Thélyson Orélien

Revue IntranQu’îllités # 3. Un rêve en débordement !

Argumentaire – La revue IntranQu’îllités n°3 est arrivée au port, avec à bord plus de 200 contributeurs généreusement liés et reliés autour de la figure cassée/creusée de Christophe Colomb : une mine d’or.

Le prétexte est heureux pour naviguer dans les méandres et les nuances des chimères. Au fil des planctons qui baignent dans l’union libre des 9 rubriques, vieux loups de mer et jeunes flibustiers de la création ont répondu en masse à l’appel, pour brasser et battre les océans comme un jaune d’œuf cassé au cœur du monde. « Oui…, écrit James Noël, ce à quoi nous nous exerçons au fond, c’est de brasser et battre la mer en profondeur pour arriver… à faire vague d’écume dans l’imaginaire: l’imaginaire tumultueux des voyages. Des conquêtes. Des songes. Des mensonges. Du colonialisme. Du sexe. Des pillages. Des frontières. Des massacres. »

Il en résulte un rêve en débordement. Un tsunami de beauté. Une revue unique à marée haute.

Jean Métellus, Marie Darrieussecq, René Depestre, Hubert Haddad, Stéphane Martelly, Lise Gauvain, Jean-Luc Marty, Gisèle Pineau, Makenzy Orcel, Kettly Mars, Gabriele Di Matteo, Frankétienne, Saul Williams, Louise Dupré, Patrick Vilaire, Dany Laferrière, James Fleurissaint, Yvon Le Men, Roberto Stephenson, Yahia Belaskri, Valérie Marin La Meslée, Laurent Gaudé, Thélyson Orélien, Sami Tchak, Gary Victor, Édouard Duval Carrié, Achille Mbembe, Michèle Pierre-Louis, Nimrod.

Ils sont nombreux à jeter l’encre dans la mer intranQu’îllités. Dans un climat où l’altérité est menacée de toutes parts, cette revue permet de convoquer le temps pour une nouvelle éclaircie dans la météo des regards, et rendre notre disponibilité plus poreuse au jeu/je de l’autre.

IntranQu’îllités N°3 Revue littéraire et artistique Maître d’œuvre : James Noël Direction artistique : Pascale Monnin & Barbara Cardone Format : 20,3 cm x 29,7 cm ISBN : 978-99970-61-03-4 304 p. 30 € Parution : 30 mai 2014 Diffusion: L’Oiseau Indigo

 16 déc. 2013: Christian Éboulé nous parle du précédent numéro de la Revue IntranQu’îllités sur TV5.

En librairie en Europe, au Canada et en Haïti: le numéro 3, 304 p. / 30 euros.

En ligneFnac, sur Médiapart et Archambault.

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Argumentaire & Sommaire 

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La Couverture de «IntranQu’îllités», est une réalisation de Pierre Soulages, 94 ans, qui a inauguré le vendredi 30 mai 2014, dans sa ville natale de Rodez le premier musée qui porte son nom. Il a donné au musée 250 de ses œuvres abstraites dominées par le noir, en présence du président Français, François Hollande, dans l’Aveyron.

Source: Revue IntranQu’îllités


Non, les Noirs ne sont pas des cons…

Je rédige ce post en réponse à l’article passionnant publié par mon ami congolais et noir, Serge Katembera Rhukuzage, intitulé « Désolé, mais les Noirs sont des cons« . Je comprends la frustration exprimée dans son message, et je suis d’accord avec son contenu. Cependant, je ne suis pas en accord avec son titre qui ne reflète pas du tout le message du texte. Ce sont plutôt les racistes qui sont des…


La « Santa Maria » de Christophe Colomb retrouvée au large d’Haïti

Ailleurs sur le Web: 

Selon The Independent, des archéologues auraient retrouvé ce qui pourrait être le bateau amiral perdu du grand explorateur italien, à bord duquel il a découvert en 1492, l’Amérique au nord d’Haïti (plus de 500 ans plus tard).

L’une des plus grandes découvertes sous-marines de l’histoire pourrait avoir eu lieu. Selon The Independent, une équipe d’archéologues sous-marins aurait mis au jour l’épave de la Santa Maria au nord de la côte haïtienne. Le bateau mythique à bord duquel Christophe Colomb a découvert, alors qu’il cherchait une nouvelle route vers les Indes orientales, l’Amérique en 1492. «Toutes les preuves géographiques, la topographie sous-marine et les preuves archéologiques tendent à confirmer qu’il s’agit bien du navire amiral de Colomb», a affirmé l’archéologue sous-marin Barry Clifford. Pour le moment, son équipe n’a pu que photographier l’endroit et prendre des mesures.

«Le gouvernement haïtien a été d’une grande aide»

«Le gouvernement haïtien a été d’une grande aide – et nous devons encore travailler main dans la main pour effectuer une fouille plus détaillée de l’épave», a-t-il encore expliqué. L’identification de la Santa Maria a été possible grâce à la découverte, en 2003, du fort construit par Christophe Colomb mais aussi grâce au récit des aventures du navigateur. Après 37 jours de voyage, Colomb a atteint, en 1492, les Bahamas, mais, environ dix semaines plus tard, son navire amiral, la Santa Maria, dérive dans la nuit sur un récif au large de la côte nord d’Haïti avec le navigateur génois à son bord et finit par être abandonné. C’est dans un village indigène que Colomb va donc s’installer et construire un fort. Il repartira deux semaines plus tard pour rejoindre l’Espagne et signaler sa découverte au roi Ferdinand et à la reine Isabelle d’Espagne: ce qu’il perçoit comme étant une nouvelle route à l’ouest de l’Asie.

Une expédition, orchestrée par l’équipe de Barry Clifford, il y a une dizaine d’années, avait déjà permis aux explorateurs de trouver et de capturer des clichés de l’épave – sans leur permettre, à ce stade, de définir sa probable identité. En réexaminant les photographies de l’enquête initiale et en les mettant en rapport avec des nouvelles données apportées du site, Clifford a pu identifier l’épave comme étant celle de la Santa Maria. Son empreinte, laissée par le ballast au fond de l’eau correspond, par ailleurs, à ce qu’on attend d’un navire de la taille de la Santa Maria.

Si l’épave s’avérait être bel et bien la Santa Maria, cela pourrait être, selon Clifford, un merveilleux moteur touristique pour renflouer les caisses d’Haïti.

La Santa Maria mesurait 25 mètres de long et 8 mètres de large. La nef pesait 102 tonnes et était dotée d’un grand mât de 23 mètres. Son équipage était composé d’une quarantaine de marins. La Santa Maria s’est échouée en 1492 au large d’Haïti après avoir exploré les Bahamas.

Retrouvez l’intégralité de cet article dans Le Figaro

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Navigateur génois, découvreur de l’Amérique (Gênes 1450 ou 1451-Valladolid 1506). Christophe Colomb est considéré, à juste titre, comme l’initiateur des Temps modernes, et son voyage de 1492 fait incontestablement de lui le plus grand navigateur de tous les temps.

Famille

Son père est tisserand puis marchand de vin.

Formation

Il reçoit une éducation de navigateur et acquiert un solide bagage cartographique grâce à la connaissance des travaux de Ptolémée et de Marin de Tyr. Il est également influencé par les récits de Marco Polo sur la Chine et le Japon : il pense pouvoir atteindre l’Orient en suivant une route par l’ouest.

Début de carrière

Il voyage en Méditerranée, pour le compte de maisons de commerce génoises.

Premiers succès

Après avoir plaidé sa cause sans succès auprès du roi Jean II du Portugal, il se rend en Espagne en 1485 et monte une expédition financée par les rois catholiques.

Gloire

Parti d’Espagne le 3 août 1492, il atteint les Antilles le 12 octobre 1492, puis débarque à Cuba et à Haïti, avant son retour triomphal en Espagne.

Consécration

Une deuxième expédition, en 1493, lui permet de reconnaître les îles de la Dominique, de la Guadeloupe et de Porto Rico. Lors de son troisième voyage, en 1498, il atteint pour la première fois le littoral du continent américain, le 5 août.

Dernières années

Arrêté pour malversations, puis libéré, il entreprend une quatrième expédition en 1502 et longe l’Amérique centrale, avant de mourir en 1506.

Notice biographique : Larousse Encyclopédie


Je suis d’une grande maladresse manuelle et le déplore

Je suis d’une grande maladresse manuelle et le déplore. Je serais meilleur si mes mains savaient travailler. Des mains qui font quelque chose d’utile, plongent dans les profondeurs de l’être et y débordent une source de bonté. Mon grand-père, qui m’avait élevé et que j’appelle aussi père, était un ouvrier, autant intellectuel que manuel. C’était une âme puissante, un esprit réellement messager. Il disait des choses très étranges. Il disait parfois en souriant : c’est avec les mains que l’on monte au ciel.

En dépit de cette maladresse, j’ai tout de même touché à des choses. J’avais douze ans. J’étais à l’époque un élève au cours fondamental à une Institution presbytérale des Frères de l’Instruction chrétienne dirigée par des prêtres français. Le samedi après-midi, nous avions le choix entre le travail du bois, le modelage, l’artisanat ou la reliure. À cette époque, je ne lisais pas vraiment de textes basés sur la science ou à la technologie. Je lisais tout simplement des poètes, et surtout René Char ou Philippe Jaccottet. Je me fis violence pour ne point relier La parole en archipel, une façon pour moi de le lire sans modification.

Mon père possédait une trentaine de livres, rangés dans l’étroite armoire de son atelier, avec des bobines, des craies, des épaulettes et des patrons. Il y avait aussi, dans cette armoire, des milliers de notes prises d’une petite écriture appliquée sur le coin de l’établi, pendant les innombrables nuits de labeur. Parmi ces livres, j’avais Le monde avant la création de l’homme de Camille Flammarion, un ouvrage illustré de gravures, de cartes géologiques et d’aquarelles, et j’étais en train de découvrir Où va le monde de Walter Rathenau.

C’est l’ouvrage de Rathenau que je me mis à relier, non sans peine. Dans ce petit atelier, chaque samedi, je faisais du travail manuel pour l’amour de mon père et du monde ouvrier. Dans ce livre, mon père avait souligné au crayon rouge, une longue phrase qui est toujours demeurée dans ma mémoire : « Même l’époque accablée est digne de respect, car elle est l’œuvre, non des hommes, mais de l’humanité, donc de la nature créatrice, qui peut être dure, mais n’est jamais absurde. Si l’époque que nous vivons est dure, nous avons d’autant plus le devoir de l’aimer. »

C’est après avoir lu Rathenau que j’ai commencé à avoir en moi un amour immense pour la science et à avoir pleine confiance dans le progrès technique. C’est ma rencontre marquante avec la science ou la technologie. À seulement douze ans, il s’était bâti une puissante philosophie en moi. Une sorte d’illumination scientifique guidée par la passion des livres de paléontologie, d’astronomie et de physique. Mon père est mort sans n’avoir jamais cessé de croire en la nature créatrice, sans n’avoir jamais cessé d’aimer et de pénétrer de son amour le monde douloureux dans laquelle il vivait, sans n’avoir jamais cessé d’espérer voir luire la lumière derrière les lourdes masses de matière.

Thélyson Orélien
Extrait de «L’Enfant à naître», recueil de nouvelles inédit en quête d’éditeur sérieux.


Le Vodou Haïtien: Origine et croyances

Entretien avec l’Ati Max Beauvoir, hougan, chimiste de formation et chef suprême du vodou en Haïti qui présente « Lapriyè Ginen » et « Le Grand Recueil Sacré, ou Répertoire des chansons du vodou haïtien » à « Kiskeya, l’île mystérieuse », une émission hebdomadaire culturelle animée par Marie-Alice Théard depuis juin 2011 sur Canal Bleu (chaînes 38 et 89) en Haïti.

Le Vodou Haïtien: Origine et croyances

Le mot « Vodou » vient du language parlé par les communautés Fon du Dahomey. Né dans la clandestinité et, dans sa prime enfance, religion des esclaves noirs importés d’Afrique, le vodou intégra des éléments des religions africaines avec le culte des saints dans la religion catholique.

Le vodou joua un rôle primordial dans le combat quotidien que menait l’esclave transplanté d’Afrique pour conserver non seulement sa santé mentale dans un système, à tous les égards, déshumanisant, mais aussi et surtout pour rester connecter avec sa terre ancestrale. Sa pratique considérée subversive par le colon, devrait donc se faire dans la clandestinité. Plus tard, il devint le catalyseur dans l’organisation des révoltes contre les Français. Les historiens reconnaissent que la cérémonie du Bois-Caïman dans la nuit du 21 au 22 Août 1791 marqua le début de l’insurrection des esclaves de Saint-Domingue.

De cette époque jusqu’au mois d’avril 2003 quand un arrêté du gouvernement de Jean-Bertrand Aristide le déclara « religion à part entière », le vodou ne jouissait d’aucune reconnaissance légale. Plusieurs gouvernements ont essayé d’interdire sa pratique, y compris l’administration de Toussaint Louverture (Voir: 4 janvier 1800).

Il fut l’objet de persécutions ouvertes et officielles pendant la fameuse campagne anti-superstitieuse sous le gouvernement d’Elie Lescot, ou sournoises après la chute du gouvernement de Jean-Claude Duvalier et, sur une base presque quotidienne, par des ministres des cultes reformés. En 2011, les vodouisant, dans certaines régions, furent accusés d’être les agents de propagation du choléra. Certains furent assassinés par des ignorants. [Pendant que L’Université Yale affirme dans une étude que les Casques bleus népalais venus aider en Haïti ont apporté du Népal la source du choléra qui fait rage au pays encore aujourd’hui.]

Pendant l’occupation américaine, la machine de propagande de l’occupant fit du vodou un « obstacle à la civilisation » et un champ où s’épanouit le démon (1); une thèse qui sera reprise par Pierre Pluchon presqu’à la fin du 20è siècle, en y ajoutant l’élément perversion (2).

N’empêche que les vodouisants n’avaient cure de ces dangers ou des critiques, et continuaient de pratiquer leur culte en privé ou publiquement dans leurs woufò, les lieux sacrés et lors des fêtes propres. Alors que d’autres, pratiquants ou non, le célébraient à travers des expressions culturelles comme les danses folkloriques, la musique dite « racine ». Certains gouvernements l’utilisaient même à des fins purement politiques.

Pendant cette même période et tout au cours du 20è siècle, le vodou fut l’objet d’études ethnographiques très avancées, certaines décrivant un système théologique extrêmement complexe. Les arguments et les recherches des académiciens ne changérent pourtant pas la perception de ses détracteurs.

L’arrêté du 4 Avril ne vint donc qu’entériner cette pratique religieuse, jusque là clandestine, en la plaçant sous la protection des lois et institutions du pays au même titre que toutes les autres religions.

Notes:

  1. Voir le livre de William Buehler Seabrook, Voodoo Island : first eye-witness account of the secret rites of Voodoo (New York : Lancer Books, [©1929]) traduit plus tard en français sous le titre de Ile magique (Paris : Firmin-Didot, 1929).
  2. Pluchon, Pierre. Vaudou, sorciers, empoisonneurs : de Saint-Domingue à Haïti. Paris : Karthala, 1987.

Source : Haïti – Référence 

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L’Ati Max Beauvoir, hougan, chimiste de formation et chef suprême du vodou en Haïti


Satisfait d’avoir vu Grand Bassam et Abidjan

Et hop ! Enfin, internet fonctionne presque bien cette fois. Mais pour combien de temps ? Ça, on ne le sait pas. Je profite de ce miracle de la compagnie MTN qui ne fera pas long feu «le vrai Internet Haut débit garanti» pour écrire ces mots. Emmener des blogueurs munis de leurs ordinateurs portables, sur une place où à chaque clic il est question d’attendre en moyenne entre cinq à dix minutes (ou peut-être plus) avant qu’une page web s’ouvre, c’est comme mettre un artiste peintre devant un chevalet, sans peinture ni pinceau, en lui demandant de peindre tout un paysage.


Et moi, je préfère les chats…

Non pas que je n’aime pas les chiens. Je les trouve charmants, aimables, altruistes; prédestinés à réagir rapidement à nos signaux émotionnels. Ils sont même capables de faire preuve d’empathie digne de tout l’amour que l’être humain serait capable de donner. Mais je préfère les chats.

La raison essentielle de ce choix est que la qualité que j’apprécie le plus dans une relation de toute nature est l’équilibre. Je ne parle pas de relation sacrificielle non partagée et parfaitement utopique, mais de liaison symétrique. Perception enrichissante que les deux parties s’investissent avec les mêmes intensités.

L’amitié est plus facile à réaliser avec un chien, dans l’affection inconditionnelle et prête qu’avec un chat plutôt distant. Pour gagner l’affection d’un chien, il n’est pas nécessaire de faire quoi que ce soit: vous l’intégrez dans votre vie et vous aurez une source garantie d’attachement.

Vous pouvez l’ignorer, l’enfermer, le maltraiter même, et vous recevrez autant et toujours la même attention. Il continuera à remuer sa queue et à être heureux de vous revoir. Pour beaucoup, c’est la grande vertu des chiens. Mais pour moi, c’est sa grande faiblesse.

Mon intention, ce n’est pas de faire le procès des chiens ou de les lancer des adjectifs négatifs : je le répète « ad nauseam », je les trouve adorables, ils me semblent beaucoup plus dignes de confiance que bon nombre d’êtres humains, et ils sont une source d’affection incomparable pour ceux qui cherchent de l’émotion immédiate.

Mais je préfère les chats. Parce qu’avec un chat, il n’est pas question de relation « maître-animal ». Avec un chat, vous avez d’abord comme première tâche d’essayer de construire vous-même la relation. L’amitié se gagne avec lui, et surtout ce n’est pas quelque chose de facilement garanti.

Et c’est dans ce processus d’élaboration de relation que se trouve toute ma fascination. Il est un processus lent, en crescendo, dans lequel, si l’amour est compatible, de magnifiques lignes de progrès peuvent être marquées.

D’abord, vous l’observez; ensuite, si vous faites les choses comme ça doit, alors il s’approchera, pour vous reconnaître de manière fiable et vous saluer à sa façon: en courbant le dos et la queue. Si vous êtes calme et réceptif, il sautera sur vos genoux, comme par magie, pour vous laisser le caresser pendant qu’il ronronne.

Il est évident qu’un chien soit inconditionnel et donne sans rien attendre en retour, c’est ce qui définit selon moi son déséquilibre. Mais moi par exemple, j’aime autant recevoir que donner, et avoir le plaisir de savoir que tout ce qui m’a été donné est un mérite.

J’apprécie le sentiment merveilleux de voir ma copine rentrer à son appartement et d’être accueillie par ses deux chats «Ti-gris» et «Tite-chouette», d’une affection généreuse, heureuse et acquise. D’où vient le sentiment d’écrire ces lignes, en compagnie de ces deux chats qui ronronnent, l’un sur mes genoux et l’autre dormant à mes pieds nus.

Thélyson Orélien
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Image libre de droit, pratique.fr «cohabitation entre chien et chat».


Gabriel García Márquez, un vrai immortel !

Il a le grand honneur et mérite d’avoir donné le plus de prestige à son pays que tout autre de son histoire, sans exclure un par un tous les présidents successifs. Le pavillon de la Colombie, Gabriel José de la Concordia García Márquez, Prix Nobel de littérature 1982, reste le plus grand Colombien de tous les temps.

La première fois que j’ai lu l’histoire véridique de l’aventure malheureuse du marin dans « Récit d’un naufragé », dont le gouvernement et les médias colombiens s’étaient emparés, la glorifiant et la déformant, dans le but d’occulter une scandaleuse affaire de contrebande, j’avais peut-être 12 ou 13 ans à l’époque ; et d’un coup j’avais envie de me rendre en Colombie, le pays où le récit a été écrit, par ce jeune journaliste Gabriel García Márquez qui arrivait à transformer par la force de son écriture un reportage en joyau littéraire.

Je n’y suis jamais allé. Mais avec le temps, j’ai compris que l’histoire de la Colombie est ancrée dans la biographie de García Márquez comme l’histoire de García Márquez est ancrée dans la biographie de la Colombie. Menacé de mort, afin d’éviter une arrestation imminente de l’armée colombienne qui lui soupçonnait des liens avec le M-19 (Mouvement du 19 avril), en mars 1981, avec sa femme Mercedes Barcha, Gabriel García Márquez a décidé de s’exiler au Mexique. À cette époque, il rapportait que plusieurs intellectuels comme le poète Luis Vidales ainsi que la pianiste Teresita Gomez et la sculptrice Feliza Bursztyn, furent arrêtés et bafoués par le gouvernement de Julio Cesar Turbay. Il est intéressant de rappeler que Gabriel Garcia Marquez a été arrêté le 17 octobre 1961 par la police française qui l’avait pris pour un Algérien, pendant les manifestations des nationalistes algériens. Il fut aussi interdit de séjour aux États-Unis, à cause de ses engagements contre « l’impérialisme américain ».

Écrivain de l’exil, García Márquez a permis de consolider l’idée diffuse d’être un citoyen du monde. Il a parcouru la planète, ayant vécu à Paris comme à New York et à Mexico, il a traversé l’Europe et les Amériques par monts et par mots avec une écriture qui transcende toutes les frontières nationales, autour de ses personnages bien connectés dans un univers fictif. Sa vision du monde pourrait aussi se résumer dans la nostalgie de la société traditionnelle, construite et à la fois défaite par certains progrès; la crise de la société patricienne et la solitude des hommes et des femmes – après Macondo, village fictif, du déroulement du roman Cent ans de solitude, inspiré du vrai village de sa naissance Aracataca (Cent ans de solitude, un des romans les plus lus et les plus traduits de la littérature hispanophone), Carthagène des Indes, le lieu où il habitait avant son exil était son deuxième univers fictif.

Dépeignant des personnages et des situations, García Márquez est devenue la référence d’un courant littéraire appelé « le réalisme magique » qui a profondément imprégné la culture occidentale. Cependant, il n’y a rien de fictif de ce qui a été décrit comme étant fictif. Selon lui, tout peint la réalité. En tant que journaliste professionnel, sa fidélité aux faits envahissait sa fiction d’un réalisme « journalistique » typique. La « magie » prend forme dans cette façon de voir et de donner une voix aux personnes et aux situations surréalistes, si proches, et pourtant si charnelles.

Gabriel García Márquez a évoqué l’Amérique latine et son identité propre avec douceur, douleur, plaisir et espoir. Il a lancé en filigrane, des alertes extraordinaires sur les relations entre Nord et Sud. Il a attiré les yeux du monde sur la solitude de l’Amérique latine et les atrocités commises par l’autoritarisme dans ce continent. Il a parlé de l’exil, l’exil qui devient la « nation dispersée » des millions de Latino-Américains qui ont échappé aux  atrocités des régimes politiques dictatoriaux.

Pour les intimes, « Gabo » était à la fois cet intellectuel apprécié et respecté. Une personnalité qui s’engage et se diffère des autres personnalités, et avec qui tout le monde a toujours voulu être ami; qu’il s’agisse du président des États-Unis Bill Clinton ou de la tête de la Révolution cubaine Fidel Castro. Gabriel García Márquez est décédé à l’âge de 87 ans, des suites d’une infection pulmonaire, mais ses paroles lui ont déjà donné l’immortalité. La vraie!

Thélyson Orélien

Lisez dans LePoint : les 5 œuvres qui rendent Gabriel García Márquez immortel

Image en vedette de : Debolsillo


L’immense folie de la victoire c’est l’espoir

Le poème du mois

Le poème devenu cristal de mots fragmentés. La fleur fourmille à ses yeux au son d’or, au son pur et éclatant. La musique continue à jouer librement à la proie de nos misères, ces mines perdues dans la fange. Je l’écrirai en de profonds actes, pensant l’empire du sanglier dans ma jungle. Aussi puissant que le Wireless, aussi frustrant qu’un pauvre lapin, nous irons prendre toutes les secondes de notre vécu à l’idéal d’une faveur.

Nous sommes l’oiseau sans nid ni reposoir. Sans affection ni protection.
Nous sommes un avis de recherche sur de sombres feuillages.
La fourmi s’exclame à son feu, inhibons-nous à notre gré !

J’aurais pu écrire la beauté des circonstances

Mais je refuse d’écrire la raison en perte
La nocivité du vent
La non-motricité du vivant
Le malgré
Le hélas
Les cris-larmes des ressentiments

Les remords absurdes
Les grasseyements au calme du sentiment
De l’espace tendu aux dégâts de l’âme lasse
Bifurquant l’ornière de l’excellence.

On doit la faire l’Acceptation
D’ores et déjà c’est l’heure pour qu’on vive l’Histoire
L’aspect somptueux aux virages des plaies

Te re-voilà en beauté
Misère tu es belle
Terriblement en cascade assoupie
Les opacités à la vue d’or te réclament, t’acclament en purs pouvoirs.

Je dirais
Je parlerais
J’aurais pu écrire la sobriété
Ce foisonnement qui m’invoque les chaleurs de l’âme
L’étendard ira à l’homme ayant fait ses preuves.

Allez !
Crierai-je comme un enfant sans mère

Rarement je le pense
en l’imaginant
en ayant vécu
la muse me salue en saison nuptiale.

On ira…

On le connaîtra
On le croira peut-être
À l’avant-garde

L’immense folie de la victoire c’est l’espoir !

Nous avons dû connaître notre survie dégustée par désolation endurée. À l’apparence tout irait bien, l’endroit à l’envers. Parler c’est pitié. Je le veux, ce jeu de corps, en savane ; l’immense bateau qui tire un revolver de feu. Qu’est-ce donc une autre route pour un soi-disant chemin orné d’épines ?

On en a parlé
On est foutu
On crie la perle
On fend l’espace
Je les inhale toutes mes douleurs.

Je refuse les maux de tête dans le poème
Pour tout hommage à la clarté

Je la veux ma parole qui fait rire
Méditer
Pleurer
Récuser le non-sens.

Et je refuse tout paternalisme conformiste
Rassurant et rétrograde qui infantilise
Voulant à tout prix nous apprendre les bonnes manières
Sorte d’adoubement, d’allégeance requise avant l’Acceptation.

Thélyson Orélien


Lutte à l’itinérance au Québec : ce que les candidats en pensent

Enjeux électoraux montréalais et québécois: Suite à mon billet de blogue du 28 mars dernier, sur Le problème de l’itinérance au Québec, la journaliste Annabelle Caillou du Journal 24 heures à Montréal, a interrogé, cartes sur tables, des candidats des quatre principaux partis aux élections 2014, sur les grands axes de la politique nationale de lutte contre l’itinérance du gouvernement du Parti québécois, le gouvernement péquiste au pouvoir.

Anne Klisko, Parti libéral du Québec, Sainte-Marie-Saint-Jacques

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Anne Klisko

Q› Comment la politique nationale de lutte à l’itinérance peut-elle contribuer à améliorer la situation à Montréal?

R› Malheureusement, la politique du gouvernement péquiste n’a identifié ni moyen à prendre, ni les sommes à y consacrer. Au PLQ, nous comptons agir et non seulement parler.

Q› L’augmentation des logements sociaux à Montréal peut-elle aider la situation et que comptez-vous faire à ce sujet?

R› Le PLQ va annuler les coupes de 15 milliards $ du gouvernement péquiste dans nos infrastructures, ce qui inclut les logements sociaux. Nous voulons donner plus d’autonomie à Montréal, qui est mieux placée pour identifier les moyens nécessaires pour lutter contre l’itinérance.

Manon Massé, Québec solidaire, Sainte-Marie-Saint-Jacques

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Manon Massé

Q› Comment la politique nationale de lutte à l’itinérance peut-elle contribuer à améliorer la situation à Montréal?

R› Le plan du Parti québécois est intéressant, mais on n’a pas le plan d’action. Une politique, c’est bien, mais si on ne sait pas comment elle sera mise en application, ça ne donne rien.

Q› L’augmentation des logements sociaux à Montréal peut-elle aider la situation et que comptez-vous faire à ce sujet?

R› Pour soulager les ménages à faible revenu et porter secours aux itinérants, nous allons faire construire 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans au Québec, dont 22 500 à Montréal.

Véronique Hivon, Parti québécois, Joliette

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Véronique Hivon

Q› Comment la politique nationale de lutte à l’itinérance peut-elle contribuer à améliorer la situation à Montréal? 

R› Cette politique permet d’unir les acteurs autour d’une vision globale et commune afin d’agir en complémentarité. Montréal demeure l’épicentre du phénomène. La Politique réserve une section aux enjeux de la métropole sur le sujet.

Q› L’augmentation des logements sociaux à Montréal peut-elle aider la situation et que comptez-vous faire à ce sujet ?

R› Le logement est une clé importante pour éviter l’itinérance. Nous nous engageons à construire 3250 logements (271 millions $) dont 500 réservés en itinérance (42 millions $), et 45% des unités seront réservées à Montréal.

Sylvain Medza, Coalition avenir Québec, Bourget

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Sylvain Medza

Q› Comment la politique nationale de lutte à l’itinérance peut-elle contribuer à améliorer la situation à Montréal?

R› Le phénomène de l’itinérance frappe durement Montréal. La politique nationale de lutte à l’itinérance pourrait donc permettre aux intervenants et organismes concernés d’offrir des actions concrètes pour aider les gens à se sortir de la pauvreté.

Q› L’augmentation des logements sociaux à Montréal peut-elle aider la situation et que comptez-vous faire à ce sujet?

R› Il faut surtout combattre le cercle vicieux de la pauvreté. La réinsertion au marché du travail, l’accès à l’éducation et la création d’emploi sont des priorités.

Propos recueillis par Annabelle Caillou


Le problème de l’itinérance au Québec

Ce qui se passe au Québec avec les itinérants est tout simplement horrible. Juste à côté de plusieurs centaines de millions de dollars en chantiers de construction se trouve toute une communauté de sans-abris dans les conditions les plus dégradantes et insalubres. Ces gens qui vivent comme des invisibles dans le casting de cette société civilisée, sont à destination de nulle part. Le temps est leur pire ennemi. Pourquoi ? Parce qu’il [le temps] ne leur réserve aucun espoir dans cette condition où personne ne se soucie d’eux.

En contraste direct avec la pauvreté et la misère que ces gens vivent, tout autour d’eux sont les signes de prospérité et de richesse d’une industrie de construction en plein essor dans une ville qui aspire à devenir la plus intelligente en Amérique du Nord, où partout fleurissent des bâtiments gouvernementaux. Dans cette ville, les personnes qui ont «le développement durable» pour mission, semblent ne pas les inscrire [les itinérants] dans leur programme. Ces dirigeants créent des fonds d’investissement pour aider aux riches à devenir plus riches, ou pour reconstruire des ponts, et non pas des vies.

Le Québec est sur un air de campagne.

Le problème est pas mal complexe. Bien que la cheffe du Parti Québécois, Pauline Marois avait déjà présenté une Politique nationale de lutte à l’itinérance au cours du mois de février, mais le sujet n’a jamais été à l’ordre du jour, à 25 jours des points de presse de la campagne électorale. On aimerait bien savoir la Politique des aspirants premiers ministres québécois et de leurs partis, concernant ce fléau qui persiste, plus spécialement à Montréal, cette grande ville des Amériques, qui compte à elle seule plus de 30 000 itinérants, un nombre supérieur à la capacité du Centre Bell. La population des sans-abris rajeunit, selon les statistiques, la plupart d’entre eux sont des hommes, et le nombre de femmes a considérablement augmenté. Par conséquent, il semble qu’il serait important d’entendre les chefs expliquer ce qu’ils entendent faire pour résoudre ce phénomène.

Ces gens souffrent souvent de maladie mentale, d’alcoolisme, de toxicomanie ou de dépendance aux jeux ; par conséquent, ils ont été conduits dans la spirale de l’itinérance. La prostitution et l’isolement sont également des parties intégrantes de leur réalité au jour le jour, un problème permanent qui doit être résolu par la ville et le gouvernement. De nombreux organismes communautaires répondent surtout aux besoins immédiats. Ce sont des services typiques offerts par les refuges et les centres communautaires, notamment l’accès à une certaine forme de services sociaux, des repas chauds, des vêtements propres, et l’accès à des douches. Mais peu de ressources en santé mentale.

Jugements, intolérances et maltraitances. 

On peut penser que ces personnes, pour la plupart, vont mourir de malnutrition ou de froid et personne ne s’en souciera, pendant que d’autres prendront leur place. La rare couverture médiatique sur la situation critique de ces pauvres gens, c’est quand la Police en assassine un. En trois ans, trois itinérants ont été tués par des policiers à Montréal. Rappelons l’affaire de cet homme âgé de 42 ans, Alain Magloire, qui a été abattu le 3 février dernier au coin des rues Berri et Ontario, parce qu’il aurait menacé les policiers avec un marteau.

Il s’agit aussi d’une pratique assez courante pour certains policiers de les insulter et les menacer. On se souvient de cette vidéo au contenu stupéfiant qui circulait sur le web, où l’on entendait clairement un policier, répéter à un homme sans-abri, vêtu d’un bermuda et d’un t-shirt, par une température record frisant les -30 à -40°C, que, si il ne se calme pas, il va « l’attacher à un poteau pendant une heure ». Les SDF à Montréal se font parfois déplacer à certaines places pour ne pas offenser les bonnes personnes qui vaquent à leurs activités.

Voilà pourquoi ils marchent autant et sillonnent la ville. Marcher pour ne pas nous offenser, alors que nous jetons à la poubelle ce qui pourrait les aider pendant un an en un mois. Alors que nos animaux de compagnie, à la maison, obtiennent de meilleure nourriture et plus d’amour. L’Homme trouve toujours des raisons pour expliquer chacune de ses erreurs. Vous avez déjà entendu des gens, qui, pour se justifier, disent tout le temps, que c’est la faute aux autres, tout ce qui les arrive. Mais est ce que cela nous autorise pour autant de les juger ?

Écoutons de préférence les propos de ce Monsieur, André Vézina âgé de 56 ans, un homme qui vit l’itinérance depuis 17 ans ; parce que son témoignage est émouvant.

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Bonne Journée Mondiale de la Poésie

Aujourd’hui c’est la journée mondiale de la poésie et hier a été celle du Bonheur et de la Francophonie. Depuis l’an 2000 avec le Printemps des Poètes, le 21 Mars de chaque année a été désigné par l’UNESCO comme un jour spécial pour la poésie à travers le monde afin de la promouvoir comme un moyen de communication et de compréhension entre les hommes de toutes les nations. Il a été observé depuis dans plusieurs pays, et sera à nouveau, marqué cette année par différentes activités artistiques partout à travers le monde.

La poésie serait parole d’espoir malgré tout

De tous les côtés, il me revient un son de cloche. Un son de cloche dont il m’est pénible de me faire ici l’écho. Ayant beaucoup aimé. Aimant encore beaucoup les plaisirs que cette cloche condamne. Mais c’est à chaque instant que j’entends dire autour de moi: « Je ne lis plus de poésie ». Répété par tant de bouches dignes de considération ou d’estime, cela finit par impressionner fâcheusement des poètes de mon espèce qui ne poursuivent guère dans la force des mots que leur agrément. Et voilà que maintenant mon ami Bruno Lalonde (vidéo-jointe), cet illustre libraire du quartier Côte-des-Neiges me confirme l’arrêt en le déplorant: « Faut-il donc se résigner à ne vendre que de rares recueils de poésies », me dit-il avec amertume. « Les gens ne lisent plus de poésie. » Je m’efforce de le réassurer, car si j’interroge, si je pousse davantage ceux qui viennent de prononcer cette condamnation, j’apprendrais qu’ils ne délaissent pas la beauté, les images et le pouvoir incantatoire des mots pour se jeter dans les voyages, les émotions et les imaginations.

Je n’ai pas manqué de demander sur mon chemin ce qu’ils cherchaient dans leurs lectures – d’un usage plus relevé sans doute, plus sérieux – et je n’ai laissé d’être un peu surpris d’apprendre qu’ils n’aspiraient à satisfaire dans leurs lectures que le goût de l’aventure et du dépaysement qu’offre totalement la poésie, la vraie, la bonne, en somme brimée par la vie courante dont la satisfaction faisait jusque-là le principal attrait. La réalité c’est donc que nos contemporains en sont réduits à chercher séparément dans trois genres différents ce que la poésie avait pour objet essentiel de leur fournir dans le même ouvrage et qui constituait proprement le message poétique. Cette constatation ne m’a pas fait le plus grand bien, je l’avoue, ne me rassurant sur moi-même, car il est toujours pénible de se croire une exception, mais elle m’a apporté un brin de consolation en ce qui concerne certaines poésies d’hier.

Il est clair que sous quelques prétextes d’esthétique ou de style, la poésie est devenue, à part des exceptions, la proie de certains discoureurs ou de néophytes. Mais attention ! Il ne faut surtout pas confondre un jeune à un néophyte, car on met longtemps pour devenir jeune nous dit Picasso. Cela tient peut-être à ce qui est aussi le domaine quasi exclusif de ceux qui tendent à tout ramener à la forme qui leur est plus naturellement propre que celle d’une méthode établie. On comprend que le public s’en détourne et refuse d’entrer dans un jeu qui n’est pas le sien et qui n’a plus rien de commun avec l’aventure qu’il recherche. Il se jette vers d’autres livres ou d’autres genres littéraires qui malgré les étiquettes parlent davantage à son imagination et à son cœur.

La vie moderne est pleine de discours, notre temps quotidien en est de plus en plus encombré. Je vois que les ateliers, les bureaux, les boutiques, les rues sont pleins de beaux raisonneurs qui ont chacun leur explication de la crise, leur plan de réforme, leurs vues générales et définitives sur le monde. C’est une conséquence inévitable des régimes en place. Mais qu’au moins ceux et celles qui ont pris la charge de nous amuser ne nous entraînent pas dans les mêmes errements et ne viennent pas nous accabler de leur rhétorique quand il nous faudrait des émotions. Dans une de mes discutions toujours fructueuses, progressistes et approfondies avec des lecteurs de Parole En Archipel, une lectrice me dit ceci : « Je ne suis pas poète, mais je pense que si j’en étais une, la poésie aurait pour moi plusieurs utilités: Tout d’abord, probablement comme dans tout type d’art, il y a dans un poème le moyen de faire passer un message, qu’il soit présenté sous la forme d’une métaphore, qu’il soit engagé ou non. Cela peut être également une invitation au voyage, qui nous emmène dans un ailleurs inexploré. Je trouve personnellement que la poésie sert principalement à procurer et à transmettre des émotions au lecteur ». Oui chère lectrice, tu as tout à fait raison, l’une des principales missions de la poésie c’est se transmettre des émotions.

Il y a bien proprement la difficulté et le secret peut-être de ce que des personnes appellent défaillance de la poésie moderne (si on peut vraiment appeler cela défaillance, du fait que les poètes font moins d’argent). On dirait des fois que la poésie a été faite pour des poètes seulement, qu’à chaque fois que je rencontre une personne lire ou acheter un recueil de poésie à la librairie de mon ami, je dis : voici un poète. Et cette poésie est là pour faire ressentir et ramener à cette personne des émotions. Et ayant beaucoup aimé. Aimant encore beaucoup les émotions fortes, il faut continuer de se rencontrer dans les cafés littéraires, les marchés de poésie, les nuits de poésie, les cabarets littéraires et les marathons de lectures pour ramener le chant qui peut narguer le son de cloche qui a comme pour but à lui seul de tout monopoliser. J’ai le désir de revoir un autre Tranströmer.

Et puisque j’existe, j’ai le droit de penser que la poésie est loin d’avoir pour intention d’enfiler des idées et des raisonnements pour les assembler en un faisceau qui se tienne où seulement les poètes y sont entraînés. Elle répond aussi à des besoins personnels et sociaux de la société actuelle dans laquelle nous vivons, elle permet aussi de réfléchir aux thèmes universels. C’est aussi un moyen de communication et de fraternisation entre les peuples. La poésie est également une arme contre la violence et les guerres ! Cocteau disait : « la poésie dévoile, dans toute la force du terme. Elle montre nue, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement. » Et moi je ne me fatigue toujours pas de répéter : la poésie serait parole d’espoir, malgré tout. De tous les avatars que nous traversons durant notre passage terrestre, que restera-t-il sinon ces paroles mille fois enroulées et déroulées, et quelques gestes qui nourriront les légendes ? Elle peut être aussi ce coquillage où résonne la musique du monde. Une épiphanie par essence. Le lieu d’une véritable incantation et de charmes, où l’intimité peut devenir cette charnière de l’identité.

J’ai recueilli à ce sujet les confidences d’un de mes amis poètes, un peu plus âgés que nous, qui, il y a quelques années de cela, s’était passé de la poésie au roman, un poète qui avec son talent et selon la toute vraisemblance pouvait réussir dans son genre romanesque, j’avais croisé les doigts en son nom, je l’avais souhaité du succès, j’avais eu la joie de pouvoir le féliciter de sa persévérance, parce qu’il voyait bien justement, indépendamment de ses passeurs, où gîtait le lièvre. Ce jeune écrivain, quand il commençait à se sentir le goût des fictions, m’avouait toute la peine qu’il se donnait et sa surprise de trouver plus de rigueur dans les faits que dans les idées, tant de résistance pour assembler et plier à quelque vraisemblance les actions et les sentiments. Ce sont les actions ou les faits d’une vie osée, les sentiments d’une existence qui a de quoi à étonner les gens, mais écrit sous une plume qui n’oublie pas sa poésie. Mais poète, il restera. Il est toujours bon d’être poète avant tout. Même s’il lui reste beaucoup à apprendre.

Dans un livre ancien intitulé Débats rempli des plus nobles soucis de l’art, dont je compte recommencer la lecture sous peu, et que je recommande à tous, son auteur Henri Massis, figure majeure de la scène intellectuelle française au commencement du XXe siècle indique bien la cause de cette désaffection du public à la poésie. Il faut bien prévoir que le lecteur s’en écarta aussi longtemps qu’il trouvera cette impression de désert ou de flanc battu, suivant que sa nature est plus sensible au vide qu’il constate ou à l’effort qu’il devine.

Massis l’inventeur du pathétique des idées et d’un certain romanesque de l’histoire rappelle dans son ouvrage l’exemple de Barrès et la nécessité de ces hautes préoccupations spirituelles et morales qui n’est plus de mise aujourd’hui et que nos écrivains semblent avoir perdues. Le vrai dans les plus grandes comme dans les plus petites choses me paraît inaccessible, sinon aux poètes dans leurs poésies, aux romanciers dans leurs histoires. Pour ma part, je dois avouer que comme dans la poésie, j’ai trouvé dans le roman comme dans les essais savants quelques-unes des meilleures joies de mon existence qui ne se plaît pas seulement qu’aux images du passé, du temps où tout ce que nous aimons avait encore de l’importance, où les jours nous paraissaient moins bousculés et que la paix suffisante pour se plaire à ces divertissements de l’esprit était de plus en plus de saisons. Cocteau l’a dit. Et si la poésie dévoile, dans toute la force du terme. Si elle montre nue, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement. Alors, vous êtes libres de concevoir la poésie à votre façon. Bonne journée mondiale en poésie!

Thélyson Orélien

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VIDEO: Bruno Lalonde, libraire « Librairie le Livre Voyageur »


Vers une nouvelle guerre froide ?

La Syrie, l’affaire Snowdon et les minorités sexuelles : voici trois chose à laquelle s’ajoute la Crise ukrainienne. Ce qui se passe actuellement dans la péninsule du sud de l’Ukraine est profondément inquiétant pour le reste du monde. La situation politique de la nouvelle «République de Crimée», telle que reconnue par Moscou, ravive l’antagonisme entre les puissances nucléaires telles que les États-Unis et la Russie, qui jadis, ont déjà connu des états ​​de choc pendant des décennies.

Rien n’est plus souhaitable que le règlement pacifique des différends, afin d’éviter le risque d’une nouvelle guerre froide à un moment où les nations de tous les continents cherchent une reprise économique et de la stabilité sociale après des crises mondiales successives. L’autoritarisme manifesté par la Russie a favorisé l’invasion armée du pays voisin sous prétexte de protéger les intérêts de la population russophone à plus de 80%, après le renversement du gouvernement ukrainien par un terrible soulèvement populaire. Cette invasion russe est peut-être sans scrupule, on n’en disconvient pas ; mais des invasions et pires encore, on en a vu avec l’Irak (2003), l’Afghanistan (2001), le Panama (1989), le Vietnam (1954). Pas besoin d’aller jusqu’à Hitler quand on a un tel historique d’ingérence et d’invasions.

L’annexion de la République autonome ukrainienne de Crimée à la Russie, faite officiellement ce dimanche 16 mars 2014 par le président Vladimir Poutine, a été soutenue par un référendum de 96,7% de voix ; une annexion promue sous occupation de troupes militaires russes et boycottée par les minorités ukrainiennes et tatars de la région. La transparence ne peut qu’être mise en doute dans un tel processus.

Des représailles ont été annoncées par les États-Unis et ses partenaires européens, tels que des interdictions de visa et un gel des avoirs, contre les fonctionnaires russes à l’étranger ; alors que plusieurs pays européens dépendent du gaz russe.

Le référendum est peut-être aussi illégitime et illégal, comme le disent la déclaration commune des États-Unis et de l’Union européenne, mais il est un fait accompli. Face à cette situation, on ne peut qu’espérer que les Ukrainiens et les Russes retrouvent un chemin de tolérance pour une coexistence pacifique, afin d’éviter des accrochages entre militaires et civils qui déjà, se sont engagés au sein des milices d’auto-défense.

Il est certain que les sanctions occidentales sont destinées à isoler la Russie. Mais elles faciliteront la reprise sans doute une nouvelle guerre froide, qui portera préjudice à tous. Car en cette période de mondialisation, de tout petit conflits peuvent provoquer des frissons à des superpuissances voire même de grandes turbulences mondiales.

Le poète René Char disait : «Viendra le temps où les nations sur la marelle de l’univers seront aussi étroitement dépendantes les unes des autres que les organes d’un même corps, solidaires en son économie.» Devons-nous encore espérer et attendre un peu plus longtemps ?

Reste-t-il encore de la place pour le dialogue entre les deux parties (Russes et Occidentaux) qui semblent très avancés dans le coup de leurs accusations mutuelles ? La communauté internationale doit rester attentive et vigilante dans ​​ce qui se passe actuellement, même si cela semble un conflit lointain. Puisque là où les règles internationales de l’autodétermination des peuples sont bafouées, le monde entier est en danger.

Les États-Unis et l’Union européenne envisagent des sanctions, les pays du G7 ont déclaré le référendum illégal, mais aucun bloc occidental ne peut être en mesure d’arrêter le démembrement de l’Ukraine de sa péninsule du sud et prévenir le début d’une nouvelle guerre, qui risquerait d’être mondiale.- La question qu’il faut se poser aujourd’hui: Est-ce que les Syriens vont-ils payer et subir à leur tour les contrecoups de l’affaire ukrainienne ? 

Thélyson Orélien

VIDEO. Bref repère historique de la République autonome de Crimée

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Non, nous ne sommes pas tout à fait libres

Le problème du libre arbitre

Sommes-nous libres ?

Comment un homme peut-il prétendre être libre quand toutes ses actions sont déterminées par des cours immuables? L’idée principale derrière cette question est de concilier deux hypothèses de base que certains théoriciens du système aristotélicien ont sur le monde, à savoir que tout dans le présent est le résultat direct de la configuration du passé (une supposition généralement acceptée dans la culture scientifique contemporaine), à l’idée que tout est l’effet d’une cause : «la causalité».

Donc, tous les comportements peuvent potentiellement être expliqués ou compris par leur motif, tandis qu’au fond de nos esprits nous croyons fermement que nous sommes des agents libres et que nous prenons toutes nos décisions indépendamment de toute nécessité extérieure nous obligeant à faire un quelconque choix. Ce qui est selon cette loi énoncée ci-dessus, une contradiction flagrante. Nous sommes alors dans le cours immuable des choses, depuis le début des temps, toutes nos actions étaient prédéterminées. Si nous suivons les suggestions de la logique, nous concluons que nous ne sommes que des marionnettes manipulées par la marche générale des lois de la nature, même si nous ne pensons pas que ce soit le cas. Nous pouvons être trompés par notre croyance au : «libre arbitre».

Simplement dites, nos décisions ne sont pas prises par un ego omnipotent omniscient qui à chaque instant peut décider de ce qu’il veut. Nos décisions sont fondées et enchaînées à des phénomènes mentaux qui se posent involontairement dans notre conscience, c’est-à-dire, elles se semblent tout à fait sans notre consentement, comme un nuage apparaît soudainement dans un ciel ouvert : le désir, l’aversion, la peur, la détresse, l’excitation, l’anxiété et d’innombrables autres phénomènes déterminent les choix que nous faisons.

Ces phénomènes sont sans cesse énoncés pour démontrer que nos choix ont des causes naturelles qui ne dépendent pas de nous. Avec cette explication, nous pouvons trouver les causes de certaines actions de nos vies et découvrir que nous ne sommes pas comme nous le croyons généralement, soit des créateurs libres de nos destins. Cependant, si nous pouvons trouver une raison de douter de la première hypothèse, il sera plutôt sage de réévaluer toute croyance dogmatique qui peut être à la fin tout à fait erronée dans la science et ses principes. Le problème du libre arbitre est inextricablement lié à une croyance scientifique. Croyance qui peut être elle-même plus ancienne que la science officielle, néanmoins acquise d’une grande force avec la naissance et le développement de l’entreprise scientifique.

Tout ce que nous rencontrons dans un état ​​actuel peut être expliqué ou compris par son état ancien ​​que les lois physiques impliquaient. Si cette croyance doit être adoptée à fond, si rien ne peut l’échapper, alors tout ce que nous vivons dans le présent a une cause directe dans le passé. On peut dire ainsi : Tout ce que nous expérimentons dans le présent est probablement en relation avec un état passé des choses. Tout dans une époque est le résultat direct de la configuration d’une autre époque. Lorsque nous apportons ce genre de raisonnement au débat, nous pouvons conclure de la manière suivante : les phénomènes psychiques ont tous un facteur réglementé et régi par des lois biologiquement naturelles qu’à l’heure actuelle nous ne pouvons pas tous les nommer.

Nous comprenons la volonté libre comme l’aptitude à faire un acte ou une décision indépendamment de toute nécessité nous obligeant à choisir une chose plutôt qu’une autre. Dit de cette façon, il semble que «le fait de choisir» a échappé à cette loi. Mais si ce n’est d’être rejeté par notre compréhension scientifique commune du monde, nous arrivons à une conclusion différente. Tout processus de prise de décision n’est possible que lorsque l’individu est dans une situation particulière où il (elle) réagit à des stimuli présentés pour prendre une décision.

Par exemple, pour choisir entre une assiette de poulet et une assiette de grenouille, il est possible que l’assiette choisie fût déjà une apparition de l’expérience du passé dans la conscience de l’individu, une réaction liée qui fait que l’un soit plus préférable à l’autre, comme si une décision ne peut être atteinte sans des conditions préexistantes, c’est-à-dire : le désir que l’on croie indépendant, ne peut pas être exempt de l’expérience du passé et des objectifs de la décision. Qu’il soit lié à la mémoire, l’attente, et bien d’autres phénomènes, le processus décisionnel est dépendant des phénomènes psychiques qui se posent dans l’esprit sans une action consciente ou volontaire.

Le libre arbitre est plutôt lié à des responsabilités antérieures. Quand un acte de libre arbitre a lieu, nous avons tendance à nous rappeler de la cause et des possibilités, mais nous oublions les exigences conditionnées par des phénomènes psychiques involontaires qui nous ont permis d’en arriver là, des choses que nous ne contrôlons pas. De cette manière, le problème du «libre arbitre» peut être concilié avec l’idée de «causalité». Et avec cette connaissance à l’esprit que les décisions à venir seront de plus en plus influencées par une nouvelle prise de conscience. On peut douter du moment de la prise de décision afin de prouver notre liberté putative, ce qui permet le processus que nous appelons libre et volontaire.

Toutefois, notre morale actuelle est basée sur la supposition que nous sommes des agents libres qui sont capables de prendre des décisions responsables tout en restant en place. Et même si nos décisions sont fondées ou enchaînées à des phénomènes mentaux qui se posent involontairement dans notre conscience, je crois que nous sommes quand même tous et toutes des responsables de nos actes.

Thélyson Orélien

© Image presse galactique


Le Roi Coupé Cloué

Les cousins africains le surnomment «Coupé Cloué». Il fut l’un des plus célèbres musiciens de Compas-direct haïtien. Son groupe «L’Ensemble Sélect» fut l’un des plus illustres de toute la Caraïbe. Le Compas est un genre musical popularisé en Haïti par le saxophoniste et guitariste Jean-Baptiste Nemours en 1955. Mais sur scène, celui de Coupé Cloué fut très différent des autres musiciens. Un mélange de rythmes folkloriques, de troubadour, de jazz et de méringues haïtiens qu’il appela lui-même «Compas Mamba».

Qui était Coupé Cloué ?

De son vrai nom, Jean Gesner Henry, Coupé Cloué naît le 10 mai 1925  à Léogâne en Haïti. Chanteur, guitariste et chef d’orchestre, il s’était fait connaître surtout pour ses chansons à double sens, la plupart explicites, et gorgées d’humour.

Pourtant rien ne laisse présager qu’il y ait un second sens. Ceux qui connaissent «La canne à sucre» de Josephine Baker, «J’veux pas d’chien dans ma maison» de Lynda Lemay, «Madame rêve» d’Alain Bashung ou encore «Les sucettes» de Gainsbourg, comprendront bien de quoi je parle.

Au cours de sa carrière d’artiste, Coupé Cloué a trouvé beaucoup de succès à travers le monde, notamment en Afrique de l’Ouest. Jeune homme, il a reçu une éducation musicale classique et a travaillé comme ébéniste avant de devenir joueur de football professionnel. C’est en jouant à la défense pour le club Aigles Noirs de Port-au-Prince qu’il a acquis son surnom de « Coupé Cloué ».

Influencé par la musique cubaine, il commença à jouer à la guitare en 1951, et forma en 1957 son groupe «Trio cristal» qu’il a plus tard rebaptisé «Trio Select», avec un autre guitariste et un joueur de maracas. Il fit paraître son premier album en 1960, puis des dizaines d’autres qui enrichissaient sa carrière de musicien.

Au début des années 70, le groupe s’est développé à partir de ses trois musiciens originaux, et s’est fait rebaptiser «L’Ensemble Select». C’est au cours de ces années-là que Coupé a commencé à inclure des contes et à raconter des histoires à partir de ses chansons, ce qui est devenu chez-lui une marque de fabrique.

Il a essayé à sa façon d’enrichir l’idée du Panafricanisme à travers sa musique, et en organisant différentes tournées en Afrique. En 1975, il découvre la République du Congo et l’Afrique de l’Ouest. Il a été particulièrement stimulé par les similitudes entre les rythmes et les sons de sa musique et ceux des autochtones africains, les soukous.

C’est en Afrique que ses fanatiques lui ont attribué le titre de Roi Coupé Cloué. Au cours des années 1980 et au début des années 1990, il  a continué à jouer et à enregistrer ses musiques de manière très prolifique. Diagnostiqué du diabète, le Roi donna son dernier spectacle en décembre 1997 et mourut un mois après, le 29 janvier 1998 dans son royaume, en Haïti ; laissant son trône à de nombreux héritiers. Le ministre intérimaire de la Culture de l’époque avait décrété un deuil national en mémoire de celui qu’on pourrait appeler trésor du panafricanisme.

Coupé Cloué – Ti Bom

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Ne mettons pas nos héros sur un piédestal

Chronique publiée dans le Journal La Presse, et le Huffingtonpost.

Vouloir être des héros, cela fait aussi partie de notre condition humaine. Nous sommes presque tous à la recherche d’un modèle ayant réalisé quelque chose d’extraordinaire. Qui pouvons-nous regarder pour aller vers l’avant ? Il existe des candidats méritants pour de telles adorations dans une myriade de domaines donnés.

Les idoles pleuvent de partout et les plus populaires, de ceux que les médias nous présentent le plus souvent, proviennent de secteurs divers, généralement le cinéma et le monde du sport. Il y en a des dizaines de héros sportifs, bien sûr. Il y a ceux qui, faisant partie d’une équipe, sont devenus célèbres. Et puis ceux qui se démarquent en tant que personnes, que ce soit simplement parce qu’ils éclipsent les autres dans l’équipe, ou parce qu’ils excellent dans ce qui est en soi un sport individuel.

Ces superstars appartiennent à un groupe sélect encore plus restreint – le groupe de ceux qui, parce qu’ils ont bravé des difficultés sportives apparemment insurmontables, deviennent encore plus célèbres et plus admirés à des raisons qui transcendent leurs sports respectifs. On peut citer : Tiger Woods, Lance Armstrong et Oscar Pistorius. Ce sont des athlètes qui ont tous rompu toutes sortes d’obstacles, pour ensuite éclater en morceaux aux yeux de leurs fans.

Tiger Woods

Avec son style flamboyant et athlétique, ses origines afro-américaines, asiatiques, amérindiennes et européennes, on le crédite d’avoir popularisé le golf aux États-Unis et dans le monde, surtout auprès des minorités et des jeunes qui ne s’intéressaient pas à ce sport – il a remporté le Tournoi des Maîtres à 21 ans, le plus jeune. Un héritage racial mixte dans un sport traditionnellement élitiste et généralement conformiste.

Tiger Woods, bon garçon, dont l’image a été brisée le jour où la presse a publié un article, alléguant qu’une hôtesse de bar californien qui se présente comme l’une de ses quelques 10 maîtresses, aurait adressé des excuses télévisées à la femme du golfeur et s’est dite blessée d’apprendre qu’il avait eu d’autres liaisons. Peu de temps après, plus d’une douzaine de femmes ont commencé à sortir de la boiserie.

Lance Armstrong

Atteint d’un cancer du testicule dans un sport qui exige de passer des heures exténuantes assis sur un vélo, il a remporté le Tour de France, un record de sept fois de suite après le diagnostic horrible. Lance Armstrong a été marqué par l’Agence antidopage américaine en tant que chef de file du plus sophistiqué programme de dopage professionnalisé et réussi que le sport n’ait jamais vu. Il a été dépouillé de tous ses titres et a été banni à vie de sa discipline sportive.

Oscar Pistorius

Un homme dont les jambes ont été amputées avant son premier anniversaire a eu le courage, l’audace, de participer à des compétitions contre les meilleurs au monde dans la course des 400 mètres aux Jeux olympiques. Il appartenait au cercle restreint des athlètes, finalement tombé du sommet, ou du moins en chute libre.

En regardant Pistorius pendant les récents Jeux paralympiques, il était difficile de ne pas être inspiré. Il était sans doute le plus bel exemple de ce que signifiait faire l’impossible. Et maintenant, son visage sanglotant est plâtré dans les pages d’actualité du monde entier comme le premier assassin suspect dans la mort de sa petite amie. Maintenant que les histoires d’un homme qui a peut-être été violent, paranoïaque et obsédé par les armes abondent.

Défiants dans le déni, les fanatiques ont tardivement fait preuve de diligence raisonnable. Étant donné que l’athlète sud-africain avait plusieurs pistolets nichés dans sa maison. Il n’est certainement pas ce que les gens pensaient qu’il était. Après avoir perdu les 200 mètres lors des Jeux paralympiques de Londres, il a accusé le gagnant d’avoir un avantage injuste sur lui, se faisant passer pour une victime. Rien n’aurait pu nous conduire à penser qu’il était capable d’assassiner.

Des fois, on oublie les signes avant-coureurs, on fait semblant de les ignorer dans l’espoir vain de garder nos idoles. Il y a sûrement des théories de réponses psychologiques à ma question. Ce qu’Oscar Pistorius a atteint est sans aucun doute très inspirant. Grimper au sommet du monde sans ses deux jambes est également loin d’être une mince affaire. Même s’il n’est pas tout à fait tort d’admirer nos idoles, peut-être ne devrions-nous pas nous concentrer davantage sur leurs prouesses et leur poursuite et non pas sur leur personne ?

C’est ce qui contribue à la naissance de ces prouesses: la discipline, le sacrifice et la quête de l’excellence. Mais nous faisons bien de nous rappeler que, même s’ils sont héroïques, ils sont encore humains, enchaînés avec des imperfections mortelles. Peut-être que la meilleure chose que nous pouvons faire pour eux, c’est de supprimer les piédestaux sur lesquels nous les avons placés.

Thélyson Orélien

© Photo Visual/Norine Raja



Frankétienne et les quiproquos de la gloire

J’écris ces lignes au lendemain d’une journée pas comme les autres, l’ombre d’une journée d’un grand poisson d’avril, une journée tête chargée dirait-on, en relisant Frankétienne.

Honnêtement, j’avoue que le côté superficiel, tapageur et la mégalomanie de l’homme me laissent froid. « Moi, je suis un génial mégalomane, le plus grand écrivain de tous les temps ! » Qu’on l’exalte tout haut comme un prophète ou qu’on l’accable tout bas comme un fou – toute cette mise en scène, qui prolonge de jour en jour et dilate par-delà du temps l’aspect le plus vain de son génie, n’arrive pas à m’arracher autre chose qu’un sourire très voisin du bâillement.

Il y a là l’immensité et la polyvalence de son génie, bien sûr, indépendamment du mensonge publicitaire et des propagandes qui se servent effrontément de lui. Dans l’une des entrevues que j’ai lue, le chef de file du spiralisme a eu toutes les misères du monde à concrétiser et à définir pour les uns et pour les autres, son mouvement. Il n’est pas facile d’explorer un pays qui s’étend sous tant de climats ou d’alternance. Des montagnes, des déserts et des forêts vierges découragent sans cesse le voyageur : on se contente d’établir quelques comptoirs aux points les plus abordables de la côte.

Tout cela se croise et s’entrecroise, se mêle ou s’entremêle dans un étrange tissu dont l’absence d’unité défie tout essai de définition. Tour à tour – si ce n’est simultanément ! – superficiel et profond, grotesque et sublime, attardé dans le passé et happé par l’avenir, irréaliste jusqu’aux bons sens et rêveur jusqu’au délire, romantique jusqu’à l’épanchement fluvial et classique jusqu’à la sécheresse lapidaire, il épouse toutes les formes de l’expression de la pensée, et le critique ne trouve aucun lien qui puisse embrasser cette Gerbe-Frankétienne. « L’œuvre n’appartient à personne dit-il ; elle appartient à tout le monde. En somme, elle se présente comme un projet que tout un chacun exécutera, transformera, au cours des phases actives d’une lecture jamais la même. Le lecteur, investi autant que l’écrivain de la fonction créatrice, est désormais responsable du destin de l’écriture » (Ultravocal pp. 11-12).

Mais en réalité : « ce grimoire que le génie de Frankétienne fructifie est souvent trop abstrait et trop obscur pour le commun des mortels, il nous repousse. […] Voici pourquoi notre cher Frankétienne traîne autant dans la fange. Par esprit de révolte franche face à toute utilisation de gant pour modeler la littérature, elle doit être dite avec des mains non lavées in contrario d’un James Noël (Je suis celui qui se lave les mains avant d’écrire) qu’il a lui-même introduit. » Ici Je reprends mot pour mot le paragraphe d’un texte critique du poète Fabian Charles, paru dans la revue Parole en Archipel, intitulé Entre Le sphinx en feu d’énigme et Le testament des solitudes.

Narrations. Descriptions. Monologues. Rumeurs de voix. Personnages ballottés entre la vie et la mort avec textes éparpillés (Ultravocal, intro). Mais la formule c’est de les accueillir en vrac avec leurs épis plus ou moins bienvenus, leurs fleurs et leurs ronces. C’est ce que veut la loi de la spirale. Et l’auteur n’a aucune considération pour ceux qui osent attaquer (par lucidité ou par méchanceté ?) à la gigantomachie des côtés illisibles de son esthétique du chaos : « Il y a des apprentis critiques, des machòkèt littéraires, des journalistes complaisants et des lecteurs débiles, irréductiblement hostiles à toute forme de modernité, ils ne savent pas que la création est une démarche fondamentale d’innovation perpétuelle et de renouvellement incessant, un défi exaltant contre les stéréotypes du déjà-là, du déjà-vu, du déjà-entendu, un pari fécond ouvrant les champs de réflexion à travers la mise en forme des questions humaines essentielles. Mouvance du savoir, des livres qui dérangent. Certains intellectuels prisonniers d’un classicisme étroit me reprochent de ne pas être transparent et accessible au premier degré, je sais comment ils ont toujours eu peur de lire mes œuvres qui les dérangent énormément, mouvance du savoir, des livres qui dérangent, énormément. »

En ayant tout dit, la spirale n’a pas manqué de se contredire d’user et d’abuser du droit qu’ont tous les grands esprits d’accueillir les aspects les plus contrastés du réel. N’en tenons pas rigueur : l’ampleur de ses oscillations, voire de ses contradictions, nous donne la mesure de son génie. Il n’est pas de surabondance sans gaspillage. La spirale créatrice d’images et de rythmes, et c’est toute une cathédrale étrange dans la graisse des ténèbres. Dans la spirale tout est énorme y compris l’éclat et le mauvais goût. Mais ceux qui, dans cet univers, ne veulent connaître que le pays plat révèlent par là qu’ils manquent de souffle pour explorer les sommets et les abîmes. Pour moi qui ne revendique que l’humble privilège d’avoir médité une œuvre (ici le temps fait quelque chose à l’affaire… et la critique demeurera une césarienne de la littérature.) Mais comme il s’agit d’un homme dont la gloire éclate à tant d’autres titres, de rares personnes s’avisent de le commenter.

La pensée-Frankétienne ressemble au jaillissement d’un geyser. Les insanités et les utopies y surabondent, c’est la part de fumée dont s’accompagne le bouillonnement d’eau brûlante qui barbote dans l’horrible chaudière de la sorcellerie. On erre longtemps dans les vapeurs, mais, pour peu qu’on s’approche du centre, on se sent touché par un feu qui sort des entrailles de l’abîme. Telle ou telle formule-Frankétienne rend un son d’éternité. Chez lui les mots s’inventent, se créer et ne se datent jamais parce qu’ils prennent leur source hors du temps. Ils touchent à cette limite suprême où le verbe humain se noue au silence des dieux. Allez comme moi, faites l’expérience de Lecture-Frankétienne. Lisez ! Une écriture en qui tout se fond, mais de qui tout se diffère.

Comme l’a si bien mentionné l’écrivain djiboutien Abdourahman A. Waberi dans une note pour L’oiseau schizophone, Ed. Jean-Michel Place : Enfin, la meilleure façon de faire sentir aux lecteurs toutes les qualités de roman peu ordinaire et surtout de sa langue chaotique, tour à tour lyrique, poétique, politique et scatologique, c’est de citer de longs extraits.

Car il y a des pépites à toutes les pages. Des aphorismes à tout bout de champ. Des inventions à tire-larigot : « Elle dégoulottait de scandaleuses onomatopées, débobinait les interminables déblosailles quotidiennes, défilaunait toute la poésie de l’univers et les treize grands mystères de la vie dans une absolue totalité synchronique, passé présent futur confondus… » Je ne comprends pas toujours les mots comme dans cette phrase, et je pourrais en citer des milliers : « Parlumier nuride chidillant la vadilure du québard, l’ilburie d’un asiboutou lordiné de quirame et d’alguibar » (p.218-219). Mais on peut se laisser emporter par le souffle. Car plaisir il y a, pour qui sait patienter, et pour les yeux et pour l’oreille. On l’aura compris, l’oeuvre de Frankétienne est un ovni littéraire.

« J’ai écrit une oeuvre épique pour cinq siècles et pic à venir/Et après ?/Il n’y aura plus de littérature./Comment ?/Le livre n’aura été qu’une fleur éphémère de la pensée dans l’aventure humaine. »

À propos de L’Oiseau schizophone. Il faut d’abord savoir gré aux courageuses éditions Jean-Michel Placed’avoir osé publier intégralement cet immense pavé de 812 pages en fac-similé (avec les dessins originaux de l’auteur) dans un Paris éditorial plutôt frileux et accoutumé aux romans-kleenex de 120 pages dépourvus de substantifique moelle épinière : nous dit Abdourahman A. Waberi. On se demande même si lesdites éditions n’ont pas voulu se compliquer encore la tâche en commençant la publication de l’oeuvre de Frankétienne […] fin de citation… Le prophète prophétise dans les deux sens. Fâcheux pour l’honneur de l’espèce humaine que sa vision noire de l’avenir se soit révélée plus exacte que sa vision rose. Il ne s’agit pas de verser dans une apologie intemporelle qui est l’immense part verbale contenue dans son œuvre, des coups de gong qui résonnent sur du vide et n’emplissent en nous les oreilles et nos têtes enroulées dans la spirale. Lui seul a condensé et condamné le côté vain et outrecuidant de son génie. Mais je me demande si l’écrivain a compris jusqu’à quel point que ses mots peuvent trahir son verbe ? Je répondrai en répétant ce qu’Unamuno disait de Cervantès : depuis quand l’auteur d’une oeuvre est-il le mieux qualifié pour la comprendre ? Ne suffit-il pas qu’il l’ait faite ? On espère quelquefois quand l’enfant a été compris par un étranger beaucoup mieux que par ses parents.

Et ce qu’on retient de Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent c’est précisément cette idée du verbe intérieur, ce verbe trop souvent lapidé mais vivant encore, sous l’entassement sonore des mots, qu’on n’en a jamais compris ni cerné le vrai sens et la profondeur. Mais on a toujours tendance comme bien d’autres à préférer le Chevalier des arts et des lettres, le nobélisable, l’artiste UNESCO pour la paix qui a su trouver sans chercher à tant d’esprits aussi distingués que stériles qui passent leur vie à chercher et ne trouvent rien.

Thélyson Orélien