Serge

Elections au Brésil: qui pour battre Dilma?

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dilma_e_Lula_no_PAC.jpg
Dilma e Lula durante cerimônia de lançamento do PAC da Habitação – crédit photo : Fabio Rodrigues Pozzebom/ABr on Wikimedia Commons CC

On avance, lentement mais sûrement. En novembre prochain, les Brésiliens seront appelés aux urnes pour choisir leur nouveau président, qui pourrait ne pas être si nouveau que ça. Je vous propose aujourd’hui de faire la connaissance des quatre favoris à l’élection présidentielle de 2014. 

Dilma Rousseff, l’héritière émancipée

Dona Dilma est une femme forte, personne n’en doute. Son passé dans la lutte contre la dictature militaire la place au-delà de tout soupçon. Même si actuellement elle se fait ballotter par la crise mondiale, notamment par les oscillations du dollar (dont le prix ne cesse de monter depuis 5 mois). Ben Bernanke donne des sueurs froides au Palácio do Planalto à Brasília, et cela pourrait bien avoir des conséquences en 2014.

source: Estadão
Source : Estadão

Mais une éventuelle défaite de Dilma Rousseff en 2014 ne saurait être pronostiquée par aucun devin, car si la présidente est loin de faire LE mandat rêvé, ses adversaires n’ont pas le charisme suffisant pour lui faire opposition. Oui, au Brésil la politique fonctionne encore sur la base du charisme. Cela me rappelle assez la situation de frau Merkel en Allemagne.

En outre, les “manifestations de juin” (lire ici) ont révélé un clivage social non négligeable.

Malgré des vents contraires, Dilma est la favorite de l’élection avec ou sans l’appui de Lula de moins en moins visible sur la scène médiatique, ce qui n’est pas plus mal, à mon avis.

Aécio Neves, synthèse du passé et du futur?

Aécio_Neves
Aécio Neves

Passé? Comment cela? Simplement parce qu’Aécio Neves est le neveu et l’héritier politique d’un président brésilien qui n’aura jamais dirigé parce que décédé un mois avant le début de son mandat. Tancredo Neves était un typique mineiro¹, modéré, négociateur et conciliateur. C’est à lui que furent confiées les clés du pays après la dictature. Il devint le premier président de la nouvelle démocratie brésilienne, même s’il ne fut pas élu par le peuple, mais bien par le Congrès.

À cette époque, une vague de manifestations s’éleva dans le pays, As direitas já² fut le slogan d’une ère où la population affirmait désormais son droit à la participation politique.

Malade, Tancredo Neves qui était reconnu comme l’homme du consensus ne lutta pas longtemps. La légende raconte qu’il défia les dieux juste après son élection, ceux-ci ne lui laissèrent guère le temps de gouverner… Après sa mort, c’est José Sarney, un vieil oligarque du Maranhão qui devint président.

Deux choses pourraient toutefois éviter que Aécio Neves se rende au rendez-vous de l’histoire : son style de vie, plutôt play-boy et les “faucons” de son parti, le PSDB (social-démocrate) comme José Serra, ancien gouverneur de São Paulo.

Plusieurs fois, le jeune politicien Aécio Neves a été impliqué dans des “affaires”, comme cette nuit où il fut arrêté à Rio de Janeiro au volant de sa voiture alors qu’il n’avait pas de permis de conduire.

Il y a aussi l’historique récent de son parti, qui est aussi celui de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso (très connu à Paris, surtout dans les milieux académiques), ce dernier lança les privatisations des années 1990 sous l’égide des institutions de Breton Woods – le fameux consensus de Washington. Une pilule plutôt amère que les Brésiliens ne lui pardonnent pas.

Eduardo Campos, l’indécis… 

Eduardo_Campos_in_Brasilia_in_2010
Eduardo Campos in Brasilia, 2010

Lors des élections municipales de 2012, il est apparu comme le principal adversaire éventuel de Dilma Rousseff parce que son parti domine désormais le Nordeste du pays, fief électoral de Lula da Silva, et donc du Parti des travailleurs (PT).

A São Paulo, c’est Fernando Haddad – proche de Dilma – qui l’emporta, mais à Campinas, la deuxième ville la plus importante de l’Etat de São Paulo, c’est un proche de Eduardo Campos qui fut élu maire avec l’aide de Aécio Neves. Tiens donc!

Certains analystes y ont vu une future alliance entre les deux politiciens contre Dilma Rousseff, d’autant qu’au Brésil, on ne peut gouverner sans une large coalition autour du président.

Néanmoins, à l’heure actuelle personne ne peut dire quel sera le choix de Campos, gouverneur du riche Etat de Pernambuco. Une alliance à gauche est possible, celle à droite également. Le présidentialisme de coalition au Brésil est un véritable Frankenstein politique. Tout est donc possible. La situation la plus convenable pour Eduardo Campos serait de s’allier à Dilma en attendant 2018 pour concourir librement face à un Aécio Neves affaibli et saboté par son parti.

Marina Silva, écolo et évangélique

Il est préférable pour un pays d’avoir une mauvaise élite que de ne pas en avoir du tout”, cette phrase fut prononcée par Marina Silva en 2008 alors qu’elle était encore sénatrice. C’était aussi avant qu’elle ne soit ministre de l’Environnement sous Lula.

https://www.flickr.com/photos/redebrasilatual/4923717712/sizes/m/in/photostream/
photo by redebrasilatual on Flickr.com CC

Quelques temps après, elle quittait le PT pour concourir à l’élection présidentielle de 2011 où elle s’imposa comme une alternative politique et sociétale. Mais quelle alternative?

Cette autodidacte très respectée par les médias et jouissant d’une évidente sympathie de la population, a un agenda politique écologique très clair. Elle prône un “capitalisme vert”, “capitalisme écolo”, soit une vision plutôt moderne et responsable.

Pourtant, à côté de cette tendance moderne, elle, Marina Silva est aussi le porte- étendard des évangéliques, d’où l’emploi d’un certain discours conservateur contre le mariage homosexuel ou la dépénalisation des drogues légères.

 

¹ Habitant de l’Etat de Minas Gerais, au Sudeste brésilien. Ils sont connus pour le sens de la négociation et du compromis.

² Série de manifestations dans les années 1980, décennie fatale pour le régime des militaires, revendiquant l’adoption d’élections universelles, notamment pour celle du président de la République. Les négociations entre les élites militaires et démocratiques décidèrent l’organisation d’élections indirectes.

 


Sape et prière… belle combinaison!

https://www.flickr.com/photos/carbonnyc/143186839/sizes/m/in/photostream/
Photo by CarbonNYC on Flickr.com CC

Celle qui m’a inspiré ce titre (précisément, la première moitié) se reconnaitra parfaitement dans ce billet. En fait, j’ai réçu plusieurs conseils pour me mettre dans les meilleures dispositions lors de ma soutenance prévue pour ce 12 septembre, mais celui-ci était sans nulle doute le plus original: « sapé » et prière et tout irait bien. 

Behind the scene…

Il se peut que certains lecteurs ne sâchent pas ce qu’est la « sape » – société des ambianceurs et personnes élégantes. C’est un phénomène qui est né au Congo Brazaville, mais qui a été diffusé dans le monde grâce aux stars de la musique zaïroise telles que Papa Wemba et King Kester Emeneya. Phénomène culturel très peu rationnel ou ascétique; néanmoins, il cache une volonté de s’affirmer et de gagner une reconnaissance dans la société.

Bon, je ne sais pas si j’ai bien suivi le conseil relatif à la mode; j’ai juste enfilé une de mes plus belles chemises… bleu, le genre qu’on appelle « général », vous savez?

Quant à la prière, ma foi… c’est trop me demander. Je ne sais plus comment m’y prendre. Toutefois, je suppose que plusieurs personnes ont prié pour moi, car la soutenance s’est très bien passé dans une ambience très amicale. L’un des professeurs faisant parti du jury était une jeune femme de 26 ans, spécialiste de la démocratisation en Afrique. Respect!

Au milieu de ma présentation je m’ennuyais un peu avec les questions qui n’en finissaient plus. Il s’agissait plus de sugestions que des questions: le travail avait le mérite d’être clair et long (fatiguant aussi pour eux). J’ai préparé un résumé de 5 pages que j’ai lu en une démie heure, mon prof m’a fait un petit signe tapotant discrètement sur sa montre: notre code pour dire « acelere, amigo! ».

On m’a dit après que je n’avais pas l’air stressé malgré la solennité de l’événement. Au fond, j’avais froid. Oui, oui, froid. La « clime » me gênait un peu. Et l’eau que je buvais pendant toute la présentation n’a pas arrangé mon cas… quand on a annoncé qu’il fallait sortir pour la délibération, vous imaginez bien que j’ai couru deux étages en dessous vers les toilettes.

Patriotisme oblige…

Pour ceux à qui je ne l’ai jamais dit, il faut savoir que j’ai fait parti de la première promotion des congolais venus étudier au Brésil dans le cadre d’un programme de développement pour les « pays du sud ». Pendant toutes ces années j’ai réçu une bourse du ministère des affaires étrangères pour mes recherches, etc.

J’étais quand même chanceux. D’autant plus que je réalisais un de mes plus grands rêves, celui d’obtenir un diplôme reconnu à l’international. J’ai donc étudié dans l’une des meilleurs universités d’Amérique Latine, j’y ai côtoyé des grands professeurs venus du monde entier.

En ce qui concerne mon travail de fin d’études je me sentais obligé (moralement) d’écrire un travail sur mon pays d’origine, cela devait être une contribuition à « l’effort démocratique » engagé au Congo, d’où le thème choisi « Transition et consolidation de la démocratie en RDC ». Chacun doit contribuer à son niveau. Les blancs écrivent sur l’Afrique, toutes les universités américaines ont des centres d’études africaines, mais nous-mêmes n’écrivons pas sur nos propres pays.

Pour revenir au titre du travail, disons que plus j’avançais dans le travail plus je me rendais compte de deux problèmes: que premièrement le concept « consolidation » était pompeux et difficilement démontrable pour le cas de la RDC; deuxièmement que le nom République « démocratique » du Congo était encore plus pompeux.

Je ne crois pas avoir résolu ces deux problèmes. L’un est juridique (je parle du nom du pays) alors que l’autre est théorique. Malheureusement, les études portant sur la « transition politique » butent souvent sur cet obstacle. Le terrain est glissant pour les chercheurs car on écrit alors que les événements politiques se développent simultanément, il est donc difficile de choisir les bons concepts qui s’adaptent à la situation: transition, consolidation, démocratisation?

La bonne nouvelle c’est que mon travail a été très apprécié par le jury qui l’a recommandé pour une publication dans une revue académique. Et… et… je recevrai la médaille du mérite académique pour l’ensemble de mes études. Ah, si on pouvait avoir ce type de reconnaissance en Afrique.

Maintenant que c’est fini, je n’ai plus d’excuses pour m’évader chaque fois que quelqu’un voudra parler un peu avec moi. C’était facile avant de dire « je dois écrire, je dois lire…« .

Que dire, enfin, sinon merci à tous mes amis, à ma famille, à mes lecteurs du blog pour les sourires qu’ils m’envoient tous les jours. Merci à tous, spécialement à la personne qui a inspiré ce billet …  Bem, voilà, je suis officiellement politologue désormais.

Allez, continuez de rêver les enfants!

 


Messi explose l’Amérique, Neymar est prêt

https://www.flickr.com/photos/sitemarca/6912583029/sizes/m/in/photostream/
photo by sitemarca on Flickr.com CC

 

Suite de ma petite Chronique du Mondial 2014 qui se rapproche un peu plus et dont on commence à avoir une petite idée. Les zones de qualifications donnent leurs verdicts; certains pays, comme la France avancent, la peur au ventre alors qu’en Afrique les “requins” du Cap Vert font sensation.

Qui viendra au Mondial de 2014? Cette compétition que personne ne veut manquer quite à y faire une piètre prestation. On ne loupe pas sa qualification pour le mondial brésilien, le pays du football. Après une folle semaine des qualifications, 10 pays sont déjà qualifiés: la Hollande, l’Argentine, l’Iran, la Corée du Sud, l’Italie, le Japon, les USA, les Costa Rica et l’Australie.

Messi est bien le patron

Alors, on peut ne pas aimer le lutin argentin, le nain comme j’aime l’appeler, mais le « petit homme » répond présent pendant la phase des qualifications en Amérique du Sud. Lors de leur dernier match de cette série, Messi a littéralement explosé le Paraguay de Roqué Santa Cruz – il joue encore celui-là?

Messi était partout comme un poison qui se répand dans les vaisseaux sanguins. La pulga écrase tout sous son passage. Lors de la victoire 5-2 face au Paraguay, le capitaine argentin a été l’homme de la rencontre (encore une fois), plusieurs fois passeur, comme sur le but d’Aguero. D’ailleurs, le gendre de Maradona est réellement le meilleur partenaire de Léo côté albiceleste. Si vous n’avez pas vu son but frappe croisée entre deux défenseurs, après un service de la poitrine de Messi qui jouait en pivot sur cette action, cliquez sur la vidéo en dessous.

https://www.youtube.com/watch?v=k09jB_VWD_8

Di Maria est également en forme et dans des telles conditions je crains le pire pour les adversaires des argentins qui viendront très fort pour ce mondial surtout que los hermanos n’hésiteront pas à envahir le Brésil. Si Messi est “le messi” de cette sélection, il aura besoin de l’appui des supporters en 2014.

Neymar nargue Pepé

Mardi soir, c’était la nuit du duel entre CR7 et Neymar en prélude des clássicos à venir, mais le portugais n’a pas fait le déplacement à Boston suite à une blessure qui ne l’a pas empêché de réaliser un triplé le week-end en éliminatoire du mondial. Un journaliste proche de Cristiano Ronaldo révèle dans la presse brésilienne que la star du Real Madrid veut tout donner pour arriver au Brésil et y écrire l’histoire.

En attendant, sa seleção croisait Neymar, déchaîné comme la pulga, il plante un but digne de Messi en se faufilant entre 5 défenseurs. Stupeur à Boston! Pepé n’en croit pas ses yeux, des sales jours l’attendent avec le Real cette saison.

S’il est déjà impossible de stopper Messi, la tâche s’annonce encore plus dure avec ce nouveau tandem formé avec Neymar Jr.

Bilan de la rencontre 3-1 sans que Paulo Bento, le coach portugais ne sache par où sont entrés ces buts. C’est arrivé si vite. Mais oui, la vie passe vite, amigo.

Les surprises

Didier Deschamps ne sait plus quoi faire, il se contredit au fil des mois et la France s’en remet à Ribéry et Pogba. Pourquoi pas à Evra, car figurez-vous que le capitaine de Manchester aurait fait un discours à la pose de la rencontre face à la Biélorussie: “ça nous a motivé tout le monde”, rapportait Ribéry à la fin du match.

En Afrique, des requins veulent semer la zizanie. Le Cap Vert, porté par Platini – mais oui, Platini – ne s’arrêtent plus. La forte communauté cap-verdienne vivant au Brésil y croit et moi aussi. Franchement, s’ils parviennent à se qualifier, cette Coupe du Monde rentrera sûrement dans l’histoire du foot comme l’une des plus surprenante.

 

P.S: Le prix du meilleur commentaire de la semaine va à supporter français qui affirmait sur RTL après France-Georgie: “je vous aime bien ce soir, Praud. Finalement, comme les bleus, certains journalistes ne méritent pas non plus d’aller au Brésil”.

 


Tragédie ou farce syrienne?

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bachar_el-Assad_graffiti.jpg
Bachar el-Assad graffiti, crédit photo: thierry ehrmann on Wikimedia Commons

Au Brésil, on suit de loin mais avec intérêt les événements au Proche-Orient depuis que le président Obama a piqué sa “crise bushienne” et que son homologue français a enfilé son costume sarkozyste, promettant au monde une intervention militaire en Syrie.

Malgré mes nombreuses occupations, je me réserve un moment de la journée pour lire l’actualité syrienne largement traitée par les médias occidentaux (par là, j’entends français, anglais, espagnols ou américains); malheureusement le constant est amer. Les informations sont copiées à la ligne près… c’est souvent la même ligne éditoriale sauf quand le site espagnol ABC (qui affirme que les rebelles syriens auraient explosé eux-mêmes les armes chimiques suite à une erreur de manipulation) ou l’anglais Daily Mail décident de sortir des rangs publiant des versions moins simplistes de la crise syrienne.

On est plongé dans une véritable guerre médiatique. Pire, une guerre d’informations. Dans un tel contexte, il est difficile de se faire une opinion claire. Nous ne sommes pas des spécialistes de la Syrie, encore moins du Proche-Orient; alors laissons la parole aux experts, comme par exemple, ce brésilien qui se retrouve au “cœur de l’action” et dont je n’avais jamais entendu parlé jusqu’à jeudi passé.

Paulo Sérgio Pinheiro, président de la commission d’enquête sur la Syrie était de passage a São Paulo, où il est abordait la question militaire de la crise. Selon lui, “le rapport des forces en Syrie est équilibré avec d’un côté l’armée nationale comptant près de 100 mille hommes et d’un autre, des rebelles avec autant d’hommes; néanmoins, ceux-ci se repartiraient en 700 groupes, à peu près”.

D’ailleurs, il faut le dire, les brésiliens figurent désormais sur plusieurs fronts de la scène internationale: en R.D Congo, où un général de la FAB dirige la Monusco et plus récemment la Minusma de Gao, au Mali.

Il semble donc que les pays émergents auront de plus en plus leur mot à dire dans la gestion des conflits internationaux, d’où l’impasse dans laquelle se retrouvent les dirigeants du G20 notamment à cause de la réserve russe. Un sommet du G20 dont on ne retiendra, du côté du Brésil, que le fameux baiser entre Barack Obama et Dilma Rousseff.

O presidente Barak Obama beija a presidente Dilma Rousseff observado pela chanceler alemã Angela MerkelKote Rodrigo/EFe
O presidente Barak Obama beija a presidente Dilma Rousseff observado pela chanceler alemã Angela Merkel
Kote Rodrigo/EFe

Un autre expert américain affirme que “toute intervention ou une frappe de l’armée américaine – ou de ses alliés – dans ce pays provoquerait une réaction en chaîne dont personne ne peut assumer le risque, car une guerre civile, voir un génocide est pratiquement inévitable”. On est là dans le cas de figure où le régime Assad tomberait.

Cela fait dix ans que les américains décidaient d’envahir l’Irak. A l’époque, je regardais tout cela comme la manifestation de la super-puissance américaine, ce pays capable de déclencher une guerre et de la retransmettre en direct sur toutes les chaînes de télévision mondiales: le côté sinistre de la globalisation était en marche.

Aujourd’hui quand je revois les images de maître Vergès (paix à son âme) se moquant de la politique va-t-en-guerre de Sarkozy, je ne peux m’empêcher de sourire. A l’époque aussi on nous présentait des “preuves irréfutables”, dont on sait aujourd’hui que les armes chimiques fabriquées par Sadam Hussein n’étaient autres que l’urine de Bernard Henry Lévy (BHL), “l’homme de la République”, renversée dans des petites bouteilles que Colin Powel exhibait au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Et pourtant, on y a cru à l’époque.

On se croit malin aujourd’hui de dire que Bush avait menti. Il fallait le penser avant.

Il est maintenant certain que les américains vont frapper la Syrie pour donner l’exemple, pour dissuader d’autres tyrans. Dans ce cas de figure, il n’y a plus qu’à méditer et faire appel à la sagesse de nos ancêtres. Tiens, prenons celle de Benjamin Franklin: « Il n’y a jamais eu de bonne guerre ni de mauvaise paix ».

P.S: je ne finirai pas ce 101° article sans mentionner la plus grosse blague de l’histoire des “grandes puissances”; un membre du gouvernement français admettant devant le monde que la République attendait que le congrès américain se prononce pour décider si la France attaquerait la Syrie. Le dernier à sortir éteigne la lumière!

 

“Tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. La première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce”.

Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, Karl Marx.


Au Brésil, la république des sourds

Dr. Leo Sardenberg, médecin de l'Université de Campinas (SP) - Crédit photo: facebook
Dr. Leo Sardenberg, médecin à l’Université de Campinas-UNICAMP (SP) – Crédit photo: facebook

Le Brésil avance à petits pas vers l’échéance électorale de 2014, année où Dilma Rousseff tentera une réélection historique pour le Parti des Travailleurs.

En attendant, le pays vit dans un climat de radicalisation idéologique très stressant. Fort de son expérience de bientôt trente ans de démocratie depuis la fin du régime militaire, le Brésil doit faire face à la montée des revendications de tous ordres venant de différents groupes sociaux.

Les “manifestations de juin” sont déjà entrées dans l’histoire politique du pays.

Politologues, philosophes et sociologues essayent encore d’expliquer cette vague de citoyenneté qui a balayé le pays tel un tsunami.

La gauche se mobilise, la droite aussi.

Les médias dominants font ce qu’ils ont toujours fait: jongler entre destra e sinistra populistes selon “l’esprit du temps”.

Entre-temps, arrivent les Cubains stigmatisés par leurs collègues brésiliens qui appellent au boycott des patients qui accepteraient de se faire soigner par les médecins étrangers. Le monde à l’envers !

Ces mêmes médecins accusent le gouvernement Dilma d’autoritarisme. On croit rêver.

Il n’est décidément pas facile d’être démocrate. C’est bien une trop grosse responsabilité.

A Natal, grande ville touristique du Nord-Est brésilien, une journaliste affirmait sur son compte Facebook: “ces médecins cubains avaient l’air d’être des domestiques”. Entendez, des Noirs. On avance, n’est-ce pas?

La journaliste Micheline Borges tient des propos racistes contre les médecins cubains
La journaliste Micheline Borges tient des propos racistes contre les médecins cubains

Après la très forte répercussion des ses propos, elle a présenté ses excuses. Excuses acceptées, mais qu’elle ne pense pas qu’on croit qu’elle a subitement changé de nature.

Sur la toile, la guerre est déclarée entre les pro-Cubains (synonyme de favorable à l’accès aux soins médicaux pour tous) et leurs détracteurs. Sur son compte Facebook, la docteur Leo Sardenberg publiait une photo souhaitant la bienvenue à tous les médecins étrangers désireux de travailler au Brésil. Dans tout ça, le gouvernement Dilma se retrouve sous feux croisés.

D’où vient cette haine? Une partie de la réponse se trouve justement dans le fait que cette génération n’a aucune idée de ce qu’ont pu être la dictature, l’apartheid ou la ségrégation aux USA.

Elle est née avec tous les privilèges, dans un pays où on leur vend la perverse idée qu’avoir une opinion propre c’est avoir tout le temps raison. É minha opinião – c’est mon opinion – devient synonyme de “j’ai raison”.

Et donc, tout débat public se transforme en une discussion entre sourds. Et tout cela est trop frustrant.

La professeure Maria Eliza Miranda de l’université de São Paulo (USP), spécialiste depuis trente ans de l’éducation revient sur les raisons de cette indifférence chez une certaine catégorie sociale et ses différents groupes d’intérêt. Selon elle, cela a un rapport avec l’histoire de l’éducation publique au Brésil: “une éducation amputée des sciences humaines et de toute réflexion, une éducation technicisée dans une société racialiste, une société de privilèges”.

En 1981, la revue philosophique brésilienne faisait un triste constat lors de la parution de son premier numéro: “à partir de 1971, l’enseignement de la philosophie, a complètement disparu de nos écoles. Ce fait a sans doute contribué à l’appauvrissement de la formation culturelle de la jeunesse de notre pays. Sa capacité d’avoir une vision globale des problèmes est aujourd’hui peu développée. C’est peut-être là la plus grande faiblesse de notre système éducationnel”.

Vive la République des sourds!

P.S: la docteur Leo Sardenberg est nommée par ce blog, personnalité du mois au Brésil.


L’imbroglio bolivien et les cubains

https://www.flickr.com/photos/fiesp/7187391803/sizes/m/in/photostream/
L’ex-ministre des affaires étrangères, António Patriota, crédit photo: FIESP on Flickr.com

Bonjour les amis! Cette semaine n’est pas de tout repos pour moi car je suis sur la dernière ligne droite de mes études en science politique. Je vous parlerai peut-être prochainement de mon travail de fin d’études intitulé « Transition politique et consolidation de la démocratie en RDC ». Titre un peu ambitieux, mais pourquoi pas? Tant que ce n’est pas de l’arrogance. 

Bon, pour ce qui est de l’actualité brésilienne, la semaine a été chargée aussi. Entre l’arrivée des médecins cubains sifflés à l’aéroport de Fortaleza par des étudiantes de medecines et autres jeunes médecins, et le licenciement du ministre des affaires étrangères António Patriota, on ne sait pas vraiment où donner de la tête. Je vais donc vous dire ce que je pense de ces deux affaires.

Commençons par le cas des cubains. Je l’ai écrit ici (voir: Sortez docteur!« ) il y a quelques mois que le principal motif de cette polémique concernant l’arrivée des médecins cubains été la xénophobie doublée d’un sentiment d’hostilité à l’égard du régime des frères Castro. D’autant plus que le gouvernement brésilien a donné des garanties aux « médecins nationaux » qui n’auront pas leurs places ménacées par les étrangers. Les cubains et maintenant les autres médecins étrangers participeront de l’unique programme « Mais médicos »Plus de médecins – qui a pour objet de recruter des professionnels étrangers dans un secteur qui souffre d’une carrence avérée.

Ces dernières semaines, on a vu des médecins portugais, argentins, espagnols arrivés, mais seuls les cubains ont été victimes d’hostilité.

Il me semble que les jeunes brésiliens ne comprennent pas encore le sens de la démocratie. Avoir des droits ne veut pas dire s’acharner sur les autres, cela devient un cas d’harcèlement moral. Le problème c’est que ces médecins cubains sont pour la plus part noirs. Ils ne correspondent pas aux « critères du médecin brésilien »: blanc, chrétien, riche et « beau« .

Si les médecins brésiliens protestent contre la venue des cubains, la population, elle, applaudi car le Système Unitaire (SUS) de Santé d’en portera mieux.

L’autre point fort de l’actualité cette semaine c’est le licenciement du ministre des affaires étrangères, pivot d’une crise politique régionale. Ce dernier a été écarté du gouvernement par la présidente Dilma Rousseff après qu’un diplomate brésilien ait organisé l’entrée en territoire brésilien d’un sénateur bolivien condamné pour une affaire de corruption par la justice de son pays. Ce dernier résidait depuis quinze mois dans les locaux de l’ambassade du Brésil en Bolivie.

Or, le gouvernement Dilma s’était opposé à l’aarivée du sénateur bolivien. En organisant « sa fuite », selon les propos du chancelier bolivien, le Brésil a violé un certains noimbres d’accord internationaux.

Contrarié au plus haut point, la présidente Dilma qui ne veut pas voir son autorité mis en cheque à quelques mois des élections de 2014 a limogé son ministre des affaires étrangères António Patriota. Mardi, Dilma Rousseff a repondu au diplomate par les médias sous une folle colère, c’est dire à quel point l’incident a choqué.

Tout porte à croire que le sénateur bolivien sera rapatrié dans les prochaines semaines.


J’ai revu la filmographie de Steve Mcqueen

photo by Loren Javier on flickr.com
photo by Loren Javier on flickr.com

Entre la rédaction de mon travail de fin d’études et la préparation d’autres projets, j’ai passé ce mois d’août à revisionner la filmographie de Steve Mcqueen. La faute à Jean-Baptiste Thoret et Stéphane Bou qui animent une excellente émission sur France Inter. Cette été, ils ont consacré une émission au King of cool

Non seulement je me propose de parler du phénomène Steve Mcqueen, mais j’ai aussi décidé de commenter certains de ces films et de vous les recomander chaudement.

Comme il le disait lui-même: « je n’ai pas été mis au monde, j’ai été jeté dans le monde », Steve Mcqueen évoquait là le souvenir d’une mère qui l’avait abandonné n’ayant pas les moyens de s’en occuper toute seule. Alors, entre des passages dans des centres de redressemens pour jeunes délinquants à l’armée, Steve Mcqueen est forgé dans le fer. Une trace que l’on retrouvera dans plusieurs de ses personnages au cinema.

https://joeblack1978.deviantart.com/art/Steve-McQueen-214766444
Affiche de Bullitt, crédit photo: JoeBlack1978

Acteur  laconique, Mcqueen aurait pu faire succès à l’époque du cinema muet. Tout son corps parle, son visage dévoile plusieurs expressions selon les phases émotionnelles de ses personnages.

D’un fort caractère, il ne cachait pas son mépris pour certains acteurs très connus de l’époque, comme Yul Brynner, le fameux Ramses II aux côtés de Charlton Heston dans Les dix commandements. Malgré cette haine mutuelle que nourrissent les deux personnages, leur unique film ensemble est un succès rétentissant. Qui n’a pas vu les Sept mercenaires, cette belle reprise sous forme d’un western du chef-d-oeuvre de Kurosawa, Les sept samurais?

Le thème des Sept mercenaires reste par ailleurs légendaire. C’est vraiment ce film qui le fait rentrer dans la cour des grands car il y côtoie également Charles Bronson, Robert Vaughn et James Coburn.

Les meilleurs films

Difficile d’en choisir; et surtout sur quel critère? Je vais donc en citer quelques uns qui m’ont marqués, sans spoliers, soyez tranquiles.

 

Edward G. Robinson, image CC on Wikimedia Commons
Edward G. Robinson, image CC on Wikimedia Commons

The Cincinnati Kid: Le meilleur film jamais réalisé sur le poker. Je me suis mis à imaginer Steve Mcqueen dans « Casino Royal », la ressemble avec Daniel Craig ne vous a sans doute pas échappée. Il y a trois raisons pour voir ce film a tout prix; d’abord, pour the king of cool, ensuite pour l’excellent second rôle de Edward G. Robinson. Sa replique à la fin du filme est magistrale; une allumette en feu à la main qu’il pointe en direction de son opposant: « la vie est ainsi faite. Vous êtes très fort, mais tant que je serai là vous n’aurez que la seconde place. Il faudra vous y faire mon garçon »… enfin, la cerise sur le gateau, la bande originale du film interprétée par Ray Charles… monumental!

La canonnière du Yang-Tse: est un chef-d-oeuvre de trois heures tournée en Asie et mettant en scène les débuts de la guerre civile chinoise. Vous ne sentirez probablement pas le temps passer.

Papillon: dans ce film on voit aussi Dustin Hoffman faire ses débuts, il émerge comme l’un des futurs grands acteurs d’Hollywood. C’est un film intéressant mais pas plus, c’est surtout le casting qui attire. https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:Steve_McQueen.png

Tour infernale: je me demande combien de films ont été fait dans le monde où l’on ne voit le héro apparaitre qu’au bout d’une démie heure. Si vous en trouvez, je veux bien voir. Là encore le casting est monumental, on retouve des monstres d’Hollywood comme Paul Newman, Robert Vaughn, Richard Chamberlain (Les oiseaux se cachent pour mourir), Fred Astaire ou Faye Dunhaway.

L’affaire Thomas Crown: Faye Dunhaway était beaucoup plus jeune et moins connue avant le tournage de ce film. Steve Mcqueen aurait longtemps hésité avant de l’accepter dans ce rôle, mais le résultat est très convenable. Film policier qui montre une facette peu connue de Mcqueen.

https://www.flickr.com/photos/malaqa/8205500500/sizes/m/in/photostream/
Dans « La grande évasion » – photo by gp314 on flickr.com

Guet-apens: c’est l’un des meilleurs films d’actions avec Steve Mcqueen. Une petite annecdote entoure le mythe de ce thriller: Steve Mcqueen a entretenu une liaison avec Ali McGraw la femme du président de Paramount pendant le tournage. Ce dernier, ayant eu vent de l’affaire, demanda à ce qu’on les laissa tranquile parce que le film ne s’en porterait que mieux. The Getaway réalisa une recette de U$36,734,619.

Steve Mcqueen dans Bullitt, photo by theleetgeeks on Flickr
Steve Mcqueen dans Bullitt, photo by theleetgeeks on Flickr

Bullitt: Je parlais plus haut de bande originale, celle de Bullitt est aussi un classique. Selon la légende, ce film est l’archétype du blockbuster, c’est le modèle à suivre pour tout acteur qui veut devenir une icône mondiale. Avec Robert Duvall et Robert Vaughn (encore), Steve Mcqueen pose les fondations du mythe du héro américain, justicier et droit.

 P.S: le petit-fils de Steve Mcqueen joue dans la série The Vampire Diaries. Je ne la regarde pas simplement parce que les histoires de vampires ne m’intéressent pas.

Ne pas confondre LE Steve Mcqueen (the king of cool) avec le réalisateur noir-américain du même nom qui a notamment dirigé Shame.


La dame en rouge et le faiseur de miracles

https://www.flickr.com/photos/isaacribeiro/4891799027/sizes/m/in/photostream/
La charmante Dilma Rousseff, présidente du Brésil – Crédit photo: Isaac Ribeiro on Flickr.com

Une nouvelle rubrique sur ce blog portera sur les évenements les plus insolites au Brésil.  Il sera également question de quelques phénomènes culturels typiques du pays de la samba. Aucune logique n’est recherchée, il s’agit tout simplement de selectionner, chaque mois, deux ou trois choses qui me paraissent hors du comum ou curieuses.

Pour débuter, j’ai choisi deux faits qui, ma foi, ont tout de même un rapport l’un avec l’autre, car les principaux personnages de ce billet se sont rencontrés récemment.

La dame en rouge

https://www.flickr.com/photos/dilma-rousseff/4661314384/sizes/m/in/photostream/
Image: Flickr.com CC

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais la présidente du Brésil utilise rarement une autre couleur que le rouge. Et croyez-moi, ce n’était pas dans ses habitudes à l’époque où elle était le chef du cabinet du président Lula. Dilma Rousseff multiplie les sorties publiques et les voyages internationaux, cependant le rouge de sa veste ne la quitte jamais.

Mais remarquez, son styliste a de la suite dans les idées vu que pour chaque aparition publique, le modèle de la veste change comme on peut le voir ci-dessous. Regardez surtout le col de la veste et la manche qui apportent à chaque fois un petit détail différent.

Dilma Roussef via Wikimedia Commons, CC
Dilma Roussef via Wikimedia Commons, CC

Y-a-t-il une explication pour le choix de cette couleur? Côté communication, cela pose-t-il un problème?

De prime abord, je dirai qu’elle porte les couleurs du Parti des travailleurs (PT) appartenant à la gauche progressiste brésilienne. Tout s’explique alors? Et bien, pas tant que ça car Lula ne mettait jamais du rouge, à part quelques rares cravates, mais ce n’était pas sa règle d’or. Cela a peut-être un rapport mais son équipe de football préférée, Internacional de Porto Alegre porte également le rouge? Elle n’est peut être pas la femme la plus influante du monde, mais c’est certainement la plus élégantes des femmes dirigeantes (quoi qu’une certaine jamaicaine ne me laisse pas totalement indifférent). Dilma Rousseff a un status de brésilienne à défendre tout de même.

https://pt.m.wikipedia.org/wiki/Ficheiro:Dilma_Rousseff_and_Barack_Obama_2012.jpg
Dilma Rousseff and Barack Obama 2012, CC on Wikimedia Commons

Simple question esthétique, donc? Il faut avouer que le rouge lui va bien, même si à long terme on pourrait s’en lasser. De toute évidence, celle qu’on appelle affectuesement ici « Dona Dilma » ne passe jamais inaperçue où qu’elle aille… qui peut passer à côté d’un rouge si vif?

Touché par la grâce

Je disais dans un article sur la venue du Pape François aux JMJ qu’il avait opéré au moins deux miracles et qu’il était bien parti pour se être canonisé par l’un de ses successeurs. Le moins que l’on puisse dire c’est que la tendance se confirme.

tTiens, elle était en bleu pour la visite du Pape. Un autre miracle de l'argentin?  Crédit photo: Blog do Planalto on Flickr.com CC
Tiens, elle était en bleu pour la visite du Pape. Un autre miracle de l’argentin? Crédit photo: Blog do Planalto on Flickr.com CC

Depuis son passage au Brésil, le Pape François a complètement changé l’attitude de certains politiciens ici, certains allant même jusqu’à le déclarer ouvertement. C’est le cas du gouverneur de Rio de Janeiro, Sergio Cabral qui a affirmé « avoir été touché par le Pape, et qu’il avait décidé d’être plus humble en écoutant un peu plus le peuple ». Etonnante affirmation de celui dont la maison été assiégée depuis des mois par des manifestants, avait-il du coton dans les oreilles? Le Pape les a peut-être rétirés par un miracle qui sera bientôt confirmé par le Vatican.

 Crédit photo: Semilla Luz on Flickr.com CC
Crédit photo: Semilla Luz on Flickr.com CC

En général trés conservateurs, les autorités de Rio et São Paulo font volte-face sur les principaux dossiers brullants, notamment l’organisation des JO et du mondial qui coûtent une fortune aux coffres publiques.

Récemment, c’est le maire de Rio qui a déclaré que « l’organisation des JO à Rio de Janeiro était absurde! »(video) Alors, lui aussi touché par la grâce?

 


Polémique après le pardon de la dette congolaise par le Brésil

Dilma Roussef via Wikimedia Commons, CC
Dilma Roussef via Wikimedia Commons, CC

Les temps changent. Au Brésil, il passe plus vite qu’ailleurs on dirait. Au début des années 1990 ce pays s’enfonçait dans le gouffre d’une dette internationale dont on ne savait que faire. Le Consensus de Washington, avec ses politiques d’austérité, avait détruit l’effet de croissance de toute l’Amérique Latine mettant l’Argentine à terre alors que les Brésiliens tremblaient devant une catastrophe économique annoncée.

Pourtant, vingt ans plus tard, le Brésil a liquidé ses dettes avec le FMI et la Banque Mondiale, devenant au passage l’un des bailleurs de fonds. Dilma Rousseff a annoncé dans la foulée l’annulation de la dette de 12 pays africains dont la RDC, une dette qui s’élève pour l’ensemble de pays à 900 millions de dollars.

L’affaire a provoqué une petite polémique dans les milieux spécialisés (voir ici).

Ces dernières années, le Brésil a radicalement changé sa politique vis-a-vis de l’Afrique et de l’Amérique Latine, notamment par des programmes d’études universitaires, d’échanges culturels et autres. Dans le cadre de cette diversification de son économie, l’ouverture à l’Afrique est une excellente opportunité. Il faut rappeler que le premier partenaire économique du géant des Brics est la Chine.

Selon le sociologue Pedro da Motta Veiga, le Brésil devrait, je cite “regarder de plus près la qualité politique des gouvernements pour lesquels ce pardon de la dette s’adresse. La projection internationale du Brésil en Afrique est souhaitable, les bénéfices économiques pour les entreprises brésiliennes sont réels, mais ces gouvernements là sont-ils légitimes et démocratiques ?”.

Une importante partie des spécialistes critiquent donc cet aspect de la coopération sud-sud lancée par le Brésil. Je dois avouer que cela m’interpelle pour le cas de la RD Congo dont la dette a également été pardonnée.

En même temps, on sait que pour le Brésil il s’agit de faire face à la pression chinoise dans le continent illustrée par la construction de ce stade au Gabon, ou du palais omnisports au Cameroun. Néanmoins, les spécialistes alertent que se lancer dans une guerre d’influence contre la Chine serait suicidaire pour le Brésil.” Une guerre perdue d’avance.

Il est important qu’ici aussi un débat public soit engagé sur l’opportunité de pardonner ces dettes à des pays autoritaires comme la RDC, par exemple. Pour un expert de la Royal African Society de Londres, le pardon de la dette ne change pas grand chose car les pays bénéficiaires continuent de pratiquer les mêmes politiques corrompues d’avant”.

Malgré la ferveur du débat dans la presse brésilienne (et peut-être congolaise) on est loin de croire que la vie des congolais aura fondamentalement changé même après ce pardon. Car comme le dit cet expert britannique, la RDC demeure ce “grand trou dans le cœur de l’Afrique, un pays incapable de développer les fonctions normales d’un Etat…”

 


Homosexualité: le double jeu de Rede Globo dans Amor à vida

https://www.maceio40graus.com.br/noticias/novela/4783/2013/05/24/salve-felix-mateus-solano-rouba-a-cena-na-maravilhosa-semana-de-estreia-de-amor-a-vida
Mateus Solano dans le rôle d’un homosexuel assumé

Que dire lorsqu’une chaîne de télévision réputée conservatrice et très attachée à l’église catholique brésilienne s’engage dans la promotion de la tolérance entre différentes sexualités, en l’occurrence envers la communauté homosexuelle? 

On change de politique pour mieux les berner…

Cette saison, sur la toute puissante Rede Globo – plus puissante que CNN étant donné son monopole sur le marché national – nous avons droit à une télénovela riche en couleurs qui relance le débat sur l’homosexualité au Brésil, le mariage et l’éducation des enfants.

Je dois dire que normalement, la chaîne a toujours eu une position tranchée en la matière, défense des valeurs de la famille, de la tradition catholico-chrétiennes, et j’en passe. Toutefois, nous vivons des temps nouveaux. Il faut s’adapter à son milieu social même lorsqu’on s’appelle Globo.

Et forcément, le thème de l’homosexualité vient frapper à notre porte. Amor à vida (siteweb), que l’on pourrait traduire comme la Joie de vivre ou Aimer la vie (je sais pas, c’est selon) est l’histoire d’un couple issu de la classe A (entendez riche-et-très-riche) dont le mari est un « homosexuel camfouflé » cherchant à préserver la réputation de sa famille. Il a un fils de presque 10 ans et se doit de garantir pour ce dernier une structure familliale selon les standards brésiliens c’est-à-dire, de ceux d’une « bonne famille ».

Il faut savoir que la famille, cette institution sociale qui peut paraître anodine pour ceux qui ne sont jamais venus au Brésil, jouit d’un prestige non négligeable. Pas comme en Afrique. Non, dans une société basée sur le status social et le privillège que cela apporte, la famille est au dessus de tout, y compris de aspirations individuelles, de l’Etat et de la démocratie (dois-je rappeler que la dictature brésilienne de 1964 a été acclamée par plus de 100 mille personnes pendant les grandes marches de la famille avec Dieu?). Tout le dilemme de ce personnage sera donc de trouver un moyen d’équilibrer ses aspirations personnelles avec l’honneur de sa famille.

Des couples reconnus et riches dont l’époux est homosexuel, il y en a des tonnes au Brésil, selon les mauvaises langues. Mais jamais cela n’a été abordé avec une telle ampleur par Globo, d’autant plus que la chaîne appartient à l’une des familles les plus catholiques, conservatrices, riches et puissantes du pays. Et au Brésil, on considère en générale que les grandes familles ne sont pas affectées par des « comportements déviants ».

Que prétend donc Globo avec ça?

En plus, même le thème de l’homosexualité dans le football refait surface au moment où des « soupçons » sur un ancien joueur du PSG apparaissent dans les médias. Celui-ci aurait une relation homo-affective avec un journaliste vedette de… Globo, justement! Le sujet dérange pour le moins. La justice s’en mêle en interdisant aux médias de relayer l’affaire.

Alors que certains sociologues et spécialistes de l’éducation se félicitent du courage des producteurs de Globo, moi je m’interroge sur la manière dont le sujet est abordé.

L’éfféminé satirique de toujours

Rafael Zulu dans la novela Ti ti ti, Imagem: OFuxico.com
Rafael Zulu dans la novela Ti ti ti, Imagem: OFuxico.com

Lorsqu’une novela brésilienne traite de l’homosexualité on s’attend toujours à revivre certains clichés: le personnage est noir, jeune, styliste et éfféminé. C’était le cas de Rafael  Zulu (à gauche) dans la série Ti ti ti de très bonne qualité au passage. Bon, il arrive qu’il soit blanc, mais ce n’est plus à la mode. Sa principale caractéristique c’est qu’il est naturellement un bel humoriste, pas trop sérieux, grotesque presque. C’est toujours un type à prendre au second degré, il fait rire même quand les sujets sont sérieux. Voyez vous-même le jeu de l’acteur Iran Malfitano dans A Favorita, une série à succès de 2008.

 

https://www.youtube.com/watch?v=Fuwd-3UgEzI

Pour revenir donc à Amor à Vida, le personnage central fait un père de famille plutôt distant envers son fils, absent et travailleur acharné. Il n’assume pas son homosexulité pour préserver sa famille d’un scandale, mais dès lors qu’il « sort de l’armoire » le voilà revêtu de ces fameux clichés: bête, efféminé (par un tour de magie que j’ai encore du mal à comprendre), à croire que les homosexuels sont obligés d’avoir un comportement féminin. C’est entendu, je peux me tromper, mais je ne crois pas que l’homosexualité soit l’expression d’une necessité pour certaines personnes d’adopter une « identité féminine » réfoulée. Tenez, Ian McKellen par exemple, je ne le vois pas forcément afficher ce comportement qui tend à ridiculiser les homos.

Et puis dans cette télénovela, on nous montre un type qui n’a jamais été affecteux envers son fils jusqu’à ce qu’il assume son homosexualité. Il devient plus libre, pour ainsi dire. Mais là encore, j’ai vu un raccourci dans la construction du sénario. Tout ça est trop forcé. Que je sache l’affection envers ses enfants n’a rien à voir avec le fait d’être homosexuel ou hétérosexuel.

La vérité c’est que Globo n’a pas changé, ils sont toujours les conservateurs catholiques d’antan, c’est la société qui est en constante mutation, particulièrement la scène politique où les associations d’homosexuels sont de plus en plus mobilisées et organisées. Personne ne peut plus se les mettre à dos. Depuis le manifs de juin, on sait que Globo peut retourner sa veste quand cela l’arrange.

Bref, cette novela me gène beaucoup et je doute qu’elle fasse avancer la cause de la tolérance et de l’égalité entre les Hommes.

 

 P.S: Il faut que je le précise, je ne suis pas contre l’homosexualité, ce n’est pas mon rôle. Je defends les libertés individuelles, notamment celles des minorités. Toutefois, je crois que cette série télé s’approprie du phénomène d’une façon beaucoup trop simpliste et stéréotypée.


Rentrée estivale pour Dois Africanos

Izy Mistura et Big Le rebel en concert
Izy Mistura et Big Le rebel en concert

Le succès arrive enfin…

Depuis la sortie de leur clip “Eu sou de lá” la vie des Dois Africanos a quelque peu changé, raisonnablement tout de même car il y a aussi la fac a gérer mais de plus en plus le regard des personnes dans les rues change, dans les cafés, les bars, on les reconnait tout de suite, on leur demande des photos. Pas étonnant, car il suffit de voir sur Youtube que Eu sou de lá flirte désormais avec la barre des 50 mille visualisations en deux mois de publication.

Les deux jeunes artistes ont pris une nouvelle dimension, ils sont l’événement musical de l’été dans l’Etat. Tous les jours, ils sont sollicités pour des interviews sur toutes sortes de médias; internet, radio ou télévision (Photos)

Je l’avoue, ils ne laissent pas les femmes indifférentes. D’ailleurs, c’est le lot de toutes les stars.

Izy, il est beau n’est-ce pas?” Combien de fois me faudra-t-il repondre à cette question à la fin. Ma reponse est la même à chaque fois: “aucun homme n’est beau pour moi, sauf un steward que j’ai vu dans l’avion de TAM”. C’est le chouchou de ces dames sans aucun doute, il a ça en lui, la star attitude.

1003523_501159803300147_151306838_n
Dois Africanos avec l’équipe de télévision UFPB

La nuit du vendredi…

Vendredi soir, je téléphone Biggy: “hey man, je peux passer chez toi avec une amie?”

– je suis en plein répétition là, mais vas-y m’attendre, je reviens dans une heure.

Une heure plus tard les voilà qui poussent brutalement la porte de l’appartement qu’ils louent dans un quartier de classe moyenne à João Pessoa; c’est non loin de chez moi. Tout de suite, on sent que Biggy est dans la pièce, son énergie contamine la Tour de Babel qu’est devenu son apê (c’est le diminutif d’appartement ici). On y parle toutes les langues possibles: l’anglais, le français, le portugais, lingala, le fon, le mina; on n’y risque même l’italien – une passion que je partage avec Izy.

 

Il est 22 heures et samedi c’est leur grande rentrée artisitique dans la capitale de Paraíba. Il viennent de faire cette mini-tournée au sudeste du pays, à Rio où ils se sont produits dans plusieurs endroits à l’occasion de la fête d’indépendance du Bénin. L’ambassade les avait invités.  On aborde tous les sujets: politique, sous-développement en Afrique, le talent de guitariste de Jimi Hendrix et de Docteur Nico Kasanda, les rythmes musicaux de Côte d’Ivoire et leur ressemblance avec le Soukous congolais, le Ramadan au Brésil… on ne voit pas le temps passer.

Jusqu’au moment où Biggy se retire pour parler avec son grand-père. Il faudra lui demander après d’en parler. On se quitte donc, mais rendez-vous le 10 août pour ce fameux concert.

A l’Espaço Mundo…

Espaço Mundo à João Pessoa, crédit photo: Leonardo Accioly Fotografia
Espaço Mundo à João Pessoa, crédit photo: Leonardo Accioly Fotografia

 

Au Brésil quand on vous dit qu’un concert commence à 22 heures, ne soyez pas pressé d’y aller. C’est donc à 23 h 30 que j’arrive à l’endroit prévu avec un groupe d’amis brésiliens, l’endroit est déjà pris par plusieurs centaines de personnes décidées à se défouler, la plus part d’entre eux sont des jeunes étudiants. Les cours vont très fort en cette période d’examens, ce concert tombe donc à pic. L’Espaço Mundo est un bâtiment historique comme il y a en a des centaines dans le centre de la ville, l’endroit est très fréquenté par des groupes de rocks, samba, pagode ou forró. Mais ce soir, l’évenement c’est bien ce concert hip hop de Biggy et Izy qui se font déjà attendre.

Marek Lloyd
Marek Lloyd

Mais la stratégie des organisateurs était bien celle-là: chauffer le public avec quelques morceaux choisis et surtout avec un jeune rappeur togolais – que je savais blogueur –, Marek Lloyd. Cette soirée s’annonce différente de toutes celles qu’on a connues ici. Dès les premières rimes de Lloyd, je peux clairement distinguer une voix à quelques mettres dire : “ele manda bem geral” (il déménage grave ce gars). Le ton est donné, les brésiliens savent à quoi s’en tenir, mais se doutent-ils vraiment de l’ampleur de ce qu’ils vont voir ce soir?

Crédit photo: Thercles Silva l Fotografias
Crédit photo: Thercles Silva l Fotografias

Il est plus de minuit, le DJ tient le public en attendant l’arrivée des deux chanteurs, l’ambiance est folle, on peut même écouter une version plutôt originale de Billie Jean, après quoi le DJ fait délirer tout ce beau monde – moi y compris – lorsqu’il joue du Azonto… A ce moment là, j’abandonne mes airs sérieux d’intelectuel désoeuvré et je saute, crie et risque quelques pas que j’ai vus dans le clip. Ensuite Pertnaz, un rappeur de la place qui collabore avec le duo africain, entame son show d’improvisation.

Ça y est, la salle est chauffée au charbon et Dois Africanos enfin font leur entrée sur scène. Et c’est encore un moment à part. Auparavant, le rideau s’était fermé masquant le podium surrélevé à presque trois mettres de hauteur de l’endroit où se tenait le public. Lorsqu’il s’ouvre enfin, on voit un Biggy imposant vêtu d’un boubou rouge et coiffé d’un gobi, une espèce de bonnet qu’affectionnait Eddy Murphy dans Un prince à New York. Izy Mistura s’est également mis en mode boubou –  pour lui ce sera le bleu. Ils sont dos au public et la salle comble est transcendée par leur aura. Oui, Biggy impose sa présence où qu’il soit et ce soir ses pouvoirs sont multipliés par dix (je l’ai vu la veille invoquer son grand-père pour lui donner des forces supplémentaires).

crédit photot: Thercles Silva l Fotografias
crédit photot: Thercles Silva l Fotografias

DJ Alf “lance les hostilités” mais le duo ne dit encore aucun mot. Biggy est figé tel un monument, les yeux fermés, ses lèvres s’ouvrent à peine et on imagine seulement cette petite prière qu’il improvise avant de gratifier son public de tout son talent de rappeur. A ses côtés, le moins spirituel – mais tout aussi captivant – Izy est très concentré. Je dévine alors qu’il sortira sa meilleure voix ce soir.

Et puis c’est finalement parti avec “Primeiro passo”. A João Pessoa, certains de leurs morceaux sont déjà sur toutes les lèvres, le public chante donc avec eux. La chanson raconte leurs premiers pas au Brésil, les difficultés, le défi relevé puis remporté car ils sont intégrés et adoptés par tout un peuple. Moi, j’attends toujours mon tube préféré, Eu vou cantar (Je vais chanter) c’est une de ces chansons dont les paroles n’importent presque pas dans la mesure où le rythme est excellent et l’arrangement très réussi. Il arrive après quatre jolis morceaux. Personne n’a eu le temps de souffler et là, il faudra sortir ses dernières forces (même pour le public). Après tout, il faut être à la hauteur de cette chanson. C’est tout de suite la folie, les paroles sont simples, sobres et disent à peu près ceci : “eu vou cantar, você vai dançaaar… dançaaar, comigo” (Je vais chanter, tu vas danseeer… danseeer avec moi). Pour moi c’est l’apothéose de la soirée. Malheureusement, il ne m’ont pas entendu crier “biiiiisssss!!!”.

 

J’avais tout fait pour me placer aux premiers rangs, mais subitement je me retrouvais derrière cinq ou six lignes. Des jeunes filles avançaient à la queue leu leu, bousculant tout ce qui se trouvait entre elles et Izy Mistura. Bien au dessus de nos têtes, celui-ci ne se doutait pas que ces filles – littéralement à ses pieds – avançaient comme tétanisées, hypnotisées et aimantées par son charisme venu tout droit du Togo… elles avaient la tête levée et ne regardaient guère où elles posaient les pieds. Finalement elles y étaient, au premier rang, juste en dessous du podium.

Dix morceaux plus tard, on peut enfin souffler. Le concert est terminé et tout le monde veut sa photo avec Dois Africanos, ils veulent tous monter sur le podium, mais à peine certains y parviennent. Rien de grave, puisque quelques minutes après, les deux chanteurs sortent des coulisses pour complimenter les fans. Chacun est enveloppé dans son drapeau national, ils veulent toujours passer ce message qui dit leurs origines.

C’est finalement une soirée réussie à laquelle nous avons participé. La nuit est avancée, il faut maintenant se séparer. Après une dernière photo qu’on prend ensemble, Biggy me souffle qu’il rentre se reposer chez lui. C’est avec cette promesse faite à moi-même que je prends le bus qui me ramène enfin chez moi: “je ne perderai pas leur prochain concert”. 

 


Top 10 des meilleurs films sur la mafia

marlon_brando_robert_de_niro

C’est un des phénomènes les plus anciens et les plus répandus de l’histoire, les organisations secrètes qui excellent dans le crime. On les connait comme la « mafia », mot d’origine espagnol même si c’est en Sicile qu’elle construira sa légende.

Même le cinema n’y échappe pas, certains réalisateurs comme Martin Scorsese etMichael Mann ou Brian DePalma sont passés maîtres en la matière. Il y a aussi ces acteurs dont les rôles de briguant collent à la peau comme Gandolfini et Joe Pesci. Je propose ici, mon top 10 des plus beaux films sur la mafia:

1. Goodfellas: Probablement le meilleur rôle de Ray Liotta qui ne m’a jamais convaincu comme acteur (un peu comme Andy Garcia d’ailleurs). C’est entouré d’excellents acteurs qu’il arrive à s’exprimer sans faire dans le pathétique qui le caractérise souvent.  Sous la direction de Martin Scoresese, Robert de Niro, Joe Pesci et Ray Liotta nous emporte dans le monde sombre (et désormais légendaire) de la famille Lucchese.

2. The Godfather I et II: je préfère le deuxième épisode pour plusieurs raisons, mais surtout pour sa construction en flashback mettant en scène pour la première fois Robert de Niro et Al Pacino dans un même film. Pour ceux qui ne le savent pas, dans « Le Parrain » les deux acteurs ne se donnent pas la réplique, mais il y a tout de même un fondu au milieu du film où l’on voit au même moment sur l’écran Pacino et De Niro. C’est Michael Mann qui réunira définitivement les deux stars dans Eat avec des échanges légendaires.

3. Get shorty: Pour le casting de rêve ou pour rire toute la soirée avec sa petite amie (je doute qu’elle n’aime pas), il n’y a pas mieux. John Travolta, Dennis Farina (décédé cette année), Gene Hackman, Danny de Vito, Jane Fonda (discrètement) ou James Gandolfini. Le film est une autodérision d’Hollywood montrant le côté mafieux qui entoure la production de certains films. A la fin difficile de dire la part de vérité, mais bon, l’important c’est d’admirer ses grands acteurs se donner à 100 %.

4. Les Infiltrés: Léonardo Dicaprio est pour moi l’acteur le plus imcompris d’Hollywood, et aussi le plus talentueux de sa génération. Il suffit de voir ces différents rôle en commençant par Blessures sécrètes, Titanic, Shutter Island juqu’aux Gangs of New York etThe Great Gatsby. Il n’a jamais remporté un Oscar, quelle inustice. Son rôle dans Les Infiltrés est de ceux qui mériteraient la statuette.

5. Donnie Brasco: Pacino est dans tous les bons coups, Jonny Depp aussi (sauf quand il fait un film avec Angelina Jolie). J’ai revu ce film il y a moins d’un mois, et c’est un vrai régal. C’est l’histoire vraie de Joseph Pistone, un agent du FBI infiltré dans la mafia italienne. A voir obligatoirement.

6. American Gangster: ce film me rappelle une scène du Parrain I où l’un des chefs de famille s’oppose à la participation des noirs américains dans les « affaires »: « ils ne respectent rien », dit-il. « Ils venderaient de la drogue même aux enfants devant les écoles »American Gangster est justement l’histoire d’un noir américain sans scrupule qui fait une ascension météorique dans le milieu mafieux de New York en y imposant une nouvelle drogue importée d’Asie. Réalisé par Ridley Scott, on y retrouve notammentDenzel Washington (Frank Lucas) et Russel Crowe, que demander de plus?

Nucky Thompson, Crédit photo: Leo Reynolds on FLICKR.COM
Nucky Thompson, Crédit photo: Leo Reynolds on FLICKR.COM

7. Boardwalk Empire: La saga de Nucky Thompson, gangster pendant les années 1920 et accessoirement politicien. Pendant les dures années de la « prohibition » aux Etats Unis, plusieurs groupes mafieux veulent profiter de l’opportunité pour s’enrichir. Italien et irlandais s’entretuent pour l’hégémonie dans ce commerce illicite. On retrouve dans cette série produite par HBO (en passant, c’est HBO qui en ce moment réalise les meilleures séries US) avec l’imposante participation de Martin Scorsese. Des personnages pittoresques comme cet ancien combattant défiguré par des éclats de grenade, cruel, mais très tendre et fidèle envers ses amis. C’est peut-être le seul vrai héro de la série. Une série qui mérite largement de figurer dans ma short liste.

P.S: j’ai exclu The Untouchables de ma liste parce que je trouve ce film plutôt simpliste, comme plusieurs films de Brian DePalma – je demande pardon aux plus sensibles.

8. Casino: Encore une fois, Robert de Niro et Joe Pesci se donnent la réplique dans un film sur la mafia, mais pour le coup je trouve que c’est celui qui les met un peu plus en valeur. Bon, il y a aussi caution féminine, le bonus quoi, car Sharon Stone ne dira pas que ce soit le rôle de sa vie. Disons que sa participation est acceptable. Alors, le film est l’histoire intéressante de l’ascension de la mafia à Las Vegas (il faut d’ailleurs voir la série télé Vegasqui revient sur le même contexte). Blanchiment d’argent, assassinats, corruption, tout y est. L’un des films le plus réussis de Scorsese.

9. Thief: Michael Caan fait parti d’une génération d’acteurs en voix de disparution, c’est surement pour ça que j’aime revoir certains films des années 1980 et bien avant. Charismatique comme quand il interprétait Sonny Corleone dans The Godfather, il est cette fois-ci dans le rôle principale grâce à Michael Mann (producteur de la série culteDeux flics à Miami). Là je vais vous surprendre, j’ai revu ce film en espagnol il y a quelques jours parce que je ne trouvais aucune version française ni portugaise: le résultat est tout aussi splendide. Signalons que Willie Nelson y fait une breve apparition.

10. Killing them softly: le dernier film de James Gandolfini qui n’y aura pas laissé une empreinte innoubliable, mais j’aime cette production parce qu’il rompt avec la tradition trop glamour de ce genre de films. On y voit une mafia en crise dans une amérique en crise. Quoi de plus réaliste. La dernière scène du film est absolument délicieuse…

P.S: Et puis, il ne faudra surtout pas perdre « John Gotti » qui devrait sortir dans une année ou deux aux USA. Enfin, pour ne pas faire des jaloux, comme bonus, voici l’un des plus grands flops du genre à mon sens: le film français « Un prophète » sorti en 2009 en France.

Pour ceux qui s’intéresseraient à un abordage plus sérieux du phénomène, je propose d’écouter (ici) une émission que Pierre-Eduard Deldique (RFI) a consacré aux mafias.


La dangereuse excursion du FC Santos

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Neymar_Barcelona_presentation_2.jpg
Neymar Barcelona presentation, crédit photo: Basc catala on Wikimedia Commons

Le football est un sport incroyable. Il y à peine un mois l’image du football brésilien était au sommet du monde grâce à l’écrasante victoire de la Seleção face à la Roja (qui n’est plus la fúria) en Coupe des Confédérations. Hier, vendredi, le F.C Santos, en quête d’argent est allé gentiment se placer dans l’abattoire du Camp Nou. 

Le site internet de la chaîne Espn Brasil monstrait son désarroi par un sévère « Constragedora! » – honteux – . Pour parachever le transfert de la star Neymar vers le F.C Barcelone, les deux clubs ont prévu de réaliser un  match amical cet été afin de permettre à « l’ancienne maison » de Neymar de gagner un peu plus d’argent. Certains journalistes affirmaient que c’est une belle manière de « couvrir » le véritable coût du transfert de Neymar (qui dépasse les 50 millions, selon eux).

Lá vai o Barça de novo!*

Rien de plus dangereux pour l’image d’un club que de se prendre une fessée de 8-0 quand on prétend évoluer au plus haut niveau. Hier, on avait l’impression de voir un match entre une équipe de football et des Kamikazes, car les brésiliens n’ont fait que plonger devant les boulets de canons catalans quitte à se les prendre en pleine gueule. Lamentable!

L’excursion qui devait rapporter des millions au FC Santos a pris l’allure d’un effroyable génocide tant la bande à Messi était sans pitié.

 

C’est l’image de tout le football brésilien qui en a pris un coup. Il ne faut pas non plus demander à Felipão de jouer tout le temps au pompier… Il éteint l’incendi qui perdurait au sein de la seleção et voilà que Santos décide d’en rajouter.

Pauvre Neymar, il a dû avoir bien de mal à avouer à ses nouveaux coéquipiers que ces kamikazes là étaient ses partenaires deux mois plus tôt.

 

* « Et encore une attaque du Barça »la phrase de la soirée amèrement répétée par le journaliste vedette Galvão Bueno.


Brésil: pas prêt pour un président noir

https://www.edsonsombra.com.br/post/dilma-vai-a-posse-de-joaquim-barbosa-na-presidencia-do-supremo
Photo: Blog Tribuna da Internet – 20/11/2012

Aujourd’hui, je voudrai revenir sur un personnage important de la politique brésilienne; j’en ai parlé lorsque ce blog a démarré en 2012. Noir, président de la Cour Suprême de Justice, Joaquim Barbosa est le chouchou des médias, l’ogre de la gauche radicale et de temps en temps, l’épine sous le pied de Dilma Rousseff. 

Ce lundi 29 juillet, le ministre Joaquim Barbosa déclarait que « le Brésil n’était pas encore prêt à voter pour un président noir ». Pas faux. Mais cela est aussi le signe de la grande complexité de la société brésilienne, d’un côté vous avez une société hautement machiste capable d’élire une femme à la présidence de la République, et de l’autre une société métissée incapable d’offrir les clefs du Palácio do Planalto à un noir.

Le personnage adore les polémiques, toujours dans les bons coups médiatiques surtout depuis sa chasse à l’homme contre la corruption lors du symbolique procès du mensalão qui l’a définitivement brouillée avec le Parti des travailleurs (PT) de Lula. Sa dernière sortie médiatique en présence de la présidente Dilma a fait l’effet d’une bombe. C’était le jour de l’arrivée du Pape François, à l’aéroport de Rio de Janeiro… Le président de la Cour Suprême ignore Dilma Rousseff, serre la main du Saint-père et passe à côté. Voyez plutôt…

Normal, on pouvait s’y attendre depuis les prises de becs par médias interposés entre Joaquim Barbosa et la classe politique brésilienne.

Il jouit d’une énorme popularité chez les pauvres et je dirai la classe moyenne. Ayant fait des études brillantes à Brasília (puis en France) sans l’aide des politiques de quota – les affirmatives actions – , il n’hésite pourtant pas à se définir comme une exception.Joaquim_Barbosa_durante_o_julgamento_do_mensalão_2012

Le problème n’est pas que racial. Même s’il se portait candidat, Joaquim Barbosa n’a aucune base politique; et si d’aventure il était élu, ce serait encore plus difficile de se maintenir au pouvoir sans une base parlementaire. En plus, la candidature de Barbosa ne servirait qu’à diviser une base électorale qui normalement vote pour le PT, soit les brésiliens plus pauvres.

Les médias conservateurs aimeraient en faire un candidat en 2014 et profiter de sa popularité, un atout dont ne dispose plus le Parti Social Démocrate (PSDB), mais Joaquim Barbosa ne prétend pas se frotter au PT, donc à Lula. C’est ce dernier qui l’avait nommé à la Cour Suprême. Je ne vois pas Joaquim Barbosa prendre le risque de déposer sa confiance en ces mêmes médias qui ont porté Fernando Collor à la présidence au début des années 1990 avant de le faire éjecter deux ans ans plus tard.

Le ministre Barbosa est plutôt de ceux qui défendent un pouvoir judiciaire plus puissant au Brésil, surtout depuis que le législatif et l’exécutif se sont discrédités par les scandales de corruption. Ce n’est donc pas un fervent partisan du balance of powers cher à Montesquieu.

Le fait est que, le ministre Barbosa emploie des tactiques populistes, or cela n’a jamais fait de bons princes.

 


Pape François: eau bénite et spray au poivre

 Crédit photo: © Facebook de  Associação Brasileira de Ateus e Agnósticos.
Crédit photo: © Facebook de Associação Brasileira de Ateus e Agnósticos.

C’est dans un contexte pour le moins tendu que notre cher Pape François est arrivé au Brésil. Après les violentes manifestations du mois de juin, les autorités brésiliennes appréhendaient la réception réservée au pontife argentin.

Il faut dire que le Brésil change, car le football, la samba et la religion semblent avoir perdu leur effet anesthésiant sur la population. Ni même la Coupe de Confédération n’a pu contenir la colère des millions de brésiliens indignés par l’indifférence et la corruption de la classe politique.

Avant l’arrivée du Pape François les appels aux manifestations se sont multipliés sur les réseaux sociaux.

Mais il y avait également les optimistes, ceux qui attendaient la venue du pape argentin comme celle du messie, ironie de l’histoire quand on sait la rivalité légendaire entre les deux pays sud américains.

 

Ces deux messages twittés révèlent bien tout le paradoxe qui entourait l’arrivée du Pape aux JMJ : il y aura eu d’un côté les croyants et les sympathisants, ceux qui recevront l’eau bénite du saint père, et de l’autre les vândalos t reçus par les forces spéciales de la police de Rio de Janeiro. Si vous n’avez jamais vu ces gaillards en action, je vous conseille vivement le très bon film « Tropa de elite ».

Disons juste que ce pape là aura déjà produit un beau miracle; car être accueilli en grande pompe par les brésiliens (autorités et population) pour un argentin, c’est un but marqué à l’extérieur… Il compte double! François a donc déjà parcouru la moitié du chemin qui mène à la canonisation.

En parlant de miracle, le pape a été reçu à Rio par des supporters du club de football Fluminense (c’est là qu’évolue Fred, ex-Lyon), mais cela ne l’a pas empêché de s’afficher avec Zico, idole du Flamengo… Le tout sans s’attirer les foudres de deux torcidas. On le savait déjà supporter des San Lorenzo d’Argentine, mais là le jonglage entre les deux frères ennemis de Rio est parfait. Chapeau! Ou plutôt, tiare!

Donc, deux poids, deux mesures

Pour justifier la répression, la police a informé avoir trouvé une bombe artisanale dans l’une des églises (dans la ville d’ Aparecida) où le Saint père devait dire une messe, mercredi 24 juillet.

Avant cela, accueilli par la présidente Dilma À Rio de Janeiro, le Pape François a bénéficié d’une sécurité très importante. Les manifestants étant maintenus à une bonne distance des lieux officiels. La police a placé un cordon face à ces derniers. La même tactique médiatique de juin fut employée par les militants qui profitaient de la publicité produite par la présence du Saint père au Brésil pour transmettre leurs messages d’indignation au monde.

En attendant, le premier imbroglio a été pour sa première journée en terres cariocas, le « saint cortège » a été dévié du parcours initialement prévu par la mairie de Rio de Janeiro. Selon le secrétaire de l’urbanisme de la ville, la Police Fédérale n’aurait pas signalé qu’un changement était en cours, ce que certains ont justement qualifié d’erreur. En tout état de cause, les limites d’organisations des grands centres urbains brésiliens apparaissent désormais au grand jour à quelques mois de la Coupe du Monde et des JO.

Infiltration des policiers parmi les manifestants?

Plus tard dans la semaine, les médias dénonçaient l’action des policiers dans la répression des manifestants, le cas le plus emblématique étant celui de l’infiltration d’un agent parmi les manifestants accusés de lancer des cocktails molotov. L’étudiant Bruno Ferreira Teles a ensuite été détenu par la Police Militaire.

Or, une vidéo montre le jeune quelques minutes avant son arrestation alors qu’il n’avait sur lui aucun sac à dos comme l’indiquait un premier communiqué de la PM. Depuis juin, des manifestants campent devant la maison du gouverneur de Rio de Janeiro Sérgio Cabral.

Comme au mois de juin, la police a usé d’une force démesurée contre les manifestants.

Finalement, on pourra retenir l’énorme charisme du Pape François qui a même profité de son passage pour bénir le champion brésiliens du basket, l’éternel Oscar Schmidt ( 49 703 points à son compteur) record man mondial des points marqués – toutes les ligues confondues. Celui-ci est atteint d’un cancer; le mois passé il avait reçu une visite de Kobe Bryant en visite à Rio.


Cypherpunks de Julian Assange: « Internet, c’est comme avoir un soldat sous son lit »

Le livre de Juliane Assange "Cypherpunks paru au Brésil chez Boitempo, crédit photo: Serge Katembera
Le livre de Julian Assange « Cypherpunks paru au Brésil chez Boitempo, crédit photo: Serge Katembera

Ce rêve obscur de Jeremy Bentham, ce panoptique dont parlait Foucault de façon si conséquente dans son livre Surveiller et punir, Naissance de la prison publié chez Gallimard est devenu notre pire cauchemar. C’est en tout cas ce que suggère la lecture du nouveau livre de Julian Assange, fondateur de WikiLeaks.

Michel Foucault avait détaillé dans ce fameux livre la généalogie du pouvoir, celle du contrôle et pour ce, il utilisa l’image du panoptique pour décrire l’ultime forme du pouvoir absolu. Ce pouvoir invisible mais que l’on sait présent. La particularité du panoptique est qu’il s’agit avant tout d’exercer sa domination sur la psychologie de l’individu. S’il est impossible d’être certain qu’on est surveillé à un moment donné, on sait par contre que cela est tout à fait possible car toute une architecture de la surveillance est mise en place.

On est également dans un cadre orwellien, celui où le Big Brother nous voit et sait tout. Je me demande qui fait preuve de naïveté entre les indignés du scandale Snowden et un Benoît Raphael plutôt résigné face au contrôle qui peut exister sur internet. Mais, soyons juste, ce dernier est bien conscient des défis et enjeux qu’implique le futur du web.

« Un soldat sous son lit », un espace militarisé

Le livre est une transcription révisée et enrichie d’une interview que Julian Assange et ses collègues de WikiLeaks – Jacob Appelbaum, Andy Muller-Maguhn et Jérémie Zimmermann, tous des activistes cypherpunks – on accordé à la chaîne de TV russe WT. Le constat du groupe est amère:

les télécommunucations, l’internet et téléphone sont désormais des domaines militarisés, puisque l’armée a accès à tout le trafic de données. Que ce soit, les conversations d’affaires ou des informations intimes que nous partageons avec nos proches, tout est fouillé. C’est comme avoir un soldat sous son lit.

L’espace virtuel est donc devenu un espace militarisé.

Assange qui réside encore à l’ambassade de l’Equateur à Londres s’est fait connaitre grâce au fameux « Cablegate« , lorsqu’il publia sur son site plusieurs documents secrets concernant la sale guerre américaine en Afghanistan, une guerre aussi sale que celle du Vietnam.

La « philosophie » du cypherpunk est d’opérer sur internet dans le plus grand secret contre un pouvoir – crypto-pouvoir – lui-même secret. Il s’agit donc, selon lui, d’une « terrible guerre dans laquelle la société toute entière est engagée, même si beaucoup de gens l’ignorent ».

Privacité pour les faibles, transparence pour les puissants; […] l’information veut être libre. La logique du cypherpunks est combinée aux nobles ambitions du hacking.

Pour ceux d’entre vous qui aiment se torturer l’esprit, lisez ce texte édifiant de Jean-Marc Manach ou Big Browser.

Internet et politique 

Dans ce nouveau contexte où internet révèle tout son potentiel politique, les Etats les plus faibles sont eux aussi appelés à utiliser les techniques de cryptage, quitte à demander les services des cypherpunks. C’est bien la recommandation de Julian Assange qui prévient que les « hardwares sécurisés » vendus aux pays pauvres sont « volontairement faillibles« . On voit donc ici le rôle destiné de ces nouveaux chevaliers du web. L’Iran est le parfait exemple d’un pays vulnérable aux attaques cybernétiques en provenance du gouvernement US.

Par ailleurs, Assange alerte contre la montée de la Chine qui se spécialise également dans la vente de ces hardwares pour sécuriser l’infrastructure informatique des pays africains, néanmoins on ne saurait ignorer les ambitions de superpuissances du géant asiatique. Il faut être conscient du caractère ambivalent de l’internet:

l’internet, notre meilleur outil d’émancipation, devient le plus grand facilitateur du totalitarisme que nous ayons jamais vu. L’internet est une menace à la civilisation humaine.

[…] les institutions universitaires ont été averties que les étudiants qui souhaiter avoir une carrière dans la fonction publique devaient éviter le contenu divulgué par WikiLeaks durant leurs recherches et leurs activités sur internet.*

 

Il n’y a rien de plus démentiel que ces dernières lignes. Les risques pour la démocraties n’ont jamais été aussi grande, surtout que tout se passe avec le consentement général des populations.

Evidemment, il est impossible aux gouvernants de tout contrôler; les mouvements politiques de masses dans le monde arabe le montrent, on ne peut pas prévoir quand et comment les gens sortiront dans la rue pour manifester. Le Brésil aussi en a donné la preuve récemment. « Une fois que les gens sont dans la rue, ils sont dans la rue », affirmerait Assange.

Assange "Cypherpunks paru au Brésil chez Boitempo, crédit photo: Serge Katembera
Assange « Cypherpunks » paru au Brésil chez Boitempo (crédit photo: Serge Katembera)

La surveillance sur le web peut aussi aboutir en une forme d’autocensure, une forme de mesure dissuasive, notamment pour les journalistes. Nos tendances politiques sont désormais connues, nos préférences littéraires, religieuses, etc.

Dénonciation ou délation?

Evidemment, il faudra aussi analyser les conséquences à long termes de la culture du cypherpunk. Si dans une société les gens ont la possibilité de devenir des whistleblowers** c’est à se demander jusqu’où ira la liberté dont parle Assange. C’est un peu le problème de Watchmen: « qui surveille les gardiens? ». On se souviendra de la répugnante tactique utilisée par la Gestapo (ou par la Stasi en Allemagne orientale) pendant l’occupation des nazis qui consistait à la délation des français par d’autres français. Anne Franck, en Allemagne est le symbole de cette abomination politique.

Il est donc question ici de l’avenir même de la démocratie. Dans les deux cas, les extrêmes sont dangereux. On ne peut accepter que la liberté et la privacité des individus soient absolument piétinées par les grandes puissances, pour autant il serait dangereux de sacraliser les whistleblowers. 

Trouver l’équilibre entre ces deux extrêmes est le défi des ceux qui défendent les libertés individuelles.

*Traduction libre

**« lanceurs d’alerte »


Faut-il donner l’asile politique aux homosexuels du Cameroun?

crédit photo France terre d'asile on Wikimedia Commons
crédit photo France terre d’asile on Wikimedia Commons

C’est à une véritable épuration sociale qu’il faut se préparer au Cameroun. Elle ne sera pas dirigée contre les juifs, les tutsis, les arabes, les musulmans, les nordiques ou les sudistes… non, les victimes consensuelles, permettez-moi l’utilisation de ce terme, sont les homosexuels et leurs proches.

Consensuelles parce qu’il s’est créé au pays des crevettes une fausse idée selon laquelle on peut être en même temps contre la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun et être libéral quant au choix des individus d’être homosexuels ou hétérosexuels.

Quoi de plus contradictoire. L’homosexualité au Cameroun est un fait non seulement social, mais aussi poilitique, et ce, dans deux sens:

  1. Il y a eu une série de scandales dans les entreprises publiques et privées qui ont exposé au grand jour des pratiques d’harcèlement moral et physique contre des jeunes hommes en échange de postes de travail. Donc, dans la mentalité locale, lutter contre l’homosexualité c’est également une façon de combattre la corruption.
  2. Depuis un moment maintenant, la loi camerounaise pénalise l’homosexualité. Nous sommes donc dans une sphère purement politique car il s’agit d’une interdiction portant sur le style de vie d’une catégorie de la population.

Mes amis camerounais me pardonneront certainement cette violation de leur souveraineté, mais face à certains faits il est impossible de rester dans le silence, même dans cet espace connu pour son traitement de l’actualité brésilienne. Face à la barbarie je ne me tairai pas.

L’assassinat de l’activiste Eric Lembembe est absolument inadmissible. Il arrive après bien d’autres faits également graves comme l’exile de certains homosexuels, comme ce jeune parti provisoirement au Maroc et qui avait commis l’erreur de poster un témoignage sur Youtube – après quelques mois la vidéo n’était plus disponible sur le site. On se demande ce qui est arrivé à ce jeune Camerounais opprimé dans son pays et réfugié dans l’antre du loup.

Oui, les camerounais ont le droit de préserver leur identité nationale, mais la sexualité relève-t-elle de la sphère du nationalisme identitaire?

Je suis moi-même très critique envers l’idéologie droit-de-l’hommiste, et dans ce cas je m’allie à Léo Strauss: « si tout ce vaut alors le cannibalisme est une question de goût ». On ne peut être relativiste en tout et partout.

Et pourtant, je ne peut continuer dans le silence quand je vois des frères africains et haitiens plonger dans la haine. Cette haine est politique, n’en doutons pas.

Dans ce contexte, je fais appel à toutes les démocraties du monde pour qu’elles accordent l’asile politique à tous les camerounais homosexuels qui le désirent parce qu’ils se sentent menacés. L’heure n’est plus à la parole, mais aux actes… des gens meurent…

 


Brésil: mémoire « nègre » en images

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera

J’ai profité d’une journée « libre » pour faire un saut au Centro Histórico de João Pessoa, ça doit faire cinq mois que je n’y vais pas. Avec un peu de chance, mais surtout grâce à un des mes amis brésiliens les plus proches qui aime l’art dans « tous ses états », j’ai eu le bonheur de visiter deux expositions de photographies assez particulières.

Déjà, les deux expositions mettaient en valeur la « culture noire » de Paraíba. C’est vrai que les noirs d’ici ne sont pas très visibles, sauf dans les journaux télé où on les voit souvent baignés de sang après les nombreux reglèments de comptes dans lesquels ils s’impliquent. L’Etat de Paraíba serait l’un des endroits les plus dangereux pour les noirs au Brésil.

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera

 

Les statistiques ne mentent pas selon certains, mais pour d’autres, elles font partie de ces mensonges fondamentaux. Le fait est que dans la capitale où j’habite, les rues ne sont pas particulièrement dangereuses pour les noirs.

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera

 

On dit que c’est surtout dans la province (Interior) que les choses se compliquent. D’où une certaine image stéréotypée que l’on a de cette partie de l’Etat.

Mais certains artistes essayent de montrer le bon côté de cette région marginalisée dans l’imaginaire collectif national mais aussi oublié par les politiques publiques de lutte contre la pauvreté. D’ailleurs, il y a ici un paradoxe: préserver une certaine originalité culturelle à forte influence africaine peut signifier dans bien des cas perdre l’opportunité de lutter contre la pauvrété. Une pauvreté impliquant aussi l’invisibilité de ces populations noires de Paraíba.

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera

Aujourd’hui, c’est éventuellement grâce aux artistes et anthropologues qu’on a une idée de ce qui se passe dans ces régions pas si lointaines que ça, puisque la ville de Conde où certaines photos ont été prises ne se situe qu’à quelques heures de João Pessoa. L’exclusion ici est fondamentalement symbolique.

Mémoire « nègre » et patrimoine

Le Vale de Gramame est une région qui réunit plusieurs populations dont les Quilombos, historiques résistants contre domination blanche; avec presque 20 mille habitants. La région est essentiellement rurale, d’où le contraste avec la vie urbaine de João Pessoa. La ville maintient une forte tradition réligieuse, spécialement catholique avec ses nombreuses fêtes populaires dédiées aux saints.

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera

La vie à Vale de Gramame ressemble en plusieurs aspects au quotidien africain, même dans sa tradition culinaire elle révèle des racines africaines: manioc, maïs, beaucoup de fruits, etc.

Anaventur, anarriê!

La Saint-Jean de Campina Grande (la plus grande du monde, selon ce qui se dit) est finie depuis bientôt deux semaines, mais la région rurale de la périphérie de João Pessoa a sa propre São João rurale qu’elle anime aux sons des chants qui empreintent bien des mots français comme par exemple « Anaventur » pour dire « En avant toute », ou Anarriê pour « En arrière »… Certainement l’influence des colons français qui se sont aventurés au Brésil il y a quelques siècles.

C’est aussi la quadrilha, danse populaire qui attire aussi bien les jeunes que les personnes d’un certain âge. Main dans la main, ils dansent, sautent, avancent, reculent… tous, en habits traditionnels. Les photos sont tellement fidèles qu’on se croirait presque à Vale de Gramame.

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera

– Vale de Gramame

Tem histórias pra contar

De um Rio que era limpo

Com muita vida pra dar

E que hoje, moribundo

Corre triste para o mar

 

– Este Vale tem Cultura

Quadrilja de Tradição

Ciranda, coco de roda

Muito forró e baião e

Um folclore muito rico

De lendas e assombração

 

– Aqui tem muito luar

E por do Sol também

Ouve o canto dos pássaros

O chamado do vem-vem

Escuta a natureza

E vê o encanto que ela tem

[…]

 Judite Palhano

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera

La région est aussi le symbole de la préservation de la nature comme le dit si bien ce poème qui dénonce également la pollution et le déséquilibre écologique grandissant.

Le site de l’exposition, ici.

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera 

 

crédit photo: Serge Katembera
crédit photo: Serge Katembera