaque pluie, les canalisations sont bouchées ou ne résistent pas au volume d’eau. Elles cèdent souvent et retour aux inondations ou au rejet d’eaux usées et autres choses dont je n’ose pas citer les noms ici.

L’état des chaussées

Les chaussées deviennent souvent impraticables pendant et après les pluies. Pendant la pluie, la quantité d’eau stagnant sur la chaussée est importante. Elles peuvent atteindre, à certains endroits, le niveau des portières des véhicules voire même les dépasser. Aucun système de drainage des eaux n’existe souvent ou au cas où il existe, il ne l’est que de nom. Le sable des rues avoisinantes, souvent non goudronnées, aussi se retrouvent sur la chaussée grâce au ruissellement des eaux.
Le goudron qui est, souvent, déjà mal fait se décape assez facilement. Ce qui crée des trous sur la chaussée. La circulation devient assez difficile après les pluies.

Les mauvaises langues me diront qu’il y a aussi eu des inondations au Québec cette année. Je leur dirai de ne pas être de mauvaise foi car les quantités de pluies n’ont rien à voir avec les nôtres et encore que la réaction des autorités compétentes a été efficace.

Il est urgent que nos différentes capitales soient pourvues de vrais systèmes d’assainissement et de drainage des eaux. Il faudra aussi sensibiliser les populations à des comportements responsables quant à la gestion des ordures ménagères. Mais avant de le leur demander, les gouvernants se doivent de créer des services de gestion efficaces de l’assainissement, de l’évacuation d’eau, des ordures.

Sans cela, après les pluies le temps nous paraîtra toujours morose et jamais beau. Même si cela ne fera pas réécrire son livre à la Comtesse de Ségur.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Sénégal : le Ramadan au rythme du panier « Ndogou »

S’il y a un objet marquant de la période du Ramadan au Sénégal, c’est bien le panier « Ndogou ». Dans les familles ou dans les entreprises, le panier « Ndogou » a une place de plus en plus visible et grandissante.

Paniers ndogou - Photo : Roger Mawulolo
Paniers ndogou préparés par un prestataire – Photo : Roger Mawulolo

Ndogou est le mot wolof utilisé pour désigner la rupture du jeûne en période de Ramadan. Il est de coutume de s’offrir des cadeaux pour la rupture. Et souvent, ces cadeaux de natures diverses peuvent être contenus dans un panier. D’où le concept de panier « ndogou ».

La composition du panier ndogou 

Le  panier lui-même est produit par les vanniers de Dakar qui rivalisent  d’ingéniosité pour créer des paniers de diverses formes et couleurs.

Ce qui était au départ des paquets de sucre pour obéir au concept du « soukeurou korr » (en français, le sucre du jeûne) est devenu un véritable phénomène de mode. Les Sénégalais rivalisent d’ingéniosité dans le domaine.

Le contenu du panier à offrir était essentiellement des produits alimentaires servant au petit déjeuner ou à la rupture. Il s’agit du sucre, du thé, du café, du chocolat à tartiner, du lait et autres. On peut aussi y retrouver des fruits et principalement des dattes. Souvent, les produits de première nécessité sont prisés : des ingrédients de cuisine.

De nos jours, le contenu a bien évolué et on peut y retrouver même des tissus de prix, des enveloppes contenant de l’argent voire des légumes de toutes sortes. Je viens de voir un panier ndogou particulier avec des tasses de café, une machine à café et un tapis de prière. Tout peut se retrouver dans le panier ndogou : téléphone portable, tablette tactile, clés USB et des produits de presque toute nature.

On voit même des plateaux ndogou au lieu du panier proprement dit.

Le panier ndogou comme outil commercial et de marketing

Les grandes surfaces et les entreprises ont changé la nature du panier ndogou. Des paniers ndogou sont offerts aux clients pour les récompenser de leurs achats et de leur fidélité. Ils font l’objet de tombola ou deviennent des  objets publicitaires s’ils ne sont pas carrément mis en vente directe.

Les entreprises en ont fait des cadeaux institutionnels et en offrent à leurs partenaires. J’ai déjà reçu un panier ndogou d’une entreprise de téléphonie avec une carte client « Gold » à l’appui.

La nouvelle forme de vente des paniers ndogou est la vente en ligne. Les entreprises sénégalaises de vente en ligne proposent plusieurs types de panier ndogou à livrer à leurs clients. L’innovation a atteint un tel sommet que l’on se voit proposer des paniers ndogou « bio », « diabète », « végétarien ».

Comme pour le ngalakh en période pascale ou le thièrè à la Tamkharit, le panier ndogou est censé servir au renforcement des liens de fraternité et d’amitié. Mais de nos jours, il fait l’objet d’une véritable course pour voir qui offre le plus gros ou le plus cher panier. Une forte pression sociale semble obliger beaucoup de personnes à s’endetter pour respecter cette tradition. Gare à la bru ou au gendre qui osera ne pas offrir un panier ndogou, digne de ce nom, à sa belle-mère.

Salam à tous et Ramadan moubarak.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]



Campagne #RegleeCommeElle – Les règles des femmes, c’est la vie !

Les femmes et les règles font toujours l’objet de mépris sous certains cieux. Ce qui me sidère le plus, c’est que, parfois, les femmes elles-mêmes acceptent difficilement de parler du sujet, comme s’il était tabou. Pourtant, pour moi, les règles c’est la vie, c’est naturel, elles sont liées au cycle intime de la femme, et sans cela, les humains ne pourraient tout simplement pas se reproduire ! Voilà pourquoi,dans ce billet, je voudrais faire le lien entre les règles et la maternité, alors même que nous célébrons en ce moment la fête des mères.

N.B : ce billet est ma contribution à la campagne menée par la blogueuse Tchadienne Sandrine Naguertiga  contre les injustices subies par les femmes à cause de leurs règles.

Tâche de sang - Image libre de EliElsch sur everypixel.com
Tâche de sang – Image libre de EliElsch sur everypixel.com

Pour indiquer qu’une femme a ses règles on emploi toutes sortes d’expressions, par exemple on dit souvent « elle a vu la lune », « elle a mis les mains au sol », « sa lune est au ciel » ou encore que « les anglais sont là » ! Ses expressions sont différentes selon les régions du monde ou l’on se trouve.

Les menstrues, indicatrices et régulatrices du cycle de reproduction

Les premières règles d’une jeune fille correspondent à son entrée dans la maturité, son corps est mature, elle peut désormais donner la vie. Lorsqu’à un âge avancé, la ménopause (cessation des règles) intervient, cela signifie que le cycle de reproduction s’arrête, elle n’est alors plus capable d’avoir des enfants. Je ne vous apprends rien en disant que le cycle menstruel, qui est régulier, permet de calculer les périodes de fécondité les plus fortes de la femme. C’est dans la période d’ovulation qu’une femme a le plus de probabilité de tomber enceinte lors d’un rapport sexuel.
Les règles sont un indicateur de fécondité chez une femme. Elles constituent l’un des signes les plus significatifs du bon fonctionnement de l’appareil de reproduction féminin.
Par exemple, les règles, que certains réprouvent ou méprisent, sont un des éléments essentiels (parmi d’autres) pour les couples en difficulté de reproduction. Grâce au cycle, le couple pourra calculer la période où leur activité sexuelle devra s’intensifier pour augmenter les chances de concevoir un enfant. Lorsqu’une femme, qui est en âge de procréer, voit son cycle s’arrêter (autrement dit lorsqu’elle n’a plus ses règles) elle pense automatiquement et naturellement qu’elle est enceinte.

Pourquoi  mépriser les règles féminines ? Elles sont naturelles et font parties du corps féminin, de plus, elles s’avèrent utiles comme indicateur naturel pour la procréation !

Les menstrues sont naturelles et non sales ou impures

Les règles sont naturelles, une femme ne choisit pas de les avoir ou pas, cela fait partie de sa constitution ! Lorsqu’elles sont dans leur période de règles, les femmes peuvent s’entretenir et prendre soin d’elles-mêmes (en plus de continuer leur vie quotidienne).

Le problème c’est que les religions ont été utilisées pour asservir les femmes qui sont dans leur période de règles. A ce moment là, tous les prétextes sont bons pour les stigmatiser. Des chrétiens aux musulmans, en passant par les animistes, chacun a trouvé son moyen pour marginaliser la femme en période de règles. Pourtant c’est Dieu qui a créé la femme avec tous les cycles de sa vie, y compris les règles ! Dans le récit biblique du jardin d’Eden, les punitions infligées à l’homme et à la femme, suite à leur désobéissance, ont été citées. Nous n’y voyons aucune mention des règles féminines pour la partie concernant les femmes. Les règles sont donc, à mon avis, une chose très naturelles et accordées par Dieu lui-même aux femmes. Dieu ne déteste pas le sang des règles des femmes car c’est lui-même qui les a créées. C’est Dieu lui-même qui a dit aux êtres humains d’aller, de se reproduire, et de remplir la terre. Pour mener à bien cette mission, l’homme ne peut donc cracher sur les menstrues vu que c’est l’un des éléments clés de la reproduction.

Arrêtons de stigmatiser nos filles, nos sœurs et nos mères. Elles n’ont pas choisi le mode de fonctionnement de leur appareil reproductif !
Elles sont femmes, elles ont leurs règles tous les mois, elles sont donc porteuses de vie, et c’est comme ça !
Alors bonne fête des mères aux femmes et surtout demeurez fières de vous, même en vos périodes de règles.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]



Afrique : des obstacles insolites à l’asphalte

Construire des routes goudronnées, en Afrique, est souvent un parcours de combattant. Certains obstacles insolites peuvent retarder l’avancement des travaux et générer des coûts supplémentaires non négligeables. De l’époque coloniale à nos jours, cela ne semble pas avoir changé.

Un papillon sur l'asphalte - Image libre : https://pixnio.com
Un papillon sur l’asphalte – Image libre : https://pixnio.com
Les tombes

Sur une rue du quartier Adidogomé-Sagbado (photos ci-dessous), dans la partie nord de Lomé, il y a des tombes qu’il faut contourner. Ces tombes sont proches des maisons et prennent au moins le tiers de la largeur de la voie. Un bar a même été ouvert en face d’elles. Pourtant personne ne pense à détruire ces tombes surtout qu’elles réduisent l’espace utilisable par les piétons et les véhicules. En fait, tout le monde y pense mais personne n’ose endosser cette responsabilité.

Les cimetières sont sacrés en Afrique. Le culte des morts étant encore fortement présent dans nos traditions, nous n’osons pas toucher aux cimetières. Même jusqu’au sommet de nos états, beaucoup ont une peur bleue de tout ce qui a trait aux morts. Vous pouvez ainsi facilement trouver une route contournant de manière équivoque un cimetière. Et ceci juste pour ne pas avoir à déterrer les ossements.

Ce n’est pas pour rien que dans « Souffle », Birago Diop dit, qu’en Afrique, les morts ne sont pas morts. Ils sont dans l’eau qui coule, le vent qui souffle. A plus forte raison, dans les cimetières. Bien courageux celui qui oserait troubler leur profond et doux sommeil.

Les sanctuaires et couvents traditionnels

Lorsqu’une nouvelle route doit faire déguerpir ou encore réduire l’espace occupé par un sanctuaire traditionnel et animiste, par exemple, il faut d’intenses négociations et une compensation financière. Cette compensation est calculée en fonction du nombre et du type de fétiches présents dans le sanctuaire ou le couvent.

Bien de projets ont buté sur ces aspects ou ont abouti à un nouveau tracé. Les raisons données sont simples : pour bouger une idole ou un totem, il faut d’abord faire beaucoup de sacrifices pour lui en demander l’autorisation et ensuite trouver un endroit approprié. Les sommes auxquelles les négociations aboutissent peuvent être astronomiques. Et comme elles n’avaient pas été prévues au début du projet, cela devient difficile à gérer.

Ce qui est sûr, personne n’ose continuer les travaux tant que les divinités n’ont pas donné leur accord ou accepté la conclusion des négociations.

Tombes en plein rue à Lomé - Photos : Roger Mawulolo
Tombes en plein rue à Lomé – Photos : Roger Mawulolo
Les arbres, les forêts sacrées, les rivières et les termitières

Toujours pour des raisons mystiques, vous pouvez voir la construction d’une route bloquée par un arbre, une forêt ou une termitière. Un arbre considéré comme sacré ou une forêt renfermant des  divinités peut sérieusement perturber l’évolution d’une route en construction. Comme dans les cas précédents, il faut user de diplomatie et de versement de fonds pour pouvoir raser les arbres ou la termitière en question.

Notre enfance a souvent été bercée par des histoires d’arbres déracinés que l’on retrouvait bien debout, le lendemain. Ou encore des tronçonneuses qui tombaient en panne pour des raisons mystérieuses dès qu’ils effleuraient les arbres sacrés. J’ai déjà entendu qu’il y avait des arbres, dont la sève devenait rouge, comme du sang, quand on les abattait. Il semble que des ouvriers téméraires mourraient pour avoir osé couper des arbres sacrés pour faire passer une nouvelle route. Certaines histoires rapportent que l’on pouvaient entendre des cris et des voix d’hommes venant de la forêt qu’on rasait.

De nos jours, les écologistes ne voient pas les forêts et rivières comme des obstacles car il faut préserver l’environnement. Mais ça, c’est un autre débat.

Ces réalités sociales de notre continent, que l’on y croit ou pas, sont à prendre en compte d’une manière ou d’une autre avant l’entame des grands projets de construction d’infrastructures en tout genre. Elles doivent être intégrés dans le plan du projet. Ceci permettra d’éviter tout blocage ou tout conflit ainsi que toutes les dépenses imprévues y afférant. La réelle dimension mystique de ces choses est discutable, selon certains. Néanmoins, il ne faut pas oublier que des révoltes de populations peuvent être engendrées par ce qu’elles considèreront alors comme le non-respect de leurs divinités ou traditions.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Sénégal : le marathon de la discorde ?

Le dimanche 16 avril 2017, jour de Pâques, s’est déroulé le marathon de Dakar. Tandis que les organisateurs se félicitent de son bon déroulement, une frange de la population crie haut et fort sa frustration. Il s’agit des chrétiens catholiques du Sénégal.

Cathédrale de Dakar - Image : commons.wikimedia.org
Cathédrale de Dakar – Image : commons.wikimedia.org
Le marathon de Dakar

Pour sa première édition, le marathon de Dakar a réuni, selon les organisateurs, 13 000 coureurs. Ils sont venus de divers pays notamment le Kenya, l’Ethiopie et la France. La majorité des coureurs vient du Sénégal. Six (6)  types de courses ont été organisés : deux « kid-race » (courses pour enfants), la dakaroise (course populaire), les 10 kilomètres, les 21 kilomètres (semi-marathon) et les 42 kilomètres (marathon).

Les faits

Pour le bon déroulement du marathon, plusieurs axes principaux et stratégiques de la capitale sénégalaise ont été bloqués. La corniche, la place de l’Obélisque, les avenues Malick Sy, Georges Pompidou, Blaise Diagne, Cheikh Anta Diop sans oublier les boulevards Général de Gaulle et Bourguiba. Au-delà de ces voies, plusieurs autres souvent empruntées par les usagers ont été aussi bloqués à la circulation.

La colère des chrétiens catholiques

Ces blocages ont retardé voire empêché l’arrivée, aux cultes et aux messes de Pâques, de beaucoup de chrétiens. Les axes menant à la Cathédrale de Dakar et aux principales paroisses catholiques de Saint-Pierre Baobab, des Saints Martyrs de l’Ouganda, de Sacré-Cœur Malenfant pour ne citer que celles-là ont été bloqués. Le prêtre programmé pour l’homélie à Ouakam, par exemple, est arrivé en retard et a dû être remplacé au pied levé. D’autres fidèles ont vu le baptême de leurs enfants non réalisés alors que tout était déjà bien ficelé.

Un collectif dénommé « « Tous debout pour un chrétien sénégalais épanoui » a ainsi vu le jour sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce qu’il considère comme un manque de respect envers la communauté chrétienne du Sénégal. Les commentaires vont bon train sur les plateformes Facebook, Twitter et Whatsapp. Certains mêmes franchissent le pas et affirment haut et fort qu’un tel évènement ne pouvait être organisé à un jour de fête musulmane. D’autres encore parlent de torture morale infligée à leur communauté.
Il faut reconnaître qu’au Sénégal, les chrétiens sont minoritaires, environ 4 à 5 %. Mais la majorité de cette minorité est catholique à plus de 90 %. Mieux encore, pour le Sénégalais lambda, un chrétien est toujours un catholique. Généralement, ils ne savent pas que parmi les chrétiens, il y a aussi les Luthériens, les Presbytériens, les Pentecôtistes, etc.

J’avoue, de par mon expérience de plus de 10 ans de vie au Sénégal, qu’il est vrai qu’aucun marathon ne peut être organisé à Dakar les jours de Magal, de Tamkharit ou de Gamou.

Mauvaise lecture du milieu par les organisateurs
Post sur la page Facebook d’un mécontent

Sous d’autres cieux, un tel évènement aurait pu se dérouler même des jours de fêtes religieuses musulmanes ou chrétiennes sans que cela n’induit des contestations. L’évènement aurait même pu être dénommé « Marathon de Pâques » ou « Marathon de l’Assomption » ou encore « Marathon de la Tabaski ». Je me souviens qu’à l’époque au Togo, il y a avait le marathon international de Lomé qui se déroulait le jour de la Toussaint (1er novembre) et nous n’avions jamais pensé à un quelconque affront fait à la religion catholique.

Mais le Sénégal est un pays particulier où la fibre religieuse est très sensible. Et cela, les organisateurs l’ont perdue de vue. A l’avenir, il faudra bien analyser les tenants et les aboutissants de toutes les décisions avant de les prendre. Même s’il s’agit juste d’un évènement sportif.

« Une petite aiguille coud un grand boubou » dit-on souvent car les conséquences d’un acte anodin peuvent être énormes.

Que Pâques reste notre fête de partage du Ngalakh et ne devienne pas une pomme de discorde.

Salam chez vous.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Dakar, un paradis pour les chats

Tous les jours en venant au travail, je suis consterné par la vue de chats écrasés par des véhicules et gisant sur la chaussée ou sur le bord des voies. Le nombre est considérable.
Dans tous les immeubles, dans toutes les maisons, dans toutes les administrations de Dakar, des chats vivent et circulent. Et souvent ils n’appartiennent à personne. Tout simplement des chats errants dont le nombre est sans cesse croissant. Cette prolifération commence par vraiment m’inquiéter. Ce qui ne semble pas être le cas pour les municipalités et les services d’hygiène. Et encore moins pour les autorités chargées de la santé publique.

Un caht se reposant tranquillement sur le pare-brise d'une voiture - Photo : Mawulolo
Un chat se reposant tranquillement sur le pare-brise d’une voiture – Photo : Mawulolo
D’où viennent-ils ?

D’après mes enquêtes, non corroborées officiellement, ce sont des chats «municipaux» ou «coloniaux» à l’origine. Il semble, qu’à une certaine époque, la municipalité les aurait acquis pour combattre les souris et les rats qui ont envahi certains quartiers de la ville de Dakar. D’autres encore affirment que c’est à l’époque coloniale que les chats ont été introduits pour combattre les souris et rats dans les magasins du port où était stocké l’arachide à exporter. Un combat bio dont la suite a été une reproduction que personne n’a contrôlée. A ce lot de chats «municipaux » et «coloniaux», de par leurs grands-parents, se sont ajoutés d’autres qui ont préféré fuir leur maître pour rejoindre les bandes libres. Ou encore certains propriétaires préfèrent jeter hors de leur maison les chatons nouveaux nés ou les chats trop vieux de peur d’en avoir trop chez eux.

Les miaulements et les feulements particuliers que j’entends sur le toit de ma maison, chaque nuit, m’ont fait comprendre le rythme de procréation de ces êtres. Le rythme de reproduction des chats est en moyenne de 3 à 4 portées par an. Ce qui donne une possibilité de 12 à 16 chatons sur cette période. Douze chattes nous donneront donc au moins 144 chatons l’année.

Nous les logeons et les nourrissons

De gré ou de force, ces chats sont à nos charges même si c’est dans nos poubelles qu’ils se nourrissent. D’ailleurs, lorsque nous oublions de bien fermer nos portes et fenêtres, ils rentrent allègrement dans nos cuisines et se servent.
Leurs logements sont nos jardins, nos toits, sous nos escaliers extérieurs et dans tous les autres coins disponibles. Les hôpitaux, les cliniques, les lieux de travail aussi en font partie. Nous avons beau les chasser, ils reviennent. Lorsqu’il pleut à Dakar, il nous faut éviter de passer aux abords des toits de maison car les premières coulées d’eau font descendre leurs crottes. En période de froid, ils se mettent sous les véhicules dont le moteur est encore chaud. Souvent lorsqu’on démarre son moteur le matin, il faudra faire attention à ne pas en écraser un ou plusieurs. Un véritable envahissement.

Nous ne les mangeons pas

En Côte d’Ivoire, au Gabon, dans les deux Congo, au Bénin, au Togo, au Ghana, au Cameroun les chats sont une viande de consommation très prisée pour une certaine catégorie d’habitants. Ce qui n’est pas le cas au Sénégal. Peut-être qu’on les considère un peu comme des sorciers. Cela aussi favorise leur prolifération. Au moins cette consommation aurait pu servir de régulateur démographique. Ne vous inquiétez pas, moi-même je ne suis pas consommateur de cette viande.
Et puis ces chats errants de Dakar se retrouvent en grand nombre à certains carrefours comme des jeunes qui viennent causer.

Un problème de santé publique
Lutte contre la prolifération de chats – Image : www.spaduboulonnais.org

Cette prolifération de chats errants deviendra, à coup sûr, un problème dans l’avenir. Il y aura bien un jour où le nombre de chats par habitant à Dakar sera tel qu’on devra craindre pour nos vies. J’exagère peut-être mais moi cela m’inquiète. Parmi ces chats, il y en a qui sont assez agressifs. Dans le lot que je vois souvent chez moi, il y en a un qui ne fuit jamais quand on les chasse mais hérisse plutôt ses poils.
Il faudra procéder à la stérilisation et à la vaccination des chats errants. Le chat peut transmettre à l’homme la toxoplasmose. Et si une femme enceinte le contracte, cela peut conduire à la mort du fœtus. L’on ne peut passer sous silence la rage féline, qui peut aussi être mortelle pour les êtres humains. Et la liste ne s’arrête pas à ces deux maladies.

Malheureusement ici à Dakar, rien n’est fait dans ce sens. Et ces chats traînent dans nos maisons et touchent, malgré toutes nos précautions, à certains de nos objets.

Dans tous les cas, si la municipalité ne prend pas ses responsabilités les Dakarois finiront par le faire eux-mêmes. Et c’est là que nous verrons des défenseurs des droits des animaux élever la voix parce que je suis sûr que les solutions de la population seront radicales.

Pour ma part, j’espère vivement que les autorités trouveront bientôt une solution. Si cela n’est pas fait, il va falloir amener un contingent de Congolais, Gabonais, Camerounais, Béninois, Togolais et Ghanéens consommateurs de chats ici. Ils vont vite régler le problème.
Les autorités municipales ou des services d’hygiène et de santé publique doivent s’attaquer à ce réel problème sans oublier les chiens errants.

Bien à vous.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Nos gris-gris d’enfance

Lorsque nous étions enfants, au Togo, nous avions nos gris-gris pour éviter d’être punis lorsque nous étions en faute ou encore pour punir ceux qui nous offensaient. Nous les appliquions avec une très grande dose de foi, et même quand cela s’avérait inefficace, nous recommencions toujours. De toute façon, que ne ferait-on pas pour se sortir des situations embarrassantes ou pour nous venger  ?
Petit retour sur nos sorcelleries d’enfance…

Enfants africains - Crédit photo (libre) : Andrew Itaga
Enfants africains – Crédit photo (libre de droits) : Andrew Itaga

Cracher sur le caillou

Pour éviter que nos parents ne nous administrent une belle correction lorsque nous avions « déconné » hors de la maison, nous étions convaincus qu’il fallait cracher sur un caillou et le jeter loin derrière par-dessus notre épaule. Ensuite, ne plus regarder derrière soi jusqu’à franchir le seuil de notre domicile. Imaginez quand quelqu’un nous interpellait en chemin.
Nous appliquions beaucoup cette méthode lorsque nous allions nous baigner dans la mer ou encore dans les retenues d’eau du grand jardin sises entre les actuels bureaux de la Compagnie Electrique du Bénin, de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et de l’Union Togolaise de Banque à Nyékonakpoè (quartier de Lomé). Ce gris-gris ne marchait pas à 100% car nous avions quand même été punis plusieurs fois. Et même dans ces cas, on se demandait si on n’a quand même pas regardé derrière nous à un moment avant d’arriver chez nous. Ou encore nous nous disions que nous n’avions pas mis assez de salive ou que le caillou n’était pas le bon.

Cracher à l’endroit où l’on urine

Nous n’oubliions pas aussi de cracher sur les traces de nos urines. Que ce soit sous un mur ou contre un arbre ou en pleine rue. Ce crachat était sensé nous protéger contre tout sort qu’un ennemi voudrait nous jeter. Nous pensions fermement que les traces de notre urine pouvait être utilisées pour nous nuire. Lorsqu’un propriétaire inscrit « Interdit d’uriner ici » sur son mur, il nous arrivait d’enfreindre l’interdiction. Il fallait ne pas oublier de cracher pour nous protéger contre des représailles que l’on pensait mystiques. Notre virilité aurait été en danger et nous nous protégions donc avec le crachat.
Je peux affirmer sans risque de me tromper que même aujourd’hui beaucoup de mes compatriotes crachent dans les chaises anglaises quand ils finissent d’y uriner. Mais bon, n’ayez crainte, ils tirent toujours la chasse d’eau après.

Mettre de la salive sur le nombril

Il est arrivé à plusieurs d’entre nous d’avoir une envie subite et pressante d’aller déféquer. Surtout à ces moments où une diarrhée s’invite. Nous étions convaincus que nous mettre de la salive sur le nombril retardait ou arrêtait cette envie. Même si cela ne marchait pas la première fois, on recommençait, avec foi, la fois suivante. De toutes les façons, avions-nous le choix ? En cas d’envie subite de faire ses besoins, tous les moyens étaient bons pour se contenir.

Croiser les doigts ou enfoncer son orteil dans le sol

Lorsqu’un chien ou un chat vous dérange trop par ses crottes sous vos murs, il y a une solution. Il suffit de le guetter et d’agir dès qu’il se pointe pour ses besoins. A deux, vous croisez vos doigts et vous vous interpellez par vos prénoms. Il paraît que cela bloque la sortie des crottes chez l’animal. Et cela a semblé réussir plusieurs fois. Je me demande si ce ne sont pas plutôt nos cris d’interpellation qui effrayaient l’animal.
Lorsqu’un aîné nous faisait des remontrances et qu’on sentait venir la menace d’une punition, nous croisions fortement nos doigts dans notre poche. Selon nous, nous l’avions ainsi « attaché » et il ne nous punirait pas. Lorsque cela ne marchait pas, on se disait qu’on aurait dû croiser peut-être les doigts de la main gauche et pas ceux de la droite. Enfoncer son orteil dans le sol était aussi une alternative pour éviter d’être puni.
Ces mêmes méthodes, nous les appliquions lorsque nous oubliions de faire nos devoirs scolaires à la maison. Ce qui n’empêchait pas nos instituteurs de nous punir.

Mettre une aiguille, un citron ou du charbon de bois dans sa poche

A une certaine période, la psychose du « vol mystique de sexe » était ancrée dans notre esprit. Nous étions convaincus qu’il suffisait que le malfaiteur te salue ou bien te mettes sa main à l’épaule pour que ton sexe disparaisse comme par enchantement. Il y avait donc urgence de se protéger. La solution était pour certains d’avoir une aiguille ou une épingle dans la poche. Pour d’autres, cela devait être un citron ou un morceau de charbon de bois. Mon petit frère m’a alors dit « grand frère, moi je mets tout en même temps car je veux être sûr d’être protégé ». Que ne ferait pas un homme pour s’assurer de sa fonction érectile et procréatrice ?
Même dans certains matchs de football de quartier, on pouvait garder du citron dans sa poche pour éviter le fusil mystique appelé « tchakatou ». Fait supposé ou vrai, nous n’attendions pas de tester le fusil car « prévenir vaut mieux que guérir ».

Mettre de la fiente de poule sur les morsures

Celle-ci semble être la meilleure, même si je n’ai jamais eu les preuves de son efficacité. Si jamais un autre enfant ou une personne osait te mordre, il suffisait de mettre de la fiente de poule sur les traces laissées par les dents sur notre peau. Le coupable aurait les dents cariées à jamais. Je ne peux pas vous dire si ça marche mais on le faisait quand même. Vous imaginez la foi que nous avions en cela, rien qu’à penser à se mettre de la fiente sur soi.

La sandale retournée

Lorsque tu manges ton plat préféré et que tu ne veux le partager avec personne, il y a une astuce : retourner une de tes sandales et la poser sur le pas de ta porte. Cela est supposé empêcher toute visite d’un gourmand. On croyait ferme que personne ne viendrait avant que nous n’ayons fini et lavé nos mains.

Pour nous, tous ces gris-gris servaient à la bonne cause et même pour aller en composition ou en examen on pouvait mettre nos stylos dans l’eau bénite ou manger la cire des bougies des temples catholiques pour réussir.

D’ailleurs, ce ne sont pas uniquement les enfants qui en avaient. Les adultes aussi avaient les leurs. Demandez aux vendeurs ou vendeuses du grand marché de Lomé, ce qu’un piment rouge fait dans leur caisse. Ils vous diront que ça prévient des vols mystiques d’argent. Malheureusement, cela ne les protège pas contre les braqueurs.

L’enfance est vraiment le plus beau moment d’une vie.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]