Andriamialy

Le « j’aime »

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Avez-vous remarqué comme moi que le bouton « j’aime » de Facebook ou ses équivalents dans les autres réseaux sociaux ne veut plus vraiment dire « j’aime » ces derniers temps?

Le choix

D’abord, il faut remarquer que Facebook n’a jamais (ou pas encore) mis à notre disposition des alternatifs à ce bouton « j’aime ». Soit on aime, soit on est indifférent. Par contre on peut « dés-aimer » en cliquant une seconde fois et de ce fait on n’aime plus le post, la photo, le lien, etc.

Plusieurs fois, des rumeurs ou des faux concernant des boutons comme « je n’aime pas »  ou « je compatis » ont circulé sur le web. Mais , à ce jour, on n’a le droit que d’aimer.

Nuances de « j’aime »

Ainsi, devant ce manque de choix, peut-être, mais aussi suite à l’évolution des mentalités qui s’adaptent au monde 2.0, un « j’aime » ou un « + » ou un pouce levé, ou même un partage ça veut dire ce que ça veut dire. Je dirais qu’il n’y a plus maintenant un, mais plusieurs « j’aime ».

« j’aime » honnête :

C’est le « j’aime » original, un j’aime vrai et sans ambiguïté. Par exemple devant une belle photo, un bon lien ou un bon statut du genre :

« Bonne journée à tous mes amis! que Dieu vous bénisse »j’aime

Le « j’aime » acheté ou pire : quémandé

C’est quelque chose que tu n’aurais jamais remarqué et si c’était le cas que tu aurais aimé (ou pas). Mais, en tout cas, on te demande, on te supplie d’aimer. Parfois, tu reçois des messages privés du genre :

« stp, aime notre photo dans ce lien www.nimportequoi.com, c’est pour un concours, merci d’avance 🙂 🙂 🙂 »

Parfois même, on suscite chez toi ton esprit d’appartenance ou nationaliste en te disant que c’est pour la famille, pour l’école ou pour un compatriote :

« Soutenez Rakoto et Rasoa, les Malgaches du concours Best of  Nothing en cliquant « j’aime » sur leur photo »

Le pire de tous, à mon avis, c’est le « j’aime » promotionné.  Mais bon, c’est le « j’aime » qui permet à certains de gagner leur vie et de ce fait, c’est normal que ça soit le plus insistant.

J’aime faux ou trompeur ou de mauvaise foi

On l’utilise par hypocrisie, par comédie ou par intérêt. La photo est dégueulasse, le statut est pourri, mais comme c’est un ami qui aime les « j’aime », comme c’est quelqu’un qui doit savoir que tu « aime » tout ce qu’il poste, bah, tu cliques. Exemple :

miss
« J’ai gagné le concours de beauté » j’aime (mais au fond de moi, je te maudis, espèce de prétentieuse!)

J’aime ironique

Là, c’est un j’aime de jubilation lorsque son pire ennemi, qui fait quand même partie de ses contacts (va voir chez les filles, elles savent bien le faire), publie quelque chose de triste. Du genre :

triste
« Je déteste la vie, tout est triste, tout est noir,j’aimerais vraiment me foutre en l’air« – j’aime (bien fait pour toi!)

Le j’aime qui balance

C’est un j’aime qui permet de partager discrètement un statut si ridicule, si bête, si …inattendu d’un de ses contacts. Une personne poste une photo d’elle quasi nue, ou hyper drôle dont elle est fière; évidemment tu voudrais que tout le monde voie comme elle est ridicule, comme elle est risible mais si tu partages tout de suite, c’est pas très correct. Alors, à ce moment, tu « j’aime  » discrètement, du genre que tu es sincère, mais en fait tu voudrais que tous tes amis voient la même chose. Comme ça, ça donne sur les notifications de tes amis:

Koto aime le statut de Fara « , Hourra!! aujourd’huit, j’ai recu mon sertificat de langue francaise »

Conclusion

Un seul bouton « j’aime » peut avoir de nombreuses significations. Mais est-ce que c’est un phénomène d’adaptation de la société face à la pénurie de boutons dans les réseaux sociaux? Ou bien est-ce juste le reflet de la vraie nature des gens? En tout cas, désormais, il faut toujours poser la question : j’aime, oui, mais pourquoi?


Le frangasy, ni français ni malagasy ni créole, mais est-ce une vraie langue?

Hotely_menu_Madagascar

C’est la fête de la francophonie et les Malgaches sont très francophones. Mais je vais vous parler du « frangasy ». Le frangasy c’est une façon de parler qui utilise le malgache et le français. Ce n’est pas un Malgache qui ne sait pas parler le français et qui ferait du « mot à mot » au contraire. C’est un Malgache qui pense qu’il maîtrise tellement le français qu’il peut l’utiliser comme il veut.

Je ne sais pas qui a inventé ce mot « frangasy ». Comme définition, je dirais que c’est une façon de parler qui consiste à utiliser des mots français non transformés à l’intérieur de phrases bien malgaches. C’est un peu comme le « franglais » qui est l’utilisation à outrance d’anglicismes dans son français parlé. Et dans le frangasy, l’expression « à outrance » décrit bien le phénomène.

Ce n’est pas du français

Je me souviens d’un ami français qui disait : » Votre langue n’est pas africaine du tout, plutôt asiatique, non? » Et il avait raison « la base est de l’austronésien, mais il y a beaucoup d’emprunts venant d’autres langues : l’arabe pour les chiffres par exemple, certains font des rapprochements avec des mots hébreux, mais c’est sûr qu’il y a des mots africains dont des mots bantous ». Et puis, il faut dire qu’il y a aussi beaucoup de mots venant de l’anglais datant de l’évangélisation de l’île par les missionnaires anglais qui ont aidé à la traduction de la Bible.

Et c’est là que mon ami  a fait remarquer « et du français aussi, non? J’arrive même à comprendre certaines conversations en rattrapant ces mots français en vol »-« …euh…oui…mais »


A vrai dire, si tu entends des mots français quand tu écoutes des Malgaches parlé, surtout s’ils sont jeunes, c’est parce qu’ils utilisent ce que moi j’appelle le « frangasy » ou ce que les Malgaches appellent « vary amin’anana » du nom de la soupe de riz aux brèdes de couleur blanc et vert et non blanc verdâtre ni vert clair. En effet, le riz (le malgache) et les brèdes (le français) sont bien distincts et avec un peu de courage on pourrait les séparer dans deux plats différents.
Le mot français, une fois qu’il est intégré dans la langue, ma foi, tu ne le reconnaîtras pas.

Par exemple :

– fiara (voiture) vient du mot français…devinez … »fiacre »
– latabatra = table
– pataloa [patâlou]= pantalon
– lamasinina = train (la machine)

Et que dites-vous de ça?
saka (ou piso) = chat qui vient de l’expression « sac à puces ».

Ce n’est pas du malgache

Le frangasy c’est vraiment du malgache et du français côte à côte. Ce n’est pas la malgachisation de mots français pour pallier un manque de vocabulaire, par exemple. Les mots en français sont bien à leur place et sont, très peu, écorchés. En fait, l’art de parler le frangasy, si c’est un art,  c’est de bien mettre le mot français là où il faut. Car, il faut le souligner, le mot malgache qui est remplacé existe bel et bien. C’est, donc, un choix délibéré d’utiliser le mot français en lieu et place du mot malgache.

Ce n’est pas du créole

Le frangasy n’est pas du créole non plus. Ce n’est pas du français qui serait « transformé » car dans le frangasy le syntaxe reste majoritairement malgache. C’est uniquement les mots qui sont remplacés par du français. Et, enfin, je vais vous citer les exemples que vous attendez, sans doute, très très fort.

Et pour cela, je vais vous donner 3 exemples,  car en vérité, il n’y a pas UN frangasy, mais plusieurs selon le degré d’atteinte du patient de l’interlocuteur.

1er exemple :
Si vous voulez dire la phrase :

Servez-moi du riz au coco et du poulet frit s’il vous plaît.

En malgache, propre, ce serait :

Rosoy vary amin’ny voanio sy akoho voaendy aho azafady.

Et en frangasy niveau 1 :

Serviavo vary au coco sy akoho frit aho azafady.

NDLR : Explications sur « serviavo » [serviàv]

« Serviavo » est l’illustration de la malgachisation en pleine action. Là, j’utilise le verbe « servir » à la seconde personne « malgache » de l’impératif. Et je parie que si je dis à un Français « serviavo iray vera aho« , il ne va rien comprendre. Mais si par contre je dis en créole « fè sèvis pou mwen yon vè« , c’est beaucoup plus clair que c’est « sers-moi un verre » (fais servir pour moi un verre)

2e Exemple :
Chez un adepte niveau 2 du frangasy la même phrase devient :

– Serviavo riz au coco sy poulet frit aho azafady.

Voyez la différence. Il y a plus de mots en français, mais la phrase reste malgache quand-même.

3 e exemple :
Alors là, au niveau du maître du frangasy, ça devient carrément :

-sers-moi du riz au coco lesy a! dia poulet frit koa s’il te plaît…merci!

Eh oui, on passe tout de suite du vouvoiement au tutoiement, car le frangasy, le pur, le vrai, c’est surtout entre amis, « tu vois ve? »

« Est-ce que tu vois ce que je veux dire ve hoe : c’est parce que tu es mon ami matoa ‘zah mm…m-se comporter ohatra zao? »

A la poubelle le frangasy?

Il y en à qui s’insurgent, c’est vrai. Et gare à toi si ton prof de malagasy te surprend à faire du « vary amin’anana ». Mais il faut avouer que pour impressionner, pour draguer, pour casser la glace, c’est quand même un bon outil. La langue malgache pour parler d’amour par exemple, c’est lourd alors qu’en français ça passe mieux. Alors, quelques mots d’amour en français entre les phrases, c’est … romantique?

Personnellement, je n’ai pas peur du frangasy. Je vois bien que les jeunes Malgaches aiment leur langue autant que la langue de Molière ou les autres d’ailleurs. Tant de jeunes Malgaches d’aujourd’hui s’initient avec bonheur au kabary (les discours) sans oublier de devenir au moins des bilingues parfaits.
Donc, pour moi le frangasy n’est pas une langue, ça reste une mode qui ne se démode pas encore, même si l’angasy (ou manglais?) pointe déjà son nez. Et dans ce cas, il passera pour revenir plus tard et dans les transactions, c’est notre langue nationale qui s’enrichit.


Quelle course !

 

Je reviens de l’île Maurice. C’était un bon séjour dans un très joli pays. Il faut savoir que j’aime voyager et que j’ai déjà vu quelques pays.
Il y a un « jeu » cruel que les gens aiment faire avec les Malgaches. Je dis que c’est un jeu, mais ce n’est pas vraiment un jeu, vous avez peut-être deviné. A quoi il consiste? Et bien! la règle du jeu de cette course consiste à calculer combien d’années de retard a Madagascar par rapport à ce pays.

– « Au 18e siècle, le royaume de Madagascar était au même rang que le Japon », étudiant malgache au Japon rencontré dans un avion
– « Madagascar? Je connais, Madagascar et Singapour ont eu leur indépendance dans les années 60 et à Madagascar était plus joli » – Chauffeur de taxi singapourien dans les années 2000
– « Dans les années 80, on allait en Madagascar pour aller « an-dafy » (à l’étranger) parce que c’était plus ‘civilisé’ qu’ici » – Un Malgache/Réunionnais en 1999
– « A Maurice, dans les années 90 c’était comme chez vous » – un Mauricien

Un autre Mauricien qui ajoute : « Votre problème, c’est les politiciens et la sorcellerie ». Que peut-on répondre à cela? Que nos politiciens ne sont pas très sorciers?
Enfin, un monsieur me demande : « Comment il est votre nouveau président? » – Je luis réponds  : « Il est … indécis ». Là, il m’enseigne : » Vous savez ? C’est pas sa faute…tous les dirigeants en fait sont manipulés par-derrière par d’autres gens »

Riche ou pauvre?

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Je suis d’accord que selon beaucoup de points de vue, Madagascar est un pays très très très pauvre, mais je voudrais bien qu’un jour on cesse de faire ces comparaisons stupides. En effet, tout est relatif. Si tu crois que tous les Malgaches sont plus pauvres que toi seulement parce que tu viens d’un pays riche, tu es stupide. Et dans cette relativité des choses, il vaut toujours mieux être dans un pays pauvre que dans un pays riche.

Démonstration :
Qu’est-ce qui est mieux? Gagner 100 000 euros par mois à Madagascar ou en Europe? … à Madagascar bien sûr. Puisque, ici cela fera 300 000 000 ariary par mois,  tu pourras acheter 1 maison à étage, 1 voiture 4×4 de bonne occasion et d’autres choses tous les mois,
Qu’est-ce qui est mieux? Gagner 100 euros par mois à Madagascar ou en Europe? … à Madagascar aussi bien sûr. Puisque, ici cela fera 300 000 ariary par mois,  tu pourras louer une pièce, prendre le bus et manger à ta faim.

M’enfin, comment pourrais-je empêcher les gens d’être fiers de leur pays ?


De Noël à Pâques : comment la St Valentin fait le pont

Année après année, la St Valentin prend du grade parmi les dates spéciales à célébrer. En cette date spéciale, on peut tout dire : qu’il faut célébrer l’amour, qu’il faut faire l’amour et pas la guerre, que la mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure, que l’amour est une maladie dont on ne voudrait jamais guérir, que mieux vaut aimer sans retour que ne jamais connaître l’amour, que la vie est trop longue pour se détester, mais trop courte pour s’aimer, que l’Amour est la seule chose qui grandit quand on la partage, etc, etc. Mais il faut avouer que c’est aussi une occasion inespérée pour faire du commerce.

Le 14 février est quand même une date stratégique et il ne faut pas être très fin en marketing pour voir qu’il fait le pont entre la St Sylvestre et Pâques. Le 14 février, on a déjà passé le cap du 31 janvier tant attendu et on n’est plus pauvre et endetté. Le meilleur créneau quoi !


Mais pour que cela marche, il faut bien entendu toucher le plus de gens possible, élargir la cible. Ainsi comme toutes les fêtes dites « chrétiennes », on va surtout faire oublier la partie catholique de la journée et axer la communication sur les autres aspects de cette fête en en détournant les symboles. Vous voyez ? Aujourd’hui, Noël ce n’est plus l’étable et l’Enfant, c’est le Père Noël et les cadeaux, Pâques n’est plus le pain et le vin, c’est le lapin qui pond des œufs. Et donc, St Valentin, personne ne le connaît, c’est juste le jour des roses rouges.

Une autre astuce : pendant la fête des mères, on risque de se fâcher avec les orphelins de mère n’est-ce pas ? La parade est de dire que la fête des mères est l’occasion pour honorer aussi les mères de toutes sortes : les grand-mères, les tantes, les marraines, les maîtresses, les éducatrices et peut-être dans quelques années les supérieures hiérarchiques femmes. Vous imaginez ? –Madame, en ce temps de fête des mères, nous, collaborateurs du Service, vous considérant tous comme notre mère dans ce travail tenons à vous féliciter et à vous souhaiter tout le bonheur du monde.
Eh bien, aujourd’hui, on fait pareil avec la St Valentin. On ne dit plus que c’est la fête des amoureux, mais que c’est la fête de l’amour. Que c’est une occasion de montrer à ceux qu’on aime qu’on les apprécie. N’avez-vous pas entendu des slogans de ce genre? Moi si, c’était ce matin pendant les pubs sur une chaîne de télévision internationale pour enfants.

Alors, venons-en au fait. Quels produits pouvons-nous bien vendre à ces amoureux de toutes sortes : les amoureux fous, les amoureux d’un soir, les amoureux en herbe et les autres ? des roses, des bonbons, des bagues, des …préservatifs? Je répondrai que oui, la liste est déjà bien fournie et risque de s’allonger.

En effet, une simple rose ne suffit plus en général. Il faut aussi préparer à l’avance tout un programme : soirée, spectacle, spa, cinéma, diner en amoureux. Il faut aussi prévoir des cadeaux : fleurs, bijoux, souvenirs. Et pour ceux qui ont le « droit » de conclure la journée dans un lit, il faudra aussi tout faire pour que cela ne soit pas comme d’habitude, si vous voyez ce que je veux dire.
Mais où est le problème ? Où est le scandale ? Il est nulle part ou partout à la fois. En effet, certains diront : « Oui, et alors ? c’est une bonne initiative, c’est bon pour les couples, c’est bien pour égayer notre vie monotone et bla bla bla ». D’autres s’insurgeront et diront : « C’est inadmissible, c’est prendre les gens pour des idiots. Moi, déjà je n’achète rien à Noël ni à Pâques, ce n’est pas avec une fausse fête comme ça qu’on va m’avoir ».
Moi je dirais juste que la St Valentin ça peut être une journée spéciale, mais ça peut être tous les jours aussi. Je dirais aussi que tant qu’on a de l’argent, on peut offrir à l’être aimé tout ce qui s’achète, mais que si une rose et beaucoup d’amour ne lui suffisent pas, il faut plutôt réfléchir. Alors St Valentin, oui, mais un vrai.


L’échiquier politique à Madagascar, un imbroglio

On utilise l’échiquier politique pour représenter les positionnements et les confrontations entre les partis et groupements politiques d’un pays.

Dans les pays démocratiques, c’est divisé en deux camps principaux difficilement réconciliables : la gauche et la droite; un peu comme les blancs contre les noirs du jeu d’échecs. Après, il y a des nuances, qui vont de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par toutes les couleurs possibles : gauche modérée, verte, centre gauche, centre droit, droite modérée, etc. A vrai dire, il faudrait peut-être quelques années d’études pour comprendre toutes les différences entre social-démocrate et écologiste humaniste, droite libérale et nationaliste. En tout cas, chez eux, c’est clair : à gauche les gauchistes et à droite le reste.

Mais déjà dans certains États, on ne peut pas appliquer cette image. Dans les dictatures par exemple, leur jeu politique s’apparente plutôt à un boulier de Solitaire. Au États-Unis, au lieu de parler d’échiquier, on devrait plutôt parler de ping-pong, car le pouvoir s’alterne uniquement entre les républicains à droite et les démocrates à gauche.

Qu’en est-il de l’Afrique en général et de Madagascar en particulier?

Aujourd’hui, il est rare d’entendre un dirigeant africain définir sa politique par rapport à l’échiquier politique ou tout autre diagramme connu. A Madagascar, il y avait dans son temps le président Ratsiraka qui se disait socialiste et non aligné, puis humaniste à son retour au pouvoir vers la fin des années 1990. Après lui, c’est difficile à dire.

C’est difficile à dire, car on dirait que ceux qui sont là n’ont pas vraiment un politique propre.  C’est-à-dire qu’ils ne semblent pas avoir une ligne directrice à suivre; ou plutôt, que nous, observateurs, avons du mal à juger si l’homme ou la femme politicien(ne) est un peu socialiste, un peu capitaliste ou un peu écologique. Il existe bien des partis avec des noms évocateurs comme « parti vert », « parti socialiste », »parti démocrate » mais lorsqu’ils sont au pouvoir, on ne ressent pas la différence.

A Madagascar,  nous n’avons pas d’école de sciences-po. Les critères pour entrer en politique sont divers, mais il n’est pas nécessaire pas d’avoir un diplôme dans ce domaine. En fait, nos politiciens sont : anciens artiste, self made man,  fil ou petit-fils d’anciens dirigeants ou anciens militaires…Illustration de cela, les trois derniers présidents élus ou autoproclamés de la Grande Ile sont, dans l’ordre, un chef d’entreprise ancien laitier, un chef d’entreprise ancien DJ et un chef d’entreprise expert-comptable. Et si on leur demandait de se situer eux-mêmes sur l’échiquier, que pourraient-ils bien répondre?

Mais le pire dans tout ça, ce n’est pas le fait qu’on a du mal à les situer dans l’échiquier politique, mais surtout qu’ils utilisent à outrance l’option « retournement de veste ». Retourner sa veste signifie qu’on change de camp. Dans un pays à l’échiquier bien clair, cela veut dire aller de la droite vers la gauche ou l’inverse. C’est rare et même si ça arrive c’est parfois incompréhensible tant les antagonismes entre les positions peuvent être très marqués. Par exemple, tout le monda a été saisi par l’annonce du président français selon lequel il se disait social-démocrate alors qu’on le croyait social-libéral .Et encore, ce n’est qu’un petit pas entre deux positions toutes les deux à gauche.

Des gris

Le retournement de veste, sur un jeu d’échecs, c’est comme si de blanc, tu voulais devenir noir ou l’inverse.  Mais moi, personnellement, si je regarde les politiciens de mon pays, je les vois avec la même couleur : ni le noir, ni le blanc, le gris. D’où, le fait de retourner leur veste ne change pas grand-chose à mes yeux.Vous connaissez déjà cette illusion d’optique où deux carrés de la même couleur  grise paraissent être de deux nuances différentes, l’une plus claire et l’autre plus foncée? En fait, c’est à cause du fond plus clair ou plus sombre. Et sur l’échiquier il y a des cases noires et blanches, donc je vous ai fait un petit dessin pour illustrer nos politiciens. A première vue, on dirait qu’il y a deux camps qui s’affrontent, mais à y voir de plus près … ce sont tous les mêmes

échiquier

 


Rajaonarimampianina et Robinson : colombes ou faux cons

En écoutant la radio, en lisant les journaux, ou en écoutant les gens parler, on sent que si on n’est pas complètement déroutés par les derniers évènements autour du nouveau président, bah! on se marre (on s’amuse)

Voir au-delà de l’apparence

Les Malgaches ont changé. Avant, ils avaient peur du président de la République. Il faut dire qu’avant les crimes de lèse-majesté étaient rapidement et durement punis. Mais depuis la transition, et aussi grâce à internet, et ça c’est une bonne chose, les gens osent critiquer et même se moquer du président. Mais je l’ai déjà dit ailleurs, dans les pays démocratiques le président se fait traiter tous les jours de tous les noms et a même une marionnette à son effigie. C’est la démocratie.

Donc,  Hery R. est président depuis quelques heures seulement et déjà il est un sujet de railleries. En parlant de son investiture, par exemple, on parle partout des tribunes à moitié vides (et non à moitié pleines), de la gestion protocolaire catastrophique, du discours largement copié sur Sarkozy et Obama et de la présence en star de son adversaire « perdant » Jean Louis R qui, dit-on, a été plus remarqué et plus apprécié que sa prestation.

Mais je vous le dis, ne sous-estimez pas un Malgache, de surcroît un politicien, il n’y a pas plus fourbe imprévisible.

Je ne suis pas bon en analyse politique et pour dire vrai, la politique à Madagascar est un vrai casse-tête chinois. Mais posez-vous la question : et si cette l’investiture à deux balles n’est pas le résultat de son inexpérience ou de son manque de sérieux, mais plutôt l’expression de son indépendance ? En effet, on comprendrait mieux que cela s’est passé de la sorte si, c’était une première pour lui ET toute son équipe et non une première pour lui, mais l’équipe était la même. Et si c’était ça, je n’y vois aucune objection : c’est son tour d’être le président.

Le patron

Voyons, il est président depuis quoi ? 3 jours ? et déjà il se fait rappeler à l’ordre par sa famille politique ? Je vous explique cela, un parti politique, affilié au président de la transition qui l’a aidé à remporter le second tour lui rappelle que c’est bien grâce à cette plateforme et au concours du président de la transition lui-même qu’il a gagné et que de ce fait, il ne peut agir à sa guise. On lui reproche, aussi, son rapprochement avec son adversaire Jean Louis R.. On imagine déjà la pression qui va s’exercer sur sa personne au moment de choisir son premier ministre.
Alors, face à cela, je n’ai à lui suggérer que de faire le déjà célèbre exercice d’automotivation :
– c’est qui le patron ?
– c’est moi le patron
– c’est qui le patron ?
– c’est moi le patron
– C’EST QUI LE PATROOOON ?
– C’EST MOOOOOIIII LE PATROOON

Rajaonarimampianina et Robinson, le même combat?

Est-ce un pêché mortel que de rapprocher ces deux-là? Pourtant, à y voir de plus près, ils ont des points communs : bizarre intéressant. Je gage d’en trouver 10, allez :

1) Ce sont tous les deux des hommes (oui, vous l’avez remarqué vous-même)
2) Les deux portent des lunettes B-)
3) Deux chrétiens, croyants, peut-être un peu moins pratiquants, je ne suis pas sûr !
4) Tous les deux sont mariés…déjà ça évite beaucoup de problèmes à l’élu.
5) Tous les deux ont des enfants.
6) Ce sont deux diplômés. Remarque : d’un côté, il y a l’expert-comptable Rajaonarimampianina, le poulain de Rajoelina l’ancien DJ et en face docteur Robinson, le poulain de Ravalomanana, l’ancien laitier à vélo…lol, comme qui dirait.
7) Ce sont deux anciens ministres : l’un a déjà été ministre des Finances et l’autre ministre de la Santé, entre autres.
8) Ce sont aussi deux frères maçons, l’un l’assume, l’autre est supposé l’être avec de très fortes chances.
9) En parlant de chance, leurs chances de figurer au second tour de la présidentielle étaient au tout début de l’histoire quasi nulles. Souvenez-vous qu’il devait y avoir le combat du siècle Ravalomanana-Rajoelina . En lieu et place, il y a eu un temps Razafindravahy-Lalao Ravalomanana. Hery R. et Jean Louis R. étaient alors des candidats « indépendants » devenus plus tard candidats par dépit des deux protagonistes principaux.
10) Enfin, les deux ont toujours clamé leur indépendance avant, pendant et après l’ élection.

Alors vous voyez, on jase, on rouspète après président Hery R. Mais qui vous dit que l’autre, s’il avait été élu il n’aurait pas fait pareil ?

En conclusion,

Une colombe c’est une sorte de pigeon…et un faucon c’est un vrai rapace !

 


Du vrai terrorisme à Madagascar

Le 25/01/2014, pour la première fois, d’aussi loin que je m’en souvienne, un attentat à la bombe a fait de nombreuses victimes à Madagascar, dont des morts. Je dirais même que ce jour est un tournant dans l’histoire du « terrorisme » à Madagascar.

Avant

Avant, les soi-disant terroristes utilisaient des grenades défensives ou des bombes artisanales. Cela a commencé après le coup de force, coup d’état, « putsch » ou je ne sais pas comment l’appeler de 2009 par Andry Rajoelina et les militaires. Rajoelina a lui-même été, une ou plusieurs fois, la cible de l’un de ces « engins ».

Mais c’était un peu drôle parce que s’ils explosaient, ce qui était très rare, les bombes artisanales faisaient beaucoup de bruit et peu de dégâts. A un moment, je pensais même à de la mise en scène. Je me souviens que lorsque des journalistes évoquaient cette idée de mis en scène, les responsables de la sécurité s’offusquaient et disaient que c’est du sérieux. Quand même, à un moment, les « attentats » avaient un timing parfait pour permettre aux gens au pouvoir de ne pas faire de concessions face à l’opposition. Par exemple, une fois, ils devaient aller faire des négociations avec l’opposition et juste le jour d’avant, une bombe artisanale était découverte et suite à cela, ils étaient en colère et annulaient la réunion.

Maintenant

Maintenant, ce qui a changé c’est que l’engin est mortel et a fait mouche. Pour ma part, je ne peux pas dire qui a pu le faire parce qu’on pourrait croire que c’est le camp des perdants à l’élection et que c’est une acte de déstabilisation. Mais d’un autre côté, c’est une aubaine pour le nouveau président qui peut diaboliser l’opposition et attirer la sympathie de l’opinion et pourquoi pas demander le soutien à l’international.

En effet, on évoque toujours le terme de terrorisme pour se victimiser et ainsi rendre tous les torts aux terroristes. Terroristes présumés tant qu’ils ne revendiquent rien encore.

Mon avis

A mon avis personnel, parfois les gouvernements fabriquent eux même les terroristes.

Selon Wikipédia, une guerre asymétrique est une guerre qui oppose la force armée d’un État à des combattants matériellement insignifiants, qui se servent des points faibles de l’adversaire pour parvenir à leur but souvent politique ou religieux. Les guerres asymétriques englobent notamment le terrorisme ou la guérilla et se distinguent des guerres entre États.

Je ne me fais pas avocat du diable, et, bien sur, je suis contre le terrorisme. Je trouve que c’est un acte de lâche et de barbare. Pourtant, je me dis que je n’aimerais être à la place de ces gens mais que si c’était le cas, je comprendrais leurs raisons.

Je répètes, pour ne pas qu’on croit que Andriamialy est celui qu’il n’est pas. Je ne dis pas que j’approuve le terrorisme. Je dis que je comprendrais : que si on est seul, qu’on est victime de ce qu’on considère comme une injustice  et qu’on en est tellement en colère et qu’on ait tellement envie de se battre et de faire la guerre mais qu’on ne peut rien faire car en face, il y a une armée…je comprendrais qu’on fasse des folies. Lancer une grenade sur un enfant de 2 ans, bien sur, c’est l’œuvre d’un fou.

Mais c’est bien le principe : ceux qui détiennent le pouvoir à Madagascar, ceux qui possèdent la force et les armes ne sont jamais parvenus à montrer leur légitimité. Mais comme ils possèdent et le pouvoir et la force, on ne peut les affronter sur aucun terrain…d’où la guerre asymétrique.

Et si j’avais un conseil à donner au nouveau président, c’est bien dans cet ordre : prouvez très vite au peuple que vous êtes un bon président, montrez que vous n’avez pas de rancune envers vos adversaires politiques et rendez le peuple moins pauvre, vite! Comme ça, tout le monde oubliera…car si la vérité rend libre (Jésus), H de Balzac affirme que « La vie ne va pas sans de grands oublis. »


Discussions chaleureuses voire chaudes avec une….

Ce matin, j’étais sur un célèbre réseautage social dont je suis membre et dont le nom, pour ne pas le citer commence par Goo… et se termine par plus.

Comme je ne suis pas membre actif, je n’y possède pas beaucoup de contacts; ceux qu’on appelle « amis ». Soudain, je reçois un nouveau message en anglais d’une « femme » avec le pseudonyme Caroline C..J’imagine que c’est un pseudo car j’ai cliqué dessus, il n’y avait pas de photo. J’ai fait la recherche sur un moteur de recherche et celui m’a sorti des dizaines de Caroline C.

Comme dans la plupart des cas de ce genre, la curiosité l’emporte toujours sur la prudence. Pour ma part, je m’excusais en me disant que chatter en anglais ne serait qu’une bonne séance de pratique de la langue de Shakespeare. Ainsi, notre conversation démarra mais ce qui devait être une conversation devenait  une échange pour le moins cocasse.

Je vous traduis ça :

Caroline : Quoi de neuf
moi : rien de spécial
Caroline : je m’ennuie, et je voulais rencontrer de nouvelles personnes, …22 ans, femme, ici…toi?
moi : 34, homme, heureux de te rencontrer
Caroline : Je me sens un peu vilaine, tu veux t’amuser un peu?
moi : euh…de quoi s’agit-il?
Caroline : Voilà une photo , tu aimes? (photo du tronc et des jambes d’une femme en vêtements moulants)
moi (un peu moins sérieux) : oui, mais où est la tête
Caroline : Hehe, t’en veux plus?
moi : peut-être
Caroline : C’est mon tour..;mon Dieu, je suis si mouillée maintenant (nouvelle photo de la même femme toujours habillée mais dans une position équivoque)

note : pour ceux qui ne comprennent pas ce langage, contentez-vous de savoir que ici, c’est la saison des pluies.

pensées de Andriamialy : sérieusement, déjà ,elle dit qu’elle est « d’ici » alors que la photo est celle de quelqu’un de « là-bas ». Elle répond pas à mes messages mais dit des trucs insensés … mais continuons quand même pour voir

moi : c’est toi sur la photo?
Caroline : Mmm…est-ce que le jeu devient plus dur? (autre photo que je n’ouvre même plus, car c’est facile à deviner)
moi :  🙂
Caroline : j’ai une envie folle de ton « truc », me le donneras-tu?
moi : comment le veux-tu?
Caroline : OK, une dernière photo, tu as envie de moi maintenant, n’est-ce pas?
moi : …
Caroline : bébé, on a vraiment besoin d’aller jusqu’aux caméras
moi : euh, je vais plutôt aller travailler, à la prochaine
Caroline : je t’ai invité, cliques ici pour voir mon webcam

Donc, je complète ici le titre de l’article par « Discussions chaleureuses voire chaudes avec une…….IA »
I.A. : Intelligence Artificielle ou tout simplement un Robot

Pour mieux le prouver, reprenons la conversation avec les toutes premières répliques de Caroline et remplaçons les répliques de « moi » à partir d’une conversation connue.

JACK et ROSE (remplacée par Caroline) dans TITANIC par exemple

Caroline : Quoi de neuf
Jack : J’ai besoin de vous parler…
Caroline : je m’ennuie, et je voulais rencontrer de nouvelles personnes, …22 ans, femme, ici…toi?
Jack : Caroline (Rose, dans le film), vous n’êtes pas un cadeau. C’est vrai. Vous êtes une petite fille pourrie gâté. Mais à l’intérieur vous êtes la plus époustouflante, la plus incroyable, la plus merveilleuse fille… Euh femme que j’ai jamais connue.
Caroline : Je me sens un peu vilaine, vous voulez vous amuser un peu?
Jack : Laissez-moi essayer de… Vous êtes ma… Je ne suis pas un idiot, je sais comment marche le monde, je n’ai que 10 pièces dans ma poche, je n’ai rien à vous offrir. Je sais très bien et je le comprends… Mais je suis trop impliqué maintenant, vous sautez je saute, je m’en irai quand je serai sûr que vous allez bien, vous comprenez…
Caroline : Voilà une photo , vous aimez?
Jack : Vraiment ? Ils vous ont pris au piège Caroline. Et vous allez mourir si vous ne vous libérez pas. Peut être pas maintenant car vous êtes forte mais tôt ou tard ce feu que j’aime en vous Caroline, ce feu va cesser de brûler.
Caroline : Hehe, vous en voulez plus?
Jack : Vous avez raison… Seule vous, pouvez le faire…
Caroline : C’est mon tour..;mon Dieu, je suis si mouillée maintenant

Note : dans ce cas, cette dernière phrase signifie simplement que le bateau a coulé, arrêtez d’être vicieux!

CHUCH ET BLAIR de la série GOSSIP (j’ai inversé les rôles pour que Blair soit le monsieur, pas le temps de cherchez des répliques partout)

Caroline : Quoi de neuf
Blair : Nate attend que je lui donne une réponse.
Caroline : je m’ennuie, et je voulais rencontrer de nouvelles personnes, …22 ans, femme, ici…toi?
Blair : Ça t’intéresse de savoir ce qui me retient ? Je ne pourrais pas répondre à sa question tant que tu n’auras pas répondu à la mienne. Celle que je t’ai posée il y a une éternité… On est quoi l’un pour l’autre… ?
Caroline : Je me sens un peu vilaine, tu veux t’amuser un peu?
Blair : Il y a quelques mois, tu m’as dit qu’on ne pouvait pas être ensemble. Alors moi je t’ai cru. Mais à chaque fois que j’essaye de passer à autre chose, tu es là. On dirait que…
Caroline : Voilà une photo , tu aimes?
Blair : Que… Peut-être que tu veux simplement que je sois aussi malheureux que toi.
Caroline : Hehe, t’en veux plus?
Blair : Alors réfléchis bien. Interroge ton cœur, je sais que tu en as un. Et dis-moi si les sentiments que tu as pour moi sont sincères ou si tout ça n’est qu’un jeu. S’ils sont sincères, on trouvera une solution. Personne ne souffrira. Mais si ce n’est pas le cas, je t’en pris Caroline, rends-moi ma liberté…
Caroline : C’est mon tour…mon dieu, je suis si mouillée maintenant

Note : faut-il vous expliquer qu’elle est mouillée parce qu’elle a pleuré de toutes les larmes de son corps? et ainsi de suite…

En tout cas, c’est bien une drôle d’époque quand les ordinateurs séduisent les hommes. Et l’amour bordel!


Madagascar : la pestiférée du XXIe siècle

Vous avez peut-être entendu dire que la peste est à Madagascar depuis la fin de l’année 2013 (plus de 50 morts et des dizaines de malades). La peste, c’est cette maladie des livres d’histoire, mortelle, contagieuse de l’animal à l’homme et de l’homme à son prochain.

Moyenâgeuse Madagascar

Vous pensez que la peste est une maladie du Moyen Age. Moi je vous dis que le Moyen Age sévit à Madagascar. Dans ce pays on s’éclaire à la bougie. La majorité de la population : 70 % à 80 % des habitants n’ont pas accès à l’électricité. On boit l’eau des rivières et des puits, on se déplace à pied ou en charrette, et la nuit on dort dans des maisons avec de toutes petites fenêtres de crainte d’être attaqué par des bandits.

Qui parle de se laver 3 fois par jour ? Qui parle de se nourrir sainement? Qui parle d’air pur ? Ici, ce sont les ordures par tonnes. Des tas d’immondices sur lesquels on vit. Alors quand on on gagne de l’argent, on se nourrit , c’est tout … le Moyen Age, quoi !

Les livres d’histoire recensent toutes les grandes épidémies de peste en Europe et leur impact sur la population, l’économie, la religion. A Madagascar, la peste est encore en train de se mettre en place, mais j’espère qu’on l’éradiquera avant que le mal n’arrive à faire plus de ravages.

Heureusement,aujourd’hui, on peut soigner les malades. Il suffit qu’ils quittent le Moyen Age et fassent un voyage dans le temps (en voiture ou en ambulance pour les chanceux) vers la civilisation.

Pour les touristes

J’aimerais quand même rassurer les touristes et ceux qui doivent, impérativement, voyager dans l’île. Il y a très peu de « chance » pour vous d’attraper cette maladie. La probabilité est moindre, car je n’ai jamais vu de touriste se faire mordre par un rat ou une souris dans son sommeil, contrairement à certaines personnes que je connais.

Il y a les puces, mais un touriste qui se ferait mordre par une puce contaminée c’est quelqu’un qui se serait trompé d’hôtel et de quartier, je pense. En tout cas, pour ne pas gâcher votre séjour, restez dans la bulle sécuritaire que seul l’argent (en devises étrangères surtout) peut vous offrir : hôtel 3 étoiles minimum, taxi agréé et guide touristique.

Le droit de choisir

Dans la vie on est souvent libre de faire un choix, mais on dit aussi que parfois, il faut choisir entre la peste et le choléra. Je ne dirais pas que dans cette histoire le choléra aurait gagné la place si la peste n’avait pas fait de fraudes massives. Je dirais seulement que pour les Malgaches, le pire ce serait des les avoir tous les deux sur le dos. Et à en croire les ordures qui s’amassent, le risque n’est pas nul. Et pour ceux qui ne me connaissent pas encore très bien, le dernier paragraphe parle de la peste…et non de la peste


Les Malgaches, un peuple « trop » soudé pour une guerre civile?

Tana_De_nuit

Tana est calme, un peu trop calme alors que tout le monde attend la proclamation officielle des résultats de la présidentielle. Est-ce le calme avant la tempête
Pour rappel, Hery Rajaonarimampianina a gagné selon les résultats provisoires. De son côté, Jean Louis Robinson a déposé des requêtes visant à inverser la tendance et il a dit en substance qu’il ne craint pas de mourir pour avoir gain de cause. Depuis quelques jours : rumeurs, nomination de généraux et déclarations diverses veulent tantôt chauffer, tantôt refroidir les ardeurs des uns et des autres.
C’est calme … mais la crainte existe, la crainte que la crise perdure malgré tout. Et la peur, la peur que tout ça dégénère…mais dégénère en quoi?

Mais non! on est pacifique nous

Les Malgaches ont la réputation d’être des pacifiques. Leur culture ancestrale est basée sur le « fihavanana », un mot difficile à traduire. La racine de ce mot est « havana » qui veut dire famille et tous les Malgaches font partie d’une même famille. Le fihavanana est, alors, un ensemble de codes et de rites qui règlent et dictent les relations.  Et selon le fihavanana, justement, l’esprit est plus fort que la force et la discussion prévaut au combat.

Diviser pour régner

Malheureusement, cet adage a quelque peu corrompu le fihavanana.
Durant la colonisation, on a voulu diviser les Malgaches en ethnies. Dans les livres de géographie d’aujourd’hui, on dit aux enfants qu’il y a 18 ethnies à Madagascar, mais en réalité, il y en a beaucoup plus … ou beaucoup moins, selon la définition que vous donnerez à ethnie. Notez en passant qu’ethnie, mot bien français, est si facilement appliqué aux Malgaches qui parlent, tous la même langue, ont une culture en commun, le fihavanana et ont des physiques analogues (pour preuve, les Malgaches se reconnaissent toujours à l’étranger). Par contre, on parle rarement d’ethnie en France entre les « Blancs ». Là-bas, les ethnies sont les Français noirs, kanaks, polynésiens, arabes, etc.

Pourtant, il y a toujours eu des Malgaches qui combattaient les colons. Les Français et les Sénégalais, qui occupaient le pays étaient haïs, mais faisaient aussi très peur. Généralement, le Malgache est fasciné et il est aussi méfiant de tout étranger. Aujourd’hui, les descendants de ces Français blancs et noirs sont devenus des Malgaches eux-mêmes. Mais après quelque temps, les étrangers :  Français, Anglais, Indiens, Chinois s’intègrent aussi très bien dans cette société et deviennent des membres des ethnies où ils se sont installés, ou zanatany (enfants du pays).

Après la reconquête de l’indépendance en 1960, les dirigeants ont eu aussi leurs méthodes pour diviser et régner sur les Malgaches. Quand j’étais petit, notre plus grande peur s’appelait adim-poko (guerre civile) où « ady » veut dire guerre et poko (foko) signifie ethnie. Mais, monter une guerre entre 18 ethnies officielles n’est pas très commode, c’est pour ça qu’on a virtuellement réduit la population en deux parties : les côtiers et les peuples des plateaux. Il y a eu des crises de ce genre, des côtiers qui massacrent des familles de « migrants » des hauts plateaux, ou l’inverse…mais pas de guerre.

Avec la multiplication des échanges humains, il est de plus en plus difficile de retrouver le clivage côtiers/non côtiers dans la société malgache. Par exemple, les côtiers, après quelques années passées à Tana, ce sont des Tananarivéens et les Tananarivéens après s’être installés sur les côtes, bah…ce sont des côtiers.

Mais, théorie du complot oblige, « ils » ont encore trouvé un moyen de monter les Malgaches entre eux. C’est depuis quelques années, la guéguerre entre pauvres et moins pauvres. On se donne en surnom des noms d’animaux, on se vole, on s’attaque, on se tue, mais … comment savoir qui est dans quel camp? A Antananarivo, par exemple, de grandes maisons se font braquer, mais malheureusement (pour les bandits), il n’y a souvent pas d’argent ni d’objet de valeur dans ces maisons, en fait, ce sont des pauvres. Alors, les bandits rentrent bredouilles ou se déchaînent sur ces pauvres gens et font des ravages. Au contraire, des enfants sortant des taudis se font kidnapper …contre rançon…alors on n’y comprend plus rien du tout. Alors, une guerre civile pauvres contre riches ? je n’y crois pas.

Et non! on ne se battra pas entre nous

Je récapitule, les Malgaches sont généralement pacifiques, mais de temps à autre, quand la réminiscence des réflexes du passé revient, ils se font de petites guerres entre eux ou agressent des étrangers.

Moi, je suis confiant, il ne peut pas y avoir de guerre civile chez nous…enfin … je crois… je pense… j’espère…je voudrais bien… snif…je vous en conjure mon Dieu, que ça n’arrive jamais!


Joyeux noël et Bonne année!

Joyeux noël et Bonne année!! Vous allez dire qu’une fois de plus Andriamialy va mettre un article périmé; va fouiller dans la corbeille pour écrire un sujet en retard. Mais je vous assure, en ce 05 janvier, il y a beaucoup de probabilité qu’on me dise encore ces mots « Joyeux Noël et bonne année »  deux ou trois fois. Mais ne vous inquiétez pas outre mesure, je vais bien vous expliquer le pourquoi du comment.

Comme dans beaucoup de pays « pauvre » et ancienne colonie, la culture malgache est très vulnérable à l’influence extérieure et surtout face à la mondialisation.

Alors, d’où vient cette « erreur »?

A mon avis, et mon avis n’engage que moi, c’est un problème de traduction. Par analogie, je vais vous expliquer d’abord pourquoi les tananarivéens d’aujourd’hui se saluent avec des mots sans significations.
Normalement, les salutations en Imerina (Ancien royaume incluant Antananarivo) étaient généralement de cette sorte :

– Manao ahoana? (Comment ça va?)
– Tsara fa misaotra tompoko (Bien, merci)
– Ary manao ahoana ny ao aminareo? (Et comment ça va chez vous?) c’est à dire comment va votre époux (se)
– Ao izy ao, salama tsara (Il ou elle est en bonne santé)
– Ary manao ahoana ny ankizy? (Et comment vont les enfants?)
– etc. etc. à propos des parents, des grand-parents, des oncles, nièces, cousins, et le reste

Pour les français, vous savez bien, avant de demander la santé (la santé, c’est à dire comment s’est passé la petite séance dans la cabane au fond du jardin ou la pièce au fond du couloir à gauche), on souhaite d’abord un « Bonjour ».

Donc, quand les français et les malgaches ont pu se parler, ils ont mal interprété le « manao ahoana » qui je rappelle est « comment ça va » en « Bonjour » qui est un souhait.

Cela donne :

En français
– Bonjour Madame!
– Bonjour à vous aussi, Monsieur

En malgache

– Manao ahoana enao Ramatoa
– Manao ahoana koa ianao, Rangahy

Et si on fait une traduction littérale inverse vers le français, ça n’a plus de sens :

– Comment allez vous madame?
– Comment allez-vous, vous-même, Monsieur!

Revenons à nos moutons

C’est un peu le même principe pour noël et la bonne année. Les français se souhaitent un « Joyeux noël et un bonne année ». Les malgaches par contre se félicitent d’avoir atteint le jour de noël et la nouvelle année, comme suit :

– Tratry ny Krismasy (Félicitation d’avoir vécu jusqu’à ce noël)
– Tratry ny taona (Félicitation d’avoir « atteint » cette nouvelle année)

Et la réponse est :

– Dia samy ho tratry ny ho avy (Que nous soyons tous là l’année prochaine!)
ou
– Dia ho tratry ny arivo taona mierinerina (Que tu vive 1000 années qui se renouvellent)
ou
– Dia mirary soa (Mes vœux de bonheur)

Voilà, si un de mes compatriotes vous dit aujourd’hui, demain ou vers le 31 janvier « Joyeux Noël et Bonne année 2014 » c’est parce que vous encore vivant et qu’en fait il veut vous féliciter pour cela. Pour ma part, je vais vous traduire ces vœux à la malgache, correctement (j’espère)

Félicitations pour vous tous, vivants en ce début de 2014 et que nous soyons tous là l’année prochaine. Et tous mes vœux de bonheur!


Madagascar dans l’attente des résultats de la présidentielle

troubles

A défaut d’être un prophète, il est toujours avisé de faire les divinations à la façon de Rahivina. Quand on lui demandait le sexe d’un bébé à naître, il répondait :  » Les dieux ont parlé, c’est soit un garçon, soit une fille

« Où en est-on à propos des résultats du scrutin ?

Il est prévu que les résultats  » définitifs  » du second tour de l’élection présidentielle malgache soient prononcés d’ici quelques heures, ou quelques jours par la Cénit, la Commission électorale dite  » indépendante « . Après cela, ce sera à la CES, la Cour électorale spéciale de proclamer le nom du vainqueur, à en croire les derniers chiffres, Hery Rajaonarimampianina. Ce sera une décision irrévocable, car rien n’est au-dessus de cette CES.

Pour rappel, les observateurs internationaux ont plus ou moins validé le scrutin en le jugeant crédible, sans grandes irrégularités malgré quelques petits problèmes.

De son côté, le soi-disant futur perdant, Jean-Louis Robinson a déposé une centaine de requêtes, avec preuves et témoignages à l’appui, directement à la CES pour des irrégularités, des fautes et des fraudes diverses et de toutes sortes.

Je pose bien la situation :

D’un côté, il y a Hery Rajaonarimampianina, le candidat, le poulain (de Troie ?), le pion, ou disons le joker dans la manche des hommes de la transition, dont M. Rajoelina est le premier, faute d’être le leader ou le chef incontesté. Tout le monde savait et sait qu’ils sont au pouvoir et qu’ils feraient tout pour gagner ce scrutin. « TOUT » signifie tout, fin des commentaires.

De l’autre côté, il y a Jean-Louis Robinson, le candidat indépendant, devenu lui aussi l’outil, la pièce maîtresse, l’espoir ultime de M. Ravalomanana, l’ancien président malgache en exil depuis son  » renversement  » en 2009. En l’adoubant comme représentant de sa mouvance, ce dernier a fait de lui son ultime chance de rentrer au pays avec les honneurs, voire de reprendre du poids dans l’économie, la politique du pays, ou simplement pour son corps tant le fait d’être éloigné de son pays fait fondre ce grand homme (de toutes les manières). De son côté, lui et son équipe essaient de toutes leurs forces de faire valoir leur victoire supposée en dénonçant des fraudes massives.

Dia haninona nefa ialahy?

En résumé, c’est comme dans la cour de récréation. Vous vous souvenez de cette scène, quasi universelle? Il y a un petit garçon, chétif, maigrelet qui accuse un grand garçon musclé et un peu bête d’un :  » Tu as volé mon goûter, espèce de voleur « .
A ce moment, l’assistance se fige et écoute le gros garçon un peu bébête et méchant qui, lui, fixe le petit gringalet comme s’il essayait de se souvenir s’il avait oui ou non mangé, aussi, le goûter de ce petit-là. Mais contre toute attente, le grand garçon ne va ni confirmer ni infirmer l’accusation, il va juste rétorquer :  » Si je l’ai fait ou non, toi, qu’est-ce que tu vas me faire?   » (Dia haninona nefa ialahy?)

Et c’est à ce moment-là que dans les films soit, le petit se fait écraser comme une mouche, soit en fait, c’est un petit maître kungfu qui va botter le derrière au grand sot.

Dans le cas de ce scrutin, ça reste à voir !

Le dilemme

Tout cela reste mathématique, en fait. JLR (Robinson) affirme qu’il aurait obtenu, en réalité dans les 55 % des votes. Ce qui ferait de lui, non plus le petit gringalet de l’histoire, mais bien un poids lourd. Mais ce n’est pas aussi facile.

Je rappelle que HR (Rajaonarimampianina) et surtout ses appuis sont les tenants du pouvoir actuel. Et plus encore…qui sait, et qui peut affirmer qui est derrière qui, en ce qui concerne les grandes puissances de ce monde ?

Connaissant toutes les pièces de l’échiquier, si jamais sa défaite est confirmée, JLR pourrait mobiliser ses 55 % d’électeurs pour faire ce que les uns appelleront :  » Troubles postélectoraux, ou contestations ou manifestations citoyennes ou révolution « ; en tout cas, ne pas accepter la défaite facilement.

Mais, s’il décide de le faire, et qu’en même temps HR devient le président légal, il entre, lui, dans l’illégalité. Je ne connais pas très bien JLR pour dire qu’il va jouer à ce jeu pour son  » maître  » Ravalomanana ou bien s’il va plutôt protéger ses arrières (protéger sa queue d’une coupure comme on dit chez nous).

Et le peuple ?

Et c’est le plus grand inconnu dans tout cela. Le peuple ira-t-il une nouvelle fois dans la rue?

Le peuple veut sortir de cette crise qui a tant duré (depuis 2009). Si les résultats de l’élection sont acceptés par tous, la sortie de crise est assurée.

Même si ce ne sera pas la première fois qu’un président malgache serait élu malgré les contestations de l’opposition, jamais un candidat n’ayant pas eu la majorité dans les décomptes officiels n’a pu renverser la tendance sur tapis vert.

Et aujourd’hui, même des alliés de JLR prônent l’apaisement  » pour le bien du pays ».

MAIS, cela signifierait, si (et seulement si) les fraudes sont avérées, que JLR, tous les électeurs qui l’ont élu, le peuple malgache voire le monde entier accepteraient une élection biaisée, une injustice, un vol, tout simplement le non-respect du choix et des droits fondamentaux du peuple d’une nation souveraine et  » démocratique « .

Et surtout, cela signifiera que le prochain président sera mal aimé et aura contre lui 55 % de la population. Il aura contre lui la considération par beaucoup d’être un fraudeur, un usurpateur et un menteur. Il y en a qui dorment bien avec ça. Mais, en perspective, ce ne sera pas un mandat  » apaisé « .

Arrêtons là, pour l’instant

J’arrête de spéculer à la Rahivina parce que je ne suis pas assez haut placé pour dire ce que l’œuf va donner comme volatile.

Et de toute façon, dans quelques heures ou dans quelques jours, ce billet n’aura plus aucune signification. Dans quelques heures, ou dans quelques jours, le président sera officiellement désigné et il y aura ce qu’il y aura : paix ou troubles, sortie de crise ou nouvelle crise … et moi, je bloguerai ça pour vous.


Les malgaches méritent d’avoir un bon président…ou non

Madagascar va avoir un nouveau président et on dit que  : « On a les dirigeants que l’on mérite», ou en variante : «Un pays a les dirigeants qu’il mérite.»

D’abord, j’ai fais des recherches et je n’ai pas réussi à trouver qui a inventé cette phrase. En effet, à première vue, c’est une phrase toute faite. Certains, que je ne citerai pas, l’appellent déjà un proverbe et disent qu’il est très usité de par le monde. A y regarder de plus près, c’est juste une extension de l’expression tout à fait discutable « On n’a que ce que l’on mérite ». C’est très discutable, en effet, car, bien sûr,  l’injustice existe. L’injustice existe lorsque des civils se font tuer pendant la guerre; lorsque des enfants se font maltraiter, violer, tuer; lorsque des innocents se font emprisonner ou exécuter. On ne peut pas leur dire qu’ils le méritent, en aucun cas !

Cette expression « on n’a que ce qu’on mérite » est ce que les malgaches appellent « eso ». C’est à dire de l’ironie sur le malheur des autres. Et parfois, elle fait un effet… de qualité… lorsqu’elle est bien placée. Par exemple :

– Après la proclamation de la sentence : « Vous avez commis un délit, cette cour vous condamne à payer une amende de 1 millions d’Ariary »
– Ou en distribuant les notes : « Monsieur Zefa, vous n’avez pas donné une seule bonne réponse, je vous mets 1/20 pour la présentation »
– Ou en punissant les enfants : « Vous avez fait une bêtise, vous êtes privés de télé pendant 3 jours »

Là, on peut dire « Vous avez eu ce que vous méritez », ou « Qui sème le vent, récolte la tempête »

Mais encore, qui peut certifier qu’un délinquant mérite de payer des amendes et non d’être sermonné par le prêtre ? Qu’un cancre mérite un zéro et non pas une enquête des services sociaux ?

Si vous avez bien compris mes explications, il est difficile de placer l’expression «Un pays a les dirigeants qu’il mérite » proprement, sans ironie. Personne n’oserait dire, par exemple, que les Nord-Coréens méritent d’être sous le joug des Kim et qu’ils n’ont qu’à changer de dictateur s’ils le veulent.

L’exemple précédent est peut-être un peu trop fort, mais prenons l’exemple de pays démocratiques dans lesquels le peuple a « théoriquement » les pleins pouvoirs pour choisir leurs dirigeants. Si, par chance, ces dirigeants réussissent, dit-on que c’est le peuple qui en a le mérite ? Et si, au contraire, les dirigeants ont moins de succès, ça donne quelque chose du genre :

– «Vous, les français, vous méritez d’être dirigé par un François Hollande.»

Est-ce qu’il n’y a pas une pointe d’ironie dans cette phrase prononcée aujourd’hui comparé à ce que ça aurait donné au lendemain de son élection ?

En fait, cette expression vise à faire taire le peuple qui a élu un président en lui disant « c’est ton choix, assumes-le« .

Mais moi, je dis que le peuple fait ce qu’il peut mais que face à lui, il y a les politiciens, les lobby, la géopolitique, les intérêts des uns et des autres, et finalement est-ce vraiment son choix ?

Dans quelques jours, nous allons, peut-être, connaître le nom du nouveau président de Madagascar et si vous me dites que « Le peuple malgache aura le président qu’il mérite », je répondrai : j’espère bien ! De tout mon cœur. Car si le gagnant est un candidat qui a fraudé, qui a usé de ruses en tout genre, qui a été déloyal, ou qui a mis la pression sur les « bonnes personnes », là, je dirais que le peuple malgache en a assez d’être puni pour les fautes des politiciens et c’est lui qui risquerait d’avoir ce qu’il mérite.


Mandela

Je vais (enfin) faire mon article hommage à Mandela. Vous vous souvenez de Mandela ? Bien sûr que oui !

Parler de Mandela, vingt jours après sa mort ce n’est pas comme parler d’un autre mort. En effet, la mort est triste. Les Malgaches, lorsqu’ils doivent parler d’un mort déjà enterré disent :  » mamoha fota-mandry  » c’est-à-dire remuer la boue qui dort. Mais Mandela est comme tous ces héros dont la mort n’est pas une fin et ne peut être assez triste pour éclipser tous ses exploits. Pour moi, le concernant, il ne faut pas laisser la boue dormir.

Je ne parle pas de faire de ce monsieur un bienheureux ou un saint. En aucun cas, je ne dirais que c’est un dieu ou même un demi-dieu. Donc, libre à tous de prier en son nom ou pas et de lui demander ou non des miracles de là où il est. Mais, à mon avis, ce n’est pas le meilleur hommage que l’on puisse faire à sa mémoire.

Mais comment rendre un bel hommage à cet homme ? Qu’est-ce qu’on n’a pas encore fait ? On a déjà raconté sa vie, on a livré ses secrets les plus intimes, on a cité tous ses mots, on l’a comparé à Gandhi, à Martin Luther King, à Siddhartha, au Messie, viennent déjà livres et films en tout genre; non, je ne trouverai pas de meilleurs moyens de le glorifier.

Je vais juste poser ma question une seconde fois : vous vous souvenez de Mandela ?

Oui, vous vous en souvenez encore, mais je vous en prie, ne l’oubliez pas. Ou sinon, oubliez l’homme, ce n’est pas grave, mais souvenez-vous de son rêve : celui d’un monde où Blancs, Noirs et toute autre  » race  » n’existerait plus; un monde où l’égalité et la fraternité des hommes seraient une réalité.

Oui, n’oubliez pas ce rêve…jusqu’à ce qu’il se réalise !

 


Les propagandes, une aubaine

EUREKA, j’ai trouvé un moyen très rapide et très économique de réduire la pauvreté à Madagascar :

ITARO NY PROPAGANDY

« Itaro », deuxième personne de l’impératif du verbe « manitatra » que je ne peux pas traduire en un seul mot tant il est polysémique comme beaucoup d’autres verbes malgaches. Un traducteur web dit :

manitatra (v.)

envenimer, grossir, accroître, aggraver, agrandir, ajouter, alourdir, amplifier, arrondir, augmenter, bedonner, bouffir, broder, charger, croître, dilater, dramatiser, développer, enfler, enforcir, engraisser, enrichir, exagérer, faire du lard, forcer, forcir, fructifier, gonfler, grandir, hausser, majorer, monter, multiplier, nourrir, outrer, profiter, renchérir, renforcer, s’accroître, s’ajouter, s’alourdir, s’amplifier, s’arrondir, s’empâter, s’enfler, s’engraisser, s’enrichir, s’intensifier, s’élargir, s’épaissir, s‘étendre, s’étoffer, se boursoufler, se dilater, se développer, se gonfler, se multiplier, se remplumer, se tuméfier, souffler, surfaire, élargir, épaissir, étendre, attiger, atiger, enchérir

J’ai, quand même, surligné les mots qui me semblent convenir. Donc, ma solution est :

« Étendre,élargir, intensifier, multiplier, accroître…les propagandes »

Oui, je voulais juste dire que 3 semaines de propagandes, c’est trop peu alors que si c’était propagande tous les jours, ce serait une aubaine pour les Malgaches. jugez-en plutôt :

– distribution de t-shirts, de stylos, et autres goodies, tous gratuits : la solution pour l’habillement et les fournitures de bureau, pour peu qu’on aime le nylon et le plastoc.

– distribution de PPN (Produits de première nécessité) : le riz, les pâtes, le savon, les bougies; exactement ce dont le peuple a besoin.

–  concert gratuit avec les plus grandes pop stars du pays : pour le côté divertissement et culturel, parce qu’en temps normal, le peuple n’a pas assez d’argent à dépenser à de pareilles festivités.

Cessons d’être trop terre à terre, voyons plus grand

On dit que depuis la crise, il y a beaucoup de chômeurs, mais avez-vous calculé combien d’emplois ont été créés pour les propagandes ?

Pour les personnes qualifiées,  voici quelques exemples de boulots créés juste pour l’occasion :

–  Directeur de propagande/ Responsable communication/ Chauffeur de bus pour caravanes/Animateur de meeting/ Garde du corps/Colleur d’affiche, etc..

Et pour vous les jeunes, sans qualifications, vous pouvez toujours vous trémousser sur des camions et en première ligne des meetings en brandissant des petits drapeaux. Je vous assure ce n’est pas mal payé pour un boulot de vacances.

Encore plus grand

Il y a d’abord ceux qui peuvent faire les plus gros contrats : usine de tee-shirt, agence de publicité (affiches, banderoles, spots radio et télé), toutes sortes d’artistes, agence de location de 4×4 et de camions, propriétaires de grandes salles ou terrains vagues en tout genre,  loueur de sonorisation mobile.

Par contre, si tu as une station de radio ou de télévision, évite le piège de signer un contrat exclusif. Il vaut mieux partager ton antenne aux dizaines de candidats qui existent; qui vont tous payer bien entendu…

Si tu es ce qu’on appelle un leader d’opinion : chanteur, acteur, prêtre, pasteur, élu local, célébrité,  c’est l’occasion ou jamais de devenir riche en disant une seule phrase : « Je soutiens le candidat Rakoto »,  ou plus discrètement : Je trouve que Rabe a un programme réaliste » . C’est tout. Attention!, ça ne marche pas si tu le fais spontanément. Il faut qu’au préalable, tu assures tes arrières avant de divulguer ton penchant pour le candidat que ton cœur (ou ton cerveau ou ton porte-monnaie) aura choisi.

Les propagandes, c’est le top

Je vous le dis : c’est mieux que tout programme politique, mieux que toute promesse de campagne, beaucoup mieux que ce que vous ne verrez jamais pendant leurs mandats; car les politiciens n’attendent plus pour agir, ils sont vraiment aux pieds du peuple, ils vident leurs porte-monnaie. C’est vraiment Noël avant l’heure, …c’est… les propagandes!


Second tour des présidentielles MADAGASCAR : attention, aussi, aux chantages!

Pour le second tour des présidentielles, il y a beaucoup de techniques de propagandes. On peut essayer de séduire, de convaincre par diverses démonstrations, de dénigrer ses adversaires, mais parfois on utilise aussi la peur.
Cette technique est très ancienne et surement utilisé dès les premières civilisations. Elle est surtout utilisée en temps de guerre. En fait, on a toujours su qu’une personne ou qu’un peuple qui a peur peut décider et faire des choses inimaginables.

De quoi avoir peur

Il faut, cependant, rechercher le bon mobile pour faire peur aux gens. Ces derniers temps, c’est devenu assez facile d’en trouver à Madagascar.
La plus grande peur des malgaches restent le « rotaka » (émeutes) qui peut se manifester en simple bagarres jusqu’à de presque guerres civiles. Il faut dire que la pauvreté incite les gens innocents à profiter de ces « occasions » pour se livrer aux pillages jusqu’aux actes ciblés sur certaines personnalités ou communautés.
Vient ensuite la crise économique. Comme l’économie du pays est à grande majorité dépendante de l’aide extérieur, il suffit de brandir la menace d’un embargo ou d’une fermeture de robinets pour faire faire des cauchemars à tout le monde.
Enfin, tout autre motif assez réaliste comme : « Ce mec ne va pas se soucier de telles ou telles ethnies » ou bien « celui-là il va piller le trésor national s’il est élu », etc… »

INFO ou INTOX?

msg 1

Dans un forum avant le 1er tour :  « Si jamais ni Hery ni Edgard ne passe, le DJ va provoquer des troubles et la communauté indienne va lui financer les mercenaires, de source sur et de ce jour »

msg 2

Avant le 2nd tour : « Si c’est Hery qui perd, il acceptera mais Ravalomanana n’acceptera jamais si JLR (son poulain) ne gagne pas, ce sera la guéguerre »

 

Alors, info ou intox?  peu importe parce qu’en fin de compte le but est bien de faire peur aux gens.

Mais comment bien choisir?

Parfois, la fin justifie les moyens mais je m’inquiètes quand même que la peur puisse à grande échelle biaiser les résultats et qu’en fin de compte on ne règlera pas définitivement le problème quand la peur se changera en frustration.
Je dirai que dans un monde démocratique parfait, les candidats entreraient dans l’arène des élections avec des idées, des programmes et promesses, pas avec des menaces.
Alors, comment choisir? eh bien, selon beaucoup de critères qui ne dépendent que de chacun : les promesses des candidats pour les uns, leurs anciennes réalisations pour d’autres, leurs beauté et prestance, peut-être . Mais si on choisit parce qu’on a peur de quelque chose, on risque de faire un mauvais choix.
Je ne veux pas vous effrayer avec ça, mais tant qu’à voter, ne cédez pas aux chantages!


Accompagner un mort jusqu’au tombeau

Me revoilà après quelques jours d’absence à cause d’un mort dans la famille. Dans un pays où les fomba (les us) tiennent un rôle fondamental dans la vie sociale et où, d’un autre côté le « modernisme », la mondialisation, le christianisme ou n’importe quel autre excuse valable tend à anéantir ou au mieux estomper la culture ancestrale, je fais partie de ces jeunes malgache qui ne connaissent pas bien ses propres coutumes. Pourtant l’expression « tsy mahalala fomba » (celui qui ne connait pas les fomba) est une véritable injure dans ce pays. Tous les grands évènements (enterrement, mariage, fiançailles, etc…) sont donc des occasions pour observer et apprendre les fomban-drazana (coutume des ancêtres). Je serai donc, un peu sommaire dans ma description des rites qui prévalent aujourd’hui dans le pays merina (ethnie peuplant Antananarivo et les régions environnantes).

Les rites auxquels on n’a pas trouvé une désapprobation

Avant de citer donc toutes les traditions que j’ai dû observer pendant les derniers jours, je dois expliquer l’impact des nouvelles moeurs, surtout du christiannisme sur les fomba malgache. En fait, beaucoup de malgaches d’aujourd’hui mettent leur chrétienneté en premier plan et refusent de suivre les rites qui seraient contraire à leur foi. Ce qui est ambigû, c’est qu’ils ne veulent pas abandonner totalement les fomba. Donc, une « nouvelle » expression est apparue pour « excuser » ce mélange : « araka ny fomban-drazana izay mbola tsy hita izay maha-ratsy azy » (
Selon les rites ancestrales auxquels on n’a pas trouvé de désapprobation)

Le kabary (sorte de discours)
Le kabary est un véritable art oratoire longtemps transmis de génération en génération mais qui est aujourd’hui enseigné dans des écoles malgaches. C’est un discours toujours différent et très codé selon les évènements mais aussi assez souple pour s’adapter à toutes les circonstances et à chaque orateur. Les kabary sont ornementés de proverbes, d’adages, de dictons, d’expressions populaires, de rimes, de citations (dont bibliques) etc….Il y a donc, des kabary pour les fiançailles, kabary pour les mariages, pour les décès, et tous les autres évènements de la vie des malgaches.

Fitsapana alahelo (sonder la tristesse)

Cela consiste à venir dans la maison du défunt dans lequel toute la famille est réunie. Ensuite, on s’incline quelques instants devant la dépouille et on salue tout le monde avant de s’assoeir ou partir selon le cas. Il signifie qu’on n’est pas encore prêts pour présenter ses condoléances mais qu’on ne peut pas attendre pour montrer sa sympathie envers la famille.

Famangiana manjo (présentation des condoléances)

On présente les condoléance généralement en groupe et rarement tout seul. La famille qui les reçoit est assis et le groupe entre et se recueuille quelques secondes sur le coprs avant de commencer les kabary que vont se renvoyer un orateur de part et d’autre et que je vais essayer de vous raconter ici un exemple :

Préambule
– visiteurs, en chœur : Comment allez vous
– famille en deuil, en chœur : Nous voici
– visiteurs, en chœur : On vient présenter nos condoléances
– famille en deuil, en chœur : Merci beaucoup

1er kabary : Consolations
l’orateur des visiteurs  commence généralement par s’excuser de toute faute, transgression, insolence ou tout ce qu’on peut appeler en malgache « tsiny ». On s’excuse toujours de parler en place de tout le monde, les plus âgés que soit, ceux du même âge, les plus jeunes qui peuvent être mieux placés dans la société, les femmes, bref, tout le monde. On s’excuse si jamais on est en retard de quelques jours après l’enterrement avant de présenter les condoléances mais on peut dire là qu’on n’était pas du tout au courant.  Ensuite, l’orateur use de tous les mots, expressions, proverbes qu’il juge opportun pour enlever ou au moins amoindrir la tristesse de la famille. Il finit donc souvent par « Mahaiza mionona tompoko » -« Sachez vous consolez » (Tompoko est la marque de politesse)

1ère réponse : En réponse l’orateur de la famille endeuillé remercie les visiteurs pour leur présence, pour les mots apaisants et promettent que la famille va se consoler. Il s’excuse aussi pour diverses raisons; par exemple, pour ne pas avoir prévenu les visiteurs et il dit « à cause de la trop grande quantité de l’eau »
L’expression type de conclusion se traduirait par « Même sans consolateurs, on saurait nous consoler tous seuls; d’autant plus que vous êtes là pour nous réconforter, nous nous consoleront, Merci »

Interlude
– visiteurs, en chœur : Alors ne déterrer plus la tristesse
– famille en deuil, en chœur : Merci beaucoup
Alors, je ne sais pas si misosoka veut dire « déterrer » ou non mais l’idée est de ne plus « rappeler » la tristesse. Cette interlude s’intercalent après chaque réponse de l’orateur de la famille.

2ème kabary : Offrandes
l’orateur visiteur use de ses mots et expressions pour justifier le don d’une aide qu’il vont octroyer. Généralement une enveloppe contenant de l’argent. ce don remplace plusieurs « cadeaux » offert jadis qui sont un linceul pour le mort, un assèchement des pleurs ou du jus de riz pas cuit (qu’on buvait pendant les veillées) pour les vivants. L’excuse type est donc celui cité plus haut « Selon les rites ancestrales auxquels on n’a pas trouvé de désapprobation, voici le « remplacement » d’un linceul et d’un jus de riz non cuit »
2ème réponse : L’orateur remercie les visiteurs car ils n’ont pas seulement présenté des mots apaisants mais ils ont en plus apporté des offrandes selon les rites malgaches. Donc, merci, merci et merci

Interlude

bla bla bla (en choeur)

3ème kabary ; Prendre congé
L’orateur s’excuse de devoir prendre congé sans faire du bruit sauf s’ils décident de rester avec la famille un peu. Il évoquera les choses à faire à la maison ou au boulot, la nuit qui tombe, etc…C’est aussi l’occasion de demander le programme : veillées, cérémonies, enterrement.
3 ème réponse : Il rassure qu’il n’y a pas de mal et que la famille comprend et donne sa bénédiction.

Interlude

Et on se serre les mains.

Les autres rites

Le famangiana manjo est le rite central lors d’un décès. On ne peut pas être de la famille ou des amis proches sans avoir effectué ce rite. Il faut dire que toutes les dépenses que la famille va faire va être largement couvert par les offrandes collectés. Pour une grande famille, je dirais que le montant « récolté » ira en moyenne vers les 650 à 700 euro.

Après cela, chaque rite que je vais citer ci-après sera l’occasion d’un kabary  :

Les veillées funèbres : selon les cas, on veille un ou plusieurs nuits de suite. Dans certains quartiers les veillées funèbres sont l’occasion pour des petites troupes de se faire écouter. Bonjour le radio crochet mortuaire.

Le famonosana : moment pendant lequel on emmaillote le corps dans plusieurs linceuils bien ficelé sur des parties stratégiques du corps par des hommes désignés par la coutume.

Famoaham-paty : La levée du corps (littéralement : sortir le ccorps de la maison)
Le kabary, ici consiste à remercier tout le monde devant la maison, ceux qui vont encore poursuivre la route avec le mort jusqu’au tombeau et les autres qui s’arrêteront là, dont les voisins qui vont accourir pour voir le cercueil sortir

La cérémonie à l’église
Qui se ponctuera par à peu près le même kabary que devant la maison

devant le tombeau
Une autre cérémonie pour faire patienter les gens pendant qu’on ouvre le caveau et qu’on prépare la place au dernier moment.

Après l’inhumation

Tout de suite après l’inhumation, On remercie toute l’assistance et on donne une chance à ceux qui n’ont pas effectué le famangiana manjo de le faire là.

Fisasana
Après quelques jours, on se lave et on lave les draps du mort. Une occasion de se retrouver en famille et de tourner définitivement cette page de son histoire.

Vous avez remarqué peut-être que plusieurs rites nous rapprochent de peuples lointains d’Asie ou du Moyen-Orient. Mais quoi qu’on en dise, j’ai compris, moi, que tout ça est fait pour que la mort soit la moins douloureuse possible pour la famille. C’est une preuve de solidarité, d’amitié, d’amour, de ce que l’on appelle ici le « Fihavanana ».


Vous ne devinerez jamais pourquoi j’ai pas (encore) mis mes photos dans le blog

Je suis de ces personnes qu’on a du mal à définir. On dit : multi-facettes. Il arrive qu’une personne ne me connaisse que d’un seul point de vue. Ces gens là m’appellent Chef Andriamialy (chef scout, ou chef de chœur ou pour me narguer parce qu’au boulot, je ne suis pas du tout chef) ou Balsama du nom d’un groupe musical que j’ai créé ou Papa de Nathan ou Papa des jumeaux pour ceux qui ne savent pas que les jumeaux ont de grands frères ou quelque chose de ce genre.

Dans la blogosphère malgache, on m’appelle lay andriamialy, du fait de mon premier blog. Dans mon ancien blog, il y a du texte, beaucoup de texte et dans une page, il y a des peintures à l’eau que j’ai faites étant jeune. Pas de photos, ou très peu!

Dans ce corbeille (ce blog), je voulais depuis le début mettre en avant un de mes talents, disons assez vieux mais qui ne s’est pas encore très bien exprimé : la photographie. Je ne voudrais pas spécialement d’un blog photo, mais que mes articles soient décorés par de belles photos que j’aurai moi-même pris.

L’histoire

J’ai eu mon premier appareil à 14 ans. C’était un petit compact totalement mécanique qui produisait de superbes photos. Vous vous souvenez du temps de la pellicule? C’est bien de ça que je parle, c’était dans les années 1990.
Plus tard, on a eu un nouveau appareil, toujours un petit compact mais avec flash et dont la pellicule tournait toute seule. Les photos n’était pas meilleurs mais on prenait des photos par dizaines avec.
Jusque-là, mon amour de la photographie était d’abord limité par l’ignorance mais aussi par le budget. Donc, pour moi, un appareil photo, c’était un compact et une belle photo était une photo pas floue et pas trop sombre.
Continuons notre histoire. Je vous ai déjà raconté que ma mère m’achetait des outils pour assouvir mes passions : instruments de musiques par exemple. Eh bien, ça lui a couté la moitié de mon salaire actuel pour m’acheter un appareil photo numérique minuscule. Il prenait des photos de 1 mégapixel, c’est à dire moins grand que ce que fournissent aujourd’hui les téléphones chinois très bas de gamme (qu’on appelle chez nous Foza orana, l’écrevisse américaine qui fait des ravages dans nos lacs et étangs).

Il faut expliquer que ma mère avait au boulot un système qui lui permettait d’acheter à crédit des trucs de ce genre exactement le mois de mon anniversaire.
3 appareils numériques et un peu plus de 3 anniversaires plus tard, donc, je me retrouve avec un joli petit compact numérique de 10mpx de chez SONY. C’est avec cet appareil, qu’on m’a plus tard volé d’ailleurs, que mon intérêt pour la belle photo s’est définitivement réveillé. Beaucoup de mes photos sur Facebook sont encore de cet appareil.

Récemment, j’ai remplacé ce SONY qu’on m’a volé par un Samsung très bon marché et  performant. Mais je n’était pas du tout satisfait et je voulais, enfin, acquérir un Reflex, c’est à dire un appareil photo qui utilise un miroir ou un prisme et qui fournit les plus belles photos.
Pour tout dire, le plus bas de gamme des appareils reflex coûte actuellement 10 fois le SMIC malgache. Après avoir évalué mes économies, je devais me résoudre à acheter un bridge, c’est à dire un appareil qui fait le pont entre le compact et le reflex.
J’ai ouvert, en même temps mon blog de chez mondoblog. Mais comme il y avait un peu d’attente pour savoir si j’étais admis ou non parmi les blogueurs mondoblog, j’ai entre-temps vendu le bridge et je me suis dit que je pourrais gagner un peu plus pour m’offrir un reflex.
Malheureusement, j’ai dilapidé l’argent de la vente du Bridge dans des couches, des lingettes et des boîtes de lait en poudre. Ma mère me dit toujours : »Ne vends jamais un bien, l’argent liquide coule comme de l’eau » (en malgache, ça fait moins pléonasme). J’ai répondu, que cette fois-ci j’ai fait mieux en transformant un Bridge en couches sales.

Mais ce n’est pas la triste fin de l’histoire.

Actuellement, j’ai en ma possession un vrai reflex pas professionnel mais quand même un reflex. Ne me demandez pas comment je l’ai payé car ce n’est pas encore fait!

Mais pourquoi,donc, il n’y a pas encore de belles photos exclusives qui ornent mes articles?

Eh bien, c’est parce que je vis à Antananarivo, je travaille tous les jours à Antananarivo. L’autre jour, ma sœur s’est fait arraché son appareil photo à Analakely (dans le centre de la ville). A 50 mètres de là, j’ai vu de mes yeux un touriste chinois se faire voler son appareil photo qu’il a rangé dans son sac à dos. Pas plus tard qu’il y a une semaine, la voiture devant moi a été la cible d’un pickpocket et c’est la femme, côté passager qui a eu le téléphone volé.

Je vois bien qu’il y a plein de touristes, de journalistes et sûrement quelques frimeurs qui se baladent downtown avec leurs gros calibres mais excusez-moi, je ne vais pas prendre de risque avec un appareil que je n’ai pas fini de payer.

Ou peut-être un de ces jours, avec un peu plus de courage.

On verra pour les prochains articles.