Serge

Elle chante aussi, Soledad Villamil

 

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Soledad Villamil (crédit photo: pablodf/Flickr)

La belle Soledad Villamil conserve toute sa splendeur, sa classe, une beauté qui n’appartient qu’aux argentines. Elle était très belle dans cette robe bleue [estampée de jaune] coupée un peu au dessus des genoux comme une de ces tenues traditionnelles que portaient les chinoises aux début des années 1940, juste, mais pas du tout vulgaire… juste la classe. Et elle ouvrait l’émission de sur la chaîne de télévision Globo à l’occasion de la promotion de son nouvel album Canción de viaje, le troisième.

Son meilleur rôle au cinéma pour moi demeure El secreto de sus ojos (Dans tes yeux, en France) aux côtés de l’énormissime Ricardo Darín avec lequel « elle aime travailler »… Ses yeux d’ailleurs sont un phénomène de la nature, transparents et bleus sous d’épais sourcils noirs touchant ses longs cheveux noirs qui tombent sur les bords du visage… Quelle grâce!

Elle risque quelques mots portugais et curieusement, sa voix devient subitement très roque – il faudrait étudier cela en linguistique).

Elle se considère une actrice de théâtre puisque c’est là qu’elle débuta sa carrière artistique. Elle est en gros une actrice qui chante, ce qui veut sûrement dire qu’on la préférera toujours dans nos petits écrans plutôt que derrière un micro… mais qu’importe, Soledad c’est Soledad.

Elle raconte une anecdote du tournage de El secreto de sus ojos durant lequel l’acteur espagnol Javier Godino dévoile ses parties intimes sans que cela ne soit inscrit dans le scénario, une scène déconcertante reprise tout de même dans le montage final, mais qui sur le coup fit rire tous les acteurs… sacrée surprise de la part de cet acteur espagnol surmotivé ; C’est aussi grâce à cette scène que le film de Juan José Campanella a été oscarisé.

Soledad donnera un concert le 09 et le 10 novembre au Festival Tango Brasil à Rio de Janeiro puis le 13 à Porto Alegre.

 


Brésil: amoureux à 80 ans et on en meurt de jalousie?

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Couple de vieux, crédit photo: stef_dit_patoc / Flickr.com

La télénovela Amor à vida explore une nouvelle sphère des sujets tabous. Après “l’homosexualité dans toutes ses formes”, voilà que l’amour au troisième âges’invite dans nos salons. Ils ont plus de 75 ans, sont super amoureux, font l’amour comme à 20 ans et nous, on en crève de jalousie. Mais le pas de l’hétérosexualité n’est pas encore franchi dans ce cas précis

Toujours dans la foulée des transformations sociales apportées par le capitalisme globalisé, de nouvelles tendances sociologiques apparaissent, parmi elles, la question de la viellesse remise au coeur de la problématique de l’intégration sociale, c’est-à-dire, que faire de ces personnes qui ne produisent plus, mais qui gagnent tout de même une retraite acceptable? Comment les insérer dans un système social qui ne tolère pas l’inactivité?

C’est à mon sens le noeud de la question, car l’idéologie capitaliste se doit avant d’intégrer les personnes âgées dans le système de consommation mondial, de les réintégrer dans l’acceptation de l’imaginaire collective. Il faut avant cela reconstruire la compréhension de la vieillesse dans nos société. C’est donc dans les médias que ce travail se fera.

Au Brésil, ce travail incombe aux télénovelas, qui depuis toujours sont à la charge de la construction de nouvelles tendances sociologiques, et il faut le dire, orientée vers la lifestyle des classes dominantes.

Cartola et Dona Zica, poster de l'album “O Mundo é um Moinho”
Cartola et Dona Zica, poster de l’album “O Mundo é um Moinho”

Disons-le, la télénovela vend volontier l’image de ces couples du troisième âge qui s’aiment, font l’amour, s’en vantent à tout-va, mais cela reste dans un cercle elitisé. On n’a pas encore vu un couple de vieux pauvres représenter l’amour à 80 ans.

Je ne crois jamais en la bonne foi de l’industrie culturelle; les travaux d’Adorno, Horkheimer et Walter Benjamin nous expliquent depuis plus de cinquante ans qu’un tel bénévolat est un conte pour enfant.

Certe, l’intention du réalisateur d’Amor à vida est à son honneur. Il est temps pour nos sociétés de revoir, à la base, notre conception de la vieillesse qui se fonde dans l’exclusion et le mépris des personnes âgées, comme on peut le lire ici et .

Mais il ne faut non plus se leurrer. L’image véhiculée dans les télénovelas est encore tributaire des codes sociaux, de ses croyances hégémoniques… ce que l’on voit à ce stade, c’est le couple hétérosexuel et riche. Soit, une image loin d’être représentative de nos sociétés en pleine mutation. Il est vrai aussi que la série aborde la question des préjugés même au sein de ces élites de São Paulo et Rio de Janeiro, cependant, le copinage entre personnes âgées semble être accepté avec moins de résistance dans ces milieux là.

Intéressante idée à n’en pas douter, très innovante en effet, mais qui peine à franchir un palier, celui des sentiers battus, celui de l’homophobie et des préjugés de classes.

Et vous, que pensez-vous de l’amour à 80 ans?

Etes-vous jaloux de ces personnes qui trouvent encore au fond d’eux-mêmes ce sentiment qui s’évapore pourtant au fil du temps?

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Endetté, jette ton téléphone

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Télémarketing

Tout ce que je vais dire ici n’est pas forcément faux.

J’ai rencontré un homme dans un restaurant  qui a décidé de profiter du boom économique créé par Lula, c’est un consommateur impulsif. Récemment, il s’est procuré une nouvelle « voiture zéro », mais il ne la payera jamais… Je lui demande ce qu’il fera de sa dette, il me répond: “ah, maman Dilma va payer”. Parce qu’en fait, au bout de cinq ans, les comptes sont remis à zéro, le gouvernement annule les dettes des mauvais payeurs et la fête continue.

C’est un système vicieux et assez pervers qui s’installe au Brésil. L’Etat te pousse à consommer parce que l’économie doit rester rechauffée, il te protège également des banques qui ne peuvent pas réclamer leur argent directement et sont obligées de passer par des entreprises sous-traitées, celles-ci ne peuvent pas non plus saisir tes biens, et tu n’iras certainement pas en prison, c’est la démocratie.

Mais en même temps, ces entreprises peuvent t’appeller sur ton téléphone autant qu’ils voudront. Les banques peuvent donc t’appeller. C’est justement de ça que je veux parler parce que cette histoire de dette à la banque et une autre histoire d’opérateur téléphonique peuvent faire un sacré mélange suceptible de gâcher un week-end, ou carrément te donner un nouveau prénom…

Je m’appelle Rodrigo…

Et puis, il y a l’histoire des numéros de téléphone, ça vaut vraiment la peine que je te l’explique. Car au Brésil, un numéro de téléphone d’un même opérateur peut passer infiniment entre deux, trois, quatres ou cinq clients, et avec ça tout le lot de problèmes que tu imagines. Cette année par exemple, j’ai un nouveau prénom: Rodrigo.

Tout ça parce que mon opérateur, Oi, a décidé vers janvier de bloquer mon numéro de téléphone, je ne recevais plus d’appel et je n’en émettais plus. Mon numéro a été bloqué parce que je n’ai pas acheté de crédit pendant un mois. Mais, détail, je pouvais réaprovisionner mon compte sans problème. Du coup, un jour, je recharge mon crédit comme on dit, l’opérateur me confirme la recharge mais au moment où je veux effectuer l’appel, on m’apprend que mon numéro est bloqué… oookéé! Et mon argent alors, qui me le rembourse?

J’ai alors changé de numéro, j’ai acheté une nouvelle puce pour mon téléphone, tout ça pour découvrir que mon numéro, en fait, avait appartenu à un certain Rodrigo surrendetté auprès d’une banque… Oulala, en plus, à la même banque que moi… décidément!

Dès lors ma vie est un enfer. Ne crois pas que parce qu’ici on ne peut pas saisir tes biens, te jeter en prison pour une dette, la vie en est plus simple. Loin de là. L’enfer est tout autre. Si tu es endetté, tu es condamné à recevoir au moins 6 coup de files par semaine venant des agences de marketing, ou de je-ne-sais-pas-quoi… ils te reclament leur argent à coup de matracage psychologique. Et tu te dis que tu le mérites bien… au moins!

Au début, tu crois que qu’il suffit de dire à la gentille fille au téphone que tu n’es pas Rodrigo, “non, non, moi c’est Serge”, pour qu’elle te lâche… nan, nan! Elle t’appelle le lendemain à 6h30, et c’est un samedi. Tu l’insultes, le jour suivant c’est un homme qui appelle, il parle si vite (comme seuls les paulistanos savent le faire) que tu ne peux pas glisser deux mots, la solution, raccrocher sans plus.

Puis un jour, tu baisses ta garde, ton téléphone sonne, c’est un numéro qui commence par un 011… c’est São Paulo… peut-être un ami, ou mon frère, mais non: “Bonjour, monsieur Rodrigo…?”… Franchement, quand Oi m’a revendu ce “nouveau” numéro, ils savaient bien que je n’étais plus ce fameux Rodrigo, non.

Je pourrai les trainer en justice, tiens. Non, je suis pauvre et cela me coûterai bien trop cher.

Bon, cela fait un mois que je n’ai plus réçu de coup de file de São Paulo, peut-être que Rodrigo a payé sa dette. Et puis, un matin, ma petite amie reçoit un coup de file elle aussi; c’est São Paulo, il est 6h30, on est samedi et elle apprend qu’elle s’appelle Marta

P.S: – Vous avez peut être suivi la chute de l’empire de l’ancien septième homme le plus riche de la planète, Eike Batiste, il paraît qu’il représentait le modèle capitaliste brésilien: un chateau de cartes?

– Sur l’annulation de la dette, lire ce texte dédié à David Graeber sur Rue89.

 

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La famille RFI en deuil

© RFI RFI en deuil
© RFI RFI en deuil

Si parmi mes chers lecteurs certains écoutent régulièrement Radio France Internationale, la nouvelle de la mort de deux journalistes français à Kidal (Mali) ne leur a pas échappée. “RFI est une famiille”, nous rappelait Ziad Maalouf après cette triste nouvelle. Une famille qui a adopté plus 400 blogueurs dont la majorité est africaine, c’est dire combien toute la plateforme est, d’une certaine manière, affectée par ce drame.

RFI et l’Afrique, c’est une relation particulière, doit-on le rappeler?

Je ne connaissais pas personnellement Claude Verlon et Ghislaine Dupont, mais je me rappelle bien de l’époque où cette dernière fut expulsée de la RDC par un gouvernement fâché avec une certaine liberté d’expression et l’indépendance qui la caractérisaient. Je vivais encore à Kinshasa et le Mali était encore un modèle de démocratie dans le continent.

J’ai passé ce week-end loin de ma ville de résidence, un peu coupé du monde, mais depuis hier lundi j’écoute des émissions sur RFI où il est évidemment question de ces deux journalistes, je lis des articles des mondoblogueurs comme ce billet collectif très touchant; ou cet hommage émouvant de Stéphane Lagarde depuis la Chine, un des mes grands reporters préférés qui connaissait bien Claude Verlon.

Comme je l’ai dit, RFI est une famille et tous les blogueurs le ressentent bien, surtout pour ceux qui comme moi on développé des relations personnlles avec plusieurs de ses journalistes. En Avril, j’ai recontré une charmante équipe de professionnels, nul besoin de revenir sur tout ce qu’ils m’ont appris sur place… disons simplement que mes lecteurs ont dû remarquer un changement sur ce blog, qui est sans aucun doute le résultat de ce travail impécable réalisé par l’équipe de l’Atelier des Médias soutenu par RFI.

RFI est une famille unique. J’en donnerai un autre exemple. Depuis plusieus mois, Claudy Siar, à travers son émission Couleurs Tropicales s’est engagé à promouvoir la plateforme Mondoblog, et lorsqu’un jour, je lis un de ses tweets annonçant la mort de Terri Moise, j’étais triste de savoir la douleur que pouvait ressentir notre cher Claudy qui la connaissait aussi.

C’est à peu près ce que ressentent aujourd’hui les auditeurs de RFI et tous les proches des journalistes qui y travaillent.

Il faut aussi dire un mot sur le professionalisme des journalistes, surtout de ceux-là qui travaillent à l’international. Encore une fois, en avril, j’ai rencontré d’excellentes personnes comme Simon Decreuze, Ziad Maalouf, Raphaelle Constant, Pierrick de Morel ou Elliot Lepers. J’imagine que Ghislaine Dupont et Claude Verlon avaient autant de talents que  nos amis de l’Atelier des médias. Des acharnés du travail qui forcent l’admiration.

En voyant les images de Claude Verlon disponibilisées par Stéphane Lagarde sur son blog (lien ci-dessus), je ne pouvais m’empêcher de penser à Simon Decreuze, lui aussi maîtrise la technique radiophonique comme personne, le som n’a aucun secret pour lui, moins encore les nouveaux médias… un magicien comme Claude.

Il n’y aurait pas de radio sans des Claudes et des Simons…

Quand j’étais à l’école de journalisme, mon prof de “Presse Ecrite” nous disait que l’une des règles les plus importantes du métier de journaliste, c’est la solidarité entre confrères. C’est malheureusement dans des moments comme ceux-ci que cette exigence est requise.

Au-délà de tout, il faudra évidemment repenser à ce qui se passe au Mali et en Afrique en général où le terrorisme semble avoir planté les racines d’un nouveau cicle de violence planétaire.

 

Liens essentiels sur le Mali: Faty, Michel et Bouba.

 


Liberace: au-délà du sexe, l’amour

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Liberace, crédit photo: Alan Light – Wikimedia Commons

Article sans spoilers

Le dernier film de Steven Andrew Soderbergh, Behind the candelabra: my life with Liberace”, est simplement un triomphe. C’est un véritable film d’amour comme en voit rarement avec des acteurs au sommet de leur art.

Car Michael Douglas réussit peut-être le meilleur rôle de sa carrière, les critiques ne se sont pas trompés pour une fois. A l’heure l’uniformité de la pensée rendue possible à cause du numérique et des nouveaux médias qui semblent entonner les mêmes mélodies, à l’heure où l’on parle du déclin des critiques du cinéma, Liberace fait l’unanimité et à juste titre.

Au Brésil aussi, le film a été très bien réçu par la critique, gagnant notamment des éloges pour le travail de Matt Damon qui nous avait habitué à autre chose. On a l’impression de le revoir à vingt ans, adolescent en mal de vivre, rebelle et plein de talents.

Liberace est un triomphe qui doit tout à la vision du réalisateur Steven Soderbergh.

J’ai vu le film il y hier et il m’a laissé une forte impression; rarement Hollywood a produit un film qui parle d’amour avec autant de réalisme. Qui plus est une d’une intense relation homosexuelle entre deux personnages ayant chacun un fort caractère, quand en plus drogue et alcool s’en mêlent ça fait très mal.

Mais le film garde les pieds sur terre avec les hauts et les bas d’un amour authentique, la passion d’un couple normal (enfin, dans les proportions que l’on connait de Las Vegas) qui s’aime, puis commence petit à petit à se détester tant la monotonie et la jalousie pourrient l’ambience.

On aime avec les acteurs, on pleure pour leurs malheurs, on souffre quand ils échouent, on ressent une certaine compassion à les voir essayer de recoller les morceaux d’un amour qui va vite, qui file au rythme de VegasLiberace touche le fond de votre être si vous avez un peu de sensibilité en reste.

Ce film n’est pas sur l’homosexualité, je ne crois pas que cela fut le projet du réalisateur. A mon avis, Soderbergh voulait juste réaliser un film sur l’amour; peu importent les acteurs, ici, c’est la nature humaine qui est portée sur grand écran. Certainement le meilleur film de l’année.

 


Carnet d’une lectrice : « Les Brésiliens ont honte de s’afficher avec des filles noires »

https://www.flickr.com/photos/couscouschocolat/6460530313/sizes/m/in/photostream/
Crédit photo : couscouschocolat on Flickr.

L’immigration africaine contemporaine vers le Brésil est très commentée dans les médias au point où certains experts évoquent la recherche d’un nouvel Eldorado (sans vouloir faire dans la caricature) outre-Atlantique. Les mutations de la société contemporaine, notamment celle de la révolution du genre (ou sexuelle) sont passées par là, et désormais des jeunes filles du continent noir n’hésitent plus à s’engager dans des longs voyages, elles aussi, à la recherche du bonheur. Une démarche digne de cette recommandation de la Constitution américaine… dans cette nouvelle mosaïque culturelle apportée par la globalisation, les rapports personnels entre hommes et femmes sont ressentis de différentes manières très dialectiques ; les relations entre Africains, redéfinies…

Nouveau carnet d’une lectrice, à lire ci-dessous :

Celui qui a dit que l’on est mieux chez soi n’avait pas totalement tort. J´entendais mes aînés dire que la vie à l’étranger n’est pas facile et qu’elle était même un éternel combat. Eh oui, je constate que c’est un combat interminable parce ce qu’il ne se limite pas qu’au désir d’atteindre ses objectifs, mais englobe tout ce que tu vis après être parti de ton pays. J´ai confirmé cela après avoir passé quelques mois au Brésil.

Les étudiantes africaines vivent ici une indescriptible frustration qui est de l’ordre du psychologique. Peut-être que j’exagère un peu, mais je ne crois pas. Elles doivent lutter pour se faire un nom dans leur famille et pour se faire respecter dans la société. Croyez-moi, ce n’est pas chose facile lorsque certaines conditions ne sont pas réunies. L’une des premières difficultés apparaît dans la vie personnelle des filles qui débarquent ici.

Est-ce facile d’avoir un petit ami au Brésil? Sans hésiter, non ! Et j’ajouterai même que c’est très compliqué.

Quelques jours après ton arrivée dans ce pays, les garçons africains te courent après comme des abeilles sur du miel et c’est le début de tes problèmes. Tu rejettes tout le monde en te disant : « Je suis là juste pour mes études, en plus j’ai laissé mon petit ami au pays, je l’aime tellement que je ne peux pas le tromper ». Et tu entendras certains te dire «on te donne six mois voire un an, on verra si tu tiendras encore le même discours ». D’autres te cracheront, «laisse tomber, ton petit ami du pays c’est du passé ».

Et même quand tu t’intéresses à l’un d’entre eux, ce n’est même pas sûr que votre relation survivra pendant plus de six mois sans qu’il ne te dise : « Je suis fatigué, il faut qu’on arrête ». Je ne suis pas en train de dire ici qu’il n’y a pas de relation qui tienne pendant plusieurs mois, voire même des années, mais plutôt que nos frères africains au Brésil deviennent des safados – homme à femmes, sans scrupules.

Si tu n’as pas de chance, tu tombes sur un mauvais garçon et au bout de quelques mois tu en compteras un deuxième, puis un troisième et encore un quatrième sur ta liste. Je conseille toujours à mes soeurs africaines de prendre tout leur temps à leur arrivée, question d’observer avant de faire un choix, car celui qui tient vraiment à toi attendra le temps qu’il faudra.

Le comble est que ce malheur n’est pas seulement entre nous Africains. Les Brésiliens non plus ne rendent pas les choses plus simples. Ils apprécient bien les Africaines, mais les draguent juste pour faire des expériences – genre “goûter” à une Africaine et la laisser tomber après… ni vu, ni connu… Certains vont jusqu’à t’arrêter dans la rue pour négocier le prix de quelques heures avec eux dans un motel, d’autres ont même honte de s’afficher avec des Africaines.

C’est cette dernière raison qui m’a poussée à faire une petite enquête auprès de certains amis brésiliens et j’en ai conclu qu’ils ont peur de ce que les autres (Brésiliens) diront lorsqu’ils les verront avec une fille noire. Les voiles tombent !

En même temps, le traitement que les Africaines imposent à leurs frères noirs dans leur pays n’a plus lieu d’être ici, et du coup, même le garçon le plus laid qui ne fait pas ton genre devient mignon… il peut même être à l’origine de querelles et de bagarres entre filles africaines, Brésiliens ou vice-versa. Au pays des aveugles, les borgnes sont rois…

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Etoile.

 

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La malédiction du gardien noir au Brésil

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Moacir Barbosa, en 1950, crédit photo : sconosciuto on Wikimedia Commons.

Nouvelle partie de la chronique du Mondial initiée il y a quelques mois sur ce blog. Cette fois-ci je voudrais vous parler d’une malédiction, d’un mythe qui, d’une certaine manière, trouve ses racines dans le racisme historiquement ancré dans la société brésilienne.

J’étais surpris au départ lorsqu’un ami m’a dit en 2008, « : Tu sais, chaque fois qu’un gardien noir est dans les buts du Brésil, la Seleção ne gagne jamais une Coupe du Monde. C’est une malédiction ! ».

Sérieusement ? Je n’avais pas compris. Après tout, qui comprendrait une telle mythologie à la brésilienne avec seulement quelques deux, trois mois de contact avec les codes culturels de cette même société?

Pour qu’une telle conclusion soit tirée, selon laquelle les gardiens noirs portaient la malédiction de l’échec, il devait y avoir au moins dix, voire quinze faits capables d’ancrer cette malheureuse statistique dans l’imaginaire et l’inconscient national.

C’était donc assez normal de chercher à savoir combien de fois le Brésil avait participé à une Coupe du Monde en ayant un gardien de but noir dans ses buts.

Pas tant que ça en fait. Seulement, les défaites sont arrivées aux mauvais moments… le hasard qui contribuait à la reproduction des préjugés contre les Noirs.

Tout commence en 1950, au Maracanã, le Brésil affronte la céleste, fantastique sélection d’Uruguay arrivée sans gloire à Rio de Janeiro lors de cette première Coupe du Monde post-Guerre Mondiale. Pourtant, l’équipe nationale d’Uruguay crée la surprise en remportant une finale inédite face à un Brésil de rêve. J’en ai parlé ici, de ce Maracanaço.

Bien qu’en 1950 plusieurs idoles du football brésilien étaient noires, comme Didi ou Léonidas da Silva, la société était encore marquée par le racisme, presque une ségrégation façon apartheid. Chacun savait où était sa place, en gros.

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Le gardien de Botafogo et de la Seleção, Jefferson, crédit photo: ESCOT-Photos

Et si d’aventure, on représentait la Seleção en Coupe du Monde il fallait bien le faire. On dit souvent que le poste du gardien est le plus ingrat dans le football. Dans le cas des gardiens noirs au Brésil, l’hypothèse se confirme dramatiquement.

Au moment de cette défaite brésilienne en 1950, et donc de la victoire de l’Uruguay, c’est un gardien noir qui gardait les cages de la Seleção, Moacir Barbosa Nascimento. Toute la responsabilité de l’échec fut reportée sur le pauvre homme et sur tous ceux de sa race qui viendraient après.

Le deuxième fait historique marquant qui viendra confirmer cette « malédiction sociologique »est beaucoup plus proche de nous, précisément en 2006 à Frankfurt. La France de Zinedine Zidane battait, de cette belle manière que l’on sait, le Brésil de Dida, tient. Ce mythique gardien du Milan AC porterait lui aussi le chapeau alors que Roberto Carlos était beaucoup plus fautif sur le coup que lui. Voyez la vidéo ci-dessous pour vous en convaincre.

https://www.youtube.com/watch?v=3NKvKOSOYrU

Mais c’était pour les Brésiliens, la fois de trop. La malédiction qu’on soupçonnait à peine se confirmait. Même avec une équipe de rêve, peut-être supérieure (sur le papier) à celle de 1950, portée par ses “quatre fantastiques” perdait (encore…) à cause d’un gardien noir.

Il valait mieux en tirer les conclusions qui s’imposaient, apprendre avec les « erreurs » du passé et ne plus tenter le diable.

Plus de gardien noir, pour faire court!

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Jefferson – crédit photo : Botafogo Oficial.

Mais si vous avez regardé les derniers matchs du Brésil, vous avez sans doute remarqué que la doublure de Júlio César (Queens Park Rangers) est noire. Jefferson est plus qu’un grand gardien. Dans un autre pays, moins enclin au racisme, le portier de Botafogo – où évolue Seedorf – devancerait logiquement Júlio dans la hiérarchie… si seulement les critères restaient purement objectifs. Car Júlio César joue la D2 anglaise.

Techniquement, il est aussi fort que Júlio César, plus rapide à mon avis, meilleure détente… il lui manque peut-être l’assurance qui viendrait avec la confiance du coach… et du peuple.

En tous les cas, devant les caméras, Felipe Scolari défend le talent de Jefferson, justifiant sa position de “numéro 2”, ce qui prépare ce dernier à protéger les cages du Brésil en 2014 en cas de forfait d’un Júlio César toujours blessé.

Cette malédiction n’est pas sans rapport avec l’autre grand tabou du football brésilien qui empêche les plus grands clubs nationaux d’avoir des entraîneurs noirs. Andrade (ami de Zico et idôle du Flamengo) s’était retrouvé au chômage après avoir aidé son club à remporter son dernier titre national en 2009 avec notamment un Adriano des grandes époques. Dernier entraîneur à avoir tiré le meilleur de l’attaquant brésilien, Andrade dénonce à ce jour le racisme dans le milieu du football qui l’empêche de travailler malgré le fait qu’il ait largement fait ses preuves.

Si Jefferson est titulaire en 2014, le Brésil a intérêt à gagner cette Coupe du Monde pour le bien non seulement du palmarès, mais surtout, j’ai envie de dire, pour le bien de toute une race…

 

Bonus : l’extraordinaire commentaire de Claude Makelele après le Mondial allemand de 2006. J’en ris des masses…

 

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Pétrole brésilien: la violence s’invite dans la cour

https://www.pragmatismopolitico.com.br/2013/08/pstu-critica-black-blocs.html
Imagem Divulgação

Les négociations durent depuis des mois sur les modalités de distribuition des revenus pétroliers que pourraient rapporter les nouvelles réserves du pré-sal brésilien. En même temps, dans un hotel de Rio de Janeiro, un appel d’offres est organisé pour définir le mode d’exploitation des dites réserves (Lien en portugais qui vaut la peine d’être traduit). Des manifestants – aussi difus que l’on puisse imaginer – dénoncent la forme unilatérale qui caractérise la prise des décisions dans cette affaire.

Mais ce qui frappe le plus dans cette nouvelle polémique, au-délà de la “question du pétrole”, c’est la place qu’occuppe la violence dans les modes opératoires des manifestants à Paris, à Istambul comme à Rio de Janeiro.

Depuis Juin dernier, le débat a refait surface en terres auriverdés: quelle est la manière la plus démocratique de manisfester? La vague de protestations qui avait enflammé le pays a laissé des mauvais souvenirs chez les autorités comme chez le citoyen lambda; la plus part du temps, les manifestants ont pris à partie les passants, les journalistes et les policiers…

D’où la création de deux catégories de manisfestants: ceux qui comprennent les usages de la démocratie et agissent comme tel, c’est-à-dire à la façon d’un Gandhi, par la non-violence; et ceux qui sont simililaires aux terroristes, les vandales!

Les manifestants de ce lundi à Rio ont choisi d’agir par la violence. Et par la même occasion ils ont assumé le risque de se faire basher par la presse main stream ainsi que par la classe politique.

Le problème est que la plus part de ces hommes et femmes – activistes – qui manisfestent (souvent contre la surproduction pas du tout écologique – Total, Shell et deux chinois seront les principaux exploitants du secteur) considèrent être eux-mêmes victimes d’une violence étatique, voir capitaliste difficile à encadrer. Et dans ce cas, comment répondre à la violence, sinon par la violence?

En fait, il convient, pour l’analyste prudent, de séparer le fond de la forme et de ne pas “jeter le bébé avec l’eau du bain”.

Et donc, de se demander si les révendications de ces centaines de personnes sont légitimes? Qui sont ces manisfestants? Car depuis juin, on sait que les mouvements de masses sont récupérés par des extremistes et dans le cas actuel peut-être par des puissantes forces économiques contraires à la politique de croissance du gouvernement. D’autant plus que dans la soirée de lundi la présidente Dilma a dû faire une allocution télévisée appelant à la compréhension des humbles brésiliens et brésiliennes…

A Rio, disais-je, les manifestants ont brûlé une voiture appartenant à la chaîne de télévision Globo (très impopulaire parmis les classes moyennes), attaqué des journalistes, empêché des écoliers de rentrer chez eux, dérangé les touristes sur Copacabana…

En choisissant ce mode opératoire, ils ont assumé le risque de voir leurs révendications catégorisées comme des actes de violence et de vandalisme. La forme colonise le fond et toute critique est abolie. Pour les manisfestants anti-pré-sal, il faudra maintenant retrouver l’appui politique de l’opinion publique car ils sont pris dans une vaste campagne d’isolement médiatique…

Ces mêmes manisfestants fustigent la violence des forces policières qui, il faut le dire, économisent rarement le gaz et le spray au piment (poivre) pour repousser les contestataires… mais ces derniers n’ont pas la force of law comme source de légitimité de leur action.

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John Zerzan – Crédit photo Cast on Wikimedia Commons

En mars dernier, j’étais le traducteur d’une conférence internationale sur les études anarchiques, et j’ai eu le bonheur de connaitre l’un des plus grands intellectuels de ce qu’on pourrait appeller l’extrême gauche américaine, l’anarcho-primitiviste John Zerzan. Ce dernier defendait par exemple la légitimité de l’action du Black Bloc qui fait de l’usage de la violence sa principale arme politique. Ce mouvement s’est par ailleurs importé au Brésil devenant quasi omniprésent dans toutes les manifestations de rue.

C’est en ces moments précis que je me rappelle qu’aucune révolution ne se fait sans violence… mais aussi que dans une démocratie, régime des faibles comme vous et moi, c’est par le débat que l’on arrive aux compromis.

Le jour où la violence prendra le dessus sur la Politique, nous cesseront d’exister…

 

N.B: vous l’aurez compris, cet article ne traite fondamentalement que de la question de la violence, et non pas de celle du pétrole.

 

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Carnet d’une lectrice: «j’aime ton président, il y’a un mois j’etais là-bas (Congo)»

Quelques brésiliens à San Diego
Quelques brésiliens à San Diego

Suite et fin du «carnet» de Nelly E., jeune diplômée en sciences médicales de la célèbre université de l’Etat de São Paulo, l’Unicamp (Brésil). Cet été, elle est partie aux Etats-Unis dans l’objectif d’y poursuivre ses études et pourquoi pas de paufiner son anglais. De prime abord, l’Amérique est une véritable claque, tant la vie y est radicalement opposée à tous ce qu’elle a déjà vécu jusqu’ici… elle nous livre ses impressions:

Waoh! Je ne m’attendais pas à tout ce que j’ai vu à San Diego, la ville est sensationelle et j’y retournerai pour mon master dans peu de temps car l’année académique ici aux USA commence au mois de Janvier 2014, cependant il est demandé à tous les étudiants internationaux qui ne viennent pas des pays anglophones de faire leur cursus linguistique et/ou de faire des examens Toefl ou Ielts avant de débuter leurs cours universitaires.

C’est une ville côtière au sud de la Californie et elle fait frontière avec le Méxique à tout juste 15 minutes de voiture et une heure en bus. Très aimé par le latinos et europeans à cause du climat agréable et à cause de ses plages, une dizaine en tout.

Bien connu par son histoire militaire avec la marine des Etats-Unis, la ville dispose d’une grande base navale. Alors là, je me rappelle que quand je suis arrivée ici j’ai dû voir pleins de bateaux et chars de combat traverser la mer et on a cru que ces munitions ‘‘pouvaient être utilisées en Syrie’’ , dans ce cas, elles devaient transiter par la mer méditéranée.

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Et aussi, ce n’était pas étonnat le premier jour dans un restaurant belge de rencontrer un colonel américain qui venait juste de retourner de la République Démocratique du Congo. Il a renversé son verre de bierre sur mon pantalon jeans et s’est excusé pour cet accident. Mais tellement curieux, il se décide de me poser la question Where are you from? et bien j’ai répondu que j’étais du Congo-kinshasa, alors il me dit,

« j’aime ton président et il y’a un mois que j’etais là-bas (Congo)».

Bref, cela veut dire qu’il n’est pas rare de rencontrer des «grands» ici, c’est-à-dire des grandes stars de la West Coast et personalités politiques à San Diego car c’est leur base; et surtout dans des milieux universitaires.

San diego se situe à 2 heures de Los Angeles que j’ai eu aussi à visiter lorsque je suis allée resoudre mon problème de visa au consulat brésilien et c’est là que j’ai rencontré une forte manifestation des américains, brésiliens, syriens et autres contre la guerre en Syrie dont j’ai pris des photos. A San Diego on retrouve une «foule» des méxicains et, à ma grande suprise, une forte communauté bresilienne bien installée et qui ne pense même pas retourner au Bresil. Certains sont étudiants ou touristes aussi qui sont venus grâce au programme Ciências Sem Fronteiras créé par l’administration Dilma.

Certains brésiliens que j’ai connu etaient coopératifs, sympas et transmettaient la même énergie qu’ils ont quand ils sont au Brésil, ils étaient accueillants. D’autres par contre étaient moins coopératifs, mais ceux-là qui ne s’ouvraient pas sont justement «les fils à papa».

Balboa Park de San Diego
Balboa Park de San Diego

A part les brésiliens, on retrouve aussi pleins des gens d’Arabie Saoudite, des chinois et coreans qui viennent étudier ici ou travailler. Alors ce qui a le plus attiré mon attention c’était de voir un faible taux d’africains à San diego et surtout dans les universités Californnienes. J’avoue n’avoir rencontré que trois africains qui venaient des différents pays du monde… ils ont aussi etudié à l’étranger comme moi et sont venus pour continuer leur master ou leur doctorat ici.

Sur la vie quotidienne de San Diego, il faut retenir que c’est une ville qui organise pleins des festivals et reçoit pleins d’étudiants internationaux sans complication. J’ai constaté que la majorite vient de la Chine, d’Arabie Saoudite, du Liban, du Vietnam ou du Méxique.

Ma façon de voir les choses a beaucoup changé et je pense que si nous voulons vraiment être un jour les leaders d’Afrique nous devons créer des opportunités qui nous permettront de figurer dans la cour des grands.

Le jardin botanique de San Diego
Le jardin botanique de San Diego

Au moins ici je ne m’ennuirai pas si je passais au cours de langue car ma future ville est très mouvementée et il ya pas mal des parcs à voir comme la, Jolla, Pacific Beach, Las americas, Coronado… Il y a le Museum of Art de San Diego, et pleins des Parks de diversion.

La Californie est l’un des Etats les plus propres des Etas-Unis car New-York m’a totalement deçu… alors mes amis, prions pour que je passe et puisse m’installer definitivement au sud de la Californie.

Sur le coût de la vie, je vous jure que si l’université ne collaborait pas avec les étudiants, tu peux vraiment craquer surtout pour nous qui venons des pays du «tiers-monde» car la vie est encore beaucoup plus chere qu’à Campinas (SP-Brésil) mais malgré cela tu as beaucoup d’opportunités pour t’en sortir… si tu maintiens très bien ton visa!!!

Pour terminer je dirais que dans la vie qui ne risque rien n’a rien, donc il faut toujours tenter sa chance même là où l’on pense que c’est impossible. Inchallah!!!

A bientôt…

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Lire la première partie ICI.

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Carnet d’une lectrice: «sans les étudiants, cette ville serait morte»

 

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Crédit photo: Felipe Micaroni Lalli on Wikimedia Commons

 

Nelly E. a passé les cinq dernières années à étudier les sciences médicales dans l’une des deux plus grandes universités du Brésil, l’Unicamp. Ce qui donne forcément un grand préstige à ceux qui y étudient, mais la vie d’étudiant est faite de sacrifices, de déception… mais aussi d’éspoir. Aujourd’hui, Nelly poursuit ses études à San Diego en Californie. Elle nous raconte, ici, son expérience vécue au Brésil… terre d’accueil, ô pátria amada!

Première partie de son “carnet”:

 

C’est une Ville de l’Etat de São Paulo, à une heure et demie en voiture et deux heures en bus. Elle compte quatre districtes. Moi j’ai habité le districte de Barão Geraldo où se situe l’une des plus grandes universités du Brésil qui est l’Unicamp.

Campinas est aussi une importante ville économique de São Paulo, dans laquelle se trouve le plus grand centre commercial d’Amérique Latine, le Shopping Dom Pedro que je faisait visiter à la majorité des amis qui venaient me rendre visite. Car il n’y avait rien d’autre à y faire. Par ailleurs il n’y a pas de plages à Campinas et c’est une ville très calme qui est souvent animée par la présence d’étudiants qui viennent des autres Etats du Brésil ou de l’étranger. Et là je me rappelle d’une des phrases de l’ex-consule de l’ambassade du Brésil à Kinshasa qui me disait toujours «qu’il n y avait rien d’intéressant à Campinas si ce n’était les études” et que j’allais “vraiment étudier et pas me distraire dans des bars, faire la fête ou aller à la plage».

Mais bon, je ne pouvais pas rester cinq ans à étudier sans visiter une plage, alors je faisais des petits voyages à Santos (ville portuaire, l’un des plus grands [ports] d’Amérique Latine, où ont évolué Robinho, Neymar et Ganso) ou au sud du pays dans l’Etat de Santa Catarina.

Quand je n’avais pas d’argent pour voyager, on organisait des fêtes avec d’autres amis africains ou brésiliens pour justement animer la ville, spécialement mon quartier Barão Geraldo qui est l’un des plus chers de Campinas à cause de l’Unicamp… tout étudiant aimerait habiter près de l’université.

Heureusement que nous avions une résidence d’étudiants qui m’a épargné le payement du loyer. Comme je l’ai dit, le coût de la vie très cher. Rendez-vous compte, le transport d’autobus coûte 3,30 Reais (1,15 dollars) et les étudiants n’ont pas droit à la meia passagem c’est-à-dire la réduction à moitié du prix des services publics comme dans d’autres Etats. Les manifestations à São Paulo ont commencé à cause du prix des autobus.

Il y a pas mal de bars intéressants quand même ou l’on peut retrouver une forte présence d’étudiants tant nationaux qu’internationaux comme à la Casa São Jorge où l’on pouvait aller danser la samba ou le forró; le Bar d’oze où l’on joue du Rock, la MPB – musique populaire brésilienne.

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Crédit photo: Priscila Micaroni Lalli on Wikimedia Commons

En outre, je n’oublierai pas de mentionner les fêtes universitaires organisées par des brésiliens, souvent le jeudi dans différentes facultés ou différents parcs de la ville. Je me disais souvent que sans les étudiants, cette ville serait morte.

J’ai rencontré pas mal des gens venus d’autres Etats du Brésil et même venant d’autres pays. D’ailleurs on y rencontre plus des africains de pays comme la Guinée-Bissau, le Cap vert, la Mozambique ou l’Angola… j’ai aussi connu pas mal d’argentins, des chiliens, et enfin des haitiens qui sont venus juste après le tremblement de terre qu’il y a eu en Haiti … Eh bien là, j’ai eu a connaître nos cousins.

L’un des plus grands problèmes de Campinas c’est son climat: quand il fait chaud, il fait chaud et quand il fait froid il fait vraiment froid.

C’est un peu ça ma ville. J’aime Campinas car c’est une ville qui m’a fait acquérir de l’expérience et qui m’a ouvert beaucoup de portes et en même temps qu’elle en a fermé d’autres; c’est cela, une «experience de vie campineira»!

 

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Les chefs d’états sur Twitter, c’est pas crédible

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Le nouveau membre de la famille Obama – crédit photo: @BarackObama

Des nombreux chefs d’états se sont mis aux réseaux sociaux, leur champion étant sans doute l’américain Barack Obama, précursseur de l’utilisation des nouveaux médias comme instrument d’optimisation électorale. Le nouvel arrivant du club des “présidents connectés” est l’iranien Hassan Rohani. Ce dernier avait annoncé sur Twitter l’appel téléphonique historique de son homologue américain.

Si les deux hommes politiques font la paix sur les réseaux sociaux, la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, utilise le microblog pour critiquer les récentes révélations d’espionage d’entreprises brésiliennes par les canadiens. Coup de gueule via Twitter, c’est pas beau ça?

 

Edward Snowden tire leur sommeil aux gouvernements occidents, et au compte-goûte toujours, Glenn Greenwald nous abreuve d’informations via la chaîne de télévision Globo. On en redemande, pauvres addicts que nous sommes!

Ce qui m’impressionne dans tout ça c’est le comportement des médias qui traitent les informations publiées sur les comptes officiels des présidents comme des paroles dites effectivement par ces derniers. Plus besoin d’attaché de presse? Cette communication directe remodèle la communication politique basée sur la réflexion et le mûrissement des arguments, voir sur la retention d’informations.

Maintenant, il n’y a plus de pudeur. Les chefs d’états pestent sur les réseaux comme des citoyens normaux. Le président togolais adepte de Twitter inquiète même ses compatriotes… Je suis jeune mais je me souviens d’une époque où les présidents maintenaient une image assez protégée, basée sur l’idée que la parole du chef est rare. Tout cela jouait en faveur de l’amplification de leur autorité, de leur charisme; l’aura du chef résidait dans le fait d’un discours laconique et rare. Aujourd’hui la logique des réseaux surexpose les chefs d’états, banalise leurs paroles, les décrédiblise et pire, les expose à la contradiction.

Tout le monde sait que ce ne sont pas les chefs d’états eux-mêmes qui administrent leurs comptes Facebook ou Twitter, mais les médias continuent de rapporter leurs tweets comme des « positions officielles ». Une chose est intéresssante à noter, c’est que les erreurs [quand elles sont commises] nuisent considérablement à l’image du président, et rarement un bon usage des réseaux sociaux a un impact favorable sur le public. La preuve, on ne retient que les ratés. En clair, disons que si un président commet une gaffe sur son microblog cela aura sans doute une répercussion négative sur son image, mais chaque fois qu’il l’utilise au mieux sa cote ne remonte pas automatiquement dans les sondages.

Je note tout de même que l’exception à la règle c’est bien le couple Obama, qui n’utilise le réseau que pour transmettre une image positive, des videos familiales avec leur nouveau chien, plutôt light. c’est que le couple [Barack et Michelle] en soi est particulièrement intéressant et inédit, du fait même de leurs origines afro-américaines et tout ce que cela implique dans une société américaine historiquement raciste et ségrégationniste.

Il y a quelques semaines je m’interrogeais sur le fait que la diplomatie brésilienne semblait dangereusement être influencée par les médias, à la publication de toute nouvelle information sur le schéma d’espionage US, le gouvernement brésilien réagissait soit par une convocation d’un ambassadeur soit par une note officielle. Désormais, il faudra aussi surveiller Twitter.

Ce n’est pas que je sois vieux jeu ou conservateur, dépassé par la logique des réseaux… loin s’en faut. Je suis moi même pris dans cette spirale de connectivité [je prépare de fait un master sur les NTICs et l’empowerment en Afrique francophone], tout de même, il me semble que nos représentants devraient faire plus attention à l’utilisation intempestive des réseaux.

Ah oui, une chose me revient à l’instant. Savez-vous qu’elle personnalité mondiale est l’exemple parfait de comment il ne faut pas utiliser Twitter, surtout quand on appartient aux “sphères du pouvoir”? Jean Michel Aulas. C’est aussi parce que dans son cas, c’est vraiment lui qui tweete. Ceux qui ont suivit l’affaire Gomis savent de quoi je parle.

 

 

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Au Brésil, Marina Silva place l’écologie au coeur des élections présidentielles

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Caricature de Marina Silva portant son hamac. En portugais, « rede » veut dire en même temps hamac et réseau. crédit photo: Facebook

L’annonce par l’ex-sénatrice Marina Silva d’une alliance avec le Parti Socialiste Brésilien (PSB) de l’actuel gouverneur de l’Etat de Pernambuco change radicalement le spectre politique brésilien. Désormais, le jeux politique se joue à gauche, entre d’un côté le Parti des Travailleurs (PT) fort de ses trois mandats à la présidence, et de l’autre le groupe de Campos qui devra incorporer dans son programme un agenda écolo.

Les socialistes face aux travaillistes…

L’écologie qui a toujours était le point faible de Lula et Dilma, tour à tour président, divise l’opinion public sur des thèmes comme ceux de la construction du barrage de Belo Monte.

Entre la nécessité de croissance et de développement, Marina Silva représente une voix légitime pour le mouvement écologiste. Elle qui a été ministre de l’environnement au deuxième mandat de Lula avant de claquer la porte du PT.

On en saura pas plus sur les raisons de cette division. Mais, certains proches de l’ancien président Lula qui ont participé à la création du PT dénoncent les prises de décisions centralisées au sein du PT. “Le parti est déconnecté de sa base”, réclame-t-on.

Elle n’est pas la seule à avoir lâché Lula. En 2011, elle a récolté 20 millions de sufrages arrivant en troisième position d’une élection bien compliquée pour Dilma. Cette dernière ne parvint pas à l’époque à s’attirer les grâces de Marina Silva qui préfera “rester neutre”.

Il était donc logique qu’elle soit candidate en 2014 pour confirmer la tendance d’une épopée politique improbable. Mais quelque chose à mal tourné en chémin. Elle a eu du mal, très mal, à former un nouveau parti politique, son Rede Sustentabilidade (réseau pour le développement durable).

Faute d’avoir obtenu 50 millions de signatures nécessaire pour la validation de son parti par le Tribunal Supérieur Eléctoral (TSR), la Rede n’a pu voir le jour. 10 millions de signatures ont manqué.

La première semaine du mois d’octobre a été agité car tous attendaient l’annonce du choix de Marina Silva. Allait-elle “rester neutre”, une fois de trop, ou surprendrait-elle en annonçant son ralliement à un poids lourd de l’opposition?

Le choix fut rapide. Elle a penché, samedi 05 octobre, du côté de l’actuel gouverneur de l’Etat de Pernambuco, Eduardo Campos. Le parti de ce dernier, le PSB, ratisse le nordeste brésilien où il somme plus de 5 gouverneurs dont ceux du Ceará et de Paraíba.

La droite sonnée…

En formant cette alliance avec Eduardo Campos, Marina Silva en fait le principal outsider aux prochaines élections au détriment du sénateur Aécio Neves très contesté même au sein de son propre parti le PSDB (social-démocrate en thèse, mais foncièrement de droite dans les faits).

Il s’agit là d’un tournant décisif dans l’histoire politique du Brésil, jamais depuis ces vingt dernières années le PSDB n’avait été rélégué à une “troisième position” dans les prévisions des spécialistes. Si lors des élections de 2014, le PSDB ne parvient pas au second tour, il faudra bien commencer à penser au démentellement de ce parti historique. Doit-on rappeler que c’est de ses rangs que provenait le président Fernando Henrique Cardoso qui gouverna le Brésil pendant 8 ans (1994-2002).

La montée de Marina Silva et Eduardo Campos est le signe que l’énorme majorité formée autour de Lula da Silva ne fait pas sourire tout le monde. Loin s’en faut. Les écologistes se sentent abandonnés par le gouvernement, les mouvements sociaux (notamment les “sans-terres”) protestent contre la centralisation des décisions à Brasília malgré le fédéralisme et aussi une jeunesse qui gronde…

Marina Silva vient de sonner la droite politique du Brésil en même temps qu’elle impose (enfin) à la gauche un agenda écologiste jusqu’ici très peu pris en compte.

Reste à savoir si elle acceptera d’être le candidat à la vice-présidence aux côtés du gouverneur Eduardo Campos ou si son appui restera strictement protocolaire, en attendant de faire valider son propre parti, la Rede. Rien n’exclu non plus une large coalition incluant Aécio Neves, ce qui serait de mauvaise augure pour Dilma Rousseff.

Réponses dans les prochains mois…

 

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En Californie, la guerre en Syrie mobilise contre Obama (images)

 

Obama a été plus intelligent que l’ami anglais, David Cameron, qui a essuyé la plus grosse déculottée politique de l’histoire de la Grande-Bretagne dans sa tentative de faire avaler à la Chambre des représentants son idée d’attaquer la Syrie. Là où monsieur Cameron a fait la sourde oreille, Barack Obama semble avoir écouté les voix qui montaient dans les rues. Comme ici, à Los Angeles… (suite…)


Obamacare, “Shutdown” et la prophétie d’Estván Mészáros

 

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Crédit photo : Pete Souza/ Wikimedia Commons

Les récents événements qui se déroulent aux Etats Unis d’Amérique m’ont rappelé au souvenir d’un livre que j’ai lu deux ans auparavant,Capital’s unfolding systemic crisis de l’intellectuel hongrois installé en Angleterre, Estván Mészáros.

Cette semaine, le Congrès américain a poussé à la fermeture partielle du gouvernement fédéral des USA, un cas de figure inédit depuis les années Clinton, lui aussi démocrate. La faute (là encore) aux conservateurs républicains du Tea Party… extrême droite dans la droite républicaine.

Fédéralisme américain vs le fédéralisme brésilien

Je dois dire qu’une telle configuration serait impensable au Brésil, pourtant lui aussi un pays fédéral. Impensable du fait même du caractère particulier son fédéralisme fait de très larges alliances politiques qui vont, parfois de la droite ultralibérale – comme en 2003, lorsque le vice-président Alencar provenait du patronat brésilien – à la gauche radicale. Dans le système brésilien, l’Obamacare serait voté il y a belle lurette. Que dis-je? Au Brésil, il existe déjà un Obamacare, le fameux Système Unitaire de Santé (SUS).

Les politologues “brésiliens” – moi compris – qui critiquent le présidencialismo de coalizão peuvent respirer vu que le Brésil entretient cette tare institutionnelle bien à lui. Comme disait le sage chinois “il faut attendre avant de tirer des vives conclusions même quand la situation semble en faveur d’un point de vue”. C’est entendu… veremos.

Une chose est à prendre en compte. Le fédéralisme américain, encore une fois considéré comme l’idéal, est fait de deux partis politiques; système bipolaire qui “facilite la gouvernabilité”. Dites-le à Obama. Au Brésil, le fédéralisme est multipolaire et ne respecte aucune règlementation idéologique. Les alliances se font selon les intérêts du moment et les possibilités de victoire aux futures élections.

Dans certains cas, il devient compliqué de gouverner. Mais au moins, un shutdown est impensable par le simple fait qu’il serait anticonstitutionnel en soi. En effet, la Constitution brésilienne offre de telles garanties que cela relèverait d’un crime que de fermer des services publics, même “mineurs”.

Les Américains ne payeront pas leur dette

Pour revenir donc à cette crise qui touche l’administration Obama, j’ai redécouvert un livre perdu dans ma modeste bibliothèque privée – bonjour le rhume. En 2009, soit un an après le début de la crise financière, Estván Mészaros écrivait qu’il était maintenant certain que les Américains ne payeront pas leur dette.

Un drame planétaire à l’horizon, ça selon lui, dans un futur très proche, le monde serait obligé de payer la dette américaine déjà très largement supportée par nos amis chinois (ironie de l’histoire)”. Double drame puisque, à la rigueur c’est tout le monde qui serait forcé de payer cette dette faramineuse… mais pour combien de temps ? Qui a dit que la puissance militaire ne sert à rien ?

Soyons clairs. De quelle manière l’Obamacare (ou le nouveau budget) aggravera-t-elle la situation de l’économie américaine plus qu’elle ne l’est déjà aujourd’hui? Tout le monde là-bas finance sa dette par des banques auxquelles il doit déjà des millions de dollars.

 

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Lettre ouverte aux éditeurs français: pourquoi vous devez m’embaucher… maintenant!

 

 

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Crédit photo: benjamin rosoor on Flickr.com

 

Chers éditeurs,

les réseaux sociaux ont tellement révolutionné nos vies que même le monde du travail n’y échappe pas. C’est pourquoi je décide aujourd’hui de vous offrir mes services, à bon prix, via ce blog.

Je souhaite travailler pour votre site (ou journal) en tant que correspondant, pigiste, journaliste, envoyé spécial au Brésil.

En ce moment vous devez vous dire, “tiens, encore un!”.

Ok! mais attendez de lire mes références d’abord. Combien des spécialistes du Brésil vous avez dans votre rédaction? Ne me dites pas François Cardona, il bosse à RFI lui. Alors, combien? Et pourquoi le Brésil? Ma foi, si vous vous posez cette question, quelque chose vous a échappé. Le Brésil est la septième puissance économique du monde, il recevra deux événnements sportifs majeurs d’ici 2016 – la Coupe du Monde de football et les Jeux Olympiques. C’est le plus beau pays du monde qui est en constante croissance depuis 2003. Son potentiel est tel que dans moins de vingt ans, la plus part des européens voudront immigrer vers les côtes cariocas ou pernambucanas.

Mes références, comme promis…

Je ne prendrai pas votre temps pour bien longtemps. D’abord laissez-moi vous dire que j’ai fait la meilleure école de journalisme de la RDC, l’ancienne ISTI actuellement IFASIC. Cette école a formé les plus grands journalistes d’Afrique Centrale comme François Kabulo Mwana Kabulo, Chantal Kanyimbo, Wivine Moleka (actuellement député au Congo), Kibambi Shintwa, Kasongo Mwema bien connu à RFI et Patient Ligodi. J’ai été l’un des meilleurs étudiants à l’IFASIC entre 2004 et 2007. Vous me direz, “oui mais, c’est facile ça. Faut le faire en France ou en Allemagne”. D’accord! Et au Brésil, ça vous va?

Eh bien, je suis également major de ma promotion en Science Politique à l’Université Fédérale de Paraíba, spécialiste en institutions politiques brésiliennes, politiques comparées, Amérique Latine, et histoire de la gauche Brésilienne.

Avec moi, pas besoin de payer des interprètes à chaque fois que vous demanderez un reportage. Je suis fluent en portugais – j’ái obtenu l’une des meilleures notes nationales en 2008 au CELPE-BRAS, l’équivalent du Toefel. Non seulement, cela vous économisera de l’argent mais aussi du temps, car je respecte rigoureusement les délais.

Sur mon blog, Carioca Plus (qui n’est plus à présenter) vous trouverez plus de cent billets; et sur la colonne à droite, des liens vers mes publications dans des révues académiques brésiliennes comme celle de l’Université de Rio de Janeiro, début 2013.

Enfin, en 2013, j’ai participé à la formation des mondoblogueurs à Dakar grâce à l’équipe de l’Atelier des médias de RFI.

Pourquoi maintenant?

Parce que si vous attendez trop longtemps, je ne serai plus disponible pour vous. Car, dans quelques temps je risque de devenir une référence en matière de politique brésilienne. Et puis, je ne parle pas que de politique. Le football est ma deuxième passion, la samba et la bosa-nova m’intéressent également. Combien de correspondant au Brésil sont capables de chanter toute la discographie de Cazuza ou de Ney Matogrosso? Je vais trop loin là, hein…

https://www.youtube.com/watch?v=X4GT20f4jRY

C’est vrai que je n’ai pas le style d’un Florian Ngimbis, maître du Kongossa, ni l’élégance d’une Manon (celle de la Génération Berlin), moins encore le charme du Berliniquais (d’après Aurore, il ira loin). Je n’ai pas non plus l’esprit d’un Nicolas Dagenais ou le carnet d’adresse de la belle Mylène. Mais, croyez-moi, si vous m’élisez … oups, pardon! Si vous m’embauchez, votre site (ou journal) deviendra une référence sur le Brésil.

Remarquez, je suis assez coopératif et con pour indiquer, dans une demande d’emploi, d’autres blogueurs et journalistes beaucoup plus talentueux que moi.

Et quand même, pour vous convaincre que ce ne sont pas là des paroles en l’air, que tal… lisez plutôt mes meilleurs articles: celui sur les “manifestations au Brésil”, le décès d’Oscar Niemeyer (parmis “les pépites” du Panda – il faut le faire) ou encore cette analyse sur Cypherpunks de Julian Assange.

 

Mes défauts sont aussi des qualités

Si tout ce que j’ai dit ne suffit pas à vous convaincre, dans ce cas je tiens à énumérer mes défauts:

  • j’aime tellement travailler que je ne me soucies pas de l’état de ma vie personnelle… avec les femmes, je veux dire. C’est pas beau ça? Jamais vous ne m’entendrez dire: “ma femme se plaind que je bosse trop”, “elle pense que je passe trop de temps sur l’ordinateur”, “je ne peux pas aujourd’hui… je sors avec ma copine et ses deux gosses”. Attendez, il y a des gens qui disent ça?
  • Ma curiosité peut aussi être un défaut. Je lis tout, apprend tout très vite. Les gens se demandent comment je fais… je ne devoilerai pas ma formule ici… même pas pour ce job que je désire tant.
  • Mon espagnol n’est pas encore ça, mais je parie qu’il est meilleur que celui des 2/3 de vos autres correspondants. Idem pour l’anglais. Non, je rigole. Je peux plaisanter… c’est ma lettre de toute façon, allez.

Bon, vous êtes prêts chers éditeurs? A vos claviers… commencez à m’écrire!!!

 

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10 ans à gauche, le triomphe de Lula… et Dilma?

crédit photo: Marcello Casal Jr./Agência Brasil on Wikimedia Commons/CC
crédit photo: Marcello Casal Jr./Agência Brasil on Wikimedia Commons/CC

Dix ans que le Brésil vit une phase post-néolibérale, que toute l’Amérique Latine respire l’air renouvelé de la fin des années d’autérité économique et des “privatisations” menées par le tandem Thatcher-Reagan.

Dix ans donc que l’Amérique Latine, et surtout le Brésil s’est, nous dit-on, émancipé de l’emprise des grandes puissances économiques réalisant les aspirations des grands penseurs de l’histoire du continent que furent Raúl Prebisch et Celso Furtado – ce paraibano qui a fait la Sorbonne avant de devenir le symbole d’une Amérique Latine maîtresse de son destin économique.

Dans les années 1960 et 1970, les intellectuels sud-américains se rassemblaient au sein du CEPAL afin de réflechir sur la voie que le continent devait empreinter pour son économie. Puis quelques années plus tard, grâce à l’ex-président Fernando Henrique Cardoso (FHC), apparaissait la teoria da dependência¹ – la seule “véritable” théorie économique issue d’Amérique Latine. A quand une venue d’Afrique?

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Celso_Furtado,_Lula_da_Silva_(July_2003).jpg?uselang=fr
crédit photo: Marcello Casal Jr/ABr Wikimedia Commons/CC

Curieusement, c’est FHC qui allait appliquer les politiques de rigueur des années 1990 au Brésil.

Avec l’arrivée de Lula et du nouveau pacte social engagé avec toute la société brésilienne dans sa fameuse “Lettre au peuple brésilien” (PDF), le pays amorçait un véritable virage à gauche tant idéologique qu’économique.

Le grand objectif du gouvernement Lula fut de réduire les inégalités, de faire profiter à l’ensemble de la population les richesses du pays. Certes, le Brésil est encore un mauvais élève en ce qui concerne la concentration des richesses tel que l’indique un rapport selon lequel 124 personnes detiendraient 12% du PIB.

La route est longue.

Lula a terminé son dernier mandat avec un record d’adhésion de 80%. Des chiffres qui cachaient la forêt puisque personne n’aurait pensé que deux ans après son départ, sa dauphine affronterait des manifestations monstres comme celles de juin 2013?

Malgré tout, Dilma Rousseff est bien partie pour un deuxième mandat, même si une éventuelle alliance entre Aécio Neves et Eduardo Campos pourrait faire des vagues.

Il est cependant risqué de croire que les brésiliens sont capables de prendre un nouveau virage à droite au moment où la crise s’invite sur la côte atlantique d’Amérique Latine.

C’est donc dans ce contexte assez favorable que des intellectuels de gauche, très influents chez les jeunes de classes moyennes notamment se sont réunis lors du lancement d’un livre dirigé par le professeur Emir Sader pour faire le bilan de ces dix années de gloire pétiste² (PDF). Dix années de gloire, certes, mais marquées par l’essoufflement du projet travailliste dans le nordeste brésilien, fief traditionnel du PT.

Totalement récupéré de sa maladie, l’ex-président Lula participait aux débats.

L’occasion pour eux de relever les acquis de ces dix années de gouvernements de gauche; ainsi pour la professeure de philosophie Marilena Chaui:« le Brésil est passé par une véritable révolution sociale que l’on peut observer dans plusieurs domaines comme l’importance de la femme dans la gestion de la famille grâce notamment au programme Bolsa Família« .

Quarante ans de féminisme n’ont pas réalisé ce que le Bolsa Família a pu faire en terme d’émancipation.

Selon elle, la politique des quotas qui permet aux noirs et aux plus pauvres d’accéder aux universités fédérales est une autre preuve de cette révolution initiée par Lula en 2003.

Point fort de la rencontre, Lula dans son style bien comique tance la professeure Marinela Chauí qui venait tout juste de critiquer la classe moyenne brésilienne pour son conservatisme: « J’ai tellement travaillé en faveur de l’augmentation la classe moyenne brésilienne pour que Marinela vienne la démolir ici… ». La salle applaudit.

Dans la foulée, l’ancien président a promis de décendre dans la rue en 2014 faire campagne pour son parti, le PT. C’est de bonne augure pour Dilma Rousseff.

Je peux affirmer que j’ai vécu in loco la moitié de ces dix années révolucionnaires. S’il est idéniable que le Brésil a fait d’énormes progrès, les emplois sont encore difficiles dans le secteur privé, les inégalités régionales persistent entre le nord et le sud du pays (plus riche).

Hormis l’élection de Dilma en 2011 comme la confirmation du bon travail effectué par Lula, la victoire de Fernando Haddad à la marie de São Paulo a été un autre grand triomphe du PT.

 

¹ La théorie de la dépendance est reconnue dans le milieu académique pour avoir expliqué la situation des économies périphériques, c’est-dire dépendantes des puissances industrielles, et d’en avoir formulé les voies de sortie.

² Néologisme dérivé de la sigle PT, se dit petista en portugais.

 

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Après l’affaire Snowden, les médias orientent-ils la diplomatie brésilienne ?

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photo : MREBRASIL on Flickr.com CC.

L’affaire Snowden fait encore des vagues dans le monde, même si l’euphorie estivale provoquée par ce scandale d’espionnage semble être passée. Au Brésil, sous la pression des médias, le gouvernement Dilma revoit sa politique externe. Décryptage.

Qu’est-ce qui définit aujourd’hui les relations entre les grands médias brésiliens (et autres groupes de presse) avec la diplomatie nationale du Brésil ?

Avant tout, je voudrai contextualiser mes propos. Tout part de l’affaire Snowden, évidemment. Le lanceur d’alertes américain transmet des milliers de documents à un journaliste américain, Glenn Greenwald qui vit au Brésil (Rio de Janeiro) avec son compagnon. Dans ces documents, des nombreuses preuves que le gouvernement américain à travers la NSA (Agence nationale de sécurité) espionne 1/5 des individus au monde, si nous nous basons sur l’article de Jean-Marc Manach journaliste au Monde.fr.

L’affaire intéresse évidemment tout le monde, du président du conseil de Petrobras à la plus petite ménagère du quartier carioca, Bara da Tijuca.

L’audience monumentale des médias brésiliens

Le scandale est amplifié lorsque Glenn Greenwald repasse, au compte-gouttes, les données reçues d’Edward Snowden aux plus grands médias brésiliens tels qu’à cet important journal de Rio de Janeiro, O Globo; à la chaîne de télévision Globo TV ou à l’émission dominicale Fantástico diffusée sur la même chaîne.

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>Newspaper stack

Si vous ne savez pas ce que représente l’émission Fantástico au Brésil, faites-vous une idée à partir d’une petite anecdote. En 2008, la star du jazz canadien Michael Bublé effectue une tournée au Brésil. Il a prévu de passer dans une ou deux chaînes de télévision, en l’occurrence, il est l’invité de l’émission Domingão do Faustão, qui passe depuis plus de 20 ans sur Globo TV. A la fin de l’émission, Faustão, animateur et icône nationale, remercie le chanteur canadien d’avoir accepté de passer au Domingão do Faustão. Ce à quoi Michael Bublé répondit : “ C’est moi qui vous remercie. Vous savez, toute la population de mon pays atteint à peine 40 millions de personnes, ce qui équivaut à tout l’audimat de votre émission. Au Canada, aucune chaîne ne peut me donner une telle audience ”. Pas mal pour une émission de télévision quand on sait que la population brésilienne est de 190 millions d’habitants.

Je ne me tromperais pas si j’affirmais que l’audience de Fantástico c’est un peu plus que celle du Domingão do Faustão. Imaginez donc la répercussion des informations publiées par Glenn Greenwald à travers l’émission Fantástico de Globo TV. C’est comme si, tout d’un coup, 40 millions des Brésiliens apprenaient simultanément que leur gouvernement, la présidente Dilma Rousseff et les grandes entreprises brésiliennes telles que Petrobras sont espionnés par les services américains.

Et chaque dimanche, on en sait un peu plus sur ce schéma d’espionnage made in America. Au compte-gouttes toujours, Glenn Greenwald continue de pomper les médias à coup d’infos cryptées.

Dois-je rappeler que nous sommes à un an de l’élection présidentielle brésilienne? Il s’agit évidemment d’un facteur non négligeable pour notre analyse.

Une diplomatie dictée par les médias ?

La présidence brésilienne ne peut pas ignorer des tels actes au risque de paraître faible aux yeux de ses électeurs.

https://pt.m.wikipedia.org/wiki/Ficheiro:Dilma_Rousseff_and_Barack_Obama_2012.jpg
Dilma Rousseff and Barack Obama 2012, CC on Wikimedia Commons

La dernière conséquence en date de cette affaire a été le report d’une réunion prévue entre les présidents Obama et Rousseff, une démarche qui est de l’initiative de la partie brésilienne.

Ce qui me gêne dans cette affaire, c’est qu’au début, on avait l’impression que le gouvernement brésilien n’engagerait aucune action diplomatique d’envergure, d’autant plus que le gouvernement américain se contentait de publier sur son site web des “ notes d’éclaircissement ” censées calmer leurs homologues brésiliens.

Le fait que Globo TV et spécialement Fantástico aient diffusé, coup sur coup, des systèmes d’espionnage contre les intérêts brésiliens a totalement transformé l’approche diplomatique du gouvernement brésilien. A Brasília, le Congrès a mis en place une Commission d’enquête sur cette affaire d’espionnage.

Tout cela nous ramène également aux rapports historiques entre les grandes télévisions brésiliennes et les différents gouvernements; des rapports de force basés sur la conquête de l’opinion publique. Pendant le gouvernement Lula, les médias ont quelque peu été mis aux oubliettes du fait de l’aura de l’ancien président.

Depuis, les choses ont changé. Les jeux sont rééquilibrés à nouveau. Et si pour le coup on peut influencer la politique externe du Brésil vis-à-vis de la première puissance mondiale, pourquoi s’en priver?

Je me demande seulement si Glenn Greenwald en a conscience. Je ne veux pas faire d’euphémisme sur la valeur des données qu’il a pu publier, mais pour Globo TV ou O Globo, Greenwald n’est qu’un effet de mode, un journaliste américain au bel accent so english qui s’attaque aux puissants de ce monde.

Jusqu’ici, les réponses fournies par le gouvernement américain  n’ont pas été satisfaisantes, pire encore, elles ont été condescendantes envers le Brésil. “ Les Américains nous prennent de haut ”, c’est ce que le Brésilien moyen doit penser. Et ça, ce n’est pas admissible, encore moins dans une année préélectorale.

Il sera donc intéressant de voir quelle politique le gouvernement Obama adoptera. Quel geste de communication fera-t-il en direction de Dilma ? Et plus intéressant encore, cela ramènera-t-il les relations américano-brésiliennes à leur normalité ?

 

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Scénario kafkaïen dans les locaux de la police brésilienne

Comment réagissez-vous face À une injustice? Comment réagissez-vous  face à une « autorité », ou un agent de l’ordre qui abuse se son pouvoir en plein exercice de ses fonctions?

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kafka_head.png
Photo by Loquetudigas on Wikimedia Commons CC

Certains ont peur, j’en connais. D’autres dépriment, j’en ai vu aussi.

Ce qui est en jeu dans ce genre de situation, c’est tout le sens que nous donnons à l’Etat de droit. Bon, je vais vous raconter ma petite mésaventure dans les locaux de la police fédérale à João Pessoa. 

J’avais rendez-vous pour renouveller mes papiers, sachant que cela faisait trois ans que je ne recevais pas l’original de ma carte d’identité, pourtant je payais. Or, selon une disposition légale du Ministère de la Justice, lorsqu’un certain délais est passé le requérant ne doit plus payer la prochaine carte d’identité (une sorte de dédommagement).

J’expliquais donc à un agent que selon la loi je ne devais pas payer pour avoir la documentation lorsqu’un autre agent intervient pour me faire comprendre que j’avais tort insinuant que je mentais. Le ton qu’elle employa fut d’autant plus irrespectueux, voir moqueur.

Faut pas me chercher bien longtemps. La suite à lire ci-dessous:

Moi: Je n’aime pas votre ton
Elle: Vous ne m’aimez pas?
Moi: non, pas vous. Je n’aime pas votre ton
Elle: Je n’ai pas besoin qu’on m’aime
Puis autre agent: Monsieur, je vous demande de vous calmer, vous êtes à la Police Fédérale.
Moi: Je sais que je suis à la Police Fédérale, mais je vous demande de me respecter.

Au Brésil quand vous entrez dans n’importe quel burreau de l’administration publique vous remarquez tout de suite une  mention placardée sur tous les murs: « l’insubordination à un fonctionnaire public est un crime passible de 6 mois à 2 ans de prison. » Ah bon?

J’étais en plein dans un délire kafkaïen… Vous avez Le procès?

Après cette malheureuse expérience, mon intérêt pour cette loi a augmenté. J’ai donc effectué une petite recherche sur le sujet. Et figurez-vous que cette loi est en passe d’être annulée, car il circule dans les couloirs du congrès brésilien une proposition de loi qui y mettra fin.

https://www.jornalcidade.net/rioclaro/seguranca/seguranca/47932-Lei-do-desacato-a-servidor-publico-cria-conflito
La plaque reprend le texte de loi alors que la population attend d’être réçue par un fonctionnaire public.

Selon le député fédéral de l’Etat de Bahia, Edson Duarte (qui est à l’origine de la réforme) : « la typification de l’insubordination est arbitraire, il sert très souvent comme une raison d’intimider les citoyens au sein des établissements publics ».

Donc, vous vous doutez bien que certains fonctionnaires en profitent pour exercer toute sorte de dérive autoritaire, pour eux ce qui importe c’est la mention sur le mur. Heureusement, après vérification de toute ma documentation ils se sont rendus compte que j’avais raison et que la taxe ne s’appliquait pas à mon cas. Je n’ai donc pas payé et suis ressorti de là très fière de moi. Vous savez, c’est une question de « reconnaissance ». Même si certains fonctionnaires publics affirment que cette première loi constituait une protection contre les ménaces de certains citoyens « puissants » dont ils sont les victimes.

Et vous, comment réagissez-vous dans une telle situation?

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