Bakari GUEYE

« Mauritanie Perspectives » organise une conférence sur l’unité nationale animée par un ministre d’Etat et homme politique belge

aziz dahi

crédit photo: CNAM

 

La salle de conférence de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mauritanie a abrité le mercredi 07 janvier 2015 à 19heures un débat sous le thème :
« Quelles similitudes et quelles différences des problèmes de structuration de l’unité nationale en Belgique et en Mauritanie ? ».Cette conférence organisée par « Mauritanie-Perspectives »(Observatoire de suivi citoyen du CSLP3) était animé par l’homme politique belge et ex Ministre d’Etat Charles Ferdinand Nothomb.
L’objectif pour les organisateurs c’est de voir dans quelle mesure la Mauritanie peut profiter des enseignements tirés de l’expérience de structuration de l’unité nationale et du système politique belge.
En introduction, M. Aziz Ould Dahi, président de Mauritanie-Perspectives(fraichement nommé à la tête de la BCM) a souligné que l’objectif de ce débat c’est d’apporter un éclairage sur la question cruciale de l’unité nationale et de tirer les leçons de l’approche belge de structuration car, il s’agit d’un pays qui présente quelques similitudes avec la Mauritanie.
Pour sa part, Mme Maria de la coopération espagnole a salué cette initiative jugée salutaire et pleine d’enseignements.
Prenant la parole, M. Charles Ferdinand Nothomb a noté d’emblée que l’État belge indépendant est installé depuis 180 ans, le suffrage universel s’y exprime seulement pour l’élection du Parlement et l’option pour le suffrage proportionnel évite la bipolarisation et conduit à des coalitions.
Par ailleurs, en Belgique, les polarisations et les problèmes sont d’ordre linguistique et non ethnique. Ils résultent de : l’usage prédominant du français par les élites de la région flamande au XIX siècle (région nord, 6 millions et demie d’habitants aujourd’hui), et de la volonté d’imposer la langue néerlandaise comme instrument d’émancipation et de progrès social du peuple flamand par : l’usage exclusif du néerlandais dans l’administration, la justice et l’enseignement en région flamande, et le bilinguisme dans la gestion de l’Etat fédéral.
Ce double objectif est progressivement atteint par de nombreux combats politiques pour des changements de législation nationale entre 1860 et 1960 et pour l’autonomie culturelle.
Pendant cette période, la partie francophone du pays (région sud wallonne, 3.5 millions d’habitants et 80% de la population bruxelloise) est économiquement dominante.
A partir de 1960, la problème linguistique est doublé et relayé par une polarisation économique, résultant de l’affaiblissement radical de l’industrie lourde qui faisait la richesse de la région sud et de l’implantation d’industries modernes (automobile etc.) attirées par le marché Commun dan l’Europe des 6 ; Et des besoins financiers considérables de la région sud pour maintenir les structures publiques développées du temps de sa prospérité et pour assurer sa reconversion et son autonomie économique.
Cette double pression pour l’égalité et l’autonomie culturelle des uns et pour le soutien financier et l’autonomie économique des autres a contribué à former des majorités nationales larges pour régionaliser l’exercice de nombreuses compétences à travers des entités régionales autonomes disposant de parlements et de gouvernements différents du gouvernement fédéral qui continue à gérer les compétences restées nationales.
En résumé note le conférencier, la leçon essentielle est que le fédéralisme a deux entités principales est difficile par suite de l’influence directe et réciproque du fédéral et du régional même s’ils sont autonomes car il y a un même corps électoral et une double opinion publique selon la langue utilisée.
Ce qui tient la Belgique ensemble, ce sont les Belges qui n’ont pas envie de se séparer même s’ils argumentent sans cesse entre eux et devant la double opinion publique sur la base de leurs différences. Ils partagent, néanmoins, une même culture politique très différente de la culture politique française ou néerlandaise ainsi que le respect de l’État de droit dont la règle est la même pour tous.
Les intervenants ont salué à l’unanimité le modèle de structuration belge avec le commun vouloir d’une vie commune, un processus sans violence ni confrontation, un processus civilisé marqué par le respect mutuel des différentes composantes du peuple.
Pour l’ex ministre Isselmou Ould Abdel Kader, en Mauritanie on a besoin de la bonne foi et d’une volonté commune pour créer un État unitaire.
Le capitaine Breika Ould M’barek, en Mauritanie, les problèmes pour la mise en place d’un état unitaire sont à mettre sur le compte des intellectuels. Selon lui, aucun pouvoir n’est seul responsable de cet état de choses.
Selon Samory Ould Beye, responsable syndical, la Mauritanie est minée par l’injustice. L’État est à l’en croire dirigé par une minorité, un état dans l’état qui exclut les autres communautés. C’est ce qui explique conclut-il les problèmes récurrents d’injustice auxquels sont confrontés la majorité des mauritaniens.
Pour sa part Dr Soumaré Atoumane de l’UFP a attiré l’attention sur l’importance du respect qu’on doit aux minorités. En Belgique, les germanophones qui ne constituent qu’une minorité de 60000 personnes ont eu droit à une reconnaissance sociale et linguistique.
M. Soumaré a attiré l’attention sur le non respect des minorités en Mauritanie en donnant l’exemple des Bambaras qui étaient reconnus par la loi sur la nationalité de 1963 mais, ils ont été exclus par la constitution de 1991. Pour lui, la reconnaissance de l’identité n’a rien à voir avec le poids démographique.
Bakari Guèye


Le Premier ministre mauritanien fait sa déclaration de politique Générale : Du déjà vu pour ce qui est de l’Education

PM

Crédit Photo: AMI

Dans sa déclaration de politique Générale faite le 05 janvier devant le Parlement, le premier ministre mauritanien a accordé quelques lignes au secteur le l’Éducation censé être pourtant l’une des priorités du mandat présidentiel en cours.
Maitrisant à volonté la langue de bois si chère à nos dirigeants « éclairés », le chef du gouvernement a déclaré sans froncer les sourcils qu’il œuvrera pour « le renforcement des performances et du rendement de notre système éducatif ».
C’est à croire qu’il se trouve sur une autre planète, ou du moins qu’il parle d’un autre pays.
Les mauritaniens sont en tout cas très curieux de savoir de quelles performances et de quel rendement il s’agit.
Notre école est sous perfusion. Nous avons l’un des taux de réussite au bac parmi les plus bas du monde. Et avec tout ça, on tient à nous faire croire que notre système éducatif est performant !
Dans son discours, le chef du gouvernement n’a bien sûr pas manqué de rappeler « la décision du Président de la République » de proclamer l’année 2015, Année de l’Éducation.
Et d’ajouter que : « la redynamisation du système éducatif constitue un des objectifs majeurs de l’action du Gouvernement pour les cinq prochaines années et portera sur tous les ordres d’enseignement. »
De belles déclarations en somme mais qui, malheureusement, risquent -comme celles faites à l’occasion du premier mandat- d’être renvoyées aux calendes grecques.
Poursuivant ses envolées idéalistes, le premier ministre assure que cette redynamisation du système « sera entreprise suivant une approche qui garantit à tous les enfants mauritaniens des cursus scolaires à la fois cohérents et diversifiés qui, tout en transformant notre école en un creuset d’unité et un facteur de promotion sociale, répondra aux nouvelles exigences de la modernité, de la numérisation et de la globalisation et permettra de couvrir les besoins en compétences de la société et de l’économie. »
Qui dira mieux ? Un chef d’œuvre littéraire certes et des intentions angéliques comme on a eu l’habitude d’entendre de la bouche de nos chers gouvernants. Mais à l’heure des comptes c’est toujours la désillusion.
En effet, il ne sert à rien de peaufiner de beaux discours. Il convient plutôt d’agir surtout dans le cas d’un pays comme la Mauritanie où le système éducatif est exsangue.
On aurait bien voulu que le premier ministre nous explique clairement, dans un langage scientifique, concret et non littéraire, qu’est ce que son gouvernement envisage de faire pour tirer l’école mauritanienne de la mauvaise passe dans laquelle elle se trouve.
C’est bien beau de parler de numérisation et de globalisation mais le hic, c’est que nos pauvres élèves n’étudient même pas l’informatique qui, pourtant a été prévue par la Réforme de 1999. Mais, 15 ans plus tard, c’est toujours le statut quo.
Et non seulement l’informatique n’est pas enseignée mais aussi les autres matières scientifiques ne sont dispensés pour les plus « chanceux » qu’en Hassaniya(dialecte local). Et même là, on manque souvent cruellement de profs.
Notons que dans cette fameuse déclaration, le premier ministre a crânement ignoré le corps enseignant, pilier essentiel du système et sans lequel rien ne peut être entrepris.
Donc, aucune amélioration en vue pour les forçats de la craie qui, confrontés à des conditions de vie exécrables risquent, si rien n’est fait pour eux, de rendre l’âme et ce, bien avant la fin de ce mandat annoncée tambour battant.
Bakari Guèye

 


Mauritanie/Education : gestionnaires et encadreurs en conclave

MEN

Crédit photo: AMI

 

L’année 2015 constitue pour la famille éducative mauritanienne une lueur d’espoir suite à la décision du président de la République d’en faire « l’année de l’enseignement ».C’est dans ce cadre que le ministère de l’éducation nationale entreprend depuis quelque temps des initiatives visant à mettre tous les acteurs dans le bain. C’est ainsi que la capitale, Nouakchott a abrité le 30 décembre un séminaire auquel ont pris part les gestionnaires et encadreurs de l’éducation venus de tous les coins du pays.
L’objectif de cette rencontre, à en croire le jargon cher au ministère susmentionné c’est : « de renforcer la crédibilité de l’école entant qu’institution républicaine devant réunir les conditions propices pour un enseignement global à même d’assurer la généralisation de la scolarisation et de mettre fin à la déperdition scolaire. »
On promet également de réorganiser l’enseignement privé, de revaloriser la profession d’enseignant et d’appliquer le principe de la sanction et de la récompense.
Un beau programme en somme mais qui ne diffère en rien au beau discours régulièrement ressassé par les responsables successifs dudit ministère.
Fidèle à cette règle immuable qui veut que tout soit rose, l’actuel ministre de l’éducation nationale, M. Ba Ousmane a affirmé à l’occasion de ce séminaire que : « La décision du Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz à l’occasion du 54ème anniversaire de l’indépendance, de faire de l’année 2015, l’année de l’enseignement, traduit une volonté ferme de relever, plus que jamais, la performance du système éducatif et de fournir aux nouvelles générations un enseignement de qualité.»
Des intentions nobles et un discours plus que prometteur ! Mais, cette nouvelle volonté politique et cette soif de sauver l’école mauritanienne du précipice sont-ils réellement sincères ? Seront-ils suivis d’effet ? Les douze prochains mois nous le diront.
Bakari Guèye


Procès Birame Ould Dah : Un mauvais coup de pub pour le régime mauritanien !

biram

Crédit photo:Birame

La capitale du Trarza (région Sud de la Mauritanie) a vu l’ouverture le 24 décembre dernier du procès d’un groupe de militants anti-esclavagistes, à la tête desquels se trouve M. Birame Ould Dah Abeid, prix des Droits de l’homme de l’ONU en 2014, chantre de la cause anti-esclavagiste et bête noire du régime mauritanien.
Ces militants arrêtés le 11 novembre dans la périphérie de la ville de Rosso avaient pour seul tort d’avoir pris part à une manifestation pacifique contre l’esclavage foncier sur la rive mauritanienne du fleuve Sénégal.
L’ouverture du procès est intervenue après moult tergiversations, la justice étant chapeauté par le pouvoir exécutif. S’il s’avère une bonne occasion pour Birame qui va en profiter pour enfoncer encore un peu plus le clou, en démontrant l’existence de l’esclavage, ce procès est en revanche un coup dur pour le pouvoir en place qui se trouve en mauvaise posture face à ses plus grands soutiens occidentaux (UE, USA, France), qui ont tapé du point sur la table pour exiger le respect des libertés individuelles et collectives.
En effet, le Parlement européen n’a pas hésité à condamner fermement l’arrestation de Biram Dah Abeid et ses amis, une condamnation qui a suscité une vive protestation du pouvoir mauritanien.
Pour sa part, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal a indiqué le 19 décembre dernier que : « La France suit avec attention la situation de M. Biram Dah Abeid  et des militants de l’IRA »
Paris « rappelle son attachement à la liberté d’expression, d’association et de manifestation pacifique ainsi qu’au respect des droits de la défense et au droit à un procès équitable ».
De leur coté, les américains semblent encore plus engagés que tous en faveur des militants anti-esclavagistes car, à l’ouverture du procès, on a noté la présence d’un représentant de l’ambassade américaine en Mauritanie.
Avec ces soutiens de poids, Birame va certainement se sentir poussé des ailes.
A noter que depuis qu’il s’est lancé dans la bataille de la lutte contre l’esclavage, l’homme a fait du chemin. Ce succès, il le doit certainement à la justesse de la cause qu’il défend, une cause dans laquelle semble se reconnaitre la plus grande frange de la composante haratine(maures noirs) qui constitue un poids démographique énorme.
L’homme qui ne manque pas d’audace est passé outre toutes les voies traditionnelles de contestation et de lutte en adoptant sa propre méthode basée sur la provocation et les attaques frontales contre l’establishment féodal et religieux qualifié de « noyau dur de l’esclavagisme » en Mauritanie.
Et c’est une méthode qui lui réussit bien car, elle commence à porter ses fruits.
C’est ainsi qu’en juin 2014, Birame qui s’était présenté à la présidentielle face au président en place a recueilli un peu moins de 10%, un score énorme malgré le manque de transparence avérée de cette élection boycottée par l’opposition radicale.
Cette deuxième place à la présidentielle et le prix offert par l’ONU ont fini par rendre l’homme incontournable. Et le fait qu’il défende une cause juste-l’esclavage est bien là en Mauritanie et ce malgré les dénégations de certains intellectuels et de la classe dirigeante-donne des sueurs froides au régime en place soucieux de perpétuer la domination d’une classe qui serait, quoiqu’il en soit obligé d’être amené un jour ou l’autre à partager le pouvoir avec les autres composantes du peuple mauritanien.
Notons qu’en 1989, le pouvoir du président Taya confronté à des fantasmes diaboliques avait perpétré une tentative de génocide contre les mauritaniens noirs d’origine africaine, une entreprise barbare qui avait lamentablement échoué.
Les ténors de ce régime dictatorial s’étaient enfin rendu à l’évidence : qu’ils le veuillent ou non, ces mauritaniens noirs d’origine africaine avaient leur place ici dans ce pays qui est le leur et il fallait apprendre à composer avec eux.
Espérons qu’avec les « haratines », on ne retombera pas dans les mêmes erreurs !
Bakari Guèye

 


Crime horrible dans la banlieue de Nouakchott : Une fillette violée et brulée vive par des malfrats

 

crime nktt

Crédit photo: tawary.com

La capitale mauritanienne a été vivement secouée le 22 décembre en début de soirée par un crime d’une violence inégalée.Une petite fillette de 10 ans qui rentrait tranquillement chez elle, après un cours dans une école coranique du coin, a été kidnappée, violée puis brulée vive par trois solides gaillards de la pègre nouakchottoise.
Cette affaire a profondément ému l’opinion publique mauritanienne qui assiste impuissante à une descente inexorable aux enfers, avec une insécurité galopante, notamment à Nouakchott et une déchéance morale qui se propage comme une trainée de poudre.
En réaction à ce crime qui sort de l’ordinaire, l’opposition mauritanienne regroupée au sein du FNDU (Forum Pour la Démocratie et l’Unité) a fait porter le chapeau au régime en place qui, à l’en croire, ne fait rien pour veiller à la sécurité des citoyens et de leurs biens.
A son tour le mouvement contestataire des « jeunes du 25 février » a rendu public un communiqué daté du 23 décembre, dans lequel il appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour l’arrestation des violeurs de la jeune fille.
Le mouvement s’est par ailleurs vivement élevé contre ce qu’il a qualifié de « détérioration des conditions de sécurité » et appelé le peuple mauritanien à se dresser contre une telle situation.
Notons que le jour du crime plusieurs autres agressions ont été signalées dans la capitale avec entre autres à Dar Naim(banlieue Nord de Nouakchott) deux commerçants qui rentraient tranquillement chez eux après une dure journée de labeur. Ils furent coincés dans une ruelle sombre par deux bandits qui les délestèrent d’une importante somme d’argent. Cela s’est passé vers les coups de vingt heures dans le quartier 12 Suite, à quelques encablures du commissariat de police. L’un d’eux avait reçu un coup de canif dans l’épaule.
Autre agression, cette fois-ci, il s’agit d’une jeune femme, qui tient un secrétariat public, située à quelques mètres du commissariat de police et du tribunal départemental. Elle fut attaquée par de jeunes délinquants qui l’ont copieusement rossée.
C’est dire que l’insécurité a encore de beaux jours devant elle à Nouakchott où l’inefficacité des forces de sécurité commence à inquiéter sérieusement les habitants de cette ville tentaculaire.
Bakari Guèye

 

 


La Mauritanie maintient sa place de leader au sein du classement de RSF : Une position bizarre !

Presse maurit

Crédit Photo:Magharebia

Au moment où la presse mauritanienne s’enfonce au creux de la vague, elle continue, paradoxalement à caracoler en tête de ses consœurs du monde arabe, à en croire le dernier classement de Reporters Sans Frontières(RSF).

En effet, malgré une liberté d’expression tout azimuts et une libéralisation récente du paysage audiovisuel, la presse mauritanienne se trouve dans un piteux état.
Ainsi, au niveau de la presse écrite, la situation est plus qu’alarmante car les rares journaux réguliers (moins d’une dizaine) -qui paraissaient jusque là, malgré les difficultés- sont tous en passe de mettre la clef sous le paillasson.
Et pour ce qui est des médias audiovisuels naissants, la situation est encore pire.
Toutes ces « institutions » en cessation de payement sont abandonnées à elles-mêmes et l’État assiste en spectateur à ce désastre.
Quant aux journalistes, véritables esclaves des temps modernes, ils travaillent sans contrat ni protection aucune puis sont exploités jusqu’aux os puis jetés à la poubelle, sans ménagement.
Face à cette situation où le bateau est en passe de couler, les professionnels de la presse écrite(les éditeurs) ont publié il y a quelques jours un éditorial commun pour attirer l’attention des autorités qui n’ont pas daigné réagir.
Mais cela n’a pas empêché RSF de leur tisser une couronne aussi convoitée que celle de meilleur pays arabe dans le domaine de la liberté de la presse ; un titre qu’elles exploiteront à fond comme d’habitude pour berner la communauté internationale.
Bakari Guèye

 


Mauritanie : L’enseignement privé au cœur des préoccupations du ministère de l’éducation nationale

baCréditPhoto/AMI

Les autorités mauritaniennes qui viennent de décréter l’année 2015 « Année de l’enseignement », multiplient les initiatives.

C’est ainsi qu’après les visites inopinées entreprises ces derniers jours par le président de la Républiques dans plusieurs établissements scolaires de la capitale, pour s’enquérir de leurs problèmes, c’est au tour du ministre de l’éducation nationale, M. Ba Ousmane, de descendre sur le terrain. C’est dans ce cadre qu’il a effectué le 12 décembre, une visite d’information à la direction de l’enseignement privé.
A l’issue de cette visite, le ministre a assuré que l’Etat entend élaborer une stratégie pour sortir l’enseignement privé de sa léthargie. Il a déclaré que : « Notre département s’attèle à redynamiser le rôle de l’enseignement privé par l’élaboration d’une stratégie spécifique permettant de rehausser son rendement. »
Pour qui connait l’état de décrépitude dans lequel se trouve le secteur de l’Education et notamment l’enseignement privé, il s’agit d’une tâche immense.
En effet, à Nouakchott comme à l’intérieur du pays, les écoles privées poussent comme des champignons.
Ces établissements scolaires ne sont pour la plupart que de véritables échoppes dont les ténors sont motivés essentiellement par l’appât du gain.
Ils fonctionnent suivant leurs propres règles, ce qui fait que l’anarchie est vraiment de mise. Le ministère est jusque là très peu regardant sur ce qui s’y passe.
Les élèves sont parqués dans des salles ne dépassant pas parfois les 4 mètres carrées et le personnel enseignant est en partie recruté dans la rue, parmi les étudiants de la fac et les étrangers de passage ; un personnel carrent mais qui a « l’avantage » d’être très bon marché.
Donc, la situation est hors de contrôle et les autorisations pour l’ouverture de nouvelles écoles pullulent et sont même disponibles au marché noir.
C’est dire que le ministère de l’éducation a du pain sur la planche. Et il va falloir cravacher dur pour remettre le train sur les rails.
Bakari Guèye

 


Trafic des manuels scolaires en Mauritanie : Un commerce juteux

vents.du.sud.nouakchott

Credit photo:IFM

Les élèves mauritaniens font face à une situation difficile marquée par le manque et l’absentéisme des enseignants. Ils font face également à un manque cruel de matériel didactique et notamment des manuels scolaires. Pourtant, l’Institut Pédagogique National(IPN) est censé approvisionner toutes les écoles du pays en livres.

Mais, malgré les milliards débloqués régulièrement par l’Etat pour la confection de ces manuels, ces derniers demeurent très rares dans les écoles. Et pour en acquérir, les parents d’élèves doivent se rendre dans les rayons des librairies de la capitale qui croupissent sous leur poids.
En effet, dans ces lieux de négoce, ces manuels qui, officiellement sont interdits à la vente, sont proposés à prix d’or.
Le client peut débourser jusqu’à 3000 ouguiyas (près de 30 dollars) pour acheter un manuel du secondaire par exemple.
Comme on peut aisément l’imaginer, c’est un commerce juteux qui constitue une véritable saignée pour les parents d’élèves, dont la majorité d’ailleurs, sont contraints de s’abstenir devant des prix aussi prohibitifs.
Et, pourtant, l’IPN qui dispose même d’une imprimerie, a pour vocation de disponibiliser ces livres à des prix symboliques.
Mais cette institution se mire dans un silence suspicieux et demeure sourde à toutes les protestations.
Pendant ce temps, les pauvres élèves doivent apprendre à se débrouiller sans les livres, une utopie quant on pense aux capacités et au sérieux de leurs enseignants, qui laissent à désirer !
Bakari Guèye

 


Le président mauritanien annonce 2015 « année de l’enseignement »

educ

Crédit photo:B.G

La Mauritanie a célébré le 28 novembre 2014 le 54ème anniversaire de son indépendance. A cette occasion, le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré dans un discours prononcé la veille que 2015 sera « l’année de l’enseignement ».Cette annonce intervient à un moment où le système éducatif national se trouve dans une très mauvaise passe marquée par une baisse inquiétante des niveaux et une perte de crédibilité totale au sein de l’école mauritanienne.
Malheureusement cette annonce ne convainc pas grand monde et surtout pas les enseignants habitués à des déclarations du genre qui ne sont, le plus souvent, que des vœux pieux.
Rappelons que M. le président qui vient d’entamer son second mandat avait promis lors du premier que le redressement du secteur éducatif serait la priorité des priorités. Mais hélas, il n’en a rien été et la situation a évolué de mal en pis.
En réaction à cette énième déclaration pompeuse du président de la République, le Syndicat National de l’enseignement secondaire (SNES) note dans un communiqué daté du 28 novembre : « Nous apprécions également la déclaration du président de la République de l’année 2015 « année de l’enseignement ». Nous espérons que cette déclaration ne sera pas qu’un slogan. Nous avons déjà assisté à la création d’un ministère d’Etat de l’Education qui a disparu trois ans après sa naissance, sans résultats significatifs.
Nous avons entendu le président de la République et son premier ministre reconnaître à maintes reprises la détérioration de notre système d’éducation, sans voir venir les mesures attendues.
Suite à cette déclaration, nous nous attendons à une année 2015 marquée par des actions concrètes. »
Tout est dit !
Bakari Guèye

 


Nouakchott/Mauritanie : Le directeur de l’ANAC éjecté de son fauteuil

Noorinfo

Crédit photo:noorinfo:Le directeur de l’ANAC

La compagnie aérienne Air France foule de nouveau la piste de l’aéroport international de Nouakchott, après près d’un mois de boycott pour protester contre « l’ingérence » de l’Agence nationale de l’Aviation civile (ANAC) dans la gestion de son fret.Tout commença lorsque des agents de la douane et de la gendarmerie mauritaniennes assurant la sécurité au sein dudit aéroport en sont venus aux mains transformant le tarmac en ring.Cette bataille rangée a mis la puce à l’oreille des dirigeants de l’ANAC qui se sont crus obligés de refondre l’organisation au sein de l’aéroport, ce qui apparemment n’avait pas plus aux dirigeants locaux de la compagnie Air France qui ont tout de suite crié au scandale demandant le retour sans conditions au statut quo ante.
Finalement, la compagnie française aura gain de cause. Du coup, elle a repris ses vols comme si de rien n’était et pour couronner le tout et clore définitivement le dossier, les autorités mauritaniennes n’ont pas trouvé mieux que de débarquer de son poste le brave directeur de l’ANAC, qui avait pourtant le vent en poupe mais, mal lui en prit car, il s’était attaqué à plus fort que lui.
Bakari Guèye


Mauritanie : Le ministère de l’éducation décide la revalorisation de l’enseignement de l’instruction islamique

Elev1

Crédit photo:BG

Le ministère mauritanien de l’Éducation Nationale vient de rendre public une circulaire revalorisant l’enseignement de la discipline de l’instruction islamique et religieuse(IMCR), au niveau de l’enseignement secondaire.
En vertu de cette décision, l’horaire et le coefficient de cette discipline a été considérablement rehaussé au collège et au lycée. En plus ce sera désormais une matière à passer au bac.
Cette décision saluée par les élèves et les organisations de la société civile a pour objectif d’initier la jeunesse à un islam centriste et modéré en professant les véritables vertus de cette religion de paix leur évitant ainsi les fausses interprétations qui mènent à l’extrémisme.
Dans une déclaration de presse les principaux syndicats d’enseignants en Mauritanie
Ont exprimé leur « bonne appréciation de l’augmentation de l’horaire et du coefficient de l’instruction islamique, ce qui contribuera sans nul doute à renforcer l’immunisation de notre jeunesse contre toutes les formes de déviation. »
Pour Mohamed Ould Sidati, professeur d’IMCR : « Cette décision est salutaire et répond aux aspirations de tout le peuple mauritanien. C’est là une réponse favorable aux demandes répétés des oulémas et notamment de l’Imam de la grande mosquée de Nouakchott, Ahmedou Ould Lemrabott Ould Habibourahmane qui n’a cessé d’insister sur les avantages de cette revalorisation qui permettra de mieux éduquer la jeunesse sur les fondements d’un islam tolérant. »
A son tour, l’imam Ali Ould M’boirik de la mosquée Omar de Dar Naim(banlieue Nord de Nouakchott) affirme que : « Cette décision vient au bon moment. Aujourd’hui, plus que jamais notre jeunesse qui est confronté aux influences du mode extérieur a besoin de revenir aux véritables enseignements de notre sainte religion. Pour immuniser les jeunes contre l’extrémisme, on doit les inciter à mémoriser et comprendre le Coran qui demeure, la matière la plus importante en éducation islamique, suivie par la mémorisation et la compréhension des hadiths du prophète Mohammed PSL. »
L’imam Ali ajoute que : « Aujourd’hui, certaines personnes qui prétendent agir au nom de la religion peuvent mal l’interpréter ou la pratiquer incorrectement. C’est pourquoi, il serait faux de se faire une idée de cette religion en se basant sur les actes de telles personnes. La meilleure façon de comprendre l’islam est de se référer à sa source divine.
La source de l’islam est le Coran; et le modèle de la moralité décrit dans le Coran est irréprochable. Voilà ce que nos enfants doivent assimiler et appliquer. »
Abondant dans le même sens, Mohamed Mahmoud Ould Tah, étudiant à l’ISERI (Institut islamique) de Nouakchott soutient cette décision « car elle va contribuer à vulgariser les vrais enseignements de l’islam. Le Coran est basé sur les concepts de la bonne moralité, de l’amour, de la compassion, de la miséricorde, de l’humilité, du dévouement, de la tolérance et de la paix. Un musulman qui vit selon ces préceptes moraux est, réfléchi, tolérant, digne de confiance. Voilà le vrai visage de l’islam que les jeunes doivent connaitre. »
Et Mohamed Mahmoud d’ajouter que : « Dieu a commandé à l’humanité d’éviter le mal. Il a interdit la mécréance, l’immoralité, la rébellion, la cruauté, l’agressivité, le meurtre et les massacres.
L’islam est une religion qui encourage la liberté de vie, d’opinion et de pensée. Selon le Coran, l’un des plus grands péchés est de tuer un être humain qui n’a pas commis de crime. Voilà ce sont tous ces enseignements qu’on pourrait maintenant transmettre aux élèves et aux étudiants car l’IMCR est devenu une matière de base. »
Bakari Guèye


Mauritanie : Election de la présidente de la CUN au bureau exécutif de l’association des maires francophones : Un paradoxe flagrant

mati

Mati Mint Hamadit/Photo:AMI

La présidente de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), Mme. Maty Mint Hamady a été élue, jeudi 06 novembre 2014, membre du bureau exécutif de l’Association Internationale des Maires Francophones.Cette nomination est d’autant plus paradoxale que cette dame s’est distinguée par son aversion avérée au français en posant comme premier acte de son mandat à la tête de la CUN en 2013, l’interdiction de la langue de Molière au sein de l’administration de son institution.
Cette décision entre dans le cadre de la politique d’arabisation menée par les autorités mauritaniennes pour plaire à la communauté arabe du pays ainsi qu’au monde arabe, et ce, au grand dam d’une importante frange de la population constituée en majorité de négro-africains, des francophones pour la plupart.
Depuis l’indépendance du pays, la question de la langue a profondément divisé les mauritaniens. La langue française, l’une des rares richesses léguées par la colonisation a toujours été perçue par la composante arabe de la population comme un intrus qu’il fallait combattre coûte que coûte. Mais, la composante négro-africaine de la population mauritanienne qui avait profité beaucoup plus de l’enseignement du français, n’entendait pas se laisser faire, en acceptant du jour au lendemain, d’abandonner le français au profit de l’arabe.
En 1966, il y a eu l’adoption d’une loi qui oblige tous les écoliers mauritaniens dans le secondaire à apprendre l’arabe. Une autre réforme en 1967 touchait l’enseignement fondamental. Ces deux réformes ont amené les dirigeants à l’époque à réviser la constitution en 68 pour faire de l’arabe la langue officielle du pays avec le français.
Au début des années 80 avec l’avènement du régime de Ould Taya, on assistera à l’arabisation à outrance du système éducatif, une arabisation bâclée pour plaire au monde arabe et notamment à l’Irak (dirigé par le parti panarabiste Baath) qui fut l’un des soutiens inconditionnels du régime.
La tendance se poursuivra avec la « démocratisation » et l’adoption de la constitution de 1991 qui fit de l’arabe la langue officielle du pays.
En août dernier, les autorités militaires ont décidé que, toutes les correspondances entres les états majors ou entre les unités de l’armée se feront en langue arabe.
La mesure exclue les correspondances internationales qui pourront se faire en d’autres langues en fonction des besoins.
Et ironie du sort, cette mesure a été suivie quelques semaines plus tard par la nomination d’un ministre de la défense francophone voire francophile. Comprendra qui pourra !
Notons dans le cadre de cette guerre déclarée contre le français en Mauritanie que, le député UPR(parti-Etat), El Khalil Ould Tiyib a déchiré en mars dernier en pleine session, un rapport élaboré par la Commission des finances de l’Assemblée Nationale, et ce, en protestation à sa présentation en langue française.
Bakari Guèye

 


Pour une réhabilitation du secteur de la santé en Mauritanie

emjad net

Photo:emjad.net

Le secteur de la santé qui est l’un des secteurs clés et pour lequel beaucoup d’efforts sont consentis par les pouvoirs publics ne semble pas tirer profit de cette manne et se complait aujourd’hui dans l’anarchie et l’affairisme qui le gangrènent et qui mettent hors jeu une grande partie des usagers.En effet, l’État a ces dernières années mis en place des infrastructures modernes, ce qui fait qu’aujourd’hui les villages les plus reculés disposent de centres de santé assurant les soins de santé primaires .Avec l’aide de l’OMS les médicaments sont mis à la disposition des hôpitaux et dispensaires. Par ailleurs, le personnel de la santé bénéficie depuis quelque temps d’une attention particulière du ministère de tutelle qui lui verse des primes substantielles qui font de lui aujourd’hui le chouchou de la Fonction Publique. Mais malgré tous ces atouts, l’efficacité n’est pas au rendez vous et l’anarchie est telle qu’il faudrait un véritable coup de balai pour remettre les pendules à l’heure.
Le temps est loin où on venait au dispensaire sans protocole pour se faire soigner gratuitement.
Si du coté des autorités, on crie sur tous les toits que le gouvernement a mis en place des infrastructures modernes et des équipements dernier cri tels que les scanners, l’IRM, etc, sur le terrain, la réalité est très amère.
Aujourd’hui pour aller au dispensaire il faut avoir les poches pleines .En effet, au niveau de tous les maillons de la chaîne -de la consultation à l’obtention des médicaments-il faudrait mettre la main à la poche. Dans ce milieu, la corruption est monnaie courante et les pharmacies officielles sont toujours vides. Dans ces pharmacies les médicaments sont régulièrement mis à la disposition des gérants et les prix sont accessibles aux populations mais le hic c’est qu’elles sont chroniquement vides .Les médicaments sont la plupart du temps détournés et servent à alimenter les pharmacies-boutiques qui fleurissent comme des champignons.
Avec cette situation les malades sont abandonnés à eux mêmes et ne savent plus à quel saint se vouer .Des agents de santé qui se font tirer l’oreille et qui arnaquent honteusement de pauvres patients ;des docteurs qui ouvrent leur clinique privée et qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel ,oubliant jusque le serment sacré d’Hippocrate ;des centres de santé où les règles les plus élémentaires ne sont pas respectées ;tel est le tableau peu reluisant d’un secteur sanitaire vital et que les autorités doivent suivre de près.
Bakari Guèye


Un diagnostic sans complaisance du système éducatif mauritanien : Une école moribonde

bac 1 2014

Crédit photo:BG

Le système éducatif mauritanien est malade. Cette réalité même si c’est un secret de polichinelle a été longtemps étouffé. Mais après le 3 août 2005 et l’avènement du régime de la transition, les langues avaient commencé à se délier. Et à l’occasion de la campagne électorale qui a mené aux élections présidentielles de mars 2007, la plupart des candidats sérieux avaient fait, de la refonte du système éducatif, la priorité des priorités.C’est ainsi qu’au cours du fameux débat l’ayant opposé à son adversaire du deuxième tour, l’ex-président de la République M.Sidi Ould Cheikh Abdellahi avait promis d’organiser des états généraux de l’enseignement, y compris celui des langues nationales, estimant que l’expérience mauritanienne dans ce domaine n’a pas été concluante. Pour lui, c’est par le biais de l’éducation que le pays verra l’émergence d’un « citoyen mauritanien unique au lieu de consacrer les appellations ethniques de maures, négro-mauritaniens et haratines » (descendants d’esclaves).
Pour l’ex-président de la République et candidat d’alors, la problématique de l’éducation en Mauritanie réside plutôt dans l’existence d’un grand nombre de diplômés chômeurs, un paradoxe si l’on considère que le pays manque de cadres. De ce fait, il s’était proposé, si les conditions le permettent, de créer des internats pour toutes les écoles afin de limiter la déperdition scolaire tout en renforçant la cohésion entre les ressortissants de toutes les régions.
Malheureusement toutes ces belles idées avaient fondues comme neige au soleil ; et mis à part le bref intermède « Nebghouha »-une brave dame parachutée à la tête du département et débarquée quelques mois plus tard pour avoir voulu secouer le Mamouth- ce fut le statu quo ante.
Une situation inquiétante
La situation de l’enseignement en Mauritanie demeure donc si mauvaise qu’on ne vend pas très cher la peau du système éducatif. L’anarchie règne à tous les niveaux et le laisser aller est de mise. En effet, l’école mauritanienne est confrontée depuis plusieurs années à une baisse de niveau qui a pris au fil du temps des proportions inquiétantes.
Cette situation s’explique en grande partie par le laisser-aller qui a toujours prévalu au sein du département de l’éducation Nationale qui a eu le triste privilège de voler la vedette de la mauvaise gestion et des dérapages administratifs à tous les autres secteurs.
Ainsi, avec le peu de considération donné à l’enseignant bafoué et livré à lui-même, il ne fallait pas se faire d’illusion. Et le ministère de l’Éducation, au lieu d’assumer son rôle en jouant au pompier, a, au contraire, constitué un obstacle pour le développement du système éducatif.
En effet, avec l’injustice érigée en politique le département avait fini par démolir tout espoir d’aller de l’avant. En effet, face à des promotions fantaisistes voire choquantes ayant profité à des néophytes tombés du ciel qui sont venus s’ajouter à la dynastie des démolisseurs qui continue à faire la pluie et le beau temps, beaucoup d’enseignants sérieux n’avaient plus le cœur à l’ouvrage et l’on assista à une démission collective.
Pourtant, avec le court intermède Nebghouha, l’espoir était de mise et des réformes encourageantes avaient été entreprises. Mais très vite, au regret de beaucoup de citoyens, la courageuse dame aura sur le dos tout le département où le laisser aller semble convenir à tous.
De mauvais comportements érigés en système
L’école mauritanienne a perdu ses lettres de noblesse depuis fort longtemps. Les enseignants sont démotivés et les élèves ne savent même plus pourquoi ils vont à l’école qui a perdu toute crédibilité. C’est ainsi par exemple qu’à la veille du déroulement des examens (compositions de passage) dans les écoles, les élèves et leurs parents commencent à fourbir leurs armes pour réussir comme il est devenu de coutume à assurer le passage en classe supérieure.
En effet, le redoublement est devenu une chose rare ici et pourtant élèves mauritaniens sont loin d’être des cracks. Paradoxalement, il s’agit d’une tendance qui n’est observable qu’en Mauritanie. Ce taux de passage artificiel ne va pas de pair avec celui du baccalauréat, ce qui prouve qu’il n’est fondé sur aucun critère objectif.
Une étude récente du ministère sénégalais de l’éducation relevait l’existence d’un taux de redoublement anormalement élevé dans les écoles d’Afrique francophone. C’est là une étude qui vaut ce qu’elle vaut mais qu’il conviendrait de relativiser car dans un pays francophone comme la Mauritanie, le système éducatif est devenu si généreux pour ses élèves que les redoublements y deviennent quasi inexistants.
Si les écoles sont devenues de véritables passoires ce n’est pas parce que tous leurs pensionnaires sont des surdoués, loin de là. Cela s’explique plutôt par le laisser-aller et la complaisance qui ont fini par désintégrer cette école. En effet, le corps d’encadrement fait fi des critères objectifs d’évaluation.
C’est plutôt sur la base de critères purement subjectifs que les élèves se retrouvent chaque année en classe supérieure. La tricherie devient une valeur sûre de l école et les élèves qu’on encourage sur cette voie deviennent des tricheurs invétérés. C’est à se demander si cette tare ne vient pas tout juste se greffer sur des dispositions innées tellement les jeunes élèves excellent dans ce domaine et détiennent tous les rudiments de cet « art ».
Pour un élève d’aujourd’hui, tricher est un droit
De ce fait, à l’occasion des interrogations ou des compositions, il trouve tout à fait normal d’avoir ses cahiers à portée de main et ne se gène même pas à s’en servir au grand dam de l’enseignant qui est mis face à des situations incroyables.
Les plus jeunes enseignants ayant encore des principes solides et des théories à revendre essaient de remettre de l’ordre dans la maison. Quant aux anciens qui en ont déjà vu de toutes les couleurs, ils ferment les yeux, convaincus que tout effort est vain et que rien ne pourrait empêcher ces petits diables de tricher.
Et le plus amusant c’est que même en se servant de leurs cahiers, la plupart des tricheurs passent à côté du sujet car ne sachant sélectionner les éléments les plus pertinents. Mais rien n’est perdu pour autant car en fin d’année, les bonnes notes pleuvent de part et d’autre et chaque élève peut compter sur la complicité d’un prof qu’il avait pris le soin de contacter par l’intermédiaire d’un autre prof ou d’une connaissance quelconque.
Il y aussi les membres de l’administration scolaire qui peuvent jouer aux intermédiaires avec les enseignants. Les directeurs des études sont également parfois sollicités pour arrondir certaines notes et propulser de mauvais élèves dans des classes supérieures. Avec l’instauration de ce système où il n’est plus besoin d’apprendre pour gravir tous les échelons de l’enseignement, les élèves n’apprennent plus et dorment sur leurs lauriers.
Vu cette pagaille, la majorité des professeurs n’assistent plus au conseil de classe en fin d’année pour refuser d’apporter une caution morale aux magouilles de la direction. Les profs se contentent donc de remettre des notes qui valent ce qu’elles valent, à charge pour l’administration d’en faire ce qu’elle veut.
Cette dernière s’arrange toujours à faire passer tout le monde pour permettre au directeur de l’établissement de faire bonne impression au ministère de l’Éducation où les apparences comptent plus que tout le reste. Ainsi, le taux de passage est généralement de 100% et tout le monde est content, administration et parents d’élèves.
Et il arrive que dans un établissement, les profs se réunissent en fin d’année pou le Conseil de classe et se mettent d’accord sur un P.V. en théorie irrévocable. Mais justement ce même P.V. peut être revu en leur absence par la direction pour faire plaisir à certains parents d’élèves.
C’est ainsi qu’il n’est pas rare de voir un élève ayant déjà reçu son bulletin de notes avec mention redoublant se retrouver comme par enchantement en classe supérieure au début de l’année scolaire. De telles situations décrédibilisent l’école et instaurent un climat malsain qui ne va pas de pair avec la noble mission de l’école.
Sans évaluation sérieuse, l’enseignement n’a plus sa raison d’être
Et on avait du mal à comprendre que l’essentiel ce n’était pas de passer en classe supérieure mais de fournir l’effort nécessaire à l’acquisition des connaissances.
L’année scolaire qui vient de s’achever s’est déroulée dans un contexte peu favorable et le ministère de l’Éducation comme tous les autres d’ailleurs était l’objet d’une politisation et d’une instrumentalisation qui ont fait des ravages. Le résultat on le connaît.
Actuellement tous les yeux sont tournés vers le président de la République fraichement réélu pour un second mandat, espérant qu’il aura l’intelligence de surveiller de près l’homme de confiance qu’il vient de placer à la tête du département.
M. Ba Ousmane, un jeune cadre dynamique et apparemment au dessus de la mêlée devrait avant d’essayer d’entreprendre quoi que ce soit, se débarrasser du lobby dévastateur ayant élu domicile depuis belle lurette au sein du département et, qui constitue un frein à toutes les velléités de réforme.
Bakari Guèye

 


Compaoré chassé par la rue : Un sérieux avertissement pour les dictateurs du continent

lepoint.fr

Crédit photo:lepoint.fr

Le président Burkinabé Blaise Compaoré s’en est finalement allé par la petite porte, ce vendredi 31 octobre. L’homme à l’instar de tous les dictateurs du vieux continent se croyait indispensable et surtout indéboulonnable. Mais il n’aura fallu au peuple Burkinabé, qui en avait ras-le-bol, que de descendre dans la rue pendant quelques heures pour chasser celui qui, malgré ses 27 ans de pouvoir, avait encore l’intention de tripatouiller la constitution pour continuer sa mainmise sur le pays des hommes intègres.Malgré la gravité des actes de vandalisme des manifestants de Ouaga, qui ont mis la capitale du Faso à feu et à sang, jeudi, M. Blaise Compaoré a essayé de tergiverser en sauvant ce qui peut l’être de son pouvoir chancelant mais, malheureusement pour lui, la vague inexorable de manifestants déchainée emportait tout sur son passage et il ne restait plus au vieux dictateur que de lâcher prise en prenant la poudre d’escampette.
Voilà qui est peu glorieux pour un homme qu’on présentait comme l’un des dirigeants les plus en vue du continent avec un statut de médiateur des conflits africains taillé sur mesure par les puissances occidentales et notamment la France.
Et pourtant, Compaoré avait eu plus d’une occasion de passer le témoin et de prendre un vrai repos du guerrier en ruminant tranquillement pour le restant de ses jours, les immenses richesses engrangées sur le dos du paisible peuple Burkinabé.
Il aurait pu par exemple suivre le conseil du président français qui lui aurait proposé il y a quelques semaines un retrait en douceur en contrepartie d’un honorable poste au sein d’une institution internationale.
Mais hélas, la soif de pouvoir était la plus forte et en bon dictateur, il était aveuglé par une puissance de façade qui a volé en éclats aux premiers pas des manifestants sur le macadam.
Face à la violence et au pillage généralisé dans les grandes villes du Burkina et notamment à Ouaga et Bobodioulasso, il n’est pas exagéré de dire que, vu les dégâts matériels (et humains), les 27 ans de Blaise n’auraient servis à rien, en ce sens qu’il a emporté avec lui pas mal d’infrastructures mises à sac par les manifestants. Un vrai gâchis !
Et la facture aurait été encore beaucoup plus salée n’eut été la sagesse des dirigeants de l’armée qui ont réussi à éviter au pays le pire, avec un affrontement fratricide entre les éléments de la garde prétorienne de Compaoré et les autres corps militaires.
Quoiqu’il en soit, c’est le peuple Burkinabé qui sort grandi de cet éphémère bras de fer. Les Burkinabés donnent ainsi l’exemple aux autres peuples d’Afrique qui sauront désormais ce qu’il convient de faire pour bouter les présidents usurpateurs hors du pouvoir.
Cet exemple est d’autant plus instructif que sur le continent, pas moins d’une dizaine de potentats, nourrissent aujourd’hui l’idée de changer la constitution pour se maintenir au pouvoir.
Bakari Guèye

 

 

 


Mauritanie : le pays des paradoxes

mauritanie

Crédit photo : ONT/RIM

Mon pays appartient à la sphère des anciens pays colonisés qui aujourd’hui encore souffrent toujours des affres du sous-développement.
C’est un coin de désert bordé par l’océan Atlantique et coincé entre l’Afrique occidentale et le Maghreb.


Comme vous l’aurez peut-être deviné, c’est la Mauritanie présentée par Me Mokhtar Ould Dadah, le « père de l’indépendance » comme un trait d’union entre l’Afrique noire et le Maghreb arabe.
Mon pays, c’est le lieu par excellence des paradoxes. C’est à la fois un pays ou rien ne va et où tout va bien. Cela dépend du camp dans lequel on se situe, celui du pouvoir ou celui du citoyen lambda.
En effet, les citoyens croupissent sous la misère et sont voués au fatalisme. Mais, pour les dirigeants, c’est le pays de cocagne où « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. »
Malgré l’état pitoyable dans lequel vivent les citoyens, les dirigeants du pays ne se gênent pas à faire, à longueur de journée, des déclarations fracassantes sur la bonne santé économique, des professions de foi à dormir debout.
C’est ainsi que le rapport mondial 2014 sur le développement humain indique que 42, 3 % de la population mauritanienne vivent dans une « extrême pauvreté » et que 12, 8  % « sont en quasi-pauvreté multidimensionnelle ».
Mais ce n’est pas là l’avis du président mauritanien qui a affirmé récemment, avec assurance, que le pays s’apprête à rejoindre les Etats à revenu intermédiaire.
Donc, au moment où les dirigeants crient sur tous les toits que les indicateurs économiques sont au vert, que les caisses de l’Etat sont pleines et que les réserves en devises sont exorbitantes, près de la moitié des Mauritaniens vivent sous le seuil de la pauvreté.
Cette propension à nier la réalité et à transformer les échecs en victoires vient d’être poussée à son paroxysme par le ministre de l’Enseignement supérieur, débarqué récemment du gouvernement.
En effet, pour l’année 2014, moins de 10 % des candidats au bac étaient reçus. C’est là, à n’en pas douter, l’un des taux de réussite les plus faibles au monde.
Seulement, pour notre honorable ministre, ce résultat était magnifique, voire même historique.
Selon lui, une dizaine d’heureux élus sont parvenus à décrocher le bac avec des moyennes jamais égalées dans les annales de notre système éducatif.
Poursuivant son raisonnement, et persuadé de s’adresser à des bourriques, il a poussé l’audace jusqu’à déclarer pompeusement sur le plateau de la télévision nationale que ces  « génies » permettront d’alimenter la dizaine de centres, d’écoles supérieures et autres universités construites à coups de milliards par le gouvernement.
Ce sont là quelques bribes d’exemples qui en disent long sur ce qu’est réellement mon pays.

Bakari Guèye


Le règne de l’impunité en Mauritanie

Impunité Canalblog.com

Crédit photo:canalblog.com

En Mauritanie le règne de l’impunité est ce qu’il y a de plus insupportable. L’injustice est certainement la chose la mieux partagée dans ce pays qui, malgré les immenses richesses dont il dispose, s’enfonce jour après jour dans la pauvreté et le sous-développement.

A Nouakchott, la délinquance a dépassé le seuil du tolérable et l’impunité encourage les malfaiteurs à sévir.
Il y a quelques mois, des fils à papa ont fait irruption à deux heures du matin dans un salon de coiffure, situé au centre ville. Une jeune étudiante y a été enlevée de force. Elle fut embarquée manu militari dans un véhicule qui disparut dans la nuit noire. La jeune fille fut violée par ses ravisseurs puis jeté dans la rue à quelques encablures d’un commissariat de police. Les bandits ont eu après leur forfait l’audace d’utiliser le portable de la victime pour appeler sa famille, l’insulter copieusement avant de la mettre au courant de ce qui venait d’arriver à leur fille.
Le lendemain, toute la bande fut arrêtée, mais à la stupéfaction générale, elle fut aussitôt libérée. Il s’agit chuchotait-on d’un ordre venu d’en haut.
Bakari Guèye


La capitale mauritanienne croupit sous les ordures: Les membres du gouvernement jouent aux éboueurs

ordure Saheljournal.info

Crédit photo:Saheljournal.info

Après l’annulation en juin dernier par la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN) de son contrat avec la Société DRAGUI Transport Mauritanie, une filiale du groupe français PIZZORNO, la capitale mauritanienne avait renouée avec son sempiternel problème d’hygiène publique qui mettait en danger la vie de ses paisibles habitants.La ville croupissait depuis lors sous les ordures et l’impuissance de la CUN qui a tenté de supplanter la société française était manifeste.
C’est mesurant le danger encouru et sous une pression populaire de plus en plus grandissante que les plus hautes autorités de l’Etat se sont enfin décidés à mettre la main à la pâte.
C’est ainsi que le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, a donné samedi matin, à partir du tristement célèbre dépôt d’ordures du département d’El Mina (banlieue Est/Ouest de Nouakchott), le coup d’envoi d’une grande campagne de nettoyage de la capitale.
Entouré de son premier ministre et des membres du gouvernement, le président Aziz a insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts pour venir à bout des ordures qui sont la chose la mieux partagée à Nouakchott voire en Mauritanie.
Participent à cette campagne, de deux semaines, des départements ministériels, des services de la communauté urbaine, de la société civile et des groupes de citoyens, notamment des jeunes, des femmes et des journalistes, qui ont, tous, répondu favorablement à l’appel du gouvernement pour une vaste mobilisation en faveur de l’assainissement de la ville de Nouakchott.
A en croire le chef du gouvernement, les pouvoirs publics ont pris toutes les mesures garantissant le succès de l’opération, notamment la mobilisation de 280 camions bennes et plus de 40 bulldozers, en plus des équipements légers de collecte et de transports les différentes sortes des déchets.
Notons qu’au cours de sa tournée qui a englobé plusieurs sites dans différents départements, le président de la République, a constaté les opérations d’enfouissement techniques des ordures provenant de Nouakchott, au kilomètre 25 sur la route de l’espoir.
Il a, suivi des explications de la part de la présidente de la communauté urbaine sur les techniques appliquées par ses services afin de mener les actions d’enfouissement dans les meilleures conditions.
Au premier jour de cette campagne d’assainissement, l’enthousiasme était de mise et les populations longtemps confrontés aux affres des ordures espèrent que, l’image du président de la République et ses ministres brandissant des pelles au milieu de tas d’immondices, ne soit pas tout bonnement de la poudre aux yeux.
Bakari Guèye