David Kpelly

Non, I.B.K ne rime pas avec Faure Gnassingbé

 

IBK tof

Ibrahim Boubacar Keita alias IBK

Interview de David Kpelly sur les élections au Mali et au Togo

 Cette interview a été réalisée par Abdoul-Karim Thiam, pour La Gazette bamakoise.

 On peut finalement surnommer le jeune écrivain et blogueur togolais David Kpelly « Le plus malien des Togolais du Mali » par son intérêt pour la vie sociopolitique de notre pays où il vit depuis cinq ans. Du déclenchement de la crise jusqu’aux élections présidentielles, on l’a senti, surtout sur Internet, dans le débat pour la restauration de notre Etat. Au lendemain du deuxième tour de cette élection qui a vu la victoire d’Ibrahim Boubacar Keita dit IBK, David Kpelly félicite le vainqueur. Il se dit très fier du Mali, sans passer sous silence les dernières élections législatives dans son pays le Togo.

David Kpelly, bonjour. Avant même la proclamation officielle des résultats du deuxième tour, on connaît déjà le nom du futur président du Mali, IBK, qui a été félicité, depuis lundi, par son rival Soumaila Cissé. Que pensez-vous du nouveau président du Mali ?

Merci de l’intérêt que vous m’accordez une fois de plus, pour parler du Mali, ce pays qui est devenu, comme vous l’avez si bien dit, mon deuxième pays après le Togo. Je ne sais pas si je peux m’exprimer sur le nouveau président, IBK, puisque je ne le connais pas assez. Je connais mieux le candidat malheureux, Soumaila Cissé, par son passage à la tête de la Commission de l’Uemoa. Mais à travers ce qu’on m’a toujours dit de lui, IBK est un homme très catégorique et pragmatique, « l’homme qui n’a qu’une seule parole » comme l’ont surnommé les Maliens, et je crois qu’il fera bien l’affaire. Si je me réfère à tout ce que j’ai entendu durant mes enquêtes auprès des Maliens, IBK a été plébiscité parce qu’il est vu comme le politique malien actuel suffisamment poignant pour définitivement régler le problème du Nord, mais aussi restaurer l’Etat malien, parce qu’il faut sincèrement reconnaître que l’autorité de ce pays a été trop fragilisée depuis les années ATT, et vandalisée depuis la crise et le coup d’Etat de mars 2012.

Vous venez de dire que vous connaissez mieux Soumaila Cissé qu’IBK, donc si vous aviez eu à voter, auriez-vous voté Soumaila ?

Non, j’aurais voté le capitaine Sanogo (rires). Ecoutez, ce que le Mali a traversé est très grave, ce pays a frôlé l’Apocalypse, les populations du Nord ont été martyrisées pendant un an par les islamistes, parce qu’il n’y avait pas une autorité solide et légitime. Le Mali avait besoin d’un président légitime, c’est chose faite, et il n’est plus question de mettre en avant nos petits choix personnels. IBK a été élu de la plus belle manière par les Maliens, félicitons-le. D’ailleurs son rival Soumaila a été le premier à le féliciter, ce qui a rendu la victoire encore plus belle.

L’une des raisons qui ont joué en faveur d’IBK est qu’il tournera, dit-on,  la sombre page d’ATT. Pensez-vous qu’IBK changera à fond le Mali ?

Il vient d’être élu, on le verra bientôt à l’œuvre. Vous savez, ATT avait aussi été élu par les Maliens, et il a fait ce qu’il a pu, même s’il a commis des erreurs qui lui ont été fatales. A IBK de savoir poser les pas. S’il doit changer le Mali à fond ou pas, c’est à lui de voir, mais qu’il pense toujours aux intérêts de ce peuple humilié qui attend tant de lui.

Nous le disons tous, la grande priorité reste la gestion du problème du Nord. Mais quelle est, selon vous, la deuxième priorité ?  

On parle de l’économie malienne à redresser, je parle, moi, de l’éducation malienne à guérir. Voici presque cinq ans que j’enseigne dans ce pays, et ce que je vois avec les étudiants est terrifiant. Si l’éducation malienne n’est pas sauvée d’urgence, le Mali risque de se retrouver dans quelques années avec des étudiants qui ne seront pas en mesure d’écrire leurs propres noms. Je n’exagère pas, vous le savez.

Le Mali s’en est sorti après votre pays le Togo qui a aussi connu récemment des élections législatives transparentes. On imagine que c’est la grande joie chez vous.

Ecoutez, les élections qui viennent de se passer au Mali n’ont rien à voir avec ce qui s’est passé, il y a quelques semaines, au Togo. C’est vrai que cette fois-ci l’armée togolaise et les milices du pouvoir ne se sont pas, comme les années précédentes, livrées à des fraudes loufoques sous les yeux de toute la Terre, comme rentrer dans les bureaux de vote, s’emparer des urnes et détaler comme des moutons poursuivis par des garnements, elles ne sont plus descendues dans les rues avec des armes, des gourdins et des machettes pour imposer au peuple togolais révolté des résultats fantaisistes contraires aux réalités des urnes… mais tout ceci ne suffit pas pour affirmer que ces élections ont été transparentes et les comparer à celles, très belles, très réussies, du Mali. IBK est légitime, parce qu’il est élu par le peuple malien, un peuple qui manifeste aujourd’hui sa fierté d’avoir été écouté. Allez dans les rues de Bamako, contemplez les visages, vous verrez des gens contents, soulagés… Ce que vous ne verrez pas au Togo, parce que le peuple togolais ne se retrouve pas dans le président que lui imposent depuis 2005 l’armée togolaise et certaines instituions internationales. La légitimité, ça ne s’achète pas à coups de mensonges et de fusils. Il y a ce proverbe de mon peuple éwé qui stipule que « même avec des ailes collées sur sa carapace, la tortue ne volera jamais, parce qu’elle n’est pas un oiseau ».

Et pourtant pour le Togo, tout comme pour le Mali, les observateurs internationaux ont affirmé que les irrégularités constatées sur le terrain ne sont pas de nature à jouer sur la crédibilité des résultats.

Savez-vous ce qui se serait passé ici au Mali si les autorités avaient proclamé Soumaila Cissé comme vainqueur ? Le peuple se serait révolté, même si à côté les observateurs internationaux déclarent l’élection transparente. Les observateurs internationaux ne sont pas les mieux placés pour valider les résultats d’une élection, ce sont ceux qui ont voté qui le sont, parce qu’ils savent, eux, à qui ils ont vraiment voté. Je vous le redis, ne tentez aucune comparaison entre votre élection et celle du Togo. I.B.K ne rimera jamais avec Faure Gnassingbé.

Merci, David Kpelly. Rappelons que vous tenez deux blogs, dont un sur la plateforme Mondoblog de la Radio France internationale, RFI, et votre dernier livre est intitulé « Apocalypse des bouchers » sorti en 2011 aux Editions Edilivre en France.

 

 

 


Le 3e prince anglais, le petit nègre l’emmerde

Kate et William (Crédit image: fr.news.yahoo.com)
Kate et William (Crédit image: fr.news.yahoo.com)

Salut Georges, ou John, ou Michael, ou Jonathan, ou Joe, ou Jacob, ou même Oussama – Oussama comme Oussama Ben Laden … De toute façon, quel que soit le nom qu’on te donnera, salut, mon beau.

Je sais que tu dois te demander celui qui t’envoie cette lettre. Désolé, je ne peux te dire mon nom, comme moi non plus je n’ai pas encore de nom. Tout comme toi, je ne saurai comment je m’appelle que dans quelques jours, puisque je viens de naître au même moment que toi, à quelques minutes près. Oh, pas dans une clinique à l’air aseptisé comme toi, mais dans un bordel aussi sale qu’une porcherie et qu’on appelle ici clinique, un souk où tu n’auras sûrement jamais, même dans le plus hideux des cauchemars qui traverseront tes sommeils dorés, le malheur de mettre pied. Mais bah, c’est là où moi je viens de naître, au même moment que toi. Mais je dois te dire que je ne me plains pas, c’était pas gagné. Je ne pouvais pas avoir mieux, des bébés de mon genre, ça naît généralement à la maison, dans des langes infectés de microbes, remplis de cafards, de poux, de punaises et autres sales bestioles spécifiques à nous les pauvres, sous la vacillante lumière d’une lampe tempête, sous les incantations d’une vieille sorcière les dents rougies de noix de cola, et qu’on appelle accoucheuse traditionnelle. C’est là, dans ce paradis de microbes et de maladies, que j’aurais dû naître, comme tous les pauvres d’ici qui se respectent, si le bassin de ma mère n’avait pas eu la mauvaise idée d’être trop étroite pour ma trop grosse tête, ce qui a compliqué mon accouchement à la maison. Voilà pourquoi je me suis retrouvé, par miracle, né dans ce truc qu’on appelle ici clinique, d’où je t’écris. 

Cher Georges, ou John, ou Michael, ou Jonathan, ou Joe, ou Jacob, ou même Oussama, il paraît que tu es le fils, le premier fils d’un duc et d’une duchesse, que ton père est très beau et très instruit, que ta mère est très belle et très instruite, que les deux sont très riches, qu’ils se sont rencontrés à l’université, que tes grands-parents sont des rois, très riches, très jolis, très puissants, très célèbres, que toi-même tu es un prince, l’un des bébés les plus attendus, les plus célèbres au monde. Soit. Moi, ma mère est une bonne, c’est-à-dire une de ces sales filles abandonnées des villages qui viennent en ville servir des bourgeois locaux hautains. Mon père, je ne le connaîtrai jamais. Personne n’avait voulu m’accepter quand j’étais encore un fœtus. Le gardien avait dit que ce n’était pas lui qui m’avait fait, le cuisinier avait dit que ce n’était pas lui qui m’avait fait, le coursier avait dit que ce n’était pas lui qui m’avait fait, le blanchisseur avait dit que ce n’était pas lui qui m’avait fait, le meunier chez qui ma mère partait moudre le mil avait dit que ce n’était pas lui qui m’avait fait… tout ce beau monde chez qui ma mère partait se faire culbuter chaque nuit, le feu toujours au cul comme tous les pauvres, avait dit que ce n’était pas lui qui m’avait fait, et finalement ma mère même ne sait plus qui m’avait fait, puisque tout le monde faisait, tout le monde la montait.

Tu vois, donc, mon cher Georges, ou John, ou Michael, ou Jonathan, ou Joe, ou Jacob, ou même Oussama, que contrairement à toi qui auras un père et une mère qui s’occuperont de toi toute leur vie avec la même précaution que prend un sexagénaire pour s’occuper de sa libido déclinante, moi je n’aurai ni père ni mère, comme ma mère, si Dieu l’aide à sortir de la salle de réanimation où elle se trouve actuellement, ne passera pas plus de six mois à s’occuper de moi, avant d’aller encore se faire labourer et relabourer à satiété chaque nuit par le gardien, le blanchisseur, le coursier, le cuisinier, le meunier, et tous les petits drogués allumés de son quartier, le temps d’attraper une nouvelle grossesse et faire, après neuf mois, mon petit frère ou ma petite sœur, sans père comme moi. C’est ça le cycle de vie des bonnes ici. Je serai donc, dès trois ans, si j’arrive à ne pas mourir de tuberculose, ou de paludisme, ou de rachitisme, ou de kwashiorkor avant, je serai donc obligé de me nourrir moi-même à partir de trois ans, en jouant au talibé, un de ces enfants rachitiques aussi sales que les sandales d’un commerçant ambulant nigérien, tendant une boîte de tomate pour recueillir l’aumône au jour le jour. Fasse Dieu que je tombe sur un bon marabout, un maître gentil qui ne me prendra pas toutes mes recettes en fin de journée. Et tout mon rêve sera de devenir footballeur ou chanteur de rap, puisqu’il paraît que c’est les seuls domaines où les enfants nés misérables comme moi peuvent réussir ici. Un futur chemin de croix, ma vie.

Voilà donc, mon cher Georges, ou John, ou Michael, ou Jonathan, ou Joe, ou Jacob, ou même Oussama, pourquoi je t’écris cette lettre, parce qu’au même moment où, avec cette mine insolente et peinarde-là qui vous caractérise vous les riches, tu es là, dans ton berceau en or, en train de savourer toutes ces louanges que te chantent des journalistes désœuvrés et des chroniqueurs de ci et de ça aussi oisifs que la brosse à dents d’une octogénaire édentée, au même moment où ce monde superflu et abruti jusqu’à la moelle épinière est en train de te déifier, moi je pense à ma future vie de misérable, d’enfant d’une bonniche nymphomane, d’enfant sans père, de futur talibé, ou même de futur enfant-soldat, puisqu’il paraît que ce pays-ci où je viens de naître est en guerre. Quand tu seras, toi, futur chômeur de luxe, en train de t’ennuyer de paresse et d’oisiveté dans ton beau palais, sous les éloges de tes multiples courtisanes, attendant la mort de ton grand-père et de ton père pour monter sur votre trône, moi je serai en train de tuer, avec d’autres enfants-soldats, nés misérables comme moi, de pauvres femmes et enfants innocents, en attendant d’être tué moi-même un jour.

Mon cher Georges, ou John, ou Michael, ou Jonathan, ou Joe, ou Jacob, ou même Oussama, voici plus d’une heure qu’on m’a jeté comme un chiffon souillé dans les langes tâchés du sang de ma mère, plus d’une heure que je pleure, sans qu’aucune des infirmières ne m’accorde la moindre attention. Plus d’une heure que ma mère est oubliée souffrante, presque évanouie, dans la salle de réanimation à côté. Personne ne veut s’occuper d’elle, parce que depuis hier qu’on l’a amenée ici, il n’y a personne pour assumer les dépenses qu’on a faites sur elle, et la clinique, du moins ce qu’on appelle ainsi, ne veut plus la soigner sans d’abord avoir été payée. Pour le moment, tout le personnel est concentré sur l’écran de la télévision dans la salle d’attente, suivant l’événement du jour. Le petit prince, celui-là qu’on attendait depuis des jours maintenant, est né. Vive William, vive Kate la magnifique, vive le bébé céleste !

Voilà donc, mon cher Georges, ou John, ou Michael, ou Jonathan, ou Joe, ou Jacob, ou même Oussama, comment, à peine né là-bas, tu es en train de me piétiner ici, moi futur misérable, qui ne cherche pour le moment qu’à survivre. Le problème avec vous les riches et puissants, c’est que vous ne comprenez pas qu’il peut y avoir des gens qui s’en foutent de comment vous pétez. Et tu sais comment, en digne futur pauvre, fidèle à cette langue de pute qui nous caractérise nous, puisque nous ne sommes pas éduqués, tu sais, mon cher petit prince, comment je te souhaite la bienvenue, sans rancune, sans haine, hein : « Dégage, petit riche, tu ne peux pas connaître ma vie, je ne veux pas connaître la tienne, je t’emmerde ! »


Comment je l’ai assassinée durant le ramadan

 

Fille africaine (Crédit image: www.linternaute.com)
Fille africaine (Crédit image: www.linternaute.com)

Hum ! Dzakpata bé deviwo mou nya kou o … Les enfants ne connaissent vraiment pas le visage de la mort, sagesse d’une vipère de chez moi.

Je m’étais retrouvé hier dans un restaurant aussi cher que superflu de Bamako, un de mes lecteurs maliens vivant à Paris, un de ces Maliens qui m’avaient découvert sur Internet l’année passée, quand je jouais au charcutier avec le capitaine Sanogo – qui jouait lui-même au ping-pong avec le Mali – le découpant comme des boyaux de bœuf par mes blogs et des sites internet maliens interposés. De passage à Bamako pour quelques jours, il m’invitait à prendre un verre avec lui et sa copine française. Disons que je m’étais dit que c’était plus pour me montrer sa copine blanche, histoire de me dire « Hé, le mec, moi j’ai pas une plume qui cartonne comme la tienne, mais j’ai une meuf blanche, pas même vieille comme celles de la plupart de nos frères, mais jeune, tu vois, hein, une blanche jeune, tu vois là ! »

Nous avions à peine commencé à discuter des prochaines élections présidentielles françaises, euh maliennes, bon disons franco-maliennes, puisque c’est la France qui les organise ici, quand mon téléphone portable sonna. Safiatou D. Le louche. Chaque fois que cette fille m’appelle, cette ancienne étudiante à moi dont je n’ai jamais réussi à trouver le mot juste pour décrire la relation qui m’a lié et continue de me lier à elle, ex-étudiante, ex-amie ou amie, ex-copine ou copine… chaque fois que Safiatou m’appelle, donc, je sais qu’elle a une affaire louche à me proposer.

Je décidai de ne pas lui répondre, mais mon téléphone, que je ne pouvais pas éteindre pour ne pas rater un appel important que j’attendais, avait commencé à déranger mes hôtes. « Allo, Safiatou, écoute, je suis en train de prendre un verre avec des amis au Paradise, je te rappelle après… »

Hou là là, ça c’est un miracle, Dévé, tu as dit la vérité au moins une fois dans ta vie, tu es vraiment ici avec des amis et pas avec une de tes étudiantes pucelles villageoises-là qui te prennent pour Casanova, bah, écoute, j’étais dans les parages quand je t’appelais et je me suis dit pourquoi ne pas venir vérifier si t’es vraiment au Paradise, et je vois que vous êtes comblés, là, votre table me fait saliver, hein, je me joins à vous, bonjour l’ami, ah, vous avez un accent parisien là, vous revenez de chez les Toubabs, hein, bonjour la Blanche, qu’elle est mignonne, mon Dieu, une blanche mignonne avec un jeune Malien, quel miracle, hi hi hi, celles que nos frères s’en vont nous ramener ici sont tellement vieilles et décrépies qu’ont dirait qu’ils sont partis les ramasser dans des tombes, aie, aie, mes hanches, ce ramadan et son jeûne-là vont me tuer kouééé…

Elle s’assit, sans qu’on l’eût autorisée, prit le menu, fit signe au serveur et commanda un whisky au coca comme apéritif, du riz avec du rognon de bœuf, un milk-shake, une limonade… Mes hôtes la regardaient et me regardaient, étonnés.

Mais, Sa… Safiatou, je, je suis avec des amis et tu… tu viens, euh, dis-moi, pourquoi tu es venue alors que je t’ai dit que j’allais te rappeler, et, euh… je… je…

La copine de mon hôte, voyant les tonnes de honte ayant déformé ma mine, me demanda de la laisser, que c’était bien qu’elle se joigne à nous, qu’on formait maintenant deux couples et que la discussion serait plus intéressante, plus équilibrée, alors que Safiatou, insensible à mon pétrin, discutait déjà avec le parisien, lui tapotant ses les épaules et les cuisses comme si elle le connaissait avant, racontant des méchancetés sur sa copine blanche en bambara.

Trois quart d’heure après, nous discutions toujours des difficultés autour de l’élection du 28 prochain, Safiatou le nez dans son plat qu’elle dévorait avec avidité, entrecoupant, la bouche pleine, nos arguments par ses conneries habituelles, quand deux jeunes hommes, musclés, les yeux cachés derrière des lunettes noires, s’arrêtèrent à notre table, juste face à Safiatou qui ne les voyait pas, concentrée sur son plat de riz.

Monsieur, vous, vous cherchez quelqu’un, hein, ai-je balbutié, croyant qu’ils s’étaient trompé de table.

Ma voix fit sursauter Safiatou qui, à la vue des deux hommes, prit une mine déroutée. Mes deux hôtes étaient perdus d’étonnement et sûrement de peur. Allait-on se faire braquer en plein public ? Il y avait une Blanche parmi nous, et ça attire maintenant des ennuis ici, une Blanche. Nous sommes sous le nez d’Al-Qaïda au Maghreb islamique !

Messieurs, je, euh, vous cherchez quelqu’un, hein, parce que là ça fait deux minutes que vous êtes là à nous épier et…

Nous la cherchons, elle, fit l’un d’eux en désignant Safiatou qui avait maintenant la mine d’un talibé malien affamé, elle doit des choses à notre boss et…

Je… je… dois quoi à votre boss, hein, moi, euh, vous, alors… écoute, David, je…

Le louche, le louche, mon Dieu, cette fille ! Je demandai, par prudence, à mon lecteur de s’en aller avec sa copine, j’allais régler l’addition et je les rappellerais après pour une autre rencontre, ils…

Que personne ne se lève, cette fille doit des choses à notre patron, et on l’a trouvée avec vous, cela signifie que vous êtes ses complices et…

Mais, écoutez, les gars, vous ne pouvez pas comme ça débarquer ici et commencer à nous intimer l’ordre de…

Vlan ! Mon lecteur n’eut pas le temps de terminer sa phrase, une gifle d’un des deux lascars l’atteignit en pleine bouille. Débandade. Tout alla très vite. Mon lecteur et sa copine, grâce aux services de sécurité, arrivèrent à se dérober. Moi j’étais immobilisé à ma place par un des lascars qui me prenait maintenant pour garantie, alors que l’autre distribuait des gifles sur tout le visage de Safiatou, sous les cris d’horreur des autres clients du restaurant. Les deux agents de sécurité arrivèrent à libérer Safiatou, et chasser les deux loubards du restaurant après un dizaine de minutes. «Tu paieras jusqu’au dernier fil de ton slip » lança un des lascars à Safiatou en sortant.

David, tu viens de dépasser les limites de ta méchanceté, c’est horrible, ce que tu viens de faire, tu étais assis là à voir ces bandits drogués me maltraiter, et tu n’as pas eu le courage d’intervenir, de me protéger, je suis une femme, tu as bafoué mon honneur et…

Je sursautai quand elle prononça le mot « honneur ». Elle était là, assise à côté de moi, le visage boursoufflé par les gifles, les yeux en larmes… C’est en la regardant que j’eus pitié d’elle. Elle avait raison, je venais de bafouer son honneur, et je devais le lui rendre, son honneur. Et pour une fille ayant juré de passer toute sa vie dans le déshonneur et l’indignité, la manière de lui rendre son honneur est simple. Je sortis mon téléphone portable et envoyai ce message à un ami juge : « Dis-moi, Ousmane, je risque combien d’années de prison au Mali en assassinant dans un bar une fille de 23 ans pendant le mois de ramadan ? »

 


Les célibats du général Koyaga et autres losers

Militaires, Losers N° 1 (Crédit image: www.defense.gouv.fr)
Militaires, Losers N° 1 (Crédit image: www.defense.gouv.fr)

Le Top 5 des métiers qui font fuir  les Africaines

Il y a quelques jours, en faisant un tour sur les pages Facebook de mes amies – oui, ça m’arrive, je suis tombé sur un article qui recense les cinq premiers métiers qui font craquer les femmes. Hein ! En célibataire qui se respecte, mon sang n’a fait qu’un seizième de tour. Sait-on jamais, hein ? Il faut séduire, séduire et séduire, la femme idéale est quelque part dans le lot !

L’article a classé les cinq métiers qui font le plus fantasmer les femmes, et on y retrouve des métiers comme le journalisme, la cuisine, la chirurgie… Le classement m’a donné une idée, et j’ai fait mon propre classement, mais à l’envers, c’est-à-dire les cinq métiers qui actuellement dégoûtent le plus nos filles africaines. Je me suis basé, à travers une enquête d’une semaine, sur un échantillon formé de Maliennes, de Togolaises, de Sénégalaises, de Tchadiennes, de Gabonaises, de Congolaises, de Camerounaises… Il y en avait de toutes les catégories sociales et de toutes les moralités : des étudiantes, des commerçantes, des professionnelles, des femmes au foyer, des chômeuses, des domestiques, des chasseuses de grotos, des infidèles-de-nature, des viens-faire-vite-et-donne-moi-mille-francs, des j’ai-fait-un-enfant-mais-tu-vois-que-je-suis-toujours-sexy-hein…

Bref, suite à mon enquête sur cet échantillon de filles aussi hétéroclite que les femmes d’un commerçant malien – la première a soixante-dix ans et la quatrième treize ans, je suis arrivé au hit-parade ci-après des cinq jobs qui actuellement font le plus fuir les jeunes filles africaines.

1- Le Militaire

 « L’uniforme attire », a-t-on l’habitude d’entendre dire. Mais attire quoi donc ? En Afrique, si on demande de compléter cette phrase, la majorité la complètera avec « la haine des civils ». L’adage devient donc en Afrique « L’uniforme attire la haine des civils ». Soit. Nos militaires, à force de vouloir défendre des régimes vomis par les peuples, à force de répressions et barbaries commises sur de pauvres populations sans défense, ont fini par s’attirer une profonde haine des civils. Etre militaire ici signifie désormais être barbare, violent, sans cœur… avec les civils. Et quand, par un hasard, éclate une presque-guerre et qu’on les envoie faire leur travail, combattre… Heum ! Bonjour la fuite devant l’ennemi. Heureusement qu’il y a les militaires français pour nous aider à protéger nos pays. « Femme va faire quoi avec homme en treillis qui ne sait que frapper et tuer, hein », m’a dit avec dédain une Ivoirienne.

2- L’Enseignant

On dit que c’est un métier noble, l’enseignement. Un de ces slogans creux que les losers s’inventent pour se donner du tonus, des slogans du genre « l’ Afrique est le berceau de l’humanité ». Oui, mais qui veut aujourd’hui se coucher dans ce berceau, hein ! L’enseignement, un métier noble ! Oui. Mais nos filles en ont leur propre idée. Dans l’enseignant, ce qu’elles voient, c’est un hère qui vieillira avant l’âge, les yeux abîmés de myopie, de presbytie, de glaucome… à force de flâner dans les encyclopédies et tomes, endetté jusqu’à la rétine, parce qu’il a bénéficié, après vingt ans de services, d’un prêt de trois cent mille francs Cfa pour acheter une moto chinoise, un prêt qu’il ne remboursera pas avant sa mort prématurée. Enseignants, voilà pourquoi quand vous vous présentez aux filles, elles sourient, par respect, vous disent que vous exercez le métier le plus noble… et… et… tout pour vous faire plaisir, mais quand vous les rappelez le jour suivant, elles éteignent leur téléphone. Ce n’est pas parce que vous ne leur avez pas plu, c’est parce que vous êtes enseignant.

3- L’homme d’affaires

Le terme est dangereux, et il le devient plus quand il est en anglais « business man ». En Afrique, ce terme est devenu un fourre-tout qui englobe le vol, l’escroquerie, le faux et usage de faux, les détournements de fonds, le trafic d’organes humains… tous ces chefs d’accusation affichés devant les procès pénaux dans les tribunaux. Les grands « business men » dans nos pays sont les anglophones, Nigérians et Ghanéens, mais aussi des francophones émancipés, les Congolais, les Ivoiriens, les Camerounais… « L’homme d’affaires, c’est un criminel ou un voleur qui n’est pas encore en prison », m’a défini une Malienne. Et nos filles, qui aiment toutes les destinations de vacances sauf la prison et les commissariats, préférèrent limiter leurs relations avec ces sombres dealers à de furtifs rendez-vous dans des chambres de passe. Pas plus.

4- Le Conducteur de taxi ou de taxi-moto

C’est un martyr. Toute la journée, il supporte les injures et caprices de ses clients qui ne le considèrent pas plus qu’un gueux, et les multiples humiliations de son engin chinois qui tombe en panne en pleine circulation à chaque deux kilomètres sans crier gare, exposant son conducteur aux colères des autres usagers.  Gavé d’injures, énervé, humilié, révolté, et surtout fatigué, le conducteur de taxi ou de taxi-moto revient à la maison le soir pour s’écrouler dans son lit comme un cadavre. Et celui qui a passé toute la journée à démarrer son engin chinois n’arrive pas à démarrer soi-même au lit – malgré la grande quantité de « nyagan po ball », ce terrible comprimé dopant des ghanéens dont le nom signifie « la vieille femme qui joue au ballon » -, ses hanches étant réduites en pièces détachées par l’état désastreux de nos routes. Et comme les femmes acceptent tout sauf un tronc d’arbre à la place d’un mari au lit, eh bien…

5- Le Vieux clou (le Fauregnassingbé)

Bien sûr que c’est un métier, le vieux clou. Certains l’appellent, ce métier, le fauregnassingbé en référence à l’un des pratiquants les plus adroits du métier. Le métier du vieux clou consiste à être célibataire à un âge avancé, quarante ans et plus. Nos filles ne sont pas dupes, elles connaissent ce proverbe togolais qui stipule qu’une mère poule ne se retrouve pas au marché pour être vendue sans raison, soit elle ne couve pas bien ses œufs, soit elle ne prend pas soin de ses poussins. Etre célibataire à quarante ans en Afrique, avec les pressions de la famille, des amis, des amis de la famille, des familles des amis, des voisins, des collègues… être célibataire à cet âge avancé en Afrique, les filles savent que ce n’est pas gratuit. Soit on est un tireur en série, un collectionneur de vierges alignant sur son tableau de chasse ses milliers de conquêtes, incapable d’en choisir une, soit on est un zozo chiche qui ne veut pas partager ses pécules avec une femme, soit on est – et c’est là l’hypothèse la plus dangereuse, soit on est… euh, on est…hum, on est aie… on est comment maaaaaaaannnn ? On est éteint, froid, on ne s’allume pas héloooooooooooouuu !

Une amie congolaise m’a lancé la fois passée : « David, à presque trente ans t’es là à jouer à ton jeunot, ne pensant pas au mariage. Reste là, dans dix ans, tu verras que toutes les filles te fuiront. Elles déduiront que si tu es resté célibataire à quarante ans, c’est que tu es un coureur de femmes, ce que tu n’es pas, ou un pingre, ce que tu n’es pas, ou, pire, un impuissant en bas, là je sais pas, j’ai pas vérifié. »

Note: Le général Koyaga est le personnage principal du roman « En attendant le vote des bêtes sauvages  » de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma. Koyaga, qui ressemble étrangement à feu dictateur togolais Eyadema, n’était pas célibataire, lui. Au contraire!


Teuf-teuf dans le canapé de mon rival

Crédit image: desencyclopedie.wikia.com

… Ecoute, Dévé, le problème est que des types comme toi c’est le degré zéro de la modernité. Tu comprends, hein. Regarde-toi très bien, t’es une honte. Ta profession est moche. Tu te dis prof, alors qu’actuellement aucun jeune ne fait plus ça, c’est réservé aux vieux atteints de cancer qui doivent vite mourir pour éviter les souffrances. Tu écris des bouquins, et c’est là le comble du ridicule, même les Témoins de Jéhovah ne s’intéressent plus à ça, les bouquins, c’est pour des dépressifs et des fous qui peinent à trouver leur place dans la société. Même tes goûts musicaux sont archaïques, tu passes tout ton temps à me crever les tympans avec Don Williams et John Coltrane, des succès morts avant les années quatre-vingt-dix, je me demande même si tu n’écoutes pas Zaiko Langa Langa et OK Jazz. T’es ridicule, passé de mode, chiant, éhonté, nuisible… et quand on te propose des affaires juteuses et dignes d’un vrai jeune, t’es là à traumatiser les gens avec tes conseils à deux balles. Tu m’aides ou pas, hein, si tu veux pas je peux contacter d’autres personnes, il y a des milliers et des milliers de jeunes gens, de vrais jeunes je veux dire, qui sauteraient sur l’occasion.

Lire la suite


Eyadema Merci, Eyadema Merci, E…

J’ai envie, ce soir, de chanter des louanges à notre bien-aimé cher et regretté papa Eyadema, le père de notre bien-aimé cher et regretté Faure Gnassingbé… euh… non, il n’est pas encore regretté lui, le Faure, il vit pour le moment, même si j’ai rêvé cette nuit qu’il a été envoûté par un instituteur béninois dont il a arraché la femme, et sachant combien prémonitoires sont mes rêves, moi qui ai vu en rêve Barack Obama, la veille de son élection à la tête des Etats-Unis, en train de prendre un verre avec moi, honneur qui prédisait son accession à la maison blanche, moi qui ai, deux jours avant la qualification du Togo à la Coupe du Monde 2006, rêvé Zahia en train de me faire des câlins sur une plage, ce qui signifiait que mon pays allait affronter le pays de Ribery et de Benzema, sachant donc combien prémonitoires sont mes rêves, je crains qu’avec cet affreux rêve que j’ai fait sur Faure Gnassingbé… hum… mais touchons du bois, rien n’arrivera à notre cher prégo, parce que Faure Gnassingbé qui s’en va, eh bien, c’est ma carrière qui sera en jeu, les provocations dans mes billets devenant aussi rares que des mots français dans la bouche d’une étudiante malienne.

Lire la suite


Photo de famille au lit avec… Faure

Vanessa, ma nouvelle copine congolaise, Vanessa qui m’a séduit à la messe dimanche par sa voix de cygne qui s’apprête mourir, que j’ai draguée juste après la messe, Vanessa comme la célèbre actrice hollywoodienne Vanessa Hessler de la superproduction Astérix au Jeux olympiques, je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas encore avoué, peut-être à cause de ma timidité et ma modestie légendaires qui me poussent à la boucler sur mes plus grands exploits, mais il faut que je lâche le morceau, toutes mes récentes copines portent le même prénom qu’une célèbre actrice de Hollywood, la classe, il y a une semaine je sortais avec une Camerounaise qui s’appelle Angelina Nany – salut la Nanyette, Angelina comme Angelina Jolie, le jour suivant je sortais avec une Sénégalaise Marion Ndiaye, Marion comme Marion Cotillard, le jour suivant avec une Rwandaise qui s’appelait Kate Owourou, Kate comme Kate Winselt, le jour suivant avec une Gabonaise Jessica Mponda, Jessica comme Jessica Alba, le jour suivant avec une Béninoise qui s’appelait Chantal Adouahim, Chantal comme Chantal Biya… euh, elle n’est pas une actrice, elle, Chantal Biya, elle n’est qu’une première dame, rien que la femme de Paul Biya, même si à chaque sortie la Chantou nous la met plein la vue comme si elle était en train de signer des autographes à l’avant-première d’un film intitulé, par exemple, Paul Biya Must Die…

Lire la suite


Notre Vierge Marie Mère des… Miss

Miss Vierges

J’ai été hyper surpris ce soir, aussi surpris qu’Angelina Jolie qui entre dans sa chambre à coucher épuisée, s’effondre dans son lit, espérant tomber entre les bras velus de son adonis de Brad Pitt de mari, et qui se retrouve face-à-face avec le capitaine Sanogo en treillis, surpris donc, quand Nadia, ma nouvelle copine somalienne depuis trois semaines, Nadia dont je suis follement amoureux depuis que j’ai décidé de changer la peinture intérieure de mon appartement, et comme son père est le propriétaire d’une très grande quincaillerie au grand marché de Bamako, je peux avoir avec elle de la peinture gratos, la quincaillerie du père de ma copine est ma quincaillerie, très vieux proverbe africain, bref, j’ai été très surpris quand Nadia, me fixant pendant quelques minutes, alors que nous étions au salon en train de suivre un film hindou à l’intrigue aussi nulle que la dissertation française d’une étudiante malienne des années Amadou Toumani Touré, me murmura en souriant, Ecoute Dévé, c’est ridicule mais je dois avouer que des fois quand je te regarde tu ressembles à un gros puceau, malgré tes airs de macho, on te prendrait pour un jeune séminariste, eh bien, pourquoi tu ne participes pas à l’élection Miss Virginité de ton pays, hein, tu ressembles trop à un puceau.

Lire la suite


Ben Laden et ma gonzesse à l’église

Crédit image: https://attias.net

J’ai honte, hyper honte de n’être sorti qu’avec une seule Tchadienne en plus de vingt-six ans de carrière depuis mon dépucelage à deux ans et demi dans une chambre d’hôtel à Lomé avec la fille d’un ministre togolais de l’époque, la classe, une fille devenue entre-temps Miss Togo, parce qu’il faut dire que j’ai cette particularité d’être sorti avec un chapelet de filles devenues, quelques temps après que je les ai virées, des Miss et des maîtresses de chefs d’Etat, et c’est là mon seul point commun avec Eyadema notre pas si cher que ça et pas si regretté que ça ancien chef d’Etat, père de notre actuel pas si important que ça président Faure Gnassingbé, Eyadema qui me ressemblait sur le fait qu’il avait la particularité d’être sorti avec des filles qui sont actuellement devenues des maîtresses de son fils, et moi je suis sorti avec beaucoup de filles devenues après des Miss donc des maitresses de chefs d’Etat, avis donc à toutes les nymphos désirant devenir Miss et maîtresses de chefs d’Etat, mes frais de consultation vous sont offerts, service après-vente garanti, les filles, écrivez-moi vite, places limitées.

Euh… hein… ouais, je ne suis, donc, sorti qu’avec une seule Tchadienne, Jessica, Jessica une de ces filles-là qu’on surnomme ton pied mon pied, aussi collante qu’un riz thaïlandais préparé par une Togolaise, et parlant riz je profite pour faire la pub d’un riz made in Togo et qui porte le nom du nouveau parti politique de Faure Gnassingbé, Riz Unir, c’est à mourir de rire, disons que Faure surnommera bientôt le Togo par le prénom d’une de ses copines, République Ingrid, euh…

Lire la suite


Un démon dans le soutif du pasteur

Crédit Photo: Gaëtan Noussouglo (Togo)

Je n’avais finalement cru mon ami Rodrigue qu’une fois entré, ce matin de mars 2007, dans le Grand Temple Le Fouet de Jésus Va Fouetter. Décidément, le fouet et nos religions ! Si ce ne sont pas des criminels barbus cocaïnés qui l’utilisent pour violenter, blesser et tuer de pauvres innocents au nom d’Allah, c’est Jésus lui-même qui s’en sert pour fouetter je ne sais trop qui, peut-être Faure Gnassingbé, comme il mérite vraiment des coups de fouet, lui, Vlan vlan vlan, tu crois que le Togo est une propriété de ton vilain boiteux dictateur de père-là hein, Vlan, qui t’a dit que la compétence d’un chef d’Etat se mesure par le nombre de ses copines, hein, Vlan, tu vas enfin arrêter de laisser ta bouche entrebâillée comme un handicapé mental et enfin foutre la paix aux Togolais en quittant ce pouvoir que tu as volé, hein !

Je n’avais, donc, finalement cru mon ami Rodrigue qu’une fois entré dans le Grand Temple Le Fouet de Jésus Va Fouetter. Il était vraiment sur l’autel, Samuel, le pasteur Samuel, lisant le nom des fidèles qui avaient donné leur dîme, et mettant en garde les mécréants qui s’obstinaient à ne pas la donner, Eh bien, qu’est-ce que vous croyez, hein, tas d’hommes de peu de foi, vous êtes plus mauvais que les catholiques, plus voleurs que les protestants, plus dangereux que les animistes, plus criminels que ces assassins de musulmans, si vous ne donnez pas la dîme, mais alors, bande de juifs, bande de pharisiens, que voulez-vous, hein, que la maison de Dieu manque de provisions, hein, Dieu viendra chercher Son argent dans vos maisons si vous refusez de le payer, vos enfants et petits-enfants mourront comme ceux des Egyptiens sous Pharaon si vous refusez d’amener vos moissons dans la maison de Dieu, au nom de Jésus mourez mécréants, mourez, mourez… Aaaameeeen.

Lire la suite


Ouattara et les quarante porcs-épics

 Je suivais, le jeudi 26 juillet 2012, sur la chaîne de télévision France 24, dans le cadre de la visite du président ivoirien Alassane Ouattara en France, un débat portant sur la Côte d’Ivoire, notamment le processus de réconciliation prôné par l’économiste-président depuis sa prise du pouvoir en avril 2011. Le débat opposait un représentant d’Alassane Ouattara, du nom de Moussa Diallo, à un représentant de Laurent Gbagbo, l’ex-chef d’Etat ivoirien actuellement détenu à la Cour pénale internationale.

Ce qui était frappant dans les réactions des deux intervenants, c’était l’agressivité dont faisait montre le représentant d’Alassane Ouattara chaque fois qu’il s’agissait d’expliquer le paradoxe par lequel après des affrontements où deux camps protagonistes se sont affrontés, se sont tués, on ne retrouve, jusqu’ici, que des protagonistes d’un seul camp, celui de Laurent Gbagbo, emprisonnés. Celui qui se faisait le loisir, en bon Ivoirien, d’appeler le représentant de Laurent Gbagbo son frère, pour peut-être le distinguer parmi les autres invités blancs du plateau, avait manié menaces, mensonges et contradictions pour expliquer en quoi il est normal qu’un an et demi après les exactions commises par des partisans d’Alassane Ouattara sur des habitants de villages réputés proches de Laurent Gbagbo, notamment ceux de Douékoué, aucun de ces tueurs ne soit encore inquiété, alors que presque deux cents leaders et partisans du parti de Laurent Gbagbo sont actuellement en prison.

Lire la suite


J’irai chez Dieu crier Allahou Akbar

Crédit image: https://fr.artquid.com/

Ouf ! Cette fois-ci c’est la bonne. Al hamdou lillâhi ! Je suis morte, comme vous le voyez bien. Morte de mort. Notre bon vieux proverbe n’a donc pas tort, une marmite assisse sur un fourneau à trois têtes ne trébuche jamais. Trois tentatives, une réussite. Pas très brillant, mais pas mal. Le jour n’est pas aussi mauvais que ça. Cinquième jour du ramadan. Cinq, mon chiffre préféré, je ne sais trop pourquoi.

Quel exploit que d’implorer la mort ! J’en étais arrivée à envier tous ces Irakiens, tous ces Syriens, tous ces Nigérians, tous ces Afghans… que la mort part chercher chez eux, par milliers, quand ils s’y attendent le moins. Elle a, enfin, accepté de m’amener, la capricieuse mort, elle a, enfin, fini par avoir pitié de moi, inch Allah !

Je suis, donc, ce soir, comme vous me voyez allongée devant vous, morte. Morte d’une mort magistrale, ces morts-là qui ne passent pas inaperçues. Je vais, pendant des semaines, des mois, faire un tabac. Je vais ravir la vedette à tous les hommes politiques, les terroristes, les islamistes, les putschistes, et les militaires normaux de ce pays, comme la presse, la télévision, la radio ne vont parler que de moi, j’en suis sûre.

Lire la suite


Mes 3 fois 3 maîtresses du ramadan

J’ai décidé de fêter mes trois ans de carrière. Trois, un chiffre mythique dans ma vie. Je suis né en 83, j’ai cessé de niquer mes petites cousines derrière notre cuisine, et dragué pour la première fois une vraie nana – c’est-à-dire qui n’est pas ma cousine, à 3 ans – coucou, Miriam, je suis toujours célibataire, et toi, hein, écris-moi sur Facebook -, mon père, en mourant, avait laissé 3 veuves et 9 maîtresses, c’est-à-dire 3 fois 3 maîtresses, je laisserai en mourant, pour honorer sa mémoire, 9 veuves et 27 maîtresses, 3 fois 3 fois 3 maîtresses donc, chacune de ces femmes me fera 3 enfants, je trompe mes copines 3 fois au moins avant d’avoir la gentillesse de les plaquer pour la nouvelle, j’ai connu ma première déception amoureuse à neuf ans, 3 fois 3 ans, j’ai terminé mon premier roman en 3e, mon pays le Togo a accédé à son indépendance un 27 avril, 3 fois 3 fois 3, et son actuel président a 333 copines déclarées, le nom du capitaine Sanogo a trois syllabes, Sa-no-go – là, je m’en fous ! … Le chiffre 3, une énigme dans ma vie !

J’ai, donc, décidé de célébrer mes trois ans de carrière. Trois ans bientôt que j’ai sorti mon premier livre en France et créé mon premier blog, le 24 juillet 2009. Trois ans de carrière, quatre livres, deux prix littéraires, plus de deux cents billets de blog ! C’était pas gagné d’avance, et j’ai décidé de m’éclater avec des amis, et surtout certaines filles maliennes, des amies, des voisines, des étudiantes, des camarades de classe, des ex… celles-là qui, inconsciemment, m’ont inspiré des nouvelles et des billets de blog, mais qui ont tellement pour la plupart d’entre elles horreur de la lecture qu’elles ne m’ont jamais lu, et ne savent pas, les pauvres, toutes les paillardises que je dégueule sur elles à longueur de texte. Cette fête sera la leur, sans elles, mes textes seraient aussi pauvres qu’une poche du treillis du capitaine Sanogo avant le 22 mars 2012.

Lire la suite


Le féticheur et ses gonzesses au cyber

Souley est catégorique, il ira au Togo et même au Bénin, le saint des saints, dès la semaine prochaine consulter un féticheur, il doit impérativement envoûter Alimatou, cette jeune étudiante malienne de vingt-et-un ans qui depuis 2008 l’a sucé jusqu’à la moelle, sans jamais lui avoir ouvert les portes de son pays de Cocagne, avant de le plaquer, fini, la semaine passée. J’ai souri. Dire que je l’avais averti ! Ces petites étudiantes de Bamako sont des monstres, aussi redoutables qu’un dragon dans un film asiatique des années Bruce Li, que je lui avais conseillé en 2008, quand excité comme un ministre de l’Education togolais suivant une élection Miss Togo, il m’avait parlé de sa relation avec sa dulcinée. La boucle, le jaloux ! Je l’ai bouclée, moi le jaloux. Et, pendant quatre ans, il s’est fait escroquer par cette petite fille, avant de se faire jeter dans la rue la semaine passée comme un chien galeux, la dulcinée lui ayant signifié qu’elle n’était pas prête à mener la vie avec lui, elle avait un amant en Espagne qu’elle devait partir rejoindre. J’ai rigolé !

Lire la suite


Je suis si impur, et j’aime la tomate

Sur un vol de la compagnie Royal Air Maroc entre Casablanca et Bamako le 29 juin passé, j’ai eu un voisin bizarre. Bizarre par la spontanéité avec laquelle il a sauté sur moi, une fois que j’ai sorti le livre que je venais d’entamer à l’aéroport de Casablanca, Vie et Enseignement de Tierno Bokar de l’écrivain, historien et philosophe malien Amadou Hampaté Bâ. Avec un émerveillement indescriptible dans les yeux, il m’a demandé la librairie dans laquelle je m’étais procuré ce livre, cela faisait maintenant des années qu’il le cherchait sans avoir réussi à le trouver dans les librairies africaines, si je m’intéressais à cet écrivain, si je pouvais lui passer le livre dès que je l’aurais fini à Bamako.  Bizarre, cet enthousiasme pour un livre sous nos cieux.

Vivant dans un environnement où très peu s’intéressent à ma passion, la littérature, les rares rencontres avec ces hommes qui aiment les livres ont toujours été pour moi de forts moments de joie durant lesquels je partage sans parcimonie mes expériences sur tous les auteurs que j’ai lus et connus depuis mes premières années de lecture. Mon voisin, malgré son profil de gestionnaire, était un véritable mordu de la chose littéraire, surtout de la littérature négro-africaine dont il décortiquait avec précision les différents auteurs que nous avons durant notre discussion abordés, comme s’il était le spécialiste de chacun d’eux. D’Amadou Hampâté Bâ, l’instigateur de la discussion, nous avons tour à tour parlé d’Ahmadou Kourouma, de Sony Labou Tansi, d’Emmanuel Dongala, de Mongo Beti, De Fatou Diome, de Léonora Miano, du Togolais Sami Tchak, d’Alain Mabanckou… Il avait, m’a-t-il dit, depuis les cours primaires, rêvé d’étudier les lettres à l’université et devenir professeur et écrivain, mais n’avait pas pu réaliser ce rêve parce que son père, ingénieur, avait exigé qu’il étudie quelque chose de plus sérieux, de plus normal, de plus raisonnable, la littérature, ça fait trop aléatoire et ne nourrit surtout pas son homme, avait avancé son père. Nous avons ri aux éclats.

Lire la suite


Le vieux nègre qui tua Hampâté Bâ

Je suis le soixante-quatrième. Pas le soixante-quatrième enfant de ma mère, parce que ma mère, Mère Marthe, elle n’est pas une Nigérienne pour faire, elle seule, soixante-quatre enfants, voyons. Je suis le soixante-quatrième sur la file d’attente dans laquelle vous me voyez, beau comme le rêve d’un adolescent la nuit de sa première pollution nocturne, coincé entre une jeune fille qui doit sûrement être une Gabonaise parce que je sens, nom d’un érotomane à succès, depuis plus de trente minutes maintenant, qu’elle a envie de me draguer, et un bavard qui me fait des éloges du capitaine Sanogo et dont la bouche pue comme celle de Caroline, ma voisine de la classe de quatrième qui m’asphyxiait chaque matin et chaque soir avec ses putréfactions buccales, chaque fois qu’elle me demandait de lui passer ma règle, mon Bic rouge, ma gomme, mon ensemble géométrique… ah, la pauvre Caroline et sa bouche puante, Dieu merci elle sortait avec notre prof de maths et c’est pourquoi elle était toujours la meilleure en maths, et alors, hein… et…

… ah, ouais, je suis le soixante-quatrième. Soixante-trois personnes paieront leur facture d’électricité avant moi. Que faire hein, je suis obligé de payer moi-même, voici trois semaines que j’ai viré Hermione ma bonne française – je n’emploie que des bonnes françaises, la classe ! Hermione que j’ai virée parce qu’ayant attrapé une grossesse avec un rasta percussionniste du quartier, je ne le dirai jamais assez, les rastas sont trop féconds, et comme je supporte tout sauf une femme enceinte qui n’est pas mienne, je l’ai renvoyée en lui hurlant, Casse-toi, pauv’conne, l’Afrique, encore moins ma maison n’est pas prête à accueillir toute la misère de la France.

Lire la suite


Le potentiel érotique de ma Peuhle

Je fais, depuis trois semaines, des malheurs dans mon quartier avec ma Toyota Corolla de chez Ousmane, le plus grand spécialiste bamakois en retapage et vente à crédit et à bas prix de voitures et motos volées, Ousmane Auto que je conseille à tous les snobs sans le sous désirant des voitures volées à crédit et à bas prix à Bamako, paiement par mensualité.  Alors, le gars Ousmane, on dit quoi pour cette pub nickel pour ton garage, hein, je ne paie pas ce mois, ou bien? Toutes les petites nymphos du coin me faisant des signes de la main et des clins d’œil à chaque passage, il faut me voir roulant, les vitres baissées, avec Don Williams à fond, Who you love, it’s who loves you… ou DJ Arafat, notre yorobo international, l’imbécilité, la vulgarité et l’impolitesse concentrées dans une seule voix hurlant à travers les haut-parleurs, parce que les voitures volées de chez Ousmane ont même des haut-parleurs, et c’est là la particularité de ce mécanicien-vendeur-voleur : il vous vend à crédit des voitures volées avec tous les accessoires, c’est comme par exemple Faure Gnassingbé à qui les militaires togolais ont offert le Togo avec toutes les maîtresses de feu son père.

Faure Gnassingbé, non pas lui, euh… ouais… j’avais, donc, cru, en rentrant chez moi cet après-midi, que les deux filles qui attendaient sur ma véranda étaient de nouvelles abeilles attirées par le miel de ma Toyota volée avec haut-parleurs de chez Ousmane. Comme toujours avant d’aborder une fille, je cherchai à deviner leur nationalité. Elles étaient plutôt grandes et minces, ce n’étaient donc pas des Togolaises ou des Béninoises. Voilà vingt-huit ans que je vis ici-bas et les Togolaises et Béninoises que j’ai déjà vues mesurer plus d’un mètre et demi sont très rares, aussi rares que les douches d’un boutiquier malien. Mes visiteuses étaient habillées avec élégance, des couleurs très bien mariées, ce n’étaient donc pas des Maliennes qui savent tout faire sauf bien s’habiller, elles étaient apparemment très calmes, ce n’étaient donc pas des Ivoiriennes, parce qu’une Ivoirienne calme, c’est comme un policier burkinabè sobre à la fin de mois, ça n’existe pas.

Lire la suite


La Française qui nous offrait l’Afrique

Le site d’information www.abidjan.net publie le 09 juin 2012, suivant un communiqué transmis à l’Agence France Presse le même jour, une information relative à une commission rogatoire lancée contre l’écrivaine française d’origine camerounaise Calixthe Beyala. Elle est soupçonnée de recel de fonds volés ou détournés et blanchiment de capitaux durant la crise ivoirienne de 2010-2011, une somme de plus de 134 millions FCFA (205.000 euros) prélevée dans des banques ivoiriennes sur ordre d’une fille de l’ancienne première dame ivoirienne Simone Gbagbo, pour le règlement de prétendus droits d’auteur.

Une information à prendre avec des pincettes, quand on connaît le zèle dont fait preuve depuis son intronisation le président ivoirien Alassane Ouattara pour diaboliser et neutraliser tous les adeptes de son plus grand ennemi, Laurent Gbagbo l’ancien chef d’Etat ivoirien. Mais une information qui vient plus ou moins confirmer le doute qui a plané sur le farouche engagement de l’écrivaine dans sa défense sans faille de Laurent Gbagbo depuis les élections présidentielles en novembre 2010 jusqu’à l’arrestation de ce dernier le 10 avril 2011.

Lire la suite