Mon histoire avec le Nouchi (Partie 2)
Partout où les Ivoiriens sont, ils vous colonisent avec le Nouchi. L’humour et la joie drainés par cette langue m’ont conquis naturellement.
Partout où les Ivoiriens sont, ils vous colonisent avec le Nouchi. L’humour et la joie drainés par cette langue m’ont conquis naturellement.
Lorsqu’on évoque la Côte d’Ivoire, quatre éléments au moins vous viennent directement en tête. Si vous ne pensez pas à l’attiéké (le plat national), vous penserez aux gbakas (emblématiques minibus) ou encore à la musique mais le plus souvent, vous pensez à la façon dont les Ivoiriens s’expriment. Au delà de l’accent, il y a ce français particulier qu’ils utilisent, ce « français-ivoirien » c’est le Nouchi. Un séjour à Abidjan cet été m’a rappelé mes premiers liens avec le Nouchi.
Pays réputé pour sa tradition vaudou, ses taxi-motos (communément appelées zémidjan et servant à tout type de transport) et ses véhicules « antiques » de la marque Peugeot, le Bénin est un pays très pittoresque, c’est pourquoi venir y faire une visite me fait toujours plaisir. De plus, l’accent chantant des Béninois et quelques expressions qui leurs sont propres me font souvent sourire.
Ne vous y trompez pas, le Bénin n’est pas un pays où l’on envoute à tous les coins de rue ! J’ai vu des disputes et des bagarres en pleine rue où personne n’a usé d’incantations, j’ai juste entendu des insultes et vu quelques coups de poings et empoignades vite arrêtés par les passants. Cela méritait d’être éclairci car beaucoup de personnes croient que l’envoûtement ou la manipulation des incantations mystiques est pour les Béninois, ce que le football est aux Brésiliens ou encore ce que le Kung-fu est aux Chinois. Autant tous les Béninois ne sont pas des sorciers autant tous les Nigérians ne sont pas des escrocs ou encore tous les Sénégalais des roublards. Lorsque vous parlez d’un Béninois à un Ivoirien, ce dernier vous parle toujours de Zangbéto (divinité vaudoue). Apparemment mes amis d’Abidjan ont dû être traumatisés par ce phénomène.
Oubliez vite ces clichés qui n’ont que peu de sens et concentrez-vous sur les cinq expressions courantes béninoises que j’ai retenues pour vous :
Au Bénin, dans le français courant, une déformation s’est introduite. Mais l’expression est devenue tellement courante que même les intellectuels n’y font plus attention.
Pour un étranger, cela fait toujours l’effet d’une surprise mais on finit par s’y habituer. Lorsque vous demandez à un Béninois « ton frère a-t-il une voiture ? », il vous répondra « Oui, il a de voiture ». Pour vous indiquer qu’il a du crédit téléphone, il vous dira « j’ai d’unités dans mon téléphone ».
Lorsque vous entendez dans les rues de Cotonou quelqu’un dire j’ai des « mo », ne pensez ni aux mots ni aux maux, il veut juste dire qu’il a des méga octets pour surfer sur Internet par le biais de son mobile. Ou encore pour émettre des appels Whatsapp ou naviguer sur Facebook.
La première expression décrite se combine souvent à la deuxième pour obtenir « il a de mo ». Ne cherchez pas trop loin, les « mo », (prononcé comme tel) au Bénin ont pris la place de « méga octets ».
Ce n’est pas pour parler d’automobile mais plutôt d’effet immédiat. Au Bénin, une expression nouvelle est « auto-auto ». Il indique une action ou une réponse automatique à un problème.
L’expression vient d’une église (d’un pasteur installé à Cotonou) qui dit donner des solutions miraculeuses immédiates à tous vos problèmes. Divers slogans l’illustrent «Pasteur auto-auto», «je porte mon bébé auto-auto», «guérison auto-auto».
L’expression est donc devenue courante au Bénin pour signifier une rapidité de réaction. Au départ, ironique, elle commence à se faire une réelle place dans les conversations.
La finance digitale est passée par là. Le sigle « Mo-Mo » devenu un nom courant est la dénomination donnée à « Mobile Money » d’un des opérateurs de téléphonie au Bénin.
Si vous n’êtes pas averti, vous ne comprendrez jamais ce que veut dire un Béninois quand il s’approche d’un kiosque ou d’un détaillant à moto en lui demande « fais-tu de momo ? » ou « fais moi momo ». En combinaison avec l’expression 1, cela donne « je veux de momo ».
Au Bénin, on n’achète pas un terrain, une parcelle ou un lot. On achète plutôt des « carrés ». Ma curiosité m’a poussé à demander si c’est parce-que les terrains ont une forme carrée. La réponse a été négative. Ce qui est sûr, c’est que pour vous faire comprendre d’un béninois, il vaut mieux que vous parliez de « carré » lorsque vous voulez parler d’un lot de terrain.
Entre temps, si vous ne vous êtes pas vus depuis un certain temps, on vous dira « mais, y a trois jours hein ». Sinon pour vous montrer une ruelle, ce sera « prenez la von là ». Par contre, si vous voulez encore un peu de sauce pour votre repas, demandez du jus. Lorsque l’on vous demande si vous voulez goûter à une Béninoise, réfléchissez bien avant de répondre. Il se peut qu’on vous parle juste de bières et non d’autre chose. Oui, la bière nationale du pays se nomme « La Béninoise« .
Visitez le Bénin et vous serez enchantés comme je l’ai été… et si vous connaissez d’autres expressions propres au Bénin, partagez-les avec nous en commentaires.
Un élément perturbateur a modifié les habitudes du Sénégal et de ceux qui y vivent depuis le 14 juin : la coupe du monde 2018. Mais il n’aura même pas fallu attendre le 15 juillet, date de fin du mondial, pour que la vie reprenne son cours quasi-normal au Sénégal. La raison est simple : les Lions de la Téranga ont été éliminés dès le premier tour. Les rues ont repris leur animation habituelle même aux heures des matchs, ce qui n’était pas le cas avant l’élimination du Sénégal. Le choc, cette fois-ci, semble plus profond.
Ce billet a été initialement publié sur mawulolo.mondoblog.org.
L’intensité de l’espoir suscité par la victoire contre la Pologne est le même que celle du choc induit par l’élimination. Si l’on avait su que le but encaissé contre la Pologne ou l’égalisation concédée contre le Japon allait nous jouer des tours, on se serait pris autrement. En fait après les matchs, on peut toujours se donner des raisons. Il serait mieux de chercher les raisons de nos faiblesses.
Peut-être qu’il aurait fallu laisser le président Macky Sall rester en Russie pour tous les matchs. Eh oui, le Sénégal a gagné le seul match que le président a suivi depuis les tribunes. Ce voyage présidentiel a suscité beaucoup de critiques de la part des détracteurs du Président. Ce qui montre que même la vie politique sénégalaise a été perturbée par le Mondial.
Avant cette coupe du monde 2018, lorsque l’on parlait de café dans les rues de Dakar, presque tout le monde pensait au café Touba, une production locale très prisée par la population. Mais depuis un certain mardi 28 juin 2018, le terme « café » nous fait penser à notre bourreau : la Colombie. Oui, ils sont appelés les Cafétéros.
Avant aussi, nous mangions des sushis et c’était presqu’une mode à Dakar. Mais maintenant, cela nous rappelle plutôt le Japon qui nous a contraint au nul.
On se disait que la Colombie était plus forte mais que cela passerait avec le Japon et la Pologne. Que nenni ! Les samouraïs étaient tenaces et c’est ce jour que nous avons tout perdu. Mieux, ils ont récolté moins de cartons jaunes que les Lions et c’est ce qui nous a éliminés. Cette règle du fair-play étant connue avant la compétition, je prie ceux qui crient à la tricherie ou à l’injustice de rester honnêtes. Le joueur Alfred Ndiaye, qui dit que c’est de la tricherie, n’a qu’à écouter son coach Aliou Cissé qui a vite fait de rappeler que la règle était connue de tous. Même si l’élimination de la bande à Sadio Mané nous fait mal, ne soyons pas mauvais perdants. Laissons aussi la VAR tranquille.
La Radio-Télévision du Sénégal (RTS) avait monté à la Place de la nation ce qui est appelé « le village du Mondial ». Après l’élimination du Sénégal, on croirait à un exode rural. Il n’y a presque plus personne dans le village, même pendant les matchs. Certains courageux y viennent encore, mais comparé à l’engouement d’avant, c’est le jour et la nuit.
Devant la célèbre boîte de nuit « le Thiossane », le podium servant pour les plateaux télés directs de la chaîne TFM a été démonté. La coupe du monde continuera en studio, avec des temps d’antennes réduits.
Les bars et restaurants ont réduit le nombre de baffles prévues et certainement leur commande de boissons aussi. Pourtant, avant l’élimination du Sénégal, tous les autres matchs aussi drainaient du monde. Pour les quelques fan-zones qui restent en activité, le public a diminué drastiquement.
Avant le début du Mondial, le nouveau maillot des Lions de la Téranga ne semblait pas intéresser grand monde et on en trouvait partout dans les marchés. Après le match victorieux contre la Pologne suivi du nul contre le Japon, c’était devenu rare et cher. Les copies chinoises ont envahi le marché, le vent de l’espoir de la qualification soufflait encore et les vendeurs spéculaient. Après l’élimination par la Colombie, les maillots ne semblent plus prisés. Leur prix a diminué et des internautes font des blagues sur les réseaux sociaux et déclarent offrir le leur à qui le voulait. Un commerçant furieux a même bradé des maillots. Tous les drapeaux trônant sur les taxis et les motos de Dakar ont disparu comme par enchantement. Il reste à espérer qu’ils serviront pour la coupe d’Afrique des nations 2019.
Toutes les publicités où on vantait les mérites des Lions de la Téranga pour le Mondial sont devenues obsolètes. On ne voit donc plus que des publicités neutres concernant la coupe du monde. Les exploits attendus des Lions ne sont plus mentionnés pour vanter force et fougue. Soit la publicité était mensongère, soit la force et la fougue qu’on aurait acquises au travers de ces produits auraient été éphémères comme le premier tour du Mondial. Oui, nous nous expliquons les choses de manière simple et directe. Nos déductions sont tout simplement logiques.
En tout cas, nous qui voulions commencer par nous prendre pour la meilleure équipe d’Afrique en avons eu pour notre compte. On sait désormais qu’il ne faut jamais vendre la peau des Colombiens et des Japonais avant de les avoir battus. Même si c’est un marabout qui nous le prédit, on attendra la fin du match pour le croire.
Entre-temps, l’intensité de la guerre des télécommandes a aussi baissé dans les foyers sénégalais. Mais bon si on classe les équipes africaines à la coupe du monde, le Sénégal vient en tête. Être le premier des derniers est-il mauvais en soi ? A vous de me le dire.
Un élément perturbateur a modifié les habitudes du Sénégal et de ceux qui y vivent depuis le 14 juin 2018. Il s’agit de la coupe du monde 2018. Mais il n’aura même pas fallu attendre le 15 juillet, date de fin du mondial, pour que la vie reprenne son cours quasi-normal au Sénégal. La raison est simple : les Lions de la Téranga ont été éliminés dès le premier tour. Les rues ont repris leur animation habituelle même aux heures des matchs, ce qui n’était pas le cas avant l’élimination du Sénégal. Le choc, cette fois-ci, semble plus profond.
L’intensité de l’espoir suscité par la victoire contre la Pologne est le même que celle du choc induit par l’élimination. Si l’on avait su que le but encaissé contre la Pologne ou l’égalisation concédée contre le Japon allait nous jouer des tours, on se serait pris autrement. En fait après les matchs, on peut toujours se donner des raisons. Il serait mieux de chercher les raisons de nos faiblesses.
Peut-être qu’il aurait fallu laisser le président Macky Sall rester en Russie pour tous les matchs. Eh oui, le Sénégal a gagné le seul match que le Président a suivi depuis les tribunes. Ce voyage présidentiel a suscité beaucoup de critiques de la part des détracteurs du Président. Ce qui montre que même la vie politique sénégalaise a été perturbée par le Mondial.
Les trois mots qui font mal sont : café, sushis et fair-play.
Avant cette coupe du monde 2018, lorsque l’on parlait de café dans les rues de Dakar, presque tout le monde pensait au café Touba, une production locale très prisée par la population. Mais depuis un certain mardi 28 juin 2018, le terme « café » nous fait penser à notre bourreau : la Colombie. Oui, ils sont appelés les Cafétéros.
Avant aussi, nous mangions des sushis et c’était presqu’une mode à Dakar. Mais maintenant, cela nous rappelle plutôt le Japon qui nous a contraint au nul.
On se disait que la Colombie était plus forte mais que cela passerait avec le Japon et la Pologne. Que nenni ! Les samouraïs étaient tenaces et c’est ce jour que nous avons tout perdu. Mieux, ils ont récolté moins de cartons jaunes que les Lions et c’est ce qui nous a éliminés. Cette règle du fair-play étant connue avant la compétition, je prie ceux qui crient à la tricherie ou à l’injustice de rester honnêtes. Le joueur Alfred Ndiaye qui dit que c’est de la tricherie n’a qu’à écouter son coach Aliou Cissé qui a vite fait de rappeler que la règle était connue de tous.
Même si l’élimination de la bande à Sadio Mané nous fait mal, ne soyons pas mauvais perdants. Laissons aussi la VAR tranquille.
La Radio-Télévision du Sénégal (RTS) avait monté à la Place de la nation ce qui est appelé « le village du Mondial ». Après l’élimination du Sénégal, on croirait à un exode rural. Il n’y a presque plus personne dans le village, même pendant les matchs. Certains courageux y viennent encore, mais comparé à l’engouement d’avant, c’est le jour et la nuit.
Devant la célèbre boîte de nuit « le Thiossane », le podium servant pour les plateaux télés directs de la chaîne TFM a été démonté. La coupe du monde continuera en studio, avec des temps d’antennes réduits.
Les bars et restaurants ont réduit le nombre de baffles prévues et certainement leur commande de boissons aussi. Pourtant, avant l’élimination du Sénégal, tous les autres matchs aussi drainaient du monde. Pour les quelques fan-zones qui restent en activité, le public a diminué drastiquement.
Avant le début du Mondial, le nouveau maillot des Lions de la Téranga ne semblait pas intéresser grand monde et on en trouvait partout dans les marchés. Après le match victorieux contre la Pologne suivi du nul contre le Japon, c’était devenu rare et cher. Les copies chinoises ont envahi le marché, le vent de l’espoir de la qualification soufflait encore et les vendeurs spéculaient. Après l’élimination par la Colombie, les maillots ne semblent plus prisés. Leur prix a diminué et des internautes font des blagues sur les réseaux sociaux et déclarent offrir le leur à qui le voulait. Un commerçant furieux a même bradé des maillots. Tous les drapeaux trônant sur les taxis et les motos de Dakar ont disparu comme par enchantement, sauf chez quelques caciques.
Lorsque vous avez tout perdu au Mondial, il vous reste le pays donc les maillots et drapeaux servent toujours en attendant peut-être la Coupe d’Afrique des Nations 2019.
Toutes les publicités où on vantait les mérites des Lions de la Téranga pour le Mondial sont devenues obsolètes. On ne voit donc plus que des publicités neutres concernant la coupe du monde. Les exploits attendus des Lions ne sont plus mentionnés pour vanter force et fougue. Soit la publicité était mensongère, soit la force et la fougue qu’on aurait acquises au travers de ces produits auraient été éphémères comme le premier tour du Mondial. Oui, nous nous expliquons les choses de manière simple et directe. Nos déductions sont tout simplement logiques.
En tout cas, nous qui voulions commencer par nous prendre pour la meilleure équipe d’Afrique en avons eu pour notre compte. On sait désormais qu’il ne faut jamais vendre la peau des Colombiens et des Japonais avant de les avoir battus. Même si c’est un marabout qui nous le prédit, on attendra la fin du match pour le croire.
Entre-temps, l’intensité de la guerre des télécommandes a aussi baissé dans les foyers sénégalais. Mais bon si on classe les équipes africaines à la coupe du monde, le Sénégal vient en tête. Être le premier des derniers est-il mauvais en soi ? A vous de me le dire.
Sur les réseaux sociaux, beaucoup de blagues circulent sur la guerre des télécommandes que se livrent souvent les membres d’une même famille. C’est un réel combat qui ne dit pas son nom, et ce n’est pas la coupe du monde de football qui arrange les choses.
Ce billet a été initialement publié sur mawulolo.mondoblog.org.
La guerre des télécommandes : ce combat plus psychologique que physique que se livrent les membres d’une famille ou d’une maison repose sur le contrôle de la télécommande pendant les moments-clés. Le moment des affrontements varie selon les programmes préférés de chacun. Généralement, on insinue que madame a des préférences pour les télénovelas ou feuilletons ou autres séries et que monsieur voit ses préférences aller vers les matchs de football. Au milieu de ces deux camps se trouvent les enfants qui préfèrent les chaînes de dessins animés. Cette répartition des préférences est souvent vérifiée en Afrique voire aussi ailleurs, même s’il existe aussi bien des hommes préférant les télénovelas ainsi que des femmes aimant le football.
La principale cause de l’intensification du conflit est évidente depuis le 14 juin. La coupe du monde de football 2018 a débuté en Russie. Et 3 à 4 matchs sont au programme chaque jour. En Afrique, les heures de match s’étalent de 11 heures à 20 heures GMT. Et si on y intègre les émissions de débriefing, de commentaires et de reportage, la télévision est occupée quasiment toute la journée.
Les chaînes de télénovelas n’ont pas modifié leurs programmes, donc beaucoup de feuilletons coïncident avec les matchs ou émissions liées à la coupe du monde de football. Les chaînes diffusant les films et séries nigérians et généralement africaines ont le même problème.
Résultat : la guerre des télécommandes. Lorsqu’arrivent les heures de matchs où il faut céder la télécommande aux amoureux du ballon rond, les mines changent. Il en est de même quand arrivent les heures des feuilletons pendant qu’on suivait déjà un match de football ou un reportage fort intéressant sur la Coupe du monde. Le plus fort gagnera le combat de la télécommande.
Plusieurs stratagèmes sont utilisés pour être en possession de la télécommande avant l’autre. On cible l’heure de début de l’émission de l’autre et on s’accapare la télécommande avant. Ce coup réussi, on allume la télévision et on s’installe devant, la priorité revenant souvent à la personne qui a allumé la télévision en premier. Si vous avez réussi à avoir cette place, il ne faudra l’abandonner sous aucun prétexte, sinon jusqu’à la fin de votre émission. En cas de besoin pressant d’aller aux toilettes par exemple, on est capable d’y aller avec la télécommande si vraiment on ne peut retarder l’échéance.
Chacun essaie de jouer sur les faiblesses de l’autre pour le faire céder. Si l’homme est en train de perdre le combat, il pourra décider d’aller suivre le match chez un de ses amis ou au bar. Face à cet argument, c’est assez rare que madame ne cède pas. Elle préfère sacrifier son feuilleton que de savoir monsieur dehors et ne pas être sûre de l’endroit où il se trouvera.
Du côté de madame, on peut évoquer le manque de considération habituel ou la tyrannie masculine pour faire céder monsieur. Et comme souvent on dit « Mieux vaut être heureux que d’avoir raison », monsieur cède la télécommande. Le chantage marche donc. Il se raconte que les femmes peuvent poser des question du genre « Le pénalty se tire-t-il toujours par celui qui a subi la faute ?» Des question déconcertantes qui vous perturbent au point que vous préférez lui laisser la télécommande.
Pour éviter cette guerre, plusieurs voies peuvent être explorées. En voici la liste non exhaustive :
Dans cette guerre des télécommandes, n’oubliez pas que l’essentiel est que tout le monde puisse y trouver son compte. Malgré votre passion pour l’un ou pour l’autre des loisirs télévisuels, sachez qu’après la télévision et ses émissions, il y a une vie.
Sur les réseaux sociaux, beaucoup de blagues circulent sur la guerre des télécommandes que se livrent souvent les membres d’une même famille. C’est un réel combat qui ne dit pas son nom. Et ce n’est pas la coupe du monde de football qui arrange les choses.
Ce combat plus psychologique que physique que se livrent les membres d’une famille ou d’une maison repose sur le contrôle de la télécommande pendant les moments-clés. Le moment des affrontements varie selon les programmes préférés de chacun. Généralement, on insinue que madame a des préférences pour les télénovelas ou feuilletons ou autres séries et que monsieur voit ses préférences aller vers les matchs de football. Au milieu de ces deux camps se trouvent les enfants qui préfèrent les chaînes de dessins animés. Cette répartition des préférences est souvent vérifiée en Afrique voire aussi ailleurs, même s’il existe aussi bien des hommes préférant les télénovelas ainsi que des femmes aimant le football.
La principale cause de l’intensification du conflit est évidente depuis le 14 juin. La coupe du monde de football 2018 a débuté en Russie. Et 3 à 4 matchs sont au programme chaque jour. En Afrique, les heures de match s’étalent de 11 heures à 20 heures GMT. Et si on y intègre les émissions de débriefing, de commentaires et de reportage, la télévision est occupée quasiment toute la journée.
Les chaînes de télénovelas n’ont pas modifié leurs programmes, donc beaucoup de feuilletons coïncident avec les matchs ou émissions liées à la coupe du monde de football. Les chaînes diffusant les films et séries nigérians et généralement africaines ont le même problème.
Les conséquences sont justement la guerre des télécommandes. Lorsqu’arrivent les heures de matchs où il faut céder la télécommande aux amoureux du ballon rond, les mines changent. Il en est de même quand arrivent les heures des feuilletons pendant qu’on suivait déjà un match de football ou un reportage fort intéressant sur la Coupe du monde. Le plus fort gagnera le combat de la télécommande.
Plusieurs stratagèmes sont utilisés pour être en possession de la télécommande avant l’autre. On cible l’heure de début de l’émission de l’autre et on s’accapare la télécommande avant. Ce coup réussi, on allume la télévision et on s’installe devant, la priorité revenant souvent à la personne qui a allumé la télévision en premier. Si vous avez réussi à avoir cette place, il ne faudra l’abandonner sous aucun prétexte, sinon jusqu’à la fin de votre émission. En cas de besoin pressant d’aller aux toilettes par exemple, on est capable d’y aller avec la télécommande si vraiment on ne peut retarder l’échéance.
Chacun essaie de jouer sur les faiblesses de l’autre pour le faire céder. Si l’homme est en train de perdre le combat, il pourra décider d’aller suivre le match chez un de ses amis ou au bar. Face à cet argument, c’est assez rare que madame ne cède pas. Elle préfère sacrifier son feuilleton que de savoir monsieur dehors et ne pas être sûre de l’endroit où il se trouvera.
Du côté de madame, on peut évoquer le manque de considération habituel ou la tyrannie masculine pour faire céder monsieur. Et comme souvent on dit « Mieux vaut être heureux que d’avoir raison », monsieur cède la télécommande. Le chantage marche donc. Il se raconte que les femmes peuvent poser des question du genre « Le pénalty se tire-t-il toujours par celui qui a subi la faute ?». Des questions déconcertantes qui vous perturbent au point que vous préférez lui laisser la télécommande.
Pour éviter cette guerre, plusieurs voies peuvent être explorées. En voici la liste non exhaustive :
Dans cette guerre des télécommandes, n’oubliez pas que l’essentiel est que tout le monde puisse y trouver son compte. Malgré votre passion pour l’un ou pour l’autre des loisirs télévisuels, sachez qu’après la télévision et ses émissions, il y a une vie.
La tradition veut que chaque équipe présente à la Coupe du Monde ait sa star. Cette année, la star des Lions de la Téranga, l’équipe nationale du Sénégal, c’est… Sadio Mané, le joueur de Liverpool. Sadio Mané vient d’une région particulière du Sénégal : la Casamance.
Ce billet a été publié sur mawulolo.mondoblog.org.
Sadio Mané assure la continuité d’une longue lignée de joueurs talentueux que la Casamance a offert au Sénégal. Elle a été et demeure aujourd’hui un véritable vivier de talents pour le football sénégalais. Cette région est particulière car elle a été longtemps meurtrie par une tentative de sécession armée. Pourtant, même en ces moments difficiles, le football et les joueurs ont toujours maintenu le lien entre cette région et le reste du pays. Au fond, grâce au football, la Casamance est restée sénégalaise.
Située au sud du Sénégal, la Casamance est la partie la plus verte du Sénégal. Une zone à fort potentiel économique et peu exploitée, habitée principalement par des ethnies comme les Diolas, les Balantes, les Manjacks et les Peuhls. Ses grandes villes correspondent à ses trois régions : Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. La Casamance a une superficie d’environ 52 000 km² et une population d’environ 1.950.000 habitants.
Les gens originaires de la Casamance sont généralement fiers, dignes et travailleurs. Ils sont souvent prompts à combattre tout ce qu’ils considèrent comme de l’injustice. Peut-être ont-ils tous le même sang que la résistante Aline Sitoé Diatta ?
Le triste naufrage du bateau le Joola, qui assurait la liaison entre Ziguinchor et Dakar, fait aussi partie de l’histoire de la Casamance. Ce drame survenu le 26 septembre 2002 a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective de la Casamance.
Une chose est sûre : la paix est revenue et l’industrie du tourisme reprend peu à peu ses droits. La localité de Cap Skirring reste l’une des stations balnéaires les plus prisées du pays.
L’Agence nationale pour la reconstruction de la Casamance (ANRAC) et le gouvernement sénégalais y déploient des projets pour l’amélioration de la vie des populations. Beaucoup reste quand même encore à faire pour atteindre les zones les plus reculées.
Actuellement, la zone est plutôt bien desservie, par voie maritime et aérienne. Ce qui n’était pas le cas avant. La voie terrestre oblige à traverser la Gambie de part en part. Le détour pour ne passer que par des villes du Sénégal est plus long.
Le plus célèbre footballeur, avant Sadio Mané, est feu Jules François Bocandé. Passé par le club phare de la région, le Casa-Sports, Bocandé a fait l’essentiel de sa carrière en France (FC Metz, Paris Saint-Germain, OGC Nice et RC Lens). Il a mené les Lions du Sénégal dans plusieurs coupes d’Afrique. A la fin de sa carrière, il a intégré le staff technique des Lions. Né à Ziguinchor en 1958, il repose sur ces terres depuis son décès en 2012.
Mis à part Bocandé, on peut citer aussi Souleymane Sané, qui a évolué en Allemagne. Souleymane est le père de Leroy Sané, de Manchester City, qui, lui, joue pour l’Allemagne. A ces deux joueurs, on peut rajouter Roger, Jean et Adolphe Mendy ou encore Christophe et Lamine Sagna.
La génération la plus célèbre du football sénégalais est celle de 2002 sous la houlette de Bruno Metsu. Elle fut finaliste malheureuse de la Coupe d’Afrique des Nations organisée au Mali. En 2002 toujours, lors de la coupe du monde en Corée et au Japon, elle a réussi l’exploit de battre la France, alors championne du monde en titre ! Elle s’est ensuite hissée jusqu’aux quarts de finale, niveau le plus haut jamais atteint par les équipes africaines à la coupe du monde. Dans cette cuvée, les originaires de la Casamance étaient nombreux. Il y avait l’actuel sélectionneur des Lions, Aliou Cissé, qui était le capitaine de l’équipe, mais aussi Ferdinand Coly, Tony Mario Sylva ou encore Salif Diao et Lamine Diatta. Bien qu’à l’époque le ballon d’or africain El Hadji Diouf était la star de l’équipe, les Casamançais faisaient partie des piliers.
https://www.youtube.com/watch?v=VeemzU2cKdE
Sadio Mané évolue actuellement à Liverpool, en Premier League anglaise, il est la star incontestable du football sénégalais. Brillant par son talent sur les pelouses européennes, son humilité est vraiment frappante. Dans ses interviews, on sent son attachement au Sénégal mais on sent aussi un attachement très fort à sa région d’origine, la Casamance.
Né le 10 avril 1992 à Sédhiou, Sadio Mané est originaire de Bambali, un petit village de la région. Il y a grandi et joué avant de rejoindre Dakar à l’âge de 15 ans. Il intégra le centre de formation Génération Foot qui travaille en partenariat avec le FC Metz, un club français. Son talent fut remarqué dès le premier jour de tests de recrutement malgré les équipements inadéquats qu’il portait (culotte, maillot et chaussures). Pouvait-il en être autrement ? Sadio Mané ne venait pas d’un milieu modeste mais d’un milieu vraiment pauvre. Mais comme pour tout bon Casamançais, la pauvreté n’est jamais source de lamentations ou d’indignité. Se battre est leur maître-mot, et Sadio Mané en est l’exemple.
Après Metz de 2011 à 2012, Sadio joue en Autriche, au Red Bull Salzbourg, de 2012 à 2014. Partout son talent fait mouche. Les portes de la Premier League s’ouvrent pour le petit Casamançais, il arrive à Southampton où il restera jusqu’en 2016. Les Reds de Liverpool ne résisteront pas au talent du jeune de Bambali. Sa bonne saison 2017-2018 le conduit en finale de la plus grande des compétitions de clubs : la Ligue des champions européenne. Premier Sénégalais à disputer une finale de cette compétition, il est aussi le premier à inscrire un triplé. Joueur-cadre et star de Liverpool, le club n’a pas hésité à le faire accompagner par un physiothérapeute personnel, Dave Galley, à la CAN 2017 au Gabon.
Le vœu de Sadio est de faire bonne figure au Mondial 2018 en Russie et de faire mieux que la génération de 2002.
Si les Lions de la Téranga arrivent en finale de la coupe du monde, peut-être que Sadio fera encore convoyer 300 maillots à Bambali. Pour la finale de la Ligue des Champions, il l’avait fait avec des maillots de Liverpool. Un grand bonheur pour les habitants de ce village si fiers de leur fils. Et il le leur rend bien. Plusieurs infrastructures (lycée, centre sportif et autres) entièrement financées par Sadio sont en construction dans le village.
Quand on lui pose la question de savoir pourquoi Bambali et ses habitants méritent autant de gestes de sa part, Sadio Mané répond : « c’est un devoir pour moi de donner de la joie à ce village qui m’a vu naître et qui m’a tout donné »… un vrai Casamançais !
Ce qui est sûr : s’il neige à Kaluga*, il fera froid à Bambali…
* Kaluga : camp de base du Sénégal en Russie
La tradition veut que chaque équipe présente à la Coupe du Monde ait sa star. Cette année, la star des Lions de la Téranga, l’équipe nationale du Sénégal, c’est… Sadio Mané, le joueur de Liverpool. Il vient d’une région particulière du Sénégal : la Casamance.
Sadio Mané assure la continuité d’une longue lignée de joueurs talentueux que la Casamance a offert au Sénégal. Elle a été et demeure aujourd’hui un véritable vivier de talents pour le football sénégalais. Cette région est particulière car elle a été longtemps meurtrie par une tentative de sécession armée. Pourtant, même en ces moments difficiles, le football et les joueurs ont toujours maintenu le lien entre cette région et le reste du pays. Au fond, grâce au football, la Casamance est restée sénégalaise.
Située au sud du Sénégal, la Casamance est la partie la plus verte du Sénégal. Une zone à fort potentiel économique et encore peu exploitée, habitée principalement par des ethnies comme les Diolas, les Balantes, les Manjacks et les Peuhls. Ses grandes villes correspondent à ses trois régions : Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. La Casamance a une superficie d’environ 52 000 km² et une population d’environ 1.950.000 habitants.
Les gens originaires de la Casamance sont généralement fiers, dignes et travailleurs. Ils sont souvent prompts à combattre tout ce qu’ils considèrent comme de l’injustice. Peut-être ont-ils tous le même sang que la résistante Aline Sitoé Diatta ?
Le triste naufrage du bateau le Joola, qui assurait la liaison entre Ziguinchor et Dakar, fait aussi partie de l’histoire de la Casamance. Ce drame survenu le 26 septembre 2002 a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective de la Casamance.
Une chose est sûre : la paix est revenue et l’industrie du tourisme reprend peu à peu ses droits. La localité de Cap Skirring reste l’une des stations balnéaires les plus prisées du pays.
L’Agence nationale pour la reconstruction de la Casamance (ANRAC) et le gouvernement sénégalais y déploient des projets pour l’amélioration de la vie des populations. Beaucoup reste quand même encore à faire pour atteindre les zones les plus reculées.
Actuellement, la zone est plutôt bien desservie, par voie maritime et aérienne. Ce qui n’était pas le cas avant. La voie terrestre oblige à traverser la Gambie de part en part. Le détour pour ne passer que par des villes du Sénégal est plus long.
Le plus célèbre footballeur, avant Sadio Mané, est feu Jules François Bocandé. Passé par le club phare de la région, le Casa-Sports, Bocandé a fait l’essentiel de sa carrière en France (FC Metz, Paris Saint-Germain, OGC Nice et RC Lens). Il a mené les Lions du Sénégal dans plusieurs coupes d’Afrique. A la fin de sa carrière, il a intégré le staff technique des Lions. Né à Ziguinchor en 1958, il repose sur ces terres depuis son décès en 2012.
Mis à part Bocandé, on peut citer aussi Souleymane Sané, qui a évolué en Allemagne. Souleymane est le père de Leroy Sané, de Manchester City, qui, lui, joue pour l’Allemagne. A ces deux joueurs, on peut rajouter Roger, Jean et Adolphe Mendy ou encore Christophe et Lamine Sagna.
La génération la plus célèbre du football sénégalais est celle de 2002 sous la houlette de Bruno Metsu. Elle fut finaliste malheureuse de la Coupe d’Afrique des Nations organisée au Mali. En 2002 toujours, lors de la coupe du monde en Corée et au Japon, elle a réussi l’exploit de battre la France, alors championne du monde en titre ! Elle s’est ensuite hissée jusqu’aux quarts de finale, niveau le plus haut jamais atteint par les équipes africaines à la coupe du monde. Dans cette cuvée, les originaires de la Casamance étaient nombreux. Il y avait l’actuel sélectionneur des Lions, Aliou Cissé, qui était le capitaine de l’équipe, mais aussi Ferdinand Coly, Tony Mario Sylva ou encore Salif Diao et Lamine Diatta. Bien qu’à l’époque le ballon d’or africain El Hadji Diouf était la star de l’équipe, les Casamançais faisaient partie des piliers.
https://www.youtube.com/watch?v=VeemzU2cKdE
Sadio Mané évolue actuellement à Liverpool, en Premier League anglaise, il est la star incontestable du football sénégalais. Brillant par son talent sur les pelouses européennes, son humilité est vraiment frappante. Dans ses interviews, on sent son attachement au Sénégal mais on sent aussi un attachement très fort à sa région d’origine, la Casamance.
Né le 10 avril 1992 à Sédhiou, Sadio Mané est originaire de Bambali, un petit village de la région. Il y a grandi et joué avant de rejoindre Dakar à l’âge de 15 ans. Il intégra le centre de formation Génération Foot qui travaille en partenariat avec le FC Metz, un club français. Son talent fut remarqué dès le premier jour de tests de recrutement malgré les équipements inadéquats qu’il portait (culotte, maillot et chaussures). Pouvait-il en être autrement ? Sadio Mané ne venait pas d’un milieu modeste mais d’un milieu vraiment pauvre. Mais comme pour tout bon Casamançais, la pauvreté n’est jamais source de lamentations ou d’indignité. Se battre est leur maître-mot, et Sadio Mané en est l’exemple.
Après Metz de 2011 à 2012, Sadio joue en Autriche, au Red Bull Salzbourg, de 2012 à 2014. Partout son talent fait mouche. Les portes de la Premier League s’ouvrent pour le petit Casamançais, il arrive à Southampton où il restera jusqu’en 2016. Les Reds de Liverpool ne résisteront pas au talent du jeune de Bambali. Sa bonne saison 2017-2018 le conduit en finale de la plus grande des compétitions de clubs : la Ligue des champions européenne. Premier Sénégalais à disputer une finale de cette compétition, il est aussi le premier à inscrire un triplé. Joueur-cadre et star de Liverpool, le club n’a pas hésité à le faire accompagner par un physiothérapeute personnel, Dave Galley, à la CAN 2017 au Gabon.
Le vœu de Sadio est de faire bonne figure au Mondial 2018 en Russie et de faire mieux que la génération de 2002.
Si les Lions de la Téranga arrivent en finale de la coupe du monde, peut-être que Sadio fera encore convoyer 300 maillots à Bambali. Pour la finale de la Ligue des Champions, il l’avait fait avec des maillots de Liverpool. Un grand bonheur pour les habitants de ce village si fiers de leur fils. Et il le leur rend bien. Plusieurs infrastructures (lycée, centre sportif et autres) entièrement financées par Sadio sont en construction dans le village.
Quand on lui pose la question de savoir pourquoi Bambali et ses habitants méritent autant de gestes de sa part, Sadio Mané répond : « c’est un devoir pour moi de donner de la joie à ce village qui m’a vu naître et qui m’a tout donné »… un vrai Casamançais !
Ce qui est sûr : s’il neige à Kaluga*, il fera froid à Bambali…
*Kaluga : camp de base du Sénégal en Russie
Au Sénégal, le Ramadan est une période particulière. Il induit un changement notable d’habitudes.
L’année dernière, je vous avais parlé de toutes les péripéties du choix de la date de début de Ramadan, sachant que cette dernière a forcément une répercussion sur la date de fin. Au Sénégal, pour choisir quand débuter et finir cette période, tout est lié à la lune et à celui qui l’a vue. Une fois le Ramadan lancé, le panier Ndogou rythme les ruptures de jeûne. Au-delà de ces deux points, il y a d’autres habitudes dont je vous parle ici.
Dakar est une ville réputée festive et bouillante les soirs et les week-ends. Je vous l’assure, le week-end d’avant le Ramadan et celui d’après sa fin sont comparables à ce qu’on peut voir les 24 et 31 décembre. Tous les restaurants, bars et boîtes de nuit de la ville sont pris d’assaut et les Dakarois, futurs jeûneurs y compris, y vont à fond, dans la fête. Comme le dit un ami, le jeûne est une course de fond, donc il faut emmagasiner de l’énergie pour tenir. Je ne saurai dire de quelle énergie il s’agit ici. Là, il s’agit du début. Pour le week-end suivant la fin, il me dit que c’est un rattrapage de tout le temps d’abstinence. Je me demande presque ce qu’il rattrape, vu ce qu’il a emmagasiné.
Pendant cette période de jeûne, beaucoup s’abstiennent aussi d’avaler leur salive. Il leur faut donc l’envoyer à l’extérieur. C’est une période particulière, où il faut faire attention lorsqu’une fenêtre est ouverte ou est en train de s’ouvrir : un bon jet de crachat peut vous arriver dessus. Faites surtout attention aux abords des « cars rapides », aux « Ndiaga Ndiaye », aux « clando » ou aux taxis. Il faut même être vigilant quand on s’en approche des fenêtres de bureaux.
Généralement, les cracheurs ont des sotiou (cure-dent) dans la bouche.
La phrase préférée de mes ami(e)s sénégalais(es) pendant le Ramadan : « Tu ne nous accompagnes pas ?».
Les Sénégalais sont tellement solidaires en tout que même pendant le Ramadan, ceux qui jeûnent réclament qu’on les accompagne. Pour nous autres, notre accompagnement se résume souvent en l’offrande du sukeuroukoor (le sucre du jeûne, en traduction littérale). Il s’agit d’un petit cadeau de solidarité, en nature ou en espèces, à offrir aux jeûneurs pour la rupture du soir.
Pendant le Ramadan, beaucoup de profils Facebook changent. L’on voit beaucoup d’inscription du nom d’Allah en caractères arabes remplacer les photos de profil. Les femmes qui gardent leurs photos deviennent subitement voilées.
En ville, les filles et même des femmes qu’on voyait en pantalon ou autres tenues deviennent des voilées. Vous serez étonnés de voir Ndèye Awa*, votre voisine de quartier, spécialiste des jeans tailles basses, devenir une voilée. Mais dans tous les cas, même avec le voile, elle maintient son charme.
A l’approche de l’heure de rupture du jeûne, une folie semble s’emparer des conducteurs. Ces derniers semblent oublier les règles du code de la route. L’essentiel est d’être chez soi avant la rupture. Les embouteillages sont monstres et beaucoup en arrivent à oublier qu’ils sont dans une période de préservation. Des insultes peuvent fuser lorsque l’un ne cède pas le passage à l’autre.
Sur le trajet, vous pouvez vous voir offrir votre ndogou (repas de rupture). Des groupes de jeunes, des entreprises ou des partis politiques s’organisent pour offrir aux conducteurs et aux passants le repas et le thé de rupture. Ils sont souvent visibles à divers carrefours.
Il faut aussi connaître son trajet et tous ses écueils en période de Ramadan. Il ne manque pas un jour où une conférence religieuse n’est organisée dans les quartiers. Si vous êtes dans un quartier où il y a un terrain de football ou de basket, là, vous êtes tirés d’affaire. Sinon, des apatams apparaissent très vite sur les chaussées ou sur les voies réservés aux véhicules.
Les conducteurs se créent alors des déviations selon leur connaissance du quartier.
Pour finir sachez que pendant le Ramadan, tout est au ralenti. Dans les bureaux de l’administration, beaucoup dorment ou somnolent. Si vous osez crier fort « diogue léne dogue diot na » (phrase en wolof signifiant « réveillez-vous, l’heure de la rupture a sonné »), des gens peuvent accourir croyant que l’heure de la rupture a sonné. Lorsque vous entendez beaucoup de jeûneurs dire « astakhfiroulahi » (expression signifiant « que Dieu m’en garde ou m’en éloigne »), cela indique qu’une jeune fille habillée en mini-jupe ou en pantalon trop moulant est dans les parages.
Malgré tout ce que je vous ai dit, nous avons un Ramadan apaisé au Sénégal. Ce qui ne semble pas être le cas ailleurs où l’on peut se voir infligé des amendes ou être agressé car on aura mangé au vu et au su des jeûneurs.
Bon Ramadan à tous…
* Ndèye Awa : prénom usuel courant au Sénégal, utilisé, ici, pour désigner une jeune fille
La Polynésie française aurait dû s’appeler l’île des couleurs et des fleurs, tellement on en voit sur place. La plus remarquable de ces fleurs est le tiaré Maohi.
Je n’ai jamais vu autant de fleurs et de couleurs naturelles et fraîches réunies en un seul endroit. En Polynésie française, le parfum des fleurs est une odeur permanente. On croirait qu’elles ne se fanent jamais. Les couleurs aussi font partie du décor naturel. Et tout un art de décoration y est associé.
Autant je ne peux vous parler de toutes les fleurs que l’on trouve là-bas, autant je ne peux manquer de parler du tiaré Maohi, la préférée des vahinés car elle sert à parler à la gent masculine. Certains parleront de tiare Tahiti, mais les Polynésiens préfèrent parler de tiare Maohi car la Polynésie française ne se réduit pas à Tahiti.
Dans la légende polynésienne, cette fleur a été créée par le dieu Atea (dieu l’espace et du ciel) aidé par son fils Tane (dieu de la beauté et de la lumière). Jadis, seuls les rois et les princes avaient le droit de cueillir cette fleur car elle était sacrée. C’est par la suite que le tiaré Maohi est devenue un symbole d’amour.
Son nom scientifique est Gardenia Tahitensis. En langue locale, tiaré veut dire « fleur » et Maohi est le nom du peuple polynésien. Cette fleur est donc « la fleur du peuple polynésien ». Pour vous accueillir ou vous dire au revoir, on en met une couronne autour du cou ou de la tête. Et elle est supposée vous porter chance. Vous les verrez aussi dans tout type de cérémonies : fêtes entre amis, mariage, culte, messe, manifestations politiques etc.
Elle symbolise la joie, le plaisir ou encore la fête. Mais le plus intéressant est quand elle est portée à l’oreille par les vahinés.
Le tiare maohi, placée dans les cheveux au niveau de l’oreille véhicule un message sans équivoque. Il faut connaître ce message car la fleur mal placée peut entraîner une femme là où elle ne veut pas. Cela peut aussi faire rater une belle occasion à un homme. Dans tous les cas, l’enfant Maohi est éduqué pour comprendre le langage des tiaré.
Je vous livre la table de décodage :
Vous avez intérêt à maîtriser ce code pour ne rien rater !
Il est de coutume de répandre des tiaré maohi sur le lit des nouveaux mariés pendant les périodes suivant leur union. Il est censé apporter sensualité, amour et passion. A part le lit, la maison entière ainsi que les armoires peuvent être remplies de ces fleurs pour permettre au couple de trouver le bonheur.
Elle sert à la confection d’un aphrodisiaque local, le umuhei qui est une couronne végétale, une spécialité des femmes de l’île des Marquises. C’est un bouquet de plusieurs fleurs parmi lesquelles figurent en bonne place, le tiaré Maohi. Les Marquisiennes le portent dans les cheveux pour éveiller la sensualité et les ardeurs masculines.
Vous connaissez les huiles monoï ? Ce sont les huiles de beauté ou de massage polynésiennes. Le tiaré Maohi rentre dans leur composition. Des vertus médicinales aussi sont connues pour le tiaré Maohi.
Lorsque vous serez en Polynésie, ne restez pas seulement focalisés sur les sourires des vahinés, mais aussi sur la position des tiaré à leur oreille. Cela pourra vous être bénéfique…
Ce n’est pas pour rien que Hinano, la plus belle des Polynésiennes, elle-même, en porte.
On ne peut pas séjourner en Polynésie française sans rencontrer Hinano. Que vous la cherchiez ou pas, elle vous trouve ou vous la trouvez. Sa beauté est manifeste et conquiert tout …
Déjà, avant de parler de Hinano, parlons de son pays : la Polynésie française. Les hommes y sont appelés Tané et les femmes Vahiné en langue locale. A l’arrivée, il est de coutume que vous soyez accueillis avec un collier ou une couronne de fleurs.
Un pays où l’abondance de nourriture est palpable et visible. Le lait de coco remplace le lait de vache au petit déjeuner. Chose plus étonnante : dans les cultes des Eglises, il est utilisé à la place du vin lors des services de cène. Et l’amande de la noix de coco est aussi utilisée à la place de l’hostie.
Beaucoup font l’erreur de confondre la Polynésie française à Tahiti. Tahiti est en Polynésie certes, mais la Polynésie ne se réduit pas à Tahiti. L’île de Tahiti a juste le privilège d’abriter la capitale de la Polynésie française, qui est Papeete. Si vous arrivez en Polynésie par avion, vous débarquez à l’aéroport international de Tahiti-Faa’a. Vous êtes accueillis par un groupe de Tané ou de Vahiné chantant et dansant au son du ukulélé (petite guitare polynésienne). Ils vous souhaitent la bienvenue sur leur fénoua (mot Maohi désignant la terre, un concept très important pour les Polynésiens).
La Polynésie française est un ensemble de 118 îles réparties en 4 grands groupes. Ces groupes sont : les îles de la Société (14 îles dont Tahiti), l’archipel des australes (6 îles), l’archipel des Marquises (11 îles) et celui des Tuamotu (87 îles).
Hinano est une vahiné particulière en Polynésie française. Elle est devenue un porte-flambeau de la Polynésie française sur place mais aussi hors de ses frontières.
De la marque de bière qu’elle était au début, elle est devenue un symbole de toute l’archipel. Ce qui, dans le fond, est tout à fait normal car elle reprend des composants essentiels de la vie polynésienne. Une vahiné portant une couronne de fleurs, habillée d’un paréo rouge avec des fleurs blanches, avec une fleur, la tiare Tahiti (ou tiare maohi), placée dans les cheveux au niveau de l’oreille.
La fleur de Hinano est placée à sa gauche, côté cœur, ce qui signifie qu’elle est prise. Mais cela n’empêche pas les gens de l’aimer. Ah oui, le côté de la tête d’une Polynésienne, où est posée son tiaremaohi a une signification. Connaitre ce code pourrait vous ouvrir les portes d’un certain bonheur… ou, au moins, cela vous indiquera la technique d’approche à utiliser pour aborder une vahiné, selon l’intention que vous avez.
Dès sa création, la marque Hinano a été associée à beaucoup de manifestations en Polynésie, notamment le concours national de Miss Polynésie et aussi les grandes compétitions de surf.
De nos jours, Hinano n’est plus seulement le nom d’une bière mais tout un symbole de la Polynésie. Aussi trouverez-vous dans les boutiques de l’aéroport de Faa, divers gadgets où son image est imprimée.
Hinano est devenue une marque de vêtements avec des motifs polynésiens. Appelé « Hinano Tahiti », la gamme offre divers produits : casquettes, bobs, tee-shirt, tongs, paréos, sacs…
Plusieurs noms sont donc apparus intégrant « Hinano » que ce soit des boutiques en Polynésie ou ailleurs dans le monde. Le développement des technologies de l’information a aussi ouvert la voie à des boutiques « Hinano » en ligne sous divers noms « Hinano life », « Hinano Tahiti », « Hinano en ligne »…
La vahiné « Hinano » est donc devenue le symbole par excellence de toute la Polynésie. D’autres symboles polynésiens forts comme le uru (arbre à pain), le cocotier ou la pirogue existent mais Hinano est la plus en vue. La raison est certainement l’utilisation de l’image d’une jolie femme.
Oui, le vrai pouvoir a toujours été entre les mains des femmes. La logique humaine n’a t-elle pas souvent, sinon toujours, cédé devant la magie féminine ?
Après vous avoir fait des billets reposant essentiellement sur la vie dans les grandes villes du Gabon tels que Elbève (Libreville) et Pog (Port-Gentil), je vous offre le récit d’une traversée maritime et fluviale pour aller à Labatte, dans le Gabon profond… Labatte, une histoire épique, sentimentale et écologique.
Lorsque l’on visite un pays, il est souvent très utile de ne pas se limiter à la capitale ou aux grandes villes. Découvrir le Gabon profond découlait de cette grande envie. Heureusement que mes amis Gabonais m’ont offert cette opportunité.
Quitter Libreville pour se rendre à Labatte, un tout petit village du Gabon, nécessite de traverser l’Océan Atlantique, ensuite le fleuve Gabon et enfin le fleuve Remboué. Il faut noter que tantôt l’on vous parle de fleuve tantôt de rivière. La distinction n’est pas clairement faite par les Gabonais eux-mêmes mais au moins, c’est sur de l’eau douce qu’on navigue. Pour cela, vous entendrez dire le Remboué ou la Remboué.
Il n’existe pas de lignes régulières pour se rendre à Labatte. C’est un tout petit village en pleine nature entre la forêt et l’eau. Pour y accéder, il faut louer une vedette ou une pirogue. Une traversée qui secoue assez car, avec la vitesse, l’avant de la vedette rencontre les pans d’eau déplacés par le vent.
Le point de départ fut le port de pêche, le Capal (centre d’appui à la pêche artisanal) d’Oloumi, un quartier de Libreville. Presque toutes les embarcations ancrées dans ce port pour la pêche ou pour des traversées privées portent un nom mentionnant « Remboué ». On peut lire « Reine de Remboué », « Saint-Philippe de la Remboué », « Sainte Hélène de la Remboué », « Sainte Germaine de Remboué ».
Pour agrémenter la traversée, une escale à Pointe-Denis s’impose pour prendre un verre, histoire de se donner un peu d’énergie pour le reste de la traversée. Pointe-Denis est une station balnéaire où des hommes célèbres prennent du bon temps. Le Président Ali Bongo ou encore le roi Mohamed VI du Maroc s’y reposent souvent. Le sable blanc de la plage donne envie d’y rester.
Par la suite, la traversée de l’Océan Atlantique permet de longer les côtes gabonaises. On peut voir les grues du Port d’Owendo. Ce port fait la fierté des Gabonais. La partie maritime arrive à sa fin lorsqu’on aborde le fleuve Gabon tout en admirant la forêt et la mangrove exceptionnelles qui bordent les rives.
Il est recommandé de se laver le visage avec l’eau du fleuve lorsqu’on quitte l’océan pour l’aborder. Ce que toute l’embarcation fit. Une tradition dont l’origine est oubliée, certainement que c’est pour s’assurer une navigation sans problème ou encore demander la permission aux génies de l’eau.
La partie fluviale donne l’impression d’entrer dans un grand couloir bordé de forêts et de mangrove, l’estuaire du Gabon. A votre droite, vous avez l’île Aoumé. L’histoire raconte qu’un génie qui commettait des forfaits dans d’autres régions y a été enchaîné. Et il semble que même si vous photographez l’endroit où il est attaché, votre appareil photo qu’il soit argentique ou numérique ne vous sortira aucune image. Je n’ai pas testé puisqu’on n’était pas trop proche.
L’île des perroquets et l’île Coniquet offrent aussi des vues intéressantes. Après un quart d’heure, on arrive à une partie de l’estuaire d’où partent deux bras de fleuve : celui de droite est le Remboué, qu’il faut emprunter pour arriver à Labatte.
Niché entre des palmiers et une immense forêt, Labatte vous apparaît comme une large clairière sur le bord du fleuve. Le débarcadère n’étant pas aménagé, on se mouille un peu les pieds avant de retrouver la terre ferme.
La population est très accueillante et sait très bien faire la cuisine. Il est possible d’y déguster du lamantin, du pangolin, du porc-épic et aussi du boa. Les accompagnements habituels du Gabon y sont notamment le bâton de manioc, la banane plantain et autres. Même si c’est loin de Libreville, la Regab, la bière nationale, s’y trouve.
Jusqu’en 2002, il n’y avait plus personne à Labatte. Les plus vieux étaient décédés et les jeunes avaient tous rejoint Libreville. La forêt avait donc repris ses droits. De vraies conséquences de l’exode rural.
En 2002 donc, un fils de Labatte décida de faire renaître le village. Il y construit une maison et redevint le premier habitant. Il s’agit de Jean-Jacques Ndong Ekouaghe. Pasteur de son état, il est né à Labatte. Il y a passé son enfance et sa scolarité primaire avant de le quitter pour la suite de ses études. Il se bat aujourd’hui pour le reconstruire. Actuellement en fonction à Libreville, il nous a affirmé qu’il reviendra à Labatte à sa retraite. Pour le moment, il s’y rend quasiment chaque week-end, s’il n’est pas en voyage hors du Gabon. Petit à petit, il y fait des aménagements : salle de fêtes, magasin. Actuellement, une chapelle, un motel et un zoo sont en construction. Une flotte de pirogues sert de base pour développer une économie maritime basée sur la pêche.
L’objectif de Jean-Jacques Ndong-Ekouaghe est de faire revenir les habitants mais aussi des touristes en développant l’éco-tourisme. La population permanente oscille actuellement entre 10 et 15 personnes. Selon les informations qu’il nous a données, le village tient son nom d’un militaire français des temps coloniaux, nommé Roger Labatte, qui l’avait découvert.
L’« Okuyi », masque traditionnel, fait partie des coutumes de ce village. S’il vous accueille, c’est que vous êtes un hôte de marque. J’ai eu ce privilège. Le masque danse au son de la musique polyphonique traditionnelle gabonaise. Les sons sont obtenus en tapant sur des troncs en bois taillés d’une manière spécifique. Il fait sa danse autour d’un feu allumé avec des fagots de bois. Il est accompagné d’hommes le touchant avec des branches de palmiers pour le guider.
Malheureusement à ce jour, il manque de vraies archives sur ce village. Même sur Internet, il est impossible de trouver de véritables informations sur cet endroit merveilleux. Et il existe encore beaucoup de petits paradis ainsi perdus dans la riche forêt équatoriale du Gabon.
Vivement que les dirigeants gabonais pensent à faire un vrai inventaire de ce patrimoine naturel qui ne demande qu’à être valorisé. Une richesse inestimable.
Pour finir, je vous livre le secret des habitants de Labatte : lorsqu’ils survivent à un chavirement de pirogue, ils doivent refaire la traversée le plus vite possible pour conjurer le sort. Ainsi ils auront pris le dessus sur les forces causant les accidents. Quelle belle foi !
Après les noms de quartier, les expressions courantes et les poses préférées pour les selfies sans oublier la Regab, parlons un peu des Gabonais en insistant sur les femmes. Oui les mbeng miniga (jolies femmes, en fang, une langue locale du Gabon)…
Au pays de feu El Hadji Omar Bongo, les patronymes ont des particularités et souvent composés de deux noms. Quant aux femmes, elles sont conscientes de leur pouvoir et savent l’exercer quand il faut. Mais pour les épouser, ce n’est pas juste une question de volonté. C’est surtout une question de capacité car au Gabon, ne se marie pas l’homme qui veut mais l’homme qui peut.
Les prénoms portés par les Gabonais et Gabonaises sont souvent des prénoms chrétiens et dans une moindre mesure musulmans. Que des Jean-Jacques, des Davy, des Stéphane, des Leslie, des Christelle, des Marco, des Moïse, des Cynthia, des Gertrude, des Ali et que sais-je encore. Il est rare d’entendre des prénoms du terroir. Certainement qu’au pays des morts où ils sont, les Présidents Mobutu (ex-Zaïre) et Eyadéma (Togo) auraient dit à leur ami El-Hadj Omar qu’il a préféré les prénoms importés aux prénoms authentiques. Certainement dans les villages, il y a des personnes ayant les vrais noms claniques ou de circonstance du terroir.
Les noms patronymiques des Gabonais et Gabonaises sont presque toujours composés. Si vous voyez un Jean Essono Menie, sachez que l’on vous indique que son père (des fois sa mère) s’appelle Ménié et lui-même Essono. Le fils ou la fille de Jean aura donc Essono à la fin de son nom. Elle sera alors Sabrina Ambourouet Essono, par exemple. C’est pour cela que les Gabonais s’appellent souvent : Boursier Tchibinda Ikapi, Séraphine Ntsame Edzang, Brunelle Mbazoo Nkili, Aïcha Nnegue Owono, Gertrude Ada Mba, Davy Emane Bithege ou Moïse Ndong Eyi…
Des fois, les lettres « y » (chez les ethnies Mpongwè et Nkomi) ou « a » (dans l’ethnie appelée Mitsogo) peuvent être insérées entre les deux noms.
La femme gabonaise est souvent décomplexée et sait ce qu’elle veut. Généralement, et comme la plupart des femmes africaines, elles aiment les télénovelas. Cela lui rappelle ses amours primaires, secondaires et universitaires*. Lorsqu’elle fait partie d’un groupe, elle ne rate jamais l’occasion d’acheter les uniformes de circonstance que ce soit des tee-shirts, des foulards ou des pagnes. L’enfant qui naît d’une mère Gabonaise est automatiquement Gabonais. Et cela la femme Gabonaise en use. Vous verrez ainsi beaucoup de Gabonais s’appeler Codjovi, Accrombessy, Akakpo, Diop, Diouf ou Ping car leur mère est Gabonaise. La loi est claire sur le sujet et leur nationalité ne souffre d’aucune contestation.
La tranche 16-20 ans est un bon âge pour devenir mère au Gabon. Une jeune fille qui a 25 ans et n’a pas encore eu un enfant fait douter de sa capacité à donner vie.
Excepté les adeptes du kwanza (dépigmentation), les Gabonaises ont un teint soit bien noir ou clair sans demi-mesure. Les claires sont appelées « brunes ». Si vous entendez un prénom comme Brunela ou Brunette, il faut en même temps penser à une femme de teint clair.
Elle recherche toujours l’élégance qui va la différencier des autres. Elle est consciente du pouvoir qu’elle exerce ou non sur un homme et sait en user. Si vous êtes homme et que vous vous savez faible, je vous en prie, ne vous en approchez pas trop… 😀
Les femmes du Woleu-Ntem, une province du nord du Gabon, disent être les plus jolies du Gabon mais moi je m’abstiens de vous donner mon avis sur cela.
Des chanteurs ivoiriens disent « la femme se marie quand elle veut et l’homme se marie quand il peut ». Cette affirmation est tout à fait vérifiée au Gabon. Comme souvent en Afrique, nous avons le mariage en trois phases : mariage traditionnelle (dot), mariage civil (mairie) et bénédiction nuptiale (église).
La difficulté au Gabon est, pour le jeune, d’arriver à payer la dot. De ce que j’ai vu, elle est colossale et digne des douze travaux d’Hercule sauf si le jeune a un emploi de haut niveau ou une famille aisée pouvant l’aider. J’ai assisté à une cérémonie de dot où l’homme a donné, en dehors de l’organisation d’une gigantesque fête :
Ce qui n’est pas à la portée de tout le monde. Contrairement à ce qu’on pense, tous les Gabonais ne sont pas riches.
Si une cousine ou une sœur a réussi à avoir un mari fortuné ayant assuré sa dot, il devient difficile pour la famille d’accepter une dot au rabais. La pression est mise sur les autres filles de la famille. Les phrases du genre « as-tu vu comment Gertrude a fait sa dot ? Ne me ramène pas un vaurien ici » fusent alors de partout.
Pour légaliser un tant soit peu leur vie commune avec une fille, beaucoup de jeunes Gabonais se cachent sous l’attestation de concubinage que l’on peut obtenir à la mairie. Pourtant le concubinage, dans le fond, ne donne droit à presque rien en termes de droit, à la femme. Il s’agit, en fait, d’une union libre sans réels engagements.
Le garçon : Allo Mimi! C’est JJ
La fille : JJ ? Lequel?
Le garçon : Hé Mimi. C’est moi JJ, ton pétrolier (petit ami)
La fille : Nyambie Fumu (Mon Dieu) ! Gagne en temps sur moi (laisse moi tranquille), tu es le pétrolier de qui ?
Le garçon : Excuse moi, pour la fois dernière, de t’avoir parlé comme à une katangaise (fille de mauvais mœurs)
La fille : A cause de toi j’ai eu la mine attachée (être de mauvaise humeur) toute la semaine
Le garçon : Excuse moi, j’avais beaucoup kané (bu), c’est pourquoi
La fille : Avec ton covo (crâne dégarni) là. Pour moi, notre affaire est finie depuis kala kala (depuis très longtemps)
Le garçon : Mimi tu es une douille (fille canon) que je ne peux laisser…
La fille : Je vais raccrocher… Va voir tes tuées-tuées (filles volages), tes « DVD » (« dos et ventre dehors ») et oublie-moi … Surtout n’oublie pas de leur dire que tu vas toujours à moutouki (s’acheter des vêtements à la friperie). Comme tu as l’habitude de frapper (mentir) en disant que tu prends tout à Fwala (en France) …
*amours primaires, secondaires et universitaires : différents niveaux d’amour de jeunesse (enfance, adolescence, pré-adulte) dans l’expression gabonaise
Il fait bon vivre au Gabon, du moins pour ceux qui ont le minimum pour vivre. Mais même quand on n’a pas beaucoup d’argent, on sait ce que veut dire « Regarder les Gabonais boirent ».
Au Gabon, il pleut beaucoup. Et la bière fait aussi partie des liquides qui y coulent à flot !
A Elbève (Libreville), KM city (Koulamoutou), Pog (Port-gentil), Masuku (Franceville), Maye-sur-mer (Mayumba) ou à Tchibang city (Tchibanga), lorsque vous remarquez le stationnement de beaucoup de voitures à un endroit, il y a souvent 4 cas de figure : soit il y a une église dans la zone, et il peut y avoir des funérailles, ou alors la célébration d’un mariage… ou sinon il y a un bar ! Mis à part, les deux premiers cas, le dénominateur commun des deux derniers c’est qu’il y a de la bière qui coule à flot. Notons que le bar peut être à ciel ouvert ou dans un local fermé qui est souvent prolongé par une véranda extérieure ou intérieure.
La bière préférée des Gabonais, et moi-même je l’ai appréciée, s’appelle « Regab ». La signification officielle de ce nom est « Régie Gabonaise de Boissons ». Pourtant dans tout le pays, la signification la plus partagée est « Regardez les Gabonais Boirent ». La Regab est une fierté nationale et la démonstration en est faite tous les jours par sa consommation.
A part la Regab, les bières internationales telles que «Castel Beer», « 33 export », « Beaufort » et « Guinness » font partie du décor. Vous pouvez aussi trouver les « alcoolmix » (panachée) «Booster Mojito», «Vino Cola», «Vino Pampa» . Pour les boissons sucrées, nous avons les jus «D’jino» que côtoient sereinement les produits connus comme Fanta, Sprite et Coca-Cola. Mais bon, les Gabonais boivent aussi quand même de l’eau comme «Andza», «Aning’eau» ou «Akewa». Les boissons traditionnelles ne sont pas en reste : le malamba (vin traditionnel de palme) et le mussungu (vin traditionnel de canne).
Il y en a partout. Chaque rue peut en avoir plusieurs qui ne sont séparés, quelquefois, que de quelques mètres. Les quartiers Louis, Quaben ou encore Glass remportent la palme des plus fortes densités de bars au kilomètre carré. Tous les soirs, les bars sont ouverts, et en week-end ils font le plein. D’ailleurs à l’approche de la fête nationale, chaque bar se pare d’un drapeau national. Il y a même des endroits où le bar est juste constitué d’une grande table où sont exposées les bouteilles. Les clients, eux, sont assis sur de petits tabourets et consomment. Là on peut avoir les alcools locaux de banane, de canne à sucre ou de palme.
Le nom de bar qui m’a le plus plu à Libreville est « Documentation ». La preuve que c’est un sujet très sérieux. Oui, il faut vraiment un sujet sérieux pour qu’on se documente, non ? Dans tous les cas, les meilleurs jours sont ceux d’une victoire des Panthères, l’équipe nationale de football ou encore les soirs de matchs de championnat européens où PEA (Pierre-Emerick Aubameyang) a marqué. Il n’est pas nécessaire de préciser que les fins de mois aussi sont propices.
Souvent les Camerounais et les Congolais aiment crier partout qu’ils sont les plus grands consommateurs d’alcool en Afrique. Mais ils se trompent ! Les Gabonais ont été champions d’Afrique de la catégorie au moins de 2010 à 2017. Ce n’est pas moi qui le dit mais c’est l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a sorti ses statistiques. Avec calme et sérénité, les Gabonais de plus de 15 ans consommaient en moyenne 9,01 litres d’alcool par an. Vers fin 2017, ils ont augmenté la dose pour arriver à 10,8 litres mais ont été dépassés par l’Ouganda et la Namibie qui étaient à une moyenne de 11,8 litres d’alcool par an, suivis par la Guinée équatoriale (11,6 litres), le Rwanda (11,5 litres) et l’Afrique du Sud (11,2 litres). Mais le Gabon demeure champion des pays africains francophones.
En Afrique de l’Ouest, souvent on réclame que la bière soit bien glacée sinon les clients se plaignent ou n’en boivent pas. Au Gabon, peu importe la température de la bière, on la consomme. Quand je me suis plaint, dans un bar, on m’a répondu « ici, l’essentiel est que ça mousse ». Le charme du Gabon, c’est tout cela.
La fille : « Mbolo (Bonjour) Jean-Jacques. Je suis seule en case (Je suis seule à la maison). Viens »
Le garçon : « Hummm… je viens faire quoi ? »
La fille : « Ekiééé, toi aussi. Un gnamoro (un grand) comme toi doit deviner »
Le garçon : « Pardon, je suis en pleine réunion des parents d’élèves (prendre un pot avec des amis) à Baraka là »
La fille : « Tu veux donc me montrer que je ne suis pas un bon way (un bon coup) pour toi ? »
Le garçon : « Aka, prends le comme tu veux. Je suis fatigué de tes frappes (mensonges)«
La fille : « JJ, je vais te préparer le poulet fumé au nyembwé (l’huile rouge) que tu aimes tant »
Le garçon : « Libère moi la ligne (laisse moi tranquille). Laisse moi me taper ma biboche (boire ma bière)«
La fille : » Atare-Zâme (Mon Dieu ) !, c’est à moi que tu parles comme à une tué-tué (fille volage) ? »
Le garçon : « Bon, A mana (c’est fini)… je coupe maintenant »
Bonne lecture !
Des quartiers comme « La-la-la », « Gros bouquet » ou « Derrière-la-prison » aux quartiers sous-intégrés comme Kinguélé, mon premier billet vous a livré une partie des charmes du Gabon. Voici un deuxième billet, pour partir à la suite de la découverte des charmes de ce pays !
Observer pour comprendre, poser des questions pour ne pas vous tromper et surtout ne pas vous mettre en colère trop vite. Telles sont les vertus à cultiver pour que votre première visite au Gabon, soit un pur délice et une grande découverte ! Vous serez amené à vous déplacer à « vol d’oiseau » ou en taxi. A bord des taxis ou des bus, ne soyez pas étonnés de voir une jolie Gabonaise en train de prendre un selfie avec un joli sourire…
Au cours d’une discussion avec un ami gabonais, j’ai demandé quelle était la distance en kilomètres entre Libreville et Franceville. Il me répondit « je ne sais pas exactement, mais à vol d’oiseau cela fait 2 heures ». Je n’ai pas osé lui demander s’il a pris en considération le type d’oiseau faisant le trajet, vu que les oiseaux pouvaient être lents ou rapides selon leur espèce. Cela aurait pu être aussi par avion. Quelques jours après, je me rendais dans un village dénommé Labatt, situé sur les bords du fleuve Remboué. J’avais pris pris une vedette. Le pilote m’annonça qu’ « à vol d’oiseau » cela nous prendrait une heure. Au retour, il a encore annoncé le temps de traversée avec la même précision.
Apparemment sur terre, comme sur mer ou sur le fleuve, c’est le calcul de distance ou de durée « à vol d’oiseau » qui compte. Comme au Rwanda, on préfère estimer les distances en durée et non en kilomètres. Juste qu’au Gabon, on y rajoute « à vol d’oiseau ».
Ils sont blancs-rouges à Libreville et blancs-bleus à Port Gentil. Mais leurs conducteurs ont les mêmes comportements et la manière de recourir à leur service ne change pas. Il vous faut connaître l’attitude à adopter selon les cas d’utilisation. La méconnaissance des règles peut vous créer des problèmes ou vous faire rater un vol. Lorsque le taxi s’arrête devant vous et qu’il est vide, il y a deux possibilités :
Le selfie préféré des Gabonais – et surtout des Gabonaises – est celui qu’on prend dans une voiture. Que ce soit comme conductrice ou passagère, dans une voiture personnelle ou dans les transports en commun. Les gabonaises n’hésitent pas à afficher leur plus large sourire et à se prendre en photo avec leur smartphone. Dans la photo, autant que possible, la ceinture de sécurité doit être visible (cela permet de savoir que la gabonaise conduit ou qu’elle a eu le privilège d’être assise devant). Cette photo sera certainement celle de son profil, et sera sur Whatsapp ou Facebook. Je suis sûr que mes amis Gabonais eux-mêmes ne l’avaient pas trop remarqué. Ils le savent maintenant. Un invité, impertinent peut-être, peut aider à se découvrir soi-même. 😀
Le garçon : « Mbolani (bonjour) Mimi, je suis au carrefour de Avorbam (quartier de Libreville). C’est comment ? »
La fille : « Ah Jean-Jacques, déporte-toi (viens vers) vers la rue à côté de l’école »
Le garçon : « Ok. Mais ne me fait pas trainer. Tu aimes faire comme les mousonfi (femme qui a un bébé et qui l’allaite) »
Quelques instants après,
Le garçon : « Hé Mimi, je suis en place »
La fille : « Hé, c’est bolai (c’est foutu). Le boss (mon père) me bloque »
Le garçon : « Non, Mimi, là c’est une frappe (mensonge) »
La fille : « Non otambia (c’est chaud), je dis vrai »
Le garçon : « Non c’est bon laisse tomber, c’est fini entre nous. Tu vas te waze (payer les conséquences de ton acte)»
La fille (fâchée) : « Ta mère a construit ? (expression pour demander de quel droit quelqu’un s’adresse ainsi à vous) »
Le garçon : « Quoi tu oses me parler fort (me gronder) ? »
La fille : « Gagne en temps sur moi (laisse-moi tranquille) »….
Sacré Gabon, te visiter est toujours un plaisir …
Mbolani (bonjour en fang, une des langues populaires du Gabon) ! Je vous emmène visiter le Gabon, un pays charmant et particulier situé en Afrique centrale, où presque tout vous arrache un sourire.
La porte d’entrée, si vous y arrivez par les airs, est l’aéroport international Léon Mba de Libreville. Son hall d’accueil est simple et ressemble à une grande véranda ouverte. Au débarquement comme à l’embarquement, vous serez répartis en groupe de 20, pour emprunter la piste à pied. Il n’y a pas de bus. Pourtant, deux vieilles passerelles télescopiques sont visibles mais j’imagine qu’elles sont en panne ou réservées aux compagnies capables d’en payer le prix. Dans tous les cas, je ne les ai pas vues en fonction.
Les noms de certains quartiers de Libreville vous arracheront forcément un sourire.
Le nom de ce quartier ressemble à des notes de musique. Il s’appelle « La-la-la ». Une grande voie bitumée le sépare en deux pour donner : « La-la-la gauche » et « La-la-la droite ».
Un autre se nomme « Gros bouquet » mais je ne sais pas s’il y avait des fleurs avant. Mais on y trouve la prison de Libreville. Peut-être que c’est la prison qui est la fleur. Qui sait ? En face de la grande porte de cette prison, nous avons le quartier dénommé « Derrière-la-prison ». Ne devrait-on pas plutôt dire « Devant-la-prison » ou « En-face-de-la-prison » ? Nous avons aussi « Derrière l’hôpital ». Je n’ose pas affirmer que mes amis Gabonais ont un attrait particulier pour le « derrière » (je parle bien de l’adjectif et de rien d’autre hein ! 😀 ).
Le quartier « Plein-ciel » m’a fait penser, par son nom, au paradis, vu la prolifération à Libreville des « prophètes puissamment oints » dont les titres des campagnes d’évangélisation sont évocateurs. Certains m’ont beaucoup amusé : « Grand carnage dans le camp ennemi » ou encore « Bombardement des positions de Satan ». Vous avez aussi le quartier « Venez-voir » mais je n’ai pas pu savoir ce qu’on m’invitait à voir. A « Charbonnages », je n’ai pas vu de trace de charbon. Par ailleurs, il est évident que si on a un haut, il faut avoir aussi un bas, vous avez donc les quartiers « Haut de gué-gué » et « Bas de gué-gué ».
Mille regrets à ceux qui vont à Libreville sans visiter le quartier « Louis ». Un quartier vivant et animé où l’on trouve toutes sortes de bars, de boîtes de nuit et de restaurants. Le quartier « Apartheid », vous connaissez ? Il s’agit d’Angondjé dans la commune d’Akanda. Le maire de cette commune est un franco-gabonais et son conseil municipal n’est quasiment composé que de métis. D’où le surnom « Apartheid ».
Au Gabon, les habitants ne semblent pas être pressés d’ériger un mur autour de leur maison. Au quartier SNI d’Owendo ou sur la route d’Avorbam, on remarque beaucoup de maisons sans clôture. Et pourtant, le propriétaire stationne son véhicule juste devant sa terrasse où sont disposées tables et chaises avec un joli pot de fleurs au milieu. A la place de la clôture, certains propriétaires ont mis des barrières (avec du fil de fer ou de vieux pneus ou des fleurs) pour entourer la maison. La chose la plus remarquable se situe sur les toits des maisons de Libreville. On dirait que chaque toit a une parabole du groupe Canal+.
Le bidonville le plus célèbre est Kinguélé, la cité rebelle, qui s’est révélée au monde durant des troubles socio-politiques qu’a connus le Gabon. Les quartiers défavorisés sont traités de sous-intégrés. Là on peut retrouver des habitations en bois ou en tôles. Presque tout y manque en terme d’assainissement. Les quartiers sous-intégrés sont : PK, Cocotier, Akébé belle vue, Plein-Ciel Kissengué, Atsibé-Ntos, Diba-Diba, Alibandeng, Bel-Air, Cocotiers, Nzeng-Ayong.
Mais rassurez-vous, vous verrez de véritables châteaux et des maisons belles à vous couper le souffle dans les quartiers chics comme « La Sablière » ou encore « Angondjé« .
Pour vous expliquer quelques mots et expressions bien gabonais, je vous relate une douce conversation avec une mbeng miniga (« jolie fille » en fang, langue parlée au Gabon).
Le garçon : « Salut Mimi, je croyais que j’étais ton ndolo massama (ton amour). A cause de la rosée (fine pluie) là seulement tu n’es plus venue au Mississippi (un restaurant de Libreville) alors que j’avais déjà commandé les grillades. Des poissons bien fraichement pêchés par les Kalaba (appellation courante des pêcheurs). »
La fille : « Oh Jean-Jacques, tu as trop le ngop (tu es trop beau) pour que je te fasse ça.
– Pourtant tu m’as laissé planter là-bas sans donner de nouvelles. Je disais même rosée alors que c’était juste un craché (autre expression pour désigner une fine pluie).
– Tu me parles fort (tu me grondes) ? C’est le boss (mot couramment utilisé pour désigner son père) qui m’a retenu. Ne me parle pas comme un goudronnier (un braqueur, un mauvais garçon).
– Ou bien c’est un tété (un homme riche) que tu as trouvé et tu me doubles ? Tu vas te waze (tu subiras les conséquences de ton acte).
– Ekiééé Jean-Jacques, tout ça c’est les longueurs (ne parlons pas trop), demain on se voit au niveau de la route gaspillée (pour dire « route en mauvais état ») d’Avorbam pour régler ça.
– J’espère que ce n’est pas encore une frappe (un mensonge). Tu me traites toujours comme un makaya (un pauvre). Si je m’énerve tu verras ce que chien a vu à Nzeng-Ayong (expression pour dire que les conséquences peuvent être mauvaises si tu persistes).
– Tu es comme mon amour scolaire (amour pur et sans intérêt ou débuté depuis l’enfance). Ce qu’on n’oublie jamais.
– Je ne sais même pas pourquoi j’accepte de te suivre toujours. Tu m’as fait du tobe guessi (filtre d’amour) ? »
Au Gabon, si vous ne prenez pas garde, vous vous ferez mal à la mâchoire à force de sourire tout le temps car, des noms de quartier aux expressions, il y a mille choses à découvrir.
Akiba (merci en fang) et à bientôt pour une deuxième partie de ce voyage.
La génération, née après les années 90, a trop de facilités pour fricoter. Nous avant, il fallait être un vrai artiste et un vrai créateur voire un vrai stratège pour arriver à obtenir un rendez-vous galant d’une fille et surtout à la voir. Les parents ne toléraient pas souvent les amourettes entre jeunes. Et ce n’était pas donné à tout le monde d’avoir un téléphone fixe chez lui. La Saint…