Bakari GUEYE

Mauritanie : Le président reprend son bâton de pèlerin

visiteCrédit:AMI

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz continue à se balader au frais du contribuable et ce au grand dam des habitants des régions visitées qui croupissent sous la misère et la soif.
A peine rentré d’un séjour de dix jours dans 3 régions de l’Est du pays, voilà qu’il s’envole de nouveau pour un nouveau cycle de visites qui le mènera dans plusieurs autres régions du pays.
Ce nouveau périple sera entamé dès demain par la région du Tiris Zemmour(Nord du pays) et notamment par la cité minière de Zouerate dont les habitants souffrent encore des conséquences de l’embargo économique décrété par les autorités nationales pour punir les travailleurs de la SNIM(géant minier et l’un des poumons économiques du pays) d’une grève tout à fait légale qui a duré deux mois.
Cette grève a connu une gestion catastrophique de la part de la direction de la SNIM, qui en réalité est téléguidée par la présidence. C’est ainsi que les grévistes et leurs familles ont subi les privations et les brimades de toutes sortes (coupures des salaires, des vivres, de l’eau, de l’électricité, menaces d’expulsion des logements, etc.)
Au cours d’une conférence de presse tenue à la veille du dénouement de cette crise, le président de la République s’était adressé aux grévistes en des termes peu amènes.
Et dire qu’à l’occasion de cette visite -à connotation folklorique comme les précédentes-il s’attend à ce que les habitants de Zouerate lui déroulent le tapis rouge !
C’est en tout cas ce à quoi s’emploient tous les élus de la région ainsi que les notables et autres personnalités évoluant dans le giron du régime.
A l’autre extrémité du pays, à Kiffa, capitale de la région de l’Assaba, la plus grande agglomération du pays après Nouakchott, on se démène aussi pour accueillir le président de la République.
C’est ainsi qu’aussi bien à Nouakchott qu’à Kiffa, les réunions de cadres et les conclaves tribaux se succèdent.
Là aussi, on ne lésine pas sur les moyens pour faire étalage de la capacité phénoménale de mobilisation de moyens humains et matériels pour assurer un accueil chaleureux et ainsi montrer son allégeance inconditionnelle au chef de l’Etat.
Mais l’on peut se demander pourquoi ce branle bas de combat des cercles influents avant le début de chaque visite présidentielle ?
La réponse est toute simple. L’objectif derrière tout ce remue ménage n’est autre que la préservation de privilèges et des intérêts personnels au détriment des populations locales et de l’intérêt général.
En effet ces populations sont toujours les grands perdants dans ce jeu de poker menteur.
C’est ainsi qu’en dehors de discours dithyrambiques et de promesses mirobolantes, ces populations n’obtiennent pas grand-chose à l’occasion de ces visites.
A kiffa par exemple, la préoccupation essentielle en ce moment est l’alimentation en eau potable. La ville fait face en effet à un déficit cruel et d’aucuns parlent d’une catastrophe en vue. La situation est d’autant plus inquiétante que le réseau en place est insuffisant et fonctionne avec des installations qui laissent à désirer et ce, malgré son installation récente.
Malheureusement, on ne s’attend pas à grand-chose de la part du gouvernement ; et pourtant, rien qu’avec les fonds qui seront mobilisés pour cette visite, on pourrait régler tous ces problèmes.
Rappelons qu’au cours du sommet du Millénaire, du 6 au 8 septembre 2000 à New York, les dirigeants des pays du monde dont la Mauritanie avaient convenu de réduire de moitié, au plus tard en 2015, la proportion de la population qui n’a pas accès, de façon durable, à un approvisionnement en eau potable.
Concernant la Mauritanie, en tout cas, et particulièrement la ville de Kiffa, on est encore très loin de cet objectif mais, l’espoir est toujours de mise et peut être qu’à l’occasion de cette visite, le président de la République succomberait au cri de son cœur et donnerait l’ordre de mettre en place un plan de bataille pour sauver des milliers de ces concitoyens menacés par la soif.
Bakari Guèye


Mauritanie : promulgation d’une fatwa interdisant l’esclavage

 

 

fatwaCrédit:AMI

La question de l’esclavage continue à déchaîner les passions en Mauritanie où ce fléau des siècles obscurs a encore droit de cité.
Le phénomène qui plonge ses racines dans la société mauritanienne touche majoritairement la frange haratine, une composante importante de la société maure.Longtemps étouffée, la question de l’esclavage est aujourd’hui propulsée au-devant de la scène, et ce, grâce à l’activisme de certaines associations de la société civile et notamment le mouvement IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie) dont le leader, Birame Ould Dah Abeid croupit actuellement en prison.
Face à une pression devenue de plus en plus insoutenable, le gouvernement mauritanien se voit obligé de lâcher du lest.
C’est ce qui explique la batterie de mesures prises ces derniers temps pour essayer de parer au plus pressé.
C’est ainsi que ces dernières semaines, on a assisté à l’annonce de décisions importantes avec surtout cette fameuse fatwa décrétée le 31 mars dernier par l’Association des oulémas de Mauritanie, qui est étroitement amarrée au pouvoir en place.
Cette fatwa stipule que : « A dater de ce jour, mardi 31 mars, l’esclavage en Mauritanie n’a plus aucun fondement légal au regard de la charia. »
Autre décision non moins importante, c’est celle prise par le Conseil des ministres le 2 avril. Il s’agit de l’examen et l’adoption du projet de loi abrogeant et remplaçant la loi n° 2007-048 du 3 septembre 2007 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes.
Ladite loi a été remise au goût du jour en tenant compte des conventions internationales ratifiées par la Mauritanie.
Tout dernièrement, le gouvernement a décidé la création d’un tribunal spécial pour traiter les affaires liées à l’esclavage.
La mise en place de cet important arsenal juridique est certes une bonne chose, reste à savoir si toutes ces lois ne vont pas continuer à rester lettre morte comme cela a toujours été le cas.
Le processus de toilettage des textes vient compléter la feuille de route élaborée par le gouvernement en étroite collaboration avec les instances spécialisées de l’ONU. Cette feuille de route qui tient lieu de stratégie de lutte contre l’esclavage engage le gouvernement mauritanien à inverser la tendance en permettant aux personnes victimes d’esclavage ou de ses séquelles de s’arrimer au reste de la société avec tout ce que cela implique comme droits (éducation, santé, accès à l’eau potable…)
Notons qu’en prélude à cette fatwa, l’érudit Hademine Ould Salek, imam de la mosquée Ibn Abbas de Nouakchott avait déclaré en février dernier lors d’une conférence sur le sujet qu’au vu de la loi islamique (charia), il n’existe aujourd’hui aucun esclave en Mauritanie. Et l’imam de préciser : « Nous devons savoir que nous sommes tous libres et égaux devant Dieu et devant la loi. Celui qui réduit aujourd’hui un homme en esclavage doit savoir qu’il exploite un homme libre comme lui, et il doit se repentir pour laver cet énorme péché. »
Bakari Guèye


Mauritanie : L’unité nationale en question

MPCrédit: Rimweb

Les questions liées à la jeunesse et à la préservation de l’unité nationale sont au centre des préoccupations de « Mauritanie perspectives »(MP), un cercle de réflexion et d’échange, constitué d’intellectuels, ayant pour objectif d’œuvrer pour l’instauration d’un Etat de droit en Mauritanie.C’est dans ce cadre que l’hôtel Iman de Nouakchott a abrité le 1er avril une rencontre sur les thèmes de la jeunesse, de l’emploi et de la communication en relation avec l’unité nationale.
Ouvrant le débat, M. Sall, professeur de philo à l’université de Nouakchott a insisté sur la nécessité de bien gérer la diversité que représentent les différentes composantes du peuple mauritanien.
Au sujet de la communication, il s’est appesanti sur l’importance des contenus médiatiques et sur le temps imparti aux différentes émissions qui doivent cibler les différentes couches de la population sans discrimination aucune.
S’agissant des propositions émises par le professeur, il préconise, pour mieux rapprocher les mauritaniens les uns des autres d’encourager les colonies de vacances entre ressortissants des différentes villes du pays.
Pour M. Mohamed Vall Ould Omer, éditorialiste de la Tribune, qui affirme éprouver une certaine gène à l’évocation du concept « unité nationale », en Mauritanie, on fait plutôt face à un problème de cohésion nationale.
M.Omer a salué des initiatives telles que la création de la deuxième chaine publique et de la radio citoyenne qui, de son point de vue ont beaucoup contribué au rapprochement des différentes composantes de la population. Mais, il regrette que ces initiatives ne sont pas encouragées comme il se doit et d’aucuns s’évertuent à leur mettre des bâtons dans les roues.
Le directeur de la Tribune propose de faire un lobbying immédiat pour amener les responsables de l’État à inscrire leurs enfants à l’école publique. Ce n’est qu’à ce prix estime-t-il qu’on arrivera à redresser le système éducatif qui est la source de tous les problèmes.
Autre proposition du journaliste : réhabiliter les internats au sein des établissements scolaires. Il faut conseille-t-il profiter de l’enthousiasme suscité par la déclaration des autorités publiques qui ont décrété l’année 2015, Année de l’éducation.
Autre idées avancées, celles de M.Hamma Ould Soufi, dirigeant des associations de jeunes en Mauritanie. Il faut dit-il s’appuyer sur la jeunesse pour bâtir un état fort qui puisse solder les problèmes de cohésion et de justice sociales.
Pour Tabara M’Bodj, présidente de l’ONG, Citoyenneté et Droits Humains, en Mauritanie, il n’ y a pas d’unité nationale mais une tolérance nationale. Elle a déploré les inégalités criantes entre les citoyens et l’application à leur égard du deux poids deux mesures.
Abondant dans le même sens, M.Moustapha Kane a soutenu que le problème de l’unité nationale se pose absolument et les éléments allant dans le contresens de cette unité sont légion.
Quant à M.Momme Ducros, fonctionnaire au sein d’une agence de l’ONU, il a déploré le manque de représentativité des jeunes au sein de tous les rouages de l’Etat. Pour lui, la religion, le sport, la musique sont des vecteurs essentiels de l’unité nationale. C’est pourquoi estime-t-il, il convient de prendre en compte les aspirations des jeunes évoluant dans le hip hop et autres.
Mme Hapsa Souleymane, l’unité nationale fait face à de grands défis depuis près de 20 ans, il convient donc d’œuvrer pour mettre en place une unité dans la diversité.
Et pour y arriver, M. Mohamed Ould Jdoud, enseignant chercheur propose de commanditer une étude-diagnostic qui devrait nous édifier sur ce qui nous unit et ce qui nous divise.
M. Memed Ould Ahmed, haut cadre à la retraite affirme qu’on doit régler nos problèmes nous-mêmes et ne jamais compter sur d’autres pour le faire à notre place.
Selon M.Abdallahi, président du Conseil d’administration de la télévision du Sahel, le vrai combat en Mauritanie, c’est la lutte contre la langue.
Il faut dit-il arriver à instaurer une justice normale et que les ONG puissent jouer leur rôle en portant assistance aux personnes en difficulté. Pour lui, l’Etat, la religion ainsi que l’unité nationales sont prises en otage et il faut œuvrer pour desserrer l’étau autour d’elles.
M. Sarr de la société civile propose la mise en place d’un outil permettant de visualiser toutes les zones grises concernant l’unité nationale. Il faut également ajoute-t-il instaurer une forme d’apprentissage de la diversité, une immersion au sein des familles.
Pour M. Achraf, professeur à l’université de Nouakchott, en Mauritanie, on a besoin d’un vrai éducation et d’une vrai justice pour surmonter tous les problèmes.
M.Cheikh Aidara, journaliste a quant à lui mis en exergue dans son intervention, le problème de la mauvaise répartition des postes et des richesses qui est source de frustration pour de grandes franges de la population mauritanienne.
Même son de cloche pour son collège Bakari Guèye qui a pourfendu l’attitude hypocrite des élites qui ont la fâcheuse tendance de ne pas vouloir reconnaitre les grands problèmes qui pourtant crèvent les yeux.
Selon M. Guèye, les nominations inéquitables au sein des postes de l’administration et l’exclusion manifeste de certaines couches des grandes écoles (École militaire, École des mines, École polytechnique…) sont autant de sources de frustrations qui ne contribuent guère au rapprochement tant souhaité entre communautés.
Bakari Guèye


Conférence de presse du président mauritanien : Du déjà vu !

Aziz seneplusCrédit: Seneplus

Le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz qui venait de rentrer d’un long périple qui l’a mené dans la plupart des localités des deux Hodhs(régions situés à l’Est du pays) ,a tenu jeudi dernier une conférence de presse qui est loin d’avoir tenu toutes ses promesses.

Visiblement fatigué et pas très à l’aise, le président prit un piètre départ ratant du coup son entrée en matière face aux journalistes, sélectionnés comme d’habitude sur on ne sait quels critères.
C’est ainsi qu’après une chaude altercation qui l’a mis aux prises avec M. Wedia, directeur du journal arabophone Essirage et de la chaine de télévision El Mourabitoune, le président Aziz qui était entré dans une colère noire allant jusqu’à demander l’interruption de la retransmission en direct de l’événement, finit par revenir à de meilleurs sentiments et d’accepter de répondre, à sa manière, aux questions des journalistes.
Ces derniers ne se sont pas fait prier et ont soulevé toutes les questions qui préoccupent l’opinion mauritanienne.
Mais, hélas, les réponses étaient le plus souvent très évasives.
Et à l’arrivée, cette conférence de presse fut une véritable tempête dans un verre d’eau car elle n’apporta aucune solution aux grands problèmes pendants et ne suscita même pas l’espoir pour tous ceux qui s’attendaient à voir les choses se décanter.
Bakari Guèye


Tentative d’arnaque à l’hôpital « Mère et Enfant » de Nouakchott ?

mere enfCrédit: AMI

Suite à une brusque dégradation de son état de santé, Mme Fatimetou, jeune femme analphabète, en état de grossesse, fut internée pendant plus d’une semaine à l’hôpital Mère et Enfant de Nouakchott.

Heureusement pour elle, tout finit par s’arranger et après son accouchement intervenu le 25 mars, elle fut autorisée à regagner son domicile 24 heures plus tard.
Seulement, avant de quitter l’hôpital, elle a eu mailles à partir avec une partie du personnel médical qui, pour des raisons louches a tenté de lui faire payer une facture très salée.
A son arrivée dans les locaux du centre hospitalier, la patiente avait été placée dans la salle de réanimation. 48 heures avant son accouchement, elle fut admise dans une autre salle, apparemment particulière où elle subit une césarienne.
Et on fit savoir à ses accompagnateurs que les personnes admises dans cette salle doivent payer une forte somme d’argent, furent-ils couverts par une assurance-maladie.
Mais ces derniers refusèrent d’obtempérer et expliquèrent clairement à leurs interlocuteurs que Mme Fatimetou -qui, soi dit en passant est l’épouse d’un militaire-est assurée par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie(CNAM) et n’est tenu de payer qu’une somme très en deçà de celle exigée.
Et, on décida de mettre le mari de Fatimetou au parfum de cette rocambolesque affaire. Ce dernier, retenu pour des raisons de service, ne pouvait se présenter pour défendre la cause de son épouse demanda à ce qu’on lui passe par téléphone l’un des éléments du personnel de l’hôpital.
Mais ces derniers ne tenaient apparemment pas à aller plus loin et l’un d’eux laissa entendre que la facture sera adressée au responsable du fonds d’aide réservé aux indigents.
Cette proposition sortit le mari de Fatimetou de ses gonds. Il rappela le droit de son épouse de bénéficier des prestations de la couverture médicale et s’offusqua du fait qu’on veuille l’assimiler à un pauvre diable.
Cette ténébreuse affaire repose le problème lancinant de la corruption dans les centres médicaux du pays. En effet, dans la plupart de ces structures, pour ne pas dire toutes, il faut impérativement mettre la main à la poche pour pouvoir bénéficier de la moindre prestation.
Et parfois, on surfe sur l’ignorance des malades pour leur faire avaler des couleuvres. Quant aux assurés de la CNAM, ils ne sont pas généralement les bienvenus dans les centres de santé car, ce n’est pas toujours très aisé de leur soutirer de l’argent.
Et pourtant, ces gens cotisent mensuellement et n’ont rien à envier à ceux qui payent cash.
Bakari Guèye


Mauritanie : le français en péril !

francophonieCrédit:AMF

 

A l’occasion la Semaine de la langue française organisée par l’Alliance franco-mauritanienne (AFM) du 14 au 22 mars courant, il importe de faire le point sur la situation de cette langue en Mauritanie.

Il y a lieu de souligner d’emblée que, dans ce pays qui a donné du fil à retordre aux colons, la langue française est plus que partout ailleurs l’objet de toutes les récriminations, aussi bien de la part de l’élite que d’une population savamment montée contre elle.
Ce rejet trouve ses racines dans la lointaine histoire coloniale, avec l’imposition de cette langue dans un pays profondément musulman et peuplé d’habitants d’origines diverses.
Du côté de la composante négro-africaine de la population, on s’accommode de la présence de cette langue. En revanche, du côté de la composante arabo-berbère,  on continue à résister au français, perçue comme une manifestation intolérable de l’impérialisme linguistique.
Pour cette frange de la population qui soit dit en passant compte beaucoup de francophones, seule la langue arabe devrait avoir droit de cité, car c’est la langue par excellence du Coran et de l’islam.

Ce positionnement des franges de la population face au français ne lui rend guère service et constitue l’une des manifestations les plus éloquentes de la fracture communautaire dans ce pays.
Cette fracture est l’objet d’une récupération politicienne permanente qui a poussé les gouvernements successifs depuis l’indépendance, en 1960, à mener une guerre sécrète contre le français, une guerre qui finira par se révéler au grand jour.
Ainsi, depuis les premières années de l’indépendance, les dirigeants du pays se sont employés à modifier le système éducatif à la française en y introduisant une dose d’arabe.
Cette tendance a conduit à une arabisation progressive qui s’est traduite par une école à deux systèmes, avec le français pour les Mauritaniens d’origine africaine et l’arabe pour la composante arabo-berbère.

Les francophones; une espèce en voie de disparition

Cette situation a accentué beaucoup plus la fracture communautaire en créant deux types de citoyens dans un même pays.
Et malgré la tentative de fédérer les deux systèmes, à la faveur de la dernière réforme du système éducatif lancée en 1999, le fossé est toujours très grand.
Cette réforme avait le mérite de revaloriser l’enseignement du français en ce sens, qu’elle avait décrété l’enseignement obligatoire des matières scientifiques en français exclusivement.
Malheureusement, cette initiative ne fit pas mouche, car les résistances au sein du système , noyauté par les arabisants, étaient les plus fortes et la volonté politique laissait également à désirer.
Et, au moment où on décréta cette réforme, on continua à former les arabisants en masse. Par contre, les francophones, une espèce en voie de disparition, étaient recrutés au compte-gouttes. C’est dire que la volonté de sabotage était manifeste.

Cette réforme bidon est toujours en vigueur, mais aujourd’hui, l’enseignement du français dans les écoles mauritaniennes est si exécrable qu’on aura du mal à assurer la relève. Et dans les prochaines années, il va falloir se résoudre à importer des francophones.
Face à ce recul inquiétant du français en Mauritanie, ni les instances de la Francophonie et encore moins la France ne remédient à cette situation.
Au contraire, la France semble opter pour la fermeture à outrance de ses frontières au nez et à la barbe des étudiants mauritaniens, qui peinent à trouver un visa pour poursuivre leurs études dans les universités françaises
Bakari Guèye


Mauritanie : une visite comme les autres

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé ce matin à Néma (Extrême-est du pays). Ce déplacement entre dans le cadre d’un long périple qui le mènera successivement dans toutes les grandes agglomérations des régions du Hodh (Hodh Occidental et Hodh Oriental).

Mis à part le caractère routinier de cette longue balade à travers le pays profond, c’est malheureusement et comme à l’accoutumée, le volet folklorique et panégyrique qui l’emporte.
En effet, le président aura à ses trousses tout au long de son séjour tout ce que la République compte comme laudateurs et autres béni- oui-oui, des cadres de la haute administration, tenant chacun à mobiliser son clan pour contribuer à la chaleur de l’accueil. Il s’agit là de la meilleure stratégie pour se faire remarquer et assurer ses arrières.
Les visites présidentielles constituent ainsi une véritable saignée pour le pays, car en l’espace de quelques jours, des dizaines de millions d’ouguiyas sont dilapidées.
Il va sans dire que la facture est très salée, mais le contribuable est tenu de payer sans rechigner, pour toutes ces extravagances.
Et pourtant, à son arrivée au pouvoir en 2008, l’homme fort du pays avait tenté de se démarquer de cette vieille et mauvaise habitude héritée du régime dictatorial de Ould Taya, qui a gouverné le pays d’une main de fer de 1984 à 2005.
Au premier jour de cette visite, on attendait le président Aziz sur plusieurs dossiers chauds qui tiennent les Mauritaniens en haleine. Il y a entre autres la question lancinante de la grève des employés de la SNIM ainsi que celle concernant le dialogue politique pour trouver une issue à la crise multidimensionnelle que traverse le pays.
Mais ould Abdel Aziz a préféré garder le mutisme, réservant ses révélations pour les jours à venir, laissant ainsi ses concitoyens sur leur faim.
Bakari Guèye


Mauritanie : la grève de tous les périls

Crédit : SNIM
Crédit : SNIM

Le régime mauritanien fait face depuis près d’un mois et demi à une grève dans le secteur minier. Il s’agit d’un mouvement observé par les employés de la Société nationale industrielle et minière (SNIM) basés à Zouerate et Nouadhibou, ville à partir de laquelle le minerai de fer est acheminé vers l’étranger.

La direction de la société qui a failli à ses engagements en renonçant à mettre en œuvre un document datant de mai 2014 et signé conjointement avec les délégués des travailleurs, a ainsi mis le feu aux poudres, poussant les mineurs à entrer en grève pour obtenir gain de cause.

Il aura fallu attendre plus d’un mois avant que l’un des membres du gouvernement , en l’occurrence le ministre des Mines, ne soit dépêché sur place, non pas pour négocier, mais tout juste pour faire des propositions jugées inacceptables pour les grévistes. Sa mission fut donc un fiasco total.

Face à la désinvolture avec laquelle le pouvoir semble gérer la crise, des voix se sont élevées de partout pour dénoncer une fuite en avant qui risquerait de mettre en péril le principal pilier de l’économie mauritanienne.

C’est ainsi qu’une frange importante de l’opposition et de la société civile regroupées au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) a, au cours d’une conférence de presse organisée cet après-midi à Nouakchott, exhorté le gouvernement « à trouver sans délai une solution à cette grève ».

Maître Mahfoud Ould Bettah, un des porte-parole de cette coalition a déploré « l’attitude irresponsable du gouvernement face à la mort inéluctable de la plus importante entreprise du pays. »  Il souligne  « qu’un arrêt de travail de longue durée  est de nature à avoir des répercussions catastrophiques, et prévisibles sur la vie économique et sociale du pays ».

Pour le FNDU, le refus de dialoguer avec les grévistes est un signe qui ne trompe pas. Par conséquent, le dialogue politique tant attendu n’aura pas lieu tant que cette crise ouvrière ne sera pas réglée.
C’est là un coup dur pour le pouvoir en place qui s’empressait de lancer des consultations politiques qui auraient pu servir de bouée de sauvetage à un moment si crucial..

Pour sa part, l’intersyndicale (USLM, CCTM, CNTM, CLTM, CGTM) a condamné le 8 mars dans un communiqué l’attitude de la direction de la SNIM qui continue « à s’entêter et refuse de négocier avec les représentants des salariés pour parvenir à une solution consensuelle à cette crise ».

Même son de cloche du côté d’un autre pôle de la société civile qui a rendu public un communiqué de presse dans lequel les organisations de la société civile appellent la société nationale et l’ensemble de ses employés à faire preuve d’un sens plus élevé de responsabilité et de patriotisme. Elles invitent les deux parties à entamer des négociations immédiates en vue d’une solution consensuelle et juste  pour sauver l’entreprise et préserver ainsi des intérêts nationaux et vitaux.

C’est dans ce contexte de crise que Messaoud Ould Boulkhier, président du Conseil économique et social, leader de l’Alliance populaire progressiste (APP), un des principaux partis politiques a déclaré le 8 mars lors d’un meeting tenue à El Mina-banlieue Ouest de Nouakchott- que : « La Mauritanie connaît une situation politique grave, accentuée par une crise sociale aiguë en raison des pratiques politiciennes du pouvoir ». Et Messaoud d’ajouter que : « Le pouvoir minimise les dossiers importants et sensibles et continue à négliger les ayants droits dans tous les domaines. »

Rappelons enfin que la Société nationale industrielle et minière, spécialisée dans l’extraction du minerai de fer, est la plus grande entreprise de Mauritanie. Elle est le deuxième employeur du pays après la fonction publique.
Bakari Guèye


Mauritanie : Une justice décriée

amicrédit photo:AMI

 

Le 23 février dernier, un vieil homme de 65 ans a été pris à parti et sauvagement battu par une bande de jeunes. Les faits se sont déroulés à Riad, un quartier populaire de la banlieue Sud de Nouakchott.
Le vieux Zeine, c’est son nom demeure toujours dans un état second quant à ses agresseurs qui furent très vite identifiés et arrêtés par la police, ils viennent d’être relâchés et innocentés par le juge et s’apprêtent sans nul doute à commettre un nouveau forfait.
Des histoires comme celle là, il y en a tous les jours à Nouakchott et ailleurs en Mauritanie où la justice ne brille pas par son efficacité.
Cette situation somme toute révoltante, s’explique par un laxisme et un interventionnisme dévastateurs dont les pauvres citoyens sans défense, sans bras longs, font les frais.
C’est ainsi que des délinquants de tout acabit profitent de cette impunité et sévissent sans retenue aucune car étant sûr qu’une main magique les sortirait du pétrin à chaque fois qu’ils volent, agressent ou tuent de sang froid.
Ce n’est donc pas un hasard si beaucoup de mauritaniens n’accordent aucun crédit à une justice dépendante et instrumentalisée qui, au lieu de protéger le citoyen victime d’une injustice, se range paradoxalement dans le camp des suspects et autres accusés pris en flagrant délit.
Bakari Guèye

 

 

 


Mendicité à Nouakchott : Un créneau porteur

mendphotoCrédit photo:Saharamedia

Les grandes artères de la capitale mauritanienne sont quotidiennement prises d’assaut par des hordes de mendiants. Ces derniers se postent, dès les premières heures de la matinée, aux abords des différents carrefours et débordent sur le bitume, mettant ainsi à rude épreuve des automobilistes, qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Il s’agit d’une véritable armée en furie comprenant des unités entières d’enfants et de femmes.
Les occupants des véhicules qui passent sont acculés et chaque mendiant a sa méthode pour soutirer quelques sous aux généreux donateurs.
En effet, les mauritaniens sont réputés avoir la gâchette facile, une générosité dont usent et abusent ces parasites des temps modernes.
La montée en flèche de ce phénomène suscite beaucoup d’interrogations au sein de l’opinion même si certains brandissent l’argument de la crise économique que traverse le pays.
En réalité, il s’agit là d’un véritable créneau porteur et beaucoup d’hommes et de femmes valides en ont fait un métier à part entière.
Ce n’est donc pas un hasard si certains mendiants sont devenus prospères et respirent la santé, mais vu l’appât du gain, ils continuent toujours à tendre piteusement la main.
Bakari Guèye


Mauritanie : les propos racistes d’un sénateur

En 1989 des événements d’une rare violence ont secoué la Mauritanie et le Sénégal causant des centaines de morts de part et d’autre.

Ce conflit avait été mis à contribution par le régime dictatorial de l’époque, dirigé par Ould Taya, pour régler ses comptes avec la communauté négro-mauritanienne du pays, qui a payé un lourd tribut.

Soutenu par le régime baasiste de Sadam Hussein et profondément imbu de l’idéologie panarabiste, Ould Taya avait tenté de rayer de la carte toute une communauté, une folie qui relevait tout simplement de l’utopie.

C’est ainsi que malgré le nettoyage systématique opéré au sein de l’administration et de l’armée et les centaines de villages de la vallée vidés, l’opération échouera lamentablement et finit par emporter son initiateur.

Vingt-six après cette funeste entreprise et au moment où on s’emploie laborieusement à recoller les morceaux d’une unité nationale qui avait volé en éclats, voilà qu’un lugubre sénateur, présenté comme un proche conseiller du président actuel, affirme sans ambages que ces exactions contre une partie de la population mauritanienne étaient ce qu’il y avait de mieux dans le bilan -tristement célèbre- du dictateur déchu.

Selon Ould Dahi (c’est son nom) qui s’exprimait sur le plateau de la chaine privée  ElWatanya : « Les Noirs occupaient les ministères et les institutions comme la Santé, la défense, les télécommunications… »

Ces déclarations négationnistes et racistes, qui n’ont jusque-là suscité aucune réaction officielle de la part des acteurs politiques et de la société civile, ont par contre provoqué une vague de réprobation sur les réseaux sociaux.

Quoiqu’il en soit, de telles déclarations ne sont pas de nature à contribuer à l’édification de l’unité nationale en Mauritanie où la fracture sociale et économique entre les communautés constitue une épée de Damoclès et menace dangereusement l’existence même du pays.

Bakari Guèye

 

 


Dialogue politique en Mauritanie : Un processus qui a du mal à se déclencher

maurisahelCrédit photo: Maurisahel

Le pouvoir et l’opposition se regardent toujours en chiens de faïence et le dialogue souhaité par les deux parties, a du mal à prendre forme. En tout cas jusque là on n’a noté aucun progrès à en croire le premier ministre Yahya Ould Hademine qui s’exprimait aujourd’hui devant des élus et autres responsables de l’Union Pour la République (UPR), le parti au pouvoir. Selon le chef du gouvernement, les pourparlers sont toujours au point mort et aucune avancée n’a été enregistrée jusqu’à présent.
Ce n’est d’ailleurs là qu’un secret de polichinelle. Bien vrai que depuis quelques semaines, on a assisté à des signes annonciateurs de ces négociations avec notamment les déclarations encourageantes du président de la République ; mais aussi la décision du conseil des ministres le 05 février dernier portant sur le report des élections sénatoriales.
Ce report est interprété par certains observateurs comme une perche tendue à l’opposition pour l’inciter au dialogue.
C’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ould Ahmed Raré, au cours d’un point de presse.
Cette reprise du dialogue qui est à l’ordre du jour depuis quelques semaines suscite de grands espoirs au sein de l’opinion publique mauritanienne lassée par les tentatives avortées de dialogue entre le pouvoir et l’opposition, qui ne sont pas parvenus jusque là à s’accorder sur les préalables de ces négociations.
Notons que lors du précédent round, tenu sans l’opposition dite radicale réuni au sein du Forum national pour l’unité et la démocratie (Fndu), les résultats étaient mitigés et le pouvoir fut accusé de ne pas appliquer les termes de l’accord.
Le résultat ne s’est pas fait attendre, ce qui s’est traduit par la vive contestation de la présidentielle du 21 juin 2014.
Depuis lors c’est le statut quo et l’opposition dans son ensemble hésite à se jeter de nouveau dans la gueule du loup.
Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) dirigé par l’opposant charismatique Ahmed Ould Dadah a donné le ton en déclarant son rejet d’un dialogue que le président Mohamed Ould Abdelaziz « propose simplement pour faire diversion et détourner l’attention des mauritaniens par rapport à la situation où son action a conduit le Pays. »
Dans un communiqué rendu public récemment, le RFD a exigé comme condition préalable à tout dialogue la prise en compte de deux préoccupations, à savoir : « la levée des entraves et obstacles que dresse le pouvoir devant l’application de la Constitution et des lois, conduisant ainsi au discrédit de l’Etat et de toutes ses institutions : Gouvernement, Parlement, Justice et Armée. »
Et la deuxième étant « la mise en œuvre de mesures tendant à instaurer une transparence dans la gestion de la chose publique et à prendre en compte les aspirations légitimes des mauritaniens qui vivent au quotidien, l’injustice, la précarité sociale et les brimades.»
La balle est donc dans le camp du pouvoir et l’opposition semble cette fois-ci décidée à ne pas se laisser faire et exige de vrais garanties.
Bakari Guèye


Mauritanie : Une fillette violée et assassinée à Arafat

AMSMECrédit photo:AMSME

La série noire continue à Nouakchott où les crimes les plus abjects deviennent chose banale.

Ce soir encore les délinquants de la banlieue Nord-est(Tarhil) ont commis un forfait d’une rare violence. La victime, une fois n’est pas coutume, est une jeune fille qui a été violée avant d’être sauvagement assassinée puis jetée dans la rue.

Ce crime abominable intervient quelques semaines à peine après celui d’une autre enfant de dix ans, violée et brulée vive par des malfrats, dans la même zone ; des assassins qui ont été arrêtés depuis et qui croupissent actuellement en prison.

Des crimes de ce genre sont devenus monnaie courante dans cette capitale tentaculaire où la sécurité est loin d’être la chose la mieux partagée.

En effet, avec la montée en flèche de la délinquance juvénile-dû en grande partie à l’échec du système éducatif-des quartiers entiers sont soumis à la loi des délinquants qui font la pluie et le beau temps.

Les patrouilles nocturnes des éléments de la police, de la garde et de la gendarmerie ont montré leur limite, voire leur inefficacité. De ce fait, on assiste de plus en plus à l’émergence de comités d’autodéfense au sein des différents quartiers.

Du coté des autorités, on continue de minimiser le problème même si on assiste depuis quelques jours à un retour timide de la police nationale, en disgrâce depuis quelques années et qui, dans le passé arrivait tant bien que mal à contenir la montée de la criminalité.

Bakari Guèye

 

 

 

 

 

 


Trafic des manuels scolaires en Mauritanie: l’Institut Pédagogique National tape du poing sur la table

RFICrédit photo:RFI

Les autorités mauritaniennes ont décrété l’année 2015 «  Année de l’Enseignement », une manière pour le président mauritanien de faire amende honorable après l’échec cuisant enregistré par le système éducatif national, durant le premier mandat présidentiel (2009-2014).

Au programme de cette année toute spéciale, plusieurs activités sont à l’ordre du jour. C’est dans ce cadre que, l’Institut Pédagogique National(IPN) vient d’enclencher une vaste opération visant à mettre fin au trafic du livre scolaire, dont le lieu de prédilection a été jusque-là les librairies commerciales, au grand dam des bibliothèques scolaires dont les rayons sont généralement vides.

Ainsi, note un communiqué de l’IPN rendu public le 1er janvier : «

Pour contrecarrer les spéculations sur les manuels scolaires, la Direction de l’Institut pédagogique National (IPN) a engagé depuis un mois des investigations de terrain en collaboration avec les autorités administratives et sécuritaires. »

Notons que depuis le lancement de cette campagne aussi bien à Nouakchott qu’à l’intérieur du pays, plus de 50000 exemplaires ont été saisis, une prise qui met du baume au cœur des parents d’élèves, qui dépensent des sommes faramineuses pour acquérir le précieux sésame.

Par ailleurs, la direction de l’IPN annonce avoir ouvert une enquête pour déterminer les responsabilités et les sources de ce trafic illicite qui alimente le marché noir et permet à certains de faire de bonnes affaires sur le dos des pauvres élèves qui, en principe, devraient bénéficier d’une distribution gratuite de ces manuels, dont la fabrication est entièrement prise en charge par l’Etat.

Si l’enquête suit son cours normal, des têtes devraient tomber car, on imagine mal le développement d’un trafic d’une telle ampleur sans des complicités internes.

Quoiqu’il en soit, il est temps que le ministère de l’éducation prenne le taureau par les cornes et agisse pour redonner à l’école mauritanienne ses lettres de noblesse.

Bakari Guèye


Mauritanie : Dialogue Pouvoir/Opposition : « Chat échaudé craint l’eau froide »

Azizcrédit photo:AMI

La Mauritanie vit depuis 2008, une crise politique aigue suite au coup d’état orchestré par le président actuel qui avait réussi un sans faute parfait en réussissant à convaincre la communauté internationale et à rouler son opposition dans la farine.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et l’opposition qui n’avait pas depuis lors arrêté de crier au scandale, assistait impuissante à la consolidation du régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui en est à son deuxième mandat de 5 ans.

Jusque là, toutes les tentatives de dialogue entre les deux parties ont été vouées à l’échec.

Et, depuis quelques semaines, une nouvelle initiative de renouer le contact pointe à l’horizon avec la nomination de M. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, premier ministre sortant, au poste de ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République, avec pour mission , entre autres, de conduire ce dialogue avec l’opposition.

D’ores et déjà, un document a été remis par le pouvoir au Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, coalition de l’opposition) pour la tenue de ce dialogue dont l’objectif est de sortir le pays de l’impasse.

L’opposition, comme vient de l’affirmer sur les ondes de la radio nationale, le leader de l’Union des Forces Démocratiques(UFP), M. Mohamed Ould Mouloud, est d’accord sur le principe. Mais, rappelle-t-il, le souvenir des précédentes assises avec le pouvoir est loin d’être encourageant.

Rappelons qu’en réponse au document transmis par le pouvoir, l’opposition exige la satisfaction d’un certain nombre de doléances dont le rétablissement de la confiance entre les deux protagonistes, l’organisation concertée d’élections municipales et législatives, le retour de l’armée dans les casernes avec interdiction de s’ingérer dans les affaires politiques, la mise en place d’une nouvelle CENI, la révision de la composition des membres du Conseil Constitutionnel, la redéfinition du statut de chef de file de l’opposition et l’organisation d’élections présidentielles anticipées après un accord sur leur mode d’organisation.

Quoiqu’il en soit, ce dialogue semble inéluctable et le président Ould Abdel Aziz qui, se montrait jusque là inflexible face à une opposition qu’il ignorait crânement, commence à lâcher du lest car, il a peut être compris qu’il y va de son intérêt et de celui du pays.

Face à la crise multidimensionnelle que traverse la Mauritanie, avec une paupérisation galopante et une contestation qui va crescendo, il va falloir s’asseoir sur la table des négociations pour tenter de sauver les meubles.

Acculé de toutes parts, Ould Abdel Aziz qui pense déjà, peut être, à un coup de force constitutionnel, qui lui permettrait de poursuivre son odyssée à la tête du pays, gagnerait beaucoup plus en discutant avec l’opposition à laquelle, il pourrait une fois de plus jouer l’un de ces tours dont il a le secret.

Bakari Guèye

 


Gestation et défi de l’Unité Nationale en Mauritanie : le Parti Tawassoul présente sa vision

vision_tawassoul_unite_nationaleCrédit photo:BG

La question de l’unité nationale était au centre d’un meeting politique organisé le 21 janvier à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott par le Rassemblement National pour la Reforme et le Développement (parti Tawassoul).
Ce regroupement initié par le parti islamiste a vu une forte participation de la classe politique et notamment les partis de l’opposition réunis sous la coupe de la coalition du FNDD. On notait également la présence des leaders syndicaux et des organisations de la société civile.L’objectif de la rencontre c’était de livrer à l’opinion publique mauritanienne et étrangère sa «Vision de l’ l’Unité Nationale ».
Après une lecture de quelques versets du saint coran, le Dr Soufi Ould Cheibani, président du Conseil de la Choura au sein du parti a prononcé un mot de bienvenue au cours duquel, il a dénoncé avec la dernière énergie les caricatures du prophète(PSL) parus à la UNE de Charlie Hebdo. « Nous rejetons cette forme de liberté d’expression. C’est plutôt une liberté d’agression contre la croyance des peuples. » A-t-il martelé.
Lui succédant, la sénatrice Yaye N’Daw Coulibaly a de son coté condamné ces caricatures jugées blasphématoires.
Parlant de la situation politique, elle a affirmé : « Nous ne pouvons plus nous taire face à la situation catastrophique du pays avec les tensions sociales, la répression contre les militants des droits de l’homme, l’insécurité, les problèmes de l’éducation…C’est un scandale que nous ne soyons que 3 millions d’habitants et que nous vivions dans la misère. »
Ce fut ensuite le tour du député Hamdi Ould Brahim, Secrétaire Général du parti, d’expliquer de faire une présentation sur la forme du document élaboré par le parti sur la question de l’unité nationale. « Il s’agit dit-il du fruit de 2 ans de séminaires et de débats. C’est une approche sérieuse associant clarté et clairvoyance. Elle bannit toutes les formes d’exclusion, de frustration, d’hégémonie, d’esclavage… »
Extrait du document
De l’avis du parti, le débat sur l’unité nationale est suscité en permanence en Mauritanie sous différents angles. Cela s’explique par un concours d’événements qui ont marqué l’histoire du pays et qui sont liés à l’aspect socio-ethnique du pays, au communautarisme ou à la question de l’esclavage (pratiques et séquelles).
Il est normal que le parti Tawassoul, qui est doté d’une vision fédératrice et qui se réfère à l’Islam tout en se souciant de l’intérêt de la nation depuis sa création, accorde une grande importance à l’unité nationale, que ce soit dans sa documentation, (vision intellectuelle, déclarations politiques, statut, etc.) ou encore dans son suivi de la question (Prise de position, communiqués, relations etc.)
Mais ces efforts n’ont pas suffi pour clore le débat. L’on s’interroge de nouveau et à chaque occasion sur les atouts et menaces de la cohabitation et sur la problématique de la cohésion sociale. Tawassoul a vu alors la nécessité d’élaborer une vision globale et de proposer une approche claire aux Mauritaniens pour ainsi contribuer, sérieusement, à la préservation de leur unité et le recouvrement de leurs droits ainsi que l’instauration d’une politique de rupture avec les thèses et pratiques qui perpétuent l’injustice ou favorisent la désunion.
La République naissante en adoptant la forme islamique, prouve que seul l’Islam peut unir les Mauritaniens. Cependant, l’État a suivi une politique visant à faire taire les revendications socioculturelles ou à proposer des solutions incomplètes. L’État a été aussi incapable d’adopter une position d’arbitre dans les conflits ethnico-culturels notamment lors de la crise de 1966 (manifestations, affrontements et arrestations).
La situation en plus s’est détériorée avec le renforcement de la thèse nationaliste et ethnique après le coup d’État de 1978. Elle s’est aggravée avec l’arrivée du président Maouyaa Ould Sid Ahmed Taya (1984-2005) dont le régime a sévi sévèrement, surtout après la publication du « Manifeste du négro-mauritanien opprimé (1986) ». Cela a été suivi d’arrestations et de la tentative de coup d’État de 1987.
La crise de 1989 a été une étape douloureuse durant laquelle des Mauritaniens comme des Sénégalais ont été victimes d’exécution sommaire. La situation a cependant pris une tournure plus dangereuse entre la période 1990-1991 avec le ciblage systématique, par l’État, de la communauté négro-mauritanienne dont plusieurs membres seront soit tués soit exilés.
L’unité nationale en a été profondément secouée. Les politiques ont alors formulé des revendications, dont le flambeau a été porté par les défenseurs des droits humains, pour exiger le règlement du problème dit du « Passif humanitaire » et demander à ce qu’on mette un terme à ces injustices.
Il y a eu également les tentatives successives d’apaiser la situation d’où l’initiative du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallah (2007-2008) de rapatrier les déportés mauritaniens au Sénégal et de présenter les excuses de l’État mauritanien. D’autres dispositions ont été prises pour rétablir de bons rapports entre les Mauritaniens comme les quelques indemnisations et la prière de Kaédi qui ont eux lieu.
Mais malgré cela la crise persiste et la méfiance règne encore au sein des communautés. Ce qui fait de la question ethnique, des relations intercommunautaires et du contrat de citoyenneté des problématiques qui doivent être discutées à partir d’une vision éclairée.
Quant à la problématique de l’esclavage et ses questions relatives, dont la place des Harratins (esclaves affranchis) au sein de l’État et de la société, elle n’a pas été traitée très tôt, comme cela a été cas de la cohabitation.
D’après le diagnostic établi, la question ethnique pose la problématique de la cohabitation interethnique, la question des langues et le souhait de tous les citoyens de vivre dans un État garantissant leur diversité et leur bonne cohabitation. Elle aborde les violations des droits de l’homme par le passé (victimes et exécutions sommaires), en prenant l’exemple des déportés qui souffrent de problèmes de réintégration, de manque des services indispensables et du non respect en terme de droits fonciers et d’état civil.
La question sociale et des droits pose la problématique de l’esclavage et les moyens de son éradication complète ainsi que de ses séquelles, en vue d’instaurer un État basé sur la citoyenneté, l’égalité et sur la discrimination positive en faveur des marginalisés.
La question du communautarisme pose la problématique de la catégorisation sociale au sein des composantes nationales, ce qui a abouti à la marginalisation morale et matérielle de certains groupes. Elle exige de promouvoir l’égalité et demande d’initier une politique de rupture avec le mépris et l’exclusion. Les citoyens doivent tous se sentir protégés par l’État et par la société.
La question liée au régionalisme concerne le besoin d’équilibre en matière d’importance, de valorisation et de développement entre les différentes parties du territoire afin que toutes les régions du pays soient au même pied d’égalité dans les domaines de l’enseignement, de santé, des services publics ou de création de pôles de développement, tout en prenant compte les spécificités économiques de chaque région afin de garantir un développement homogène du pays.
La question de l’unité nationale, partant des ces quatre dimensions précitées, divise les Mauritaniens : les uns ignorent cette réalité et nient les violations des droits, le déséquilibre dans les rapports de force, dans l’influence, le pouvoir ou la richesse. Les autres exagèrent dans leur manière d’aborder la question refusant de reconnaître les progrès sociaux réalisés dans le domaine que l’on pourrait améliorer et élargir pour en tirer profit.
Axes prioritaires de la Vision
Il est nécessaire de traduire toues les théories développées en pratique suivant des axes prioritaires qui se résume comme suit :
1- Retour aux valeurs islamiques basées sur la foi et sur l’égalité entre les hommes et rependre le vrai message de l’Islam qui concrétise se sens.
2- Revenir aux enseignements de l’Islam basés sur la fraternité, la solidarité, la bienfaisance, le pardon, le soutien aux nécessiteux et sur le principe de la salutation et de la réconciliation entre les gens.
3 – Lancer un projet de réconciliation nationale qui prévoit un dialogue inclusif et objectif pour corriger les injustices du passé et ouvrier de nouvelles perspectives vers la reconstruction du pays et vers un nouveau contrat national.
4 – Apporter une solution définitive au problème du Passif humanitaire basée sur les devoirs de vérité, de mémoire et de justice ainsi que sur le principe de la réconciliation et du pardon.
5 – Réhabiliter les déportés dans leurs droits foncier et civique et leur accorder une indemnisation juste.
6- Instaurer une loi qui incrimine le racisme et sanctionne ses auteurs comme celle qui incrimine les pratiques de l’esclavage.
7 – Faire une conception générale d’une reforme éducative basée sur la culture islamique qui fédère les Mauritaniens et basée sur la langue officielle et sur les différentes langues nationales, tout en s’ouvrant aux autres langues internationales conscient des exigences du progrès et du développement.
8 – Proposer l’élargissement de la décentralisation et accorder plus de prérogatives aux conseils communaux pour qu’ils servent davantage les zones suivant les particularités sociales et les exigences du développement. Réviser aussi le découpage administratif sur de nouvelles bases justes et équilibrées.
9 – Permettre à ce qu’il ait un équilibre entre les différentes parties du territoire afin que chacune puisse bénéficier des ressources du pays. Il faut aussi prendre en compte les particularités économiques de chaque wilaya dans une stratégie nationale globale.
10 – Procéder au règlement juste et équitable du problème foncier
11 – Reformer le système judiciaire de sorte que toutes les composantes sociales y soient intégrées, pour instaurer la justice et garantir son indépendance.
12 – Faire face aux formes d’injustice sociale qu’elles soient des pratiques sectaires ou esclavagistes, par des mesures concrètes.
13 – Amener les oulémas, les imams et les autres religieux à jouer leur rôle pour empêcher de prendre l’Islam comme prétexte pour couvrir les pratiques esclavagistes.
14 – Renforcer l’esprit de citoyenneté et l’inclure dans les programmes scolaires
15 – Proposer des modèles d’intégration sociale, de solidarité économique, renforcer les liens sociaux à travers le rapprochement des groupes par des mariages intercommunautaires
16 – Adopter une politique de discrimination positive en faveur des groupes vulnérables dans l’octroi de financement, les projets de développement et dans l’enseignement.
17 – Adopter une stratégie équilibrée qui prend en charge tous les problèmes d’injustice et de marginalisations dont les composantes et les groupes qui appellent au respect de leurs droits ont été victimes tout en s’éloignant des discours qui appellent au la séparation et au discorde.
18 – Faire de sorte que les médias reflètent la diversité socioculturelle et en permettant à toutes les communautés d’accéder à ces médias de manière équitable.
19 – Réformer et élargir l’enseignement original à toutes les communautés et diffuser le message de l’Islam qui garantit l’unité nationale.
20 – Libérer notre héritage populaire de son côté négatif qui appelle au racisme, à la haine ou à l’esclavage.
21 – Faire renaître l’héritage socioculturel de toutes les composantes nationales et reconnaître les symboles et l’histoire de tous dans la scène.
Bakari Guèye


Remaniement ministériel en Mauritanie : Des poids lourds écartés du gouvernement

gouvCrédit photo:AMI

Le président mauritanien « sur proposition du premier ministre » a remanié le 16 janvier son équipe, un changement qui a touché 7 postes. 4 ministres dont ceux des Finances et des Affaires étrangères ont quitté l’équipe gouvernementale.Occupant ce portefeuille de la diplomatie depuis un peu plus d’un an, Ould Téguedi, un diplomate chevronné a été remercié le jour même de la grande manif de Nouakchott contre « Charlie-Hebdo »son compagnon d’infortune, M. Dia Moktar Malal, ministre secrétaire général de la Présidence de la République a été rétrogradé au poste de ministre de l’emploi, de la formation professionnelle et des TICs.
Les deux hommes qui ont servi à l’ambassade mauritanienne en Israel n’ont pas la cote au sein de l’opinion publique qui va sans doute apprécier cette décision à sa juste valeur. Étrange coïncidence en tout cas.
Autre grosses pointure ayant fait ses valises, il s’agit de M. Thiam Diombar, l’inamovible ministre des Finances qui faisait depuis quelques mois l’objet d’une campagne de presse très féroce.
Financier de la première heure, il aura permis au président de mieux verrouiller le dispositif pour barrer la route aux redoutables budgétivores qui écument tous les leviers de commande de l’État.
Mais l’homme a été emporté par la violente tempête qui ravage actuellement les milieux bancaire et financier.
La fermeture de la MAURISBANK, le limogeage du Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie suivi par celui de la Caisse de Dépôts et de Développement sont des signes qui ne trompent pas et dénotent d’un malaise qui ne dit pas son nom.
Toutefois, avec la nomination de M. Mokhtar Ould Diaye aux Finances, l’espoir est permis car il s’agit bien d’un jeune cadre compétent de la trempe de son prédécesseur.
Débauché de la direction des Impôts, il affiche la très convoitée réputation de l’homme qui a permis de renflouer les caisses de l’Etat. En effet, depuis son arrivée à ce poste, la collecte des impôts a connu une dynamique sans précédent.
Autre promotion qui n’est pas passée inaperçue c’est celle de Mme Fatma Fall Soueina catapultée à la tête de la diplomatie mauritanienne.
Après Naha Mint Mouknass, c’est la deuxième femme à occuper ce poste resté pendant longtemps la chasse gardée des hommes.
Jeune et sans grande expérience, on se demande si cette enseignante qui a fait un bref passage au département de la culture pourrait manœuvrer un ministère aussi complexe et qui ne brille pas particulièrement pour ses services rendus à la nation.
Bakari Guèye

 


Mauritanie : Incendie au domicile d’un responsable régional

hourya

crédit photo: Houriya

Le domicile du gouverneur adjoint du Hodh El Gharbi (Est de la Mauritanie) a été ravagé le 14 janvier par un violent incendie. Face à cette catastrophe, il n’y avait face au feu que le personnel administratif, les proches collaborateurs du gouverneur, et quelques badauds qui ont eu le reflexe de jouer aux pompiers. Quant à ces derniers, ils furent les grands absents, comme ce fut le cas, quelques jours plus tôt lorsqu’un vieux véhicule-un cercueil roulant- pris feu à quelques encablures du grand marché de la ville.
Et comment pouvait-il en être autrement d’ailleurs quand on sait que dans toute cette vaste région, il n’y a aucun véhicule ni autre matériel anti-incendie.
Cette situation surréaliste en dit long sur l’état peu reluisant dans lequel se trouve le corps des Sapeurs-Pompiers qui existe pourtant depuis Avril 1969.
Malheureusement, le service de la protection civile ne bénéficie pas de l’attention requise de la part des pouvoirs publics qui y injectent cependant des fonds importants mais qui apparemment ne sont pas judicieusement mis à contribution pour améliorer les choses.Par ailleurs, la précieuse aide apportée régulièrement par la Principauté de Monaco et ce, depuis 1998, ne semble pas non plus pouvoir répondre toute seule aux grands défis auxquels fait face ce corps.
Et pourtant, le gouvernement affirme disposer de suffisamment de moyens pour faire face aux grandes questions de développement.
Mais à voir ce qui vient de se passer à Aioun et face aux carences de la protection civile régulièrement pointée du doigt par les citoyens, on ne peut qu’être sceptique. Et on se demande s’i existe réellement une volonté de remédier à cette situation.
Bakari Guèye