Mawulolo

Les Sénégalaises sont des magiciennes du voile

En ce 8 mars, journée internationale des femmes, mon hommage à toutes les femmes passent par celles du pays de la Téranga, le Sénégal.

Pouvoir se faire belle, être élégante et coquette constituent, à mon avis, des moyens d’émancipation pour une femme. La raison est simple : pour y arriver, il faut parfois briser des tabous et faire preuve de subtilité. Et c’est ce que j’aime, par-dessus tout, chez la femme sénégalaise. En toute circonstance, elle sait demeurer coquette, élégante, charmante et attirante. Même le port du voile n’est pas un problème pour elle car, avec ça, elle sait aussi se mettre à son avantage. Le voile, comme un vrai outil d’émancipation.

Voilées souriantes - Crédit photo (Image libre de droit) : www.pixabay.com
Voilées souriantes – Crédit photo (Image libre de droit) : www.pixabay.com
Quelques raisons du port du voile

Plusieurs raisons peuvent inciter la femme sénégalaise à porter le voile. Et souvent, la culture familiale ou la religion peuvent être la base. Certaines filles décident d’elles-mêmes de porter le voile et ceci sans aucune contrainte. Souvent parce que dans leur famille, c’est une habitude liée à la religion ou juste parce qu’à un moment donné, elles jugent utiles de s’habiller plus sérieux ou d’être conformes à la loi islamique. Au-delà, une femme peut décider de porter le voile après son mariage. Cette décision peut être sur imposition proposition de son mari. J’ai aussi observé que beaucoup de femmes adoptent le voile au retour de leur pèlerinage à la Mecque.

Il n’est pas superflu de préciser qu’il y a des voilées circonstancielles. Elles ne portent le voile que pendant le mois du Ramadan et les cérémonies religieuses. Le voile ou le foulard, on le voit aussi pendant les messes catholiques ou des cultes protestants. Là des jeunes filles et femmes chrétiennes se couvrent les cheveux avant de communier ou quand elles vont en séances de prières.

En résumé, je crois que le voile se met très souvent à la suite d’une réflexion ou d’une décision bien mûrie. Et qui implique la femme elle-même ou son entourage immédiat ou pas. Dans la plupart des cas, les porteuses de voile soutiennent qu’elles veulent rester décentes.
La décence étant relative comme la beauté, cela ne manque pas de susciter, parfois, des débats. Moi je m’en tiens à l’observation.

Le voile, oui, mais sans oublier le style et la coquetterie

La femme sénégalaise ne se néglige jamais même sous le voile. Si je laisse mon côté informaticien prendre le dessus, je puis dire que plusieurs paramètres sont ainsi configurés pour que l’interface soit ergonomique et conviviale.

  • La manière de nouer

Toute une panoplie de techniques existe pour nouer le foulard. Et ce n’est pas fortuit. Les techniques varient selon le lieu et les circonstances. Qu’on aille au bureau, à un mariage, à une cérémonie familiale, le style évolue en fonction. On peut nouer en cagoule, en évasé, en superposé ou autres. Des communautés sur les réseaux sociaux existent pour vous apprendre les manières de nouer.

  • La couleur

J’ai tout compris le jour où j’ai vu une technicienne de surface venir au travail avec un voile bleu bien assorti à son boubou en basin bleu et qu’une heure après, je la revois avec un voile rouge assorti à sa blouse de travail de la même couleur. J’ai failli croire qu’elle était un caméléon mais j’ai compris juste qu’elle avait tout prévu. Qui va se négliger ?
Les voilées d’ici travaillent donc à avoir toujours des voiles assortis à leurs vêtements, chaussures et sacs. Les couleurs tendances selon les saisons sont présentes : bleu turquoise, mauve, champagne, orange etc.

  • Le tissu et les motifs

Le tissu même du voile n’est jamais choisi au hasard. Vous pouvez en trouver en lin, en coton, en dentelles, en soie, en tissu doux ou moulant et que sais-je encore. Les motifs sont aussi importants. Ils peuvent être brodés, perlés ou imprimés et sont presque toujours très tendances. On en voit même en Vuitton, Chanel, en Pierre Cardin ou encore Yves Saint-Laurent voire Dolce & Gabbana. Que du grand art.

L’agencement avec le reste

La voilée peut se mettre en slim-fit, normal-fit ou large-fit sans jamais négliger les détails qui comptent. Le vêtement que la voilée sénégalaise porte est toujours en harmonie avec le voile. Dans la coupe, comme dans la couleur sans oublier les motifs ou la manière de nouer. Des agencements subtils et agréables. Même dans la sobriété, il faudra être aveugle pour ne pas voir que tout obéit à une logique chirurgicale.
De la robe longue aux tuniques en passant par les jupes longues, les vestes, les capes et les tuniques tout est bien choisi. Les noms importés de ces habits sont Chayma, Doha, Arwa, Hoda, Dalia, Baya ou Amina. Moi je leur donne des noms sénégalais à chaque fois que j’en vois. J’ai déjà créé les Sassoum, les Fatou, les Khoudjia, les Ngouda, les Bintou, les Mounass, les Mbaya, les Yacine, les Dibor, les Safi, les Bigué, les Codou et les Ndèye. Ces appellations sont en fait des prénoms féminins sénégalais.
Les chaussures et les sacs sont les outils complémentaires de tout l’arsenal. Tout est bien pensé et bien positionné. Et je ne saurai passer sous silence les lunettes et les bijoux.
Les femmes Sénégalaises sont aidées dans cette quasi modernisation du port du voile par les défilés de mode, les sites web et les réseaux sociaux qui font la propagande du style de la voilée chic.

Une de mes collègues me subjugue tous les jours par l’harmonisation qu’elle fait entre ses voiles et les broderies apposées sur sa robe. Du goût, elle en a et pour tous les jours. Je le lui ai même dit et mes collègues, femmes comme hommes, sont unanimes sur le sujet.

J’aurais bien voulu conclure par mes observations sur la démarche qui varie selon que ce soit un pantalon évasé ou moulant ou une robe allant comme un gant ou large mais je m’abstiens.

Ma conclusion est simpliste et réaliste : la femme sénégalaise est capable de transformer ce que d’autres considèrent comme une contrainte en un atout. Et c’est là où elle gagne la bataille de son émancipation.
Je dis tout simplement : « et Dieu créa les Sénégalaises ».

Salam chez vous et surtout bonne fête du 8 mars à toutes mes lectrices et aux hommes qui les aiment.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Dakar : jamais sans mon « sotiou »

« Pôrmochon sotiou, pôrmochon sotiou ». Ce cri, je l’entends plusieurs fois lorsque je suis bloqué dans les embouteillages de Dakar. En fait, le vendeur veut indiquer qu’il fait une promotion sur le sotiou (appellation locale du cure-dent, lire sôtchou). A chaque fois, cela me fait sourire. Non pas parce qu’il dit « pôrmochon » à la place de « promotion » mais cela me rappelle certaines attitudes d’adeptes du cure-dent.

Femme sénégalaise mâchant un cure-dent - Crédit photo : Toon van Dijk sur flickr.com
Femme sénégalaise mâchant un cure-dent – Crédit photo : Toon van Dijk sur flickr.com

A chaque moment de la journée correspond sa phase de cure-dent. Et surtout notez que nous en Afrique, lorsque nous parlons de cure-dent il ne s’agit en aucun cas des petits bâtonnets à bout pointu servant à nettoyer les interstices dentaires mais plutôt des tiges agissant comme de vraies brosses à dents.

Le matinal

Tout commence, le matin, dans le taxi collectif, le bus, le car rapide ou le Ndiaga Ndiaye. Vous devez rester vigilant sinon votre voisin de trajet, adepte de sotiou, peut vous crever les yeux avec sa tige. Les tiges sont souvent de longueurs et de formes variables. Priez pour que l’adepte de sotiou ne soit pas trop loquace sinon vous êtes morts. Vous pouvez vous prendre quelques gouttes de liquide dont la couleur varie en fonction de la couleur du sotiou. Et comme à Dakar se saluer passe forcément par se serrer la main vous pouvez récolter quelques brindilles de cure-dent ou quelques gouttes de salive au passage. Lorsque le « mâcheur » de sotiou est proche d’une fenêtre du véhicule, il envoie souvent des crachats vers l’extérieur.

Même avec un costume et une cravate, on mâche son sotiou. A l’aise quoi…

L’après-déjeuner

Il n’est pas rare de trouver des dames en train de se mirer après le déjeuner. Et souvent à ce moment, elles sortent leur sotiou pour se nettoyer les dents. Ah oui, se faire belle passe par l’entretien des dents ! Un joli sourire ne passe-t-il pas par une jolie dentition ?
J’ai observé ce cérémonial aussi après les siestes. Comme pour la voiture, si le bureau du « mâcheur » a une fenêtre ouverte sur l’extérieur, gare à celui qui passera là-bas au moment du crachat. S’il n’y pas de fenêtres proches, quelques tours aux toilettes s’avèrent nécessaires.

Que ce soit au bureau ou à la maison, le lieu importe peu. Et puis les hommes ne riez surtout pas, vous le faites aussi.

L’afterwork et l’aphrodisiaque

Le soir, après le repas et un bon bain, on peut se faire un petit sotiou avant de se coucher. Histoire d’avoir des dents propres et une bonne haleine avant d’aller dans les bras de Morphée. Et si avant d’aller dans les bras de Morphée, vous prévoyez aller d’abord dans ceux de « votre-dame », un sotiou spécial, genre « cure-dent gouro » peut vous être utile. Ici point n’est besoin de cracher le liquide produit par la tige car c’est de là que vient la puissance de libido tant recherchée. Comme dirait mon amie mondoblogueuse Sonia Guiza, on gagne plus à boire le jus qu’à le cracher.
Je suppose que cela a les mêmes vertus que les sotiou que mâchent les lutteurs de l’arène sénégalaise avant d’entrer en combat. Si vous voyez qu’être dans les bras d’une femme constitue un combat.

Le cure-dent semble être un bon remplaçant de la brosse à dents mais son utilisation peut gêner l’entourage. Comme quand on se brosse les dents on ne peut ni parler (à autrui), ni le saluer, il conviendrait d’en faire de même avec le sotiou. Du moins ne pas vouloir forcément donner la main ou encore parler ou trop se rapprocher.

Le sotiou peut donc s’utiliser par moments mais pas tout le temps et en tout lieu.

Salam à vous

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Au Sénégal, les charrettes sont de véritables véhicules utilitaires

Dans la circulation au Sénégal, il n’est pas rare de croiser des « véhicules » tractés par des chevaux et dirigés par des hommes. Ce sont les charrettes. Elles sont visibles partout même sur les grands axes tels que l’autoroute à péage ou la VDN (Voie de Dégagement Nord). Elles causent des désagréments et des accidents dans la circulation mais rendent bien des services à la population. Sans abuser, je les considère comme de véritables véhicules utilitaires.

Charrette - Source : commons.wikimedia.org
Charrette dans les rues d’une ville sénégalaise – Source : commons.wikimedia.org

En toute occasion, ces véhicules hippomobiles servent à combler certains besoins de la population sénégalaise. Et ceci malgré toutes les interdictions officielles de leur circulation dans la capitale. Capables d’assurer différentes fonctions, les charrettes sénégalaises se substituent parfaitement à tout type de véhicules utilitaires.

La «charrette à ordures »

Souvent les lendemains de fêtes à Dakar sont sujets à un accroissement d’ordures ménagères. Dans les quartiers ou les rues non desservis par les vraies bennes à ordure appelées en Wolof, « auto mbalite », les habitants ont recours à des charrettes. Ce service est proposé par les conducteurs de charrette à des prix modiques.

La «charrette frigorifique »

Dans les rues de Dakar, lorsque vous voyez une charrette avec un vieux frigo surtout posé sur sa longueur, vous avez deux options. Soit c’est un déménagement ou une livraison opérée par un frigoriste, sinon vous êtes en présence d’une charrette servant de plateforme de vente de poissons ou de fruits de mer. Le congélateur ou plutôt sa carcasse est souvent rempli de bloc de glaçons sur lesquels reposent les poissons plus ou moins congelés. Le vieux frigo peut aussi être remplacé par les bacs en polystyrène expansé. Bien pratique car si vous ne pouvez aller au quai de pêche de Soumbedioune ou de Yarakh, ce sont elles qui viennent à vous. Comme quoi si vous ne venez pas à Lagardère, c’est Lagardère qui viendra à vous.

La «charrette de déménagement »

Pour déménager à Dakar, les charrettes peuvent aussi vous aider. Point n’est besoin de se préoccuper de la taille ou du type d’objets à transporter. Les charretiers ont des solutions à tout. Les meubles de toute nature, les appareils électroménagers, les effets vestimentaires sont tous transportables.

La «charrette citerne »

Lorsque surviennent des coupures d’eau, les charrettes constituent des solutions de livraison d’eau. Que ce soit dans des bidons ou des fûts, les charrettes livrent de l’eau partout. Ils font surtout le bonheur des laveurs de voitures qui sont leurs principaux clients.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les charrettes servent à livrer même des produits inflammables. Des bidons de pétrole sont transportés par des charrettes. Mais souvent, il s’agit souvent des bouteilles de gaz butane. Il y a bien d’occasions où elles servent aussi à leur vente directe aux populations après s’être fait fourni au dépôt de gaz. Le non-respect des normes ADR (entendez « Accord for dangerous goods by road ») c’est à dire « Accord pour le transport des marchandises dangereuses par la route », n’est pas un problème pour nous.

Charrette transportant des bouteilles de gaz - Photo : Mawulolo
Charrette transportant des bouteilles de gaz – Photo : Mawulolo

La «charrette de transport de matériaux de construction »

Il est courant de voir les charretiers travailler en parfaite collaboration avec les maçons, menuisiers et peintres. Certainement ils sont logés dans les rubriques « Transport » du contrat signé par l’entreprise de BTP avec son client. Elles servent à convoyer sur le chantier du sable, du ciment, du matériel de menuiserie, de peinture et d’électricité. La charrette, ici, a pris la place des pickups.

La «charrette de pains »

La livraison de pain est facilitée pour certains boulangers ou commerçants par les charrettes. Les planches de la charrette sont souvent recouvertes de larges parties découpées de sac de ciment en papier. La charrette fait office de fourgonnette de livraison.

La «charrette  Dakar Dem Dikk »

Dakar Dem Dikk est la société nationale de transport urbain et inter-ville au Sénégal. Sur les axes non desservis, on peut voir des charrettes servant de transport en commun. Rare dans le centre de Dakar, cette pratique est courante, dans les quartiers périphériques ou les autres villes du pays. On peut dire que la charrette fait le bus.

La «charrette de boissons »

Les charrettes transportant des casiers ou des packs de boissons sont visibles aux abords des dépôts et débits de boisson. Point n’est besoin des camions de la SOBOA, la brasserie nationale, pour toutes les livraisons. Les charrettes servent de relais entre les vendeurs en gros et demi gros et les boutiquiers détaillants.

Si vous lisez ce billet, vous ne pourrez donc plus dire que vous n’avez été prévenu. Pour tous les services que les charrettes rendent, arrêtez donc de pester contre elles lorsqu’elles vous dérangent dans la circulation. Elles ont d’ailleurs une raison valable : il n’existe pas encore d’auto-école pour elles. Charrette-école, je voulais dire.

https://www.youtube.com/watch?v=nTPTT1dYsnI


Football – CAN 2017 : les « sorciers blancs » sont toujours dans la place

Je parie que bientôt nous aurons des coaches chinois à la tête de nos sélections africaines, tellement les africains sont peu prophètes sur leur propre continent. La CAN 2017 en est une parfaite illustration avec la « tonne » d’entraîneurs expatriés présents ((12 sur 16 !). La CAN ne fait donc pas seulement grincer les dents aux coaches européens. Elle fait sourire certains, les « sorciers blancs ». Les coaches de la CAN 2017…


Football : la CAN fait boiter l’Europe

Ce samedi 14 janvier débutera, au Gabon, la CAN – Coupe d’Afrique des Nations de football – 2017. Ce grand rendez-vous du football africain fait toujours grincer des dents en Europe. Les visages des entraîneurs des clubs européens se renfrognent souvent quand on leur parle de la CAN. Cette compétition a toujours causé une polémique entre les joueurs africains et leur club européen. Pourtant la Fédération Internationale de Football Association…


Fêtes de fin d’année : certains n’en veulent pas

Je suis toujours amusé quand certains proches ou connaissances refusent les vœux pour les fêtes de fin d’année.

Illumination des tours du Port de La Rochelle pour les fêtes de fin d'année - Photo : commons.wikimedia.org
Illumination des tours du Port de La Rochelle pour les fêtes de fin d’année – Photo : commons.wikimedia.org

Leurs raisons sont de divers ordres : religieux souvent et quelques fois juste pour être anticonformistes. L’existence de divers types de calendriers peut aussi justifier ce refus.

L’attentat de ce 31 décembre 2016 à Istanbul avait été précédé par des mises en garde de certains religieux. Elles rappelaient que les fêtes de fin d’année sont des pratiques impies et promettaient même la mort aux célébrants. Est-ce pour cela que la mort a été donnée à au moins 39 personnes dans cette boîte de nuit d’Istanbul ? Seuls les commanditaires et les exécutants le savent.

Noël, une pomme de discorde

Même chez les chrétiens qui ont la croyance en Jésus pour base de leur foi et pratique, tout le monde ne célèbre pas Noël. Pour certains, Noël qui symbolise la naissance de Jésus, n’est pas une fête indiquée par la Bible, le livre saint des chrétiens. Mieux encore cette fête se tient à une date qui servait à une célébration païenne. Toutes ces raisons font que pour les Témoins de Jéhovah, par exemple, cette fête n’est pas chrétienne. Même s’ils ne veulent pas dire qu’elle est satanique, ils n’en pensent pas moins. Pour eux et ceux des autres courants chrétiens ne célébrant pas Noël, tout ce qui n’est pas écrit explicitement dans la Bible doit être proscrit de la vie d’un chrétien.

Les chrétiens qui célèbrent Noël sont tous d’accord que le 25 décembre n’est pas la date exacte de naissance de Jésus mais que c’est seulement une date ou une célébration pour rappeler que le Christ est venu au monde, un jour, sous une forme humaine. C’est donc une célébration symbolique. Les chrétiens orthodoxes, eux, fêtent Noël dans la nuit du 6 au 7 janvier. Cette date correspond en fait au 25 décembre du calendrier julien qu’ils utilisent.

Pour ceux qui ne le savent pas, Jésus-Christ est considéré, par les chrétiens, comme le fils de Dieu venu sur la terre pour le salut des hommes. Et selon les récits bibliques, il a été conçu du Saint Esprit par une jeune fille vierge nommée Marie.

Le 31 décembre ne fait pas l’unanimité

Au-delà de Noël, certains ne célèbrent pas aussi la fin d’année. Ils trouvent que le calendrier grégorien n’est pas le bon. Le nouvel an chinois existe tout comme le nouvel an musulman. Même nos traditions africaines ont leur calendrier tandis que les églises ont aussi leur calendrier liturgique. Mais pour moi, ceci ne peut pas être une raison pour refuser les vœux des autres. Il fallait un compromis et le calendrier grégorien permet cela. D’ailleurs nous utilisons des calendriers et des agendas. Nous écrivons des dates sur nos courriers, nous déclarons nos enfants à leur naissance. Qu’on le veuille ou non, le calendrier grégorien a des impacts sur nos vies.

Par ailleurs dans une vie, il faut bien des moments pour marquer un arrêt et faire un bilan pour se projeter. Cela peut être à ce moment. Bien sûr, vous pouvez me répondre que vous n’êtes pas obligés de le faire en décembre comme tout le monde. Je vous dirai tout simplement que vous n’allez pas au bout de vos convictions. Si vous alliez jusqu’au bout, vous auriez été capable de :

  • ne pas faire le bilan comptable que vous faites pour votre employeur
  • dire non à l’entretien d’évaluation annuelle de vos performances que vous faites au niveau professionnel
  • dire non à l’entretien de fixation d’objectifs pour le nouvel exercice
  • refuser l’augmentation annuelle de salaire qu’on vous octroie en début d’année
  • refuser le cadeau (en espèce ou en nature) offert par votre entreprise à votre enfant pour Noël
  • ne pas accepter les gratifications (ou 13è mois de salaire) que vous offre votre entreprise

Quant à moi, au titre de l’utilisation du calendrier grégorien, je vous souhaite une bonne et heureuse année 2017. Même si cela ne changera rien à vos vies et ni à celle du monde.
Gardons juste à l’esprit que tant que l’on est dans la société humaine, il faudra bien « subir » le rituel des vœux.


Sénégal : il faut mettre à jour le code de la route

Il faut actualiser le code de la route du Sénégal car la technologie est devenue un danger pour les usagers. Ce matin encore, j’ai failli renverser un piéton qui marchait en plein milieu de la rue. A mes grands coups de klaxon, il a sursauté et j’ai pu me rendre compte qu’il avait des mini-écouteurs vissés à ses oreilles et certainement connectés à son smartphone. Qu’écoutait-il ? De la musique, des infos, des khassaïdes (chants confrériques islamiques), une prédication évangélique ou était-il en pleine conversation ? Je ne saurai le dire.
Ce n’est donc pas qu’au volant que l’on est un danger pour les autres. Même les piétons sont devenus des dangers sur la route. Pour les motocyclistes, n’en parlons même pas.
N.B : Ce qui est évoqué dans ce billet est valable pour la majorité des pays africains

Visualisation d'un clip dans une voiture en circulation à Dakar - Photo : Roger Mawulolo
Visualisation d’un clip dans une voiture en circulation à Dakar – Photo : Roger Mawulolo

Le Ministre des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement du Sénégal déclarait en mai dernier «Chaque année au Sénégal nous perdons 500 personnes sur nos routes». Je suis sûr qu’il y a une forte proportion des victimes qui étaient en pleine utilisation d’un casque, d’écouteurs, de smartphones au moment où survenait l’accident fatal.

Les piétons

Casques (oreillettes ou écouteurs) accrochés aux oreilles, ils marchent comme des automates et oublient qu’ils sont dans la rue avec des véhicules ou d’autres personnes. Lorsqu’ils traversent les rues, ils prêtent peu attention à la circulation car ils sont captivés par ce qu’ils écoutent. Généralement ce sont des émissions populaires ou de la musique. Quelques fois j’ai eu à m’arrêter et à klaxonner pour les réveiller. C’est à ce moment qu’ils sursautent. Ce qui démontre qu’ils étaient vraiment loin du lieu où ils sont physiquement présents et visibles.
Les sportifs aussi ne sont pas du reste. Ils écoutent de la musique durant leur séance de footing. Ils se mettent ainsi en danger surtout quand ils augmentent le volume de leur appareil pour mieux écouter la musique malgré le vent.

Un conducteur qui manque d’attention peut facilement « en mettre » sous ses roues.

Les cyclistes et motocyclistes

Les conducteurs d’engins à deux roues eux se prennent même pour des stars du vélo ou de la moto. Il faut les voir slalomer à travers les files de voitures en ne respectant aucune règle. Ils rajoutent à cela l’utilisation des oreillettes et casques. Ils roulent partout à toute vitesse et de surcroit écoutent de la musique dont les volumes sont souvent montés à fond pour couvrir le bruit du vent. Toute leur attention est partagée entre leur vitesse et ce qu’ils écoutent. Lorsqu’ils portent le vrai casque, celui recommandé pour circuler à moto, il peut cacher des oreillettes raccordées à leur smartphone ou i-pod. Parfois, les oreillettes sont difficiles à repérer car elles sont sans fils (connexion Bluetooth).

Ce qui les amène à causer des accidents graves de la circulation. Si encore ils en étaient les seules victimes, nous aurions moins pleuré et dit « lls l’ont bien voulu ». Malheureusement, ils emportent avec eux des innocents, qui eux, étaient pourtant bien prudents. Il urge de prendre des dispositions comme sous d’autres cieux.

Les automobilistes

Les automobilistes savent qu’un policier peut les réprimander lorsqu’ils sont pris en flagrant délit d’utilisation du téléphone au volant. Ils usent donc souvent de kits mains libres mais ces derniers aussi diminuent l’attention lorsque l’on conduit. Ils mettent aussi des oreillettes, ce qui produit le même effet.

La nouvelle vogue à Dakar est d’équiper sa voiture d’écran relié à des systèmes vidéo permettant de visionner des clips. J’ai déjà pris un taxi qui en disposait tant pour les passagers que pour le conducteur. Je vous laisse deviner son degré de concentration pendant que passaient des déhanchements d’un clip de Mbalakh (danse sénégalaise) et d’une danseuse de Koffi Olomidé (artiste congolais) ou d’Arafat (artiste ivoirien).

Je sais qu’en France, il n’est autorisé que des écrans aidant le conducteur dans sa conduite mais ici en Afrique et au Sénégal, tout est permis. Même les volumes des auto-radios sont augmentés à des niveaux disproportionnés. Malgré les vitres fermées, on peut les entendre. La règlementation doit faire en sorte de sanctionner les volumes trop forts empêchant d’entendre le bruit extérieur.

Les effets dangereux de l’utilisation

Deux effets principaux induisant des accidents ont été révélés par plusieurs recherches (voir vidéo ci-dessous produite par la sécurité routière française). Ces effets perturbent la concentration sur la conduite :

  • acuité visuelle réduite : la concentration sur la musique annihile une partie de la vision de celui qui écoute avec des oreillettes.
  • audition affaiblie par rapport aux sons extérieurs : le volume fort des casques (écouteurs et oreillettes) et des autos-radios ne favorisent pas la bonne perception des tentatives de communication avec les autres usagers. Les coups de klaxon ou les cris extérieurs sont peu ou prou perçus. Le temps de réaction, à un signal sonore prévenant d’un danger potentiel, peut être alors long et provoquer des accidents.

Je ne sais pas si c’est l’instinct de conservation qui n’existe plus chez les usagers de la route au point de défier ainsi la mort. J’ai fini par me dire qu’ils croient fermement en la résurrection. Il n’y a que cela pour expliquer le fait qu’ils ne voient pas le danger auxquels ils s’exposent ou exposent les autres.

Vivement que le code de la route soit actualisé et surtout appliqué en ce qui concernent les outils liés aux nouvelles technologies.

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]


Pour qui sont ces croyants qui crient sur nos têtes* ?

De nos jours, nous assistons à un véritable défilé d’actions et de déclarations déroutantes de la part de soi-disant religieux (toutes religions confondues). Il y a quelques semaines un célèbre prophète (c’est avec ce titre qu’il se définit lui-même) a déclaré que Dieu lui a révélé qu’Hillary Clinton allait remporter les élections américaines. Ce qui ne fut pas le cas puisque c’est Donald Trump qui a été élu. Au delà de ce cas, on assiste à toutes sortes d’actes hideux posés au nom de Dieu. On se fait exploser au nom d’Allah, on spolie au nom de Jésus et j’en passe.
On se demande alors pour quel « dieu » alors travaillent tous ces prétendus croyants.

Illustration Religions - www.pixabay.com
Illustration Religions – www.pixabay.com
Violences faites aux enfants

A Kinshasa, on appelle « kindoki », des enfants innocents accusés de sorcellerie souvent par leur famille. Avec l’aide de prétendus pasteurs véreux, ils sont soumis aux pires tortures morales et physiques. Beaucoup y ont laissé leur vie. Il a fallu que des Organisations Non Gouvernementales élèvent la voix pour que le phénomène diminue. Mais il est loin d’avoir cessé.
Ce qui est étonnant est que les pasteurs concernés crient haut que Dieu est capable de miracles. Si c’est cela, il est alors capable de délivrer ces enfants sans qu’on ait besoin de les toucher physiquement. Il aurait suffi de prier ou de les asperger d’eau bénite. Au lieu de cela, les prétendus chefs religieux les attachent et les frappent souvent violemment. Sans oublier qu’ils font même payer les familles pour ces séances de délivrance. Certains enfants sont victimes de crimes rituels. Richard Hoskins a d’ailleurs traité de ces pratiques dans son livre « L’enfant dans la Tamise« .

A Dakar, beaucoup d’enfants appelés communément, en wolof, « talibés » confiés à des maîtres religieux sont envoyés mendier dans les rues. Tout ce qu’ils récoltent est ensuite reversé à leur maître. Ce dernier qui a en charge leur éducation religieuse se sert plutôt d’eux pour se remplir les poches. Des cas de mauvais traitements sur des enfants n’ayant pas ramené assez d’argent sont fréquents. Les autorités sénégalaises  tentent vainement de lutter contre ce phénomène.

Dans le fond, ces religieux s’enrichissent sur le dos des parents ignorants en prenant l’innocence, l’avenir et la vie de ces enfants.

Injustices faites aux femmes

Les femmes célibataires avec enfants et les fille-mères sont vouées aux gémonies avec ces soi-disant « hommes de Dieu ». Dans des communautés religieuses, s’il arrive qu’une femme ou une fille célibataire se retrouve enceinte, elle devient la risée de tous et elle est condamnée car portant les signes du péché. Des cas extrêmes d’excommunication ou de lapidation (je m’abstiens de mettre une vidéo de lapidation) sont même de mise. Je me souviens encore que dans une église, un groupe de femmes a systématiquement refusé qu’une de leur « sœur en Christ » appartienne à leur groupe car elle était  mère sans être mariée. Les péchés visibles sont condamnés alors qu’il y a pire dans la masse ou parmi les dirigeants.

« Que celui qui n’a jamais péché lance donc le premier, la pierre ».

Aucun amour pour le prochain (pollution sonore, tuerie)

De nos jours, on se tue et on tue son prochain en criant « Dieu est le plus grand ». Le Dieu de la vie, à mon avis, a horreur qu’on touche à la vie humaine. Que ces vies soient celles des croyants ou des mécréants.

D’autre part, on peut organiser des veillées nocturnes et faire de grands vacarmes empêchant les voisins de se reposer tranquillement. Celui qui ose protester sera certainement traité de suppôt de satan. Je ne pense pas personnellement que Dieu soit partisan de ce désordre là. On doit pouvoir pratiquer sa religion sans déranger son voisin.

Destruction de l’environnement

Dans beaucoup de pays, il existe des forêts sacrées. Elles sont considérées  intouchables car selon les croyances, les dieux et les génies protecteurs des communauté y vivent. Ce que je retiens aussi est que ces forêts permettent au delà de tout le mystique dont on les entoure de garder intact toute une biodiversité et un grand patrimoine culturel. Dans beaucoup de contrées, elles sont demeurées les seules espaces verts préservés de destruction. Tandis que les grands « spirituels » y voient un domaine satanique, moi j’y vois une protection contre la déforestation totale. A certains moments des églises dites « éveillées » ont voulu pousser leurs adeptes à brûler ces forêts sacrées.
Je me dis que si réellement, ces nouveaux convertis croyaient en Dieu, ils sauraient qu’avec une prière cette forêt pouvait être purifiée de tout démon.
On pourrait ainsi sauvegarder l’environnement plutôt que de le détruire. Ces croyants manquent de foi.

Au lieu de tuer ou de maudire ou de blesser un individu considéré comme pécheur ou incroyant, nous devons plutôt l’aider à changer si nous pouvons. Si nous ne pouvons pas, laissons le tranquille car, même en religion, ma liberté s’arrête là où commence celle de mon prochain. Il en est de même pour ceux qui se croient obligés de faire des prophéties sans queue ni tête juste pour escroquer. Celui qui ne comprend pas cela ne travaille pas pour Dieu si ce n’est pour lui-même.

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]

* Titre créé par une analogie avec l’allitération « Pour qui sont ses serpents qui sifflent sur vos têtes« 


Un homme, un vrai, doit avoir plusieurs prénoms

Un homme, un vrai, ne peut avoir qu’un seul prénom. Il doit avoir des prénoms cachés, des prénoms que tout le monde ne connait pas… Certains Africains croient même qu’avoir plusieurs prénoms constitue une sorte de protection. Soit ils se les donnent à eux-mêmes, soit ces prénoms leurs sont attribués par d’autres. Dans tous les cas ces prénoms fonctionnent quand ils sont acceptés et revendiqués par ceux qu’ils nomment.

Nuage de prénoms et de surnoms
Nuage de prénoms et de surnoms – Réalisé par Roger Mawulolo
Les prénoms (« normaux ») de naissance et de baptême

En Afrique, le prénom de naissance est généralement donné au nouveau-né huit jours après sa naissance. Dans certains pays, ce prénom n’est pas choisit au hasard, par exemple au Togo, le prénom que l’on donne est lié au jour ou aux circonstances de la naissance. A ces prénoms de naissance s’ajoute généralement un deuxième prénom, donné lors du baptême religieux. Ces deuxièmes prénoms ont souvent des consonances bibliques comme Jean-Baptiste ou Emmanuel.
Ces prénoms sont des prénoms « normaux » que l’on retrouve habituellement chez tout enfant. Moi je vous amène vers l’inhabituel même si tout dépend de là où on se situe.

Le prénom de combat ou de guerre ou de chasse

Quand l’homme grandit et que la vie le met face à des défis, il peut se donner du courage avec des prénoms de combat, de guerre ou de chasse, c’est selon. Ce prénom est par exemple souvent utilisé pour le sport traditionnel qu’est la lutte sénégalaise,  dans l’arène on connait de grands lutteurs qui se nomment Yékini ou Tyson (Tigre, Bombardier). Au Togo, cela peut être « Kpomgan Mayigan » (« même si tu me vois je vais quand même passer »). Tous ces prénoms sont censés donner des pouvoirs qui protègent de la chute ou de la mort. Pour les chasseurs, ils sont censés les rendre invincibles face aux animaux dangereux. Ces prénoms font penser à ceux des indiens d’Amérique que l’on peut voir dans les western (« Bison courageux », « Aigle puissant » etc). Certaines croyances disent que ce surnom doit être tu et caché : si jamais l’ennemi le connaît et le prononce, il pourrait alors vaincre son adversaire lors d’un combat.

Dans nos pays africains, lors des périodes de guerres ou de crises, on voit ces prénoms resurgir. En République Démocratique du Congo par exemple, le très redouté chef de la police de Kinshasa, Célestin Kanyama,  a pour surnom « Esprit de mort ». En Centrafrique, il existe un chef de guerre surnommé « Douze Puissances» et un autre « Le boucher »…

Le prénom de beuverie

Pour boire beaucoup il faut un prénom d’emprunt parlant. Un homme peut être surnommé « aklovi » au Togo (« la petite pirogue »), cela signifie que, quel que soit la quantité de boisson qu’il ingurgite, il tiendra toujours sur ses pieds. Jamais noyé dans l’alcool. Un autre prénom couramment donné est « han bliba nkoulété », cela désigne une personne qui peut boire jusqu’à ce que ses yeux deviennent rouges, tout en tenant toujours debout. A Abidjan, j’ai déjà entendu parler d’un habitué des bars que l’on surnommait «le gosier d’or». Ailleurs, même idée avec le surnom «l’éponge», je vous laisse imaginer leurs exploits dans le domaine…

Avec les nouvelles technologies, de nouveaux surnoms sont apparus, certains se font appeler « 1 giga » ou « 1 méga » car ils peuvent boire une quantité démesurée de boisson alcoolisée, sans vaciller. Je me suis toujours demandé si le giga ou le méga était lié au débit d’absorption ou à la capacité de stockage de leur ventre ! Je me dis que ce doit être un mélange des deux.

Le prénom de drague ou d’amour

Last but not least, les prénoms de drague ou d’amour. On leur attribue un pouvoir de séduction qui ferait tomber toutes les filles. Azianka (« corde de l’amour ») fait souvent allusion à un séducteur invétéré. Au Sénégal, le « super thiof » (mot wolof) est le type de garçon qui est beau gosse et qui fait facilement vaciller les cœurs des filles.
Là aussi avec les nouvelles technologies, on peut voir des hommes surnommés http pour « Homme Toujours Très Propre ». On a aussi des prénoms comme « connecteur » car le gars arrive toujours à ses fins c’est-à-dire à se « connecter » (si vous voyez ce que je veux dire) à la fille de ses désirs. D’autres surnoms que j’ai déjà entendus :  « agent secret d’amour » ou « médicament des filles« .

En fin de compte, vous admettrez qu’un homme, un vrai doit toujours avoir plusieurs prénoms !
Il semble même que les sorciers et les féticheurs ont des noms spéciaux. Mais je suis trop peureux pour m’aventurer sur ce terrain… Je veux vivre longtemps moi !

Comme nous sommes au siècle de l’égalité femmes-hommes, il est certain que les femmes ont, elles aussi, leurs différents prénoms et surnoms.
J’espère vivement un billet réponse d’une mondoblogueuse pour nous livrer les secrets des surnoms féminins !
Mesdemoiselles, mesdames, à vos claviers…

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]


Habitation : Avoir les pieds sur terre c’est mieux

L’expression « avoir les pieds sur terre » indique la manifestation d’un grand sens des réalités. Beaucoup d’Africains, surtout ceux du Golfe de Guinée, préfèrent avoir en vrai les pieds sur terre, c’est-à-dire, les pieds sur le sol lorsqu’il s’agit d’accéder à la propriété immobilière. N’est-ce pas aussi un sens de leurs réalités?

Chantier de construction - https://www.publicdomainpictures.net
Chantier de construction – https://www.publicdomainpictures.net

Depuis que je vis au Sénégal et que je voyage à travers le monde, j’ai fini par considérer qu’accéder à la propriété immobilière peut rimer avec l’acquisition d’un appartement dans un immeuble. J’ai alors décider de procéder à l’opération. Ce que n’admettent pas mes oncles et tantes au pays. Pour cela, un conseil de famille a été convoqué à mon insu et j’y ai été convié. Cette assise avait pour but de me faire « avoir les pieds sur terre ». Dans mon pays, le Togo, il est encore rare de s’acheter un appartement pour habitation.

Ne pas acheter de maison « en l’air »

Le Chef de famille fut le premier à prendre la parole. Il me fit savoir que la propriété immobilière, dans notre culture, rime toujours avec la possession d’un terrain. Oui la terre. Acheter un appartement c’est comme si on devenait un oiseau qui loge son nid dans un arbre. Il n’y a aucune garantie à habiter juste dans les airs sans vrai ancrage au sol.
Même si c’est une maison construite sur un quart de lot (environ 150 m²), nous les Togolais le préférons à un appartement de 250 m². L’essentiel est d’avoir les pieds sur terre comme nous le disons.

Confinement et difficultés

« Un homme et sa famille doivent pouvoir respirer » me dit-on. Il faut de l’espace, une cour et un sol. Ma tante la plus âgée me demanda comment je ferai si je veux un de ces jours casser un mur ou rajouter une chambre. Elle m’a rajouter que l’homme prudent voit le mal de loin. Et que pour cela, il fallait que je réfléchisse vraiment pour ne pas jeter de l’argent par la fenêtre. Car pour elle, acquérir un appartement n’est pas un bon choix. Il faut avoir une maison et avoir ses pieds sur terre quand on rentre chez soi. D’ailleurs, elle ajouta que le voisinage peut être un problème.

En cas de séisme…

Mes oncles et mes tantes me demandent ce que je ferai lorsqu’il y aura un séisme et que mes voisins du rez-de-chaussée n’auraient pas encore reconstruit leurs appartements. Vu que je leur ai dit que j’habiterai au premier. J’ai réfléchi et je ne leur ai pas trop donné tort car dans nos pays africains les lois ne sont pas appliquées et les assureurs ne réagissent pas toujours quand il s’agit de payer en cas de sinistre. Du coup même si j’ai les moyens comment vais-je reconstruire mon appartement si mon voisin du dessous n’a pas fini le sien?

Les cordons ombilicaux de mes enfants…

Ma plus jeune tante m’a apostrophé en ces termes : « Que feras-tu des cordons ombilicaux de tes enfants ? ». Oui, chez nous quand l’enfant naît, on enterre son cordon ombilical derrière la case dans un coin ombrageux. Si j’habite dans un appartement perché en hauteur que ferais-je alors ? Casser les carreaux pour l’y enfouir ?
Je n’ai pas osé demander à ma tante comment ont fait mes cousins vivant en Europe. Elle me dira que, de toute façon, c’est pour cela que les enfants de là-bas ont un comportement anormal ou ont telle ou telle maladie.

Piler mon foufou*
Fille pilant sur un sol carrelé - Photo : commons.wikimedia.org
Fille pilant sur un sol carrelé – Photo : commons.wikimedia.org

Mon plus vieil oncle prit la parole et dit « mon neveu, tu es d’une région où notre plat traditionnel est le foufou. Si tu vas loger en hauteur avec un sol tout en carreau ou tout en ciment, où vas-tu poser ton mortier ? ».
J’ai failli lui répondre que maintenant que la machine dénommée « Foufou-mix » existait. Mais j’avoue que je suis trop bien éduqué pour répondre à un oncle en pleine assemblée.

C’est donc au sortir de cette assemblée familiale que j’ai compris le vrai, ou du moins, un autre sens de l’expression « avoir les pieds sur terre ». J’ai découvert que l’expression signifie aussi « être très objectif et ne pas se laisser séduire par des rêves ou des ambitions démesurés. C’est une preuve d’intelligence, car cela dénote une capacité d’adaptation de ses ressources intellectuelles à une réalité donnée ».

Mes oncles et tantes avaient donc raison. Pourtant ils, surtout ceux vivant du village, ne connaissent pas l’expression.

Le bon sens n’est donc pas forcément lié au fait d’avoir beaucoup étudié. Là je continue encore de réfléchir sur l’acquisition de mon habitation. Dois-je garder les pieds sur terre ?

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]
*foufou : ignames bouillis puis pilés (traditionnellement dans un mortier en bois reposant au sol)


Dur dur de vivre dans les immeubles

Avec l’urbanisation galopante, beaucoup d’habitants de villes africaines habitent dans des immeubles. Seulement, cette vie n’est pas toujours agréable car beaucoup semblent oublier que vivre en immeuble induit des obligations. Vivre dans cette communauté n’est parfois pas aisé mais on s’y accommode. Un adage togolais dit « il arrive à la langue d’être mordue par les dents mais elle est obligée de rester sur place ». Ceci est souvent le cas si on ne veut pas passer sa vie à déménager. Ou encore peut-on partir lorsqu’on est soi-même propriétaire de l’appartement ?

Immeuble à Dakar
Immeuble à Dakar

Cohabiter ou coposséder un immeuble implique des devoirs et des obligations. La raison est simple : beaucoup d’espaces sont partagés et doivent être entretenus. Ces espaces sont les escaliers, les cours, les parkings, les paliers ainsi que les ascenseurs. D’autres parties moins visibles sont aussi sujettes à ce partage. Il s’agit des tuyauteries, des canalisations, des fosses septiques et des toits. A cela peut s’ajouter la gestion des ordures ménagères produites.

La mauvaise foi et la mauvaise gestion en cause

Souvent la réaction de certains habitants varie en fonction des types de problèmes qui surviennent dans leur immeuble :

  • Quand l’ascenseur est en panne, les habitants du rez-de-chaussée et du premier étage déclarent qu’ils ont des soucis financiers et demandent l’indulgence des autres. Dans ce cas, ceux habitant sur les étages sont pressés que le problème soit réglé
  • Quand ce sont les fosses septiques qui sont pleines, les occupants des étages évoquent leurs poches vides et ceux du rez-de-chaussée font tout leur possible pour que le problème soit réglé.

Vous imaginez donc facilement que chacun agit selon ses intérêts.

Pour l’entretien des escaliers, des couloirs et de la cour c’est souvent assez délicat. Quand il n’y a pas une agence ou une personne en charge de l’entretien, les habitants le font eux-mêmes par rotation. Et souvent, il y a un qui juge que l’autre ne le fait pas aussi bien que lui. Et cela amène des disputes ou des inimitiés entre cohabitants, qui peut s’étendre jusqu’aux familles entières. Même quand un contrat a été signé en bonne et due forme avec une société d’entretien, des tensions peuvent surgir quand un des locataires se révèle être un mauvais payeur.

Certains habitants peuvent, lorsque leur poubelle est pleine, la laisser dans l’espace partagé. Ce qui dérange le voisinage surtout si une odeur pestilentielle en provient.

Pour l’électricité, la gestion de la facture commune amène souvent des coupures par défaut de paiement. De la même façon, le service de sécurité de l’immeuble peut souffrir de non-paiement pouvant amener jusqu’à la résiliation du contrat de gardiennage. Certains habitants, ne possédant pas de véhicules, soutiennent que le gardien ne garde que les véhicules garés devant l’immeuble la nuit. Pour cela, ils ne veulent pas participer aux frais de gardiennage.

Je vous avais aussi fait part, dans mon précédent billet, des bruits que pouvaient faire certains animaux qu’on élève dans l’immeuble. Des hommes aussi peuvent être les auteurs de bruits à cause des disputes (conjugales ou entre les habitants). Certaines personnes indélicates peuvent aussi organiser des fêtes nocturnes sans tenir compte de l’intensité des bruits occasionnés.

Le syndic de copropriété : le meilleur recours

Pour bien gérer un immeuble où cohabitent différentes personnes, il convient de recourir à un syndic de copropriété. Ce qui a l’avantage de disposer d’une base juridique ou contractuelle. Ce syndic peut être confié à des agences immobilières. Mais les habitants peuvent aussi s’entendre pour le gérer eux-mêmes. Dans ce dernier cas, un des habitants peut se voir confier la tâche de la gestion. Il rend ensuite compte aux autres. Dans le cas d’un immeuble où ne logent que des locataires, le propriétaire prend souvent en charge les parties communes tout en prenant soin de rajouter la contrepartie sur les loyers.

Au Sénégal comme dans d’autres pays africains des lois existent pour encadrer les syndic de copropriété mais leur application par les habitants n’est malheureusement pas toujours effective. Souvent ces contrats n’existent que de nom. Si nous observons l’état des espaces partagés dans beaucoup d’immeubles, de graves défaillances sont notées. Il convient de rappeler que le syndic de copropriété bien mis en place donne lieu à des assemblées générales régulières où chaque habitant peut s’exprimer. Ainsi des solutions peuvent être facilement trouvées aux problèmes qui se posent.

A chacun de bien jouer son rôle

Que ce soit par le biais d’une agence immobilière ou par les habitants eux-mêmes, le syndic de copropriété doit être bien géré pour le bien-être des habitants et aussi pour que l’immeuble soit fonctionnel et sécurisé. A cette bonne gestion doit s’ajouter le sérieux des habitants qui devront s’acquitter de leurs contributions financières. Ils doivent aussi avoir des comportements responsables et ne pas participer à la dégradation du bien commun qu’est l’immeuble. Il faut aussi que la résolution des problèmes signalés dans l’immeuble ne fassent pas réagir au gré des intérêts personnels.

Au-delà, les populations doivent aussi être sensibilisées sur les différentes voies de recours qu’elles peuvent utiliser lorsqu’elles sont victimes de ces genres de situations. Bien faire connaître la loi et son application peuvent garantir la paix sociale.

Je ne peux finir sans signaler que tout ce que ne peut régler le meilleur syndic ce sont les ragots. Si ce n’est pas le concierge qui joue à celui ou à celle qui est au courant de tout, c’est le gardien. A moins que les pères et les mères de famille même ne s’y mettent. N’est-ce pas cela aussi qui donne plus de piment à la vie en immeuble ?

Ne souriez pas car je parle d’un problème sérieux.

Et n’oubliez pas de jeter un coup d’œil à la vidéo ci-dessous, un extrait de la série « Nos chers voisins » qui passe sur TF1 (Ce n’est pas de la publicité). Cette série exprime bien les relations de voisinage dans un immeuble.

Salam* à vous ….

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)
*Salam : paix en Arabe, mot utilisé couramment au Sénégal


A Dakar, nous pratiquons l’élevage en terrasse

Dans mon pays, le Togo, je connaissais la culture en terrasse qui est l’apanage du peuple Kabyè, un peuple d’agriculteurs de la région nord. Au Sénégal, j’ai découvert l’élevage en terrasse qui est utilisé par les populations citadines. Qu’est ce que l’élevage en terrasse ? Des habitants d’immeubles sont souvent surpris par des bruits de caquètements et de bêlements. La raison est simple : ils ont pour voisins des poules et…


Sénégal : tant vaut ton mouton, tant vaut ta Tabaski

Tuer un mouton à la Tabaski ou Aïd El Kebir est une obligation pour tout musulman…qui en a les moyens. Aussi, pour cette fête, les pères de familles sénégalais s’arrachent-ils les cheveux pour se procurer un beau mouton. Ce mouton doit être digne du rang de l’acheteur car votre valeur sera estimée à sa taille et à sa beauté. La symbolique du mouton L’origine de la Tabaski vient d’un récit…


Tongasoa* à Antananarivo, mon amour (Partie 2)

Ses douze collines, son artisanat, son architecture, ses salons de massage, ses rizières et ses briqueteries traditionnelles m’ont permis de vous dévoiler mon amour pour Antananarivo dans mon précédent billet.
Dans ce deuxième billet vous découvrirez les autres raisons qui font battre mon cœur pour elle.

Antananarivo : zébus au repos devant une charrette - Photo : Roger Mawulolo
Antananarivo : zébus au repos devant une charrette – Photo : Roger Mawulolo

Les mondoblogueurs

Dès qu’ils ont su que j’arrivais, ils se sont organisés, malgré leur emploi de temps chargé, pour qu’on ait un temps ensemble. Nous nous sommes donc retrouvés dans un restaurant non loin de la gare de la ville à Antaniména. Nous étions finalement cinq sur la douzaine prévue. Ce qui n’a rien enlevé à la qualité de notre rencontre. Nos discussions ont tourné autour de Mondoblog (évidemment) et de nos activités personnelles. On a alors su qu’untel est étudiant, que l’autre travaille dans une banque, que telle est mère de famille et règle bien toute affaire sociale qui ose lui faire face. Ces affaires se transformant parfois en billets sur nos blogs. Les 4 mondoblogueurs malgaches qui étaient avec moi : Lalah, Rindra, Andri et Rija. Ne vous étonnez pas, ce ne sont que les diminutifs de leur prénom respectif car en Madagascar tout le monde a un diminutif. Ce qui est normal vu la longueur des noms et prénoms malgaches !
Même des anecdotes sur nos familles et des informations sur nos parcours scolaires ont été partagées. Le tout autour d’un très bon repas.
Chers mondoblogueurs de Tana, je vous dis : « misaotra tompoko » (merci en malagasy, langue locale à Madagascar).

Les zébus

S’ils ne le consommaient pas, j’aurais dit que « le zébu est pour le malgache, ce que la vache est pour l’indien ». Cet animal est très présent dans la ville de Tana. Il est courant de voir une charrette en pleine ville, sur une voie goudronnée, tirée par deux zébus. Sinon, vous pourrez aussi les voir dans les rizières en train de tirer une machine à labourer.
Tous ces services rendus n’empêchent pas de voir beaucoup de menus servis avec la viande de cet animal. En somme, ils servent mais on les sert aussi (dans les restaurants bien sûr).

Le système de transport

Tarifs et arrière d'un taxibe - Photos : Roger Mawulolo
Tarifs et arrière d’un taxibe – Photos : Roger Mawulolo

Il m’a bien fallu me déplacer depuis Ivato pour aller vers la gare qui se trouve à Antaniména. J’ai redécouvert le système de transport de Tana. Les taxis sont de vieux modèles de véhicules dont les fabricants ont certainement oublié l’existence sauf peut-être les collectionneurs. C’est avec un grand plaisir et une vraie curiosité que j’ai redécouvert les « 2 chevaux », les Renault 4 et les Peugeot 106. La stratégie des chauffeurs est simple : ne prendre du carburant que quand la course est assurée et le client trouvé. Par 4 fois, j’ai vu le scénario se répéter.
A part les taxis, vous avez les taxibe. Ce sont les mini-bus de transport en commun. On peut le prendre n’importe où et descendre n’importe où pour peu que l’on soit sur son axe normal. On en trouve avec des inscriptions diverses surtout sur le pare-brise arrière.
Ils sont souvent de couleur blanche barrée au milieu dans le sens horizontal par un trait rouge.
Les chauffeurs sont des spécialistes de la gestion des embouteillages, ils savent forcer un passage ou trouver un raccourci en fonction des heures.

Renault 4 et "2 chevaux" - Photo : Roger Mawulolo
Renault 4 et « 2 chevaux » – Photo : Roger Mawulolo

La cuisine

Les rizières en plein Tana ont leur explication : le riz est l’aliment le plus consommé par les Malgaches. Côté viande, il y a une très grande préférence pour le porc et le zébu. Les oiseaux ne sont pas en reste. Beaucoup de restaurants proposent le canard laqué, certainement dû à l’influence chinoise (les Chinois sont très présents à Madagascar). Les fruits de mers sont aussi disponibles et Madagascar ne manque pas de fruits. C’est un pays assez pourvu en aliments.
Venant de Dakar où on mange beaucoup de riz et de poissons, je n’ai pas du tout été dépaysé, alimentairement parlant, à Tana.

La sécurité (dans les banques et chez les opérateurs de téléphonie mobile)

Une chose qui m’a marqué c’est qu’à chaque fois que j’entrais dans une banque, le vigile me demandait pour des raisons de sécurité d’enlever ma casquette. Et comme j’en porte presque toujours, cela me faisait réagir. J’émettais toujours une petite protestation car à Dakar où je vis, cela ne posait aucun problème. Mais j’ai fini par conclure que l’environnement sécuritaire l’imposait.

L’autre aspect qui m’a fait sourire est que, lors de l’identification de la puce téléphonique que j’ai acquise, j’ai été pris en photo. Dans tous les autres pays que j’ai visités, l’identification s’arrêtait au remplissage d’un formulaire et à la copie de la pièce d’identité. A Madagascar, on vous prend en photo en plus.

Les Africains

L’Union africaine a encore beaucoup de travail à faire à Madagascar. La majorité des Malgaches nous appellent généralement, nous autres venant du reste du continent, les Africains. Ils ne semblent apparemment pas faire de distinctions entre Togolais, Sénégalais, Ivoiriens, Camerounais, Béninois ou autres. Plusieurs fois dans nos conversations, on me posa des questions ou on s’adressa à moi en commençant par « Vous les Africains… ». J’ai souvent eu envie de rétorquer que les Malgaches sont aussi Africains. Mais je me suis toujours retenu et je ne manquais pas de seulement sourire.

Oui je souriais car à Tana, ton interlocuteur te sourit toujours quand tu t’adresses à lui. Surtout s’il ne comprend pas ce que tu lui dis.
Le Malgache est tellement poli qu’il ne peut pas te dire qu’il ne comprend pas ton français. Alors à toi de deviner qu’il faut reprendre les explications.

Sacré Tana, pour tout ça je t’aimerai toujours. « Veloma » à toi et à la prochaine.

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)

Tongasoa : « Bonne arrivée » en Malagasy, langue locale
Veloma : « Au revoir » en Malagasy


Tongasoa* à Antananarivo, mon amour (Partie 1)

J’étais dans cette ville, le 16 octobre 2015 quand le décès de mon père m’a été annoncé. Depuis ce jour, cette ville et moi, on est lié à jamais. A ma deuxième visite, en août 2016, les mondoblogueurs de cette cité m’ont reçu pour le déjeuner et d’autres ami(e)s m’y ont accueilli avec chaleur. Pour tout ça je suis tombé sous le charme de cette ville. Elle, c’est Antananarivo la capitale de la grande île : Madagascar.
Je vous en parlerai en 12 points (dont 6  dans cette première partie) car le nombre « 12 » même semble sacré à Antananarivo.

Antananarivo - Crédit photo : Mawulolo
Antananarivo – Crédit photo : Mawulolo

Vous serez surpris par ces choses simples qui m’ont fait craquer pour elle mais qu’y puis-je si je suis un garçon simple ? J’ai bien dit simple hein mais pas facile.

Les douze collines de la ville

Antananarivo est un ensemble géographique formé par douze collines dont j’ai apprécié l’histoire. Rien de mieux pour prouver la virilité malgache. Le roi Andrianampoinimerina avait construit sur chacune de ces 12 collines une demeure pour chacune de ses femmes. Il en avait douze. Ça ce n’est pas donné à tout le monde car j’imagine qu’il faisait le tour des 12 en maintenant un rythme régulier. Les noms de ces collines sont : Ambohimanga, Analamanga, Ambohidratrimo, Ilafy, Ikaloy, Ivohilena, Merimandroso, Alasora, Miadamanjaka, Ampandrana, Ambohidratrimo et Ambohitrontsy. Certains disent que le roi avait plus d’épouses que ça mais officiellement on parle de 12. La vidéo, en fin de billet, vous donnera de plus amples informations sur les rois et reines de Madagascar.

Les hommes virils, il en faut, car ça nous rend fiers. N’y voyez aucune pointe de machisme ou de marginalisation de la femme, non. Être l’épouse de l’empereur, c’est un prestige. Oh Tana, je t’aime car tu rends à l’homme sa virilité.

L’artisanat

Le marché de la digue avec les toitures typiques de l'architecture malgache
Le marché de la digue avec les toitures typiques de l’architecture malgache – Photo : Mawulolo

Que serait Tana sans l’artisanat ? Plusieurs centres commerciaux ou marchés artisanaux permettent de se procurer des sacs, des habits, des sets de tables, des bijoux, des objets d’art et toute sorte de décorations diversifiées. Même les épices sont disposées avec tellement de soins qu’on croirait à des objets d’arts.

Le marché qui m’a le plus plu est celui de la digue. Situé entre deux petites vallées comportant des rizières, ses kiosques à l’architecture malgache s’étendent le long d’une route goudronnée. Les guides d’occasion, les vendeuses et vendeurs vous accueillent et vous font découvrir ce coin charmant. Avec un bon talent de négociateur, vous trouverez surement votre bonheur à bon prix. La bonne connaissance de la monnaie locale (Ariary) vous permettra de bien cadrer vos achats.
A part le marché de la digue, on peut aussi visiter celui de Andravoahangy.

L’architecture malgache

A Tana, vous verrez, en traditionnel comme en moderne, des constructions avec des toits en double pente faits avec des tuiles plates. En construction précaire (argile ou bois) ou en dur (béton), on en retrouve partout. Leur forme est souvent étroite et haute. Les maisons possèdent souvent un seul étage et la partie haute possède une large fenêtre.

Les collines de Tana en sont remplies et même les zones marécageuses ont les leurs. Il faut aussi préciser qu’on peut trouver des toits en tôles sur la même architecture. Les habitats pauvres ou riches de Tana empruntent cette architecture qui fait la particularité d’Antananarivo. Certains édifices de la ville sont érigés sous cette architecture.

Les salons de massage

Un point particulier de la ville est la présence visible de salons de massage. Soyez sans crainte, j’ai juste vu sans tester. Mais, de ce qu’on en dit et de ce qu’on en voit, on ne doit pas le regretter. Il semble qu’il faut choisir une formule qui détermine la fin espérée. Un « normal end » (fin normale) ou un « happy end » (fin joyeuse), le client a le choix. Les massages sont pratiquées quasi-exclusivement par des masseuses et les noms des salons sont évocatrices : « Charmelle massage », « Beautifull massage ».
J’ai été tout particulièrement heureux de lire sur le site d’un des salons cette phrase « Nous proposons uniquement des massages relaxants traditionnels pour bien-être. Nous ne proposons pas des massages à caractère sexuel ou érotique. Nos masseuses ne sont pas des prostituées« .
Ce qui ne semble malheureusement pas être le cas de beaucoup d’autres salons où on vend plutôt le charme et la beauté des masseuses. L’État malgache doit combattre cette prostitution déguisée qui ternit l’image de mon Tana. Mais moi, mon amour reste intact pour la ville

Les rizières

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Fabrication de briques et rizière à Antananariva – Photos : Mawulolo

Les rizières en pleine capitale, cela existe à Tana. En quittant l’aéroport (Ivato) pour se rendre au centre-ville, vous ne pourrez pas les rater. Vous voyez des hommes, des femmes et des enfants s’y activer. Ce qui permet à beaucoup de familles de produire, sur des hectares, du riz. Ils peuvent s’en servir pour nourrir directement leur famille mais aussi pour le revendre.

Une nouvelle route en construction actuellement risque de détruire de grandes surfaces de production de riz dans la capitale. C‘est un feu qui couve car l’Etat ne semble pas encore prêt à dédommager ceux qui seront lésés. J’espère vivement que tout sera fait pour éviter des conflits sociaux qui n’arrangeraient personne.

Les briqueteries traditionnelles

Dans les mêmes zones que les rizières, si vous sentez une odeur de terre cuite ou d’argile brulée, essayez de rechercher l’endroit d’où vient une fumée. Souvent, vous remarquerez des hommes en train de brûler des briques rouges, marron ou grises. Ce sont les ouvriers qui fabriquent des briques à partir de la vase puisée dans les marais. Après l’avoir malaxée et modelée sous la forme voulue, ils procèdent à son endurcissement grâce à une technique de « cuisson » au feu. Les briques sont entassées en quantité assez importante avant leur passage au feu.

Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième et dernière partie

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)

Tongasoa : « Bonne arrivée » en Malagasy, langue locale


Femme africaine : tout faire pour que bébé vive et grandisse bien

Ce billet est rédigé dans le cadre de la JIFA (Journée Internationale de la Femme Africaine) qui se célèbre le 31 juillet. Mes hommages aux femmes africaines.

L’image de la femme africaine est fortement liée à la conception et au fait d’être mère. Dans les conceptions et croyances africaines, il y a des choses autorisées et d’autres interdites pour que tout enfant venu au monde vive et grandisse dans les meilleurs conditions.
Certaines vous étonneront peut-être mais beaucoup de femmes africaines analphabètes ou scolarisées y tiennent toujours et les respectent jusque-là. Que ne ferait pas une mère pour protéger son enfant ?
Voici ce que m’a dit ma mère, femme africaine, donc ce que je vais dire est lié au Togo mais d’autres cultures et d’autres pays s’y retrouvent certainement.

Maman africaine et bébé - Crédit photo : https://manounoudamour.e-monsite.com
Maman africaine et bébé – Crédit photo : https://manounoudamour.e-monsite.com

Le cordon ombilical

Symbole du lien physique voire même spirituel entre un bébé et sa mère, cet organe est à protéger. Des individus aux intentions peu avouables peuvent s’en servir contre le bébé. La santé du bébé même peut en dépendre.

Pour donc éviter tout cela, il est recommandé de le récupérer dès la naissance du bébé et l’enterrer derrière la case (la chambre) en un endroit où les gens ne passent pas.

Deux choses justifient cela :

  • Si des adultes surtout marchent sur l’endroit où le cordon est enterré le bébé aura des courbatures qui peuvent lui être fatales ou nuire à son évolution physique
  • Si on verse de l’eau sur l’endroit où le cordon est enterré le bébé aura des toux, rhumes et maladies respiratoires incessants.

Les mères africaines même sur leur lit d’hôpital après l’accouchement veillent à ce que tout soit bien fait pour la gestion du cordon ombilical.

Bien gérer la cérémonie de première sortie

Généralement la cérémonie de première sortie de l’enfant qui correspond au jour où son nom est donné se tient exactement huit jours après sa naissance.

En cette occasion, il faut forcément que de l’eau versé sur le toit retombe sur l’enfant. De nos jours, cette cérémonie a été récupérée par les Eglises pour coller à la tradition mais la symbolique de l’eau y est toujours. D’autres peuples rasent les cheveux portés par le bébé à la naissance.

Pour expliquer la symbolique de l’eau qui doit forcément toucher le bébé, on te dira que le fait que l’eau touche le bébé fera que dans l’avenir même si une pluie le surprend, il n’en tombera pas malade.

Vrai ou faux, je ne me pose la question pour le moment. Même si les pères veulent être négligents, les mères restent vigilantes.

L’eau du bain

L’eau des bains du bébé a aussi un traitement particulier. Généralement un trou est creusé et on y verse les eaux utilisées pour laver le bébé. Même l’eau prévue qui n’a pas été totalement utilisée est jetée systématiquement dans ce trou. A moins qu’un autre enfant s’en serve surtout celui que le bébé suit dans le rang de naissance. Aucun adulte n’a le droit d’utiliser cette eau.

Si on y déroge, l’enfant aura des courbatures ou récupèrera les maladies dont souffrent celui qui se serait lavé avec cette eau. C’est ce que la croyance dit et impose.

Les mamans veillent particulièrement sur ce trou.

Ne pas le frapper avec (balai, chaussure)

La meilleure éducation pour un enfant est une association intelligente entre les conseils mais aussi les corrections physiques. Mais pas n’importe lesquelles. En Afrique ou au Togo, on le sait.

Il est formellement interdit de battre un enfant avec un balai ou avec une chaussure. Cela risque d’attirer sur lui des malheurs pour tout le reste de sa vie. Ces malheurs peuvent être des maladies physiques ou psychiques ou carrément de la malchance perpétuelle.

Une femme africaine vous dira toujours ses quatre vérités si vous osez frapper un enfant avec un balai ou une chaussure.

Pour le passer à une autre personne

Il y a aussi des règles à respecter lorsque l’on passe un enfant d’une personne à une autre. L’enfant ne se donne pas en lui faisant faire dos à la personne à qui on le donne. Cela peut rendre le bébé vulnérable à des attaques mystiques. L’expression « appeler dans le dos » signifier « tuer ». Et alors quand il arrive qu’on te remette un enfant qui est de dos, tu conjures le sort en disant « Né o yô o ngbé m gba tô » (si on t’appelle de dos, ne réponds pas).  Et ça je vous assure que les mamans africaines y veillent. Même si ce n’est pas elles qu’on remet ainsi l’enfant, elles prononcent les paroles devant conjurer le sort redouté.

Je sais que beaucoup de femmes appliquent ces règles ou tiennent à les faire appliquer sans forcément savoir si c’est vrai ou pas. Mais que ne ferait pas une mère pour la vie de son enfant ?

Même si ce sont des choses incomprises, souvent pour la femme africaine, l’essentiel est que l’enfant vive.

Bonne journée de la femme africaine à tous.



Le prix Mo Ibrahim encore bredouille

mo ibrahim
Mo Ibrahim, initiateur du prix portant son nom

Le milliardaire anglo-soudanais Mo Ibrahim a créé, en 2006, un prix éponyme pour récompenser les chefs d’États méritants du continent africain. Le mérite est défini par les qualités de leadership et aussi le fait que le récipiendaire doit avoir quitté son poste démocratiquement. Il doit aussi être venu au pouvoir par l’unique voie d’élections libres et transparentes.
Cette année, le prix Mo Ibrahim n’a pas trouvé preneur. Et ce n’est pas la première fois.
La question est de savoir si ce prix intéresse vraiment les chefs d’États africains. Moi je trouve que non. Ils s’en moquent éperdument. Ce qui me permet de dire qu’en fait c’est Mo Ibrahim qui est bredouille.
Voyons, selon moi, ce que pense un chef d’État d’Afrique subsaharienne de ce prix et de son initiateur. Cette interview est purement fictive et inventée de toute pièce par mes soins.

Bonjour Monsieur le Président.

Bonjour cher ami journaliste.

Connaissez-vous Mo Ibrahim ainsi que le prix qui porte son nom ?

Mo Ibrahim, oui, j’en entends parler. Je me demande pour qui il se prend.
A cause des petits milliards qu’il a pu engranger, on ne sait trop comment, il veut nous embêter. Il veut se faire passer pour un donneur de leçons. Son objectif clairement affiché est de débarrasser l’Afrique des dictateurs corrompus. De toute façon, moi et mes autres amis présidents, nous ne nous sentons pas concernés par cela.
Il veut évaluer notre leadership et notre manière de gérer nos pays. Ce n’est certainement pas à cause de ce prix que nous allons laisser nos juteux postes de Chefs d’États. Qu’il aille chercher sur un autre continent des personnes qui ont besoin de son prix.

Bref, il est qui ? Et il se prend pour qui ?

Monsieur le Président, son initiative est pourtant louable, vous ne trouvez pas ?

Ce Mo Ibrahim ose nous manquer de respect, nous des élus et réélus de nos peuples.
Il n’a qu’à savoir que nous sommes des Présidents de pays indépendants qui n’avons de compte à rendre à personne d’externe à nos pays. D’ailleurs pourquoi ne va-t-il pas regarder chez nos amis El-Béchir et Salva Kiir? N’est-il pas soudanais d’origine ? Il veut nous confirmer que nul n’est jamais prophète chez lui-même ?
Nous les chefs d’États africains, aussi, avons des milliards dans nos comptes même si nous ne pouvons le déclarer officiellement. Il doit alors trouver un autre moyen pour nous inciter à vouloir son prix.

Il nous prend pour qui à la fin ?

Monsieur le Président, vous trouvez que son prix n’a pas de raison d’être ?

Ce qui est étonnant c’est que notre cher Mo Ibrahim a au moins eu, cette année, trois voire quatre chefs d’États qui ont quitté leurs postes à l’issue d’élections mais n’a pas pu attribuer son prix. Le Béninois Boni Yayi, le Tunisien Moncef Marzouki, le Nigérian Goodluck Jonathan ou encore le Tanzanien Jakaya Kikwete pouvaient avoir ce prix mais que nenni. C’est le comble. Il peut garder son prix. Nous, les seuls prix qui nous importent c’est la reconnaissance de nos peuples. Tout le reste nous importe peu. Tant que nos peuples font des marches de soutien massives pour nous, cela nous suffit largement. Tant que nos armées et polices sont à nos ordres et peuvent intervenir pour nous garder en sécurité ou réprimer les manifestations qui nous sont hostiles, cela nous va.

Le seul prix qui nous importe c’est le fauteuil présidentiel et ses privilèges. Tout le reste n’est que du vent.

Merci Monsieur le Président

Merci

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)

Nota bene : surtout, soyez convaincus qu’aucun chef d’État africain ne pense ce que j’écris …