Serge

Marion Cotillard, la “môme” qui ne sait plus chanter

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Marion Cotillard,crédit photo: Lessio on Flickr/CC

Mais qu’arrive-t-il à la carrière de Marion Cotillard qui n’arrive plus à reproduire la brillante performance qui l’a mondialement consacré losrqu’elle incarna Edith Piaf au cinéma? Je peux m’avancer sans risque d’être démenti en affirmant que dans La môme Cotillard signa l’une des meilleures compositions jamais vues dans un biopic. Mais depuis lors, c’est le trou noir…

Il faut dire qu’Hollywood ne réussit pas à tout le monde, encore moins aux français. Il me semble au passage que Jean Dujardin soit en train d’emprunter le même chemin vers la décadance, il m’a peu convaincu dans The Wolf of Wall Street… mais passons !

Certains acteurs font tout simplement des mauvais choix de carrière préférant des blockbosters aux films « à risque » , indépendants… ils ne sont pas nombreux à accepter des petits rôles dans des films à petit budget comme Matthew McConaughey ces dernières années, notamment depuis son retour dans son Texas natal… ici aussi, passons !

Marion Cotillard, quant à elle, enchaîne des « petits rôles ». Petits à cause de ses piètres perfomances alors que tout est mis en oeuvre pour qu’elle brille. On ne pourra pas accuser James Gray de l’avoir saboté dans The Immigrant, par exemple.

Voyons par exemple, dans Inception des frères Nolan. Quoi qu’on en dise, le film est porté (et plutôt bien porté) par Leonardo DiCaprio et Ken Watanabe, quand même… Alors, oui, on y comprend rien à force de voyager dans plusieurs échelles/niveaux de l’esprit humain, mais DiCaprio est correct – comme toujours – alors que Marion Cotillard ne fait rien d’autre que pleurer, marcher, sourire, embrasser… ou mourir (?). Qu’elle retourne en France !

La faute au réalisateur? Sûrement ! Mais, c’est tout de même Marion qui a accepté ce rôle piège. Il faut dire que cette année, elle ne fait guère mieux dans The Immigrant de James Gray

Cette semaine j’ai regardé un film très très bien réalisé par Steven Soderbergh (Lire la critique sur Lesinroccks), Contagion. Le film date de 2011, donc je suis un peu en retard, néanmoins ce qui frappe de prime abord dans cette production américaine c’est évidemment le casting de rêve, de fou même, qui rassemble pas moins de cinq superstars: Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Laurence Fishburne, Jude Law, Bryan Cranston (le Walter White de Breacking Bad), Kate Winslet et… Marion Cotillard.

Eh bien, encore une fois c’est la déception. Notre belle “môme” se contente d’être belle alors que le film est une parfaite réussitte. Elle arrive même à disparaître du radar pendant près d’une bonne demi-heure à tel point que lorsqu’elle revient soudainement à l’écran on se demande ce qu’elle vient y foutre

C’est dire qu’on aurait pu mettre dans son rôle ma voisine qui rêve d’une carrière dans les télénovelas brésiliennes que le film n’aurait rien perdu de sa superbe.

Et le constat est sans appel: la « môme » Cotillard ne chante plus. Elle ne sait plus chanter.


Brésil, zone de guerre pour les journalistes

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Crédit photo : Slimane Hadj Brahim, Wikimedia Commons

Il y a tout juste un an, lors de ma formation avec RFI à Dakar, Grégoire de Reporters sans frontières nous présentait une carte détaillant les zones les plus dangereuses pour les journalistes dans le monde. Quelques mois après, je lisais sur un blog un article présentant d’étonnantes statistiques qui plaçaient le Brésil parmi les pays les plus dangereux pour les journalistes. La mort de Santiago Andrade, journaliste-caméraman de la TV Bandeirante à Rio de Janeiro, confirme une tendance macabre au pays du football à quelques mois de la Coupe du Monde.

La vie a de ces ironies… le jeune journaliste d’une quarantaine d’années tué par un projectile – employé pour les feux d’artifice – lancé à bout-portant par un membre (supposé) des « Black bloc » laisse une femme et quatre enfants. L’ironie réside dans le fait qu’il venait de terminer une formation de “journalisme en zones de conflits armés”.

Santiago Andrade travaillait pour la chaîne de télévision Band (l’une des plus importantes du pays), la même chaîne qui avait perdu un autre caméraman lors d’une opération de “pacification d’une favela” de Rio de Janeiro. On sait d’ailleurs que ces favelas sont loin d’être des havres de paix, et pour preuve, cet article à lire sur le blog de l’AFP, Making-Of.

Entendez-bien, un journaliste exerçant à Rio de Janeiro ou dans certaines régions du Brésil comme le Maranhão ou l’Etat du Pernanbuco se retrouve pratiquement dans les mêmes conditions qu’un reporter de guerre en Syrie

Les enlèvements sont fréquents, les menaces aussi, les intimidations… il y a encore au Brésil des individus au-dessus de la loi. Et si même les policiers ne peuvent assurer leur propre protection, qu’en est-il de nous ? Car, je connais un officier de la police militaire qui n’habite plus dans une même résidence pour plus d’une année par peur d’être tué par des trafiquants…

Il y a aussi eu le drame d’une juge assassinée parce qu’elle avait déclaré la guerre au trafic.

La violence est partout.

Sur ce blog par exemple, je ne parlerai jamais directement d’un trafiquant. Je sais jusqu’où ma plume peut aller et où il doit s’arrêter…

Avant, la violence était identifiée aux trafiquants et à l’Etat parallèle qu’ils instauraient dans tout le pays; désormais, il faut compter avec les fameux “hommes masqués”, ces « Black bloc » qui ne reculent devant rien, encore moins face aux troupes de choc de l’Etat de Rio.

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Une opération de pacification dans le complexo do Alemão à Rio – crédit photo : Agência Brasil -ABr

D’ailleurs, soyons réalistes, la violence va dans tous les sens, elle est le modus operandi de toutes les parties : on se souviendra d’un jeune garçon exécuté par des policiers, d’un journaliste de Band TV tué lors d’une “opération de pacification” vendue par le gouvernement de Rio comme la “solution” à la violence carioca et à l’exclusion des Noirs, ou encore de cette dernière tragédie qui a coûté la vie à Santiago Andrade.

Avec toute cette violence, mon indignation face aux propos de la journaliste Rachel Sheherazade perd toute sa crédibilité et son sens… comment ne pas s’abandonner, comme elle, entre les mains de ces justiciers qui pullulent dans tout Rio – selon l’un de ses membres, ils seraient près d’une centaine à opérer dans plusieurs quartiers en mode Punisher.

Rachel Sheherazade autorise la vendetta populaire parce que l’Etat est absent. Cette absence remarquée depuis juin dernier et ses manifestations gigantesques.

On se retiendra encore que celles-ci avaient commencé à cause de l’augmentation du prix des autobus. Et ce mois-ci, rebelote. La mairie de Rio décide une fois encore d’augmenter le prix des transports publics. Quelle inconscience!

A quoi fallait-il s’attendre? Mauvais casting de la part du gouvernement, dirigeants et hommes d’affaires insensibles, voire arrogants; ils n’ont jamais tiré les leçons qui s’imposaient depuis juin… cela aussi, c’est une forme de violence.

Et la violence n’engendre que la violence.

Donc, logiquement, les cariocas sont une fois de plus descendus dans la rue et avec eux, une fois encore, une fois de trop… les « Black bloc ».

Le fait est qu’au Brésil on ne pense jamais au long terme. Tout est fait pour qu’il ait une excellente Coupe du Monde, pour faire bonne figure, faire mieux que nos cousins Sud-Africains – ce serait la honte de faire moins que ces Africains, n’est-ce pas?

Mais personne ne pense réellement à une vraie politique de lutte contre la violence, contre l’exclusion, l’analphabétisme et la corruption. Le salut ne viendra pas de ces opérations de “pacification” qui constituent en elles-mêmes, il faut le dire, une forme de violence.

Ce qui m’inquiète encore plus, c’est l’absence de tout débat au sein de la société mettent en perspective la violence qui vise les journalistes. Ces derniers sont devenus les cibles naturelles des manifestants, et ce depuis juin dernier.

Certes, les gros médias manipulent la population, ils sont complices, en partie, du statu quo négatif qui bloque le progrès social du Brésil, mais de là à les prendre pour cible, c’est une autre histoire.

Sur ce point, l’Etat n’est pas le seul responsable, et la solution ne viendra pas uniquement du Palácio do Planalto à Brasília, mais de toute la société. Les Brésiliens doivent prendre conscience du rôle nécessaire et indispensable des journalistes dans la consolidation de leur démocratie et les défendre bec et ongle.

Cette semaine, un homme est mort à Rio… et donc aussi, une partie de l’humanité.

P.S : a morte de qualquer homem me diminui, porque sou parte da humanidade. Por isto jamais pergunte por quem os sinos dobram; eles dobram por Ti. – John Donn.

 


Les langues étrangères en hausse au Brésil

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crédit photo: Aloys5268/Wikimedia Commons

Mes semaines sont de plus en plus courtes depuis que j’ai repris l’enseignement du français dans une école de langues étrangères pour les brésiliens. Il faut dire que le secteur est en pleine expansion, et cela est en partie dû à l’impulsion donnée par le gouvernement fédéral qui a lancé plusieurs projets d’échanges culturels et académiques pour les jeunes étudiants, notamment le Ciência sem Fronteiras.

Voici donc une belle occasion pour moi d’observer les problèmes qui affectent ce secteur du marché du travail. Si la demande est grande au Brésilpour ce qui concerne la recherche des cours de langues étrangères, la politique du gouvernement fédéral ne rend pas la tâche facile aux entrepreneurs qui souhaitent évoluer dans ce domaine.

Tenez par exemple: il y a quelques années, pour aller faire un doctorat en Espagne, le gouvernement brésilien exigeait du candidat un niveau d’espagnol C1 ou C2 selon les standards européens (sur une échelle allant de A1 à C2). Or, une double pression s’exerçant à la fois sur les universités européennes (obligées d’avoir un minimum d’étudiants étrangers pour être financiées) et sur le gouvernement brésilien (qui devait atteindre certains objectifs chiffrés) a fait que l’exigence de la maîtrise de la langue soit reduite au strict minimum.

Résultat, on constate un net récul de la demande en espagnol dans la majorité des centres de langues étrangères, ce qui est tout de même paradoxal étant donnée la proximité du Brésil avec ses voisins hispaniques d’Amérique du Sud.

Comme disent les puristes: “il vaut mieux laisser le marché s’autoréguler”.

D’un autre côté l’anglais reste la langue la plus recherchée par les brésiliens même si les écoles n’offrent plus de différence entre l’enseignement de l’anglais américain et du british… c’est le globish qui a pris le pas dans un monde globalisé, forcément.

Le but recherché n’étant plus de “bien parler l’anglais” comme la reine Elisabeth II mais bien sûr de communiquer, peu importe l’accent. Comme l’a souligné le directeur d’un centre de langue où j’ai suivi une formation: “désormais à Londres, on rencontre plus de paquistanais, des chinois, et des indiens que les anglais eux-mêmes, et donc l’accent n’est plus un facteur déterminant dans l’apprentissage de la langue”.

Par ailleurs, le gouvernement fédéral étudie la possibilité de restaurer le français comme une langue officielle du fameux Bac brésilien, le Vestibular (administré par les universités) et le Enem (administré par l’Etat) , ce qui devrait hausser la demande des professeurs de français.

Le tout serait que les salaires soient plus attractifs…


“Adopte un bandit”, quand une journaliste dérape

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wikkimedia commons, CC

J’aime autant que je déteste le journalisme. Cela vient du fait que ce métier est pratiqué à la fois avec la plus grande responsabilité, mais aussi dans l’irresponsabilité la plus absurde. C’est le cas d’une journaliste brésilienne qui a déclenché l’indignation des internautes aussi bien que des associations de défense de droit de l’homme suite à des déclarations manifestement racistes et élitistes.

Avant d’avancer, cliquez sur ce LIEN pour voir la photo qui motive la polémique.

Rachel Sheherazade est originaire de l’Etat de Paraíba où elle a fait ses débuts en journalisme avant d’être remarquée par le patron du groupe SBT, Sílvio Santos, milliardaire et icône des médias. L’histoire de ce dernier est un véritable roman vu qu’il a commencé en tant que vendeur ambulant avant de faire fortune dans les affaires et de fonder la banque PanAmericano.

Sílvio Santos est adulé par la population et aussi par ses pairs, ce qui lui donne une espèce d’autorité morale qui se transfère sur tous ceux qui sont adoubés par sa grâce.

C’est ainsi que depuis trois ans, cette simple journaliste qui avait commencé à João Pessoa est devenue une éditorialiste des plus respectée et influente du pays. Tous les soirs, pendant le journal de SBT, trois minutes lui sont consacrées pendant lesquelles elle livre son opinion sur un sujet d’actualité.

Ses thèmes souvent variés peuvent aller de Justin Bieber à la politique énergétique du gouvernement Dilma en passant par une critique acerbe du carnaval brésilien.

C’est d’ailleurs grâce à une sanglante critique contre la culture bourgeoise qui domine désormais l’organisation du carnaval (originellement à vocation populaire) qu’elle se fera une renommée nationale.

Et si le succès monte souvent à la tête du plus charmant d’entre nous, c’est effectivement ce qui arrive à Rachel Sheherazade qui n’en finit plus de choquer l’opinion.

Lors de ce que l’on considère comme l’une des sorties médiatiques les plus polémiques de ces dernières années, la belle journaliste exonère les habitants d’un quartier riche de Rio de Janeiro après que ceux-ci ont torturé un jeune Noir accusé de vol…

Alors que le pays tout entier est choqué à la suite d’images divulguées sur les réseaux sociaux et à la télévision où l’on peut voir le jeune Noir se faire lyncher puis attaché nu à un poteau dans le quartier de Flamengo, voilà que dans son éditorial Rachel Sheherazade défend cet acte populaire, désespéré et odieux.

Pour l’éditorialiste, la population a le droit de se faire justice lorsque le pouvoir de l’Etat est incapable de répondre à la violence urbaine. Elle rappelle encore que le prétendu voleur a sûrement une fiche criminelle longue comme le marathon de Boston, “c’est pourquoi ce dernier n’a d’ailleurs pas porté plainte contre ses bourreaux”.

La torture est donc justifiée et défendable.

L’association des journalistes brésiliens publie alors une note dans laquelle elle condamne le discours violent de la journaliste qui demandait à ses détracteurs de, je cite : “Faire une faveur au Brésil en adoptant un bandit…”. Une formule choc qui rentrera définitivement dans l’histoire de la télévision gratuite.

Liberté d’expression ou incitation à la violence, voire au meurtre?

La question n’est pas simple, spécialement à la lecture du philosophe belge Raoul Vaneigem auteur du livre Rien n’est sacré, tout peut se dire : réflexions sur la liberté d’expression qui est l’un des traités les plus radicaux jamais écrits contre la censure.

Dans son ouvrage, Vaneigem souhaite, par exemple, que le crime d’opinion soit aboli.

Le débat est lancé, car en plus, ladite journaliste trouve elle aussi des défenseurs au sein de l’ opinion publique.

Pour en avoir discuté avec plusieurs personnes, j’ai pu constater qu’une partie de la population est insatisfaite de l’augmentation de la violence même dans les “régions traditionnellement sûres”. La colère est plus grande d’autant plus qu’on s’approche de la Coupe du Monde… tous les sentiments sont multipliés par dix.

On apprend enfin que le PSOL, parti politique situé à “gauche de la gauche” engagera des poursuites judiciaires contre la journaliste vedette.

L’épisode Rachel Sheherazade m’a rappelé à quel point le journalisme est un métier délicat qui demande de chacun qu’il soit responsable, car même si l’on travaille pour un média privé, l’espace que l’on utilise pour véhiculer ses idées appartient nécessairement à la sphère publique.

P.S : Françoise Giroud : « Dans la presse il ne faut pas être sensible à l’opinion publique. Si l’on commence à faire ce que les gens veulent – et on ne sait pas ce qu’ils veulent – , c’est une forme de corruption. Il faut faire ce que l’on croit. » 

 

 


12 Years a Slave, le martyre des corps (sans spoilers)


De nombreuses critiques se fondent sur le martyre des corps dont “abuse” Steve McQueen dans son nouveau film pour dénoncer l’excès d’images choques qui n’ont pour seul effet que de surfer sur une victimisation des noirs. Mais une telle lecture du film semble ne pas considérer la place qu’occuppe le corps de l’individu dans la philosophie libérale britanique, une tradition à laquelle appartiennent évidemment Steve McQueen, Chiwetel Ejiofor et Michael Fassbender.

Chez Hobbes, par exemple, la liberté de l’individu tout comme son assujettissement se définissent par le pouvoir absolu exercé par l’autorité sur le corps du citoyen. Ainsi donc, lorsque les individus décident de fonder un Etat, ils concèdent le droit de vie et de mort au Léviathan, seul détenteur définitif de la souveraineté.

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Crédit photo: Raïssa B. on Flickr.com/CC

On y retrouve la formule de toutes les formes de totalitarisme dont l’esclavage fut une manifestation historique.

La liberté n’est autre chose qu’une question de souveraineté pour les philosophes anglais, soient-ils économistes (Ricardo ou Smith), empiristes (Hume) ou libertariens (Locke).

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Crédit photo: Wolf Gang on Flickr.com

Il n’y a jamais une plus grande forme d’oppression que celle exercée sur le corps de la personne. Pas de place ici pour la réthorique.

En même temps, être libre c’est disposer totalement de son corps. Ce n’est pas pour rien que dans 12 Years A Slave, la violence contre les noirs se manifeste aussi par la volonté poussée à l’extrême de les confiner, de les foueter et les humulier dans leurs chairs.

Certaines images peuvent insupporter les téléspéctateurs, admettons-le. Mais Pour Steve McQueen l’objeticf consiste à capturer de manière crédible le moment exact où l’esclave perd la souveraineté sur son propre corps et partant, sa liberté (voir la première scène de soumission de Solomon Northup).

J’ai l’impression qu’un chef-d’oeuvre a pour vocation de soulever la polémique parce qu’il ne peut satisfaire à tous. Prenons un autre exemple qui interpelle: Le Vent se lève de Miyazaki.

J’ai lu ici et que le film était soit trop militariste soit pas assez patriotique. Le fait est que Miyazaki a donné libre-court à son expression artistique autorisant le public à le digérer comme il l’entendait… ou non.

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Steve McQueen et ses acteurs (Crédit photo: Steve Rhodes/Flickr.com/CC)

C’est le même effet que produit 12 Years A Slave. Pour ma part, je préfère un réalisateur qui “donne à voir” plutôt qu’un autre qui “donne à entendre” (Spielberg, dans Amistad et Lincoln). De toute façon, la société du spéctacle actuelle n’est-elle pas plus réceptive aux images qu’à un quelconque autre langage?

En fait, Steve McQueen s’inscrit radicalement dans « l’esprit du temps »… comme Kechiche et Scorsese.

Que demander de plus?

Quant à ceux qui affirment que le cinéaste fait de la surenchère dans son traitement de la violence, une image vaut bien mille paroles…

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Un esclave dans le Mississippi, Crédit photo: McPherson and Oliver on Wikimedia Commons

 


Au Brésil, la Cour suprême de nouveau blanche

Que personne ne vous trompe, avant juillet 2014 – le fameux mois du Mondial, personne ne peut dire qui sera le président du Brésil en 2015, mais un tout petit changement opéré à la tête de la Cour suprême de justice s’avère être l’une des clés de la possible réélection de Dilma Rousseff. En effet, Ricardo Lewandowski vient de prendre la tête de la plus haute cour judiciaire du pays à la place de son collègue noir Joaquim Barbosa. (suite…)


Guadeloupe-Brésil, anniversairextraordinaire

Guadeloupe-Brésil - Photomontage Mylène Colmar à partir de photos créditées en-dessous.
Guadeloupe/Brésil – Photomontage Mylène Colmar à partir de photos créditées en-dessous.

Mylène, Guadeloupe

A jour spécial, voyage in-croyable ! Direction le Brésil, et plus précisément João Pessoa, histoire de répondre enfin à l’invitation de Serge, un mondoblogueur au savoir encyclopédique. Bèl bonjou, mon ami ! Programme chargé et pas de course obligatoire !

Premier arrêt : la Pointe du Seixas, le point le plus oriental des Amériques. Après tout, je fais partie de ces touristes qui veulent absolument aller voir les attractions incontournables. Et sur place, j’espère bien y rencontrer par un heureux « hasard » les Dois Africanos qui me chanteront Joyeux anniversaire, mais aussi l’un de leurs titres, Primeiro Passo, mon préféré.

Ensuite, vite vite, nous longerons le littoral juste pour vérifier si les plages sont aussi belles que celles de Guadeloupe (pas sûr !). Et après, je veux tout voir du centre historique et ses beaux monuments, explications détaillées de Serge à l’appui.

João Pessoa, c’est bien joli, mais qui dit Brésil, dit Rio de Janeiro. Et comme cette journée est décidément extra-ordinaire, nous voici donc – en un clin d’œil – dans la ville rêvée. Etape obligatoire à la statue du Christ Rédempteur, près de laquelle, par une exceptionnelle « coïncidence », se trouvent Sergio Mendes, Gilberto Gil et Caetano Veloso, trois de mes artistes brésiliens préférés. D’accord, concernant les deux derniers, Serge leur fera un peu, beaucoup, la tête, pour une sombre histoire de censure. Mais tout de même… ce moment, qu’il serait magique, magnifié par la découverte du somptueux paysage juste pendant le coucher du soleil !

La journée s’achève, mais la fête ne fait que commencer. La piste de danse nous attend… samba, zouk et autres musiques dans la playlist, des amis venus des quatre coins du monde. Viva Brazil !

Photomontage Mylène Colmar à partir de photos : Christ Rédempteur © Jcsalmon https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cristo_Redentor_Rio_de_Janeiro_4.jpg - Dois Africanos © Blog Serge K. https://peacefulworld.mondoblog.org/2013/04/24/togo-benin-dois-africanos-le-hip-hop-veut-conquerir-le-bresil/ - Drapeau du Brésil © Brazilian Government https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Flag_of_Brazil.svg - Caetano Veloso © FIESP https://www.flickr.com/photos/fiesp/7371709230/ - Gilberto Gil © Secom Bahiahttps://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gilberto_Gil_(S%C3%A3o_Jo%C3%A3o_2011_no_Pelourinho).jpg - Sergio Mendes © Jazz Fest Wien Teamhttps://www.flickr.com/photos/jazzfestwien/2673597154/ - Carte Brésil © João Felipe C.S https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Br%C3%A9sil_Carte_du_vignoble.jpg
Photomontage Mylène Colmar à partir de photos : Christ Rédempteur © Jcsalmon – Dois Africanos © Blog Carioca Plus – Drapeau du Brésil © Brazilian Government – Caetano Veloso © FIESP – Gilberto Gil © Secom Bahia – Sergio Mendes © Jazz Fest Wien Team – Carte Brésil © João Felipe C.S

Serge, Brésil

Le 31 janvier, une date spéciale sur Carioca Plus. Pour mon anniversaire, j’ai l’intention de m’expatrier en… Guadeloupe. C’est vrai quoi, je réaliserai ainsi l’un de mes “plus vieux” rêves datant de 2012, pour être précis; car c’est cette année là que j’ai entendu parler d’un fin cuisinier nommé Kaulanjan, père d’une fameuse journaliste et blogueuse à Mondoblog. J’ai alors décidé que si un jour je devais aller en Guadeloupe, en aucun cas, je ne perderai l’occasion de m’inviter à la table du père Kaulanjan.

Première escale donc, la maison familiale de mon amie Axelle.

Et puis, l’idée m’est venu aussi d’aller retrouver une vieille connaissance, un immense joueur de football respecté aussi parce qu’il porte des lunettes, même si son image a quelque peu été écornée à cause d’une affaire familliale avec « madame »… Hein, Lilian, sais-tu que pour nous, étrangers, tu es devenu le symbole de la Guadeloupe et que ton parcours mérite bien un pélerinage de la part de tous les jeunes noirs qui rêvent trop haut, ceux qui veulent toucher… les étoiles?

Il est vrai aussi que je devrais partager mon temps entre toi et la jeune vedette locale du Judo, Teddy Riner qui a décidé de te renvoyer au musée 1998. Ce garçon est venu jouer le trouble-fête ici même à Rio, ni mêmes les terres cariocas ne semblent intimider ce jeune guadeloupéen.

Et comme je ne suis pas tout à fait bête, ni tout à fait naïf, je compte bien me créer une petite toile d’araignée dans le milieu des banques, pourquoi ne pas chercher des contacts qui m’aiderait avec des comptes offshores… comme l’élite chinoise, tiens. Il faut bien joindre l’utile à l’agréable.

Photomontage Mylène Colmar à partir de photos : Lilian Thuram © Lefalher https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lilian_Thuram.jpg - Teddy Riner © Ziran78 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Teddy_Riner.jpg - Drapeau de la France © e r j k p r u n c z y k https://www.flickr.com/photos/24842486@N07/3442677077/ - Plats © Axelle Kaulanjan – Carte Guadeloupe © Mylène Colmar
Photomontage Mylène Colmar à partir de photos : Lilian Thuram © Lefalher – Teddy Riner © Ziran78 – Drapeau de la France © e r j k p r u n c z y k – Plats © Axelle Kaulanjan – Carte Guadeloupe © Mylène Colmar


Chronique du mondial: au Brésil, le scandale avant le jeu

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Au milieu, José Maria Marin président de la CBF (crédit photo; Fotos GOVBA/Flickr)

Plouf ! La Fédération brésilienne de football s’est mise la tête dans l’eau, toute seule, comme une grande, jetant par la même occasion le discrédit sur une Coupe du Monde brésilienne déjà entâchée par les scandales à répétition. C’est un scénario inimaginable que l’on vit ici: un championat de Série A menacé de ne pas débuter ou de se jouer avec… 24 clubs, ou 21?

On se rappelle du scandale qui avait frappé le football italien avant la Coupe du Monde en Allemagne, un scandale qui les avait mobilisé à l’époque, alors on y voit peut être un bon signe pour la seleção. Cependant, dans un contexte déjà difficile suite aux manifestations de juin, ni la Fifa ni la CBF ne souhaitent faire face à la colère populaire.

Et donc, un nouveau scandale de manipulation sportive, de tentative de corruption dans le championat d’élite du Brésil ne peut que présager de mauvaises nouvelles en perspectives.

Tout commence lors de la dernière journée de Série A remportée haut la main par Cruzeiro, l’un des deux grands clubs de Belo Horizonte. Alors que tout le monde pense à l’ennui qui vient normalement avec la fin du championat voilà que la fédération (ici, Confédération Brésilienne de Football – CBF) annonce que le club de Portuguesa, seizième au classement, devra jouer la deuxième division à la place de Fluminense – le club de Fred – qui a terminé dix-septième.

Portuguesa a aligné un attaquant qui était sous le coup d’une suspension, l’intéressé ayant accumulé deux cartons jaunes. Le club allègue que la fédération ne l’a annoncé sur son site qu’après la date du match en question. De son côté la fédération s’en tient à la règle, « une punition de la justice sportive s’applique dès le moment où la décision est prise »… personne n’ignore la loi, comme dans la vraie vie quoi. Portuguesa perd donc les trois points gagnés lors de la rencontre plus trois autres points comme peine pour avoir violé le règlement. Double peine? Injustice parce qu’il s’agit d’un « petit » club? La polémique ne désenfle pas.

S’en suivent différentes interprétations du règlement intérieur de la fédération. La cour supérieure de Justice sportive au Brésil décide que Portuguesa sera reléguée. Une semaine après cette décision, la justice commune donne raison au Club de la ville de São Paulo et exige que fédération valide les « résultats du terrain », la Fifa réagit aussitôt: « la justice commune n’a pas à se mêler d’un conflit qui relève exclusiment du football ».

Il faut dire que l’enjeu est de taille pour les patrons du football brésilien. Fluminense est un grand club, son propriétaire est un multimillionnaire, même s’il a perdu sur le terrain après une année catastrophique. L’erreur de Portuguesa tombe à pic.

Fluminense rapporte plus sur tous les plans: droits télé, suppoters dans les stades, ventes de produits sportifs, etc. Sans compter le fait que Fred y évolue.

Donc, pour la fédération, il est préférable qu’un Fluminense joue la Série A à la place d’une Portuguesa.

Seulement, une autre affaire vient compliquer la situation de la fédération, car le club de Portuguesa a rendu public une lettre non-signée lui adressée par la fédération et dans laquelle on lui propose de descendre en Série B moyennant quelques millions de reais, dont quatre payés immédiatement. [VIDEO]

La presse spécialisée est outrée et demande la tête du président de la fédération José Maria Marin dont le nom est rattaché au sulfureux Ricardo Teixeira.

 

Payer a un club la recette d’une année en avance est normal. Le faire avec la condition faite a Portuguesa par la CBF est ilégal.

Tout cela tombe très mal d’autant plus que le nom de Neymar, la plus grande star du football brésilien, est actuellement associé à une affaire de détournement de fonds lors de son ombrageux transfert au FC Barcelone.

 

Voici le lien de l’article d’@elmundoes qui révele le prix que Barcelone a payé pour  Neymar, 95 mi d’Euros, et non 57 mi.

Autant dire que le football brésilien nage en eaux troubles et rien ni personne ne peut prévoir quel sera l’épilogue de la dispute autour du cas Portuguesa.

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Le Loup de Wall Street, au-delà du spectacle

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Crédit photo: Sonja & Roland/Flickr/CC

Leonardo DiCaprio rampant dans une scène surréaliste qui rappelle aux plus perspicaces les lignes de La Métamorphose de Kafka : cette vision en plongée face à l’abîme qui le sépare de sa Porsche, comment ne pas y voir un clin d’oeil à l’auteur du Verdict?

C’est l’une des scènes marquantes du film, mais je n’en dirai pas plus. Le film est un chef-d’oeuvre, du moins c’est l’opinion de 99 % de la presse mondiale, car dans cette mer d’unanimité, se distingue la voix discordante de Pierre Haski, écoeuré par ce « spectacle creux » que nous offre Martin Scorsese dans le Loup de Wall Street.

S’il est impossible de nier le fait que Leonardo Dicaprio signe là le meilleur rôle de sa carrière, on ne peut s’empêcher de constater le fourvoiement idéologique de Martin Martin Scorsese. Si la main du maître est omniprésente pendant les trois heures que dure film, comment ne pas lui attribuer aussi certaines absurdités que l’on entend ça et là?

Le parallèle avec « Lampedusa » ne vous aura pas échappé s’il vous reste encore un brin d’humanisme.

Quant au film en lui-même, je ne peux m’empêcher de penser qu’il aurait pu être plus court. L’impression que l’on a après avoir été dopé par ce flux de débauches et de fétichisme capitaliste, c’est d’être perdu dans un train-train spectaculaire que même Scorsese ne sait plus arrêter: then we go to the fucking end… 

Autre fait gênant dans cette oeuvre, c’est la voix off de DiCaprio absolument dispensable et qui donne au film un air de documentaire.

Ajoutons quand même que pendant ces trois heures d’hystérie Martin Scorsese arrive sans cesse à nous faire rire, c’est aussi l’un des aspects les plus problématiques du Loup de Wall Street: « si l’on rit à la vision de ce spectacle abominable, n’en devient-on pas un complice du malfrat Jordan Befort? ».

Quelle est la véritable intention du réalisateur en truffant son film de scènes aussi comiques les unes que les autres? Car on est là en face d’un choix narratif et non pas d’un effet neutre de prise de vue. Le choix idéologique est flagrant !

Ajoutons enfin qu’au-delà de toute critique positive ou négative du film, Leonardo DiCaprio est un candidat plus que sérieux à la victoire finale aux Oscars : quelle énergie !


Lettre à une blogueuse (bureaucrate)… et sa réponse

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Imaginez « K », le héros d’un roman de Kafka administrant un blog alors qu’il doit faire face au harcèlement de la justice. Oui, vous vous dites: « mais c’est quoi ce délire sur Carioca Plus? ». C’est pourtant la sensation que j’ai eu en lisant les billets d’une ivoirienne qui n’hésite pas à « donner son âge sur les antennes de la Radio du monde ». Personnalité paradoxale qui fascine certains de ses lecteurs alors qu’elle suscite de la curiosité chez d’autres… Intrigué, j’ai donc décidé de lui écrire une lettre… un peu décalé:

Tradition oblige à Mondoblog, voici le portrait d’une mondoblogueuse, par elle-même.

Salut très chère,

Te souviens-tu de notre dernière conversation losrque tu m’expliquais être juriste?

Cela m’a intrigué, surtout le contraste entre le genre de travail que tu fais et ta vie de blogueuse: comment une fille aussi libre sur son blog peut-elle passer ses journées dans un cabinet juridique?

Parce que, ma foi, le travail d’assistante juridique n’est pas ce qu’il y a de plus créatif… enfin, je ne sais pas chez vous en Côte d’Ivoire, mais au Brésil, ces gens là passent leurs journées à faire des copies, à rattacher des timbres à des documents, à poser un cachet sur un tas de papiers…

En plus, la plus part des personnes qui travaillent dans cette « branche » ont plus de cinquante ans, ce qui n’est pas vraiment ton profil, tu en conviendras…

Quel boulot alliénnant tout de même.

Pourtant Babeth, sur ton blog tu n’as pas la langue dans ta poche, on sent très rapidement une forte liberté, un esprit critique et rebelle, et une créativité sans limites… dis-moi: est-ce ton défouloir, Humeurs Nègres?

J’ai essayé d’imaginer le moment où tu t’es décidée à faire ce métier et quand tu l’as annoncé à ta mère, mais tout cela ne tient pas dans mon esprit:

« Heu, maman, mon rêve c’est de devenir assistante juridique », tu imagines un enfant le dire à sa mère et la réaction de celle-ci après?

L’autre jour je t’ai écouté parler dans l’Atelier des Médias et j’ai été encore plus impressionné par ta forte personnalité… mais sinon, tu nous a raconté tes frustrations, ta déception par rapport à ce travail bureaucratique, tu nous a dit ton âge (à l’antenne hein…) … mais, et tes rêves alors?

Allez, j’espère que tu me répondras avec la même « humeur nègre » que tu mets dans tes billets…

Bienvenue dans la famille !

Salut le “Carioca”!

Je me souviens très bien de notre conversation en effet et ton air surpris, un tantinet moqueur, est également très présent dans mon esprit.

Le droit, quelque soit la carrière embrassée est très passionnant; même si sous nos cieux, nos dirigeants le piétinent et le manipulent plus qu’ils ne l’appliquent. Il ne se limite certainement pas à de la bureaucratie, c’est tout un métier crois moi… Le domaine précis dans lequel j’aimerais faire carrière, m’imposant des restrictions, de la discrétion, je dirai même me reduisant très souvent au silence, je me sentais tel un lion en cage. Obligée de fermer ma gueule et me faire toute petite…

Pour quelqu’un qui aime pialler, critiquer, limite juger et surtout faire des analyses kpekpestiques (commérages) comme moi; c’est pire qu’une prison! Mirabeau l’avait d’ailleurs souligné à juste titre : “Le silence est la plus grande persécution!

Lorsque que s’ajoutent à ce baillonement psychologique, le desordre politique et social, manifesté par la rapacité des agents de santé, avides de gains, qui s’offusquent qu’un malade dans son intégrité, préfère payer ses soins à la caisse plutot qu’entre leur main, et n’hésitent pas à se venger de façon éhontée à coup d’injures et de frustrations…

Qu’en pénétrant la “tanière” de nos industries, tu découvres les conditions de travail de ces vaillants ouvriers si peu récompensés pour les tâches accomplies…

Que nos transporteurs escros et mal élevés (pour la plus part, il faut le dire), n’hésitent pas àdoubler le coût du transport et insulter la clientèle obligée de se taire au risque d’être brutalisée (pour nous les femmes)…

Qu’encore aujourd’hui nos populations dites “intellectuelles” se laissent si facillement endoctriner par les politiques…

tu te dis:

– merde j’étouffe faut que je trouve une solution!

Tu commences par râler et grogner sur Facebook, mais ça ne suffit. Tu ne te sents pas assez entendu. Tu t’essayes aux tweets qui malheureusement se dissipent dans le néant vagissant de la twitosphère.

Il te faut un truc plus serieux, plus visible, plus accessible qui ne passera pas en coup de vent… Ton agenda, ton carnet virtuel à toi où d’autres pourront à volonté faire du voyeurisme comme dirait mon négroïde tant aimé!

Et là, ton esprit s’illumine… Un blog! Bien sûr il me faut un blog!

Alors ça donne ces Humeurs un peu trop Nègres, feutrées de sarcasmes et d’humour caustique. Tu l’auras compris, c’est effectivement mon défouloir. J’y publie mes négreries pour reprendre les propos d’un lecteur… Lol!

Je ne m’explique cette passion subite pour l’écriture! Devenir juriste c’est un rêve d’enfant. Je ne respire que par le droit depuis toute petite. C’est peu être lui qui m’emporte et me transporte dans cet univers du blogging; cette belle aventure qui parfois te donne des coups…

Le blogging est en train de complètement me retourner le cerveau! Je crois que je ferai bien chroniqueuse moi! Qu’en dis tu? Toi qui as plus d’experience que moi dans ce domaine pourrai-je y arriver?

Shalom!


Pourquoi parler de l’esclavage?

Crédit photo: www.assemblee-nationale.fr/ Wikimedia Commons
Crédit photo: www.assemblee-nationale.fr/ Wikimedia Commons

Hollywood n’a pas fait dans la dentelle cette année en lançant coup sur coup trois blockbusters sur l’esclavage en Amérique. Et comme on pouvait s’y attendre, cela soulève le débat sur l’opportunité de parler de cette sombre période de l’histoire de l’humanité. D’autres questionnent l’angle abordé par ces films. Y-a-il une façon adéquate de parler de l’esclavage? Faut-il en parler tout le temps, à jamais?

Premièrement, je me permets de dire qu’on ne peut pas définir les contours de l’art, chaque réalisateur a la liberté de filmer la violence de l’esclavage comme il l’entend, quoiqu’à Hollywood on peut se heurter à la censure. Si bien aussi que dans son dernier film Django Unchained, Tarantino a abusé de la licence poétique en filmant l’esclavage avec un humour décalé qui n’a pas plu pas à tout le monde.

D’autres affirment qu’Hollywood en fait trop avec cette pléthore de films sur l’esclavage. Rien de plus faux. En réalité, Hollywood a souvent boycotté l’histoire des noirs d’Amérique comme l’expliquait récemment Steve McQueen. Les rares fois où ils ont traité de ce thème, ce fut pour montrer de sporadiques cas de réussite d’un afro-américain: dans Something the lord Made par exemple.

Lorsque Steven Spielberg s’est attaqué au sujet dans Amistad on a vu le réalisateur américain peindre une image complaisante de John Quincy Adams… je vous livre ci-dessous un extrait de la critique des Inrocks par Olivier Père:

Si Spielberg n’a jamais été un très bon cinéaste, Amistad entérine les indices de sénilité précoce de l’ex-wonder boy du cinéma américain des années 70, qui a désormais besoin de grands sujets ­ ou d’effets spéciaux de pointe ­ pour camoufler la nullité de ses mises en scène

Paralysé par la solennité et la prudence, Amistad bénéficie de la caution politiquement correcte et de l’approbation morale de Spike Lee, qui a accepté que le film soit réalisé par un metteur en scène blanc après lecture du scénario. Nul dérapage dans la représentation des esclaves noirs : ils sont constamment dignes dans leur humiliation.

Mais on peut aussi analyser ces productions cinématographiques par rapport à l’impact de l’esclavage dans l’histoire des Amériques, notamment celle du Brésil et des Etats-Unis.

Quand j’ai vu Django Unchained pour la première fois, je me suis dit: « enfin un film qui aborde avec un certain courage l’histoire de l’esclavage ». L’humour de Tarantino n’est qu’un prétexte, mais l’essentiel pour lui est de rappeler à la mémoire de tous que rien, ni même l’art le plus audacieux ne peut représenter les méfaits de cette période en terme de drame humanitaire. Ça m’a rappelé la polémique de La passion du Christ de Mel Gibson. Les gens se sont plaint parce que le cinéaste avait osé rendre une version réaliste de la passion du Christ.

Ceux qui ont déjà visité le Brésil savent que les noirs d’ici marchent la tête baissée, c’est sans caricature de ma part. Des siècles d’esclavage les ont brisés dans l’âme, le succès de Pelé et Ronaldinho ne sont que des goûtes d’eau. L’émergeance de Joaquim Barbosa dans la politique a une valeur symbolique supérieure, à mon avis.

Les gouvernements Lula da Silva et Dilma Rousseff essayent tant bien que mal de réparer une injustice historique contre les noirs: enseigner l’histoire des noirs dans les écoles est devenu obligatoire, huit volumes de l’Histoitre Générale de l’Afrique, étude commandée par l’Unesco sont distribués gratuitement.

Je pense que c’est aussi dans cette démarche que Steve McQueen (12 Years Slave), Lee Daniels (The Butler, 2014) et Tarantino ont produit leurs films, chacun à sa manière et de belle manière, je dois l’avouer.

L’art n’a pas de limites, donc, il me semble que réclamer de l’angle abordé par ces cinéastes-auteurs, c’est faire fausse route.

 


Guinée-Bissau: combattre la violence avec des livres

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Crédit photo: Celeste/Flickr

Par une nuit tranquille à parcourir de nombreuses pages sur Facebook je tombe sur une très intéressante initiative lancée par une association portée par des expatriés guinéens au Brésil. « L‘Armée de la Paix » – O exército da paz – est en marche et entend réunir cette année au moins 2014 livres qui seront envoyés aux bibliothèques de Guinée-Bissau.

Génial ! L’idée est assez simple et du coup originale, pourquoi ne pense-t-on pas souvent à ces choses-là? Il s’agit tout bêtement de faire un don de livre à la Guinée-Bissau par le biais de son ambassade à Brasília.

Le cher lecteur de ce blog ne se rend peut-être pas compte de ce que peut signifier un tel geste, mais croyez bien que dans un pays aussi ravagé par la violence et les coup d’Etat à répétition, un simple don d’un livre peut changer une vie, voire même en sauver une autre.

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Crédit photo: Emily Carlin/Flickr

J’ai souvent parlé sur ce blog de ces pays lusophones d’Afrique, marginalisés à cause de leur « exception linguistique », ils sont ceux qui ont le plus souffert dans le continent. En effet, il n’ y pas si longtemps que cela l’Angola sortait d’une guerre civile qui dura plus de vingt ans. Et pendant toutes ces années, une très ample partie de la population n’eut jamais accès à l’éducation.

En Guinée-Bissau, la situation n’a jamais été aussi critique qu’en Angola, mais eux aussi ont été victime de la Guerre Froide comme beaucoup de pays africains. Déchiré entre l’Occident et l’URSS, ce pays est longtemps demeuré sous le joug de dictatures militaires. Plus récemment, le Brésil a reduit ses relations diplomatiques avec le nouveau gouvernement guinéen, encore une fois issu d’un coup d’Etat.

1551565_10202940847988038_1179172290_nLe problème récurrent en Guinée-Bissau reste la force du trafic de drogue, ce pays étant devenu le port de transit des trafiquants qui rêvent de faire fortune en Europe. La Guinée-Bissau, c’est donc « la porte de l’Europe » accro aux drogues. Sur ce blog de RFI on peut lire des billets qui rappellent tout le mal produit par ce fléau dans un pays qui ne demande qu’à être/vivre… libre.

J’ai donc décidé d’entrer dans « ce bateau de la paix ». Certe le projet n’en est qu’à ses premiers pas, mais j’ai espoir que d’ici la fin 2014 nous pourrons atteindre les 2014 livres qui sauveront un pays.

Pour vous donner une idée de la simplicité du projet et aussi de la liberté garantie aux donateurs, il n’ y pas d’exigence sur un type particulier de livre, cela peut aussi bien être du niveau de la maternelle qu’universitaire. Ainsi donc je compte envoyer un livre d’ Anthony Giddens sur la Globalisation, un autre de Christian Metz sur le langage au cinéma, puis ce livre de Todorov & al. , Qu’est-ce que le structuralisme? (les deux derniers livres sont en langue française, là encore pas de problème). Rien ne m’empêche d’en rajouter d’autres à cette liste… des livres sur la démocratie, par exemple.

Si vous souhaitez faire des dons, je vous laisse ci-dessous les coordonnées de l’ambassade de Guinée-Bissau à Brasília. Pour ceux qui résident au Brésil, libre à vous de donner vos livres aux ressortissants guinéens qui les transmettront à cette adresse:

Telefones
  • 061 3366-1098Trabalho
Endereço
  • SHIS QI 03 Conjunto:09, Casa 11
  • 71.605-290 Brasília, Brazil
BairroLago Sul
Nome de usuário
Site
E-mail
  • embaguibrasil@gmail.com

 


Breaking Bad au Brésil, c’est possible?

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Affiche de Breaking Bad (Crédit photo: mezclaconfusa/Flickr)

« Il vaut mieux la fin d’une chose que son commencement », dit-on. La célèbre thèse biblique sur la rédemption ne semble pas s’appliquer à la série américaine Breaking Bad. Le sentiment que j’ai après avoir terminé mon marathon de deux semaines à me gaver des 62 épisodes de Vince Gilligan est d’un vide post-traumatique. Alors, après coup, je me pose la question: Breaking Bad au Brésil, c’est possible?

Quand je dis « la fin d’une chose… puis son commencement », je ne parle pas de la trame de la série ou de la trajectoire de l’anti-héros; il est question pour moi de trouver quelque chose à faire après avoir regardé Breaking Bad. Que devient la vie des téléspectateurs après le visionnage du dernier épisode? Le sentiment que j’ai, encore une fois, c’est de plonger dans un immense trou noir à force de s’attacher à tous les personnages. On les connait, on les aime, on a peur pour eux, on ressent leurs vies retournées… Fiction et réalité se mélangent ici créant chez le téléspectateur une expérience unique de transfert psychologique: regrets, culpabilité, déception, perte… le tout ressenti par le public.

Breaking Bad, c’est fini. Mais ça commence à la télévision brésilienne puisque le groupe Record diffuse les cinq saisons à un public habitué aux télénovelas. D’où mon interrogation : est-ce possible?

La vraie question serait de se demander si l’expérience sera une réussite en terme d’audience, car le public brésilien n’est peut-être pas habitué à ce genre de séries. Même si l’univers des drogues et des trafiquants est bien connu ici. Qui à Rio ou São Paulo n’a jamais fréquenté une personne ayant eu une expérience avec les drogues? Moi-même j’en connais.

Ça fait un peu cliché, je sais, mais Maradona a répondu à ses critiques une fois en disant « qu’aucun joueur d’Amérique Latine ne pouvait affirmer n’avoir jamais consommé de drogue ».

Mais il y a drogue et drogue.

Et c’est là, l’intérêt même de Breaking Bad. On est plongé dans l’univers high level du trafic de drogue. A tel point qu’en regardant cette série on se demande si tout cela est exportable hors d’Amérique, au Brésil par exemple?

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Crédit photo: Gary Dee/Wikimedia Commons/CC

Du cristal azul (blue cristal)? Fabriqué dans un trailer? Pas crédible à mon avis en terra brasilis, la préférence ici étant le crack. Dans toutes les grandes villes du pays, on retrouve une cracolândia, une espèce de camp à ciel ouvert où la consommation du crack fait des ravages. Des familles détruites là aussi, des autorités dépassées ou complices, une population traumatisée…

En termes de logistique, difficile de dire s’il est réellement possible de fabriquer du crack dans un véhicule parcourant des kilomètres et des kilomètres… Dans l’Etat de Goiás – le climat s’y prêterait bien -, mais c’est possible? Les grandes concessions de terres inhabitées dans cet Etat rendent la chose probable, mais encore une fois, ce n’est pas très sécurisé. Cependant, on imagine assez facilement ce trafic s’organisant à l’échelle de toute l’Amérique Latine, de Bogota à Buenos Aires en passant par Rio.

Le sous-monde de la drogue a tendance à reproduire une image enchantée du trafic. Il n’y a qu’à voir les films de De Palma, de Scoresese ou Coppola. Breaking Bad ne déroge pas à la règle, pas étonnant que Vince Gilligan avoue l’influence de Coppola dans sa vision du cinéma. Mais le glamour s’arrête au cinéma américain.

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L’équipe de Breaking Bad (Crédit photo: bloomgal/Flickr)

Chaque fois que le cinéma brésilien a traité le thème de la drogue, il l’a fait avec un réalisme déprimant (voir Tropa de Elite et Cidade de Deus). Au Brésil, le trafic s’accompagne d’une violence inouïe qui atteint la société dans son ensemble, sans discrimination. Pour la petite histoire, on sait qu’un des journalistes les plus connus du Brésil, José Luís Datena, spécialiste de la violence dans des émissions quotidiennes a presque perdu son fils à cause de la drogue. Ce monde là n’a rien de fascinant.

Ce qui fait la force scénaristique de Breaking Bad, c’est peut être plutôt la radicalisation des conséquences du trafic de drogue, même si à un certain moment on peut accuser le créateur de la série d’anti-moralisme refoulé.

La série de Vince Gilligan soulève aussi le débat sur le système de santé en Amérique. En effet, on est au cœur de la polémique de l’Affordable Care Act, plus connu comme l’ObamaCare. C’est à cause de l’énorme facture de son plan d’assurance maladie que le héros Walter White plonge dans le monde du crime. C’est du moins ce que semble suggérer Vince Gilligan.

Au Brésil, il existe déjà une espèce d’Obamacare, plus sophistiqué parce que protégé et garanti par la Constitution: le SUS. Les soins de santé sont gratuits y compris le changement de sexe, car perçu comme un droit de l’individu, donc comme étant de la responsabilité de l’Etat.

Le seul problème, c’est le manque de médecins et les énormes files d’attentes avant de réussir un rendez-vous pour une chirurgie compliquée. Disons, que si Walter White était brésilien, il lui aurait fallu attendre un an, voire deux, pour réaliser sa fameuse chirurgie. Enfin, tout dépend du nombre de personnes nécessitant de la même opération…

 


Lettre ouverte aux éditeurs français (suite et fin)

Je me rends compte que je devais une réponse à mes lecteurs et à toutes les personnes curieuses de savoir si ma lettre de septembre aux éditeurs français a eu une suite favorable. Surtout que mon silence peut pousser certains à croire que le succès de ma démarche m’est monté à la tête au point d’en oublier de rendre compte à mes témoins: vous, chers lecteurs(suite…)


Oscar 2014 ou le triomphe du nombrilisme hollywoodien

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Crédit photo: buschap on Flickr/cc

Bon, il n’y a plus de suspens depuis ce matin. On connait la liste des films, réalisateurs et acteurs qui font figure de favoris dans la course aux Oscars décernés par l’Academy of Motion Pictures Arts and Sciences aux meilleurs représentants mondiaux du septième art

Si la deuxième moitié de l’année a été plus que satisfaisante du point de vue de la production et de la qualité des films présentés tant aux Etats-Unis qu’à l’étranger, l’Académie fait montre d’une lâcheté inquiétante et d’un manque d’imagination dérangeant.

Hormis la surprise (pour moi) avec la présence dans la catégorie Oscar du meilleur film d’animation d’un français, Ernest & Célestine réalisé par Benjamin Renner et Didier Brunner, le constat est mitigé. A voir, donc!

S’il y a quelque chose d’assez lassant avec les Oscars c’est la fréquente présence de Meryl Streep parmi les nominations (18 fois) qui nous fait chaque année du… Streep. Et dire que certains arrivent à y trouver de l’innovation. On nous présente désormais une douce alternative en la personne de Jennifer Lawrence, moins de 30 ans et déjà un Oscar au compteur et deux nominations… que dire?

Mais où est le courage? Hollywood est-il à ce point en manque d’actrices?

Cette année, nous voilà obligés d' »aimer Gravity » d’Alfonso Cuaron que je n’ai pas vu; d’ailleurs, je ne compte pas le faire. Tenez-le comme ma protestation au culte de la 3D et des effets spéciaux à outrance. Le cinéma, ce n’est pas cela. Qu’est-ce que c’est que ce cinéma pour riche, élitiste et totalement out of reality? Qui en Afrique ira voir ce film en 3D, autant rêver. En Amérique Latine aussi cela reste hors de prix.

Ma critique contre ce blockbuster n’est pas qu’économico-classiste, loin s’en faut. Il s’agit plutôt d’un réfus de ma part de me plier à la dictature du numérique. Sur ce point je reste un puritain et je préfèrerait toujours ma collection de Hictchock à Gravity.

La catégorie « meilleur film étranger » nous offre une perle du bêtisier de l’année… comment? Pas d’Adèle? Il ne faut pas abuser tout de même. Autant je suis d’accord que The Hunt (La chasse), énorme critique du moralisme occidental, est supérieur à l’oeuvre de Kechiche, autant l’absence de La Vie d’Adèle me paraît absolument inadmissible.

Il leur a manqué un peu de courage aussi pour observer l’excellent film de Kleber Mendonça Filho, Neighbouring sounds, à croire qu’il n’ont pas lu la critique de A. O. Scott du New York Times. Quid aussi du canadien Denis Villeneuve qui signe le meilleur thriller de l’année, Prisoners avec un immense Jake Gyllenhaal.

Du courage, il en faudra surtout pour décerner l’Oscar du meilleur acteur à Chiwetel Ojiofor qui joue comme personne une scène de détresse.

Pour avoir vu et adoré The Grandmaster de Wong Kar Wei, je suis satisfait de la présence du directeur de la photographie français Philippe Le Sourd dans la catégorie « meilleure photographie », une juste réconnaissance pour un travail plus que correct.

La bonne nouvelle de ces nominations c’est quand même l’absence du très convenu Mandela: Long walk to freedom, film moyen et politiquement correct en parfaite synchronie avec la récente perte du peuple sud-africain… ce n’est pas parce qu’Idris Elba est dans le film que c’est forcément un chef-d’oeuvre. Pardon, Axelle Kaulanjan.

J’aurai pu parler aussi de Blue Jasmine (d’un Woody Allen moyen, comme toujours surévalué), de Capitaine Phillips (un grand film de propagande pro-US Navy), mais bon, laissons cela pour une prochaine occasion. Disons… en février!

 


Les réseaux sociaux se moquent du pilote fou de João Pessoa

Segundo presidente do Aeroclube da Paraíba,aeronave chegou a voar a 2 metros da praia(Foto: Reprodução/TV Cabo Branco)
Segundo presidente do Aeroclube da Paraíba,
aeronave chegou a voar a 2 metros da praia
(Foto: Reprodução/TV Cabo Branco)

L’image est surréaliste, elle fait rire, elle fâche aussi. C’est un évenement car à João Pessoa, petit paradis perdu dans le littoral du Nordeste brésilien (ma ville de résidence depuis six ans), rien ne se passe jamais… mais ça, c’était avant. Avant qu’un pilote décide d’effectuer plusieurs manoeuvres radicales à bord d’un petit avion à seulement deux mètres au dessus de la place.

L’appareil appartient à un avocat de l’Etat du Tocantins. Ce dernier l’avait mis en vente depuis un certain moment. Le propriétaire n’étant pas résident dans l’Etat de Paraíba, il pourrait y avoir quelques difficultés en cas de responsabilisation pénale… Par contre le pilote habite bien  à João Pessoa, selon les dernières informations qui découle de l’enquête menée par la Police Fédérale.

Selon des témoins, le pilote aurait fait un total de quatre aller-retours sur la plage de João Pessoa.

Sur les réseaux sociaux, l’imagination des internautes ne s’arrête plus… on reproduit l’image de l’incident avec Sangoku, le héro d’ Akira Toriyama, passant au dessus des baigneurs, et aussi… l’ E.T de la superproduction de Steven Spielberg survolant les touristes. 1525044_10200564399752014_1441974969_n Si l’image choque, pourquoi ne pas en rire aussi? 1607027_746852475325094_415972864_n


Brésil : qui veut aller au shopping?

Brian Lane Winfield Moore sur Flickr
Brian Lane Winfield Moore sur Flickr

La guerre est déclarée : les jeunes des bidonvilles, plus connus comme les favelas veulent goûter aux plaisirs de la consommation de masse qu’offre la globalisation. Ils sont prêts à braver les interdictions sociales qui maintiennent les Noirs favelados hors du circuit mondial de la consommation représenté ici par les shoppings qui fleurissent dans toutes les grandes villes brésiliennes.

Les shoppings sont ces grands complexes commerciaux qui regroupent à la fois des cinémas, des salles de spectacle, des Mc Donald’s, des banques, des magasins de vêtements de luxe… ils obéissent en général aux normes d’une esthétique globalisée adaptée au goût des nouvelles classes moyennes.

Or, ce « dépassement » prétendu par cette jeunesse martyrisée ne plaît pas aux classes moyennes de São Paulo. Une vraie bataille idéologique est désormais livrée, elle sera sans doute au coeur des débats politiques lors de la campagne électorale des élections de fin 2014.

La démocratie, c’est aussi consommer:

Certains se souviennent des émeutes qui ont secoué le gouvernement Chirac (à l’époque où de Villepin était premier ministre) ou encore celles de Londres qui se sont vite propagées dans toute l’Angleterre au début du gouvernement Cameron… Rappelez-vous qu’à l’époque des juges ont expédié, dans la nuit, des mandats d’arrêt contre des jeunes issus de l’immigration, démontrant ainsi l’opacité du système judiciaire britannique.

L’actuel contexte social vécu au Brésil présente des similitudes avec ce qu’on a vu au Royaume-Uni 2011. A l’époque déjà, je me rappelle mon professeur expliquant que: « dans le contexte actuel du capitalisme, la démocratie, c’est aussi permettre à toutes les couches sociales de consommer… ».

Les temps ont réellement changé. La sociologie est loin d’offrir une compréhension définitive des transformations que nous vivons. Souvenez-vous aussi qu’au début des années 1990, Francis Fukuyama annonçait la Fin de l’Histoire, concept polémique, qui veut dire que le modèle démocratique libéral s’est imposé au monde comme l’idéal de société possible.

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Cette idée faisait suite à l’hypothèse qui prétendait qu’après la chute du mur de Berlin, les sociétés occidentales avaient dépassé l’étape des revendications matérialistes pour une adhésion au postmatérialisme : écologie, droits de l’homme, féminisme…et tout ce beau tralala.

Les émeutes de Londres, puis celles de Clichy-sous-Bois ont prouvé que les vieilles querelles classistes persistaient.

Au Brésil, les autorités font face à un nouveau phénomène menaçant le statu quo social qui permet aux classes moyennes de mener une vie tranquille loin de la misère des favelas.

Chacun à sa place :

Car les jeunes des banlieues défavorisées ont pris l’habitude d’aller (« en bandes ») perturber la quiétude des shoppings, ces temples de consommation capitaliste réservés au Blancs et à quelques Noirs domestiqués.

Crédit photo: cassimano/Flickr/CC
Crédit photo: cassimano/Flickr/CC

La police les a souvent repoussés avec violence bien que ces jeunes n’y aillent pas armés: ils disent se réunir pour « faire la fête », « Dar um rolezinho« … ce qui n’est pas interdit en soi. Le problème ici, c’est de savoir rester à sa place. « Les pauvres des favelas doivent rester à leur place », c’est le message que transmettent les médias et certains politiciens démagogues.

Cette semaine, un juge a autorisé six shoppings de São Paulo à « sélectionner » leurs clients [en portugais].

Le phénomène rolezinho est donc traité en tant que « problème de criminalité publique » comme l’explique cet éditorial publié le site brésilien de El pais :

La « tournée », la nouveauté de Noël, montre que quand la jeunesse pauvre et noire des périphéries de São Paulo occupe les shoppings annonçant vouloir participer à la fête de la consommation de masse, la réponse est toujours la même: la criminalisation. Mais que sont-ils réellement en train de « voler » à la classe moyenne brésilienne ?

[O rolezinho, a novidade deste Natal, mostra que, quando a juventude pobre e negra das periferias de São Paulo ocupa os shoppings anunciando que quer fazer parte da festa do consumo, a resposta é a de sempre: criminalização. Mas o que estes jovens estão, de fato, “roubando” da classe média brasileira?]

Une tragique situation à laquelle font face les autorités, un défi démocratique qui se présente devant eux. L’histoire a montré que l’on ne touche pas impunément à la classe moyenne brésilienne, cette même classe qui peut être plus conservatrice encore que les faucons du Tea Party américain.

Au Brésil aussi, la ségrégation fait recette !

Complément de billet :  des images choquantes montrant des agents de la police militaire en train d’agresser les jeunes des banlieues.

 


Adeus, ancien régime!

Crédit photo: Revista Píauí
Crédit photo: Revista Píauí

La fin de l’ancien régime au Brésil est annoncée pour 2014 si l’on en croit une photo publié par la Revista Píauí sur son compte Facebook depuis hier soir. On y voit représentée une caricature de la famille Sarney, la « famille royale » du Maranhão, qui s’en va en exile au Píauí: la révolution serait-elle dors et déjà lancée?  

Depuis juin dernier, la force des réseaux sociaux est en marche au Brésil. Les politiques tremblent à l’évocation de ce simple mot: social network. L’avantage avec les nouveaux médias c’est aussi l’hyperinventivité des blogueurs, des community managers et autres développeurs.

L’humour et les réseaux sociaux contre la corruption. Le titre du The Piauí Herald est évidemment une référence au New York Herald Tribune ou même au New York Times dans sa version Web, cela ne pouvait mieux tomber.

Créativité sans limite sur les réseaux sociaux brésiliens depuis l’émergence du nouveau scandale qui frappe la famille de l’ancien président José Sarney, l’oligarque qui tient d’une main de fer l’Etat du Maranhão: cette « Afrique » au coeur du Brésil.

Les indices de pauvrété de cet Etat du Nordeste du Brésil n’ont rien à envier à l’Ethiopie de la famine.

Le scandale a commencé avec un reportage publié par Folha de São Paulo montrant les conditions exécrables des prisons dans le Maranhão, notamment des scènes de décapitation, des bourreaux posant devant leurs trophées… On comprend pourquoi le ministre de la justice préfère la mort aux prisons médiévales de son pays. [VIDEO]

Dans un Etat où l’analphabétisme et la misère atteignent des proportions dégradantes, où la famille Sarney contrôle tous les pouvoirs dans l’ opulence la plus arrogante, de telles images sont simplement inacceptables. Les réseaux multiplient leur impact par mille.

Comme je l’ai dit dans un précédent billet, la famille Sarney représente l’ancien régime dans ce nouveau Brésil démocratique.