Andriamialy

Mondoblog à Tana : top 5 d’un dépaysement trop parfait

La formation annuelle des blogueurs du réseau Mondoblog s’est tenu chez moi à Antananarivo pendant le Sommet de la Francophonie 2016. Une rencontre à Tana, j’en rêvais et j’avais des craintes mais finalement, c’est la sincérité des mondoblogueurs qui m’enchante aujourd’hui.

Mondoblog à Antananarivo ou Mondotana 2016 est la 3ème formation mondoblog d’affilée à laquelle j’ai assisté. Ne me demandez pas comment cela se peut car moi même je sais que c’est un miracle. Sortir un ou deux malgaches de leur île pour les amener à Abidjan ou Dakar coûte la peau des fesses plus à peu près un bras et demi alors pour faire venir 50 blogueurs à Madagascar, c’est carrément une fortune. Ainsi, Mondotana est tellement inédite qu’elle risque de devenir unique.

Dès que j’ai su que Mondoblog viendrait à Tana, j’étais assez fier et je pensais à toutes les choses que j’allais montrer, expliquer à mes collègues : l’architecture, les mots, les expressions, l’histoire, la géographie et tout le reste. J’avais aussi l’appréhension que ces étrangers pouvaient se sentir mal, inconfortables, en danger face aux multiples côtés négatifs de mon île adoré : l’insécurité, la pauvreté, etc. Quand on a dit que les autorités voulaient cacher notre misère, j’ai été indigné mais, au fond, je comprenait très bien que culturellement, le mihatsara velatsihy* est une coutume malgache. Mais embellissement ou cache-misère ou quoi que ce soit, cela a tellement marché que j’ai vraiment passé une semaine hors de Mada, ou au moins j’en ai eu l’impression.

 

Avant de lire la suite, visitez ou revisitez l’alter ego de ce top, Abidjan, top 10 d’un dépaysement presque raté.

1- On me parle en français

Mondoblog 2016 s’est passé pendant le Sommet de la Francophonie. Donc, c’est un peu normal quand on ne fréquente que les mondoblogueurs,  le Village de la Francophonie et le Centre de Conférence d’entendre presque exclusivement le français, la langue que les malgaches appellent ou surnomment :

  • teny vazaha = langue étrangère, par métonymie
  • teny baiko = langue signes (parce qu’il a été parlé accompagné de signes au début). Aujourd’hui, on comprend « teny baiko » comme « langue pour donner des ordres », et on n’emploie plus cette expression.
  • teny frantsay = langue française
  • teny français = version frangasy
  • teny faran’ny tsy hay = langue la plus inconnue (calembour)

2- Les paysages

L’hôtel indien choisi par Mondoblog pour nous loger avec les restaurants indiens qui vont avec, l’intérieur du bus, le Village de la Francophonie, le Centre de Conférence d’Ivato, voilà où j’ai passé la semaine Mondoblog 2016. Autant Abidjan ou Dakar me donnaient la nostalgie d’Antananarivo, autant ces endroits, pourtant à Tana, me donnaient vraiment l’impression d’être ailleurs.

Donc, revenons à l’embellissement ou à l’opération cache-misère qu’on a attribué au gouvernement malgache. Si c’est le cas ou pas, moi je dis de toute façon : chapeau, vous avez réussi ! Moi qui peux comparer avec Nairobi, Dakar oui Abidjan, je peux dire que « tsy nitsanga-menatra Antananarivo » (Tana s’est tenu debout, sans honte).  Et dire que même la pluie n’est tombée qu’après le Sommet, inondant de ses torrents les bas quartiers et les petites rues déjà désertés des cortèges présidentiels. Si ce n’est pas de la chance !

Et si les chapiteaux sont déjà remballés, les routes et les bâtiments vont rester et ajouteront plus durablement de la beauté à notre capitale.

3- La nourriture

Donc, on mangeait dans les restos indiens. Même à midi, le traiteur proposait la nourriture indienne, pas de riz complet, pas de riz blanc malgache, Makalioka. Ça m’a changé de mon habitude. Il y a eu une hécatombe de mal de ventre au milieu de la semaine mais je ne dirais pas comment c’est arrivé. De plus, il nous est interdit de faire de la publicité donc je n’ai pas le droit de vous recommander ni l’hôtel ni les restaurants ni le traiteur (mp). Mais déjà, les malgaches ne sont pas clients de ces établissement trop « sélectifs ». Et si vous venez visiter et que vous recherchez Madagascar, l’authentique, vous devrez surement voir ailleurs.

Il n’est pas étonnant que mon premier post dans un réseau social après la formation a été du food porn textuel décrivant mon premier repas 100% malgache depuis 10 jours.

4- Les gens

J’ai croisé beaucoup d’étrangers, partout : des blancs, des noirs, des asiatiques, on aurait dit Paris à ses heures.

Croiser des malgaches, aussi. Mais ces malgaches-là sont tous beaux, propres, bien habillés. Ils étaient à la fête, visitant les stands, applaudissant aux spectacles en mangeant pizza et glaces. Et puis, la majorité étaient des tananarivéens, de certains quartiers. Sauf si je les ai raté, il n’y a pas eu, au village des délégations des régions. Moi qui rêvait de présenter aux mondoblogueurs des malgaches de toutes les couleurs de la peau et qualités de cheveux,  j’ai encore reçu les mêmes remarques que tous les ans : « On dirait des asiatiques! ». Mais vous savez qu’il y a des malgaches vraiment noirs ? Là il n’y en a pas beaucoup mais je vous l’assure, ça existe. A quand un Mondotama, Mondojanga ou MondoNosyBe?

5-  Les mondoblogueurs

Et surtout, chaque mondoblogueur(se) de la nouvelle saison et même les anciens sont toujours de vrais pays, des continents à explorer. Ce sont tous des Shéhérazades aux milles histoires à narrer, des souvenirs et des exploits à raconter. Combien de fois je me suis perdu dans leurs récits, leurs poèmes et leurs slams?

En somme, la semaine mondotana 2016 m’a littéralement fait des vacances. Mais si moi, j’ai eu l’impression de ne pas avoir été à Tana pendant Mondoblog 2016, les mondoblogueurs n’ont rien raté de la réalité. Aujourd’hui, de chez eux, ils louent la beauté de Tana mais racontent aussi sa misère de leur regard d’étranger, sans à priori.  Même ceux qui n’étaient pas présents ont vécu la semaine d’Antananarivo à leur manière. Lisez donc leurs billets qui racontent ce Mondotana 2016 dans ma petite liste ci-dessous. Si j’en ai oublié, visitez Mondoblog et aussi le blog spécial Sommet du réseau.

Un Mondoblog Camp en Snaps

Mondoblog et Antananarivo 2016, j’y étais aussi : 1re partie

https://savanes.mondoblog.org/2016/11/26/recit-dun-voyage-a-antananarivo-tangasoa-bienvenue-a-antananarivo/

Si MondoTana m’était conté

Madagascar et moi

Antananarivo, la ville arc-en-ciel !

Antananarivo : entre splendeur et misère

Madagascar : la visite se termine par une histoire d’amour

Séjour à Antananarivo : une affaire de viande de zébu au menu

Sommet de la Francophonie : Viens ! Que je te raconte Tana…



SommetMada2016 : Beaucoup de malentendus dans les dessins des jeunes

Exposés au village de la Francophonie pendant le sommet de 2016 à Antananarivo, les dessins effectués par des jeunes collégiens louent presque tous la solidarité, la fraternité et l’opportunité de la Francophonie. Quelques productions sortent, pourtant, du lot car leurs messages sont « inattendus ».

L’initiative est intéressante. Ce sont des élèves qui ont produit sur le même format en carton des œuvres pour illustrer leurs pensées, idées ou critiques sur la Francophonie et le Sommet 2016. J’ai pris sur moi d’en publier quelques dessins avant qu’ils ne partent à la poubelle alors que les « enfants » ont fait des efforts pour s’exprimer.

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 Ceux qui ont mal compris

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Le texte est pourtant si joli : « Madagascar et la Francophonie, comme l’eau et le riz », expression empruntée du proverbe malgache « l’eau et le riz ne se quittent ni au champ, ni dans la marmite ». L’effort artistique aussi n’est pas si mal avec le collage de drapeaux en tissus colorés. La seule erreur s’est que le drapeau de gauche est celui de la France et non de la Francophonie. L’amalgame France/Francophonie est courant, d’autres exemples plus bas dans l’article.

Idem pour l’autre image qui dit que la Francophonie est l’ensemble des pays nouvellement indépendants et la France. L’intention n’est pas mauvaise mais cette définition n’inclut pas tous les pays membres et observateurs.

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Ensuite, il y en a qui en attendent peut-être un peu trop de la Francophonie. Le premier demande du matériel pour les pompiers de sa ville tandis que le second illustre son tableau avec un enfant victime de Kere (famine) et un simple SOS. La Francophonie, oui, c’est un moyen qui permet aux pays de se rencontrer et même de signer des partenariats entre eux. Par contre, l’organisation n’a pas l’aide directe à un pays parmi ses missions.

 

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Sur cette image, on voit une illustration de gens qui font la queue pour acheter le DVD de Marimar, la toute première telenovela diffusée à Madagascar. Elle montre que c’est la version française qui attire le plus d’acheteur, ce qui est normal dans un pays francophone. Pourtant, on aurait tendance à comprendre que l’auteur montre une compétition entre les langues internationales à Madagascar. Peut-être! Mais même si c’est le cas, je pense qu’il n’est pas nécessaire de dénigrer les autres pour dire que la Francophonie est bien.

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« Stop à la diversité linguistique ». C’est amusant mais cela me fait penser que la fille qui a fait cette affiche doit rêver d’un monde où l’uniformité et la conformité règnent. La Francophonie, avec son mouvement « Libres ensemble » prêche pourtant le contraire en appuyant que l’on peut être différents mais vivre ensemble.

Ceux qui aiment trop Madagasikara

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Quand le thème est la Francophonie et le Sommet de 2016 à Tana, que vient faire une charrette montée par 2 malgaches? Ne cherchez pas, c’est juste une affirmation de son amour de la patrie.

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Comme je l’ai dit plus haut, il y en a beaucoup qui confondent exprès ou pas France et Francophonie. On sent même parfois un peu d’ironie.

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Pour ces deux images, l’idée est la même. Cela dit que dans la compétition, c’est Madagascar qui gagne et largement contre la France. Bizzarrement, les disciplines sportives utilisées sont l’athlétisme et le basketball, alors que c’est seulement en pétanque que les malgaches mettent parfois le pâté aux gaulois. J’admets, ce sont des allégories et j’espère que ces 2 jeunes feront tout pour faire de leur rêve une réalité quand ils seront grands. Ceci dit, tout cela n’a rien à voir avec la Francophonie.

Ceux qui n’aiment pas la France ou les blancs en général

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Encore une compétition où un « noir » prend le pouvoir sur le « blanc ». Vraiment, certains jeunes ont très mal compris le message selon laquelle l’attribution du Sommet à Madagascar en 2016 est une victoire pour le pays! Dommage ensuite que le titre qu’il ou elle a mis soit : « Je suis francophone »

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Celle-là illustre le principe fondamental du néo-colonialisme qui consiste à ce que les grandes puissances, en particulier, la France ici, exploitent les richesses des pays en développement, comme Madagasikara, qui n’en sont pas capables technologiquement, techniquement, etc.

Heureusement, il y a aussi les bons élèves

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La logique dans les noms de véhicules à Madagascar

Une simple liste des moyens de transports existants à Madagascar. Suivez-bien, peut-être trouverez-vous la logique.

 

Fiara (du français Fiacre)
Ceci s’appelle Fiara (du français Fiacre), c’est logique

 

 

Fiarandalamby, littéralement : fiacre sur rail
Du coup, voilà le Fiarandalamby, littéralement : fiacre sur rail

 

Et le fiaramanidina : "fiacre volant"
Et le fiaramanidina : « fiacre volant »

 

Vôtiry (du français voiture)
Puisque fiacre a été utilisé ailleurs, voici le Vôtiry (du français voiture)

 

après le fiacre, et la voiture, il reste le sarety (la charrette)
Il ne reste plus que le sarety (la charrette)

 

et le kalesy (la calèche). Crédit photo : Razanameltine Elisa Trydal
et le kalesy (la calèche). Crédit photo : Razanameltine Elisa Trydal

 

Voici un taxi
Voici un taxi

 

Taxibe
Et voilà le Taxibe (littéralement gros taxi)

 

Ça c'est un bus
Ça c’est un bus

 

Taxibe
Et ça, c’est un minibus

 

Voyagez en Boeing
Pour les longues distances ,voyagez en Boeing…

 

...en Tata
…en Tata…

 

en bâchée
…en bâchée…

 

...même en camion (regarega)
…en camion (regarega)…

 

Taxibe
… ou en Mazda … de type Toyota si ça vous chante.

 

 


Du Brexit à Trump, l’échec des sondages

Depuis quelques années, les sondages prennent de plus en plus de pouvoir dans la vie politique et sociale des pays démocratiques. Pourtant, les récentes élections en Europe et aux USA nous montrent qu’ils pourraient être des prescripteurs menteurs.

Un sondage est une méthode statistique basée sur un échantillonnage afin d’évaluer les caractéristiques d’une population trop grande pour être étudiée individu par individu. Dépendant de la méthode d’échantillonnage utilisée ainsi que de la rigueur de la méthode, le sondage est fiable avec une intervalle de confiance plus ou moins grande.

Cela veut dire qu’un sondage ne reste que dans le domaine de la probabilité. Et pourtant, depuis quelques décennies, ils ont pris de plus en plus de pouvoir dans les décisions politiques. Le sondage d’opinion, par exemple, a tellement de valeur qu’il peut inciter un dirigeant à prendre des décisions aussi graves que démissionner, ne pas se présenter à une élection, changer son équipe, nommer untel au lieu d’un autre, etc.

Dans un sens, c’est une très bonne chose puisque cela permet à la population d’exprimer ses idées, ses opinions et de voir que les dirigeants sont attentifs et réagissent à ces opinions sans attendre des élections ou des référendums. Le souci c’est que, mathématiquement, les sondages ont des chances d’être dans le vrai mais peuvent aussi être totalement à côté de la plaque. Et c’était le cas lors des élections pour le maintien de la Grande Bretagne dans l’Union Européenne et plus récemment lors de la défaite d’Hillary Clinton à la présidence des États-Unis. Pour connaître la vraie opinion du peuple, les sondages sont biens mais les élections sont mieux.

Mais quand on sait qu’il est possible de frauder une élection ou de falsifier ses résultats, même dans des pays « développés », comment ne pas craindre que certains sondages puissent aussi être biaisés. Pour le croire ou non, il faut d’abord comprendre à qui sert le sondage. Normalement, c’est le dirigeant qui en a le plus besoin. C’est lui qui doit connaître l’opinion du peuple pour savoir s’il prend la bonne ou la mauvaise direction. Ce qui se passe, dans la réalité, c’est que c’est au peuple qu’on présente, qu’on crie haut et fort les différentes enquêtes d’opinion effectuées par les uns et les autres.  « Le dirigeant a autant d’avis favorable », « 50% de la population serait favorable à ceci ou cela », « 2 citoyens sur 5 ou 8 citoyens sur 10 voudrait bien qu’on fasse ceci ou cela ». Moi, quand je lis des choses de ce genre dans la presse et que je ne suis presque jamais d’accord, je me demande pourquoi je ne fais jamais partie de ceux qu’on interroge. Finalement, il me semble qu’on veuille plutôt manipuler les gens au lieu d’interpeller les dirigeants.

Le Brexit (Sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne) et l’élection de Donald Trump à la tête des USA montrent qu’on ne sait jamais ce que la population pense vraiment. Faut-il rappeler le cas de la victoire de la droite aux législatives croates ? et l’extrême droite qui est aujourd’hui au 3ème tour des présidentielles autrichiennes? Tout cela « contrairement aux derniers sondages ».  Il faut croire que soit les personnes interrogées sont un peu menteuses, soit les gens décident, au dernier moment, de faire tout le contraire de ce que les sondages disent.

Mon avis est qu’il ne faut pas se fier corps et âme aux sondages. Qui sait si en vérité François Hollande peut, bel et bien, gagner au 1er tour en 2017 en France? Et avec la victoire de la droite aux USA, comment ne pas penser que les français aussi peuvent élire Marine Le Pen au second tour contre n’importe quel républicain de gauche ou de droite? Et à Madagascar, quand on dit que notre président est « mamim-bahoaka » (aimé par le peuple) qui peut affirmer preuve à l’appui que c’est faux ou que c’est vrai? Qui peut sortir un sondage dont on sera sur à 100%?

Ainsi, les sondages sont des outils et devraient rester de simples outils. Ne soyons pas gouvernés dans nos vies par l’avis des autres, qu’ils soient majoritaires ou non, selon les derniers sondages.


Comment ça va ? Comme ci, COMESA !

Alors, quoi de neuf à Antananarivo ? C’est le sommet du COMESA qui s’y tient. Je vous rapporte ce qui se dit dans la rue à propos de ce sommet.

  • Il y en a qui pensent qu’il ne faut pas l’appeler Sommet des Chefs d’État s’il n’y a pas assez de Chef d’État. Ou faut-il dire le Sommet de 3 Chefs d’État et des autres ?
  • Le sommet est parfaitement organisé. Mais si Mugabe a vraiment dit «  Ça ne sert à rien de m’accueillir avec ces belles organisations tant que le peuple vit dans la merde « , je pense que les malgaches vont exiger un référendum pour qu’il se présente aux présidentielles de 2018 afin de devenir Président parallèle du Zimbabwe et de Madagascar. Aucun Président malgache n’a jamais dit quelque chose d’aussi « aimé » dans Facebook. Le blog Tumblr qui l’a sorti « marina sa tsy marina » fait parfois de l’intox et on connait bien les soit-disant « citations de Mugabe« , mème d’internet. Mais il a, quand même, bien été repris par des médias malgaches et étrangers. Alors, peu importe si Mugabe l’a dit, s’il l’a marmonné ou s’il l’a juste pensé tout haut, le message est passé.
  • Aujourd’hui, en centre-ville d’Antananarivo, sécurité oblige, il y a un policier tous les 10 mètres  et ce n’est pas une image. Devant l’esplanade à Analakely, le soir, ces dizaines de policiers te poussent à avancer dans l’embouteillage en sifflant dans leurs sifflets. Comme si siffler sans arrêt allait, par miracle, ajouter des voies dans les étroites rues de Tana. Mais il faut les encourager, qui sait s’il peuvent réussir ?
  • Dans d’autres quartiers, les tanks sont sortis. Alors, pour notre culture, le char de combat a été imaginé et dessiné par Léonard de Vinci au 16ème siècle en Italie. Peu après, les malgaches en ont acheté mais grâce à notre débrouillardise, ces véhicules blindées (des BDRM) fonctionnent toujours. De là à dire qu’elles sont encore efficaces, j’espère qu’elles n’auront pas à le prouver.
  • Hier soir, quelqu’un à côté de moi reçoit un appel téléphonique. Une connaissance à elle qui habite Ambatondrazaka (dans l’Est) a dû être amputée d’un bras après avoir reçu une balle pendant l’attaque de sa boutique. « Malheureusement, les tanks n’étaient pas disponibles pour appréhender les malfaiteurs » diraient les blagueurs dans les forums et les réseaux sociaux.
  • Samedi soir, la pluie, en quelques heures, a tué une personne et inondé tous les bas quartiers d’Antananarivo. Dommage que les invités et les journalistes étrangers ont dû voir et vivre ça alors que Madagascar a si bien préparé ce Sommet et le prochain Sommet de la Francophonie. Mais c’est la nature. Et il est prouvé qu’on peut très bien vivre sur des marécages. C’est pour cela qu’on continue d’octroyer des permis de remblais.
  • Après cette pluie, des images de l’autoroute (à une voie) de l’aéroport circulent dans les réseaux sociaux avec les dégâts malheureux fait par mère Nature. Beaucoup tentent de philosopher en disant que tout est normal mais il ne faut pas oublier que c’est Made in China (vita sinoa).
  • L’aéroport d’Ivato, puisqu’on en parle, est si fier avec les avions inédits qui y sont stationnés. Son tarmac a reçu une extension pour le Sommet de la Francophonie. C’est encore bien loin de la nouvelle terminale promise dans cet article du site gouvernementale. Ce n’est pas grave, on gère !
  • C’est si bien géré que personne ne se rend compte que le transporteur officiel, la compagnie Air Madagascar est en train d’accoucher aux forceps d’une entreprise de handling. Cet accouchement dure et il y a risque hémorragie ou d’éclampsie. Je pense que le gyneco pense déjà à la césarienne.  Prions pour la mère et l’enfant!
  • En tout cas, le Sommet du Comesa se déroule et il n’y a aucun doute, c’est le début de la fin de la pauvreté à Madagascar. Si si ! Ce sont les experts qui le disent ! Répandez la bonne nouvelle !

Le Sommet du Comesa, aux yeux du citoyen malgache Lambda, comme moi, c’est quelque chose qu’il ne peut pas appréhender. Tous les enjeux économiques, financiers et géopolitiques ne peuvent affecter son quotidien car il cherche aujourd’hui ce qu’il a mangé hier (expression dérivée de « on cherche aujourd’hui ce qu’on mange aujourd’hui » qui signifie que la personne est gravement endettée). Il ne faut pas le blâmer s’il ne voit que les bouleversements dans son train train habituel. Si ça devait avoir des impacts positifs, c’est, je pense ce que que le peuple attend de voir ou de comprendre. Pour le moment, l’idée qui règne c’est que les malgaches en font peut-être « trop » pour ces sommets alors qu’ils ne peuvent pas se le permettre pour eux même.

 


Fanja, Soa, Ranoasy et Ravao

Ceci est un conte pour adulte, âmes sensibles s’abstenir.

Au pays d’Odag, il y avait une femme de mauvaise vie. Elle s’appelait Fanja. Son dernier mari Rafiraha ne s’occupait pas d’elle ni de ses nombreux enfants et pour les faire vivre, elle se prostituait auprès des hommes du village. Être exploitée par les hommes, c’est ça sa malédiction.

Parmi les enfants de Fanja, il y avait la petite Soa. Soa n’avait pas encore l’âge de se marier mais elle avait un amoureux qui s’appelait Ravao. Ravao et Soa se promenaient souvent dans le village. Rasoa était parée de soie et portait les boucles d’oreilles en or de sa mère. Ravao, bien que pauvre, se prétendait magicien et fascinait ou effrayait les autres enfants des ses soi-disant sorts et envoutements. Ils étaient heureux jusqu’à ce que le plan machiavélique de Fanja ne soit mis en œuvre.

Fanja voyait d’un mauvais œil la relation entre Soa et Ravao. Elle pensait que Ravao ne pourrait pas s’occuper de sa fille et surtout qu’elle n’y gagnerait rien. Ravao ne serait pas capable de lui apporter le dot dont elle rêvait et qui la rendrait riche. Elle pensait vendre sa fille à un homme riche. Justement, le richissime Ranoasy cherchait toujours de le chaire fraiche pour son harem.

Soa et Ravao ont compris les intentions de Fanja. Il faut dire que Soa ne serait pas sa première victime. Fanja a déjà vendu d’autres enfants auparavant. Certains sont même partis aux bout de la Terre et on ne sait plus s’ils sont morts ou vivants. Et pourtant, elle est toujours aussi pauvre qu’avant et elle n’a retenue aucune leçon.

Un jour, Fanja appela Soa pour lui dire qu’elle sera marié à Ranoasy le soir même. Soa pleura, implora, cria, se démena, mais Fanja n’écoutait pas, ses yeux brillaient des reflets de pièces d’or que Ranoasy allait lui donner.

Soa allait se résigner et acceptait de rencontrer son futur mari. Mais le pire allait arriver. Ranoasy prit la pauvre fillette chez lui et lui a clairement expliqué qu’il l’avait acheté et que désormais elle devait rembourser de toute manière. En voyant l’état lamentable des autres épouses de Ranoasy, fatiguées, décharnées, dénudées, qui étaient en train de le nourrir, l’éventer, le masser, le caresser, un frisson d’horreur la parcouru. Elle pensait à son amoureux, Ravao. Elle le priait dans son cœur de venir en prince charmant la délivrer.

Mais Ravao est si pauvre, si impuissant. Il devenait la risée des enfants. – Où est ta magie? – Où sont tes sorts? Ravao consultait les dadarabe (marabout) et les anciens mais ils ne lui donnait pas de solutions. Pas de gris gris, pas de philtre, pas de poison. Dadarabe lui disait : « Ravao, c’est simple! Tu as deux choix. Tu peux te chercher une autre amoureuse mais jamais tu n’oublieras ton premier amour et tu feras des cauchemars toutes les nuits de Soa dans le lit de Ranoasy. Sinon, tu peux te battre. Si tu meurs, tu ne verras pas ta défaite mais si tu gagnes tu triompheras ».

Angano angano, arira arira!* Mais on dit que c’est depuis ce jour là que Ravao a toujours détesté Ranoasy. Certains disent que Ravao a fait tombé la foudre sur Ranoasy et celui-là a déguerpi. D’autres racontent que tous les frères et sœurs de Soa se sont rebellés contre Fanja et ses maris. D’autres légendes encore parlent de Ravao qui serait mort et enterré. Moi, j’aimerais croire qu’aujourd’hui ou un autre jour prochain, Soa, Ravao et tous les autres enfants seront quelques part, heureux pour toujours.

* angano angano, arira arira : est la formule pour finir les contes malgaches qui dit que les contes ne sont que des contes, les légendes ne sont que des légendes. Il faut ensuite ajouter : « si tout est faux, je n’ai pas menti, je ne fait que rapporter »

 


Les étrangers qui parlent malgache

Aujourd’hui, je vais vous parler d’une chaîne Youtube tenue par deux américains qui parlent malgache. Et c’est exceptionnel.

Je cherche, je cherche, mais je n’arrive pas à trouver une chaîne Youtube en malgache. Il y en a sûrement, mais elles ne sont pas assez connues pour m’être proposées en réponse à ma recherche. Des chaînes malgaches mais en français, il y en a pléthore. Faut-il rappeler l’excellent Nirina ? Voici encore un chef d’œuvre quand il met en musique des commentaires parlant du riz dans une vidéo.

 

Et les chaînes d’Histoire, de tourisme et surtout de musique sont toutes (ou presque) présentées en français. Et je comprends tout à fait car la langue malgache n’est encore rien du tout sur internet. Impossible d’espérer avoir, même en rêve, 100 000 abonné(e)s pour une chaîne totalement en malgache alors que le nombre des  « vrais » internautes (exclus les only-Facebook et ceux qui vont une fois par mois au cyber) qui comprennent la langue n’approche pas ce chiffre. Moi-même qui privilégie ce blog en français par rapport à l’autre, en malgache, j’en sais quelque chose.

Mais revenons à nos moutons. Plus précisément, Payton Hansen alias Hasina et Austin Bergera alias Tiana. Je ne les connais pas du tout mais ils sont américains et  ils parlent très bien malgache. Ils ont créé la chaîne Youtube Vazaha miteny gasy (étrangers qui parlent malgache, il y a aussi une page Facebook) où ils utilisent la langue malgache pour faire de l’humour mais aussi un peu d’éducation civique. Ils parlent un malgache de la rue, celui du côté d’Antananarivo, la capitale. Celui aux cheveux longs a un meilleur accent quand l’autre, des fois, me rappelle ces missionnaires et religieux qu’on sait si bien caricaturer. Mais c’est léger comme accent.

Qu’est-ce qui les rend bien particuliers ? Rien, à mon avis. En tous cas, pas au début. Des étrangers qui parlent malgache, il y en a. Des étrangers qui parlent malgache mieux que certains malgaches, aussi. Mais c’est pareil pour la plupart des langues vivantes. Moi-même, je pourrais me targuer de parler le français mieux que certains ayant la nationalité française. Si j’ouvre un jour une chaîne Youtube en français, je n’aurais pas à rougir de la tournure de mes phrases.

Donc, en 2 ans passés à Madagascar, nos deux lascars ont maîtrisé la langue. Ils ont commencé à faire des vidéos et ont eu des milliers d’abonnés et des centaines de milliers de vues ce qui est le top quand le contenu est en malgache. Mais là, à mon humble avis, ce qui fait qu’ils sont uniques et méritent que tous les malgaches du monde entier les suivent, c’est que, rentrés dans leur Amérique natale, ils continuent à poster des vidéos bien malgaches. C’est quelque chose que peu de pays dont la langue n’est pas internationale peuvent avoir. Mais ça existe :

Et là, je serais d’accord pour dire que ce genre de vidéo est toujours clivant. Un étranger qui nous dit qu’il faut aimer et protéger notre culture ? Soit on trouverait ça mignon, et on serait très d’accord, soit on aurait envie de lui dire d’aller se faire voir ailleurs si on y est.

Moi, je n’ai jamais été intéressé par les vidéos de « Vazaha miteny gasy », jusqu’à aujourd’hui. Tant de fois, j’ai été confronté à des « vazaha miteny gasy » dans ma vie, ici ou ailleurs, que désormais ça ne m’étonne plus.

Je vous raconte :

Une fois, dans le Sud de Madagascar, on était dans la piscine et il y avait des européens et des africains. Parmi les européens, en fait, il y en avait qui avaient des comportements bizarres. Alors, avec les malgaches qui étaient là, on allait potiner entre nous pour se réconforter mais au dernier moment, notre élan a été coupé par un européen qui a dit « Manao ahoana? » (Comment ça va ?). Avait-il senti la tension ? Je ne sais pas mais c’est après coup que j’ai remarqué combien il était bronzé et calme, un vrai malgache, du moins zanatany (fils du pays).

L’autre fois, c’était arrivé à des amis malgaches qui étaient bien jeunes à l’époque. Pour leur premier voyage en Afrique continentale, ils n’ont jamais arrêté de dire en malgache du mal des gens qu’ils croisaient. « Regarde celui-là qui a de gros trous sur ses oreilles, on pourrait y entrer un doigt » par exemple. Jusqu’au jour où dans l’ascenseur l’un d’eux a dit « celui-là qu’est-ce qu’il pue! » et où  ils allaient, presque, se faire massacrer par cet africain, noir, qui puait peut-être mais qui était aussi malgache, gros et fort.

Je disais, donc, que les meilleures vidéos de Vazaha Miteny Gasy sont sûrement celles où, aux USA, ils se mettent à faire des trucs malgaches, par nostalgie ou par fierté. Voici mes 3 préférées.

Cette vidéo qui parle des « jeux des malgaches » les montre en train de faire de la pétanque et aussi du tantara. En même temps, ils se racontent des anecdotes qui sont en fait d’autres vidéos à eux sur un vieil homme (malgache) qui fait du skate et une vieille femme (malgache) qui fait du basket. Ce qui est tout à fait absurde.

Cette vidéo qui est sur leur page Facebook (cliquer sur ce lien si elle n’apparaît pas), les montre nostalgique après leur retour aux USA, se remémorant Madagascar. Ils se disent que c’est bizarre aux États-Unis car il n’y a personne dans la rue, personne ne parle malgache et les bus ont des intervalles de 20 minutes (au lieu de 5 à Tana).

Enfin, dans ce clip de 10 minutes sur les routes américaines, presque en se cachant, ils se mettent à faire du karaoké sur des tubes malgaches. Rien ne leur fait peur. Ni le rap gasy, ni les chansons évangéliques, ni les rythmes gasy.

Bref, sans vouloir louer la volonté de ces deux compères de sauver Madagascar en parlant malgache sur Youtube, je dois avouer qu’il ont déjà réussi à atteindre les malgaches avec leurs vidéos humoristiques et qui sait s’ils seront mieux écoutés que nous autres activistes gasy du WEB. Ceci dit, si vous voulez leur venir en aide, ils font aussi une levée de fonds en ligne.


Lexique malgache du cinéma

À l’instar du foot de rue rizière asséchée pour lequel j’ai déjà fait une description dans mon ancien blog, il y a aussi des vocabulaires spécifiques issus des salles de projections à Madagascar.

Il y a eu un âge d’or des salles de cinéma à Madagascar, que j’ai eu le temps de vivre, vieux comme je suis. C’était du temps où les Ritz, Rex, Roxy, Ako et les autres jusqu’à ce que les salles de projections de vidéos, communément appelées « vidéos » ne prennent le relais.

Salles de projections de vidéos dites-vous ? Oui oui ! Ce sont de petites salles, sombres, sans aération, sales voire glauques, remplies de bancs et de chaises qui projettent des films d’actions, d’horreur ou des comédies et à l’occasion, des matchs de foot en direct. Là, on côtoie les  enfants du quartier, les jeunes désœuvrées et les vieux en manque de divertissement. Pire, il y a même des salles qui projettent des films érotiques voire pornographiques, ce que j’ai du mal à imaginer l’ambiance que ça donnerait (vu que j’y ai jamais mis les pieds).

Je n’ai jamais regardé des films pour adultes dans ces salles quoique les recommandations sur l’age des spectateurs ne sont jamais pas toujours respectées. Je me souviens bien des camarades de classes qui racontaient les films pendant les récréations et certains d’entre eux ont vite reproduit dans la réalité.

Il faut d’abord expliquer que les salles de vidéos existent encore à Madagascar mais elles ne sont plus si nombreuses grâce ou à cause des nombreuses chaines de télé gratuites et les postes tv à prix bradés.

Donc, la dernière fois où j’y ai mis les pieds, c’était il y 12 ou 13 ans, en vacances dans un village sans électricité au bord de la mer. Un soir, sans envie de dormir, on est allé dans ce sauna puant la cigarette pour regarder un film d’action et des clips de Makoma. Et pour vous dire la force de ces salles de vidéos, Makoma a ensuite fait un triomphe pendant leur tournée dans la Grande Ile, juste parce que leurs clips étaient diffusés dans des salles de vidéos.

Donc, à part divertir le peuple, propulser la carrière des  artistes et parfaire la technique des délinquants, les « vidéos » ont aussi contribuer à enrichir le vocabulaire si ce n’est pas de la langue officielle, de la langue parlée à Madagascar.

Voici quelques mots, expressions et autres concepts issus du visionnage des films à Madagascar :

Bandy sy role : C’est un FPS (jeu de tir à la première personne) mais sans console que les enfants jouent dans la cour et qui s’inspire des duels et des fusillades des westerns. « Bandy » est le bandit, « Role » est le héros qui tient le rôle principal. Bizarrement, les pistolets ne tonnent jamais. Il suffit de mettre ne joue son adversaire en criant « Haut les mains » ou « Gain ». D’où l’autre nom de ce jeu : Gain Gain!

Bandy et Role ne datent pas des « vidéos » mais  ont été perpétués par celles-ci. Ils datent des anciennes salles de cinéma. Et depuis, bandy est devenu le nom argotique pour « gars », « mec », par opposition à « sipa » (fille) dont l’origine reste un mystère comme beaucoup de choses féminines.

Deba : vient probablement de l’expression « chef de bande » pour désigner ce que les films d’actions appellent le « boss ». Devenu synonyme de « riche et puissant », mais aussi de « patron », deba est aussi le surnom de l’Amiral Didier Ratsiraka.

Shaolin : Shaolin c’est un grand maitre du Kung Fu, souvent deba du film et accessoirement vieux avec de longues barbes.

Kombaka : le combat

Akisiao : Action, intervention, cérémonie, etc. comme dans « L’action a déjà commencé »

Maosi : Le Mawashi-Geri ou coup de pied circulaire en karaté

fosazy : fauchage, c’est à dire croche pied ou une coup de pied balayant.

 

Les catégories de films dans les « vidéos »

Justement, il n’y a que 5 catégories de films projetés dans les salles de vidéos : action, horreur, comédie, western et érotique.

Les surnoms :

Pour les jeunes, fans de vidéos, et souvent sans aucune compréhension du français ou chinois du film, il n’est pas nécessaire de s’embarrasser des rôles, des personnages. Jean Claude Vandamne est toujours Jean Claude Vandamne. S’il y en a 2, ça ne s’appelle pas Double Impact mais Double van Damne. Si en plus, le nom de l’acteur est du chinois illisible et imprononçable, il sera diminué ou substitué par un surnom

Les diminutifs que vous reconnaitrez facilement : Arnold, Stallone, Bolo, Charlot, Van Damne, etc.

Les autres stars conservent leurs noms en entier comme Jackie Chan, Cynthia Rothrock, Bud Spencer sy Terence Hill. Bruce Lee, Chuck Norris

Les surnoms :

Vous entendrez souvent des personnalités malgaches affublés de surnoms de Bolo, Charlot, Stallone, Jackie Chan, Bruce Lee, Bota ou Lava Sanga, vous saurez d’où ça vient.

 

 


Lexique de malgache en Sol-Fa Tonic

Voici une liste non exhaustive de mots malgaches formés par les notes de musiques. Je vous expliquerai pourquoi c’est intéressant.

Selon le site cosmovisions, le Tonic sol-fa. est un « système de notation et d’enseignement de la musique inventé par John Curwen en 1860, et qui a pris en Angleterre un développement pratique considérable. De toutes les notations simplifiées, alphabétiques ou chiffrées, pour l’usage des chœurs, la tonic sol-fa est certainement la plus remarquable et la plus pratique.  »

Mais c’est quoi?

En fait, en sol-fa « tonic » (que les malgaches appellent solfa tout court), on utilise les initiales des notes pour désigner les notes. Ce qui permet, lors des apprentissages et des répétitions des chants de « solfier » les mélodies avec les notes. C’est à dire qu’on chante la chanson mais au lieu des paroles, on lit les notes « do-mi-sol-la-sol-mi-do ». Avec un peu de connaissance musicale, vous auriez lu « do-mi-sol-la » en chantant avec les bonnes intervalles. Si vous voulez comprendre ce qu’est le Tonic Sol-Fa, rendez-vous au dernier paragraphe de cet article de Cosmovisions, ou sur Wikipédia en anglais. Juste, il faut noter qu’on lit le tonic en appelant do le premier degré d’une gamme majeure du Ton du chant ou du morceau (exemple, si le ton est G (sol) , sol devient do, la devient ré, si devient mi, etc.).

Le Tonic Sol-fa est très utilisé à Madagascar. Héritage des enseignements musicaux prodigués par les missionnaires anglais, le Solfa prime par sa facilité d’écriture et de lecture. Sauf erreur de ma part, tous les recueils de cantiques de toutes les églises chrétiennes malgaches sont publiés en Sol-fa. La majorité des chœurs l’utilisent pour leurs partitions.

Donc, quand vous assistez à une répétition de la chorale, la plupart du temps, la méthode pour apprendre un nouveau chant est souvent la même. Le chef de chœur distribue des partitions en solfa. Les membres de la chorale commencent à chanter en lisant les notes jusqu’à maîtriser la mélodie et les ornementations et c’est à la fin qu’on chante avec les vraies paroles.

Donc, pendant des minutes ou des heures, vous entendez les sopranos, qu’on appelle 1ère voix à Madagascar, les altos, 2ème voix, ténors 3 et basses 4 y vont de leurs « do-mi-sol-la-sol-mi-do », « sol-do-mi-fa-mi-ré-do », etc. Forcément, vous entendez, par hasard, des « mots français » ressurgir comme do-do, mi-mi, ré-mi, la-mi, la-so, la-fa-mi, la-sol-do-mi…

Pour solfier en tonic, et pour mieux comprendre les prononciations, voici comment on prononce chaque note:

  • d (do) : [do]
  • di (do dièse) : [di]
  • r (ré) : [ré]
  • ri (mi bémol) : [ri]
  • m (mi) : [mi]
  • f (fa) : [fa]
  • fi (fa dièse) : [fi]
  • s (sol) : [so]
  • si (sol dièse) : [zi]
  • l (la) : [la]
  • ta ou li (si bémol) : [ta] ou [li]
  • t (si) : [si] ou [ti]

Déjà, avec les dièses et bémols, vous avez identifié d’autres mots français possibles comme ti-ti, zi-zi, so-fi, ri-do. Alors, il est temps de citer, aussi, quelques mots en malgaches et leurs significations.

mi-la (mila) : a besoin de
so-si-si (saosisy) : saucisses
fa-la-fa : maison en branches et feuilles de l’Est de Madagascar
ta-la-ta (talata): Mardi
ré-ri (‘rery): seul
mi-fa-di (mifady): éviter (comme un tabou, ou pour respecter une privation,  un régime)
di-fi (dify) : disparu de la vue, derrière un croisement par exemple
fi-di (fidy) : le choix
fa-ri (fary) : canne à sucre
fi-ri (firy) : combien
ta-ri (tar`y) : là-bas (au passé)
di-di (didy): la loi
di-mi (dimy) : cinq
do-mi (domy) : dominos
etc.

Puis, de temps en temps, au gré des mélodies, on peut même entendre quelques mots argotiques comme :

sol-la-fa (solafa) : la bonne
ta-ri ou ta-si (tary ou taz`y) : le gars
… ou peut-être d’autres qui ne peuvent pas être reportés ici.

Bien entendu, aucun compositeur n’a jamais fait exprès d’écrire une mélodie en pensant à ce que cela signifierait en Solfa-Tonic dans la langue malgache. Du genre :

|: :m.l:m.d|d:-:m.l:m.d|d:-:r.f:m.d|d:-:r:-|ri:-:-: |di:-:-:-| dia tohizo*

ou

|s:l:f|-:-:-|m:l:s|t:t:-|-:-:| dia tohizo*

*Blagues pour musiciens malgaches

 

Mais tant que les chorales malgaches l’utilisent, le Sol-Fa Tonic a encore de beaux jours devant lui. Et ce n’est pas plus mal.


Top 5 des allégories dégoutantes dans les chansons d’amour d’Erick Manana

Voici 5 extraits des textes avec les clips, une manière de vous partager 5 superbes chansons de cet immense artiste.

Erick Manana est l’un des chanteurs malgaches les plus aimés et les plus célèbres à Madagascar et dans le monde. Les paroles de ses chansons sont très poétiques; tellement faciles à mémoriser mais quand on écoute bien, c’est quand même assez cru.

Commençons léger avec Ampazahoy. La chanson est une mise en garde à son amoureuse parce qu’il a peur d’être séduit par une autre. Elle commence par :

Ampahazahoy ilay orokao matsiro Donnes-m’en de ton succulent baiser
Fa ny foko mitady hanelatra Car mon cœur veut s’envoler
C’est assez léger, mais matsiro est un vocabulaire malgache  utilisé essentiellement pour la nourriture. On n’a pas trop l’habitude de comparer un baiser avec la nourriture.

Continuons avec les allusions à la nourriture. La chanson Tsy afa-bela raconte qu’il n’arrive pas à se défaire de l’emprise de l’autre. Vers la fin, on a ce texte :
Raha sendra misy ambiny S’il y avait des restes
Dia mba hamelao ahy ho fitia Laisses en pour moi par amour
Na sisa latsaka an-dovia Même des miettes tombés de l’assiette
Dia ataoko ho ampy ahy satria pourront me contenter car
Tsy afa-bela aminao je ne peux pas me défaire de toi
Hatrizay ka hatrizao… depuis toujours et jusqu’à ce maintenant
On parle d’amour et c’est très misérable. Un amour de SDF. Dans la vie de tous les jours, est-ce qu’une femme aimerait un homme (et vice versa) qui « mitsindroka » ramassent les miettes sous la table?

Il y a pire dans l’adaptation de « Ne me quittes pas » Aza ilaozanao quand il met en musique une expression malgache qui signifie pardonnes-moi :

Milela-paladia e, tena handohaliako! Je lècherai la plante de tes pieds, je me mets à genoux
Aza hilaozanao, aza hilaozanao Ne me quittes pas, Ne me quittes pas

https://www.youtube.com/watch?v=XwIVfTv0wac

Le refrain de Mitsonika aminao n’est pas dégoutant quand on comprend que c’est une image. Mais pris au premier degré, c’est un film d’horreur

Mitsonika aminao e! Il te fond dessus
Ity foko lasanao Lala ô ! Mon coeur que tu a pris ô chérie!
Mitsonika aminao e!  Il te fond dessus
Miraradraka  Il tombe en lambeaux
Tsisy fanafany a! Il n’y a pas de remède
Fa raofim-potsiny! Il se ramasse!

Finissons avec la série des maladies de la peau. Izay ratranao dia feriko :

Izay ratranao dia feriko C’est ta blessure ma plaie.
Takaitranao no aretiko ton handicap ma maladie

Difficile d’imaginer, même un Francis Cabrel chanter une déclaration d’amour avec ces mots, mais en malgache, ça marche.

L’amour comme blessure qu’il faut soigner est un thème récurrent des chansons d’amour malgaches. Chez Erick Manana, on le retrouve aussi dans Maloya  :

Mba ento misidina Emmène-moi dans ton vol
Misy ratra tsy sitrana J’ai une blessure non guérie

Pour la dernière chanson, il n’y a pas de vidéo d’Erick Manana mais ce gaucher n’est pas si mal non plus. Fitiavana Kely parle d’un petit amour qui s’incruste, qui ne veut pas disparaître, comme une petite chose qui chatouille, un rhume qui donne envie d’éternuer, etc. Dans la 2ème strophe, la comparaison est des meilleures :

Maso miherika foana, Les yeux qui se retournent sans cesse
Tsiky niantefa tsy fidy  Un sourire adressé par hasard
Eritreritra sendra tsaroana  Une pensée qui revient soudainement
Toa votsy mampangidihidy. Comme une verrue qui gratte

Oui, ton amour est ma verrue, quoi! Voilà comment on doit chanter l’amour façon Erick Manana. Mais on aime!!!

 

 


Grandir à Antsirabe, l’association, est passée à la télé française

Ce n’est pas un scoop mais je tiens à communiquer dessus. En fait, on m’a demandé de de communiquer dessus. et j’ai accepté, bénévolement. Le bénévolat, l’entraide, le don, il n’y a que ça de vrai. L’association « Grandir à Antsirabe » y sait quelque chose

Donc, je ne suis pas le premier blog malgache à relayer cette information. On l’a déjà, succinctement, vu sur le blog de Madagascar. De jeunes touristes français seraient venus à Madagascar pour construire une école.

L’information ne m’a pas trop emballé, au début. Le titre est sensationnel, certes, mais c’est souvent le cas sur ce site qui s’appelle aussi blog. Il y en a de plus en plus de sites de ce genre, actuellement, sur la place. On sent qu’il y a une équipe derrière (ou un gars qui est à 100% de son temps sur internet) et comme elles parlent d’actualités, on penserait à des sites d’informations. Mais en même temps, elles s’appellent blogs et sur certaines, les articles ne sont même pas signés. Et puis, les articles sont souvent sur des buzz locaux ou internationaux, vérifiés ou pas, et les titres sont trop bien choisis. Elles ne peuvent pas être considérées comme journalistiques.

De jeunes français viennent à Madagascar pour construire une école, c’est cool!!! On visionne le reportage et on ne peut qu’applaudir.

 

https://www.youtube.com/watch?v=y_cOa-SamWI

 

Mais voila! Une amie me contacte et me demande d’écrire un article parce que leur association est passée à la télé. Moi, je ne peux pas faire mieux que d’autres sites et journaux qui, en plus ont des pages Facebook sponsorisées. Mais elle me flatte un peu, moi et Lay Corbeille et puis c’est pour la bonne cause, et j’ai accepté.

Elle m’envoie plein de liens. Je consulte les sites et j’essaie de comprendre. D’abord, il y a l’association Grandir Ailleurs, en France qui fait partir de la fédération des associations « Grandir A ». C’est elle qui soutient une association antsirabéenne qui s’appelle Grandir à Antsirabe. Donc, la page Facebook « Grandir à Antsirabe », est en fait la page de cette association. Je croyais que j’étais invité à « liker » cette page à cause des quelques mois que j’ai passé dans la Ville d’Eau dans ma jeunesse. Encore une page « aimé » depuis des mois sans savoir ce que c’est.

Et « Grandir Ailleurs » possède comme partenaires les agences de voyages Grandir Aventure qui organise des voyages solidaires pour les jeunes comme dans le reportage et Grandes Latitudes qui organise aussi des séjours solidaires mais pour adultes et familles et l’association SAKAFO de Montpellier. Grandes Latitudes possède aussi un blog sur Madagascar. Un blog qui est à la fois guide touristique, promoteur de la destination Madagascar et vitrine des actions des associations. Ces associations reposent sur des membres, des entreprises partenaires,  d’autres associations qui ont d’autres membres et qui sont aidées par d’autres entreprises et associations, etc, etc. Tiens, Grandes Latitudes est aussi en partenariat avec une entreprise qui est une filiale du groupe pour lequel je travaille. « Ah que le monde est petit ».

Grandir à Antsirabe œuvre depuis 10 ans sur 4 fronts : la protection des enfants des rues, l’appui aux infrastructures pour l’éducation comme la construction d’école dans le reportage, renforcement des capacités de la Société Civile et activités génératrices de revenues.

Je dis à mon amie que moi, aussi, avec quelques amis, on a une utopie de créer un orphelinat idéal. Sans me décourager, elle me cite les difficultés d’une telle entreprise et me raconte quelques expériences pendant ces 10 ans d’activités à Antsirabe. Elle me dit qu’il faut surtout des fonds, beaucoup d’argent, si c’est un orphelinat. Grandir à Antsirabe se focalise surtout sur la protection des enfants de rues et sur les infrastructures scolaires, activités qui nécessitent, relativement, moins de fonds. Et pourtant, il faut toute la machinerie que j’ai expliqué ci-dessus pour faire survivre l’association. Et même, ils sont souvent en difficultés, tellement il y a à faire.

Je la comprends, alors d’en venir à quémander un article à un pauvre blogueur non sponsorisé pour parler de son association. Remarque, je l’aurais peut-être fait, tout de suite, si je savais que derrière la page « Grandir  Antsirabe » que j’ai « liké » par erreur, il y avait des gens formidables qui aident des enfants à avoir une vie meilleure. Le reportage télévisé est, certes, une bonne occasion pour faire de la communication mais avouez-le, elle met plus en avant les jeunes français qui se sacrifient pour les pauvres malgaches. On entend une seule fois « ONG locale ». Mais, à mon avis, ce n’est pas trop tard pour commencer à en parler et à aider cette association et tant d’autres qui travaillent dur pour sauver Madagascar.

De plus, le concept de séjour solidaire me semble très intéressant, si on aime l’aventure. Mais, on peut choisir autre chose selon ce qu’on peut faire : prier, envoyer des dons, faire du parrainage, faire du bénévolat, quitter tout et la jouer à la mère Thérésa ou Père Pedro. Très peu de chose, en fait, mais qui peut faire du bien à la société. Et comme il est dit dans le reportage, la récompense c’est le sourire qu’on met sur un visage d’enfant, la fierté qu’on redonne à un jeune, à une mère, à un père. Pour peu qu’on soit croyant, on sait qu’une bonne action est aussi s’amasser un « trésor inépuisable dans les cieux » Luc 12:33.

Donc, Grandir à Antsirabe :

Adresse : Lot 20B30 Avaratsena, Antsirabe 110 Madagascar
Téléphone : +261 20 44 496 40
Mail : contact@grandira.org

 


Top Musique : Tour du monde des mélodies pathétiques (de ma playlist)

Pas d’article aujourd’hui, pas de blague non plus. Je veux juste, encore, partager 10 mélodies de ma playlist. Le thème c’est « tour du monde des musiques pathétiques ».

Pathétique, qui se définit comme « suscitant l’émotion », est souvent, dans la musique, synonyme de triste mais pour moi, cela peut aussi être encourageant, exaltant, fier.

Pour la présentation, je vais ajouter des commentaires, des explications ou de l’historique sur les chansons ou les mélodies pour améliorer notre culture même si ces chansons sont déjà des plus connues. Je mettrai toujours le lien vers Wikipédia et j’ajouterai mon histoire personnelle.

Afrique du Sud

Première destination, c’est l’Afrique du Sud. Nkosi Sikelel iAfrica (Dieu sauve l’Afrique) est un chant religieux qui est ou a été un hymne panafricain et hymne nationale de plusieurs pays africains dont l’Afrique du Sud, la Namibie, Zambie, Zimbabwe, etc. Les paroles disent « Dieu bénisse l’Afrique et qu’il bénisse ses enfants ». Et je dis Amen.

Compositeur : Enoch_Sontonga

Le refrain de cette chanson est aussi passe-partout. Donc, j’entendais des chansons évangéliques ou profanes avec le même refrain laaala la la laaa la. Et ce refrain est toujours, musicalement, « incontestable ».

Algérie

Direction le Nord, vers l’Europe, mais petite escale en Algérie. Cette chanson Ya Rayah est devenue mondialement connue avec cette version de Rachid Taha, aussi bande originale du film Sheba Louisa.

Compositeur : Dahmane El Harrachi

Cette mélodie, inscrite au panthéon de la musique algérienne, est pour moi, la chanson arabe lorsqu’on me demande d’en citer une. Je n’en connais pas beaucoup, en fait. Je sais bien qu’il y une infinité de styles, de rythmes dans cette partie du monde mais quand on me parle de musique arabe, c’est la première mélodie qui me vient à l’esprit. Ma connaissance musicale de cette région est encore trop pauvre, pour le moment.

La chanson décourage à émigrer « Oh où vas-tu ? Ne te presses pas, tu reviendras comme tant d’autres ignorants avant toi, avant moi, sont revenus« . C’est peut-être vrai. Ce qui ne nous empêchera pas de continuer notre tour du monde. Prochaine destination l’Europe.

Europe

Facile d’évoquer l’Europe avec l’hymne à la joie. C’est l’hymne de l’Union Européenne. Mais cette chanson a une longue histoire. Le texte est un poème de Friedrich von Schiller. La mélodie aurait hanté Beethoven des années avant qu’il ne l’érige en point d’orgue de sa plus belle œuvre et monument le plus grand, à mon sens, de la musique classique : sa 9ème Symphonie.

Compositeur : L. V. Beethoven

Mon premier contact avec cette mélodie date de mon année de flûte à bec à l’école. Tuut tut tut tuuuut tut tut tut tut…J’avais 8 ans. Je voulais faire de la musique malgré ma syndactylie. J’avais raison de persévérer. Il ne faut pas trop écouter des nocturnes de Chopin quand on est triste; surtout pas la surnommée  « Tristesse »,  on risque de se suicider. Avec Beethoven, Monsieur Pathétique, lui-même, la vie est triste mais il y a toujours de l’espoir au bout.

 

Russie

Célèbre chanson traditionnelle russe et probablement la plus célèbre. Sa mélodie a aussi accompagné le mondialement connu Tetris, le jeu de briques. Elle contiendrait des jeux de mots qu’on ne peut pas tous traduire. Je ne sais pas vous, mais moi, cette chanson me donne envie de danser, de sautiller de plus en plus vite. Ah oui, c’est parce que le tempo accélère, je me disais aussi.

Compositeur : Ivan Petrovitch Larionov

Mais je n’ai pas découvert Kalinka avec Tetris. J’avais la télévision soviétique pour cela. Non, on avait la télévision nationale malgache qui diffusait des émissions soviétiques, nuance !

Inde

https://www.youtube.com/watch?v=p6JrW8e-FP0

Je n’ai pas l’enregistrement du morceau que je voudrais partager. C’était un Achyutam Keshavam chanté par une prêtresse indienne à la télé mauricienne.C’est une salutation à Krishna, une divinité hindoue.

Compositeur : inconnu

Cela faisait : « Achyutam Keshavam, mmmmmmh, Krishna Mamodaram et un chœur reprenait derrière. J’étais scotché à l’écran, salivant de jalousie devant cette mélodie païenne, envoutante et émouvante. Je ne comprenais rien d’autre que « Krishna » dans les paroles. En mélomane que je suis, c’est la mélodie qui m’intéressait et celle-ci m’aurait presque donné envie de me convertir.

Chine

La Lune se reflétant dans la seconde source, Erquan Yingyueest un célèbre morceau de musique chinoise. Il a été sauvé de la disparition totale grâce à un enregistrement un peu avant la mort de son compositeur, artiste de rue aveugle du début du XXème siècle..

Compositeur : Abing

C’est le Erhu qui m’a conduit à cette mélodie. L’instrument, en lui-même est déjà très parlant et peut imprimer ses émotions dans notre tête et notre cœur quand il est bien manœuvré par l’artiste. En visionnant plusieurs vidéos de démonstration de l’erhu, j’ai remarqué des phrases (musicales) qui se répétaient souvent. Puis, j’ai découvert qu’il s’agissait d’extraits d’Erquan Yingyue. Et c’est ainsi que j’ai découvert la musique d’Abing. Dire qu’il y a, comme ça, des génies de la composition qui disparaissent avec leurs œuvres sans avoir eu la reconnaissance de leurs vivant.

États-Unis

https://www.youtube.com/watch?v=V_Epgq1NpM4

Believe it or not. La Bande originale du jeu Lucky Luke sur Playstation est un de mes albums préférés. Alors, même si Lucky Luke n’est qu’un personnage de bande dessiné Franco-Belge, j’ai trouvé dans ce jeu un morceau pour résumer la musique nord américaine. « Indian Desert » accompagne une épisode du jeu avec des indiens. C’est un mélange entre un « supposé » chant amérindien et des instruments de country.

Compositeur : inconnu

J’ai découvert que le CD du jeu était gravé comme un CD audio. Je l’ai ,donc, inséré dans mon lecteur CD. En ce temps-là, les lecteurs n’étaient pas passe partout comme aujourd’hui.

La country music est déjà vouée à être triste, à parler de choses tristes, avec ses ballades et ses valses. Même le bluegrass peut-être mélancolique. Mais avec un chant de peaux rouges dessus, c’est effectivement, très troublant. On a du mal à se mettre à la place des indiens, les méchants des westerns et les vaincus, les massacrés. L’indien était-il vraiment le méchant?

Amérique Latine

Il y a en Amérique latine des musiques par pays mais c’est aussi là-bas que la musique a le moins de frontière, à mon avis. Ainsi, j’ai choisi un brésilien qui chante en espagnol, un choix par défaut car j’aime beaucoup de mélodies sud américaines.

Compositeur : Carlos Babr

C’est le Bossa Nova que je préfère de toutes les rythmes latino. C’est en écoutant ces chansons que j’ai découvert Pecado. Là aussi, il est interdit de l’écouter au crépuscule, seul au bord de la falaise, face à la mer en se remémorant ses déboires amoureuses.

Jamaïque

 

 

Pour repartir vers Madagascar depuis l’Amérique Latine, sans passer par L’Océanie, qui m’est complètement étranger en terme de musique, faisons une escale dans une île. L’Australie? c’est de la musique aborigène, que j’ai jamais entendu ou de la musique anglaise. Un continent musical, à elle toute seule, est la Jamaïque, berceau du reggae. Mais à part Bob Marley, j’écoute surtout du Ragga.

Compositeur : Damian Marley

C’est un fils à Bob Marley qui dépeint, ici, Jamrock, une île loin d’être paradisiaque. Ce n’est pas seulement une peinture, c’est un scan 3D. On n’a pas besoin du clip pour comprendre et pour sentir l’oppression, la tristesse et la rage que ressent quotidiennement un jamrockien. Cela me rappelle Dakar et les autres bas quartiers d’Antananarivo. C’est dans une île touristique mais ce  n’est pas la plage, du tout.

Madagascar

Les chansons pathétiques à Madagascar, surtout si elles datent un peu, son pléthores. Le « sad end » étant une marque de fabrique de l’art littéraire malgache (livres, théâtre, poèmes et paroles de chansons). Cette chanson parle d’une personne qui veut rejoindre son amoureux(se) loin d’elle mais qui ne le peut pas. Elle va donc emprunter tour à tour une mélodie sifflée, les couleurs des nuages et le vent pour être avec lui (elle). J’ai déjà posté une traduction de cette superbe chanson dans un autre blog.

Compositeur : Tselonina

J’aime la musique de Tselonina depuis le temps qu’il chantait avec et composait pour Mireille (une chanteuse malgache célèbre dans les années 1980). Ces chansons sont aujourd’hui, presque toutes, devenues des classiques dans les répertoires des artistes et des salles de karaoké mais surtout chez les gars qui grattent la guitare au coin de la rue, sur la clôture.

 

Voilà, notre liste de 10 mélodies pathétiques parmi les centaines de morceaux que j’écoute régulièrement est finie. Cela m’a permis de faire un petit tour du monde. J’espère que vous avez voyagé avec moi. À une prochaine fois.


A Madagascar, le changement c’est que c’est plus cher

J’ai enfin compris comment ça marche dans ce pays. Le changement, c’est que les prix augmentent.

En matière de transport, ce n’est pas que les voitures deviennent plus confortables ou qu’il y ait moins d’accidents. C’est juste que les frais augmentent.

Vous me direz que c’est à cause du carburant dont le prix à la pompe augmente. Mais il faudra, d’abord, me réexpliquer pourquoi lorsque le baril atteint des records en terme de baisse de son prix, l’essence et le gasoil augmente sans cesse. Ou bien, c’est juste pour suivre la logique.

La logique fait que lorsque le prix de l’essence augmente, le prix de toutes les marchandises aussi augmente en même temps. Pas sur le prochain stock mais vraiment en même temps. C’est logique. L’inflation, est devenu une vraie logique des choses pour bien faire à Madagascar.

Par exemple, on veut lutter contre la pollution par le sachet en plastique. On a voté une loi qui les interdit. La loi a été communiqué à grand frais dans les médias. Finalement, il y en a toujours autant, seulement, ils coûtent 100 Ariary de plus.

C’est comme le parking. Aujourd’hui, ils sont gérés en centre ville d’Antananarivo par une entreprise privée. Alors, le centre ville est toujours un immense parking avec plein de vendeurs à la sauvette et il y a toujours de plus en plus d’embouteillage mais seulement  une place est beaucoup plus cher.

Vous vous dites peut-être que je dis n’importe quoi. Mais regardez votre facture d’eau et électricité. Qu’est-ce qui a vraiment changé? Les délestages sont toujours là, avec les conséquences que cela a sur les appareils électriques. Il est toujours aussi ardu de raccorder sa nouvelle maison au réseau. Ce qui a changé c’est que la facture a fortement augmenté.

L’électricité et le gaz étant trop chers, on a voulu revenir au charbon de bois. Le charbon de bois malgache est toujours cette matière noire, salissante, un vrai gâchis environnemental qu’on achète en sac ou à la louche. Seulement, le prix est devenu très élevé. Les rumeurs sont nombreuses : certaines disent que les paysans ne veulent pas en produire car ils moissonnent et qu’ils ont de l’argent. D’autres disent qu’il y a des spéculateurs qui stockent le charbon quelque part. Il y en a même qui disent que les chinois exportent tout le charbon depuis la source.

On entent parler des chinois partout. Ils achèteraient tout. Ce qui est sûr, c’est qu’ils vendent aussi beaucoup. Mais pour leurs centres commerciaux, ils ont déjà annexés tout Behoririka, Tsiazotafo,des parties Analakely, Ankadifotsy et Tsaralalàna. Et la perception des malgaches des ces chinois n’est pas très bonne surtout avec l’affaire de la mine d’or de Soamahamanina que des chinois veulent exploiter aux dépens de la forêt unique de tapia abritant les vers à soie de la célèbre soie malgache. On avait toujours des chinois à Madagascar mais ceux là sont exorbitants.

Peut-être qu’ainsi va la vie. Rien ne deviens plus facile. La qualité n’est jamais bon marché. Le luxe appelle le luxe. La fin du monde approche, etc, etc. Mais ce qu’on oublie souvent, c’est que mon salaire lui, ne suit pas la même logique. Alors, augmentez chers prix, frais, dépenses, impôts, mais laissez-moi et mes enfants manger à notre faim et partagez-vous le reste. Ce reste, lui, n’augmentera pas.


Nouvelle loi sur la communication : ce que ça va changer aux blogs malgaches

L’article 20 du code de la communication vient d’être adopté par l’Assemblée Nationale malgache. Désormais, tout va changer dans les blogs malgaches.

Pour rappel, cet article dit que la diffamation et l’injure à l’envers « les corps constitués, les cours, les tribunaux, les forces armées nationales ou d’un État, les administrations publiques, les membres du gouvernement ou de l’Assemblée parlementaire, les fonctionnaires publics, les dépositaires ou agents de l’autorité publique, les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou permanent, les assesseurs ou les témoins en raison de leurs dépositions », bref tout le monde et pas n’importe qui est désormais passible de poursuites et de condamnation au pénal.

Même si les journalistes sont les premiers concernés par le code de la communication, il est clair que la cible pour son application est facilement étendue à … tout le monde, du blogueur au membre des réseaux sociaux de part leurs publications sur internet.

« Diffamation » et « injures » étant des termes très subjectifs, on pense que les blogueurs vont devenir très prudents. De ce fait, on ne verra plus jamais dans les blogs malgaches :

  • des rumeurs totalement utopiques selon lesquels untel aurait acheté un avion ou untel aurait annexé un terrain ou untel aurait des connexions avec des trafiquants internationaux pour exporter bois de roses, autres bois précieux ou animaux rares et en voie de disparition.
  • des rumeurs fondés ou pas mais de toutes les façons sans preuves sur un pseudo tueur en série qui écrase les têtes de ses victimes à coup de bois rond ou de moellon et qui serait commandité par untel pour des rites vaudou; sur certaines personnes qui dicteraient tout au dépens de leurs conjoints; sur quelqu’un qui serait en cavale de polichinelle sur une île mais qui resterait invisible aux radars.
  • des graves insultes du genre : « espèces de cons », « bande de singes »,  » sans cervelles », etc.
  • des insultes plus imagées comme « vous n’êtes que des raclures », « tu n’es qu’un faux-cul », etc.
  • d’autres avec plus de sous-entendus comme « achetés », « vendus », « girouettes », « prostitués » etc.
  • et si on n’a pas la preuve ou le diagnostic médical nécessaire, on ne pourra pas dire : « vous êtes un menteur », « vous êtes un voleur », « vous êtes incompétent », « vous êtes nuls », « on est pauvres », « on a été baisés », etc.
  • On ne pourra plus utiliser des surnoms péjoratifs comme « beloha », « betay », »bekankana », etc.
  • Et les surnoms malgaches étant plus inspirés que cela, on aura peur d’utiliser hors contexte, même des noms communs, des noms d’objets comme : ressort, apache, écrevisse, ananas, pont, lapin, etc.

A partir de ce jour, les blog malgaches, mêmes les status facebook ou twitter et tout l’internet malgache vont devenir plus propres, aseptisés, inodores et incolores sauf si, des personnes mal intentionnées osent sortir de chez eux, se déguiser et aller dans un cybercafé pour ouvrir des comptes fictifs avant de braver la loi comme des malpropres. Ou bien, ou bien, d’autres malgachophones ou même utilisant d’autres langues mais habitant l’étranger et utilisant des serveurs hébergés à l’étranger se mettent à copieusement injurier « les corps constitués, les cours, les tribunaux, les forces armées nationales ou d’un État, les administrations publiques, les membres du gouvernement ou de l’Assemblée parlementaire, les fonctionnaires publics, les dépositaires ou agents de l’autorité publique, les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou permanent, les assesseurs ou les témoins en raison de leurs dépositions » et que, par malheur, les pages web deviennent accessibles depuis Madagascar. Ou bien, encore, certains, ayant de l’argent à jeter par la fenêtre osent diffamer et injurier et payer l’amende après. Il ne manquerait plus, alors, qu’on vienne chez vous avec le montant nécessaire déjà en poche pour vous insulter.

Pour ma part, « les corps constitués, les cours, les tribunaux, les forces armées nationales ou d’un État, les administrations publiques, les membres du gouvernement ou de l’Assemblée parlementaire, les fonctionnaires publics, les dépositaires ou agents de l’autorité publique, les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou permanent, les assesseurs ou les témoins en raison de leurs dépositions », peuvent être tranquilles. Jamais je n’oserai dire du mal d’eux. Et j’en profite pour préciser que ce texte a été rédigé pour information pure et simple. Toute ressemblance avec une personne, morte ou vivante, ne peut être que fortuite. Si jamais un RAKOTONDRABE Untel Gérard ou une RAKOTONAIVO Personne Sophie existent, ce n’est pas du tout d’eux que je parle.

Et puis, m***, vous savez bien que je suis pas un p*** de diffamateur ou d’injurieux. Et si je dis la vérité, de quoi on me condamnerait?

 


Je vous l’avais bien dit !

Un tweet d’un ami m’a fait comprendre que certains de mes articles avaient 2 ans d’avance sur leurs temps (dont l’article 20).

Revenons ensemble en 2014 avec la machine à voyager dans le temps de Lay Corbeille.

Cybercriminalité

Oui, ceux qui pensent que l’article 20  du code de la communication est une invention toute nouvelle, relisez mon guide humoristique ou l’article d’Andriamihaj. Ces 2 articles datent bien de 2014. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps? On a oublié le sujet jusqu’à ce qu’aujourd’hui, l’Assemblée Nationale l’examine et l’adopte surement.

Pas de panique! Mon guide vous permettra d’éviter la prison. En attendant, profitez de vos derniers instants de liberté pour rire d’une robe à l’ananas, ou de chaussures à ressorts.

Terrorisme

C’est lors d’un rassemblement à Mahamasina qu’une bombe a explosée, faisant morts et blessés. Ce n’est pas seulement une info de juin 2016, c’est exactement l’article de janvier 2014 dans lequel j’ai fait l’analyse que les dirigeants, élus démocratiquement, faute de mieux, avaient peu de temps pour conquérir le cœur du peuple, de l’armée et même de ses adversaires. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps? On a oublié l’incident et on est revenu aux méthodes habituelles et à la crimogène.

Insécurité

On m’a lancé des pierres virtuelles et quelques fleurs toutes aussi virtuelles quand j’ai fait un coup de gueule jugé péjoratif sur l’insécurité à Madagascar. Je parlais de dahalo, d’agressions en tous genres. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps ? L’insécurité augmente et c’est vécu comme une fatalité. La vie s’endurcit, dit-on par philosophie.

Par jeu, je pourrais vous citer d’autres sujets d’articles de Lay Corbeille de 2014 ou d’avant et nous trouverons que certains sujets sont toujours d’actualité. On trouvera que c’est normal. Les choses de la Terre vont et viennent ou tournent comme roue de la fortune, les saisons, la mode. On peut même être plus pessimistes et dire que la vie va en s’endurcissant ; que la « fin du monde » approche. Pourtant, je pense que le vrai problème des Malgaches c’est de trop vite oublier. Un sujet, un fait divers nous passionne, on en fait des articles de presse, des articles de blogs, des sujets des journaux radio et télé, des sujets de forums ; même dans la rue, dans les bars, dans les bus, on en parle et après, sans qu’une action ne soit menée au bout, on oublie jusqu’à la prochaine fois.

Iles éparses, Parking à 500 Ariary, agressions au bois rond clouté, accidents de taxi-brousses, attaques de dahalo, incendies criminelles, pillages, mines à ciel ouvert, trafic de bois de rose, trafic de tortues, viande de lémuriens, coupeurs de route, attaques à main armée, meurtres, open sky, domestiques tuées au Koweit et au Liban, grenade à gauche, bombe artisanale à droite, ambalavelona.

Dites-moi pour chacun de ces sujets, qu’on entend depuis 2014, lesquels ont connu un dénouement, du genre : les coupables sont arrêtés, les problèmes résolus, les accords trouvés, les cas disparus, la vérité dévoilée. Ce que l’on voit c’est que les suspects ont été relâchés, les autorisations renouvelées, les décisions entérinées.

Les Malgaches réagissent bien sur Twitter, Facebook ou sur les forums de moov, les réseaux sociaux qui sont assez animés à Madagascar. Ce ne sont que des feux de paille qui sont quand même brûlants.

Le fameux Code de la Communication

Justement, l’article 20 du code de la communication, est, à mon avis (en 2014) une preuve que les dirigeants ont conscience de la force qu’internet peut avoir. C’est nous, internautes malgaches qui ne sommes pas encore prêts à user de ce pouvoir. Le noir de l’image à la une de cet article est mon ralliement au noir et blanc des journaux malgache d’aujourd’hui qui manifestent contre cette loi anti-libertaire. Je ne suis qu’un blogueur et, avec mon humour, je suis menacé par cet article sans avoir, comme les journalistes, une entreprise ou un rédacteur en chef pour me protéger.

Une victoire de la liberté, ce serait le retrait pur et simple de cet article. Pour cela, il ne faut pas oublier. Ceux qui ont posté ou partagé un statut d’indignation sur Facebook un jour, qu’ils ne pensent pas que cela suffise et que le jour suivant ils peuvent revenir aux poèmes, aux jeux VS, et aux collages. N’attendons pas que moi, vous, ou un autre devienne un exemple et pourrisse en prison après une phrase anodine publiée pour faire peur à tout le monde avant de se dire que oui : « Lay Corbeille l’a déjà dit ».

Et puis, c’est pareil pour tous les problèmes de Madagascar. N’enfouissons pas nos têtes dans nos plumes comme les autruches pour devenir invisibles. Cela ne marche que dans le désert quand il fait très chaud (c’est ce que font les autruches mais pas s’enfouir la tête dans le sable comme dans les dessins animés). Bref, prenons nos problèmes à bras le corps et n’abandonnons pas avant d’avoir été vaincus. Qui sait, on peut aussi vaincre, des fois.


Le lay

Il y a 3 ans, au début de ce blog, je vous ai expliqué le mot « ‘lay » en malgache, dans le nom de ce blog. Notre blague du jour c’est la mauvaise utilisation de « lay » chez les malgaches.

« Ilay » que l’on contracte en ‘lay dans le parler est un pronom malgache pour désigner quelqu’un ou une chose dont on a déjà parlé auparavant. Par exemple  : quel est ce blog malgache de mondoblog qui fait des articles d’humour ? C’est Lay Corbeille.

Dans le parler, ‘lay se prononce « lé » comme « les » en français. Et comme « e » se prononce toujours « é » en malgache, le ou les sont la même chose. De l’autre côté, ilay peut aussi se prononcer comme la-i avec le i muet. De ce fait, il y a souvent des malentendus entre lay et le ou les ou la. C’est pour ça qu’il y a des enfants ou des grands qui vous annoncent des noms inédits en cours de conversation et si vous ne faites pas attention, vous ne comprenez pas. Voici juste quelques exemples :

 

Lay tchi : fruits tropical rouge

  • Mamy ve ‘lay tchi?
  • Est-ce que les tchis sont sucrés?

Litchi_chinensis_Luc_Viatour

Lay crimogène

Déjà explicité en détail icigaz lacrymo

Lay vothyrox : molécule pharmaceutique

  • Nety taminao ve ilay Vothyrox?
  • Est ce que Lay vothyrox a amélioré ton état?

levothyrox

 

Lay ggins : un vêtement

  • Manendrika anao ‘lay ggins
  • Lay ggins te vont bienleggins

Lay Onardo : une star

  • Bogosy kosa ‘lay Onardo DiCaprio an!
  • Il est beau gosse ‘lay Onardo DiCaprio

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Voilà, maintenant, si vous n’arrivez pas à comprendre un nom dans une phrase d’un malgache, comme : « c’est où Lay Sotho? » ou  « C’est qui Lay Nine? » essayez d’ajouter un article devant.

 


Le complot chinois

Y-a-t-il un complot chinois pour pervertir les enfants malgaches? La photo va vous faire réfléchir.

On a souvent des discussions sur des jouets chinois qui inondent le marché malgache en disant qu’ils sont fragiles, bizarres, voire dangereux. Et si c’était un complot pour détruire les enfants malgaches? Ou est-ce juste une mauvaise blague entre un fabricant et son interprète excédé :

– Comment on dit Niù en français?
– Vache… et il t’en reste combien de noms de bêtes comme ça?
– Écoutes, on va vendre ce livre pour enfant à Madagascar et on est encore à la page 2 et c’est moi qui te paies alors arrêtes de râler mais dis-moi comment on dit Mã en français
– Cheval, mais je n’ai pas que ça à f***, bordel! Je suis diplômé en lettres françaises, moi. Donnes-moi un texte ou un livre pour adulte sinon je fais plus rien
– Et m***, t’arrêtes un peu tes conneries, non? Sseval, c’est ça non? Maintenant, c’est quoi un Gōngjī et que ça saute!
–  C’est :
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– T’es sûr? gloss quoi? Et pourquoi c’est en 2 mots
– Bah un Gōngjī, ça a toutes les femelles pour lui tout seul, c’est pour ça qu’on l’appelle « roi de la basse cour », et en français ça veut dire gr*** bi***!