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Pour le respect de la parole donnée #FaisonsLesComptes

J’espère me tromper mais depuis le 16 décembre dernier j’ai bien cette mauvaise impression que le gouvernement togolais repousse délibérément les limites du vice et de l’immoralité politique. A cette date le gouvernement réuni en conseil des ministres sous la houlette du chef de l’Etat adoptait un décret portant création de comités ad hoc de supervision, de gestion et de mobilisation de fonds pour soutenir les éperviers à la CAN 2017. Si le gouvernement a cru ainsi bien faire, c’est plutôt raté. Nous sommes carrément en présence d’un scandale-en attendant de trouver un mot plus fort-dès lors que ce décret intervient au moment où nous attendons toujours de connaitre les comptes de la CAN 2013.

J’ai encore à l’esprit des souvenirs frais. A l’approche de la CAN 2013 le gouvernement prenait prétexte d’un climat délétère au sein de la Fédération Togolaise de Football pour instituer par décret ces comités placés sous la supervision du premier ministre. Ils étaient chargés de mobiliser auprès des contribuables les fonds nécessaires pour un soutien financier de l’équipe nationale à la CAN. On nous a déballé autant d’arguments mielleux que possible pour nous persuader du sérieux de ces comités et nous inciter à donner des sous. Nous avons contribué volontiers, subi l’augmentation du prix du ciment, du carburant  et autres produits pour récolter à la clé un match en quarts de finale suivi d’une fin de séjour humiliante et chaotique des joueurs en Afrique du sud. Aujourd’hui les fameux comités se murent dans le silence et ça fait trois ans que ça dure.

Quid de la parole donnée ?

A force de m’informer, en fidèle auditeur, via la radio je me suis accommodé du générique plutôt insolite d’une émission hebdomadaire. Un générique qui met à nu toute la duplicité du gouvernement en martelant certains propos que tenait le premier ministre Ahoomey-Zunu en 2013 :

« Je tiens à rassurer les togolais que nous rendrons compte dans les détails de ce qui a été utilisé. Et si quelqu’un garde un franc par devers lui il le rendra jusqu’au dernier centime.. ».

Depuis lors l’eau a coulé sous les ponts. Le premier ministre a passé le témoin sans avoir honoré sa promesse. Face à l’inaction du gouvernement la déception ressentie est à la hauteur du ton solennel de l’engagement pris devant le Togo tout entier.  Nos gouvernants semblent ignorer qu’il y a des exigences élémentaires sur lesquelles on ne peut transiger sans perdre la confiance des citoyens. Ils font mine de ne pas savoir que gouverner, c’est prêcher par l’exemple et respecter la parole donnée à tout un peuple. L’éthique a-t-elle encore une place dans la gestion de la chose publique au Togo si un fonctionnaire peut disposer allègrement et impunément de l’argent des citoyens comme s’il s’agissait de son argent à lui ?

La décision de nous servir le même scénario pour la CAN 2017 tel un vieux plat d’ayimolou réchauffé sans s’acquitter des obligations actuelles est l’expression d’une injure du gouvernement à l’intelligence des togolais. Si respect il y avait pour nous ce gouvernement aurait envisagé toute mesure autre que la création de ces comités fantoches à l’affût de nos pauvres poches. Le plus drôle dans tout ceci est de constater que les rares déclarations publiques du gouvernement sur le sujet sont pourtant favorables à la publication des comptes de la CAN 2013. Encore faut-il s’assurer que tous pensent réellement ce qu’ils disent. Le premier ministre actuel en personne avait admis la nécessité de faire les comptes. Tout le monde est d’accord sur le principe mais qui pour se jeter à l’eau ? Personne ne veut s’exposer devant les caméras avec des comptes dont la fiabilité ne serait pas garantie. Où est alors passé le sens de la responsabilité et de la transparence qui doit guider toute fonction publique ?

Faudrait-il rappeler aux membres du gouvernement qui se font tant désirer que la présentation de comptes publics n’est en rien un exploit et que des hommes ont déjà été capables de l’exercice dans ce pays ? Oui malgré l’opacité ambiante observée dans bien de secteurs certaines personnes ont eu le courage de montrer l’exemple en 2010. Au lendemain de la tragédie qui a frappé en terre angolaise l’équipe nationale certains responsables du comité de gestion en ce temps ont pris l’initiative de publier des comptes. Même si le bilan présenté n’a pas fait l’unanimité les personnes concernées ont eu le mérite de s’acquitter de leur devoir envers les contribuables. Un exemple dont les membres des comités de la CAN 2013 feraient mieux de s’inspirer.

N’en rajoutez pas aux infortunes de ce football

Je ne sais pas pour vous mais être un mordu de foot dans ce pays c’est vivre un supplice, c’est souffrir le martyr. Ma passion pour le football a toujours été mise à rude épreuve par des incongruités et vicissitudes couvrant de honte tout un pays. Puisque personne n’a jamais été comptable de rien beaucoup ont fini par faire du football une mangeoire, un domaine où chacun se sert à volonté sur l’argent du contribuable. Ce sport a fini par tomber dans l’escarcelle de cette fameuse minorité qui selon les dires du chef de L’État « s’accapare les biens du pays ».

 Les matchs ou compétitions à l’étranger sont l’occasion pour certains de voyager en compagnie de leurs copains avec la délégation officielle aux frais du contribuable. Dans un passé récent certains administrateurs de la fédération s’arrogeaient  le droit de prendre des commissions sur les primes des joueurs qu’ils faisaient sélectionner. Même les ressources logistiques ne sont pas exemptes de gaspillage. Longtemps soumis à une gestion désastreuse les maillots de l’équipe nationale ont carrément disparu de la circulation. Ce qui nous a d’ailleurs valu une rupture de contrat par l’équipementier au profit d’un autre fournisseur moins coté. L’équipe a donc dû jouer les éliminatoires toute vêtue de maillots non officiels. Quelle honte pour un pays ayant participé à une coupe du monde.

Bref. Il est clair qu’avant le sale coup du 16 décembre dernier, le football au Togo souffrait déjà assez. Les togolais payent un tribut trop lourd pour le football et n’avaient pas besoin de cette énième tentative de dépouillement.  Autant que je souhaite voir les éperviers voler de victoire en victoire à la CAN, je ne saurai tolérer que les gouvernants piétinent, malmènent le citoyen que je suis en allant de gabegie en gabegie. Il est hors de question d’avaler une pilule amère pour une deuxième fois. Accepter de se faire spolier une fois de plus au nom du football revient à cautionner la médiocrité et  l’opacité dans la gestion des fonds publics.

Il n’y a plus de temps, plus une seule minute à perdre. Finissons en! Pour le respect de la parole donnée à tout un peuple #FaisonsLesComptes au plus vite.

 


Sommet de Lomé : Faure Gnassingbé est le prophète Moïse

 

Credit: news.icilome.com
Credit : news.alome.com

A Lomé il faudrait être un aliéné pour ne pas flairer la moindre once de parfum d’un sommet dont la tenue prochaine est claironnée partout, et même sur les ondes de RFI. Excusez du peu. Il faudrait être un de ces jaloux et grincheux opposants pour refuser de voir la vie en bleu comme notre papa Faure depuis qu’il a reçu la divine révélation du précieux « sésame maritime ». Oui, ce sommet sur la sécurité maritime c’est le « sésame d’octobre ». Voici enfin la formule magique qu’il cherchait depuis 11 ans de règne pour nous ouvrir les portes du plein bonheur. Il faut croire que la lettre du 20 septembre dernier à la cybercommunauté ne porte pas qu’un simple message. C’est toute une prophétie que nous avons là. Comme Moise à l’endroit de son peuple, « Miabé Faure* » demande aux togolais d’emprunter la route de la prospérité qui passe par la mer. Allons donc !

A ceux qui osent douter de l’inspiration divine de notre chef bien aimé je tiens à préciser qu’il lui a fallu invoquer les dieux de tous les villages du Togo (il est chrétien et alors ?). Faure Fort heureusement ces derniers ont fait diligence en se ralliant à la cause. D’où le bleu ciel revêtu par la pierre sacrée du peuple Guin en 2015. Ah vous ne le saviez pas hein ! Voilà qui est maintenant clair. Comme le dit un proverbe africain, « à événement spécial couleur spéciale ».

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Bon, assez divagué. Je reprends mes esprits.

A travers son message, le « prophète » s’est évertué à démontrer par A+B que cette rencontre internationale, la première du genre depuis des lustres au Togo, est bien ce qu’il nous faut. D’ailleurs pour convaincre les uns et les autres du bien-fondé de la chose et ratisser large, la diplomatie togolaise s’est elle-même mise en branle en faisant le tour des palais présidentiels africains. Difficile, après autant d’égosillements, de rester incrédule sur l’intérêt du  sommet sur la sécurité maritime pour le pays. A n’en point douter c’est une aubaine qui s’offre à certains opérateurs économiques de booster leurs affaires et nouer des partenariats. Les hôteliers qui accueilleront les invités sont certains de faire recette et peuvent s’en frotter les mains. Les organisateurs ne manqueront pas de vanter les potentialités du pays dans le domaine de l’économie maritime avec son troisième quai flambant neuf. Ils y trouveront leur compte sur le plan diplomatique en mettant en avant l’image d’un pays qui a l’air stable. C’est de bonne guerre. Qui va se négliger?

Un sommet vraiment «international»

Le bruit court que pour nous prouver qu’il n’est pas dans les blagues, le « prophète » entendrait recruter à prix d’or des experts étrangers en communication. N’en déplaise aux médias togolais qui s’époumonent à fustiger un mépris pour les compétences locales. Ils ne savent pas que leur président n’aime jamais faire les choses à moitié, et que pour lui un sommet sans experts « internationaux » n’est pas un sommet « international ».

Il n’y a pas non plus de sommet international sans des routes bien propres et répondant aux normes internationales. Vous comprenez donc pourquoi on nous soigne les routes avec autant de soin ces derniers temps et pourquoi pullulent dans la ville des chantiers dont certains sont mort nés parce que suspendus pour une durée qui reste dans le secret des dieux.

Il faut bien nettoyer la route pour que brille l’asphalte. Il faut bien y mettre un peu de décoration pour épater les visiteurs.

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C’est à croire que nous autres togolais nous devrions prier Dieu de nous inspirer l’idée d’un sommet chaque année à Lomé pour qu’on apporte autant de soins à la ville. D’ores et déjà rassurez-vous chers togolais ! Tout porte à croire que nous serons exaucés car le « prophète » dans sa magnanimité nous fera bientôt la surprise d’un sommet Israël-Afrique et de tout le bling-bling qui va avec. Ce n’est pas sympa ça ?

Passer par la mer le ventre creux?  

Je concède volontiers que la route du développement durable passe par la protection de la mer et de ses ressources. Certes le problème n’est pas à prendre à la légère.

Il faut quand même  se rendre à l’évidence qu’il ne s’agit que d’un problème parmi d’autres bien plus préoccupants pour les togolais. Tout l’engouement et les moyens concentrés sur l’organisation du sommet me donnent l’impression que le président n’a d’yeux que pour ce projet pendant que des secteurs importants de la vie sociale et économique du pays souffrent d’un manque cruel d’investissements.

Les infrastructures mises en place et la logistique déployée pour la circonstance, tout cela est bien beau et admirable. Mais j’aurais bien aimé sentir de la part des gouvernants autant d’engouement et de ferveur pour d’autres défis où les togolais les attendent. Nous n’avons droit pour l’instant qu’à un véritable paradoxe. Sous un 3eme quinquennat au pouvoir, que Faure a lui-même qualifié de « mandat social », tout l’argent public part dans les grandes infrastructures, les grandes conférences, les voyages officiels et officieux. Par contre cet argent se fait très rare là où les besoins sociaux sont les plus criants, là où les situations sont les plus désespérées. Les hôpitaux, les écoles et universités restent les parents pauvres des investissements publics. Ce paradoxe affligeant, ce sont des citoyens qui l’expérimentent au quotidien et qui en témoignent.

La quiétude dans laquelle se déroulera le sommet n’est qu’un faux-semblant qui dissimule la grogne sociale qui fuse d’un peu partout. Dans le domaine de l’éducation le gouvernement a eu la malice de prendre de court la menace de grève des syndicats d’enseignants en décidant de reporter la rentrée scolaire. Une manière bien subtile de leur faire l’injonction de la fermer et de circuler. Un bon débarras. Ceux-là ne risquent donc pas de venir gâcher la fête avec leurs revendications.

Le sommet sur la sécurité maritime semble être devenu la priorité des priorités, la grande attraction qui prime sur tous les besoins essentiels des populations, la direction que tout le monde doit privilégier au détriment de toute autre trajectoire.

Nous voulons bien passer par la mer mais pas en ayant le ventre creux ni une santé d’argile. La route du développement durable que nous attendons est celle qui passe par l’équipement des hôpitaux pour des soins de qualité, des conditions de travail acceptables pour élèves, étudiants et enseignants, ainsi qu’une répartition juste et équitable des richesses.

Ce n’est pas si compliqué monsieur le « prophète » ! 

*Miabé Faure = notre Faure en langue mina. Expression apparue lors de la dernière campagne électorale de 2015

 

 


A toi qui vis loin d’ici

Credit:loveinside.com
Credit:loveinside.com

Depuis que tu t’es envolée vers un autre horizon, loin de cette ville où tout a commencé, je sens mon esprit tanguer entre blues et admiration. Pour tout te dire, tu m’as rendu admiratif de tous les signes d’affection dont tu as marqué mon esprit comme un être marque d’une empreinte son existence. Sur chacune de ces photos que tu m’as laissées en souvenir et que je contemple religieusement, je trouve le reflet d’un rapport fusionnel que la distance éprouve aujourd’hui. Vois-tu? Je me suis toujours convaincu que les relations à distance c’était pour les autres. Hélas! C’est quand on le vit qu’on fait vite de déchanter. S’enticher de quelqu’un qui vit ailleurs, très loin de la chaleur de ses bras. Pas simple comme équation. D’ailleurs je me demande bien comment tu t’en sors sans moi.

Comment te prends-tu pour combler ce vide laissé dans ton nouveau cadre de vie ? De quoi meubles-tu désormais tes soirées ? Est-ce aussi agréable que ces virées que nous nous offrions ensemble en amoureux ? Il se peut qu’avec le temps tu aies appris à mieux t’y faire. Ce qu’il en est pour toi je ne le saurai peut être jamais assez. Pour ma part m’éloigner de toi est un crève-cœur que je dissimule derrière le sourire que j’arbore tel un masque sur le visage. Je me mets à rêver d’une autre vie où j’aurai le don d’ubiquité pour être en ta compagnie quand ça me chante. J’aurais le pouvoir d’apparaitre et réapparaitre en tout lieu et en temps voulu. Ni les frontières, ni le temps ne seraient des obstacles de taille pour nous séparer. Dans mon esprit je me plais à remonter le temps, à retourner aux origines de cette histoire idyllique écrite ensemble. Te souviens-tu de notre première rencontre ?

Je me rappellerai toujours du soir où je faisais par un heureux hasard ta découverte. Mon regard se posait au détour d’une conférence à l’hôtel sarakawa sur ton visage rayonnant de grâce et de beauté. Avant même de t’aborder je pouvais déjà lever le mystère sur ton nom. Comme par providence une connaissance à toi qui se tenait au loin dans le hall criait ton nom en faisant de grands signes. Ma plus belle découverte du jour s’appelait Awa. Au premier contact qui s’établit entre nous ce jour-là, des échanges de civilité et rien de plus. Cela n’a pas suffi à allumer la moindre étincelle et rien ne semblait nous disposer à envisager d’aller plus loin, d’aller au-delà d’une amitié. Même pas le présage d’un éventuel rapprochement. Je paraissais trop jeune pour toi et moi je te trouvais trop belle et trop distinguée à mon gout. Tu étais le genre de personne avec qui j’appréhendais mal une quelconque aventure, une femme qui ne passe jamais inaperçue et ne laisse jamais personne indifférent.

J’avoue avec le recul que tu as raison de penser que la vie se moque parfois de nous. Elle recèle des surprises les plus insoupçonnées. Les expériences que nous redoutons le plus peuvent parfois se révéler comme les plus savoureuses. Ce que nous ne semblons pas vraiment considérer peut subitement prendre de la valeur à nos yeux et devenir ce que nous chérissons le plus au monde. C’est un peu ce qui nous est arrivé. Nous ne voyions rien venir et notre aventure s’est imposée d’elle-même.

A mesure de nous côtoyer l’affinité se construisait, se développait pour franchir au final le cap de l’amitié. L’impression devenait forte de te connaitre depuis bien longtemps. Je découvrais une femme d’un esprit brillant. Une complicité était née. S’en suivent les étreintes à n’en point finir, nos balades bras dessus bras dessous, nos coutumières heures de détente dans le doux vent de la plage où, nos pieds entremêlés dans le sable fin, nous contemplions avec délectation le mouvement des vagues.

Tout m’a l’air désormais d’un changement brusque, d’un pari aussi osé que celui d’un saut dans le vide. N’empêche, ce pari en vaut tout de même la peine. Je vois dans cette épreuve non pas une peine mais une nouvelle page de notre histoire qui s’ouvre. A quoi bon tout plaquer quand tu fais de moi un homme comblé ? A quoi bon tout remettre en cause quand je ne vis le meilleur qu’avec toi ?

Puisqu’on ne vit qu’une fois (telle est ma conviction), je ne peux qu’assumer pleinement cette aventure sans le moindre regret dans les bons comme les mauvais jours car tu restes celle que je préfère pour ma courte vie.

 


Education au Togo: jusqu’où descendrons nous? (2ème partie)

Crédit photo: Happuc Photographie

Elle est tellement libre, si libre la chute du système éducatif togolais que le sujet à lui seul rassemble trois blogueurs dans une série de billets ouverte par Marek. La suite de cette série je l’ai écrite avec une pensée pour les candidats au Bac qui attendent désespérément de connaitre leur sort pendant que leurs autres camarades savourent déjà les vacances. Ces vacances où j’en vois qui déambulent ces temps-ci dans les ruelles de mon quartier. Tout heureux sont-ils de délaisser pour un temps leur uniforme pour arborer à volonté des tenues à l’air du temps pour faire swag, comme on dit. Tout comblés se sentent-ils de retrouver à la faveur des vacances une certaine bouffée d’air après le stress des examens. Bref. Les fameux examens, revenons-y !

Je me doute bien que, tout comme moi, mes compères Renaud et Marek en ont entendu des choses durant cette année scolaire. Une année secouée par une série d’incongruités autour des examens et des résultats. Faudrait-il ressasser tout le théâtre qui a été servi à une opinion publique habituée à des rebondissements à chaque année scolaire ?

Une fois de plus nous avons frôlé le scandale avec des faits qui ont défrayé la chronique : annulation d’une épreuve du bac 1ère partie qui serait hors programme, annulation partielle du concours d’entrée à l’Ecole Normale d’Instituteurs (ENI) en raison de fraudes de certains candidats. A tout cela se sont ajoutées les folles rumeurs nées de la longue attente des résultats du Brevet d’Etudes du Premier Cycle. A mesure que ces résultats se faisaient attendre, d’aucuns affirmaient qu’ils étaient tellement médiocres qu’un traitement cosmétique serait opéré pour gonfler le taux de réussite.

Vérité ou pure affabulation ? Question pour un champion !

A première vue, les résultats officiels semblent ne rien avoir de si alarmant. Bien qu’évoluant en dents de scie depuis quelques années, le taux de réussite (59,54% pour le BEPC et 80% pour le CEPD)  n’est pas des plus minables et on serait même tentés de croire que tout va pour le mieux dans le domaine de l’éducation. Et bien, vous risquez de vous méprendre en vous fiant trop à ces chiffres car ils sont flatteurs pour qui connait l’état actuel du système éducatif togolais.

En réalité, ils cachent mal les défaillances d’un système aux abois. Un système dont les tares organisationnelles ouvrent le champ aux fraudes comme au dernier concours de l’ENI. Un système qui par sa léthargie a fini par entretenir la médiocrité du travail chez un certain nombre d’élèves. Aujourd’hui, le sens de l’effort et la culture de l’excellence sont occultés par des méthodes laxistes qui prévalent dans certains établissements scolaires. Ce sont des écoles où malgré une moyenne faible, un élève peut à la faveur de petits arrangements financiers, être facilement être déclaré admis. Il est évident qu’un tel élève voit son parcours pâtir d’autant de largesses lorsqu’il a par la suite toutes les difficultés du monde à décrocher son BEPC ou son Bac.

Le comble de tout ce méli-mélo est de constater que la gangrène sévit même au-delà de l’enseignement primaire et secondaire. Les élèves qui par leurs efforts parviennent à décrocher le Bac découvrent dans l’enseignement supérieur des déviances similaires dont ils sont bénéficiaires ou victimes. La décrépitude avancée des universités publiques a ouvert la voie au développement de l’initiative privée dans l’enseignement supérieur. Les universités privées qui pullulent aujourd’hui sont comme une bouée de sauvetage pour des étudiants désabusés par les carences des universités publiques. Malheureusement, bon nombre de ces établissements privés s’apparentent à des entreprises qui prennent des sommes colossales aux étudiants en échange d’une formation au rabais. Quand on a un peu d’argent, point n’est besoin de trop se casser la tête dans les études. Avec ces universités privées vous pouvez aisément vous offrir un diplôme sans avoir lu une seule page de cours.

Quelle est au juste la vocation de l’école aujourd’hui ? Former une élite ou distribuer des paperasses de diplômes ?!

Les utilisateurs de Whatsapp n’ont d’ailleurs pas manqué de s’inviter au débat en tournant en dérision cette triste réalité. Whatsapp a vu se déchaîner des railleries à propos des grossièretés étalées par certains candidats aux examens. Rire des lacunes des élèves via Whatsapp, ce réseau social qui contribue à nourrir leurs déficiences. Ironie du sort !

Quelques photos qui ont fait le tour de la Whatsapp-sphère

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Au passage vous apprécierez  à la fois l’irresponsabilité de ceux-là qui ont osé violer le secret de la correction des épreuves et l’ingéniosité des auteurs de tels chefs d’œuvre.

Le niveau général laisse de plus en plus à désirer et les principaux acteurs de l’éducation ne font pas grand-chose pour changer cet état de choses. Au contraire certains y contribuent. Nous sommes en présence d’une lente hémorragie qu’il faut arrêter à tout prix. Un diagnostic s’impose et de nouvelles orientations sont à définir. Quid des états généraux de l’éducation promis par le chef de l’Etat le 26 avril 2013 ? Un projet qui se trouve sans doute au cimetière des promesses chimériques.  Je ne crois pas aux promesses politiques mais je ne suis pas non plus amnésique.

De toute façon, en l’état actuel des choses, il n’y a que deux options possibles : se ressaisir pour préserver l’avenir de la jeunesse ou rester indifférent pour laisser notre société toucher le fond de la médiocrité.   A nous de choisir!


Le soldat togolais, le racket et moi

Credit image: Jeune Afrique
Credit image: Jeune Afrique

Mon rapport au militaire togolais a toujours été empreint de méfiance et de crainte. C’est d’ailleurs une réalité que bien d’autres togolais partagent sans doute dans un pays où l’armée est présente aussi bien dans les casernes que dans la vie politique et économique. Dans ma cervelle j’avais entretenu l’image du soldat austère qui ne badine jamais avec la discipline militaire mais ça c’était avant. Oui, c’était avant d’avoir été témoin d’un fait pour le moins surprenant.

Samedi matin 6h30. Dring dring…! L’alarme de mon téléphone résonne fort dans mes oreilles et m’arrache à mon doux sommeil. Je devais me séparer de mon lit pour rejoindre Edem, un très proche ami qui m’avait prié de le conduire au siège de la TVT (Télévision Togolaise) pour l’enregistrement d’une émission. Sur ma bécane, nous nous engouffrons dans les méandres de l’embouteillage pour enfin chuter devant l’enceinte de la TVT. Nous tombons sur un homme en tenue militaire, fusil en bandoulière, qui montait la garde. Ce dernier d’un geste autoritaire nous somma de faire halte puis s’approcha. Il s’enquiert de l’objet de notre visite puis, avec une amabilité si rare chez les hommes de sa corporation, nous indique le chemin menant au lieu de l’émission.

Au bout d’une heure d’émission il nous fallait quitter les lieux mais c’est à ce moment-là qu’un fait plutôt insolite nous prenait au dépourvu. Nous sortions donc quand le militaire qui veillait au grain à l’entrée du bâtiment, tout sourire, m’adressa ces mots:

« Alors chef, on dit quoi ! »

Sur le vif j’ai eu du mal à déchiffrer ces propos. J’ai même cru entendre une salutation.

« Oui ça va ! ». Voilà dans ma naïveté tout ce que j’avais trouvé à lui répondre. Mauvaise réponse. L’insatisfaction se lisait dans le regard de l’interlocuteur qui restait là tout droit planté devant nous. Le sourire qu’il arborait se dissipa sur le champ pour faire place à une grise mine, une mine aussi serrée que celle d’un pasteur sevré de dons par ses fidèles. Le gars tout statique me fixait continuellement du regard. Là je commençais à angoisser sérieusement. Mais que me veux-t-il au juste ce type ?

Il finit par délier sa langue. Sur un ton plus grave il me fit une réplique explicite qui m’a fait tomber des nues :

« Faut donner quelque chose non ! »

C’était donc mes jetons qu’il convoitait le pauvre. Stoïque et sonné par ce que je venais d’entendre je n’en croyais pas mes oreilles. Je suis resté un moment muet comme une carpe. J’étais aussi fasciné par sa façon habile de changer de rôle car je n’avais plus affaire à un soldat mais à un agent d’extorsion de pauvres deniers des usagers. En tout cas il était hors de question pour moi de cautionner cette supercherie.

« Ah mon gars, je n’ai pas de sous sur moi hein. Désolé, on se gère après ! ». Ai-je lancé pour l’éconduire avant de démarrer mon engin en trombe. Cette attitude ubuesque nous a mis dans un fou rire indescriptible.

A y penser avec le recul je me dis qu’il s’agissait certes d’une forme de racket comme on en voit d’ailleurs dans la rue et même parfois dans l’administration. Mais pour moi ce qu’il y avait de particulier dans cette infortune était que le coup vienne d’un militaire. J’avais plutôt l’habitude de voir des fonctionnaires ou des agents de police exiger des avantages indus aux usagers et c’était la première fois qu’un militaire tentait de me racketter. Il avait pour mission de sécuriser l’accès aux locaux de la télévision et rien dans l’exercice de sa mission ne nous faisait obligation de lui payer le moindre rond. Dans de telles conditions son attitude me semblait relever de l’absurdité.

Cette expérience des plus inattendues me révèle que la culture du profit est en train de s’étendre à tous les pans du service public. Même la grande muette malgré sa discipline traditionnelle n’est point épargnée. Elle compte dans ses rangs des brebis galeuses comme ce soldat qui s’est dérobé à la discipline militaire en suivant la règle d’or de l’agent public véreux. Ah oui, je me doute que vous devez la connaitre cette règle non écrite. En tout cas tout bon togolais né et vivant dans ce rectangle de territoire connait bien le principe et le subit au quotidien. C’est la loi dictée par tous ceux qui appartiennent à cette race de fonctionnaires pour qui le service public est aussi du business. Il s’agit pour eux de s’agripper à la poche de nous autres pauvres usagers pour trouver de quoi arrondir les fins de mois.

On te confie une mission d’intérêt général à accomplir et puis un beau jour te vient l’ignoble ingénieuse idée de garnir ta poche. Tu te dis que tu gagnerais mieux à en profiter pour t’enrichir sur le dos des citoyens. Mais bon en même temps, inutile de se voiler la face hein. La tentation d’abuser du citoyen est forte quand tu tires le diable par la queue avec un salaire minable qui ne te sert qu’à payer tes dettes, quand tu épuises ce salaire en quelques semaines et que tu te grattes la tête en te demandant comment nourrir ta famille. Il ne faut pas s’en cacher : le fonctionnaire togolais qu’il soit civil ou militaire vit mal et subit de plein fouet les effets de la vie chère. Je suis quand même de ceux qui pensent que pour débarrasser le service public de la corruption le tout n’est pas d’améliorer le traitement du fonctionnaire. Cela est primordial certes mais la prévention de ces abus doit aller bien au-delà. Certains corps de la fonction publique ont vu leur niveau de rémunération augmenter sans que les pratiques abusives ne cessent. Suivez mon regard.

Ce qu’il faut réellement pour un début de changement est que chacun prenne toute la mesure de ses responsabilités dans le service public. Quelque soit son titre ou son statut chaque agent public se doit de comprendre qu’il est appelé à servir et non à se servir, qu’à travers lui c’est toute une institution qui agit et qu’il doit agir dans un esprit républicain.


Du meilleur et du pire de la jeunesse togolaise

Credit: pixabay.com

Mon blog a connu le mutisme depuis un moment. L’écho n’y a plus retenti non parce que l’envie de le porter par mes écrits avait fini de me démanger les doigts. C’est plutôt à cause de ces contraintes du travail qui vous prennent du temps au point de vous éloigner de vos autres passions. Cependant le dernier weekend qui s’est écoulé m’a tellement marqué qu’il me fallait à tout prix rompre ici un mutisme si pesant. Pour tout vous dire j’ai connu un contraste d’évènements qui m’ont semblé illustrer les deux visages que j’attribue volontiers à la jeunesse togolaise.

A la veille du weekend j’étais comme à l’accoutumée tout content de laisser derrière moi une rude semaine de travail avec la charge de stress qu’elle entraine.  Et oui ! Le weekend ça vous redonne souvent le sourire sur une mine quelque peu confite. Rapidement j’échafaude mes plans de sortie. Le samedi dernier je décidais d’assister aux joutes verbales francophones, une compétition inter-universitaire de débat sur le développement durable. 20 mars oblige! Pour cela je déclinais alors l’invitation d’un ami à une journée d’activités culturelles organisée le même jour dans une université privée.

Je me retrouvais au bout de 30 minutes de circulation dans la salle qui abritait le concours. Il fallait d’abord assister à la demi-finale qui mettait aux prises 4 équipes d’étudiants représentant chacune une université pour une place en finale. Depuis cette étape de la compétition jusqu’à la finale tout le public moi y compris se trouvait subjugué par la qualité de ces duels. Dans des débats aux allures de pugilat oratoire l’on se répondait du tac au tac et on rivalisait d’imagination pour donner la plus grande force qui soit à des tournures éloquentes et renversantes.

Le spectacle était excitant. On se croirait face à un théâtre ou un prétoire où de jeunes étudiants écrasaient l’atmosphère du poids de leur talent.

 

Le lendemain mon enchantement pour ces jeunes talentueux était terni par de tristes nouvelles qui me parvenaient via whatsapp. L’ami qui m’avait convié la veille à un spectacle dans son école me dressait un rapport assez noir de l’évènement. Les choses ont pris une tournure aberrante ce soir-là. Des étudiants ont fait étalage de leur savoir-faire en toxicomanie. Certains venus suivre le spectacle ont versé dans un important flot d’alcool et d’effluves de tabac. Autant de déviances qui ont conduit le directeur de l’université à suspendre le spectacle pour une demi-heure, interdire la vente d’alcool et conditionner l’accès à la présentation d’une carte d’étudiant. A vrai dire pour ceux qui connaissent bien les dessous de ces activités culturelles dans les établissements scolaires ces incartades sont plutôt un cas d’école. Oui on le sait bien. Ces activités dites culturelles qui sont initiées annuellement en milieu scolaire sont l’aubaine pour des égarements de tout genre.

Mais au-delà du phénomène ce qui m’a marqué c’est d’avoir eu en l’espace d’un weekend  deux illustrations du meilleur et du pire de la jeunesse togolaise.

Aujourd’hui plus que jamais la génération à laquelle j’appartiens, cette génération « whatsapp » présente bien deux facettes, l’une brillante et l’autre sombre. Il s’agit d’une jeunesse togolaise qui porte en elle une part d’insouciance et une autre part de dynamisme. Une jeunesse engagée d’un côté et une jeunesse fêtarde de l’autre. Pendant que certains cravachent pour mettre en valeur tout leur potentiel d’autres s’accommodent de la facilité et de loisirs futiles à longueur de journée. Alors que certains  sont volontiers disposés à travailler d’arrachepied pour se construire et réussir dans la vie d’autres préfèrent prendre des raccourcis absurdes pour accéder à des privilèges sans le moindre effort. C’est bien là tout le contraste de cette jeunesse que nous sommes aujourd’hui.

L’ampleur des dérives qui marquent les semaines culturelles en milieu scolaire n’est qu’un élément parmi tant d’autres qui révèlent le déficit de responsabilité d’une grande partie de la jeunesse. Il faut dire qu’ils sont malheureusement un grand nombre qui n’osent pas faire face à leurs propres défis.

Mais qu’à cela ne tienne, les brillantes prestations auxquelles j’ai assisté confirment qu’autant que l’ivraie il y a de la bonne graine qui germe. Je crois que la jeunesse togolaise n’est pas à plaindre sur toute la ligne mais elle est aussi à encourager pour tout le talent qu’elle peut receler. Pour son rayonnement une société a besoin de toute l’énergie de sa jeunesse. Elle saura la trouver chez ceux qui à l’instar des jeunes débatteurs sont conscients des enjeux pour l’avenir de leur dur labeur.

Si jeunes que nous sommes, nous devrions nous considérer comme une relève alors faisons en sorte que notre attitude soit à la hauteur de l’image dont nous nous prévalons.


Sur la route de l’amour

credit:messagedamour.fr

 

Sur la route de l’amour et des attachements sentimentaux

Ma marche fut rythmée de tant de soubresauts

Mon âme asservie par des méprises sombres

Etait ensevelie d’une cape d’ombre

 

Sur la route de l’amour et des aventures intimes

J’ai vu des charmes trompeurs, l’horreur de l’abîme

La désillusion venait alors ligoter mon cœur

Tel un pauvre otage aux mains de son ravisseur

 

Puis voici que sur ce chemin si tortueux

Qui me faisait si cafardeux

Se révélait à moi cette fleur pétillante

D’une beauté saisissante et bouleversante

 

Des griffes de la désillusion, elle m’ôta

Pour envelopper mon jeune être de grinta

Que j’aimerais tant suspendre le cours du temps

Pour humer son doux parfum indéfiniment


Foire ou foutoir universitaire de Lomé ?

entrée de l'université de Lomé credit:pa-lunion.com
Entrée de l’université de Lomé
credit:pa-lunion.com

Cela fait déjà quatre bonnes années que j’ai quitté la fac de droit de l’université de Lomé, excédé par les incongruités du système LMD à la togolaise. Pourtant le désamour ne m’a jamais privé de quelques virées sur le campus universitaire de Lomé qui fut le théâtre de mes diverses fortunes estudiantines. Mes dernières descentes je les ai faites à un moment particulier de l’année universitaire. J’y étais en pleine foire universitaire, évènement annuel qui vient de refermer ses portes après avoir animé le campus durant toute une semaine. En temps normal le campus broussailleux et faiblement électrifié serait vite déserté par les étudiants avant la tombée de la nuit. Mais c’était la foire et ça change tout. Le campus devient subitement la grande attraction des noctambules. Tout le monde à commencer même par les élèves est le bienvenu. L’évènement prend toujours des allures de grande récréation dans ce temple du savoir et cette année encore j’en ai vu et entendu des choses que je m’en voudrais de garder pour moi.

La foire au campus c’est d’abord une affluence qui s’accentue d’année en année. Avec le déferlement des visiteurs les dernières soirées étaient particulièrement intenses et le site bondé au point qu’il m’était difficile de trouver un lieu où ranger ma bécane. Il y régnait comme une ambiance de discothèque alimentée par ces sonorités à l’air du temps qu’on distillait à volonté. La bonne bière fraîche a coulé à flot et les férus de la chose y ont trouvé leur compte. Il m’était d’ailleurs difficile d’apercevoir sans gêne les bimbos légèrement vêtues déambulant avec leurs rondeurs qui ébranlent les sens déjà affaiblis par les litres de bière ingurgités.

Destinés pour la plupart à la vente de grillades et boissons les stands étaient dressés à proximité de la cité universitaire. Pour tout esprit avisé cet emplacement habituel est stratégique puisqu’il sert les intérêts d’une jeune masse de vicieux qui à cette occasion se permettent tous les dérapages.

A vrai dire ce qui est censé être un cadre d’exposition et de commerce cache une autre réalité, une sinistre réalité bien connue des étudiants. Les non-dits de cette foire j’en ai pris connaissance depuis ma toute première année au campus et j’ai fini par m’en accommoder. C’est le moment que choisit une jeunesse insouciante en quête de loisirs libidineux pour jeter son dévolu sur le campus de Lomé. Certains visiteurs en ont fait le rendez-vous privilégié des coups d’un soir. C’est à se demander si le terme « foire » sied vraiment à ce genre d’évènement.

Vous avez dit foire ?

L’évènement avait tout l’air d’un bazar à ciel ouvert où certains stands n’avaient pas leur place. Pendant que les gens n’avaient d’yeux que pour l’alcool et les filles sexy qui déambulaient, les stands d’exposition de livres étaient quant à eux royalement esquivés. Il s’y trouvait aussi un stand consacré à la distribution de préservatifs histoire de limiter les dégâts de la foire dans sa partie invisible.

Et bien voyez-vous! La partie invisible de la foire se déroule dans la nuit noire à l’abri des lumières et de la foule. L’obscurité qui domine sur une bonne partie du campus n’est pas pour déplaire aux acteurs de l’autre foire qui en profitent à fond. Il m’a suffi de m’éloigner du site éclairé de la foire pour apercevoir par endroits dans la pénombre des silhouettes, des corps qui s’entrelacent et se bécotent en plein air. Les plus discrets se retrouvent dans la cité universitaire où les chambres sont mises à contribution pour abriter des plans cul pendant cette période. Les étudiants pouvant témoigner de la réalité du phénomène ne manquent pas. Des anecdotes me sont parvenues à propos de cette foire dont une qui m’est sortie par les oreilles et qui porte sur des ébats à l’intérieur de véhicules dans l’enceinte du campus.

Bref, parlons plutôt de foutoir

J’ai par dessus tout déploré le niveau d’insensibilité à l’insalubrité du campus. Deux toilettes mobiles installées n’ont pas empêché que d’autres urinent allègrement en plein air créant ainsi une odeur désagréable. Après la fête place au ménage avec des immondices qu’il faudra dégager. Maintenant qu’on a fini de bien s’éclater il est temps de tirer des leçons.

Face aux dérives observées il urge pour l’administration amorphe du campus de prendre de bonnes mesures pour une fois. Il y aura certes toujours des à coté pendant la foire mais son organisation doit être mieux encadrée. A l’heure actuelle les conditions d’accès sont inexistantes et même un mineur peut débarquer à tout moment à cette foire qui n’en est pas une. La jeunesse qui semble laissée à elle-même a besoin d’être tirée vers le haut, orientée vers ce qui peut la grandir. Plutôt que de végéter dans des loisirs futiles elle a plus intérêt à bénéficier de meilleures conditions d’étude et de la réhabilitation d’un campus précaire et vétuste.


Au bal des élections africaines le Togo peut-il danser comme le Nigeria?

Dépouillement dans un bureau de vote Crédit: lanouvellerepublique.fr

Au bal des élections africaines en 2015 le Nigeria vient de jouer sa partition de fort belle manière. L’heureux épilogue du scrutin marquant la première alternance démocratique du géant de l’Afrique a été rendu possible par le fair-play exemplaire d’un Goodluck Jonathan défait. Dans une Afrique en plein balbutiement démocratique où les élections sont rarement une partie de plaisir, le scénario nigérian est un bel exemple pour les autres pays africains qui se préparent à la présidentielle.


Le continent assistera cette année à une série ou plutôt un bal d’élections. A ce bal ouvert par la Zambie et le Nigeria, le Togo est aussi attendu parmi tant d’autres. Pourra-t-il s’inspirer de l’exemple nigérian, danser aussi bien sinon mieux que le Nigeria ?
Bien évidemment, face au dénouement du scrutin nigérian beaucoup de Togolais ont été saisis d’admiration et ont nourri secrètement le rêve de connaître la même embellie, la même fièvre au soir de la proclamation des résultats de la présidentielle. Oui, beaucoup veulent que ce pays étonne positivement l’Afrique par une élection propre et des résultats crédibles acceptés de tous.

Les Togolais voudraient bien d’une élection à la nigériane sur leur territoire, mais ils ne sont pas pour autant naïfs. Ils sont conscients qu’en matière électorale le Togo reste égal à lui-même, indifférent à toute embellie qui tient à un scrutin exemplaire sous d’autres cieux. En ce qui me concerne, depuis le jour de délivrance de ma première carte d’électeur je n’ai jamais connu d’élection présidentielle sans contestations. Chaque scrutin présidentiel déchaîne les passions, fait l’objet de vives accusations de fraudes et parfois est émaillé de violences comme on en a connu en 2005. Une année noire qui continue de marquer les esprits et que personne n’est près de revivre.

259 735 doublons ?

Aujourd’hui il est difficile d’imaginer pour la présidentielle togolaise un épilogue similaire à celui du Nigeria. Les conditions dans lesquelles cette élection se prépare prêtent au scepticisme. Nous nous acheminons vers un scrutin dénué de suspense et au verdict prévisible, car des obstacles à la transparence pointent déjà.
La fiabilité du fichier électoral cristallise toutes les attentions de l’opposition qui relève certaines défaillances. En attendant le rapport des experts de l’OIF sollicités par le gouvernement, Alberto Olympio du Parti des Togolais estime que le fichier serait infesté d’au moins 259 735 doublons selon ses enquêtes. Ce dernier dont la candidature était pressentie a d’ailleurs justifié son refus de se présenter par la mauvaise qualité du fichier électoral. En dépit des cris d’alerte qui fusaient dans le pays, il a fallu au gouvernement une proposition de la Cédeao pour décider d’un report de 10 jours du scrutin. Un délai insuffisant et qui risque de compter pour du beurre à en croire Judith.

A quoi bon organiser une compétition dont des règles ne sont pas unanimement admises par les joueurs ? Depuis la modification unilatérale de la constitution en 2002 nous sommes passés du scrutin à 2 tours à un scrutin à un seul tour que le regretté général Eyadema a jugé bon de baptiser « un coup K.O ». Incapable de contraindre le pouvoir aux réformes prévues par l’accord de 2006, l’opposition qui a toujours décrié ce mode de scrutin continue quand même d’aller aux élections avec à la clé les mêmes résultats. Elle accompagne toujours le pouvoir à chaque élection en l’absence de règles électorales consensuelles pour en sortir bredouille.

Des résultats connus d’avance

Comment espérer un scénario à la nigériane alors que ce scrutin par son organisation ne diffère pas de celui de 2010 qui a été contesté ? Qu’y a-t-il de particulier à attendre d’un scrutin qui ne repose pas sur de nouvelles bases, faute des réformes préalables désirées par 85 % de Togolais ? De l’issue du scrutin nigérian on a vite fait de déduire que désormais en Afrique un président pouvait organiser une élection et la perdre. Ah bon hein ?! Vous croyez vraiment que c’est pour rien que notre « papa Faure » s’est donné la peine de surseoir à ses voyages intempestifs pour enchaîner les inaugurations ? C’est mal connaître l’homme et le pays. D’ailleurs, ce n’est quand même pas une opposition divisée entre participationnistes et boycotteurs qui va le priver du sésame pour les délices d’un 3e mandat. Les choses prenant l’allure d’une formalité d’usage, je n’ai même pas besoin d’aller voter le 25 avril prochain. Je ferais mieux d’attendre tout bonnement devant mon petit écran la proclamation de ces résultats qu’on connaît déjà. En tout cas, je ne demande qu’à être agréablement surpris.

Au-delà de tout, le beau spectacle du Nigeria me fait penser que bon an mal an, la démocratie en Afrique est en train de faire son chemin. On a vu survenir dans certains pays des changements positifs qu’on aurait difficilement imaginés jadis. C’est bien au Nigeria, ce pays gangrené par tant de divisions politico ethniques que s’est opéré une alternance dans des conditions pacifiques. C’est bien ce général Buhari ancien putschiste ayant assujetti le pays au pouvoir militaire qui revient aux affaires par une voie régulière et démocratique. La roue de l’histoire tourne, tout est possible en ce monde et bien malin qui pourra prédire les événements futurs avec exactitude.


Produire sans pouvoir consommer

Credit image: senadjondo.mondoblog.org
Credit image: eli.mondoblog.org

J’aurais aimé donner « Faites la queue, on ne produit pas pour vous ! » comme titre à ce billet mais parce que les lignes qui suivent sont co-écrites avec mon ami et frère Guillaume, je vous en dispense.

Bien le bonjour à vous, chères lectrices et chers lecteurs,

Pas besoin de vous rappeler que je suis Togolais et que chez moi tout va toujours de travers. Les élèves ? Ils sont dans la rue. Les professeurs ? Ils sont en prison. Les médecins ? Ils sont à la maison. Les patients ? Ils sont… Les fonctionnaires ? Ils sont sans salaires. Vous voulez que je vous serve quelle soupe ce matin ? Celle de la vieille dame sans sel, ni arôme ? Ou celle de la jeune dame avec épices et gingembre ? Décidez-vous vite ! Le temps presse, on risque de rater la cargaison…

Bon, je vous la sers à l’ancienne.

J’ai une question pour commencer : qui travaille à l’hôtel vit-il toujours de l’hôtel ? Oui, oui, je sais. Ça dépend de l’hôtel. Ou bien ?

Le temps presse dans ces 56.600km2 de lopin de terre. Tout est dorénavant calculé à l’avance. Je ne vous parle pas de prévision. Je vous parle plutôt d’anticipation pour tout achat de paquet de ciment. Nous produisons du ciment depuis 1969 mais force est de constater que nous n’avons pas le privilège d’en consommer. Ah ! Vous pensiez que parce que, des usines, il y a, les Togolais pouvaient s’en nourrir inlassablement ? Erreur sur le pays ! On est quand même au Togo, voyons.

Figurez-vous chers lectrices et lecteurs, qu’à chaque fois que j’ai le courage-oui, Dieu sait qu’il en faut du courage et beaucoup même-de capter notre chaîne nationale à l’heure du journal, je deviens tout hébété à la vue de reportages louangeurs sur de grands travaux publics. Il est hors de question que, le premier coup de pioche pour la construction d’un tronçon de route, d’une école ou autre infrastructure, passe inaperçu. C’est l’occasion rêvée pour marteler que le Togo est en marche, que « le Togo est en chantier ». Et bien soit ! Ce pays est peut être un chantier, mais sur ce chantier le ciment se raréfie tellement.

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Dans leur majorité les togolais ont toujours cultivé un intérêt pour l’immobilier. Avoir un chez soi, bâtir sa propre demeure où vivre avec sa famille. C’est un projet enfoui quelque part dans un coin de la tête même si la pauvreté sévit. Influencé par cette culture, j’en ai aussi nourri le rêve. Mais cet attachement à l’immobilier est aujourd’hui entamé par la pénurie criarde du ciment déplorée sur notre rectangle de territoire. Accéder à un seul paquet de ciment relève, pour les togolais, d’un véritable casse-tête, d’un calvaire. Envisagez-vous en ce moment une quelconque construction au Togo ? Sachez donc que la réalisation de vos travaux dépendra du bon vouloir des deux cimenteries du pays (CIMTOGO et WACEM) et que vous devrez débourser un surplus sans toutefois espérer une livraison immédiate du ciment.

Le phénomène est d’autant plus étrange qu’il y a bel et bien des cimenteries qui tournent à plein régime et qui sont censées avoir une production suffisante pour couvrir les besoins de ce petit pays. Autrement, à quoi nous servirait-il d’installer des usines si on doit se retrouver face à une telle disette ? Pourquoi les choses changeraient elles aussi radicalement pour un pays qui a connu des jours bien meilleurs quant à l’approvisionnement en ciment ?

Qu’est ce qui n’a pas marché ?

Je me souviens qu’il y a peu Cimtogo face aux plaintes des consommateurs brisait le mutisme en s’engageant en conférence de presse dans une tentative d’explication qui au final s’est avéré peu convaincante. A en croire l’argumentaire de la cimenterie, la situation serait causée par 3 facteurs : —les transporteurs qui en période de récolte délaissent l’acheminement du ciment au profit du coton et des intrants jugés plus bénéfiques,
– la forte demande des entreprises pendant la saison sèche propice à la construction
– ainsi que les mouvements sociaux à Wacem dont un broyeur serait aussi en panne.

Il m’est difficile de prendre pour argent comptant de tels arguments au risque de faire montre de crédulité béate car ils ont du mal à tenir la route. Pendant que les producteurs se disent débordés par la demande et que les consommateurs se rabattent sur le ciment ghanéen encore plus cher, le ciment togolais se vend plutôt bien au-delà des frontières. N’y a-t-il pas là un paradoxe ? Autant dire que le ciment produit est destiné à l’exportation et non à la consommation intérieure.

credit image:senadjondo.mondoblog.org
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Les distributeurs agréés quant à eux profitent de l’imbroglio pour verser dans la surenchère. La demande étant forte ils entassent les stocks pour susciter la spéculation au grand dam du pauvre consommateur. Des soupçons fusent quant à la présence d’un réseau mafieux de distribution qui entretiendrait la pénurie. Pourtant aucune enquête à ce jour n’est faite sur la question pour prendre les mesures qui s’imposent si réseau mafieux, il y a.

Les cris d’alarme des associations de consommateurs (Association Togolaise des Consommateurs, ATC, et Ligue Togolaise des Consommateurs, LTC) étant restés sans effet sur les autorités et industries concernées, on semble résolu à s’accommoder à la chose. On est réduit à se débrouiller comme on peut, comme d’habitude depuis que les citoyens ont compris qu’ils ne peuvent compter sur leurs gouvernants pour atténuer un tant soit peu leur indigence. Il s’agit là d’un problème qui ne fait qu’ajouter à la misère déjà intenable et qui freine l’élan de certains citoyens engagés dans des projets pour se prendre en charge comme mon voisin du quartier. Retraité du haut de ses 80 ans ce dernier qui a entrepris de construire une boutique pour gagner des revenus complémentaires à sa modique pension et financer les études de ses enfants voit aujourd’hui son chantier à l’arrêt depuis des mois faute de ciment. Voilà un choix de vie qui se trouve compromis.

Je reste en tout cas persuadé que ce problème est évitable car les togolais ne demandent pas le ciel. Juste du ciment à disposition et c’est tout. Alors que beaucoup consentent d’importants sacrifices financiers pour trouver les moyens d’en acheter, leur fournir du ciment relève de la moindre des choses. Serait-ce peut être pour répondre à leurs besoins qu’a été initiée dans le nord du pays la construction d’une cimenterie lancée en grande pompe par le président lui-même ? J’ose bien le croire et si tel est le cas je me permettrai volontiers d’applaudir des deux mains.

Bien à vous !


Soudan du Sud : bring back our children

L’information m’a glacé. Attentif au journal télévisé sur une chaîne de la place, j’apprenais le 21 février l’enlèvement de 89 adolescents de 13 à 18 ans dans la ville de Wau
Shilluk au Soudan du Sud. Il s’agit d’un mode opératoire qui peut faire penser au sempiternel Boko Haram, mais qui n’a rien à voir avec la secte. Cet acte odieux qui a été perpétré au nord du Soudan du Sud par un groupe armé non identifié ne serait malheureusement pas isolé. Le pays en proie à la guerre civile depuis un an connaît des recrutements massifs et forcés d’enfants soldats par les belligérants. Des enfants enlevés des écoles, engagés de force dans un conflit armé et qui vadrouillent avec des armes en bandoulière : une image qui a collé à bien des conflits dans le passé et que je croyais-naïvement-révolue. Ce phénomène des enfants soldats est complètement insensé surtout en ce 21e siècle où les droits humains connaissent une prégnance universelle.

En ce moment où les esprits sont fixés sur les manœuvres de groupes djihadistes (Boko Haram en premier) qui sévissent en Afrique, il ne faut pas perdre de vue les dérives contre la jeunesse dans le conflit sud-soudanais.

Une jeunesse sud-soudanaise prise en étau

Le Soudan du Sud qui se présente comme le plus jeune des Etats indépendants n’a pas eu le temps de se construire avant de voir ses fils s’entretuer dans une guerre civile qui dure depuis décembre 2013. Il faut dire que ce pays né en 2011 à la suite d’un référendum d’autodétermination dispose d’importantes réserves de pétrole qui ne peuvent qu’aiguiser des appétits tant à l’interne qu’à l’externe. Voilà encore un pays africain où l’or noir attire le malheur. Une réalité qui confirme la règle sur le continent : «Là où il y a richesse, il y a guerre »

Le conflit qui oppose le président Salva Kiir à son ancien vice-président Riek Machar est en train de saccager la vie des plus jeunes à cause des pratiques liberticides des deux camps. Les combattants en plus de commettre des viols qui sont une arme de guerre, se permettent d’arracher des enfants à leurs familles pour en faire des renforts pour les troupes. L’Unicef a révélé que depuis le début de la guerre près de 12000 enfants soldats sont utilisés aussi bien par les rebelles que par l’armée elle-même. Il ne fait aucun doute que les 89 kidnappés iront grossir les rangs des enfants déjà recrutés. Pourquoi recruter des enfants au juste et non des adultes ? C’est à croire qu’il ne reste plus que des enfants dans le pays.

Il se trouve qu’au moment de leur enlèvement ces gosses étaient en train de réviser leurs leçons avec leurs enseignants. Les conditions du rapt en disent long sur le niveau d’inconscience des belligérants. Pourtant il s’agit d’une pratique lourde de conséquences pour la jeunesse de ce pays. Les enfants soldats risquent de voir leur vie basculer du mauvais côté. Désormais empêchés de poursuivre des études pour se construire un avenir et contraints d’exécuter les ordres de leurs ravisseurs ils sont exposés à de nombreux vices. Un tel sort est bien injuste pour des enfants dont la place est sur les bancs de l’école ou auprès de leur famille plutôt que sur un champ de bataille.

Ces pratiques abjectes se commettent sous les yeux complices des deux hommes qui se disputent le contrôle du pays.

La responsabilité historique de deux hommes

Salva Kiir et Riek Machar (gauche vers la droite) Credit:live.tusanradio.com
Salva Kiir et Riek Machar (gauche vers la droite)
Crédit:live.tusanradio.com

Salva Kiir et Riek Machar sont responsables devant l’histoire de cette tragédie, car s’il n’est pas établi qu’ils y consentent il est quand même clair que l’enrôlement d’enfants soldats leur profite. C’est d’ailleurs à cause de leur obsession pour le pouvoir et pour le pétrole que le pays est aujourd’hui dévasté par la guerre.

Ils ne sont pas censés ignorer qu’ils sont dans l’illégalité, car l’enrôlement d’enfants soldats est une violation flagrante du droit international. Les règles du droit humanitaire qui s’appliquent en temps de conflit imposent aux belligérants de protéger les populations civiles et par extension les enfants. En entretenant cette violation du fait de leur passivité, les deux rivaux engagent leur responsabilité pénale et pourraient être passibles de poursuite devant la CPI (Cour pénale Internationale).

Ils ne doivent pas oublier que des anciens chefs de guerre comme Jean Pierre Bemba ont déjà été rattrapés par leur passé après avoir été mis au banc des accusés de la CPI pour y répondre des exactions commises par leurs hommes. A l’allure où vont les choses ils ne sont pas loin de se retrouver dans le viseur de la CPI à moins de jouir de la protection de certaines puissances convoitant le pétrole sud-soudanais.

Par ailleurs Human Rights Watch dans un rapport avait accusé les deux camps de « recruter activement » des enfants soldats alors même qu’ils avaient maintes fois promis de cesser cette pratique interdite par les lois en vigueur dans le pays. Ces leaders ont alors intérêt à respecter la parole donnée et prouver leur bonne foi en désarmant les mineurs qui sont dans leurs rangs. Il leur revient aussi de prendre la mesure du mal que cause cette guerre et d’y mettre fin au plus vite. Ils doivent ouvrer au retour de la paix, car l’avenir de la jeunesse sera compromis aussi longtemps que durera la guerre.

L’Afrique a déjà assez de conflits à dénouer pour que ces deux rivaux n’en rajoutent pas. Cela valait-il d’ailleurs la peine de reconnaître un 54e Etat en dépit du principe d’intangibilité des frontières africaines si c’est pour en arriver là ? Et dire que c’est au nom de la paix avec le Soudan que l’Etat du Sud-Soudan a vu le jour.

De toute évidence Riek Machar et son rival ont un double défi à relever : préserver l’avenir de la jeunesse sud-soudanaise et prouver que la naissance du Sud-Soudan ne fut pas une erreur de casting.

 


La fermeture des écoles pour pénaliser une classe sociale de togolais?

Cette semaine le bras de fer opposant le gouvernement togolais aux fonctionnaires en grève de la santé et de l’éducation a pris une tournure plus inquiétante que jamais. Et pour cause le gouvernement a annoncé dans un communiqué du 17 février la fermeture temporaire de tout établissement scolaire jusqu’à nouvel ordre. Telle est la réplique que le gouvernement a choisi d’opposer au ras-le-bol exprimé par les élèves dans les rues de Lomé et autres villes du pays. Il est surtout intéressant de noter que cette décision qui sonne comme du déjà vu ne s’applique qu’aux écoles qui suivent le programme d’enseignement togolais, ces écoles que fréquentent d’ailleurs rarement les enfants de nos ministres.

Une décision qui ne concerne pas tout le monde

Il y a parfois de ces choix au gouvernement qui me laissent hagard et confus, des choix qui me font oublier ce que peut être la responsabilité d’un ministre: servir l’intérêt commun ou se servir soi-même, assouvir uniquement les intérêts de sa famille au mépris des concitoyens. En tout cas c’est à cet amalgame que me conduit cette décision.

Pendant que la majorité des élèves se trouvent cloîtrés chez eux errant dans l’oisiveté, certaines écoles du genre lycée français ou british school de Lomé ne désemplissent pas et poursuivent bonnement les cours. Il s’agit des écoles étrangères, ces écoles huppées qu’on ne peut rêver de fréquenter en ayant la poche fragile, où un salaire de fonctionnaire togolais ne peut financer les études. Il est bien normal que ces écoles ne soient pas concernées par la décision du gouvernement car étant soumises au programme scolaire d’autres pays (France, Grande Bretagne, Etats unis).

Mais à voir les choses de près, on se rend compte que la fermeture des écoles ne pénalise que les togolais d’une certaine classe sociale, cette classe majoritaire composée de citoyens miséreux qui tirent le diable par la queue. Quant aux ministres ils s’en sortent indemnes quand on sait que la plupart inscrivent leurs enfants à l’école française s’ils ne fréquentent pas des écoles privées.

Credit: news.icilome.net
Credit: news.icilome.net

Cette manière de gérer la crise née de la grève démontre-t-elle vraiment un quelconque intérêt pour l’avenir de cette jeunesse togolaise qui a droit d’être éduquée dans des conditions sereines? Que veut-on faire de cette jeunesse quand on a le réflexe de jouer la montre plutôt que de répondre promptement aux légitimes revendications des enseignants ?

Après 2013, bis repetita

A vrai dire procéder à la fermeture des établissements scolaires en période de grève n’a rien de nouveau dans ce pays. Il ne s’agit là que du remake de l’année scolaire 2013-2014 lorsque le secteur de l’éducation fut agité par les mêmes revendications syndicales. Comme aujourd’hui la grève avait fait sortir de leur gong les élèves qui criaient dans la rue leur agacement face à l’absence des enseignants. J’ai encore en mémoire les évènements dramatiques survenus dans la foulée à Dapaong. Cette année-là deux jeunes élèves lors d’une manifestation à Dapaong avaient trouvé la mort suite à des bavures policières toujours impunies. Le souvenir affligeant de ce drame est encore présent dans les esprits et il faut croiser les doigts pour que cette situation critique ne fasse pas plus de dégâts collatéraux. Tout compte fait, cette mesure est une fuite en avant qui n’efface pas le problème des réclamations des agents publics.

D’ailleurs ces derniers se montrent intrépides et déterminés à ne pas relâcher la pression. Même les malencontreuses remontrances du premier ministre/ministre de la santé n’ont pas pu intimider les grévistes. Le porte parole de la STT (Synergie des Travailleurs du Togo) le syndicat en avant garde de la grève avait clairement le gouvernement en ces termes:

« Nous irons jusqu’au bout de nos revendications ». (source)

La grève qui sévit est d’une telle ampleur que la situation des élèves risque de perdurer tant que les autorités feront la sourde oreille. Nul n’a intérêt à ce que les choses restent en l’état car c’est bien toute la population qui pourrait en pâtir. Faites donc en sorte,messieurs de l’exécutif, que les revendications soient enfin traitées avec tout le sérieux qu’il faut et que l’année scolaire soit préservée. Il y va de la paix et du bien être de tous.


Retrouvons le réflexe vélo au Togo

Un cycliste à Lomé Crédit photo: eli.mondoblog.org
Un cycliste à Lomé
Crédit photo: eli.mondoblog.org

Au Togo, comme ailleurs en Afrique, le recours à un moyen de transport en particulier est avant tout conditionné par la profondeur de la poche. A Lomé, la capitale togolaise, bon nombre d’habitants sont friands des voitures d’occasion et surtout de la panoplie de motos chinoises qui ont envahi le marché local. Malgré l’abondance de ces moyens de transport, qui vrombissent sur les routes togolaises, le vélo demeure un véhicule couramment utilisé dans le pays. Depuis mon premier contact avec le vélo, la place qu’on lui donne au Togo aujourd’hui a bien changé. Tout au long de mon parcours scolaire, j’ai vu évoluer avec le temps le regard social porté sur le vélo. Pour moi, le vélo c’est d’abord un souvenir agréable que je garde de ma tendre enfance. La première fois que j’ai enfourché un vélo, c’était lors de mon anniversaire. J’avais alors 7 ans et mon père m’avait offert un vélo en guise de cadeau. Dans la cité minière où j’ai grandi, je pouvais me targuer d’être l’un des rares enfants à posséder un vélo. Disposer d’un vélo à cette époque était un privilège. Mais en avoir à un très jeune âge l’était encore plus, ce qui suscitait chez mes amis à l’école l’admiration des uns et la jalousie des autres. En toute fierté je chevauchais ce vélo pour me lancer à vive allure dans d’agréables balades. Mais à mesure que je grandissais, j’ai fini par m’en lasser et par le céder à ma petite sœur. Toutefois, mon rapport au vélo fut totalement bouleversé après avoir quitté la cité pour Lomé, la capitale, dans les années 2000. Par manque de lycées dans la nouvelle cité où j’ai dû m’installer pour continuer mes études, mon père, pour faciliter mes déplacements, m’avait acheté un nouveau vélo. Il s’agissait d’un modèle en vogue, un VTT équipé d’un système de vitesses. Mais mon admiration pour le vélo s’est atténué dès les premiers jours passés dans ce lycée. Chaque matin je voyais des élèves -certainement des gosses de riches- arriver à l’école soit à moto soit en voiture. Pendant que j’arrivais à vélo tout en sueurs, je voyais se stationner à l’entrée de l’école des voitures d’où descendaient des élèves. C’était sans doute des enfants que les parents nantis venaient déposer. A la fin des cours, je devais passer une heure de trajet à user de la force de mes pieds, sous un soleil de plomb, pour rentrer chez moi. J’enviais ces camarades à moto ou en voiture qui me dépassaient les uns après les autres sur la route tout en me saluant de la main comme pour me dire sournoisement « bon courage ».

A mesure qu’émergent sur le marché des modèles de plus en plus attrayants de voitures et de motos, le monde n’a d’yeux que pour ces véhicules. Le parc automobile ne cesse de s’agrandir, avec ce que ça entraîne comme conséquence pour l’environnement, et le vélo devient un véhicule marginal. J’ai fini par comprendre qu’en ville être cycliste relève plus d’un mal nécessaire que d’un libre choix. Dans la plupart des cas, on opte pour le vélo non pas pour le plaisir de pédaler mais parce qu’on n’a pas d’autre choix, faute de moyens. Ayant fait mon entrée à l’université de Lomé après avoir empoché mon bac, je voyais pas mal d’étudiants se déplacer à vélo. L’abondance de bicyclettes sur le campus m’impressionnait un peu car elle tranchait avec la nette préférence des usagers pour les véhicules « à la mode ». Le vélo y est tellement présent qu’on peut dire qu’il est au paysage universitaire un élément aussi important qu’une pièce d’un puzzle. Il n’est pas rare de voir sous un arbre ou devant un amphi des bicyclettes garées les unes à côté des autres (voir images ci-dessous)

Credit photo:eli.mondoblog.org
Credit photo:eli.mondoblog.org
Credit photo:eli.mondoblog.org
Credit photo:eli.mondoblog.org

D’autres étudiants, quant à eux, n’osent pas se séparer un seul instant de leur vélo. L’usage qui en est fait sur le campus montre que le vélo, malgré tout, résiste bien à l’usure du temps. Malheureusement, il est vu d’un œil méprisant et attribué aux classes défavorisées. Le cycliste se voit de facto coller l’étiquette de démuni. La modernité nous a fait oublier les vertus du vélo et c’est dommage. Le vélo est un moyen de transport qui fait du bien à notre corps, car pédaler c’est faire du sport pour pas cher. C’est un choix économique pour nos déplacements à cause de son coût accessible. Bénéfique pour la santé, le vélo l’est aussi pour la nature. Pratiquer le vélo est  un acte écologique responsable, dans un monde menacé par le réchauffement climatique. Il n’y a aucune émission de gaz nuisible à l’environnement. Plutôt que de mépriser ce véhicule qui nous fait plus de bien que de mal, il nous faut adopter le bon réflexe vélo : réhabiliter sa vieille bicyclette délaissée dans un garage ou en s’en offrir une, ne serait ce que pour les déplacements occasionnels.


Hervé Renard, un nouveau sorcier blanc qui assombrit l’avenir des sorciers noirs?

Hervé Renard, entraineur de l'équipe nationale de Cote d'ivoire Credit: senego.com
Hervé Renard, entraîneur de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire
Crédit: senego.com

La CAN 2015, c’est fini. Après quatre semaines de ferveur footballistique, on éteint les projecteurs et on passe au bilan. La coupe ayant choisi son camp, l’équipe championne n’a pas manqué de fêter comme il se doit sa victoire. Au pays des Eléphants sacrés champions d’Afrique après 23 ans de disette, les supporters autrefois masos se sont carrément enjaillés comme on dit là-bas. Tout Abidjan était noir de monde, assailli par une foule d’un million de personnes qui s’étaient massées pour accueillir leurs héros. Pendant que la fièvre retombe peu à peu, j’ai voulu m’intéresser ici aux incidences du sacre ivoirien quant au regard porté sur les entraîneurs locaux en Afrique.
Si la victoire des joueurs ivoiriens est un succès collectif à inscrire au palmarès de l’équipe, elle compte aussi pour le palmarès de leur entraîneur français Hervé Renard. Ce dernier entre dans l’histoire du football africain en remportant deux fois la CAN avec deux équipes différentes. Un succès historique qui suffit à le faire passer pour le « Jose Mourinho africain »  et à lui attribuer le titre de nouveau « sorcier blanc ». C’est en tout cas par ce dernier terme que l’on désigne les entraîneurs expatriés qui ont du succès à la tête des équipes africaines. Au cours de la compétition Hervé renard s’est distingué par son style particulier, sa capacité à insuffler la culture de la gagne à ses poulains comme il l’a fait avec la Zambie en 2012. En quelques jours, il a galvanisé ses joueurs et la magie a opéré sur la pelouse. Ce résultat n’est que de nature à entretenir le mythe du « sorcier blanc » qui a de tout temps prévalu dans beaucoup de pays africains.

La saga des sorciers blancs

Avec le coach des Eléphants, c’est une véritable saga des sorciers blancs qui se poursuit en Afrique. Bien avant lui l’Afrique a connu des expatriés qui par leur réussite ont écrit de belles pages de l’histoire du football continental. Les plus célèbres des devanciers d’Hervé Renard sont:
Phillipe Troussier: son parcours en Afrique débute en Côte d’Ivoire, en tant qu’entraîneur à l’ASEC Mimosas à Abidjan, où il remporte trois titres consécutifs entre 1990 et 1992 et où il resta invaincu pendant 105 matchs. Après avoir entraîné l’équipe nationale ivoirienne il se rend au Maroc où il remporte avec le FUS Rabat la Coupe du Trône en 1995.
En 1997, Troussier contribue à la qualification des Super Eagles du Nigeria pour la Coupe du monde 1998. Il a aussi conduit le Burkina Faso à sa première demi-finale de CAN en 98.
Claude Leroy : son aventure africaine débute au Cameroun en tant que sélectionneur national. Il remporte la CAN en 1988 contre le Nigeria. En 2006, il atteint les quarts de finale de la CAN avec la RDC. Il sera par la suite sélectionneur du Ghana qui termine 4e de la CAN que le pays organise en 2008. Infatigable voyageur, il participe à la dernière CAN en Guinée équatoriale avec le Congo qu’il conduit en quarts de finale.

Malheureusement le mythe du « sorcier blanc » influence souvent les fédérations nationales dans le choix du sélectionneur national. Bon nombre de fédérations réservent la part belle aux entraîneurs expatriés au détriment des nationaux dont les compétences sont sous-évaluées. On préfère s’attacher les services du coach européen qui est vu comme étant plus compétent que le coach local. Les fédérations ne lésinent pas sur les moyens pour lui offrir de bonnes conditions de travail. Le coach local lui, quand il a la chance d’être recruté, n’a pas toujours droit au même traitement ni à la même liberté dans son travail. D’ailleurs c’est souvent dans l’urgence, à la hâte qu’il est sollicité pour assurer l’intérim après le départ du sorcier blanc. La nette préférence pour les expatriés est une fois de plus démontrée à la dernière CAN où sur 16 équipes, 13 étaient entraînées par des expatriés contre seulement 3 locaux.

La discrimination des sorciers noirs ou africains

La forte présence d’expatriés n’a pas toujours occulté les qualités des nationaux, car il y a bien ceux qu’on peut qualifier de « sorciers noirs ou africains ». Malgré les difficultés endurées dans leur travail certains nationaux ont rayonné autant que les expatriés. Ils ont démontré qu’ils étaient aussi compétents que leurs collègues européens. L’histoire a été marquée par des noms comme :
Hassan Shehata : il est devenu une légende de la CAN à la tête de l’équipe égyptienne de football dont il a pris les rênes en 2004. Il est le seul entraîneur à avoir remporté 3 CAN consécutives en 2006, en 2008 et en 2010. Grâce à cet exploit, il a fait de l’Egypte la nation la plus titrée de toute l’histoire de la CAN.
Yeo Martial : de nationalité ivoirienne, il a conduit les éléphants à leur premier sacre à la CAN 92 après une finale épique contre le Ghana.
Stephen Keshi : ancien capitaine des Super Eagles du Nigeria, il embrasse une carrière d’entraîneur dont le début fut retentissant. Sollicité d’abord au Togo il réussit à qualifier les Eperviers pour leur première Coupe du monde en 2006. De retour dans son pays il prend la tête des Super Eagles. Malgré des rapports difficiles avec la fédération il réussit à remporter la CAN 2013 avant de décrocher une qualification pour le mondial 2014 où il atteindra les huitièmes de finale pour un match perdu contre la France.
Parmi les entraîneurs africains à succès, Florent Ibengé de la RDC ne mérite pas moins d’être cité. Il a déjoué les pronostics en arrachant la 3e place à la dernière CAN avec des joueurs à qui il a imposé une discipline.
Même s’ils sont plutôt rares, ces exemples sont la preuve que les sélectionneurs africains sont aussi capables de relever le pari de la réussite et de donner satisfaction au public. Il est tout de même malhonnête d’exiger beaucoup de leur part quand ils n’ont pas droit à des conditions de travail acceptables. Si les coachs à succès sont essentiellement des expatriés c’est parce qu’ils ont la confiance de leurs employeurs qui mettent tous les moyens à disposition. Sur 29 éditions de la CAN, 16 ont été gagnées par des techniciens étrangers. Bien que défavorable aux locaux cette statistique ne signifie pas pour autant qu’ils sont moins bons que leurs collègues européens. Les choses sont ainsi parce que le choix d’un entraîneur semble être une affaire de nationalité ou de couleur de peau plus qu’une question de compétence. Ainsi, c’est seulement lorsqu’on commencera à juger les entraîneurs selon leur qualité que davantage de locaux se verront offrir la chance de faire leur preuve. Pour l’heure, il ne faut pas se leurrer et les locaux devront attendre encore le changement de la donne, car au vu des résultats de la dernière CAN la fin du mythe du « sorcier blanc » n’est pas pour demain.

 


Lettre ouverte à Agbéyomé Kodjo

Agbéyomé Kodjo ancien premier ministre, président d'OBUTS Credit: kusasanews.com
Agbéyomé Kodjo, ancien premier ministre du Togo et président d’OBUTS
Credit: kusasanews.com

Monsieur le président,
Je vous salue. Jeune citoyen attentif au sort socio politique de mon pays, j’ai été tout ébahi par l’issue du dernier congrès de votre parti OBUTS (Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire) qui s’est tenu du 30 au 31 janvier dernier. Permettez moi donc par la présente lettre de dresser mes impressions et interrogations nées de ce congrès retentissant.

A vos militants qui souhaitaient vous investir pour la présidentielle de 2015 vous avez opposé un refus qui a surpris plus d’un et pris l’opinion publique de court. Cette réaction fut une véritable surprise. Ceci pour la simple raison que dans l’entendement de bon nombre de togolais un congrès de parti politique à la veille d’une élection ne peut qu’aboutir à l’annonce d’une candidature. Ce désistement vous vaut au moins quelques mérites. D’abord celui d’avoir tiré les leçons des expériences passées contrairement à vos 7 compères de l’opposition qui se sont déjà engagés dans la course électorale. Je vous concède aussi le mérite de ne pas ajouter à la peine qu’auront les électeurs de l’opposition au moment de faire un choix dans l’isoloir.

J’avoue que votre argumentaire sur la candidature unique de l’opposition tient la route car dans un scrutin à un seul tour le foisonnement de candidatures compromet inexorablement l’alternance à laquelle vous aspirez. C’est d’ailleurs ce qui justifie votre nouveau combat pour le choix d’un candidat unique de l’opposition avec un programme commun. Toutefois, il m’est difficile de croire à la réussite de votre projet.

Qu’est ce qui peut bien vous rendre si confiant en ce projet alors que vos rapports avec d’autres partis ont souvent été tumultueux? Au lendemain des législatives vous aviez claqué la porte du CST (Collectif Sauvons le Togo) dont était membre OBUTS à cause de différends liés à la répartition des sièges au parlement. Il me souvient également qu’à la présidentielle de 2010 vous vous êtes retiré d’un groupe de partis qui soutenaient un candidat pour faire cavalier seul. La candidature unique est à mon sens une cause perdue car l’ultime chance pour désigner un candidat commun, c’est à dire le conclave des deux blocs de l’opposition (CST et Arc-en-ciel), a tourné au fiasco. Certains partis ont quitté les discussions pour présenter leurs propres candidats.

La tentative envisagée de rassembler l’opposition autour d’un candidat sur la base d’un programme commun n’est-elle pas trop tardive ? A en croire le dernier avis émis par la cour constitutionnelle, le corps électoral doit être convoqué au plus tard le 5 mars. Le délai tel qu’indiqué par les juges constitutionnels témoigne de l’imminence du scrutin. Face à la brièveté du temps restant avant l’élection, un consensus général sur une personne et un programme s’avère pour le moins improbable. Convaincre les leaders de l’opposition de soutenir un seul candidat est une chose, les rallier à un programme en est une autre. C’est une tâche qui demande de prendre le temps d’aplanir les divergences et rapprocher les différentes parties.

Il me faut faire l’amer constat que les discours sur la scène politique sont dominés par le prochain scrutin. Pourtant une proposition de loi portant révision de la constitution a été déposée au parlement. Ces réformes constitutionnelles qui ont fait descendre des gens dans la rue sont une nécessité pour dénouer la sempiternelle crise politique et moderniser la démocratie au Togo. Malgré tout vous semblez mettre le cap sur le scrutin à venir. Faudrait-il y voir l’expression de votre désintérêt pour la question des réformes ? Auriez-vous donc tourné la page des réformes sans même attendre de connaitre le sort de la proposition de loi soumise au parlement ?

L’issue de la proposition de loi est certes incertaine au vu du profond désaccord entre la majorité parlementaire et une partie de l’opposition, mais il ne convient pas de sacrifier les réformes sur l’autel du rêve présidentiel. D’ailleurs ce sont 85% de togolais qui se disent favorables à la limitation du mandat présidentiel, et là je ne vous apprends rien. Ceci dit, les réformes ne relèvent pas d’un choix mais d’une obligation pour tout leader politique. Aucun candidat qu’il soit du pouvoir ou de l’opposition ne sera digne de solliciter le suffrage de ses concitoyens s’il n’est pas en mesure de satisfaire leur aspiration aux réformes.

La lutte pour l’alternance dont vous vous réclamez, monsieur le président, a souffert de nombreux ratés à cause des déchirements de l’opposition. Les tragiques évènements de 2005 nous enseignent qu’il ne suffit pas d’un candidat commun pour opérer l’alternance. Encore faut-il que le jeu électoral se déroule selon des règles consensuelles. Votre combat pour l’alternance ne devrait pas être dissocié des réformes car il n’y a pas meilleure voie que les réformes pour jeter les bases d’un jeu démocratique plus sain et respectueux de la volonté populaire.

Tel est donc sans parti pris mon avis sur vos intentions dévoilées au congrès de votre formation politique. En attendant de trouver une réponse à mes interrogations émises plus haut, je vous prie d’agréer mes sincères salutations.

Cordialement,

Eli

 

 

 

 

 

 


Les réseaux sociaux, là où se joue l’autre CAN

Trophée de la CAN Credit: malifootball.com
Trophée de la CAN
Credit: malifootball.com

Depuis le 17 janvier le football offre des moments d’évasion aux africains, du moins à ceux qui s’intéressent à la chose. Les esprits sont angoissés par tant de maux qui sévissent en ce moment: ebola par ci, violences de Boko haram par là et que sais-je encore. La CAN 2015 (Coupe d’Afrique des Nations) vient donc à point nommé pour nous aider à décompresser un peu dans un contexte assez terne. Au moment où les joueurs croisent les crampons sur le terrain de jeu, il y a des footeux acharnés à jouer leur CAN sur un autre terrain, celui des réseaux sociaux.
En bon mordu du foot qui déteste se faire compter les matches, je n’ai pas manqué d’aménager mon emploi du temps pour suivre les oppositions qui m’intéressent le plus dans la compétition. A ce jour je peux me targuer de n’avoir raté aucune des affiches alléchantes comme Ghana-Sénégal, Ghana-Algérie, Cote d’ivoire-Guinée ou Mali-Cameroun. Presque à chaque match, je me suis régalé non seulement de beaux gestes techniques et de belles parades mais aussi de quelques tweets amusants. Eh oui, la CAN se vit aussi sur Twitter où on peut lire des posts parfois décapants. Jackson, le  fervent supporter des Lions Indomptables en a d’ailleurs témoigné.
J’ai pu constater au bout d’une première semaine de matches que la ferveur autour de l’évènement s’est transposée sur la toile. Il est assez intéressant de voir comment les spectateurs prennent d’assaut les réseaux sociaux pour y déverser en temps réel leurs humeurs et impressions que suscitent les prestations de leur équipe. Facebook et Twitter foisonnent de publications diverses qui illustrent bien l’engouement pour la grand-messe du football africain.
On y voit se mêler des coups de gueule, messages d’encouragement aux joueurs, des piques à l’endroit des adversaires et même des pronostics. Avec 10 matchs nuls sur les 16 premières rencontres il y a eu une abondance de scores nuls qui déjouent les pronostics. De quoi frustrer des pronostiqueurs qui semblaient pourtant si surs d’eux.

La palme des scores nuls revient d’ailleurs au groupe D dit « groupe de la mort » composé de la Cote d’ivoire, du Cameroun, de la Guinée et du Mali. Après la deuxième série de matches c’est le seul groupe où aucune équipe n’a encore connu de victoire. Toutes les équipes se tiennent au coude à coude et il y a là de quoi mettre à vif les nerfs des supporters. Pas étonnant de trouver dans les pays concernés les supporters les plus frustrés de la compétition.

Les ivoiriens sont davantage désespérés par la rengaine que leur servent les Eléphants qui débarquent en grands favoris mais repartent toujours bredouilles. Les fans de Didier Drogba qui expliquent les difficultés de l’équipe par le départ de l’ex capitaine se mettent à déplorer l’absence de leur héros.

Post sur un mur Facebook(Alley Michel Ange Kouadio)
Post sur un mur Facebook(Alley Michel Ange Kouadio)

Ah ! Qu’il est si pénible de supporter une équipe dans cette CAN avec des scores aussi étriqués! Après 90 minutes passés à croiser les doigts dans l’attente d’une victoire, les pauvres spectateurs sont sidérés par le score nul. Ils ne peuvent que reporter les espoirs de qualification de leur pays sur le match suivant. A côté des supporters désabusés, il y en a qui préfèrent rester optimistes et espérer le meilleur pour la suite.

La plupart des joueurs attendus à cette CAN, les joueurs célèbres auréolés de récompenses individuelles n’ont pas encore vraiment brillé et peinent à faire trembler les filets. C’est le cas de l’algérien Yacine Brahimi sacré meilleur espoir africain et l’ivoirien Yaya Touré sacré ballon d’or africain. Une discrétion sur laquelle ironisent les supporters d’équipes adverses.

Post sur un mur Facebook (Cynthe Ibohn)
Post sur un mur Facebook (Cynthe Ibohn)

Tout compte fait, les scores étriqués dans la compétition indiquent que les équipes s’égalent et que la différence de niveau est faible. Il n’y a plus à proprement parler de favori ni de petit poucet. La donne est confortée d’ailleurs par le premier coup de tonnerre de la CAN qu’est la qualification du Congo et de la Guinée équatoriale au détriment du Gabon et du Burkina Faso, finaliste de la dernière CAN.
Toutes les interactions en ligne ne font que traduire ce que la CAN a été de tout temps : des moments de passion qui génèrent un contraste d’émotions. Au gré des résultats on bascule d’une émotion à l’autre. La fête des footeux africains ne fait que commencer et les internautes de la CAN en ont encore jusqu’au 8 février pour nous en mettre plein la vue.

Bonne CAN à tous les supporters et que le meilleur gagne!


Face aux terroristes, ces puissances africaines qui comptent pour du beurre

Présidents des deux grandes puissances africaines  credit:journaldemalabo.com
Les présidents du Nigeria et d’Afrique du Sud.
Crédit:journaldemalabo.com

Goodluck Jonathan.

Goodluck Jonathan.

Bonjour à vous chers lecteurs et lectrices de ce blog. Je me réjouis que le goût d’écrire demeure sauf malgré le rude harmattan qui me torture les narines à Lomé. Et bien, pour ce nouveau billet, souffrez que je m’intéresse encore à la menace terroriste. N’y voyez surtout pas de la redondance. A cause des désastres du terrorisme connus ces derniers jours en Afrique, je ne peux me garder de dire ici mon agacement à l’égard des tares sécuritaires du continent.

Que l’on soit Charlie ou non, nous avons tous eu écho de la large mobilisation en France contre le terrorisme. Une leçon qu’on peut en retenir est que les peuples doivent être solidaires dans la lutte contre ce mal qui nous concerne tous. L’Afrique aussi confrontée à cette menace n’a pas moins droit d’être soutenue, mais ce n’est pas pour autant qu’elle doit rester aussi fébrile, incapable de s’organiser pour défendre ses frontières.
Certains en Afrique se sont indignés de voir autant d’émotion dans le monde pour une dizaine de morts pendant que les 2 000 victimes de Boko Haram sombraient dans l’oubli. Je ne vous cache pas que j’ai moi-même essuyé des railleries sur whatsapp pour avoir publié une image en hommage à Charlie hebdo.

En Afrique, parfois nous réalisons à peine qu’à cause de notre immobilisme, nous sommes les premiers responsables de la percée du terrorisme sur le continent. Peut-être que j’ai la mémoire courte, mais j’aimerais bien savoir si nous avons déjà pris une initiative, ne serait-ce que pour engager une mobilisation d’envergure régionale. Nos pays ont-ils jamais tenté de construire une force militaire commune pour conjurer ce mal ? Qu’avons-nous déjà essayé avant de fustiger les autres ? Demander aux autres de se mobiliser à notre place est symptomatique de cette apathie africaine qui encourage l’avancée du terrorisme.

D’ailleurs en parlant d’apathie, il n’y a pas plus frustrant que l’impuissance de ces pays- là qu’on qualifie de puissances régionales en raison d’un niveau de développement relativement supérieur aux autres pays. Sans minimiser leur potentiel on est tenté de se demander si ce titre de puissance ne leur est pas finalement trop lourd à porter.

La première puissance économique du continent, le plus costaud de tous (en tout cas c’est ce que nous disent les intellos économistes hein) est…tenez-vous bien…le Nigeria, le géant de l’Afrique, le plus peuplé des pays africains.

carte du Nigeria credit:statistiques-mondiales.com
Carte du Nigeria
Crédit : statistiques-mondiales.com

A part bien sûr son pétrole, sa forte population et Nolywood (son industrie du cinéma), sa fameuse puissance ne saute pas aux yeux. Laissons donc les statistiques aux intellos et tenons-nous-en à la réalité. Cette réalité est que le grand Nigeria est frappé de plein fouet par les attaques incessantes de Boko Haram. Oui, c’est bien dans ce très peuplé pays que l’armée est essoufflée par les assauts de Boko Haram et qu’elle voit au quotidien des gens tomber sous les bombes des islamistes sans pouvoir faire grand-chose.

On ne peut que s’étonner du fait que la secte islamiste soit parvenue à s’imposer dans le nord du pays avec une aisance aussi insolente. La faible réactivité du pays l’a sans doute aidée. Tout récemment, la secte opérait son pire massacre en exterminant 2 000 personnes dans des villages proches du lac Tchad. Le comble de l’histoire, c’est qu’elle a pris le contrôle des frontières stratégiques avec le Tchad, le Niger, le Cameroun et s’est emparée de la base d’une force multinationale. Pourtant face à tout ceci le Nigeria semble ne pas prendre la mesure du danger et taper du poing sur la table. Contre Boko Haram, c’est plutôt le voisin camerounais fait beaucoup mieux d’ailleurs comme en témoigne la déroute infligée par l’armée aux djihadistes.

En Afrique de l’Ouest, le Nigeria est censé avoir l’armée la plus importante et s’il ne peut tenir tête aux islamistes sur son sol, c’est toute la sous-région qui pourrait être à la merci des djihadistes. Comme le Nigeria, ce sont tous les pays se prévalant d’une puissance régionale qui souffrent de ces tares. L’Afrique du Sud qui a porté Mme Dlamini Zuma à la tête de l’Union africaine ne fait pas assez d’efforts pour inciter les membres à renforcer le mécanisme de sécurité de l’institution. On se souvient que n’eut été l’intervention rapide de la France, tout le Mali aurait été aux mains des djihadistes.

Même si l’aide internationale est nécessaire pour combattre ce mal, l’Afrique ne peut pas continuer à errer dans la vulnérabilité. Pour assumer sa propre sécurité, elle a donc besoin que les puissances régionales prennent leur responsabilité, qu’elles pèsent de tout leur poids pour que les uns et les autres convergent vers une stratégie commune. Au lieu de se bousculer au portillon du Conseil de sécurité pour réclamer un hypothétique siège permanent, ces pays auraient plus intérêt à faire leur preuve sur place en ce moment où le terrorisme gagne du terrain.


En finira-t-on un jour avec ce foutu terrorisme?

credit: news.vice.com
Crédit: news.vice.com

Le monde de la presse continue d’accuser le coup après l’attentat effroyable et crapuleux de Charlie hebdo. Jamais on ne comprendra pourquoi un beau matin des fous d’Allah nourris d’une bonne dose d’animosité ont choisi de décimer la quasi-totalité de l’équipe de Charlie Hebdo. Face à l’ignominie, l’élan de solidarité dans le monde est sans précédent, symbolisé par un leitmotiv commun : je suis charlie, nous sommes tous charlie. L’ampleur que prend le terrorisme dans le monde malgré les mesures sécuritaires prête à s’inquiéter de l’avenir de l’humanité.

Le terrorisme porté par l’extrémisme religieux est incontestablement devenu un important fléau de notre siècle. Il n’est pas rare d’apprendre qu’un barbu quelque part dans le monde a éliminé des gens au nom d’une certaine ferveur religieuse. Les actes terroristes sont donc récurrents et les mouvements djihadistes se multiplient dans le monde. Ce qui a pour conséquence d’augmenter le risque d’enlèvements ou de meurtres. On se souvient encore que c’est à l’étranger au Nord-Mali que deux journalistes français de Rfi, Claude Verlon et Ghislaine Dupont ont été froidement abattus.
De plus on observe en Europe une montée de l’intégrisme qui est préoccupante. L’idéologie djihadiste fait de plus en plus d’émules dans les pays européens où de jeunes ressortissants sont tentés de regagner le Moyen-Orient pour intégrer les rangs des milices islamistes. Ce fut le cas de Mohamed Merah, ce forcené antisémite qui a éliminé des enfants juifs à leur sortie d’école.

Bref, l’impression qu’on peut avoir aujourd’hui est que loin de reculer le phénomène s’accentue et gagne du terrain. Les efforts militaires consentis ici et là semblent ne pas suffire pour y mettre fin. Mais peut on réellement mettre fin à ce fléau ? Pas vraiment. Eradiquer le fléau me semble relever d’un idéal un peu comme l’idée d’éliminer la pauvreté. Il est seulement possible d’œuvrer à réduire la menace car rêver d’un monde avec zéro terrorisme revient à rêver d’un monde purgé de tout mal. Le mal hélas fait partie de la réalité humaine. Le bien et le mal sont consubstantiels chez l’homme, disait Platon.

Néanmoins il demeure une vérité qui nous rassure. Le terrorisme ne viendra jamais à bout de nos libertés et le monde ne cèdera jamais au règne de la terreur. Les meurtriers de Charlie pensaient avoir bâillonné la liberté d’expression et réduit le journal au silence. Ils doivent sûrement déchanter dès l’annonce de la parution du journal le mercredi 14 janvier. Pour faire comprendre à ces fanatiques qu’ils ne triompheront jamais nous devons toujours avoir le courage de libérer notre pensée comme ces vaillants dessinateurs tombés l’arme le crayon à la main. Aux kalachnikovs, opposons plumes et crayons, car notre liberté est plus forte que la terreur.