Eli

De l’obligation d’esquiver les go sexy de Lomé en décembre

Décembre, c’est un mois de fêtes et la timide ambiance qui règne actuellement à Lomé prête à croire que les Togolais dans leur situation économique morose n’ont pas le cœur à la fête. Tant s’en faut. Les gens tirent peut-être le diable par la queue, mais font de drastiques économies pour être de la fête. Pour y parvenir, tous les moyens sont bons. En décembre, une règle d’or s’impose chez les hommes : s’abstenir de flirt avec la première venue pour ne pas briser sa santé financière.

Un jour de décembre où je suivais un cours en amphi avec un pote, ce dernier me confiait sa libidineuse passion pour une fille qu’il avait aperçue dans la salle.
– Regarde cette go à droite, me dit-il en tournant furtivement le regard vers elle.
J’avoue que la demoiselle en question était une vraie beauté avec des formes affolantes qui pouvaient mettre en branle vos sens. Bref c’était le genre de bombe que mon ami aimerait bien ajouter à ses conquêtes.
– Je voudrais bien avoir son contact, mais il me faut attendre un peu avant de passer à l’attaque.
– Pourquoi donc ?
– Nous sommes en décembre, mon cher. En ce moment, tu trouveras des filles toutes gentilles qui tenteront de t’aguicher pour faire de toi un sponsor pour les fêtes. Pas question de mordre à l’hameçon en cette période.
Il ne m’apprenait rien puisque j’avais déjà entendu ce genre de discours. Mais sa réponse m’a fait comprendre qu’ici le principe était bien intégré dans le subconscient masculin.
Depuis plusieurs années déjà, beaucoup d’hommes estiment que la vigilance doit être de mise en décembre, surtout quand on n’a pas la poche bien solide. Ils sont persuadés que c’est le moment où de plus en plus de filles opportunistes courent les rues. Des filles qui avec des tenues légères sur le corps, se pavanent dans le but de vous taper dans l’œil et vous inciter à débourser au risque de vous ruiner.

Alors messieurs, il vous est recommandé de feinter ou faire gweta* à toutes ces filles sexy que vous apercevrez dans leur déhanchement. Ce sont probablement des prédatrices prêtes à dévorer votre pauvre budget sans pitié. En tout cas, sachez bien ceci.

« Faut jamais chercher femme dans le mois de décembre. Parce qu’en décembre elles ont deux choses dans la tête: comment fêter le 24 et le 31 décembre. »

C’est un conseil des Ivoiriens de magic system qui ont saisi la leçon depuis fort longtemps. Bon pour les incrédules voilà preuve à l’appui.

Si vous êtes un célibataire en quête du grand amour, inutile de chercher en décembre, car vous avez de fortes chances de tomber carrément sur une allumeuse. Si vous êtes en couple, occupez-vous tranquillement de votre partenaire sans vous hasarder à voir ailleurs. Quant aux dragueurs fieffés, c’est plutôt compliqué. Après avoir passé l’année à multiplier les conquêtes, ils se trouvent acculés en décembre. Par peur de se ruiner, ils ne manquent pas d’astuces pour échapper aux nombreuses sollicitations. Des astuces qui peuvent consister à bloquer les appels de leurs partenaires ou leur faire croire qu’ils ont voyagé en attendant que le temps des fêtes s’écoule.

Mesdames, peut être qu’après avoir lu les précédentes lignes vous allez me taxer de machisme ou m’accuser de réduire la femme togolaise au matérialisme, mais rassurez vous. Il ne s’agit pas de me cramponner aux clichés ou de dévaloriser la femme togolaise. Néanmoins il nous faut reconnaître que le phénomène dont je parle est bien réel. La précarité économique pousse des jeunes filles à user de leurs atouts physiques à des fins alimentaires.

image: sikaamags.info
Image : Sikaamags.info

 

Les sentiments importent peu pour celles-là qui recherchent un intérêt particulier auprès de ceux qui tombent sous leur charme. Pour obtenir des faveurs matérielles, on n’hésite pas à fréquenter des hommes qui ont l’âge d’un parent ou même d’un grand-parent. On en trouve qui du jour au lendemain ont à leur disposition une moto ou une voiture offerte par leur (s) amant(s).

Les errements de ces jeunes dames je les déplore autant que les frasques auxquelles se livrent bon nombre d’hommes dans le pays. Il nous faut comprendre que nous sommes à l’ère de l’égalité des sexes où la femme est en droit d’aspirer à une certaine autonomie au même titre que l’homme. C’est pourquoi je voue un profond respect à celles-là qui malgré la pauvreté refusent la facilité et se battent pour leur émancipation. A bon entendeur..

En attendant d’entrer de plain-pied en 2015, je souhaite à toutes et à tous de joyeuses fêtes et une heureuse année.

Faire gweta: terme du jargon urbain qui signifie esquiver


Journée des droits de l’homme : le web 2.0 au service des droits humains

credit:amnesty.fr
credit:amnesty.fr

Bien le bonjour à vous. Ce nouveau billet prend un ton un peu militant, mais rassurez- vous, c’est pour la bonne cause. L’occasion fait le larron dit-on. L’occasion ici c’est le 10 décembre, journée internationale des droits de l’homme. Instituée suite à l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, cette journée internationale permet de rappeler à l’humanité la nécessité de protéger ces droits vitaux pour tout être humain. A l’occasion de cet évènement j’ai choisi de mettre en lumière un bel exemple de promotion des droits humains au moyen du numérique : la campagne 10 jours pour signer d’Amnesty.

Les droits humains sont des standards fondamentaux sans lesquels l’on ne peut vivre dans la dignité en tant qu’être humain.  Les violations des droits humains sont légion dans le monde et pour cette raison la défense de ces droits est un combat de tous les jours. Comme d’autres associations, Amnesty initie souvent des actions pour mettre fin aux violations comme sa toute dernière campagne lancée sur la toile.

Une mosaïque de regards pour dire non

A la veille du 10 décembre de chaque année, Amnesty International a pris l’habitude de lancer sur la toile sa campagne 10 jours pour signer avec un site spécial qui lui est consacré. L’initiative consiste à inviter les internautes du monde entier à signer en ligne des pétitions concernant des personnes victimes de graves violations (prisonniers d’opinion, injustice sociale, tortures). En clair il s’agit de signer des pétitions pour sauver des personnes en danger.
Cette année encore la campagne est en ligne depuis le 3 décembre et a déjà recueilli des milliers de signatures. Pour l’édition 2014 l’association a mis en avant 12 situations de violations autour desquelles elle mobilise les internautes. Parmi ces personnes en danger se trouvent les victimes de la catastrophe de Bophal en Inde et Moses Akatugba, jeune nigérian arrêté à l’âge de 16 ans, torturé puis condamné à mort pour vol de téléphones portables.
A cette occasion le dispositif numérique mis en place sur le site de la campagne est plutôt inédit. Non seulement il permet de signer rapidement les pétitions mais il accorde à tout signataire la possibilité de joindre son regard à sa signature. Les différentes captures de visage donnent alors naissance à une mosaïque de regards sur le site.

capture du site de la campagne
capture du site de la campagne (10jourspoursigner.org)

Placé sous le slogan « votre regard est une arme », ce dispositif repose sur l’envie de montrer qu’il y a derrière chacune des nombreuses signatures un homme ou une femme dans le monde qui refuse de fermer les yeux sur les atteintes aux droits humains et sur leurs auteurs. Cette grande campagne qui produit un véritable effet de pression sur les autorités des pays concernés a déjà porté des fruits.

Le web social au service des droits humains

Cette campagne d’Amnesty est l’illustration des changements que le web 2.0 entraîne dans les stratégies liées à la promotion des droits humains. Le web social contribue à faciliter l’action des mouvements engagés en faveur des droits de l’homme.

Avec les campagnes en ligne point n’est besoin pour les activistes de se déplacer, de sillonner des quartiers, des villes ou des pays pour recueillir des signatures. Tout individu où qu’il soit dans le monde peut recevoir l’information sur une initiative relative aux droits humains et y participer en un clic. Lors de l’édition 2013 de la campagne 10 jours pour signer près de 2 millions de signatures ont permis la libération de prisonniers d’opinion comme le blogueur vietnamien Nguyen Tien Trung et le tunisien Jabeur Mejri emprisonné pour des messages sur les réseaux sociaux.
Pour réclamer l’adoption d’une loi contre les expulsions forcées, Amnesty Kenya grâce aux réseaux sociaux a pu mobiliser 293 personnes sur 250 attendues autour de sa campagne donnez nous des maisons et non des bulldozers.
A l’ère du numérique, les TIC deviennent donc un bon allié pour les droits de l’homme et on ne peut que s’en féliciter.


En attendant la CAN, mon requiem pour le football togolais

Adebayor credit:dechedjou-management.info
Adebayor
credit:dechedjou-management.info

Les pays qualifiés pour la Can 2015 sauvée de justesse connaissent leurs adversaires depuis le tirage au sort du 3 décembre. Quant au Togo, il ne sera tout simplement pas de la partie alors qu’il était quart de finaliste en 2013. Surprenant ? Pas tant que ça. L’échec était prévisible et certains y ont même vu la main de Dieu. Il les aurait exaucés en leur évitant une nouvelle campagne d’extorsion de mobilisation de fonds des contribuables dont personne n’aurait rendu compte comme d’habitude. Le football déjà agonisant dans ce pays a reçu un dernier coup de salve avec cette élimination. Aujourd’hui le football a besoin d’un requiem car les togolais ont tué leur sport favori.

Au soir de la sèche élimination d’Adébayor et compagnie à Accra, je vous prie bon Dieu d’accorder au football togolais un repos doux et paisible.
Très cher et regretté football, je garderai en mémoire tous tes bienfaits à un peuple qui n’avait d’yeux que pour toi et qui, dans sa misère crasse ne trouvait le sourire que par toi, le temps d’un match des éperviers. Tu faisais même sourciller les hommes politiques car aucun d’eux ne pouvait rassembler autant de togolais que toi. Au gré des victoires et des exploits tu étais devenu le premier parti des togolais. Un parti qui n’était pas comparable à une quelconque formation politique encore moins, au novice parti des togolais d’Alberto Olympio.

A la faveur d’une première qualification pour le mondial, c’est bien toi qui en 2005 apportait l’étincelle dans un pays profondément meurtri et déchiré par d’atroces violences électorales. Comme si c’était hier, je me souviens bien de ce jour de liesse où dans un élan de folie je sortais dans la rue pour crier ma joie au milieu d’une grande foule.
Je me souviens aussi de l’hystérie que tu as semée dans mon quartier pendant la Can 2013. D’abord une victoire contre l’Algérie créait l’euphorie. Puis vint la qualification historique pour les quarts de finale. La nuit a été longue. Aphtal, le supporter maso pourrait en témoigner. Tout le quartier était dans la rue, y compris ceux qui ne comprenaient rien au jeu. Même les policiers s’étaient joint à la fête alors qu’en temps normal, civils et policiers sont comme chiens et chats.

Malheureusement tu nous as été arraché, toi le seul vecteur d’unité qui nous restait. Tu as été emporté par la sempiternelle crise qui secoue la Fédération Togolaise de Foutaises zut que dis-je, de Football. Néanmoins j’implore sur tes assassins le pardon divin pour tout le tort causé.

Au fil des années, des voix s’élevaient sans cesse contre les pratiques suicidaires de la fédération mais son étourdissement a fini par avoir raison d’un football qui n’existe que de nom. Par d’innombrables et grossières tares, nos amis de la fédération ont ruiné le sport roi. Dilapidation des fonds de la FIFA alloués à la professionnalisation des championnats locaux, défections à la fédération dont le président est accusé d’abuser de son pouvoir, absence de politique de formation de jeunes joueurs ce sont là certains des maux qui ont miné le sport roi. La cinglante défaite (4à1) subie en novembre à domicile devant la séduisante équipe de Guinée n’est que l’illustration d’une descente aux enfers.

globalsport-togo.com
globalsport-togo.com

Je vous supplie bon Dieu de m’aider à savoir pourquoi le premier ministre qui voulait voir le Togo se qualifier n’a pas tenu sa promesse de présenter les comptes de la Can 2013. Faites moi savoir ce que Togocel a bien pu faire de l’argent qu’il a pris au contribuable en surtaxant les appels téléphoniques sous prétexte de soutenir les éperviers lors de la Can 2013. J’ai soif, les togolais ont soif de savoir.

Je vous prie également d’apaiser ma douleur intérieure née des pertes de vies humaines subies pour la seule cause du football.

Photo Reuters
Photo Reuters

Nul ne pourra oublier que des hommes et des femmes ont laissé leur vie. Certains ont péri dans un crash d’hélicoptère en Sierra Leone, d’autres se sont écroulé sous les rafales des mitrailleurs de Cabinda. L’effusion du sang des martyrs a laissé l’amère impression d’un gâchis car elle n’a pu entrainer une prise de conscience pour sauver un football mourant. Qu’ils reposent en paix.

Puisse Dieu entendre et exaucer ma prière pour ce football défunt, à moins d’une résurrection ou d’une renaissance au grand bonheur du public togolais.


Lomé et ses négriers chinois

Les ouvriers en sit-in credit: news.icilome.com
Les ouvriers en sit-in
crédit: news.icilome.com

Le Togo est en chantier et le gouvernement de notre magnanime « papa Faure » ne cesse de le marteler. Des travaux sont lancés ici et là pour construire des routes et autres infrastructures publiques. Devenus incontournables en Afrique les Chinois sont sollicités pour certains de ces grands travaux. Seulement, voilà qu’aujourd’hui l’image des partenaires chinois dans le pays en a pris un coup depuis le sit-in du 12 novembre 2014 qui m’a personnellement estomaqué.

A l’appel de la Fédération togolaise du bois et de la construction (FTBC) des ouvriers se sont réunis dans un sit-in devant les locaux du ministère du Travail pour grogner contre certaines entreprises chinoises. « Négriers chinois dehors! » scandaient-ils. Les manifestants ont révélé à l’opinion publique une forme d’esclavagisme qui prévaut dans deux entreprises chinoises dont l’une est chargée de construire la nouvelle aérogare et l’autre de construire la voie de contournement de Lomé.

Les ouvriers de ces entreprises se plaignent des abus et de la maltraitance que leur infligent les employeurs chinois. A en croire les témoignages d’ouvriers, les patrons chinois sont responsables de salaires impayés, d’injures et même de violences. Bon sang! Les chantiers seraient-ils devenus des aires de combat où les patrons se défoulent sur les ouvriers tels des amateurs de kung-fu sur des sujets d’entraînement ?

credit:gaboneco.com
Crédit:gaboneco.com

Certains ouvriers sont même congédiés sans motif valable ni indemnisation. Ils sont près de 200 travailleurs à endurer le supplice. Frustrés par autant d’animosité, les manifestants ont voulu alerter le gouvernement et exiger des entreprises chinoises qu’elles se plient aux règles du travail en vigueur dans le pays.

Les Chinois ont pour habitude de venir travailler en Afrique avec leurs propres outils techniques, mais de grâce, qu’ils ne nous apportent pas aussi ces pratiques rétrogrades dignes de l’ère maoïste. D’ailleurs ces pratiques ne sont pas vraiment une nouveauté, car elles rappellent les exécrables conditions de travail décriées dans d’autres sociétés étrangères à Lomé qui pour la plupart sont implantées dans la zone franche. Cette zone franche où les entreprises jouissent d’allègements fiscaux est devenue une zone de non-droit où les droits des travailleurs sont ignorés au su de tout le monde.

Je suis complètement écœuré de voir des sociétés étrangères piétiner allègrement le droit togolais du travail sans que le gouvernement ne dise mot. Jusqu’à quand laissera-t-on des sociétés faire fi des lois du pays d’accueil en toute impunité ? Que fait-on de la dignité, des droits de ces travailleurs garantis par les textes nationaux ? A-t-on peut-être peur de froisser la grande et toute puissante Chine ? Je n’en sais rien, mais en tout cas, un Etat qui n’est pas capable de protéger ses citoyens sur son propre territoire ne peut être vu comme souverain.

Je n’entends pas du tout m’opposer à la présence chinoise au Togo. On ne peut nier ce que les investissements chinois ont apporté au Togo. D’une manière ou d’une autre, le pays bénéficie de sa bonne coopération avec la Chine. La communauté chinoise au Togo mène des activités commerciales créatrices d’emplois pour des togolais. C’est grâce à cette coopération que sont sortis de terre d’importants ouvrages comme des hôpitaux, des écoles et même le stade de Kégué, le plus grand stade de Lomé que les footeux qualifient de « nid des éperviers ». D’ailleurs, la nouvelle aérogare et la voie de contournement construites par des sociétés chinoises pourraient être d’une certaine utilité à la population.

Toutefois je tiens à tirer la sonnette d’alarme sur la rocambolesque situation dans ces sociétés chinoises qui sont sollicitées pour exécuter des travaux pour le compte des togolais. Il est inadmissible que le Togolais paye un lourd tribut pour l’édification d’ouvrages publics. Il est absurde que le Togolais s’offre des infrastructures au prix de ce qui s’apparente à des travaux forcés. Il urge de faire cesser ces pratiques esclavagistes. Les dirigeants des sociétés pointées du doigt devraient revenir à la raison et comprendre que leurs ouvriers ne sont pas des souffre-douleur, mais des êtres humains jouissant d’une dignité à respecter.


Bye bye Obamania!

Barack Obama credit: weltmx.blogspot.com
Barack Obama
credit: weltmx.blogspot.com

Il avait fait tomber en 2008 le monde et la majorité de ses concitoyens sous son charme. Il était promis au destin de premier président noir des Etats unis et sa personnalité inédite avait attiré la sympathie de beaucoup dans le monde. Une sympathie qui fut telle que des produits dérivés à son effigie se sont arraché comme de petits pains. Point de mystère à faire. Je parle bien de Barack Obama. Depuis quelques années, l’homme ne fait plus vraiment rêver les américains et la cuisante défaite du parti démocrate aux élections de mi-mandat vient symboliser le désenchantement. Mais j’ai quand même du mal à comprendre cette sanction électorale au moment où le pays connait de bons résultats économiques.
Les américains ne sont pas tout à fait disposés à pardonner à leurs dirigeants la moindre insuffisance. Ils l’ont encore démontré le 4 novembre aux élections de mi-mandat destinées à renouveler certains sièges du congrès. La vague républicaine s’est emparé du sénat-jusque là aux mains des démocrates-et voilà Obama privé de majorité au congrès. Il est désormais soumis à une cohabitation avec un congrès hostile. Telle est la conséquence du vote sanction qui lui est infligé. Une chose est claire : il ne reste plus rien de l’obamania, de cette ferveur autour de ce personnage inédit et de son programme ambitieux.
Il est vrai que ce revers électoral de mi mandat n’est pas un fait rare dans la politique américaine. Avant Obama, beaucoup de présidents en fin de mandat ont payé l’insatisfaction populaire dans les urnes. Son prédécesseur immédiat, George W. Bush avait fait les frais de son impopularité en 2006. Tout de même, ce revers en pleine reprise économique est un paradoxe qui me fait penser que les américains sont d’une exigence qui est parfois à la limite du raisonnable.
Depuis le premier mandat d’Obama, nombreux sont ceux qui ont placé en lui de grands espoirs de changement. Ils ont surement attendu de lui plus qu’il ne pouvait réellement. Pendant que les signaux de l’économie sont au vert, 70% des américains disent désapprouver la politique économique. Ils ont sans doute oublié que le pays revient de loin, d’un bourbier dont a hérité Obama. La situation économique que Bush a laissée à son successeur n’était pas plus enviable.

Avec un taux de chômage en deçà de 6%, une croissance de 3,5% et une poussée de la consommation intérieure, Obama aurait fait sourciller sous d’autres cieux dans ce contexte mondial de crise. Mais ça ne lui pas profité dans les urnes. Pauvre de lui ! Dur, dur d’être un président au pays de l’oncle Sam !
Sans avoir l’air d’un porte parole de la maison blanche, je pense que ces progrès bien que trop timides placent tout de même le pays sur une voie prometteuse. Mine de rien, les Etats unis font partie de ces puissances qui s’en sortent le mieux face à la crise. En France par exemple, le gouvernement s’emploie à défendre le bien fondé de sa politique économique sans arriver à des résultats encourageants.

Aux Etats unis, le président pour faire adopter ses projets de réforme, a besoin du vote de la majorité au congrès. Or, un grand nombre d’électeurs ont préféré le priver de la majorité nécessaire pour mettre en œuvre sa politique. Sa marge de manœuvre étant plus réduite, Obama aura du mal à faire passer ses projets. Au bout du compte ce sont les américains qui pâtiront des difficultés de leur président à tenir ses promesses faute de soutien au congrès. En tout cas, il lui faudra être stratège pour arracher le vote du congrès sur des questions phares comme l’immigration, la hausse du salaire minimum.

L’état actuel du pays est encore à améliorer mais il ne faudrait pas s’attendre à voir Obama tout changer d’un coup de baguette magique. Les américains doivent se rendre à l’évidence et comprendre qu’il faudra des années d’investissements pour sortir du bourbier de la crise.

Quant à Obama il a encore 2 ans devant lui pour marquer son aventure présidentielle et seul les américains jugeront de la qualité de son travail.

 


De Y’en a marre au Balai citoyen, cette jeunesse africaine qui prend le pouvoir

Logo des deux mouvements credit: diasporas.fr et facebook.com/balai citoyen
Logo des deux mouvements credit: diasporas.fr et facebook.com/balai citoyen

C’était depuis mon quartier de cacaveli à Lomé, avec les écouteurs branchés à l’oreille que je m’enquérais via la radio de l’évolution du scénario burkinabè digne du printemps arabe ou plutôt du printemps désormais noir. Comme beaucoup de jeunes dans une Afrique où la démocratie balbutie encore, je suis saisi d’admiration pour le courage d’un peuple qui a jugé bon de retirer un pouvoir dont il est le seul détenteur. La chute historique de Blaise Compaoré est un évènement qui prouve la force qui réside dans l’engagement citoyen des jeunes incarné par le mouvement du Balai Citoyen qui emboite le pas à Y’en a marre du Sénégal.
Si les jeunes burkinabè ont réussi à arracher la destitution de Compaoré, c’est en partie grâce au travail mené en amont dans le pays par les promoteurs du Balai citoyen.
Deux mouvements, un même combat
L’historique du Balai citoyen lancé en juillet 2013 par le rappeur Smockey et le chanteur de reggae Sams’k le Jah est semblable à celui du Y’en a marre sénégalais. En 2011 au Sénégal le délestage, la gabegie et les abus de Wade avaient entrainé la naissance de Y’en a marre. Au Burkina également ce sont presque les mêmes problèmes socio politiques qui ont motivé l’éclosion du mouvement. Les deux artistes burkinabè ont alors senti le besoin de dénoncer les difficultés sociales liées aux coupures de courant et s’opposer au projet de modification de l’article 37 de la constitution. Y’en a marre et le Balai citoyen sont donc tous deux animés d’une même vocation: se mettre à l’avant-garde de la défense des valeurs démocratiques et citoyennes. Ils représentent d’après moi une veille citoyenne pour la bonne gouvernance.
Ce qui est encore intéressant est que leur combat ne se limite pas à la contestation pacifique mais consiste aussi à faire connaitre au citoyen ses devoirs. Le concept NTS (nouveau type de sénégalais) de Y’en a marre illustre bien l’idée de promouvoir la conscience citoyenne. Pour Fadel Barro, un des fondateurs, le NTS est le citoyen qui « ne laisse pas traîner les sachets plastiques, n’urine pas dans la rue, ne monte pas dans un car rapide surchargé, ne brûle pas des pneus quand il est mécontent». Après le départ de Compaoré il était intéressant de voir les membres du Balai citoyen balayer les rues et appeler la population à faire de même.


Ceci dit, le citoyen qui prétend contester la mal gouvernance doit d’abord être un bon exemple.
Le pouvoir de la jeunesse
Mais ce qui saute aux yeux dans les deux cas, c’est le fait qu’il s’agisse d’une initiative prise par des jeunes et qui est appropriée par les jeunes qui forment d’ailleurs la majorité de la population. Forte de son poids démographique, la jeunesse a pu faire changer le cours de l’histoire.
On se souvient qu’à l’appel du mouvement Y’en a marre les jeunes sénégalais se sont inscrit massivement sur les listes électorales. A défaut de dissuader Abdoulaye Wade de se présenter au scrutin de 2012 après deux mandats, les jeunes ont quand même réussi par leur vote décisif, à faire blocage à un 3ème mandat d’Abdoulaye Wade. Les jeunes burkinabè aussi grâce à leur mobilisation ont pris conscience de leur pouvoir de pression. Aujourd’hui chaque jeune burkinabè qui a été de ceux qui ont manifesté à mains nues contre la tentative de coup de force de Compaoré jouit d’un sentiment de fierté pour avoir ouvert une nouvelle page de l’histoire nationale. Le chômeur dans sa précarité, l’étudiant dans sa fougue n’oublieront jamais qu’ils ont fait basculer le sort de leur pays en mettant fin à 27 ans de règne sans partage. Ainsi se révèle une jeunesse qui reprend confiance en elle.
L’éclosion d’un nouveau contre pouvoir
L’incidence des actions menées par ces mouvements fait apparaitre un nouveau contre pouvoir pour les gouvernants du Sénégal et du Burkina.
Au Sénégal malgré l’appel lancé aux électeurs à voter contre Wade au second tour de l’élection de 2012, Y’en a marre a pris soin de garder ses distances avec le président Macky Sall. Les leaders du mouvement voulaient tirer les leçons du passé où la société civile après avoir soutenu l’opposant Wade, fut finalement déçue par sa gestion du pays. A cause de son importante contribution à la lutte pour l’alternance, Y’en a marre est une voix qui compte aux yeux du nouveau gouvernement.
Fidèle à sa vocation, Y’en a marre continue en toute indépendance d’interpeler les autorités sur les besoins socioéconomiques et d’appeler les populations à cultiver la responsabilité citoyenne. En juin 2014 il a lancé une plateforme de gouvernance participative dénommée « le site web du monitoring » qui offre aux citoyens de témoigner et s’exprimer sur la gestion des affaires publiques ou des faits de société.
En ce moment où la démocratie est à reconstruire et où les institutions sont fragiles au Burkina, le Balai citoyen se présente un peu comme une sentinelle de la démocratie. Il faudra compter avec elle pour prévenir toute atteinte aux aspirations démocratiques du peuple.
Frantz Fanon disait :

« chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir ».

Ces mouvements sont une source d’inspiration pour la jeunesse africaine qui ne devrait plus laisser les autres décider à sa place surtout quand c’est son avenir qui est en jeu.


Le candidat de l’opposition c’est moi, qui dit mieux?

Jean Pierre Fabre credit: koaci.com
Jean-Pierre Fabre
credit: koaci.com

Sous les tropiques, élection rime avec période sensible. En ce moment où se prépare activement la présidentielle de 2015, tout le monde retient son souffle. Pendant que les principaux partis d’opposition font des tractations pour dégager un candidat unique, Jean-Pierre Fabre candidat de l’ANC a fait cette semaine des déclarations sur RFI qui me font réfléchir sur les chances de cette opposition au prochain scrutin.

A la tête du premier parti d’opposition parlementaire qu’est l’ANC (Alliance nationale pour le changement), Jean-Pierre Fabre a été investi sans grande surprise pour représenter le parti en 2015. Auréolé du titre de candidat de l’ANC, il s’était exprimé sur les antennes de RFI le 20 octobre 2014.
A chaque élection revient dans l’opposition le débat sur la candidature unique. Un débat imposé par le mode de scrutin en vigueur : le scrutin à un tour décrié par l’opinion publique. Cette année encore, le CST (Collectif « Sauvons le Togo ») et la coalition arc-en- ciel, deux regroupements de l’opposition, s’activent dans des discussions dans l’espoir de trouver un candidat commun. Interrogé sur l’hypothèse du choix d’un candidat unique autre que lui, Jean-Pierre Fabre répond en ces termes:

«… il y a des critères objectifs pour la candidature unique. Et je pense que je réunis ces critères-là. »

Il a peut-être raison sur ce point. La plupart des critères de choix jouent en sa faveur, notamment le niveau d’implantation au plan national, le nombre de députés au Parlement qui lui vaut un statut de chef de l’opposition parlementaire. Mais au-delà de tous ces critères le fameux candidat unique ne devrait-il pas avoir des qualités intrinsèques ?
Je pense que ce candidat devrait avant tout être un rassembleur, un meneur d’hommes, avoir un discours conciliant qui altère les antagonismes et converge toutes les forces vers un but commun. L’opposition togolaise étant hétéroclite, celui qui aspire à la représenter au prochain scrutin doit savoir composer avec les différents courants. Malheureusement j’ai du mal à retrouver ces aptitudes en la personne du candidat de l’ANC et de plus, l’homme n’a pas la confiance des autres poids lourds de l’opposition.
Déjà en 2010, les tentatives de désigner un candidat unique à l’élection de 2010 furent tout simplement un fiasco. Réunis en conclave, les responsables des principaux partis d’opposition ont été incapables de s’accorder sur un nom. Les négociations avaient connu une fin ambiguë dans un climat tendu. Soutenu par certains partis, Jean-Pierre Fabre fut publiquement présenté comme candidat unique au grand dam d’autres leaders qui ont choisi de faire cavalier seul. La suite, on la connaît : les voix de l’opposition se sont émiettées au profit du pouvoir en place et l’opposition désorganisée cria à la fraude.
Aujourd’hui encore on semble trouver les mêmes ingrédients qui ont fait le fiasco de 2010. Malgré son statut de chef de l’opposition acquis après les législatives de 2013, Jean-Pierre Fabre est loin de faire l’unanimité chez les opposants. D’aucuns le qualifient de suffisant et d’arrogant. Son leadership est contesté par d’autres partis et non des moindres, comme le CAR (comité d’action pour le renouveau) qui compte dans ses rangs un sérieux prétendant à la candidature unique. Face au parti au pouvoir, l’opposition est minée par des dissensions, des problèmes d’égo. Les frictions se sont d’ailleurs exacerbées lorsqu’au lendemain de la débâcle aux législatives de 2013, les partis se sont employés à se jeter la pierre par médias interposés. Jean-Pierre Fabre s’était mêlé à la dispute en adressant des reproches voilés à certains partis.
Au regard de ces difficultés, la quête d’un candidat pour toute l’opposition se révèle déjà comme une cause perdue. Les prétendants au fauteuil présidentiel commencent à s’annoncer et c’est sans doute en ordre dispersé que l’opposition participera au scrutin. Il est étonnant et paradoxal de voir ces leaders invoquer à cor et à cri l’alternance alors qu’ils ne font jamais les choix qui s’imposent. Face au scrutin à un tour, seule la candidature unique peut accroître leurs chances d’aboutir à cette alternance. Malheureusement au sein de cette opposition, l’orgueil a souvent pris le pas sur l’intérêt général.
Dans son interview Jean-Pierre Fabre déclarait :

« je pense que ça va être très difficile si on n’arrive pas à dégager un candidat unique »

Les uns et autres sont donc prévenus. En tout cas s’ils sont incapables de s’unir autour d’un candidat, qu’ils n’osent pas encore crier à tue-tête sur les médias quand les résultats -déjà prévisibles- de l’élection auront été publiés.

Ce n’est pas dans mes habitudes de parler politique sur ce blog. Mais il n’est toujours pas évident d’éluder le sujet en ce moment où se prépare activement l’élection présidentielle de 2015.

 

 


L’accès égal à l’éducation, un défi africain.

Enfants maliens credit: ar.wikipedia.org
Enfants maliens
credit: ar.wikipedia.org

Bonjour à toutes et à tous. Ce nouveau billet intervient à un moment bien spécial car aujourd’hui c’est le 16 octobre, jour du Blog Action Day. Ayant récemment pris connaissance de cet évènement mondial j’ai choisi cette année de prendre part au débat sur l’épineux problème des inégalités. L’inégalité, thème retenu pour cette année est en lien avec l’actualité vécue dans certaines régions du monde où le sexe, la religion, l’origine ethnique sont sources d’exclusion.
L’inégalité renvoie à plusieurs problèmes et cet espace semble trop étroit pour analyser tous les contours de la question. Après avoir gambergé sur le sujet à traiter, je me suis résolu à traiter des obstacles à l’équité genre dans le domaine de l’éducation au Togo et en Afrique subsaharienne.

logo BADDepuis 2009 le système éducatif togolais connait une nouvelle donne avec la suppression des frais de scolarité dans l’enseignement primaire. Cette mesure est inspirée par l’un des objectifs du millénaire pour le développement qui est l’éducation primaire universelle d’ici 2015 dans les pays du Sud.
Cette mesure a favorisé au Togo la montée du taux de scolarisation des filles comme dans les autres pays d’Afrique subsaharienne qui ont supprimé les frais de scolarité dans le primaire. Selon un rapport de Plan International le taux de scolarisation des filles dans la région est passé de 54% à 74%.
Malgré ces efforts, la parité entre les sexes en matière d’éducation est toujours ineffective en Afrique subsaharienne.
Parmi les 29 millions d’enfants qui ne sont pas scolarisés en Afrique 54% sont des filles. Sur 54 pays africains seulement 16 ont atteint la parité genre dans l’enseignement primaire. Ce qui est largement insuffisant. Si les filles sont de plus en plus nombreuses à intégrer l’école primaire leur effectif se réduit à mesure qu’elles évoluent dans leur cursus. Ce qui signifie qu’au-delà de la scolarisation des filles, il faut relever le défi de leur maintien dans le système scolaire.
A propos de l’éducation des filles, il a été rapporté par Plan International que 70% de filles scolarisées au Togo déclarent avoir redoublé au moins une année. A la lumière d’enquêtes internationales, la première cause de redoublement des élèves est l’échec aux examens. La succession de mauvais résultats peut démotiver l’élève, d’où le risque d’abandon. L’échec scolaire n’est pas le seul obstacle au maintien des filles dans le système scolaire.

Il faut noter qu’elles sont victimes d’attitudes sexistes dans leur communauté. En milieu rural, certains parents ont tendance à privilégier l’éducation des garçons. Quant aux filles elles sont reléguées à un rôle secondaire. Face à l’importance des couts liés à l’examen, aux livres, au transport, à l’uniforme scolaire les parents de familles nombreuses peuvent renoncer à poursuivre la scolarisation de leurs filles.
Victimes du poids des traditions, les filles sont susceptibles d’être mariées précocement et contre leur gré. Lorsqu’elles atteignent l’âge de la puberté elles sont exposées au harcèlement sexuel avec le risque de grossesse précoce. On voit là qu’il y a des contingences sociales qui troublent le parcours des filles dans le système scolaire. La suppression des frais de scolarité ne suffit donc pas pour garantir l’égalité d’accès à l’éducation et l’évolution scolaire de la jeune fille en Afrique subsaharienne.
Pour réussir le pari de l’équité genre en matière d’éducation, il y a lieu de lever les obstacles à l’évolution scolaire des filles. Je propose à ce sujet un certain nombre de mesures : veiller à l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires, promouvoir l’excellence des filles en milieu scolaire, étendre la gratuité de la scolarité à l’enseignement secondaire.

Nelson Mandela disait:

« l’éducation est votre arme la plus puissante pour changer le monde »

Nous avons tous intérêt à garantir l’égalité d’accès à l’éducation en Afrique parce qu’éduquer une fille c’est préparer l’épanouissement socioéconomique de toute une communauté. L’émergence du continent est aussi à ce prix.

Pour mieux cerner les enjeux liés à l’éducation des filles, je vous invite à découvrir le projet « because i am a girl » de Plan International.


Je suis un mauvais citoyen, je le confesse

credit: catholichotdish.com
credit: catholichotdish.com

Civisme et citoyenneté semblent être devenus des questions sans intérêt pour beaucoup au Togo. Nos agissements laissent penser que pour nous, être un citoyen se limite au fait de détenir une nationalité. Le désintérêt général pour les valeurs civiques est tel que le gouvernement a jugé bon de consacrer tout le mois d’octobre à la thématique. Comme pour siffler la fin de la récréation ce mois est donc désigné «mois du civisme et de la citoyenneté». Bonne initiative, dirait on. Quoique ce problème d’incivisme qu’on prétend combattre gangrène les institutions elles mêmes. Personne n’y échappe et comme les autres j’en suis à la fois victime et complice.
D’une manière ou d’une autre nous sommes tous affectés par le déficit de civisme et le niveau d’inconscience civique observé aujourd’hui est tel qu’il était temps d’agir. Même si ceux qui gouvernent eux-mêmes ne sont pas tout à fait exemplaires, il fallait bien faire quelque chose.
Je prends ici mon courage à deux mains pour faire ma confession, car coupable de l’incivisme je suis. Oui, je le reconnais. Mais ne me jugez pas s’il vous plait puisque je sais que vous êtes nombreux au Togo à être aussi inciviques que moi.
Je suis coupable de certaines indélicatesses sur la route pour avoir pris des libertés avec le code de la route. Dieu seul sait combien de fois je me suis permis de griller le feu rouge sous prétexte que j’étais pressé ou qu’il n’y avait pas grand monde sur la route. Quand le policier me surprend en flagrant délit je ne peux que céder à sa pression en lui filant un billet pour reprendre ma moto et éviter qu’elle se retrouve en fourrière.« Ouf ! Je l’ai échappé belle» je me dis, tout en étant conscient d’avoir encouragé le racket de ces policiers soucieux d’arrondir leurs fins de mois.
J’ai longtemps cherché à résister à l’obligation de porter un casque de protection au moment de conduire une moto. Dans mon esprit rebelle tous les moyens me permettant d’y échapper étaient bons. Je me rappelle bien qu’un jour où j’étais sorti sans mon casque, j’ai proposé à un ami militaire de le remorquer sur ma moto pour qu’il me serve de caution. Une belle astuce dans un pays où l’uniforme militaire vous donne le droit de faire ce qui est défendu au civil, comme le fait de conduire un véhicule non immatriculé ou une moto sans porter un casque. En tout cas comprenez qu’ici, avoir un proche dans la police ou l’armée c’est parfois comme disposer d’une bouée de sauvetage.
Des comportements anti écologiques j’en ai aussi commis comme on en commet d’ailleurs tous les jours dans les quartiers. Jeter un sachet sur une place publique par exemple, c’est nuisible pour son environnement mais devenu tellement banal à Lomé. Les togolais qui franchissent la frontière ghanéenne et se permettent cette inconduite en territoire ghanéen se voient très vite rappelés à l’ordre. Toute honte bue, ils prennent alors toute la mesure du mal causé à notre propre environnement.
J’admets volontiers mes torts et au-delà de ces incartades je suis loin d’être un malappris, un malotru. D’ailleurs les torts sont partagés entre gouvernés et gouvernants.
Tout ne dépend pas de l’administration mais lorsqu’elle-même ne montre pas le bon exemple, elle ne peut que tirer la population vers le bas.

Cette administration est tout aussi malade de l’incivisme que la population qu’elle sert.
Si les dérapages semblent se banaliser c’est en partie parce les institutions garantes des valeurs citoyennes ont été complices.
Les fonctionnaires s’illustrent par l’absentéisme au travail. Au lieu de se rendre disponible à leur poste pour satisfaire les usagers bon nombre prennent l’habitude de déserter pour faire leurs courses pendant les heures de travail. L’habitude a même fait naitre une expression particulière : lorsque vous vous rendez à un service administratif et que vous cherchez en vain l’agent qui doit vous servir, on vous répond qu’il « s’est levé un peu ». Une façon bien subtile de vous dire que l’agent s’est tout simplement éclipsé.
Et que dire des tentatives de corruption ? En échange d’un service censé être gratuit certains agents de l’administration se permettent de demander de l’argent aux usagers. Pour que votre dossier ait droit à une attention particulière, l’agent véreux peut vous demander de « déposer une pierre sur le dossier ». Autrement dit vous êtes priés de glisser une somme d’argent pour éviter que votre dossier reste sans suite et se retrouve dans une poubelle.
Les lois sont adoptées pour ne s’appliquer qu’à certains. C’est en tout cas l’impression que j’ai en voyant des agents de police circuler à bord de véhicules non immatriculés. Pourtant ce sont les mêmes qui vous interpellent à la moindre infraction.
Le lancement du « mois du civisme et de la citoyenneté» doit être l’occasion de repenser sérieusement le rôle que chacun est appelé à jouer dans son pays et les valeurs qu’il doit incarner.
Pour ma part je vous demande de pardonner mes travers car au bout du compte « tout le monde est coupable ». N’est ce pas, maman Afia Mala?


De l’imbécilité sur les routes togolaises

boulevard du mono credit: news.alome.com
boulevard du mono
credit: news.alome.com

Nous savons tous qu’elle est inévitable, la mort. Le mystère de la mort nous intrigue, nous dépasse et nous faisons recours à la religion pour tenter de le comprendre. Il nous faut bien admettre la réalité de la mort. S’il n’y a aucun moyen d’apaiser la douleur liée à la perte d’un proche, il est quand même intolérable qu’un usager de la route insensé ayant causé une mort soit laissé impuni.
Sonné par la mort brutale et accidentelle d’un très jeune ami, je me permets d’étaler ici ma rage contre une certaine forme d’impunité qui contribue à entretenir l’insécurité routière à Lomé Depuis un certain temps, chaque accident de la route est un accident de trop. Et pour cause les chiffres sont affolants: près de 4000 personnes tuées sur la route depuis 2008 et 1451 accidents relevés au premier trimestre 2014. Bien souvent c’est l’imprudence des usagers qui cause de graves accidents et certains peuvent compter sur leur pouvoir financier pour échapper à la sanction. Il est temps que ce laxisme cesse.
Pendant que je m’égosille à me plaindre ici, la famille de mon jeune ami, qui venait fraichement d’empocher son bac, se prépare à enterrer sa dépouille. Il était donc à 18 ans l’énième victime du défaut de responsabilité sur la route. Selon des témoignages concordants, le jeune homme a été mortellement fauché par un véhicule qui roulait à vive allure et qui a aussi blessé au passage deux personnes. Le conducteur ayant commis l’irréparable a tout simplement abandonné le corps déchiqueté et pris la fuite. Mais beaucoup affirment avoir reconnu un ancien ministre au volant. N’est ce pas ahurissant ?
Si ces 3 accidents ont été vraiment le fait d’un individu d’une telle trempe, quel exemple veut-on montrer alors à la population en matière de sécurité routière ? Si un homme ayant assumé de hautes fonctions pour le pays a pu se montrer aussi irresponsable sur la route, qu’en sera-t-il donc des gouvernés? A cause de ce comportement d’une étonnante imbécilité une vie est brisée et une famille marquée à jamais. Le mal est déjà fait et rien ni personne ne peut ramener ce jeune aux siens.
Dans l’ordre normal des choses, un accident aussi grave devrait être jugé et sanctionné. Mais la réalité de l’impunité m’amène à en douter.
Ici l’égalité de tous devant la justice et la loi semble être une chimère et on a parfois l’impression que la justice qui s’applique est à la tête du client. Votre sort devant les juges varie selon que vous êtes un citoyen lambda ou quelqu’un de haut placé. Certains comptent donc sur l’impunité liée à leur titre ou leur rang pour se permettre des comportements répréhensibles.
Cette réalité rejaillit sur l’état de la sécurité des routes togolaises.

Certains usagers de la route manquent de sérieux et de responsabilité dans leur conduite car ils n’ont pas toujours la sanction qu’ils méritent. Même s’il n’est pas possible de prévenir tous les accidents, il y en a quand même de ces accidents qui sont surtout causés par l’indélicatesse des conducteurs. Faites un tour à Lomé et vous aurez de fortes chances de voir un motocycliste se déplacer en sens inverse, quelqu’un rouler à vive allure sans son casque de protection ou encore un taxi moto remorquant deux à trois personnes. Ces agissements qui ne sont pas du tout insolites persistent à cause d’un manque de sanctions exemplaires.
Dans la plupart des cas un policier qui surprend un usager en train de violer le code de la route n’aura pas le réflexe de le verbaliser. Il optera plutôt pour le racket histoire de faire un peu de recettes pour son ménage. Ne vous hasardez même pas à raisonner quelqu’un qui se méconduit sur la route car il n’hésitera pas à vous couvrir d’injures. Tout ceci est déplorable en cette année pourtant décrétée « année de la sécurité routière ».
Il y a péril en la demeure et la sécurité routière ne peut s’améliorer qu’au prix du respect rigoureux de la loi. La complaisance vis-à-vis des contrevenants doit prendre fin pour que les mauvaises habitudes changent et pour qu’on ait moins de victimes à enterrer.


Welcome back, hyper président!

credit: fr.wikipedia.org
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Depuis son départ de l’Elysée en 2012, Nicolas Sarkozy a fait montre d’une discrétion apparente. Sur les médias il n’apparaissait que brièvement à la faveur de ses joggings matinaux ou de sa participation à des conférences publiques. Il était pourtant difficile de le croire totalement désintéressé de la politique, lui qui fut connu comme un « hyper président » et qui malgré son départ du pouvoir faisait encore parler de lui, du moins, sur le terrain judiciaire. Comme il fallait s’y attendre, l’homme a décidé de reprendre du service et a annoncé publiquement son retour via Facebook. Mais y a t il grand-chose pour les français à attendre du come back d’un homme qui n’a pu les convaincre au plus fort de la crise en 2012 ?
Le moins qu’on puisse dire c’est que Nicolas Sarkozy s’est plutôt bien préparé quant à l’annonce de son retour. Après avoir accordé l’exclusivité de l’information à ses internautes sur Facebook, il était dans une interview sur France2 l’attraction du journal de 20h ce dimanche 21 septembre où il s’est largement exprimé sur la politique française. Il a au passage profité pour tacler François Hollande sur ses promesses électorales.
Le moment choisi pour rebondir sur la scène me fait dire que Sarkozy est un opportuniste. En réalité l’UMP qui doit élire un nouveau président en novembre prochain est en proie à une guerre de leadership mettant aux prises certains cadres du parti parmi lesquels Alain Juppé et François Fillon. C’est dans ce climat tendu que les sondages le créditent d’une popularité dans son camp politique puisque 75% des sympathisants de l’UMP souhaiteraient le voir prendre les rênes du parti. De plus toujours selon ce sondage, 57% des électeurs FN l’estiment capable de rassembler les français. C’est en tout cas une véritable aubaine pour un Sarkozy qui se veut modeste en déclarant :

je n’ai jamais prétendu être le sauveur.

Il oublie pourtant que se porter candidat à la présidence de l’UMP c’est se proposer indirectement de sauver son parti du risque d’implosion. Et si éventuellement il visait la présidentielle de 2017-on n’en est pas encore là- il lui faudrait aussi proposer un plan pour sauver la France des affres de la crise. Dans ce dernier cas je doute fort qu’il soit l’homme de la situation.
Même s’il semble promis à la présidence de son parti à cause de la popularité dont il jouit à l’interne, Nicolas Sarkozy s’il se décide à représenter le parti à la présidentielle de 2017 aura fort à faire face à un challenger de taille : Alain Juppé dont la candidature serait appréciée par 33% de français contre 26% pour l’ancien président. L’intéressé n’a encore rien confirmé pour 2017 mais l’hypothèse d’une candidature n’est pas à écarter. J’estime en tout cas qu’il ne serait pas le meilleur représentant de la droite en 2017. Pourquoi ?
D’abord parce que l’homme n’a pas fini de se défaire de tous ses soucis judiciaires. Cela fait 3 ans depuis sa défaite qu’il s’emploie à défendre son honneur face à près de 7 affaires judiciaires, ni plus ni moins: affaire Tapie, affaire Karachi, affaire Bygmalion, affaire Bettencourt, supposé financement libyen, écoutes téléphoniques, sondages de l’Elysée. Quelque soit l’aboutissement de ces affaires il lui faudra suer sang et eau pour reconquérir la confiance des électeurs. En tout cas pour un homme dont la probité a été mise à mal il ne sera pas si facile de se voir confier le prochain quinquennat. D’ailleurs à l’heure actuelle deux français sur trois n’aimeraient pas que Nicolas Sarkozy se présente en 2017.
Ensuite je pense qu’un remake de 2012 avec un duel Hollande-Sarkozy en 2017 ne prêterait pas vraiment à l’optimisme. Pour l’instant nous en sommes encore loin d’autant plus que sur sa route vers la candidature en 2017 Sarkozy devra affronter de sérieux prétendants. Un choix entre Hollande et Sarkozy correspond pour moi à un choix par défaut. D’un coté Hollande n’a pas su combler les attentes et de l’autre, Sarkozy au pouvoir n’a pu faire grand-chose contre la crise. Chacun a déjà fait ses preuves et a montré ses limites.
Tout en souhaitant un bon retour à Nicolas Sarkozy, je voudrais recommander à la France de chercher plutôt du sang neuf un peu comme l’Italie gouvernée par le jeune Matteo Renzi.


La loi anti tabac au Togo et le spectre de la réticence.

Le nouvel emballage credit: eli.mondoblog.org
Le nouvel emballage
credit: eli.mondoblog.org

Cessera t on désormais au Togo de dégainer sa cigarette pour fumer n’importe où? Il y a lieu de se poser la question depuis l’adoption d’une loi anti tabac qui fait aujourd’hui l’objet d’une opération de com du gouvernement togolais. A partir du 1er septembre 2014 tous les paquets de cigarette sont censés porter sur l’emballage un avertissement bien visible en vertu de la loi. Cette règlementation sera t elle réellement respectée sur le terrain?
En ce qui concerne les points essentiels de cette loi, elle exige la vente de paquets comportant un avertissement relatif aux dangers du produit, le message devant couvrir 65% de l’emballage. Elle interdit aussi la consommation du tabac aux mineurs, dans les entreprises, administrations et espaces publics. Toute violation est punie d’une peine d’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 5 à 10 millions de francs.

La fin du laxisme

La loi vient à point nommé parce qu’elle est censée rompre avec un certain laxisme.Le taux de prévalence lié au tabac au Togo selon une enquête est de 53%. Il faut dire que contrairement à d’autres pays où la cigarette est lourdement taxée, le prix du tabac reste assez abordable au Togo. Avec la contrebande on retrouve sur le marché des contrefaçons. De plus, les mineurs pouvaient allègrement se procurer des cigarettes dans les épiceries. Il était donc inconcevable que le commerce du tabac se fasse sans aucune réglementation malgré ses effets sur la santé et la qualité de vie.
Pour vulgariser la loi, le gouvernement a lancé en aout ce qu’il appelle « une campagne de communication ». Depuis lors c’est le tapage médiatique qui s’opère actuellement avec des spots sur les médias. Il a aussi été annoncé dans la foulée que les anciens emballages ne seraient plus en circulation à partir du 1er septembre. En menant ma petite enquête auprès de trois commerçants dans mon quartier, j’ai constaté que les nouveaux emballages étaient bien disponibles comme le prouve la photo ci-dessus.

La mise en application, véritable challenge

Dans mon quartier en tout cas, le début d’application semble encourageant. Mais il faudrait une vue générale de l’application de la loi sur tout le territoire pour mieux en juger.  Je me demande si l’on pourra faire respecter cette loi dans le temps puisque la mise en application des lois a souvent été un casse tête chinois dans ce pays. Une chose est d’établir une règle, une autre est de veiller à son respect dans la société. Par exemple un décret en vigueur depuis 2011 qui interdit la commercialisation de sachets non biodégradables a toujours du mal à s’appliquer de façon effective. La persistance des pratiques interdites a obligé le gouvernement à accorder un délai « exceptionnel » aux usagers pour se conformer au décret.
Il n’est donc pas exclu que l’on soit confronté aux mêmes difficultés pour l’application de la loi anti tabac.
Cela serait bien dommage pour une loi que je considère comme une nécessité de nos jours. J’attends tout de même de cette loi qu’elle mette fin à certains comportements comme le fait qu’un mineur se rende dans une boutique pour payer des cigarettes que ce soit pour lui-même ou pour un parent ou encore le fait de fumer sa cigarette dans un lieu public tout près d’individus non fumeurs. Un changement s’impose parce que tout en respectant le choix des consommateurs, les non fumeurs ont le droit de préserver leur santé.


Sans blague ! J’ai failli être décoré à Togoville

Une image officielle du blog camp 228 credit: Blog 228
Une image officielle du blog camp 228
credit: Blog 228

Bonjour, chers lecteurs. Depuis mon retour de Togoville qui a abrité le premier camp de blogueurs togolais il me tardait de vous faire des confidences sur l’évènement. Parler une fois encore de Togoville peut vous paraître redondant, mais il m’est difficile de mettre sous éteignoir cette nouvelle aventure. Eh bien sans vantardise aucune, sachez que je n’étais pas loin de rentrer avec une distinction du prince de Togoville dans ma besace.

Une visite mémorable

Pour le tout premier camp de formation des blogueurs togolais, la communauté Blog 228 a choisi d’installer les participants à Togoville. Quel heureux hasard ! J’y étais quelques semaines plus tôt pour un évènement culturel relaté dans ma série Togoville story. Je ne pouvais imaginer que mon retour à Togoville interviendrait aussi rapidement. En tout cas, c’est sans doute le prince de Togoville qui serait content de me revoir puisqu’une visite au prince était au programme.

Quand a sonné l’heure de la visite, nous étions en pleine formation. Alors pour ne pas faire attendre Son Altesse, il nous a fallu surseoir à un module intéressant sur l’infographie au désarroi des participants. Le module était une occasion pour la plupart d’apprendre à manier Photoshop et voilà qu’on nous demande de ranger nos ordinateurs pour une visite dont l’intérêt semblait douteux.

J’ai un frisson

Une fois les participants arrivés à destination et installés dans la salle de réception, le prince, l’air jeune et sobrement vêtu, fait son entrée. En l’écoutant, les blogueurs sceptiques ont dû se raviser au sujet de l’opportunité de cette rencontre. Il rappelle l’histoire de Togoville avant de nous donner la parole. Dès le début, nous sommes tous d’accord sur la qualité des échanges. Arrive mon tour. Je décline mon identité et évoque ma participation à Arctivism 22 qui m’a inspiré la rédaction de Togoville story.
J’avoue que j’ai eu un de frisson en voyant le prince tout souriant et l’assistance me répondre par des acclamations. J’étais au comble de l’émotion dans mon petit coin, quand l’intéressé a dit avoir lu les billets en question avant de me faire des remarques pertinentes sur le fond des deux articles. Comme si cela ne suffisait pas, il est allé jusqu’à affirmer que ces écrits méritaient une distinction qu’il aurait décernée hic et nunc s’il en avait la possibilité. Non, mais c’est sérieux ? Dites-moi que je rêve ! Parlons-nous de ces deux « petits articles » que j’ai griffonnés dans mon sobre français à moi ?

L’intérêt social du blogging

Au-delà de ces mots qui ont flatté mon ego, je prenais conscience que le temps passé à écrire sur une aventure personnelle n’avait rien d’inutile. Je me dis que ces écrits ont contribué à mettre en lumière une histoire oubliée et ont concouru à un devoir de mémoire pour la génération actuelle. Bref je venais de réaliser un peu l’« utilité sociale du blogueur », thème retenu pour le Blog camp. Honnêtement ce retour que j’ai eu à Togoville pour mes écrits m’importait plus qu’une quelconque distinction.
Quant au camp lui-même, je l’ai trouvé plutôt satisfaisant. Figurez-vous que les riches échanges pendant le camp ont donné naissance à un nouveau terme : le mastubloguing-s’il vous plaît- ou le fait pour un blogueur d’écrire des articles pour lui seul sans les porter à la connaissance du public.


Les partages d’expérience, les mystères du lac Togo qui ont ébloui Marthe et Estrella, les shootings photo qui ont révélé des experts en free jumping sont autant d’agréables souvenirs. C’est ici le lieu de remercier ceux qui ont contribué à la réalisation de cette belle première au Togo (Aphtal, Cyrille, Panoramique Creative,Tech of Africa). Vivement la prochaine édition.

Voici pour vous qui n’y étiez pas un petit slideshow du blogcamp.


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La mobilisation contre Ebola éprouvée par des bisbilles au CHU Sylvanus Olympio

Entrée du CHU Sylvanus Olympio Credit: fr.africatime.com
Entrée du CHU Sylvanus Olympio
Credit: fr.africatime.com

Les soubresauts de la semaine écoulée qui ont secoué le CHU Sylvanus Olympio-plus grand centre hospitalier du Togo- m’ont rendu plus inquiet que jamais en ce temps où la fièvre Ebola frappe à nos portes. Une affaire de disparition d’un moniteur d’anesthésie a suffi à faire monter la tension.
Le 26 aout dernier, suite à la disparition d’un moniteur d’anesthésie du bloc opératoire cinq agents du bloc ont été interpelés manu militari au CHU puis mis en garde en vue avant d’être « relâchés le même jour » selon un communiqué du CHU. Ce qui n’a pas manqué de révolter le personnel qui dans un sit-in de protestation organisé le jeudi dernier a demandé la démission du directeur du CHU. Le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT) dans sa déclaration remise au directeur reprochait à ce dernier d’avoir failli à protéger son propre personnel sur son lieu de travail. Alors que l’intéressé a sèchement rejeté la demande de démission, le SYNPHOT entrevoit d’autres actions jusqu’à satisfaction de sa demande.
Ce qui m’inquiète n’est pas plus le conflit en lui-même que le contexte particulier dans lequel il intervient. A vrai dire les Togolais sont habitués à voir des problèmes surgir dans le domaine de la santé. Ils savent que le secteur de la santé est un secteur tumultueux. Le service public de la santé est régulièrement en proie à des tensions à cause d’exécrables conditions de travail qui poussent les syndicats à des mots d’ordre de grève. J’ai encore en mémoire le mouvement de grève en 2013 qui a paralysé tout le système sanitaire pendant quelques mois.
Mais ce dernier conflit auquel fait face le CHU me semble plus grave pour deux raisons.
D’abord il marque une fracture, jette un froid entre le personnel de l’hôpital et son directeur. En tout cas c’est certain, les rapports entre le personnel et sa hiérarchie s’annoncent plus tendus que jamais. Comment s’organisera alors le travail maintenant que le directeur a perdu la confiance de ses collaborateurs ?

Je crains aussi que cette situation délicate ne favorise un dysfonctionnement préjudiciable à la lutte contre Ebola.  Alors que le pays est engagé sur le front de la lutte contre le virus Ebola ce nouveau conflit intervient au mauvais moment. Le virus Ebola se faisant encore plus menaçant, l’heure devrait être à la vigilance et à la mobilisation de tous les services sanitaires du pays. La réussite du plan de lutte contre l’épidémie est à ce prix. Malheureusement la crise si elle persiste pourrait bien troubler le dispositif de lutte qui d’ailleurs présente des failles.
En réalité le dispositif sanitaire du gouvernement contre Ebola est décrié par les agents publics de la santé pour ses insuffisances.

Des médecins syndicalistes se plaignent de l’absence de garanties pour la sécurité du personne soignant. Le choix de l’emplacement de certains centres d’isolement est contesté à l’instar du centre d’isolement de Lomé situé en plein campus universitaire. La plupart de ces centres manquent de certains équipements pour le traitement. Le matériel approprié pour détecter le virus Ebola chez un malade n’étant pas disponible, des analyses doivent se faire à l’extérieur du pays. Des efforts restent aussi à faire pour la sensibilisation dans les milieux reculés où on continue de s’adonner allègrement à la consommation de la viande de brousse pourtant déconseillée.
Ainsi donc les autorités concernées ont l’impérieux devoir d’éviter un enlisement du conflit au CHU et surtout de veiller à ce que les auteurs du vol du moniteur d’anesthésie soient recherchés et punis dans le respect de la loi. Le service public de la santé étant destiné à satisfaire un besoin essentiel de la population, il y a lieu de prendre les bonnes décisions pour ne pas dresser une voie royale au virus Ebola. Nous y avons tous intérêt car lorsque le service public de la santé fonctionne mal, c’est toujours nous pauvres populations qui en pâtissons.


Togoville story 2: extase musicale dans l’esprit de Joseph Ki Zerbo.

Un graffiti de Trez Folly dans la cour royale de Togoville credit:eli.mondoblog.org
Un graffiti de Trez Folly dans la cour royale de Togoville
credit:eli.mondoblog.org

Samedi 9 aout 2014. Jour 2 à Togoville. Hébergé dans un couvent de sœurs catholiques comme les autres aventuriers, je suis réveillé tôt le matin par le bruit d’un train passant sur une ligne ferroviaire destinée au transport de phosphates. Après une soirée très instructive chez le Prince de Togoville j’appréhendais déjà une journée bien remplie au regard des activités au programme. Une autre journée de découverte venait  donc de commencer.
Après avoir effectué en présence du prince un don de vivres au centre de santé de Togoville nous nous offrons une randonnée touristique. C’était l’occasion de découvrir certains sites comme le monument de l’amitié togolo allemande, le collège Saint Augustin ainsi qu’un centre artisanal. Il était encore plus agréable de rester au plus près du lac Togo pour y humer de l’air frais en attendant la suite des activités dans la soirée.

A la rencontre de la pensée de Joesph Ki Zerbo
Un concert était attendu dans la soirée. Mais conformément à la tradition d’Arctivism ce concert était précédé d’une projection de documentaire. La projection mettait en lumière une illustre personnalité africaine: Joseph Ki Zerbo qui fut un historien et homme politique burkinabè. Le débat qui s’en est suivi a permis de revisiter sa pensée qui reste d’actualité même après sa mort. Dans ses ouvrages il s’est intéressé à la question de l’identité africaine et aux enjeux du développement du continent noir.
Dans « A quand l’Afrique? »-un de ses ouvrages- il s’est clairement prononcé sur l’intégration africaine qui, selon lui, doit être appropriée par la jeunesse africaine. Elle doit être l’affaire des populations et non des leaders politiques qui manquent de volonté. Il disait de ces derniers que « chacun veut être roi chez lui, le sultan, le roitelet ». A cette génération de leaders égoïstes il suggère de substituer une avant-garde constituée d’intellectuels, des femmes, des jeunes bref des gens du peuple.
A voir de près l’actualité africaine on peut relever des difficultés qui entravent sérieusement cette idée d’intégration. Au nord du Mali l’autonomie est revendiquée par les rebelles Touaregs qui rêvent d’un « état de l’Azawad », au Soudan les conflits ont eu raison de l’unité nationale avec la naissance de l’Etat du sud Soudan. Par-dessus tout nous voyons au sein de l’Union Africaine des régimes autoritaires cohabiter avec de jeunes et rares démocraties. Voilà autant d’écueils qui montrent la complexité de la question.
Malgré ce triste constat il n’y avait pas de place pour l’afro pessimisme lors d’une soirée haute en couleur

Un spectacle délirant

Dès 20 heures dans la cour royale de Togoville affluaient un bon nombre d’habitants. Hommes, femmes, jeunes et vieux s’étaient rassemblés dans la cour pour assister au concert tant attendu. Le prince lui-même accompagné de ses notables s’est installé aux premières loges pour ne rien rater de l’évènement.
Le spectacle pouvait enfin commencer. Sur le podium se succèdent des artistes engagés aux styles variés. Du rap, du slam et du reggae étaient servis. Chaque prestation s’exécutait sous les ovations d’un public chaleureux et conquis. Entrainé dans cette ambiance festive j’avais du mal à rester sur place. Il m’arrivait de me lever par moment pour esquisser quelque pas de danse. La fièvre musicale atteint son paroxysme quand au son du tam tam résonnait « zomabi Togo » (le Togo ne s’embrasera pas), un chant populaire de la localité. Avec le prince tout le monde se mit à chanter en chœur sur des pas de danse traditionnelle. Je savourais là une ambiance mémorable. Au-delà d’un temps de divertissement, moi je voyais l’expression collective d’une promesse de ne pas laisser le Togo et par extension l’Afrique sombrer dans le feu des conflits. A travers cette communion je voyais une adhésion à la pensée de Ki Zerbo qui demande de diffuser le message de l’intégration dans les milieux reculés.
Les images de cette aventure resteront ancrées dans mon esprit comme pour me rappeler les défis qu’il me faut relever en tant que jeune africain.

Voici en bonus un petit slideshow de quelques images de Togoville.


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Togoville story 1: les plaies béantes de la Grande Guerre

Le graffeur Trez à l'oeuvre au palais royal de Togoville credit photo: Ras Sankara
Le graffeur Trez à l’oeuvre au palais royal de Togoville
crédit photo : Ras Sankara

Le week-end dernier a été pour moi, chers lecteurs, un moment de découverte que je ne saurais m’empêcher de relater. J’ai donc choisi d’y consacrer une série de deux articles dont voici le premier. La semaine passée, en lisant sur ma page Facebook une invitation à participer à la 22e édition d’«Arctivism»-initiative culturelle dont j’avais parlé dans un article précédentj’étais loin d’imaginer la portée historique de l’évènement.

annonce de l'évènement
Au-delà du programme que je trouvais alléchant, j’étais d’abord motivé par le lieu choisi pour la circonstance : Togoville, ville que j’ai connue dans mon enfance et qui figure d’ailleurs parmi mes 10 merveilles du Togo. Elle est considérée comme le berceau du Togo pour avoir abrité en 1884 la signature d’un traité de protectorat entre le roi Mlapa 1er de Togoville et l’allemand Gustave Nachtigal. Je voyais donc dans cette initiative une belle occasion de changer d’air, m’évader vers un environnement naturel loin du vacarme urbain.

A la lumière des explications des organisateurs, je réalise qu’il n’y avait rien de fortuit dans le choix du lieu et de la date (8 au 10 août). En effet, tout en mettant en lumière la pensée de Joseph Ki-Zerbo l’initiative s’inscrivait dans le cadre de la commémoration de l’agression française du palais royal de Togoville pendant la Grande Guerre dans la nuit du 8 au 9 août 2014. Avec moi, artistes et jeunes curieux issus d’horizons divers embarquaient alors pour Togoville que nous retrouvons en pleine nuit après une stressante traversée du lac Togo.

Une requête contre la « France politique » et non la « France citoyenne »

Le soir même de notre arrivée, nous nous rendons au palais royal de Togoville pour un entretien avec le prince  Plakoo Mlapa. Au bout de quelques minutes d’attente dans la chambre d’hôtes on nous fait signe de nous lever pour saluer l’arrivée du prince. Un homme vêtu d’un pagne blanc escorté d’une dizaine d’hommes et femmes faisait alors son entrée. C’était le prince et ses notables. A sa demande nous nous rasseyons pour enfin entamer notre discussion.

Ses déclarations sur les évènements d’août 1914 à Togoville qu’il qualifie de « tragédie » m’ont fait découvrir une partie occultée de l’histoire de la Grande Guerre au Togo. J’apprenais que l’agression de Togoville en 1914 avait fait l’objet d’une lettre que le prince a adressée à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU. Il y dénonçait l’agression « sans déclaration de guerre préalable » d’un territoire neutre par les forces alliées. Face à un fait qui caractérise selon lui une violation du droit international, il demande dans sa lettre réparation par la France et la Grande-Bretagne des crimes commis à Togoville pendant la Grande Guerre. Il s’agit selon ses propres termes d’une requête dirigée contre la « France politique » et non la « France citoyenne ».

Un devoir de mémoire

Même si la requête n’aboutissait pas à une réponse favorable de l’ONU, elle aura eu le mérite d’attirer l’attention de l’opinion publique sur la nécessité d’un devoir de mémoire sur les blessures causées par la grande guerre tant en Europe qu’en Afrique.
Les violences de la guerre à Togoville ont ouvert des plaies qui restent toujours béantes. En réalité la population a été dépouillée d’une grande partie du patrimoine royal par les occupants. La stabilité politique s’est trouvée profondément affectée. Togoville connaît des dissensions internes à cause de la revendication du trône royal par un autre groupe de personnes.

Malheureusement, cette phase douloureuse de l’histoire de la Grande Guerre au Togo est largement méconnue. Rares sont les Togolais qui en ont déjà entendu parler. Avant le week-end dernier je faisais moi-même partie de cette masse qui ignore tout des ravages de cette tragédie au Togo. Ce n’est pas de notre faute puisque l’école togolaise censée éclairer les jeunes générations sur l’histoire nationale ne joue pas son rôle.

Je me rends compte que toute l’histoire africaine ne se trouve pas dans ces cours que j’ai ingurgités au collège et au lycée. Il m’aura donc fallu un séjour à Togoville pour comprendre que l’Afrique -oubliée de la commémoration de la Grande Guerre-a autant souffert que l’Europe de cet évènement. Il est donc temps dans ce pays de restituer toute l’histoire aux citoyens que nous sommes, car nous avons besoin de tirer les leçons de notre passé pour mieux faire face aux défis d’aujourd’hui.


L’oiseau géant aux ailes d’argile

Illustration d'un avion credit: pixabay.com
Illustration d’un avion
crédit: pixabay.com

Le jeudi 24 juillet, je recevais la visite d’un ami de France venu à Lomé pour ses vacances quand notre discussion fut interrompue par cette information fracassante : le crash d’un avion d’Air Algérie. Je restai bouche bée tandis que j’entendais mon hôte lâcher « putain, ça fait peur ! » avec des yeux écarquillés rivés sur l’écran.

Il avait débarqué à Lomé par un vol d’Air Algérie et stressait tout à coup à l’idée de quitter Lomé à bord d’un avion de la même compagnie. En tout cas l’angoisse de mon vacancier français est aussi la mienne, car la cascade de drames ayant eu lieu dans le transport aérien ces derniers jours prête à s’interroger sérieusement.

L’accident du 24 juillet est un drame survenu après deux autres en une semaine seulement. Pour moi, il s’agit d’un drame de trop pour un moyen de transport qu’on considère comme le plus sûr. Bien des accidents d’avion se sont déjà produits dans le temps, mais la succession d’accidents en un laps de temps aussi court me surprend. L’avion est-il aussi solide et sûr que les experts nous le font croire?

Prouesse technologique de l’humanité l’avion est l’accomplissement d’un rêve fou : voler, s’élever dans le ciel et planer au-dessus de la terre ferme. Sans cesse l’engin fait l’objet de travaux de plus en plus ambitieux des grands constructeurs. Mais aussi sophistiqué et sécurisé soit-il, le risque zéro en termes d’incident n’existe toujours pas. La réalité est qu’il s’agit avant tout d’une œuvre humaine. Toute œuvre humaine étant perfectible, l’avion aussi est une machine qui peut avoir ses failles.

Personnellement les rares fois où j’ai pris l’avion j’y suis allé de ma petite peur. Les sons étranges de l’appareil, les turbulences et secousses pendant le vol, tout ça me mettait mal à l’aise et je retenais mon souffle. Je priais le Bon Dieu pour redescendre sur terre aussi vite que possible. Prendre un avion par ces temps qui courent devrait encore plus angoissant pour moi qui ai pour habitude de stresser une fois à bord.

Après une semaine aussi horrible pour le transport aérien, plus aucune statistique ne suffira à me faire croire que l’avion est le plus sûr moyen de se déplacer. Comment le croire si un avion en plein vol peut comme par enchantement disparaître des écrans radar du monde sans laisser la moindre trace comme le MH370 de Malaysia Airlines, et qu’il est possible que des individus armés de missiles abattent tout bonnement un avion civil comme ce fut le cas pour le MH 17 .

L’avion est tout simplement un moyen de locomotion avec ses particularités.Tout de même il est difficile d’éviter l’avion dans certaines circonstances, lorsque par exemple la distance à parcourir est telle qu’il n’y a que l’avion pour voyager rapidement.

De tous ces malheureux évènements, des leçons devront être tirées pour la conception de nouveaux appareils. Les constructeurs doivent porter une attention plus particulière aux différents aléas qui peuvent compromettre la sécurité.

Animé par une pensée pour les victimes des derniers accidents, je souhaite à mon vacancier français un agréable voyage à bord de ce véhicule qui n’est plus pour moi qu’un oiseau géant aux ailes d’argile.

 


Il est temps de penser à traiter les usagers de drogue au Togo

injection credit photo:sunuker.com
Injection
credit photo:sunuker.com

Traiter et dépénaliser l’usage de la drogue au Togo, voilà une idée qui peut faire tiquer plus d’un au Togo où prévaut la prohibition. C’est une proposition parmi tant d’autres portées par un organe de la CEDEAO (communauté économique des états de l’ Afrique de l’Ouest) dans un rapport sur la lutte contre le trafic de drogue. Cela m’a fait penser à Koffi le seul usager de drogue que je connais. Les mesures préconisées par la CEDEAO auraient elles pu changer quelque chose dans sa vie ?  

Trentenaire au caractère sulfureux très redouté des habitants de mon quartier Koffi  semble n’avoir rien d’un homme fréquentable. Élancé et portant par endroits sur le corps des tatouages, il est connu dans le quartier pour son addiction à la drogue. Il ne m’est pas rare de le croiser en chemin, lui qui a pour habitude de se pavaner dans les coins et recoins d’Agoè (une banlieue nord de Lomé) et surtout de fréquenter les buvettes.

Belliqueux et nerveux il est devenu familier au commissariat d’Agoè. Il y passe souvent des journées en captivité pour coups et blessures causés dans une bagarre en attendant calmement la caution d’un parent pour sa libération. Ce caractère bien trempé lui vaut la crainte de beaucoup. J’ai même une fois entendu dire ceci : « Quand tu croises Koffi sur ta route, mieux vaut bifurquer pour avoir la paix ».

J’ai pourtant fini par me lier d’amitié à lui. Contrairement à sa sombre réputation il me parait toujours sympathique lorsque nos chemins se croisent. Il m’a même gratifié du titre d’avocat depuis que je lui ai dit que j’étais un étudiant en droit.

A la lumière des confidences sur son passé j’ai découvert un homme qui n’a jamais voulu d’une vie de toxicomane, d’accroc aux stupéfiants. Issu d’une famille polygame il perd son père à l’âge de 12 ans. Un coup dur qui changea le cours de sa vie. Il finit par quitter l’école face à la précarité financière d’une mère dont le petit commerce ne suffisait pas à financer les études de ses 5 enfants.

Pour survivre il se lance dans l’activité de zémidjan ou taxi moto. Déprimé par ce travail ingrat dont il ne tire que de maigres revenus, Koffi se rend chaque soir dans des bars où il se gave d’alcool. Certains individus qu’il fréquentait dans un de ces bars lui proposent un beau jour de soulager sa douleur dans de la poudre de cocaïne. Depuis sa première dose il ne lâche plus cette drogue, source d’un bien être éphémère.

Trompé par les effets aléatoires de la drogue et embrigadé dans une forte dépendance, Koffi y voit désormais une saleté qui lui a volé sa jeunesse.

Malheureusement les structures dédiées au traitement des usagers de drogue font cruellement défaut. Dans de telles conditions, aucune chance pour lui de sortir de son addiction. Un changement de la loi sur la drogue n’aurait il pas changé la donne ?

Dans son document l’organe de la CEDEAO propose aux pays une autre « approche combinant prévention, traitement adéquat et humain des usagers de drogue». Au delà de la dépénalisation qui reste discutable, le volet traitement s’avère très pertinent car il offrirait aux usagers la possibilité de guérir. Si seulement il existait un centre de désintoxication, Koffi aurait pu se faire soigner et tenter de prendre au nouveau départ dans sa vie.

Peut on vraiment mettre fin à l’usage de la drogue en se contentant de sévir contre les usagers sans travailler sur leur état de santé? La drogue doit être traitée au Togo non comme une question de justice pénale mais comme un sujet de santé publique. Le drogué ne doit plus être vu comme un reclus de la société ou un paria mais plutôt comme un être humain qui a besoin de traitement.

Il y aura des consommateurs tant que le narcotrafic se poursuivra. Or le marché de la drogue ne peut être totalement détruit. Il est alors temps d’admettre une telle réalité et de donner une dimension sanitaire à la loi sur l’usage de la drogue au Togo.