Andriamialy

L’indépendance, et si au lieu de la fêter on la revendiquait?

Le 26 juin ce sera la fête de l’indépendance. Les malgaches aiment bien préciser que c’est l’anniversaire du « retour » de l’indépendance car avant la colonisation, l’État malgache existait et son peuple était plus ou moins autodéterminé. Ce retour de l’indépendance a été le fruit de longues et coûteuses luttes menées par de valeureux et héroïques malgaches martyrs et survivants. Donc, j’espère bien choquer en posant cette question : si au lieu de la fêter on la revendiquait, cette indépendance?


Oui, un choc électrique, au bon endroit et au moment crucial, ça fait repartir un cœur qui fibrille.

En bref
Si on regarde l’histoire avec un « œil impartial » (maso tsy miangatra) comme on aime le dire en malgache, on se rend compte que la France après la Seconde Guerre Mondiale était plus ou moins obligée de rendre l’indépendance  ou bien de décoloniser par d’autres manières.Mais l’Histoire qu’on nous enseigne à l’école nous apprend qu’à Madagascar, de 1960 à 1972, il y a eu une forme de néo-colonialisme qui a débouché sur la crise de mai 1972. On sait aussi ce ou qui il y avait derrière la  « révolution socialiste » de 1972 et le pseudo non-alignement malgache, on n’était pas encore tout à fait indépendant, de toute manière.

Et puis, il y a eu 2002. Cette année là, comme dit la chanson, les malgaches dansaient et se réjouissaient car après des décennies d’errements, ils avaient trouvé en un certain Ravalomanana le guide pour les mener vers la prospérité. Et c’est vrai que pendant le règne de ce président atypique, ancien livreur de lait  à vélo devenu homme d’affaire, le pays a connu année après année une croissance « positive ». Mais les chiffres, même bien écrits ne se mangent pas, en général.

Ce que les malgaches ne savaient pas c’est qu’ils étaient entrainés malgré eux vers un capitalisme des plus crus. A l’école, on a vu de nouveaux mots et expressions à retenir pour nous qualifier : tiers-monde, quart monde, pays en voie de développement, pays pauvre très endetté. Oui, on était (on l’est toujours) très endetté. Les anciens colons sont devenus des créanciers sous le nom de FMI, Banque Mondial, Club de Paris, bailleurs de fonds, financement parallèle. Quelle désolation de lire dans les  journaux toutes les « recommandations » auxquelles le gouvernement devait se plier pour s’endetter un peu plus : privatisez, restructurez, faites ceci, faites cela!

Le capitalisme a toujours le même effet : les riches s’enrichissent et les pauvres sont plus nombreux et plus pauvres. En 2009, alors que les voyants économiques étaient, aux yeux du gouvernement,  au vert, il était facile pour Rajoelina et consorts de rallier le peuple, ou plus précisément la partie lésée, majoritaire sûrement, du peuple à son mouvement conduisant à l’exil de Ravalomanana en Afrique et à une longue et destructrice transition de 5 ans.

Le paradoxe
Voici ce qui est paradoxal, la crise ayant amené Ravalomanana au pouvoir  en 2002 était entourée de zones d’ombres inexpliquées tout autant que celle qui l’a renversée en 2009. Dans les deux cas, on disait que c’était la volonté du peuple. On soupçonnait toujours aux puissances étrangères de tirer les ficelles derrière le rideau. Pourtant, j’ai perçu qu’en 2002, il y avait beaucoup d’espoir, de ferveur populaire conduisant à un nationalisme expressif mais 2009, il y a de moins en moins d’enthousiasme dans la célébration du 26 juin.

C’est vraiment une opinion personnelle quoique des indices peuvent tendre en ma faveur.

1- Depuis quand a-t-on besoin de faire de la pub pour la fête de l’indépendance? Spot audiovisuels, affiches, tracts, débats, clips, tout est mis à contribution pour appeler les malgaches à fêter leur indépendance.

2- Depuis quand faut-il exhorter les malgaches à afficher leur patriotisme : »Mettez un drapeau sur votre maison, c’est votre manière de montrer votre appartenance à la nation! » disent-ils à la radio. Je me souviens qu’il y avait même des rumeurs selon lesquelles on enverrait des gens espionner ceux qui ne mettent pas de drapeaux à leurs fenêtres ou sur leurs toits. J’ai compris que de telles rumeurs ne peuvent pas se vérifier mais que c’était quand même un bon moyen pour « inciter » les gens à se montrer hypocritement nationalistes.

3- Et aujourd’hui, qu’est devenue cette fête dans la tête des gens? S’il y a mouvement de foule, c’est surtout pour assister aux spectacles gratuits : le podium où les artistes se relaient pendant plusieurs jours, les feux d’artifices et le défilé militaire. Mais même ces activités, gratuits attirent de moins en moins de personnes.

Le stade de Mahamasina et le lac Anosy , où se déroulent les feux d'artifices, le podium et le défilé militaire. Photo : Lemurbaby
Mahamasina et le lac Anosy , où se déroulent les feux d’artifices, le podium et le défilé militaire. Photo : Lemurbaby

En vérité, je ne suis pas le seul à avoir fait cette remarque. Chaque année: 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, la communion du peuple, la liesse générale, la joie de tout un pays, rien de tout cela n’a été au rendez-vous. On a trop instrumentalisé, trop politisé cet évènement. Chacun voulait faire sa propagande en se montrant ou au contraire en boycottant cette journée.

Alors, si au lieu de la fêter, on la revendiquait, cette indépendance?

Si au lieu faire danser les jeunes et les enfants autour du podium, dans cette rue, nuit après nuit, afin qu’ils boivent, se perdent, s’exposent aux viols et aux meurtres, on profitait du 26 juin pour faire de l’éducation civique?

Si au lieu de dilapider des millions de dollars pour les éphémères spectacles pyrotechniques, on finançait des projets pour réduire la pauvreté?

Si au lieu de payer pour de nouvelles tenues aux soldats sans guerre et pour de la peinture neuve sur leurs toussant véhicules, on formait et on dotait en matériel les forces de l’ordre pour qu’ils assurent la sécurité en ville et dans la campagne?

Surtout, si au lieu de fêter le 26 juin, les dirigeants essayaient de travailler pour que Madagascar soit vraiment indépendant? Car l’indépendance ce n’est pas un collier porte bonheur, ce n’est pas un t-shirt en vert-blanc-rouge. L’indépendance, c’est être capable de décider par soi-même; ne pas devoir céder aux chantage des créanciers. C’est avoir les moyens d’être autonome. Ah, c’est tellement simple : IN-dépendant. Tant que tu dépends des autres, tu ne l’es pas vraiment. Alors, malgaches, notre expression imagée nous sied fort bien car on a l’indépendance mais il ne faut pas qu’on danse tous déjà… « avant la délivrance« .

 


A Madagascar le truel continue

Scène de western : ils sont trois, trois shérifs ou trois bandits on ne sait pas vraiment, mais pour l’instant ils tiennent Madagascar en haleine, en joue, en otage.

Eux, ce sont El Presidente, Gouverneur et Lower House

El Presidente est un Cow-boy latino solitaire : il écoute, mais n’entend pas, il regarde, mais ne voit pas. Pourtant, il n’est ni aveugle, ni sourd, il est juste indomptable. Méfiez-vous de son sourire, car ce n’est jamais un gage de sympathie. Et il ne faut jamais tourner le dos à El Presidente, ses meilleurs amis ont en déjà payé les frais. Son arme favorite est son flacon d’acide. Et aujourd’hui, il le pointe vers Lower House dont il promet la dissolution en cas de mouvement brusque.

Gouverneur est un gros frenchie âgé. Il se dit pacifiste et il se protège derrière El Presidente. En vérité c’est lui qui tient le robinet du réservoir d’eau de la ville de main ferme; c’est lui qui donne les ordres à toute la bande. Il exécute les ordres d’El Presidente, mais doit aussi ménager les ardeurs de Lower House. Et aujourd’hui, il se tient entre les deux, entre deux feux.

Lower House, justement, le natif, se dit représentant du peuple et a promis de ne pas oublier sa famille nombreuse s’il tire le jackpot. Son arme préférée, qu’il pointe vers Gouverneur est son revolver « motion » . Le problème de Lower House est sa Schizophrénie. C’est simple, il ne peut rien faire s’il n’est pas d’accord avec lui-même et avec lui-même et aussi avec lui-même. D’où sa lenteur de décision. En fait, il ne dégaine jamais rapidement que lorsqu’il remplit son propre ventre.

Voilà la scène. Elle vous fait rire? Pourtant elle nous fait pleurer, car ces trois gars sont nés de la même mère, notre mère à nous tous. Ils ne sont pas supposés se tenir là à se faire peur et à se faire des coups bas, ils sont censés travailler ensemble pour tirer la famille de la misère.

Oui, vous trois, vous avez réussi, vous avez le pouvoir, l’argent, la notoriété. Arrêtez de vous battre et pensez à vos petites sœurs et vos petits frères.

Pour lire l’équivalent en malgache de cet article, cliquez ici.


Traduction : Ramano be galona, le tirailleur oublié

Le groupe de folk malgache Lolo sy ny tariny a composé cette chanson « Ramano be galona » en s’inspirant d’un personnage véridique, tirailleur pendant la Seconde Guerre, que j’ai peut-être déjà croisé une ou deux fois dans mon enfance.

RAMANO BE GALONA Ramano plein de médailles (galons)
Lolo sy ny tariny

Ny tanin-dRamano Le pays de Ramano
Dia tany zanatany Était une colonie
Ny tany tamin’izany La Terre en ce temps là
Mbola feno zanatany Était pleine de nations filles (colonie)

Nanainga i Ramano Ramano devait partir
Tsy afaka nandà! Sans pouvoir refuser
Nirongo basy lava Armé d’un fusil
Nilanja barida Le barda sur le dos

Ady no naleha C’est la guerre qui l’attendait
Tsy anaovana kinanga On n’y avait pas droit à l’erreur
Nitifitra na maty Il fallait tirer ou mourir
Nefa olon-janatany Alors qu’il était citoyen d’une colonie (nation fille)


Naverina Ramano On a renvoyé Ramano chez lui
Tsy maty nefa adala ô Pas mort mais devenu fou
Ny vanja zay nipoaka Les bombes qui explosent
Nanjanaka ny lohany Ont colonisé sa tête

Galonan’dRamano ô Des médailles de Ramano
Dia nisy tena izy é Il y en avaient de véritables
Fa nisy nampihomehy Mais il y en avait de bien drôle
Nampihoraka ny ankizy Et qui faisaient rigoler les enfants

Satria kapsily Car des capsules
Sy fatina bilao Et des boulons usés
Korintsana eny an-tratrany Tintinnabulaient sur sa poitrine
Grade be tsy zakany De gros grades insoutenables

Nalevina omaly On l’a enterré hier
Ramano be galona « Ramano plein de médailles »
‘Reo mpananihany Les moqueurs
Nanjary nitomany Sont devenus les pleureurs

Ny tanin-dRamano Le pays de Ramano
Dia tany zanatany Était une colonie
Ny tany tamin’izany La Terre en ce temps là
Mbola feno zanatany Était pleine de nations filles (colonie)

vidéos :

https://www.dailymotion.com/video/xabvv5_ramano-be-galona-par-lolo-sy-ny-tar_music


Mondial 2014 : se préparer ou se préserver ?

La blessure, grande peur des joueurs qui préparent le Mondial (Crédit photo : BrokenSphere, Wikimedia Commons)
La blessure, grande peur des joueurs qui préparent le Mondial (Crédit photo : BrokenSphere, Wikimedia Commons)

Si les matchs de préparation permettent aux sélectionneurs de faire quelques tests avant le Mondial, ils ne sont pas sans danger pour les joueurs. Le Français Djibril Cissé ou plus récemment l’Italien Riccardo Montolivo le savent : le risque de blessure grave existe dans ces rencontres sans enjeux.

On était en train de regarder la télé. Il y avait des images et des résultats de matchs de préparation à Coupe du monde 2014. Après les résultats, la présentatrice a donné d’autres nouvelles :

« Montolivo manquera le Mondial après s’être fracturé le tibia lors d’un choc reçu pendant un match de préparation« 

Mon frère s’est exclamé : « Voilà, encore un ! Je me demande pourquoi on fait ces matchs de préparation et risquer ainsi de blesser des joueurs cadres. »

C’est vrai que cette année, la liste de blessés est déjà longue à une semaine du Mondial, et il reste encore des matchs de préparations en vue. De nombreux supporters sont plus ou moins inquiets pour les autres stars comme Ronaldo ou Ribéry. J’ai donc répondu en marmonnant : « Il faut bien se préparer« . Avec une hésitation évidente.

Clubs différents, tactiques différentes…

Certes, il faut se préparer, et donc s’entraîner et disputer des matchs amicaux. Les sélections sont formées de joueurs professionnels issus de plusieurs clubs, souvent situés dans des pays et des continents différents. Les footballeurs réunis au sein d’une même équipe nationale évoluent donc tout au long de l’année dans des clubs différents, sous la supervision d’entraîneurs différents, dans des climats différents, etc.

Le temps de préparation est relativement court pour bien mixer cet ensemble et faire prendre la sauce d’automatisme et de tactiques que les sélectionneurs veulent appliquer aux joueurs.

Des joueurs fragilisés

Les blessures, elles, ne sont pas seulement imputables à la période de préparation. Certains joueurs arrivent en sélection avec déjà des antécédents contractés pendant la longue et éprouvante saison, le Mondial se déroulant après la majorité de toutes les saisons. Ce sont des blessures graves en rémissions ou des petits bobos qui peuvent s’aggraver. Parfois, c’est juste la fatigue accumulée qui rend les os et les muscles plus fragiles.

Le problème, c’est qu’un joueur se blesse seulement s’il joue. Peut-être aussi s’il rate les escaliers mais en général, les blessures arrivent pendant les matchs et les entraînements. Certains sélectionneurs choisissent de préserver les joueurs les plus importants. Mais un élément qui ne joue pas a des risques de ne pas être bien préparé et donc pas au top de sa forme le jour J. Tout le monde n’est pas le Ronaldo  du Brésil en 2002.

Un Mondial plus tôt dans l’année ?

Le débat n’est donc pas clos. Les sélectionneurs devront encore choisir entre une bonne préparation et les probabilités  de blessures qui vont avec et la préservation des joueurs, au risque de les voir moins performants à la compétition.

Des solutions alternatives peuvent être proposées comme de décaler la compétition vers une autre période  de l’année par exemple. En attendant, nous souhaitons tous un Mondial 2014 brillant, éclatant, éblouissant même. Et pour cela, on a besoin des stars.

Andry ADRIAMIALY, Mondoblogueur à Madagascar


Madagascar : juin, le mois festif

Depuis tout petit, j’ai toujours aimé le mois de juin à Madagascar, c’est un mois festif. Les Malgaches l’appellent même parfois Asaramanitra, le mois où l’on fête le Nouvel An. En effet, on y fête l’indépendance et comme Asaramanitra est devenu synonyme de fête, il s’applique ici aussi. Et cette année 2014, on a plus de raisons encore pour faire la fête.

Juin, d’abord, c’est le mois de l’enfance

« Les mois de… » comme quelqu’un que je connais les appelle, c’est comme la publicité. On fait de la publicité pour des trucs qui ne marcheraient pas autant sans elle. Et malheureusement, l’enfance a besoin d’un « mois de… » , car sans cela on oublierait beaucoup de choses à faire et à ne pas faire pour nos progénitures. Donc, pendant tout le mois, on va voir des annonces, des affiches, des évènements où les enfants vont exposer leurs situations et demander des améliorations. On va entendre et réentendre les slogans comme : « Non, au travail des enfants », « Stop aux abus sexuels sur les mineurs », « Non à la violence sur les enfants », « Non au tourisme sexuel », « Ose dire NON! »,  « Les enfants ne sont pas des souvenirs », « Les enfants ont le droit d’avoir une maison, de la nourriture, de l’éducation et des jeux », etc. Eh oui…on a malheureusement besoin de le répéter.

Madagascar enfant travail
Photo : Yves Picq

 

Les enfants, eux, qu’est-ce qu’ils en pensent? Ils ont surtout en tête les grandes vacances qui arrivent à la fin de ce mois pour la plupart d’entre eux. Enfin, s’ils vont à l’école, s’ils ne travaillent pas encore; s’ils sont en bonne santé ou au moins ont accès à des soins médicaux; et s’ils peuvent avoir des jouets ou au moins arrivent à les fabriquer.

Car pour les privilégiés, et même pour les autres,  la liste des jeux d’hiver est longue (l’hiver malgache est froid et sec). Il y a  les jeux en plein air comme le cerf-volant (papango), la planche à roulettes (kalesy), les pétards (tsipoapoaka), la dinette (tsikononkonona), le saut à l’élastique, le foot sur rizière asséchée. Ensuite, on a les jeux avec les pierres : tantara (récits), tanisa , tso-bato (jongleries). Puis, il y a les jeux de société : la katro (famille de l’awalé), le célèbre fanorona , le vitsiliha jeu de stratégie qui se joue grandeur nature. Ce ne sont que des exemples et ces jeux sont gratuits.

Ensuite, il y a la Pentecôte

La Bible dit que le Saint-Esprit est descendu sur les apôtres le jour de la Pentecôte, c’est-à-dire le jour du Chavouot juif. Bizarrement, cette fête chrétienne n’a pas autant de succès auprès des Malgaches que Pâques et Noël, pas assez de Saint-Esprit peut-être. L’impératif que le croyant, non pratiquant s’impose c’est d’aller à l’église à Pâques et à Noël. Mais la Pentecôte c’est surtout le jour pour les sorties, les pique-niques. C’est facile, dès le début de l’année, les associations, les familles, les églises, les entreprises, tout le monde va choisir dimanche ou lundi de Pentecôte pour la sortie annuelle.

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Photo : https://adventiste-manjakaray.org

Pour vous décrire à peu près comment se déroule une telle sortie : le matin, on attend ensemble les cars pour un départ prévu à 7 h 30, mais qui va avoir lieu à 9 h, c’est le rendez-vous à la malgache (fotoan-gasy). Arrivée sur les lieux à 10 h-10 h 30, donc, il y a une petite réunion ou un petit culte où on donne les consignes : ne pas salir partout, surveiller les enfants, ne pas se baigner dans la rivière, utiliser les toilettes au fond à gauche, etc. A midi ou plutôt à 14 heures, on mange lorsqu’on a réussi à arracher les garçons du terrain de foot improvisé. L’après-midi, les chanceux auront droit à de belles animations : karaoké, jeux, saynètes, danse. Sinon, certains trouveront qu’il faut profiter de cette réunion pour débattre de sujets les plus ennuyeux avec comme animateur des débats un oncle assez bourré.

Et la fête des pères

Comme les Français, les Malgaches célèbrent leurs papas le 3e dimanche de juin. Comme souvent, le père de famille va en profiter pour se donner en cadeau un truc qui ne passerait pas dans le budget familial en temps normal. Sinon, ce jour rend un peu trop évident que dans la société malgache, la mère est beaucoup plus importante que le père. Une chanteuse le dit dans un de ses titres « Hafa ihany i Mama », … très difficile à traduire, je dirais : « Maman est quand même spéciale ». Donc, c’est la fête des pères, et papa a quand même participé à la procréation des enfants, c’est lui, souvent qui travaille pour apporter la nourriture, c’est lui qui apporte la discipline, la Cour suprême à la maison. Mais lorsqu’on compare fête des mères et fête des pères… »hafa ihany i mama ».

25 juin, il y a le réveillon.

Je vous ai parlé au début du fait que le jour de l’indépendance du 26 juin est fêté comme un Jour de l’An. C’est d’autant plus vrai, car le 25 soir on fait le traditionnel réveillon avec la fête des lampions (arendrina). Les enfants sortent puis se regroupent par famille ou par quartier et font la procession avec leurs arendrina respectifs, soit vers le marché, soit vers une place publique, pour se rallier avec d’autres groupes.

lampions

Ces dernières années, les Chinois ont aussi fondu sur cette opportunité. A part les babioles clignotantes qui attirent les enfants, ils proposent même des lampions malgaches, en papier, made in China.

feux

Et c’est, donc, tout à fait normal que les feux d’artifice pour la fête de l’indépendance soient proposés le 25 juin soir. Si vous êtes à Antananarivo le 25 juin, il faudra éviter de programmer un rendez-vous entre 17 et 21 heures du soir aux alentours du lac Anosy. En, effet, il y aura, agglutinés

Puis, l’indépendance.

Le 26 juin, fête de l’indépendance, est un jour férié. C’est vrai qu’en 2013, ce n’était pas une journée exceptionnelle pour moi. Cette année, il y aura comme d’habitude le défilé militaire à Mahamasina, le stade omnisports et le président va recevoir des gens à Iavoloha, le grand palais présidentiel de la banlieue sud de Tana. Pendant ce temps, les Malgaches seront pour la majorité en famille pour être ensemble.

Ah, j’aimerais revivre ces temps où j’étais fier d’arborer les couleurs nationales dès le 26 juin au matin; où j’étais fier des militaires qui défilaient avec honneur et prestige; où je chantais l’hymne national la main sur le cœur. Qui pourrait ranimer la flamme patriotique chez les Malgaches et surtout chez les jeunes ? Je ne sais pas, et eux non plus. J’ai peur surtout qu’ils  profitent  de la journée pour se saouler et embêter les filles.

Et le Mondial 2014!!!

Cerise sur le gâteau, juin 2014 sera le début du Mondial au Brésil. Madagascar n’a jamais été qualifié pour cette compétition et ce n’est pas près d’arriver tant que les mêmes incompétents restent à leur place pour gérer le sport roi à Madagascar. Donc, les Malgaches suivent les équipes africaines qui elles, n’ont jamais dépassé les quarts de finale. Les Malgaches se rabattent, alors, sur le reste, le beau reste des demi-finalistes. Traditionnellement, ils sont fans du Brésil, de l’Argentine, des « rainiboto » (les rugueux) allemands, l’Italie, la France et l’Espagne. C’est-à-dire qu’ils vont suivre ces équipes et surtout PARIER sur leur victoire.

Les paris, que beaucoup de Malgaches aiment, iront de quelques milliers d’ariary à plusieurs millions par match. Donc, certains vont encore se faire spécialistes des pronostics et miser leur argent de poche ou leur salaire, mais ils risquent de perdre gros, car 2014 réserve peut-être des grosses surprises. A ce propos, Mondoblog avec les Observateurs mettent sur un blog tous leurs news, analyses, réactions venant de dizaines de pays.

 

Voilà, bon mois de juin à vous tous et à tous les Malgaches!


Le vieux joueur de valiha

Il y a des personnes que l’on voit souvent : les membres de la famille, les collègues, les amis. Il y a aussi des personnes qui ne font que passer dans notre vie mais, parfois, ces dernières laissent des traces indélébiles. C’est simple, certaines personnes ont partagé avec vous une année, un mois, un jour, un trajet, un regard et des années et des années après ce moment partagé est imprimé dans votre tête comme une photographie en couleur. Moi-même, j’ai une très mauvaise mémoire des noms. Je n’arrive pas à retenir ni à me souvenir d’un prénom au bout de quelques jours. Pourtant, le visage,  les paroles et les actes de certaines personnes arrivent à me marquer pour toujours.

Tenez, un exemple : un jour, au bord de la mer, j’ai rencontré un vieux monsieur, malade. Et, donc, je ne me souviens plus comment il s’appelait, son petit prénom. Il ne paraissait pas faible, il était hardi. Il était grand et fier. Son visage était fripé par l’âge, mais on voyait qu’il était un beau jeune homme. C’était un Malgache de type asiatique et un peu européen aussi. Sa peau n’était pas très foncée, ses cheveux étaient courts et bouclés, son nez long et droit et ses lèvres minces, minces pour un Malgache je veux dire. Et puis, ses yeux résumaient tout le reste. Ils brillaient d’intelligence, mais de temps en temps s’éteignaient et le vieux monsieur passait soudain de vieux sage plein de conseils à vieux fou proférant des gros mots et des idioties. Et puis, ses yeux étaient jaunes. C’est-à-dire que ce qui devait être le blanc des yeux était jaune comme un citron bien mûr. Je ne suis pas médecin, mais avec le peu de connaissance que j’ai, je dirais qu’il avait le foie très atteint et un Alzheimer très avancé.

Il avait une très belle valiha. La valiha c’est cette sorte de sitar en bambou qu’on a hérité de nos ancêtres indonésiens. Le son de la valiha est proche de celui de la harpe et du koto. Il jouait de cette valiha comme un dieu. Et il avait aussi des souvenirs, beaucoup de souvenirs. Il nous parlait de ses voyages, lui et sa valiha parcourant le monde entier : l’Europe, l’Asie, les Amériques. C’est quand il évoquait ses voyages que ses yeux s’illuminaient le plus. C’est comme si on était derrière le projecteur d’une salle de cinéma et on imaginait bien que les images défilaient dans sa tête comme dans un vieux film. Et moi, qui écoutais, j’en ai rêvé. Qui ne rêve pas de Paris ou de New York ? Il avait aussi toujours de bons conseils, ponctués de jurons; beaucoup de bons conseils.

Il nous a aussi conté l’histoire de l’Antsaly, le phœnix de la mythologie malgache.

Mais oui, tout est au passé, en effet quelques jours, ou quelques mois après notre rencontre, j’ai aussi vu le nom et le visage de cet homme dans la rubrique nécrologique des journaux. J’ai oublié son prénom, c’est vrai. Peut-être, pourrais-je vous dire son nom de famille, car oui, il était célèbre. Mais je ne vais pas le faire. Je pense que c’est mieux de finir cet article sans citer le nom de personne. Vous savez ? c’est toujours rageant de voir les gens qui louent, qui exaltent la mémoire d’un défunt alors que du vivant de la personne, et surtout lorsqu’elle est devenue vieille, malade et « inutile », on la laisse se débrouiller toute seule.

Mais jusqu’à aujourd’hui, je remercie le ciel d’avoir rencontré ce vieux monsieur. Il mériterait d’avoir un monument, une école ou une rue à son nom, c’est vrai. Mais, sauf erreur de ma part, on n’a pas de rue Andy Razaf, le célèbre jazzman américano-malgache, ou Rakoto Frah, l’éternel flûtiste. Si ça existe, ce n’est pas assez connu. Peut-être qu’on attend d’avoir de nouvelles rues et c’est pas près d’arriver.

J’aime l’idée d’avoir pu soutirer un peu de sagesse de cet homme. Car, dans la vie, les gens recherchent l’argent, la connaissance, le pouvoir, mais la sagesse est tellement plus rare et plus précieuse. C’est pour ça que cette histoire n’est pas triste. Les êtres humains passent et la majorité ne laisse pas de trace. Mais tel le phœnix qui renaît toujours de ses cendres, il y a toujours quelqu’un qui doit prendre la relève et  je voudrais être l’un d’eux. C’est notre expérience et nos savoirs qui sont nos meilleurs legs pour la prochaine génération. Et c’est en reprenant le flambeau et en le portant toujours plus haut qu’on fait honneur à nos prédécesseurs.

Joueurs_de_valiha_des_Philippines_et_de_Madagascar

Valiha aux Philippines et à Madagascar


10 mondoblogueurs au noms presque malgaches

J’ai remarqué que, par pur hasard, ou par d’autres mécanismes inexpliqués, des noms ou prénoms se retrouvent dans plusieurs langues avec des significations différentes.J’en ai parlé ailleurs. Mais l’exercice que je vais faire ici c’est d’énumérer 10 mondoblogueurs avec des noms malgaches, ou presque.

A dire vrai, il y a plus de 10 mondoblogueurs dont les noms signifient quelque chose en malgache. En fait, avec un peu d’imagination, on peut trouver une signification en malgache de tous les mots. Ceci réconforte un peu les théoriciens qui croient encore à la madagascaro-centricité du monde.

Donc, il y a d’abord Aly. Dans la dialecte du sud de Madagascar, « aly » c’est « la guerre ». Mais dans le malgache officiel, c’est un prénom qui se rapporte à l’art. Les mots qui s’en rapprochent sont « mikaly », travailler avec soin, et « miangaly », faire quelque chose en parlant de l’art.
Ensuite, il y a Ba  qui n’est pas un prénom usuel mais plutôt un diminutif de tous les prénoms commençant par « Ba » chez nous : les Basile, Barnabé, Baptiste et autres. Sinon, « ba » signifie chaussettes. Mais c’est aussi un mot enfantin pour désigner les bisous. Si tu dis à un bébé malgache « ba! allez, ba Papa! », il va te faire un gros bisous baveux.
En parlant de Ba, il y en a un autre Ba qui a comme autre prénom Samba . Samba n’est pas un prénom malgache mais c’est un mot oublié qui se rattache à la première fois. Il ne reste plus que le verbe »Sambany » (première fois) ou en répété : « Sambasamba » qui fait de jolis chansons en rythme brésilien.
Baba , c’est pareil que pour « Ba ». C’est aussi un mot enfantin mais il signifie « à manger ». Donc, c’est souvent un surnom plutôt qu’un vrai prénom à Madagascar. Sinon, Baba c’est Papa dans certains dialectes, comme dans ce clip « Baban’i Rokia »
J’aime bien Issa  et Issa . En malgache, « isa », c’est le chiffre 1 (alors que le nombre 1 est « iray »).  Le prénom en malgache n’est pas Isa mais Misa. Être le premier, je pense que c’est un bon leitmotiv dans la vie.

Kelly par contre n’est pas très flatteur, c’est le surnom qu’on donne aux petits. En effet, le mot malgache « kely » signifie petit. Mais ce n’est pas non plus péjoratif. Lorsqu’on a deux personnes avec le même prénom dans le même groupe, par exemple 2 Andry, le prénom le plus répandu de l’île, le plus vieux devient « Andry Be » (le grand Andry) et le plus jeune « Andry Kely » (Le petit Andry).

Solo, c’est un vrai prénom. Il signifie « remplacement ». On le donne souvent en souvenir d’un aïeul  ou d’un parent disparu. Cela donne Solondraibe (celui qui remplace son grand-père) ou Solonirina (Le remplacement désiré) ou Solonomenjanahary (le remplacement accordé par le Créateur) en guise de réconfort de la perte d’un autre enfant, par exemple.
Leïla, c’est un joli prénom féminin mais on a un homonyme malgache qui est « lehilahy » et qui signifie homme. Donc, c’est plutôt un contre exemple car aucun malgache ne va appeler sa fille Leïla sans risquer qu’elle se fasse taquiner à l’école.
Lina, comme Fara, Malala, Tina, Sue, Nour etc. sont , je pense, des prénoms qu’on a, justement, donné à des petites malgaches parce que ce sont des prénoms étrangers qui ont une signification en malgache. Ceci dit, « Liana », le prénom malgache signifie « curieuse » et se lit normalement « Line » du fait que les voyelles en terminaisons sont souvent muettes. Pour avoir la prononciation à l’italienne, on a des prénoms avec un h à la fin « Linah ».
Enfin, je voulais finir avec Saka, qui n’est pas du tout un prénom malgache mais signifie chat, ou chatte au féminin. Quand les premiers félins sont arrivés à Madagascar, on les appelait des « kary ». Aujourd’hui « kary » ne désigne plus que les félins redevenus sauvages. En effet, quand les français sont arrivés, les malgaches les ont entendus traiter ces bestioles de « sac à puces ». D’où les deux noms actuels de ces stars du web « saka » et « piso ».  Mais les petites malgaches préfèrent qu’on les surnomme « piso » parce que serait migniooonnn!

Voilà, j’ai réussi à donner 10 noms de blogueurs à découvrir sur la plateforme mongoblog. Mais, plus sérieusement, le principe des prénoms est nouveau (de 2 siècles) pour les malgaches. Auparavant, les enfants naissaient en étant le fils de, la fille de ou le petits-fils, petite fille de quelqu’un. C’est à l’adolescence, qu’on lui choisissait un nom en rapport avec son caractère, soin physique ou sa destinée selon l’astrologue du coin.

Donc, s’il y a plainte sur la longueur de nos noms, ce n’est pas vraiment notre faute. En plus de léguer leur nom de famille, comme les européens leur ont appris à le faire, nos parents veulent toujours mettre leur petite histoire dans nos prénoms. Le résultat, en plus d’être long peut donner une histoire incompréhensible. Mon nom complet RANAIVOSON Andriamialy, par exemple signifierait : « Monsieur le fils du cadet, le prince qui fait de l’art. » et c’est presque vrai sauf que je ne suis pas fils du cadet.


Madagascar : 5 exemples de métonymie, notre cache-misère

Madagascar, notre pays est riche, mais notre peuple vit dans la misère. C’est comme dans beaucoup d’autres pays, c’est vrai. Moi, je le dis, l’émergence, pour Madagascar, c’est un taxi-brousse déjà en marche. J’espère seulement que ce bus sera gros et bondé au maximum, car aujourd’hui, il ressemble plutôt à un de ces petits Mazda à 14 places dans lesquels on fait la mêlée à 50 pour rentrer.


1- Les bas quartiers
Premier exemple : Antananarivo n’a pas de bidonville. Lorsque la pluie tombe, la grosse averse tropicale, c’est la catastrophe en l’absence de réseau d’égouts aux normes. Et le manque d’entretien du peu qui existe fait déborder les canaux : l’eau pleine de déchets entre dans les rues, dans les rez-de-chaussée et dans les voitures prises au piège. Naturellement, ceux qui peuvent payer plus cher louent les appartements situés en hauteur. Donc, quand les journaux titrent : « Les bas quartiers sont cela, les bas quartiers sont ceci », ils veulent parler des gens défavorisés.

2- Mpiasa tena : les auto entrepreneurs
Dans le pays, il y a d’abord une majorité de paysans, éleveurs et agriculteurs. Ils n’ont pas des emplois règlementés, ils n’ont pas de couverture sociale et ils ne payent pas tous l’impôt. Et puis, il y a le reste qui travaille dans l’industrie et le secteur tertiaire. Mais au final, il y n’y a qu’une infime partie de la population active qui travaille dans le formel. On ne peut pas considérer les autres comme des chômeurs. En fait, si on leur demande ce qu’ils font dans la vie, ils répondront  » je travaille pour moi-même « . Cela voudra dire beaucoup de choses. Elle ou il est vraiment auto-entrepreneur mais son entreprise, PME, micro ou peut-être même nano-entreprise consisterait parfois à revendre 1 kilo de cacahuètes par jour. Il n’y a pas de sot métier.

3- la maladie grave
On a un dicton que je traduirai librement par  » : Est-ce pour un rhume que la brède mafane peut guérir qu’on va tuer un jeune poulet? « .  Chez nous, on connaît des tas de plantes, de recettes de grand-mère et autres gris-gris pour les maladies. On les utilise en priorité car, la médecine occidentale est toujours trop chère. Mais vient le jour où ni la brède mafane, ni le poulet ne suffisent plus, il faut aller à l’hôpital. C’est simple, dès que l’on sait qu’un proche ou un ami est à l’hôpital, c’est une maladie grave. Il faut y aller pour la ou le réconforter et pour aider la famille avant qu’il ne soit trop tard. Voici le message : « Rakoto est à l’hôpital, il a une maladie grave ». AVC ? Accident de la route ? Infarctus ? Cancer en stade final ? Personne ne sait, c’est juste une maladie grave.

4- La mort subite

Deux jours après, Rakoto est mort, c’est une mort subite.  » Malheurs! Rakoto est mort subitement après une maladie grave. Je te dis, 5 jours avant, il se portait bien! « . C’est là que les spéculations vont bon train :  » C’est de la sorcellerie, c’est pour ça qu’il a eu cette grosseur sur son abdomen, c’est quelque chose qu’on lui a fait avaler « .  » Non, c’est un interdit qu’il a bravé, il y a des vazimbas dans sa région « . Il y en a même qui meurent subitement sans passer par la case maladie grave. Mais que la mort soit accidentelle ou pas, provoqué ou non, lorsqu’on ne sait pas, c’est une mort subite, le dossier est clos. Ah, si l’autopsie devenait obligatoire pour toute mort suspecte, il y aurait sûrement des choses à découvrir.

5- Les dahalo,bandits de grand chemin

Traditionnellement, dans le sud de Madagascar, certains peuples éleveurs ont fait du vol de bétail un rite initiatique pour les jeunes. Ce sont les dahalo. Ce qui fait que dans la tête des gens, les dahalo ne s’attaquaient qu’à des éleveurs et qu’ils se contentaient de voler les zébus dans leurs enclos.

Aujourd’hui, pourtant, et ce n’est plus dans le sud de l’île, des bandits armés jusqu’aux dents pillent, brûlent, violent, tuent, attaquent des convois, des villages, mais dans le langage populaire et dans la presse, ce sont toujours les dahalo. Pour moi, une ou plusieurs centaines d’hommes armés qui attaquent un village, c’est pas les dahalo, c’est au moins une milice armée. Tout un village qui attaque un autre, ou des dizaines d’hommes massacrés , car suspectés d’avoir voulu voler des zébus, c’est pas les dahalo, c’est quelque chose que je ne veux même pas nommer.

Parce que, oui, parfois on aimerait bien que les choses ne soient pas réelles, mais elles le sont. Ne soyons plus hypocrites et affrontons ces réalités !


Une demi-journée au By-pass

bypass

Cette fois, je vais t’emmener quelques heures avec moi et les enfants. Nous allons passer l’après midi au By-Pass. Déjà tu me diras :  » Mais c’est quoi, c’est où, c’est comment By-Pass? »

Allons-y et tu verras!

grande roue

D’abord, ce n’est pas un quartier, ce n’est pas un village, c’est une route. C’était censé être la première autoroute de Madagascar sauf que c’est devenue une simple route à une voie dans les deux sens. C’était supposé ceinturer la ville d’Antananarivo et devenir sa limite comme le Périphérique délimite Paris de sa banlieue mais jusqu’à ce jour, la boucle n’est pas encore bouclée. Bref, c’était beaucoup de choses dans nos rêves mais dans la réalité c’est devenue quelque chose de différent.

bypass
Donc, ne va pas croire que je vais t’emmener faire un tour en voiture juste pour le plaisir de rouler sur une route presque sans aspérités ni nids d’Aepyornis (l’oiseau géant fossile de Madagascar proche de l’autruche mais beaucoup plus grand) comme ce qu’on voit en centre ville.

maison bord by pass

Regardes plutôt toutes ces maisons qui défilent à grande vitesse sur les collines. Avant, ces maisons et ces villages étaient au milieu de nulle part ou bien n’existaient pas encore. Depuis que cette route est finie, tous ces terrains qui la longent ont pris de la valeur et, maintenant, tu peux voir ces belles demeures, ces espaces de loisirs, ces grands restaurants fleurir ou plutôt « pousser comme des brèdes« , comme on dit chez nous. Ces brèdes sauvages qui poussent le long des routes, sans cadre, sans infrastructures mais qui s’apprécient très bien avec du riz blanc.

mpampiady akoholahy, arène combat de coq
Ce long fil de voitures que tu vois là-bas au fond n’est pas un bouchon. Elles sont juste stationnées là pendant que les propriétaires vont coacher, jouer, parier sur des combats de coqs en bas de l’entrée d’Ambohimangakely sur la RN2.

combat de coqMais ne nous attardons pas à regarder ces pauvres bougres qui s’amusent à faire se battre de pauvres gallinacés mâles presque sans défenses. Je ne juges pas ce qu’ils font; je ne suis pas un grand défenseur des animaux au point de pouvoir les condamner et j’aime bien le poulet à toutes les sauces. Je sais juste que le jeu est addictif et qu’une fois tombé dans le piège, tu risques d’y perdre ton temps, ton argent, ta solvabilité et ta crédibilité. Et on est déjà assez pauvres comme ça!

Continuons notre route

maison bord by pass

Voilà une illustration d’une maison qui a été rattrapée par cette route alors qu’elle était encore dans son style et son mode de vie campagnard. Il faut voir les enfants qui s’étonnent devant les voitures qui passent, pleines de citadins en manque d’air pur.

Je ne connais pas le nom de ces quartiers ou villages ou je ne sais quoi que l’on traverse. Toutes ses maisons et propriétés empilées sont toutes estampillées By-Pass. Tu n’as qu’à voir dans les journaux  et sur le web les annonces du genre :

« A vendre, terrain plat de 2 Ha sur le bord du By-Pass. Papiers en règle. Bord de route. Prêt à bâtir »

 » A louer, belle maison à étage au By-Pass. Électricité. Puits avec pompe électrique. 5 chambres. Tout confort. Accessible voiture .Garage »

On est arrivés.

gargotes

Ce coin ressemble à des dizaines d’autres déjà sur le bord de cette route. Et je te confirme, tout est quasiment improvisé. Avant, c’était juste un terrain vague et depuis la construction de cette route, c’est devenu cet endroit coloré et animé. Ne me demandes pas si c’est légal ou pas, si ces gens payent des impôts ou quelque chose d’autres. Je suppose que, oui, ils payent quelque chose à quelqu’un, mais quoi et à qui?

gargote

Là-bas dans ces maisons en toiles, ou en bois ce sont les gargotes qui me rappellent les maquis d’Abidjan. Il y a à manger et à boire

tourniquet

De l’autre côté, les enfants peuvent faire des tours de manèges.

grande roue

J’admets que ce n’est pas tout propre ni très joli-joli mais vous pouvez vous en contenter avec le prix dérisoire que ça coûte (25 à 50 centimes d’Euro à peu près le tour de manège).

trampoline by pass

Et les prix sont bien expliqués: les manèges qui utilisent l’électricité ou des moteurs comme le château gonflable ou les petites voitures sont plus chers que ceux qui ne nécessitent que la force des bras comme ces grandes (petites) roues ou les trampolines.

cheval

Il y a même des vrais chevaux, dis-donc!

vendeuse de jouets

Et toujours, dès qu’il y a des enfants, les petits marchands de jouets ne sont jamais loin.

masikita brochettes

Ceci dit, qu’est-ce qu’ils servent dans les gargotes? Des boissons, bien sur! de la bière, du rhum et d’autres boissons « hygiéniques ». A manger, il y a des beignets, des soupes et des pâtes et surtout des grillades. Ça se sent! Je préconise qu’on commande mais qu’on reste dans la voiture pour manger vu qu’ils prennent notre commande et nous livre dans la voiture. Pourquoi? parce qu’on est avec des enfants et je ne veux pas qu’ils se fassent embêter par des gens qui ont déjà moins soif, si tu vois ce que je veux dire. Et dans notre voiture, c’est bien propre et douillet.

cheval et voiture

Le soir approche. Mais surveilles bien les enfants car il y a toujours des voitures et des 2 roues qui font la « pointe » surtout le soir. La « pointe » ce sont les courses sauvages. A Madagascar, on aime bien « améliorer » nos bolides et les tester sur de belles routes comme celle-ci. De plus, on n’a pas de radars, donc, tu sais ce que ça donne.

pont by pass

On ne va pas rester longtemps. Dès qu’on aura fini de manger, il faudra rentrer et je te raconte la suite en route. En fait, on ne reste jamais tard. On vient seulement pour faire jouer les enfants sans dépenser beaucoup trop d’argent. Admirons un peu ce coin du By-pass, la route fait des dizaines de kilomètre, on ne pourra pas tout voir. D’abord ce magnifique petit pont en bêton.

rail
Il y a aussi ce passage à niveau qui ne voit passer que quelques trains par semaine.

La suite?

Cette route est large et elle n’est pas éclairée. Le soir, c’est une toute autre ambiance.  Les gars viennent après le travail pour faire une « revy » (rêve, rave?), c’est à dire boire, faire du Karaoké, danser, boire et voir les filles. Oui, j’ai dit « boire » 2 fois mais dans la réalité, c’est bien plus que 2 fois.

Et tu me demanderas : « Qu’est-ce que ça veut dire la route est large et elle n’est pas éclairée« ? la réponse est une autre question : « Tu sais ce que ça veut dire l’expression : voir les filles? ». Oui, tu as compris mais est-ce que tu vois un hôtel ou des chambres par là? Non!  Donc, regardes bien combien ce n’est pas éclairé sur les bas-côtés et tu comprendras ce que je veux dire.

feux rouge
Ce sont encore les embouteillages! Comme je t’ai dit, cette route était supposée libérer la ville de ses embouteillages mais c’est elle qui est bouchonnée.

tana ciel jaune rose bleu orange
Profites quand même du paysage, Le soleil qui se couche sur Antananarivo, c’est beau et d’ici, on a une vue imprenable.

Et plus tard…

Encore plus tard, quand les « rêveurs » sont partis, on dit que plus de choses encore se passent sur cette route. On dit qu’il y a des trafiquants et des bandits en tous genres qui viennent faire des transactions, des échanges et régler leurs comptes un peu comme dans les films. Je te le dis, quand tu rentres de province à minuit et que tu roules par ici, tout seul, tout droit, sans autre éclairage que tes phares, tu as, quand même, un peu peur. Moi je n’ai jamais rien vu mais dans les journaux on apprend quelquefois que tels bandits ont été appréhendés au By-Pass ou que d’autres crimes y ont été commises.

Comme quoi, les nouvelles choses sont toujours des sources de problèmes ou des opportunités. Tout dépend de nos choix et des circonstances.

Et donc, je ne connais pas du tout le nom du coin qu’on vient de visiter. Si on te demande où tu as passé la journée, réponds juste comme tout le monde : « au By-Pass ».


Malgache, qui es tu ?

 

Si je pose cette question à un Malgache, jeune, patriote, et avec une certaine éducation, j’obtiendrai très vite comme première réponse :

– Malagasy, pas Malgache!

Ah bon! Vous savez, cette histoire a commencé depuis longtemps. Tous les pays ont des noms ayant, sûrement, des significations. Je cherche, je cherche mais je ne vois pas quel pays aurait oublié la signification de son nom; à part Madagascar.

– Madagasikara; pas Madagascar! tu me cherches ou quoi?

OK, c’est Madagasikara. Je me souviens des cours d’histoire pendant lesquels on apprenait, non pas le sens de ce nom à 7 consonnes avec des « a » intercalés », mais les possibles sens et origines. Pauvres profs et surtout pauvres élèves qui ne peuvent se contenter que de théories plus ou moins sérieuses.

En plus sérieux, il y a l’histoire des 3 mois du calendrier appris des Arabes qui sont Alahamady pour le MADA, Alakaosy pour le GASI et Alakarabo pour la KARA. Donc, si c’est vrai, l’île devait s’appelait d’abord Madikaosikarabo. Donc, en répétant Madikaosikarabo des millions de fois on obtient Madagasikara? Peut-être. Et c’est vrai que les mois font bien des noms de lieux comme les « Mars » un peu partout en France. Mais imaginez 3 mois :

– Ah oui, appelons notre nouvelle  île MarsAvrilMai. Non, on est des Anglais donc disons plutôt MayAugustDecember. Répète ça mille fois : MayAgustDecember, MaAgustDeber, Maydugastber, Madusgemsker…. Madagasikara.

– Waouh, SUPER THÉORIE!!!!

Il y a aussi les Européens, Portugais, qui seraient les premiers à avoir découvert l’île, à part les pirates et les autres naufragés. Ils étaient conduits par un certain Diego Diaz, l’un de ceux qui ont donné le nom européen de la ville d’Antsiranana, au nord : Diégo-Suarez. Donc, en mettant un « Ma » devant Diego Diaz, ça devient  Ma-Diego-Diaz.

– Allons à Madiégodiaz

– Où ça?

– Madiégo, kof, kof – diaz excuse-moi, j’ai avalé de travers

Alors, que dire de Madame Gaspard ? C’est trop ridicule que c’est devenue la plus connue des théories, malheureusement!

– Bah oui, c’est quand même très plausible. Ce serait juste un navigateur qui écrirait dans son journal de bord : « Journal de bord du «  »Sainte Marie « . Aujourd’hui, 1er jour du mois d’avril de l’an de grâce 1569, avons découvert une isle peupladée de petites peluches vivantes à queue rayées et quelques mignons petits pygmées. Avons tout de suite pensé à notre chère et tendre Madame Gaspard qui aurait beaucoup apprécié cette découverte. »

De pire en pire

Le ridicule des historiens malgaches, dépourvus d’archives ou au moins de tradition orale exploitables ne s’arrête pas là. En effet, on goberait bien Madikaosikarabo,  Madiegosuarez, et Madame Gaspard pour avoir la moyenne en histo-géo, mais la prochaine question est une vraie colle.

Alors, pourquoi on s’appelle des Malagasy?

Je vous épargnerai, chers lecteurs, d’autres théories farfelues qui en appellent aux Malais, aux autres mois arabes ou autres mots pour se rapprocher de Malagasy ou au moins de Mala et de Gasy. La conclusion qu’il faut accepter est que non, on ne sait pas ce qu’on est.

Il faut quand même savoir que dans notre vocabulaire, on n’a pas cette notion d’ « habitant ». Les Malagasy n’ont pas de mot pour les « Tananariviens » ou « Fianarois ». Ils disent tout simplement « habitants de Tana » ou « habitant de Fianarantsoa » (Mponin’Antananarivo – mponin’i Fianarantsoa). Cela augmente tellement la valeur du mot « Malagasy » qui doit, donc, avoir une signification indépendante du territoire, mais ayant attrait aux gens mais quoi? leurs aspects? leur origine? Leurs us et coutumes? Tout ça? Autre chose? Vous comprenez que pour moi la frustration est d’autant plus forte.

Vous savez, cette histoire aurait pu passer inaperçue si je n’ai pas été à la formation Mondoblog 2014 à Abidjan et si je n’ai pas rencontré mes frères mondoblogueurs Judicael et Basidou : les fiers « hommes intègres » burkinabè (c’est un pléonasme). En fait, le nom de Burkina Faso a été tiré de deux mots provenant de deux langues de ce pays signifiant, donc, « le pays des hommes intègres ». Ce qui fait des Burkinabè des femmes et des hommes vivant avec une devise, l’intégrité, qu’ils portent fièrement et presque naturellement en eux.

Ce que je demande à l »Académie Malagasy, aux intellectuels, au gouvernement ou je ne sais qui, c’est qu’une bonne fois pour toutes, on nous dise ce que veulent dire ces deux mots : Madagasikara et Malagasy. Inventez si vous ne savez pas. Dites que Madagasikara veut dire « le pays où il pleut de septembre à mars » ou plutôt « le paradis sur Terre ». Dites que les « Mlagasy » sont « les Malais égarés en Afrique » ou plutôt « le peuple souriant ». Bref, donnez-nous plutôt de la fierté et de l’espoir. Donnez-nous une identité.

 

 

 

 


Abidjan, top 10 d’un dépaysement presque raté

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En fait, je ne pensais pas trouver tant de similitudes à propos de Madagascar et de la Côte d’Ivoire. Le premier est un pays, en l’occurrence le mien, île de l’océan Indien tandis que le second est un pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est-à-dire qu’il m’a fallu traverser le continent africain de part en part pour venir de la Grande Île pour le pays des éléphants afin d’assister à la formation mondoblog 2014 du 02 au 12 mai. Un voyage de 8 heures en cumulé, mais qui fait plus avec l’escale obligatoire à Nairobi, car il n’y a pas encore de vol direct.

1- On me parle en français
Je viens donc de passer une nuit et un peu plus à Nairobi où les gens, guichetiers, chauffeurs de taxi, employés de l’hôtel et serveurs ne comprennent que l’anglais; une bonne occasion de pratiquer « my english is fine ». Mais cela rend compte encore une fois que si les francophones se soucient souvent de pouvoir recevoir des anglophones dans leur langue, l’inverse n’est presque jamais vrai . Mais quelle joie de retrouver la langue de Molière dès le débarquement à l’aéroport d’Abidjan avec une « Bonne arrivée! » qui me rend pourtant hésitant pendant quelques secondes avant de répondre « merci »! car c’est juste une « Akwaba/bienvenue ».

2- Les mêmes paysages
Je parle, bien sûr, de paysage urbain car je n’ai vu que cela et très peu, malheureusement. Et rassurez-vous, j’admets que, Abidjan est beaucoup plus civilisée comme ville que Antananarivo : plus de gratte-ciels, plus de routes, larges, plus de voitures, etc. Je parle plutôt de certains cadres du côté de Grand Bassam qui attirent tout de suite mon attention avec un fort air de « déjà vu ». Il s’agit des maisons coloniales, des cases en tôle ou en bois, des restaurants « maquis » qui ressemblent beaucoup à nos gargotes, les vendeurs de produits artisanaux, les garages à ciel ouvert, les petites affiches d’annonces immobilières, le minibus, les marchés, etc.

3- Le riz
Les Ivoiriens mangent du riz, quelle joie! Mais, car il y a un « mais », ils n’en mangent pas 3 fois par jour comme nous, quand même. Il y a aussi beaucoup d’autres plats ivoiriens qu’il reste à découvrir dont le fameux garba, le alloco, et le reste, mais pour un Malgache comme moi, tant qu’il y a du riz, c’est le paradis.

4- Les vendeurs malins
Un vendeur qui vient me proposer des babioles chinoises en me certifiant que c’est fait à partir de métaux extraits quelque part à l’intérieur du pays, pour moi, c’est un vendeur d’Analakely, du célèbre Zoma, qui n’a pas pris le bateau pour rentrer. Et plus encore, lorsqu’il propose un prix 10 fois plus élevé juste parce que j’ai la couleur de peau à peine plus claire, je ne suis pas du tout dépaysé car même dans mon propre pays, dans ma presque tribu, on me l’a déjà fait.

5- Pipi dans la rue
Une de mes soeurs mondoblogueuse en parlait. Moi, je ne l’ai pas fait, mais j’ai vu. C’était là, au passage de notre bus, un homme en train d’uriner sur le trottoir; comme ce que l’on voit beaucoup à Tana, oui. Une petite nuance, quand même : à Tananarive, on cacherait mieux l’arme du crime. C’est peut-être parce que les Malgaches sont un peu plus « asiatiques » à ce niveau?

6-Le système de santé
J’ai  eu la chance d’assister à l’enregistrement de l’émission Priorité Santé de RFI qui parlait du système de santé de la Côte d’Ivoire. Il y avait la ministre de la Santé, quelques médecins et responsables en plus de quelques citoyens venus poser des questions. Ça, par contre, c’est à la limite du surnaturel, tout ressemble tellement à chez moi que je me suis senti comme après avoir traversé le miroir pour me retrouver dans un monde parallèle : les médecins géniaux qui font des miracles avec peu de moyens; les moyens, justement, insuffisants par manque de fonds et d’organisation ; des soupçons, plus ou moins confirmés pendant l’émission, de racket par les médecins du public; les centres de santé privés qui sont chers, mais parfois représentent des solutions qui s’imposent, etc.

7- Les chants et les danses
On me dit que les Ivoiriens chantent et dansent beaucoup; les Malgaches aussi. Et en plus, notre île est culturellement très influençable. Je me rends compte alors que certains de nos chanteurs malgaches contemporains écoutent et copient beaucoup les rythmes africains. Mais, lorsque j’ai eu l’occasion d’écouter et de regarder de la musique et de la danse traditionnelle ivoirienne, j’ai compris que cette influence date déjà de plusieurs siècles. Donc, j’ai presque tout retrouvé dans le spectacle : des airs de notre beko dans leur zouglou, des pas de nos danses atandroy, du godogodona, du kilalaky dans leurs danses traditionnelles, un genre d’afindrafindrao rythmé (abissa) comme notre malesa, etc.

8- La plage
La plage où j’étais, à Grand Bassam, me rappelle celles de la côte Est de Madagascar au niveau d’Ambila Lemaitso. Il y a les vagues violentes et malheureusement, il y a les quelques sacs et détritus en plastiques sur le sable. Un chauffeur me raconte qu’ailleurs, il y en a encore qui font caca sur la plage. Je lui réponds que chez nous aussi, il y avait ça mais de moins en moins car ça fait fuir les touristes.

9- La télé
J’ai visité des pays, c’est vrai, et j’en ai vu des chaînes de télévision. Mais lorsque je regarde les émissions ivoiriennes, je me sens aussi chez moi : les clips, les séries et surtout le journal télévisé. Surprise ! je vois même des Malgaches à l’écran, un reportage sur Madajazzcar 2014 à la télé ivoirienne. Quelle coïncidence quand même… ou pas.

10- La fraternité
Enfin, l’hospitalité des Ivoiriens est exemplaire. D’aussi bon niveau que celui des Malgaches, sûrement, s’il n’est pas meilleur. Ici, on m’appelle, aussi, « grand frère » comme chez moi je suis « razoky ». Des gens que je croise, et que je ne connais pas encore, me saluent. Une fois, une personne que je ne connais pas, non plus, me demande quelque chose mais, franchement, comme si l’on se connaissait depuis longtemps. Ça fait chaud au coeur, ou au moins ça te déstabilise dans le bon sens du terme.
Surtout, il y avait les mondoblogueurs. Ils étaient de toutes origines, un peu comme nous les Malgaches. J’ai retrouvé les traits de mes amis et de ma famille. J’ai aussi trouvé leur amitié et je me suis senti comme chez moi.

Bref, j’ai beaucoup voyagé et c’est vrai que l’on se sent toujours mieux chez soi, là où on a ses repères, où on connaît les dangers et les pièges. Mais, en Côte d’Ivoire, les ressemblances avec Madagascar sont frappantes. Faut-il rappeler que les deux pays sont des anciennes colonies françaises, accédant à l’indépendance en 1960, en voie royale vers le développement, mais toujours freinés par des crises politiques et sociales? Et il y a, pour sûr, encore plus de points communs. C’est pour cela que je peux affirmer que oui, la multiplication des coopérations entre les deux pays serait, somme toute, logique, bénéfique et productive.

Je me suis rendu compte que mon dépaysement a quand même réussi lorsque j’ai compris que je quittais la Côte d’Ivoire pour de bon. Tout ce que j’ai vu, tous ces moments que j’ai vécus là-bas restent des moments uniques. Qu’importent le lieu et les gens, ce qu’il fallait faire c’était de le vivre intensément. Et ça, je l’ai fait, grâce à Grand Bassam, Abidjan, un peu, et Mondoblog, beaucoup.
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En tout cas, j’espère, je veux revenir en Côte d’Ivoire, un de ces jours car je sais qu’il y a encore beaucoup à découvrir. C’est possible, qui sait?


Nouvelles sensations

D’abord il faut payer et attendre ton tour.

Si c’est la première fois, tu vas un peu t’impatienter, un peu t’angoisser et un peu poser des questions :

– Ça dure combien de temps ?

– Euh.. ça dure 5 minutes, à peu près.

– Ça fait très peur ?

– Ça dépend des gens

– Ça fait …  mal?

L’attente devient pesante lorsque tu entends les bruits de mécanismes qui grincent et des filles qui crient, des cris à peine couverts par une musique beaucoup trop forte. Mais très vite, ça s’arrête et c’est ton tour. On te fait entrer dans une salle sombre et tapissée de moquette. On t’installe sur une sorte de fauteuil en cuir et on t’y attache bien. Dans la pièce, il fait noir et tout ce que tu vois est flou. Mais tu n’es pas seul, il y a 5 à 8 personnes d’autres avec toi.

Soudain, on te donne quoi ? Des lunettes…

Tu mets les lunettes et par magie, tout devient clair et ça prend forme : le film peut commencer.

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Cinq minutes, c’est court et c’est long… ça dépend de ce que tu fais, mais là, tu es en train de souffrir dans un fauteuil qui vibre, qui tremble, qui te donne des coups dans le dos, sur les fesses et sur les jambes. Et puis, selon le nombre de D du film (4D, 5D, 9D, 12D), tu peux avoir des flashs, des souffles d’air, des jets d’eau, de la fumée, de la fausse neige…Tu supposes que c’est de la fausse neige, car tu n’en as jamais vu de neige dans ton Antananarivo ta ville natale. Oui, c’est comme un sketch de « On ne demande qu’à en rire » sauf que là c’est vrai, c’est automatisé et c’est payant.

Et puis, il y a les monstres qui te surprennent, te menacent et qui te mordent ou te piquent le visage. Bon, tu sais bien qu’ils ne peuvent pas vraiment le faire mais à chaque fois, tu te fais avoir et tu recules par réflexe. Et aussi vite que ça a commencé, bah…c’est fini! Tu as juste fait un tour de manège de CINEMA 4D, 5D, 9D ou 12D à Antananarivo.

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Les Malgaches…Ah les Malgaches! Pourquoi t’ont-ils dit que c’était trop dangereux, que c’est trop violent et que ça rend fou? Et ça dit :  » Il y avait une fille, la nièce du voisin de l’oncle d’un ami de ma sœur…et bien, elle y est entrée et quand elle est sortie, elle est devenue folle!!!   »

Toi, tu as bien vu que c’était des films 3D de fabrication chinoise (c’est à dire…) et que c’était pas très très réaliste. Tu sais bien qu’en pauvre malgache que tu es, tu n’iras peut-être jamais à Disneyland alors quand tu as un peu d’argent à dépenser, tu veux bien avoir de sensations fortes même si c’est un peu cher.

C’est cher pour un Malgache pauvre comme toi, bien entendu : le 5D à 5 000 ariary (un peu moins de 2 euros), 6 000 (2 euros) pour le 9D et 7 000  le 12D. N’essaies pas de calculer la solution du système des 3 équations à une inconnue pour savoir la valeur d’un D, ça ne marchera pas. Mais si arnaque il y a, c’est bien au niveau de ces D qu’ils ajoutent à chaque nouvel effet spécial. J’imagine le 24D ou le 48D :

 » Venez voir le cinéma 48D : vous verrez un film en 3D, un son en 3D, des flashs, de la fumée, du vent, de l’eau, de la neige, vous sentirez les mauvaises odeurs et on vous giflera pour 10 000 ariary! « 


Parlons musique!

Hier, j’ai assisté à un concert de musique classique à l’Institut Française de Madagascar à Analakely. C’était un concert gratuit organisé par l’association Madagascar Mozarteum. Une association qui fait la promotion de la musique classique auprès du public malgache via des concerts dont le désormais célèbre Concert Classique de Midi.
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Le pianiste s’appellait Herimanitra RANAIVO et il a interprété à merveille deux sonates, accessibles, selon lui, de Beethoven. C’était un excellent concert et accessible est bien le mot car je connaissais bien une des deux sonates : la Pathétique. Sinon, écouter du Beethoven exige au moins … du courage.

La musique classique, la Grande Musique, j’en parle comme ça mais n’allez pas croire que c’est quelque chose de bien développé chez nous. C’est vrai que de plus en plus de jeunes s’intéresse à apprendre à jouer au violon. C’est même devenu la mode. Mais ça servira à quoi d’avoir 1000 premiers violons? dites-mois…

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Les troupes de « mpihira gasy », fanfare, musiciens, chanteurs et théatre ambulant(image ci-dessus) font des tournée dans les régions rurales avec de nouveaux spectacles, sans partitions
Le problème c’est qu’on n’a pas de vision globale pour développer la musique dans notre pays. Il y a les écoles qui ont intérêt à draguer le maximum d’élèves. Il y a aussi les associations qui font la promotion de la musique. Il y a des festivals de renommée internationale comme le MadaJazzcar, Donia, etc. Bref, beaucoup d’initiatives privées mais, en général, on ne ressent pas l’impact car il n’y presque pas de professionnels de la musique. A l’instar des sportifs, la majorité des musiciens malgaches ont leur boulot principal ou doivent enseigner.

On peut déjà parler de la musique classique qui est une musique qui coûte cher. Une flute traversière, de fabrication asiatique, coûte dans les 500 000 Ariary, c’est à dire 5 fois le SMIC. Un excellent violon local coute dans les 300 000 ariary (100 Euro), un peu moins qu’un violon asiatique pour l’apprentissage. Autant dire que c’est pour les plus aisés d’entre nous sans compter les frais de cours assez élevés quand on pense que dans certains pays, par exemple, les cours de musiques sont obligatoires (et gratuits) en primaire et en secondaire et qu’on peut obtenir un Bac dans ce domaine.
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Pourtant, même la musique locale n’est pas mieux nantie.  Nous avons aussi quelques écoles, mais surtout des cours de musiques dans les ruelles des grandes villes. On a  aussi des fabricants d’instruments traditionnels et de très bons musiciens.

Mais pour gagner de l’argent en « faisant » de la musique malgache, il vaut mieux faire de la pop ou du rock (ou du pop rock, donc). Sinon, il faudra faire dans ce qu’on appelle le « tropical », qui aime utiliser les rythmes endiablés et répétitifs et hypnotisant qui peut mettre en transe n’importe qui. Avec un peu d’alcool et des filles qui se déhanchent, vous savez où tout cela mène.

On peut aussi faire dans l’original, se mettre des accoutrements anachroniques et chanter  ce qui serait la vraie musique malgache. Oui, dans ce domaine, on a de beaux représentants qui cartonnent à l’étranger dans la World Music mais la seule objection que je ferais c’est que Madagascar est tellement plus riche que ça. Il ne faut pas que les étrangers croient que ces quelques albums très colorés et très chaleureux peuvent résumer la Grande île, musicalement. Et oui, pour faire ce genre de musique,  il vaut mieux se faire remarquer par les centres culturels étrangers car il sera difficile pour ce genre d’artiste de remplir le stade ou le coliseum.

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Chanteurs et danseurs du Sud de Madagascar

Ah, et il ne faut pas oublier la filière de la musique évangélique, vache à lait du métier d’artiste à Madagascar car si tu fais du rock, du pop, du tropical et que t’arrive plus à vendre tes disques, il te suffira de faire une chanson « sainte » pour te renflouer. En effet, il paraît que plus de 3/4 des malgaches sont chrétiens.

Bon, ce sont des critiques que je voudrais constructives. Moi, en tant que malgache, j’adore tout ce que je viens d’énoncer : le rock malgache, le pop malgache, la musique traditionnelle, le salegy et les autres rythmés, toutes les musiques des ethnies et même l’évangélique. Je suis moi même fondateur et membre d’un groupe évangélique, comme on les appelle ici.

Ce que  je dis, c’est  que c’est bien d’apprendre la musique aux enfants. Et si vous me demandez : « à quoi ça peut servir à combattre la pauvreté pays d’avoir des enfants et des adultes qui savent jouer au piano? ». Je répondrai : « au moins, à nous rendre moins pauvres dans ce domaine ». La musique, c’est quand même cette chose merveilleuse qui rassemble les gens, qui anime les passions, qui véhicule des émotions; ce langage universel qui intrigue même les sourds. Je ne veux même pas parler de la musique en tant qu’industrie mondiale générant des milliards de dollars de chiffre d’affaire dans le monde chaque année mais qui est dominé par le monde occidental et ne laisse à l’Afrique et le reste du monde que la maigre filière de la World Music.
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Joueur de valiha

 

Heureusement pour nous, même si on n’a pas de conservatoire, ni de grandes écoles de la musique, ni d’opéra, ni même de théâtre, nous avons quand même de très bon musiciens. Et nos musiciens, comme  dans la plupart des pays pauvres, je pense, sont presque tous autodidactes, c’est à dire, qu’ils ont appris ou ont parfait leur technique dans des ateliers et surtout tout seuls. Oui, dans notre pays,  la musique, c’est une chose naturelle qui va grandir et se développer toute seule. Mais même les êtres vivants ont besoin de parents, de parrains, de tuteurs.

Ce dont je rêve, c’est un conservatoire ou plutôt des conservatoires pour « conserver » la musique malgache, notre patrimoine. La Musique classique se perpétue car on garde tout, même les manuscrits des compositeurs morts il y a des siècles. Les premières partitions de nos grand pères et arrières grands-pères, alors qu’ils ont fait l’effort d’écrire leur musique sont aujourd’hui perdues ou bien rangés dans des greniers. Et aujourd’hui, ce sera encore du travail de restaurer ces œuvres alors que le plus gros du boulot sera de restaurer les milliers de mélodies, de styles, d’ornementations que nous avons hérités par la voie de la transmission orale. Je rêve aussi que l’on réussisse à codifier la facture de la valiha et du kabosy et des autres instruments, et d’autres choses encore qu’on fait dans les conservatoires mais que je ne sais même pas qu’il faut les faire.

On nous a déjà volé le brevet du papier Antemoro alors que justement Antemoro est une ethnie malgache. C’est un peu comme si on disait que le Camembert a été inventé par la Corée du Nord; ou que le Charleston est évidemment une musique espagnole…ou bien encore qu’un okapi s’est accouplé avec un poteau et c’est comme ça qu’est née la girafe.

Alors, il faut tout « conserver » : Salegy, Bà gasy, Afindrafindrao, Tsapike, Beko, et les dizaines d’autres styles que nous avons; les instruments comme le Jejy, le korintsana , la valiha, etc. Car le temps et les personnes passent et parfois … on oublie même les meilleures choses.


Hery R. choisit un Français comme premier ministre

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Cela n’est pas vraiment une surprise, car il a été pressenti être désigné depuis quelques heures. Le  docteur Kolo Roger est le nouveau premier ministre de Madagascar, et ce n’est pas un poisson d’avril.

Oui, vous vous en souvenez peut-être, j’ai fait un poisson d’avril en disant que c’est un homme neuf qui allait être désigné. C’est un peu le cas de ce médecin qui fait ses premiers pas en politique, sauf erreur de ma part.

En effet, il a été candidat à la dernière présidentielle (première liste) mais a été écarté parce qu’il n’était pas présent sur le territoire durant les 6 derniers mois, car c’est un Français qui réside, donc, en Europe. Il a dû, donc,  laisser sa place à Hery Rajaonarimampiania qui est l’actuel président, ceci expliquant peut-être cela.

Mais voilà, les premières réactions sont, justement, à propos de sa double nationalité franco-malagasy. On dit (c’est bien un « on-dit ») que cela prouve la théorie , théorie du complot bien sûr, qui dit que dernièrement pour être un dirigeant à Madagascar, il faut avoir la nationalité française. C’est une théorie ou bien c’est juste un constat, c’est selon la façon de voir.

On dit aussi que le docteur ne saurait pas parler malagasy. Son compte Facebook, où vous verrez sa biographie, déjà, est tout en français. Mais je pense que c’est faux. Je crois plutôt qu’il doit se débrouiller au moins avec un frangasy bien dégueulasse. Sinon, est-ce un problème s’il est capable de rattraper 50 ans de retard en 5 ans ?

Il me faut, pour ma part féliciter Monsieur de sa nomination et lui souhaiter de réussir à faire avancer le pays. Et aussi,  il faut arrêter avec les a priori, les préjugés et les « on-dit » car on ne sait jamais, c’est peut-être un messie. De toute façon, le peuple a déjà démontré qu’il peut faire ce qu’il le faut quand il le faut. Donc,  wait and see…


De l’air svp!

La science-fiction, ce genre narratif qui anticipe sur le futur, n’est pas une science, contrairement à son nom mais s’apparente plutôt à de la divination. Toutefois, les auteurs de ces œuvres s’appuient souvent sur les recherches scientifiques et sur les théories des vrais scientifiques.

Alors, quand la science-fiction d’hier se réalise aujourd’hui, certains s’étonnent, attribuant aux auteurs des dons de prophétie, de précognition comme on dit dans ces films. Mais pour d’autres, c’est juste la preuve que les hypothèses se vérifient.

Mais voilà, il y a toujours deux visions opposées sur le futur, l’optimisme et le pessimisme. La première dépeint un monde beau et brillant, rempli de gadgets de toutes sortes, et peuplé de gens heureux. L’autre hypothèse est celle d’un monde plongé dans le noir, pollué, oppressant et anachronique.

Entendons-nous bien, les œuvres de science-fiction du siècle dernier et qui parlent des années 2000 peuvent se vérifier de nos jours si elles ont été justes ou non dans leurs prédictions. Moi je dirai qu’en vérité, ce futur que nous somme en train de vivre est à deux visages.

D’un côté, ce qui est moins inquiétant, c’est que les avancées technologiques sont parfois inespérées : smartphone, tablettes, imprimante 3D, internet, voiture électrique, microchirurgie, etc.

De l’autre côté, ce qui fait un peu plus peur, c’est que certaines visions pessimistes se réalisent aussi : dérèglements climatiques, grand cataclysmes « naturels », pollution, maladies incurables. Aujourd’hui, tout le monde est surveillé, tout le monde est filmé : SMS, mail, appel téléphonique, caméra de surveillance, micro cachés, GPS, satellites en tout genre. Puisque tout est scanné, tout est tracé, donc tout peut être retrouvé, sauf certains avions. Aujourd’hui, grâce à l’imprimante 3D on peut soit sauver des vies,  mais on peut aussi s’en servir pour fabriquer des armes

Mais, ce qui est, à mon avis, le plus caractéristique des films de science-fiction pessimistes est qui s’est malheureusement réalisé c’est la pollution. On vit sur des détritus et surtout dans le Smog, cet épais brouillard à l’odeur âcre qui nous pique le nez et les yeux. Un peu comme dans Metropolis, dans Megapolis et tous les trucs à « polis » qu’on peut trouver comme nom de ville futuriste.

Peut-être que certains d’entre vous vivent dans des villes propres ou à la campagne et croyez que si vous ne voyez pas des tonnes d’ordures dans vos rues, ni de brouillard apparent, alors vous êtes à l’abri. Mais, en vérité, la pollution de l’air est devenue globale et à cause des courants d’air, on peut toujours être exposé même si on est loin des villes. La pollution de l’air est plus élevée aujourd’hui qu’elle ne l’a été depuis très très très longtemps.  Et le risque, s’il faut le rappeler ce sont des maladies comme l’asthme, la bronchite chronique, la sinusite, les cancers du poumon, les autres cancers, etc. etc.

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Alors,  on n’est pas encore obligés de mettre des combinaisons spatiales chaque fois qu’on sort de la maison; même si ce serait fun pour certains, ce serait plutôt encombrant pour les gens normaux. Il faut, cependant, trouver et vite la solution pour préserver l’air pur. Je ne parle pas de les mettre en canette ou en bouteille comme certains le font, plus ou moins sérieusement, mais plutôt de réduire sa pollution…autant que faire se peut.


Rwanda, ça aurait pu être nous

Aujourd’hui, jour de la commémoration du génocide au Rwanda, je me souviens.

Je me souviens que les Malagasy aussi ont été victimes de la politique du « diviser pour régner » qui a été instauré magistralement par les colons en Afrique. Je parle au passé, mais au présent, le racisme est toujours présent. Même en politique, on ose encore parler de quotas, de représentativité. C’est malheureux, mais c’est le cas.

Pour ceux qui ne le savent pas encore de la division faite dans la population malagasy; on a tout essayé : les « hauts plateaux » contre les côtiers, les Asiatiques contre Africains, les nobles contre les esclaves . Les premiers ont soi-disant la peau plus claire, les cheveux lisses. Les seconds sont plus noirs, ont les cheveux crépus.

Alors, j’ai déjà dit dans un précédent article que pour certaines raisons, une guerre civile à Madagascar me semble pour le moment improbable. Mais, malheureusement, comme on me l’a si bien retwetté, le risque 0 n’existe pas.

Je me souviens d’un appel d’un oncle, un jour après la présidentielle de 1997 nous disant :  » Il faut nous sauver, car dans notre village on a déjà planifié la tuerie de tous les Merina (peuple des hauts plateaux)  si untel candidat ne gagne pas ». C’était une fausse alerte, mais quelle angoisse quand même.

Plus tard, en 2002,  c’était plus grave lorsque, un certain colonel se mettait à chasser et tuer des Ambaniandro dans le nord de l’île où travaillait une tante. Heureusement pour elle, elle n’avait pas un nom de merina, celui qui commence par RA… ou ANDRIA… et avec quelques déguisements, elle s’est fait passer pour une côtière pour s’enfuir avec un camion à marchandise.

Heureux dénouements donc pour ces membres de ma famille. Mais lorsque, aujourd’hui, j’ai lu les témoignages des survivants au Rwanda, mon sang se glace et je ne peux que très très difficilement me mettre à leur place.

Car, je ne peux pas imaginer leurs souffrances, mais je ne peux pas, non plus,  m’empêcher de dire que oui, ça aurait pu être nous…alors si partager ces témoignages peut faire que ça ne se reproduise plus jamais, alors je le fais tout de suite. Voici le lien :

Témoignages des victimes


J’ai peur de l’avion et d’Ebola

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Le mois de Mars 2014 a connu deux faits marquants, la disparition du vol MH370 Malaysian Airlines et l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.

Le vol de la Malaysia Airlines a disparu le 08 Mars dernier et se serait écrasé dans l’Océan Indien avec à son bord un peu moins de 250 personnes. Je m’en souviens très bien car le 08 Mars j’étais moi même dans un avion au dessus de l’Océan Indien.

De l’autre côté, il y a la Guinée et ses voisins qui combattent Ebola comme il peuvent. Déjà plus d’une centaine de cas dont plus de 85 morts.

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D’un côté, je sais que cela coûte beaucoup d’argent de faire voler un avion, de faire naviguer un navire, un sous marin, d’utiliser une satellite commerciale, météorologique ou militaire.

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De l’autre côté, si on estime que pour faire face à Ebola, la Guinée aura besoin de plusieurs millions de dollar. Pour l’instant, l’UE auraient alloués 500 milles dollars et la CEDEAO 250 millions.

Alors, suis-je le seul à faire cette inqualifiable parallèle?

D’un côté, il y a une mobilisation presque mondiale pour essayer de comprendre comment une caisse volante dotée de balises, radios, émetteurs a pu disparaître sans laisser de trace. Comprendre, pour que ça n’arrive plus jamais, c’est tellement compréhensible. Et pour ça, il faut ce qu’il faut.

De l’autre côté, il y a la forte mobilisation de ceux qui veulent bien le faire pour combattre Ebola. Et pour combattre cette maladie, tous les moyens sont bons : fermer ses frontières, surveiller les voyageurs, mettre des avions en quarantaine par exemple. De toute façon, les malades ont trop peu de chances, 65 à 90% de taux de mortalité, ce sont les statistiques qui le disent.

Mais bon, j’espère que l’avenir me donnera tort

D’un côté, on va découvrir que l’avion disparu aura en fait échoué sur une île déserte au large d’Antsiranana faute de carburant car les pilotes auraient suivi une mauvaise route pendant 7 heures. Il y aura même peut-être des survivants, on s’y attendrait. Ou, comme tout le monde le craint, que l’avion a crashé suite à une erreur humaine ou à un détournement qui aurait mal tourné. Ou bien encore, c’est dû à une défaillance technique, la foudre, une météorite, ou n’importe quoi qui fait qu’à la fin, un avion se crashe en fait. Comme Cabrel le dit si bien « il faut qu’il y en ait un qui tombe, c’est peut-être le bon…j’ai peur de l’avion! »

Et de l’autre côté, Ebola, toujours trop virulent va simplement disparaître après avoir tué quelques centaines de pauvres africains de brousse, quelques médecins et infirmiers et deux ou trois touristes qui n’avaient rien à faire là-bas, bien sur.

Mais si le pire arrivait

D’un côté, on localiserait les boîtes noires au dessus d’un gouffre de 3km de profondeurs. Et après d’autres millions de dollars dilapidés pour descendre les récupérer, bah! il y aurait rien de récupérable dessus.

Alors que de l’autre côté, Ebola se marierait avec un autre virus aéro-transmissible et en quelques jours c’est la suite en live de Planète de singes-Les Origines. Pour ceux qui ne l’ont pas vu, à la fin de ce film, un malade d’une fièvre hémorragique aéro-transmissible (qui se transmet par voie aérienne) quitte les États-Unis pour l’Afrique, d’où les humains sont infectés et meurent comme des mouches et les singes prennent leur place.

Mais bon, surtout, ne paniquons pas!


Rasospol Divin premier ministre !!!

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C’est avec surprise est curiosité que tout le monde a appris la nouvelle de la nomination de cet homme au poste de Premier ministre.

La première question qui vient à l’esprit est : mais qui est ce Rasospol Divin?
Eh bien, une fois n’est pas coutume, c’est vraiment un inconnu de chez les inconnus. A vrai dire, personne sur la place ne connaît ce monsieur. Pourtant, des rumeurs circulent et à mon avis méritent d’être vérifiées.

Biographie
Mr Rasospom Divin a aujourd’hui 42 ans. C’est un riche entrepreneur. Il est marié avec celle qui est aujourd’hui sa deuxième femme. Il a ainsi 3 enfants, un de son premier mariage, un de sa femme et un fruit d’une nouvelle union. C’est donc un dirigeant bien dans son temps et qui a l’habitude de conduire, ceci est l’anecdote, une voiture familiale des années 80.

Un philanthrope?
Ce serait un homme qui a réussi à s’enrichir pendant la crise de 2009 à 2013. Ainsi, c’est logique de vouloir lui confier la gouvernance du pays, car qui à part lui saurait faire de même pour Madagascar? La grande Île sort tout juste d’une crise politique avec ses impacts sur l’économie et les finances. Sa vision permettrait de débloquer les rouages économiques du pays et faire revenir la croissance.
Mais, paradoxalement, ce qui rend les Malgaches enthousiastes, c’est bien de savoir que ce monsieur a l’habitude de distribuer de l’argent aux pauvres. Pour une fois qu’un dirigeant ne fait pas le contraire : prendre l’argent des pauvres.

A-t-il l’envergure pour le poste?
Finalement, le choix de cet homme, qui a la double nationalité franco-malgache, qui a longtemps étudié au Japon et travaillé aux États-Unis montre la volonté du président de s’ouvrir à l’international. Parfaitement trilingue, éloquent et physiquement avantagé,  Rasospol D. parviendra facilement à séduire. Fini, donc, les accents douteux, les fautes de syntaxe et les phrases empruntées.
Sur le plan national, il a déjà conquis le cœur de la majorité en reprenant la phrase bien célèbre du feu colonel Ratsimandrava « Tsy hiamboho adidy aho… » (Je ne tournerai pas le dos à mon devoir). En effet, de cette manière, il a fait un clin d’œil aux « exigeantes » forces armées tout en se mettant proche du peuple comme l’était le président assassiné.

Le meilleur PM?
Personnellement, je pense qu’on peut donner du crédit à ce nouveau premier ministre et je pourrais mettre en lui tout mon espoir. Sauf que, attendez…
RASOSPOL DIVIN?
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PROVISION DAL
VAPORISONS DIL
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POISSON D’AVRIL