Fotso Fonkam

05 octobre, journée mondiale des discours stériles (4)

En 2011, la célébration de la journée mondiale de l’enseignant n’a eu aucune retombée positive, aucun effet bénéfique ni pour la société, ni pour la communauté éducative, ni pour les filles et les femmes qui étaient directement interpellées. En 2012, pourrait-on espérer mieux ? Les enseignants et toute la communauté éducative vont-ils enfin se secouer les puces ? Voyons voir.

05 octobre 2012 – « Agissons pour les enseignant(e)s »

Les enseignants ayant montré qu’ils ne peuvent pas agir eux-mêmes (ils n’ont rien fait pour que l’égalité des genres soit plus effective dans leurs classes), il est maintenant question d’agir pour eux. Mais il faudrait savoir pourquoi agir, comment agir et quelles actions poser

Pourquoi agir pour les enseignants ?

Le métier d’enseignant n’est pas des plus aisés – aucun métier ne l’est. Cependant la particularité de l’enseignement, c’est que l’enseignant a besoin du concours de tous pour réussir dans son entreprise. Ainsi, il faut agir pour les enseignants, dans le simple but de lui permettre de mieux faire son travail, pour lui permettre de donner une éducation de qualité aux apprenants qu’il a la lourde tâche de former.

Comment agir pour les enseignants ?

La première action à poser pour les enseignants, c’est simplement envoyer nos enfants, frères, sœurs, cousins, neveux, nièces en âge de fréquenter dans les écoles. Ne laissez surtout pas les filles à la maison hein, on veut tout le monde en classe. Tout simplement. Car, sans les élèves, l’enseignant n’a pas de place dans la société.

Une fois nos enfants inscrits, assurons-nous qu’ils sont tous assis. Il est inadmissible que nos enfants n’aient nulle part où s’asseoir, car il est impossible d’apprendre si on n’est pas convenablement assis. Rassurons-nous donc que nos enfants ne sont pas assis à 6, 7 ou 8 sur un banc prévu pour 3. Si c’est le cas, nous devons agir ! Agir pour les enseignants qui viendront dispenser des cours dans ces classes et qui, au lieu d’enseigner, passeront le temps à essayer (rn vain) de mettre de l’ordre dans la classe.

Nos enfants sont-ils confortablement assis ? Si oui, assurons-nous qu’ils ont des enseignants qualifiés à leur disposition ; Si nous voulons un jour être fiers de nos rejetons, ils doivent être guidés par des enseignants capables de le faire. Donc, si ce n’est pas le cas, agissons. Permettons aux enseignants de faire leur travail. N’admettons pas que des individus à la formation douteuse – pour ceux qui en ont une – viennent faire leurs expériences en utilisant nos petits comme cobayes.

Si nous avons pu avoir des classes, des places et des enseignants pour nos enfants, mettons toutes les chances de réussite de leur coté. Agissons et mettons à leur disposition des manuels scolaires. Permettons aux enseignants de couvrir tous les aspects de la matière qu’il enseigne. Pour cela, achetons des livres à nos enfants.

Voilà donc comment nous pouvons agir pour les enseignant(e)s. Nous devons juste mettre nos enfants dans les conditions optimales leur permettant de recevoir la connaissance.

L'école sous l'arbre; Remarquez la deuxième classe à gauche - Crédit photo: mundri.anglican.org
L’école sous l’arbre; Remarquez la deuxième classe en haut, à gauche. Des raisons d’agir – Crédit photo: mundri.anglican.org

Qui doit agir pour les enseignants ?

Les parents doivent agir. C’est à eux, en tant que partenaires numéro un des enseignants, de faire le gros du boulot. C’est eux qui envoient les élèves à l’école. C’est également à eux, à travers l’APEE (Association des parents d’Elèves et Enseignants), de s’assurer que les enfants sont bien assis et ont suffisamment de bancs dans leurs classes. C’est encore à eux – décidément – de fournir des livres aux élèves (leurs enfants), pour permettre à ces derniers de suivre les cours et de faire les devoirs sans embarrasser leurs camarades. Ils peuvent également avoir un droit de regard sur la qualification de ceux qui enseignent leurs enfants.

En plus des parents, les chefs d’établissements (des enseignants aussi) doivent agir en s’assurant que leurs classes ne sont pas surchargées – pas de recrutement donc, même si le mois se termine par –bre. En outre, ils doivent veiller à ce que les enseignants ne manquent pas de supports pédagogiques (craie, livres etc).

Enfin, les inspecteurs régionaux doivent agir, en contrôlant  systématiquement ce qui est dispensé dans les salles de classe, la manière d’enseigner et même celui qui enseigne. Ils doivent également s’assurer que les établissements scolaires ne soient pas en pénurie d’enseignants.

Voilà brossé quelques actions qui pourraient être menées pour les enseignants. Il est vrai que certaines APEE s’assurent que les enfants étudient dans des conditions acceptables, cependant beaucoup reste encore à être fait, surtout au niveau du confort des apprenants dans la salle de classe ainsi qu’au niveau de la disponibilité des manuels scolaires.


Au Cameroun, les personnes âgées ne sont pas (toutes) à plaindre

Aujourd’hui, c’est la journée mondiale des personnes âgées. Si, au Cameroun, certaines personnes âgées sont négligées, abandonnées et délaissées, il n’en demeure pas moins que d’autres sont plutôt bien loin d’être à plaindre.

Commençons par le sommet. Si on commet l’indiscrétion de jeter un coup d’œil sur l’acte de naissance du premier camerounais, on constate que s’il n’est pas le premier vieux, il est parmi les plus vieux. Âgé aujourd’hui de 81 ans, le président Paul Biya est à la tête de l’État camerounais depuis 32 ans aujourd’hui, preuve, s’il en était encore besoin, que c’est avec l’âge qu’on se bonifie et qu’on se perfectionne (dans ce qu’on fait le mieux).

Un autre vieillard qui n’est pas du tout à plaindre, c’est bel et bien le président du Sénat camerounais, Marcel Niat Njifenji. Né en 1934, cet octogénaire encore bien vert arrive au Sénat après avoir dirigé l’ex Sonel (Société Nationale d’Electricité) ; il a également été aux affaires dans quelques ministères, a été député, maire etc.

Continuons avec un autre octogénaire qui a la particularité d’être fonctionnaire depuis 64 ans (je pensais que j’âge de la retraite était fixé à 60 ans). Cet Hercule du travail, infatigable, toujours frais et dispo, occupe actuellement le poste de DGSN (Délégué Général à la Sureté Nationale). Martin Mbarga Nguélé, puisqu’il faut le nommer, ne semble pas prêt à se reposer. Qui a dit que la vieillesse n’était pas un état d’âme ? En voici la preuve.

Conseil de ministres. Interdit aux moins de 65 ans - Crédit photo: cameroun-online.com
Conseil de ministres. Interdit aux moins de 65 ans – Crédit photo: cameroun-online.com

Le prochain sur ma liste a impressionné tout le monde en 2011, lors de la proclamation des résultats des élections présidentielles. On se rappelle l’avoir vu lire, d’une voix égale, les résultats avec les détails de 8 ou 9 heures du matin jusqu’à près 19 heures – j’étais allé me coucher, plus fatigué que lui – sans s’arrêter une seule seconde pour boire un verre d’eau (je ne suis pas sur hein, moi-même je me suis absenté plusieurs fois pendant la lecture). Ce camerounais qu’on aurait du mal à qualifier de vieux malgré le fait qu’il soit à un pas de la quatre-vingtaine, est à la tête de la Cour Suprême du Cameroun depuis 26 ans. Lui, c’est Alexis Dipanda Mouelle.

Terminons cette énumération avec un moins vieux, plein d’énergie, président de l’Assemblée nationale depuis 22 ans et qui a dernièrement fait montre de sa jeunesse – si certains en doutaient encore – en répondant vigoureusement à d’autres vieux qui avaient lancé un appel dit de la Lékié. Cet homme quelques 74 ans au compteur, originaire de l’Extrême-nord Cameroun, n’est nul autre que Cavaye Yéguié Djibril, né vers 1940 à Mada et député dès 1971.

Voilà donc cinq vieillards que personne ne peut plaindre. Il y a en a plusieurs, ici au Cameroun ; tous les citer prendrait plusieurs jours. À croire que c’est une malédiction d’être jeune dans notre pays. Bonne fête, les pépés. Et vivement que nous aussi soyons aussi vénérables que vous.


Le Cameroun, pays immergé bien avant 2035

Depuis quelques années, le gouvernement camerounais, n’a qu’un mot à la bouche : 2035. 2035, c’est l’année de tous les espoirs, l’année de toutes les réalisations, l’année de tous les accomplissements. Vous avez besoin de travail ? Patientez, en 2035, il y aura du boulot pour tous. Vous avez faim ? Supportez, bientôt on sera en 2035, les vivres seront distribués dans les marchés. Vous êtes malades ? Oooor, attendez 2035, je vous dis… en 2035, on va même fermer tous les hôpitaux, car les maladies auront disparu, les aveugles vont voir, les paralytiques marcheront. Je me demande parfois si ce n’est pas en 2035 là que Jésus ne reviendra… Une question subsiste cependant, au milieu de tant d’espoir : qui fera du Cameroun un pays émergent en 2035 ?

Peut-on espérer de l’équipe en place assez de lucidité pour nous mener à l’émergence en 2035 ? Accordons-leur le bénéfice du doute sur ce point. Mais ce qui ne laisse aucun doute, c’est qu’aucune de ces personnalités ne sera encore en vie à l’arrivée du messie, en 2035. En effet, notre gouvernement est constitué de personnes ayant pour la plupart dépassé les 60 ans. 2035 étant dans 20 ans, il n’est pas difficile de deviner que d’ici là, les dinosaures du régime actuel auront pour la plupart passé l’arme à gauche – si l’épervier les loupe. Logiquement, on s’attend à ce que la jeunesse prenne le relais. Mais qu’est-ce qui est donc fait, pour que la relève soit assurée ?

Pour être émergent, nous aurons besoin de têtes bien pleines ­– et bien faites, si possible. Donc, chez nous, on met tout en œuvre pour cela. Seulement, le niveau scolaire de nos enfants baisse de plus en plus. Les enfants écrivent de plus en plus mal, parlent encore pire qu’ils écrivent. Pas de panique, le ngomna – le fonctionnaire modèle – a la solution miracle. Au primaire, on a instauré la promotion collective : quel que soit le résultat d’un élève, il avance obligatoirement avec ses camarades de classe. Comme ça les parents seront contents. L’essentiel c’est le diplôme non ? Au secondaire, la solution c’est de délibérer les examens officiels à moins de 09 de moyenne. Quand les parents vont apprendre qu’on a fait plus de 55% de réussite, je pense qu’ils seront très contents. Après tout, c’est le diplôme qui compte.

Les jeunes que tous les pays rêvent d'avoir - Crédit photo: senego.com
Les jeunes que tous les pays rêvent d’avoir – Crédit photo: senego.com

Comme on peut s’en douter, les Camerounais n’ont pas de problèmes de travail ; au Cameroun, nous avons très peu de chômeurs – seulement 13%. Ne vous étonnez pas, nous savons très bien ce que nous faisons. Sachant que pour être considéré comme un chômeur il faut au préalable avoir une formation professionnelle, au Cameroun on s’assure qu’il n’y a pas assez d’écoles professionnelles. Bon, il y a quand même les écoles normales, les écoles polytechniques et quelques autres, mais bien nanti, celui qui parvient à y avoir une place. Donc, pour ne pas avoir un taux de chômage de 0% qui saperait notre crédibilité au niveau international, nous avons quand même laissé certains entrer dans les écoles de formation, sachant qu’ils n’auraient pas d’emploi à la fin de leur formation et qu’ils constitueraient les 13% de chômeurs dont nous avions besoin. C’est planifié, je vous dis. Notre marche vers 2035 est inexorable.

Si vous n’avez pas de boulot –  parce que n’ayant aucune formation professionnelle – ne vous plaignez pas ! Qui parmi nous n’aime pas se reposer ? Détendez-vous, il n’y a pas le feu… Mais je dis hein, vous ne voyez pas tous les bars-là ? Vous n’écoutez pas tous ces chanteurs obscènes ? Faites la fête, dansez, fumez… Il faut enjoy votre jeunesse. Les fossiles sont aux affaires, et ils ne sont pas prêts à vous céder la place. Le pouvoir est trop sucré. Quant à vous les jeunes, fer de lance de la nation, on n’a pas besoin de vous. D’ailleurs, à quoi pourriez-vous servir ? Vous êtes à peine capables d’écrire vos noms. Si vous êtes fatigués de ne rien faire au pays, allez à mbeng rester. Nous, on se prépare pour l’arrivée de 2035.

À mon avis, le but du régime n’est pas de faire du Cameroun un pays émergent en 2035. Non, ce n’est pas l’impression que les barons du régime donnent. Car comment un pays sans routes, sans hôpitaux, sans grandes écoles formant dans des domaines à mêmes de développer le pays, peut-il devenir émergent ? Je me le demande. La corruption et le favoritisme vont-ils nous aider dans ce sens ? Je ne pense pas. L’objectif visé par le régime en place, c’est de faire du Cameroun un pays immergé en 2035 ; Et je pense qu’on n’attendra pas jusqu’en 2035 pour cela ; il n’y a qu’à voir comment les bars et débits de boisson son pleins, quelle que soit la période du mois ou de l’année ; il n’y a qu’à faire un tour dans les ministères pour toucher la corruption du doigt ; il n’y a qu’à aller dans les écoles pour voir comment les élèves sont ignorants et irrespectueux ; il n’y a qu’à aller dans les hôpitaux et sur les routes voir les gens mourir. Promenez-vous au Cameroun, et vous conviendrez avec moi : avant 2035, nous seront effectivement immergés. La boisson, l’ignorance, la corruption, les détournements et bien d’autres tares auront fini de nous submerger. Car la jeunesse est délaissée, abandonnée à elle-même, sans repères, sans formation, sans espoir…


05 octobre, journée mondiale des discours stériles (3)

En 2010, l’occasion n’a pas été donnée aux enseignants de jouer leur rôle dans la reconstruction, qu’elle soit sociale, économique ou bien intellectuelle (eux-mêmes n’ont rien fait pour cela). En bon Camerounais, nous nous sommes contentés de noyer cet échec dans la bière, attendant impatiemment la prochaine célébration. L’année 2011 est donc arrivée. Comme d’habitude, les enseignants s’apprêtent à célébrer leur journée mondiale.

05 octobre 2011 – « Les enseignant(e)s pour l’égalité des genres »

Ce thème part d’un constat amer : la majorité des enfants non scolarisés et les deux tiers des adultes analphabètes sont de sexe féminin. Il est donc plus que temps de renverser la tendance, donnant enfin aux filles et aux femmes la chance de s’instruire et donc de se prendre en charge, sans forcément avoir besoin d’un homme qui les épaule. Quelles sont donc les mesures que les enseignants peuvent prendre pour favoriser l’égalité des genres ?

Sensibiliser parents et élèves (de futurs parents)

Des enseignantes prêtes pour le défilé - Crédit Photo: news.mboa.info
L’égalité des genres est effective dans le corps enseignant – Crédit Photo: news.mboa.info

Il convient tout d’abord de reconnaître que ce ne sont pas les enseignants qui inscrivent les enfants dans les écoles. C’est la responsabilité et le devoir des parents. C’est pour cela que pour avoir suffisamment de filles dans les écoles, il est nécessaire de convaincre les parents du bien-fondé de l’éducation pour leurs enfants. On pourrait, par exemple, prendre des exemples de femmes intellectuelles qui assument de hautes fonctions dans le pays, pour faire comprendre aux parents que leurs filles peuvent réussir grâce à l’école, et aux élèves elles-mêmes qu’elles doivent se mettre résolument au travail pour que leurs parents soient convaincus de leur potentiel. Si cette étape est un succès, alors on pourra dire que l’objectif est atteint.

Comme nous l’avons déjà fait remarquer, l’enseignant ne peut pas travailler seul. Par exemple, comment peuvent-ils rencontrer tous les parents de tous les élèves d’un établissement ? Une solution possible, c’est de passer par l’APEE (Association des Parents d’Élèves et Enseignants). Il serait en effet possible de passer par l’APEE ou bien par l’administration de l’établissement pour rassembler les parents en vue d’une éventuelle séance de sensibilisation.

Faciliter l’accès à l’éducation aux filles

Dans la plupart des cas, les parents qui n’envoient pas leurs filles à l’école le font parce qu’ils n’auraient pas suffisamment d’argent; Ils préfèrent donc miser sur les garçons, allant sur le principe que ces derniers devront plus tard s’occuper d’une famille, tandis que les femmes vont se marier, et donc seront sous la responsabilité d’un mari. Le ministère des enseignements secondaire en collaboration avec d’autres ministères comme le ministère des affaires sociales et le ministère de la femme et de la promotion de la famille, pourrait donc prendre des mesures dans ce sens, pour que, par exemple, les filles soient exemptées des frais de scolarité ou d’APEE dans certaines zones du pays. Si possible même, avec l’aide de certaines ONG humanitaires nationales et internationales, leur faire don de quelques fournitures.

Ce qui s’est passé

De plus en plus, on a l’impression que le thème de la journée, c’est juste pour orner les pancartes et les banderoles. Car sinon, comment se fait-il qu’un thème aussi sérieux que celui proposé en 2011 n’aie pas été mis en application ? C’est d’ailleurs sur ce genre d’occasion que le ministère de la femme et de la famille devrait sauter pour, s’étant joint à la communauté éducative, essayer de faire comprendre aux femmes que l’éducation ne devrait pas leur être interdite de façon à ce que si certaines ne sont plus en âge de retourner sur les bancs, qu’au moins leurs filles puissent être instruites.

Au lieu de ça, on a défilé, on a organisé des tables-rondes entre intellectuels, mais sans qu’aucune action concrète ne résulte de la concertation ; puis, comme chaque année, on a mangé et bu en s’appelant « grand prof » et en souhaitant que la prochaine fête arrive très vite.


05 octobre, journée mondiale des discours stériles (2)

En 2009, le thème de la journée mondiale de l’enseignant était « Pour bâtir l’avenir, investissons dans les enseignant(e)s maintenant. » Une tentative d’analyse nous a conduits à constater que rien de concret allant dans le sens de l’amélioration des conditions de travail de ces derniers n’a été fait jusqu’ici. Des investissements, s’il y en a eu, n’ont certainement pas été au profit des enseignants qui continuent de travailler dans des classes surpeuplées tout en manquant cruellement d’outils pédagogiques. Une année est passée, on a tout oublié. Nous sommes donc en 2010.

Le 5 octobre 2010 – « La reconstruction commence par les enseignant(e)s »

Plus utiles en classe que dans les défilés - Crédit photo : opinion-internationale.com
Plus utiles en classe que dans les défilés – Crédit photo : opinion-internationale.com

En 2010, on a pensé à redonner à l’enseignant la place qui est la sienne : un acteur incontournable dans la (re)construction sociale, économique et intellectuelle.

Le rôle de l’enseignant dans la (re)construction sociale

Une salle de classe est une réplique miniaturisée de la société dans laquelle évoluent les apprenants. Dans une société où la femme est reléguée au second plan, on verra facilement les garçons se comporter envers ces dernières comme s’ils avaient affaire à des êtres inférieurs. On a vu une fois, dans la zone septentrionale, un élève mépriser son enseignante au point de lui dire qu’il en avait deux à la maison comme elle, donc qu’elle ne pouvait rien lui enseigner. Dans ce cas, c’est à l’enseignant de remettre les choses en ordre, de faire comprendre aux apprenants quelle est la place de chacun dans la société – comme cela a été le cas avec l’élève polygame de tout à l’heure. L’enseignant est donc à même de changer, d’orienter ou de renforcer la vision que l’élève a de la société.

Le rôle de l’enseignant dans la (re)construction économique

L’économie, facteur indispensable au développement d’un pays, est l’un des éléments que l’enseignant peut contribuer à construire ou à reconstruire. Comment ? En développant l’intérêt des apprenants dans certains secteurs d’activités susceptibles de booster l’économie du pays. De nos jours au Cameroun,  certains secteurs tels que l’agriculture, l’élevage sont encore embryonnaires, tout simplement parce que les jeunes ne s’y intéressent pas beaucoup. Tout le monde au Cameroun veut être fonctionnaire, avoir le matricule pour être en sécurité. Entre-temps, on régresse dangereusement (aucune avancée en tout cas). Il est (également) de la responsabilité de l’enseignant de faire savoir aux élèves que pour se développer, on a besoin de développer tout les secteurs de notre économie.
L’enseignant pourrait également contribuer à la reconstruction économique en aidant les apprenants à découvrir leurs propres talents. A travers les activités post et périscolaires, plusieurs enfants laissent éclore leur génie artistique. Ils découvrent et développent leurs potentialités dans divers domaines de la vie, faisant d’eux de potentiels opérateurs économiques, plutôt que des fonctionnaires dans l’âme

Le rôle de l’enseignant dans la (re)construction intellectuelle

Le rôle premier de l’enseignant est sans doute celui de construire une base intellectuelle solide chez chacun des apprenants qu’il aura à encadrer. Il a pour rôle d’armer les jeunes compatriotes de savoir, de savoir-être et de savoir-faire, leur permettant plus tard de devenir des hommes réfléchis, perspicaces, ayant un sens de l’analyse poussé. Être intelligent ne se limite pas à conjuguer un verbe au plus-que-parfait du subjonctif, d’avoir zéro faute en dictées ou encore de résoudre équations et inéquations ! Ce serait limiter l’intelligence à trop peu de choses. Être intelligent, c’est pouvoir réutiliser les connaissances transmises et reçues même quand on se trouve hors de la salle de classe, surtout quand on se trouve hors de la classe.

Ce qui cloche

L’enseignant ne saurait travailler seul. Il est en réalité un soldat qui exécute à la lettre les prescriptions de la hiérarchie. Ceci signifie que c’est en amont que le gros du boulot devrait être fait, notamment au niveau des programmes officiels et des manuels au programme. Les programmes officiels devraient être de nature à encourager l’auto-emploi. Ils devraient être axés sur les problèmes cruciaux auxquels est confronté le pays. Ils devraient présenter un modèle social avantageux pour la nation. Les manuels scolaires, à leur tour, devraient être choisis avec soin, pour convenablement jouer leur rôle de support pédagogique, capables d’aider les apprenants et les enseignants.

On constate malheureusement que sur le terrain c’est autre chose. Ici, « on fait l’école pour le diplôme ». Le choix des manuels scolaire au programme ne semble motivé par aucune raison éducative (sinon, pourquoi y a-t-il jusqu’à quatre mauvais livres au choix dans la liste des livres d’anglais ?) Pourquoi n’y a-t-il pas assez d’œuvres littéraires décrivant les réalités du terroir au programme ? Pourquoi sommes-nous surchargés de matières totalement inutiles ? C’est autant de questions dont les réponses montrent à suffisance qu’il y a encore beaucoup à faire pour que l’enseignant puisse commencer la reconstruction.

En attendant que tout cela soit fait (par qui?), le 5 octobre 2010, nous avons défilé, mangé, dansé, et bu jusqu’au petit matin.


Silence ! Je regarde « ma » série…

Il fut une époque – non encore révolue – où, à partir d’une certaine heure, la vie s’arrêtait dans toutes les villes de notre pays (du moins, dans les endroits qui étaient alimentés en électricité). Grands et petits, femmes, enfants et parfois hommes, tous étaient scotchés devant leur petit écran, captivés par ces feuilletons originaires pour la plupart des pays latino-américains. Au Cameroun, on en a vu des centaines sur notre bonne vieille CRTV (Cameroon Radio and Television), du temps où elle avait encore le monopole : IsauraMarina, Terra Nostra, Marimar, Muñeca brava, etc.

Après la libéralisation de l’audiovisuel et l’avènement d’autres chaines de télévision telles que Canal 2, STV, Ariane TV et beaucoup d’autres, les choses ont pris une toute autre tournure : c’était à qui allait montrer la telenovela la plus captivante, glanant ainsi le plus de téléspectateurs, et par la même occasion les plus gros annonceurs de la place. On a donc assisté à une vraie bataille dont le champ de bataille était nos télévisions et les principales victimes, nos mères, nos femmes, nos sœurs et nos enfants. Et nos pères aussi !

La plupart des chaines de télévision diffusent deux ou trois novelas en même temps. Pour avoir un maximum de personnes devant le petit écran à l’heure de diffusion, les nouveaux épisodes passent à partir de 18h30 (les rediffusions, c’est entre 12h30 et 14h30), pour s’achever vers 21h30. Choix stratégique, n’est-ce pas ? Peut-être. Mais ce qui est sûr, c’est que les tranches horaires choisies par les télédiffuseurs ont eu – et continuent d’avoir – des conséquences désastreuses sur l’éducation des enfants.

Le nombre élevé de chaines de télévision aidant, on se retrouve facilement avec des feuilletons qui se suivent, c’est-à-dire que l’heure de fin d’un programme sur une chaine de télévision coïncide avec l’heure de début d’un autre sur une autre. Les soirées des enfants – et des femmes – se passent donc ainsi : de 18h30 à 21h30, ils n’ont d’yeux que pour le petit écran, allant d’une chaine à l’autre, s’abreuvant d’images pas toujours catholiques venues d’ailleurs.

Combien d’élèves n’ont pas révisé la veille d’un devoir parce qu’ils ne voulaient pas rater « leurs » séries ? Combien ont échoué, redoublé une classe ou bien se sont fait renvoyer d’un établissement scolaire simplement parce qu’ils n’ont pas su à quelle heure réviser leurs leçons ? Il serait difficile d’avoir le chiffre exact, mais il y en a beaucoup. Et c’est aussi à cause des parents qui, trop captivés par les mêmes programmes, n’ont pas su imposer un certaine discipline à leurs enfants, en leur fixant par exemple des heures pour la télévision et des heures pour étudier. Même ceux qui ont essayé de le faire ont échoué simplement parce qu’ils n’étaient pas là pour s’assurer que les enfants étudient effectivement.

Maintenant, il faudrait savoir, qu’est-ce que nos enfants gagnent à regarder ces feuilletons ? Pas grand-chose de positif, selon moi. Il n’y a qu’à voir les scénarii que nous proposent ces réalisateurs… Plats, monotones, parfois décousus et irréalistes, mais toujours très loin de véhiculer certaines des valeurs que chaque parent devrait essayer d’inculquer  à sa progéniture. C’est vrai, les méchants sont punis à la fin, ou au moins les bon finissent par se marier (il y a toujours une histoire de mariage dans ces feuilletons-là), mais il n’est pas rare d’entendre nos jeunes sœurs admirer la méchante (c’est toujours une femme très ravissante qui use de tous les moyens possibles pour arriver à ses fins). Après ça, doit-on s’étonner si nos enfants font de même, ou pire ?

Rubi, delicieuse manipulatrice - Crédit photo: passiontelenovelas.e-monsite.com
Rubi, delicieuse manipulatrice – Crédit photo: passiontelenovela s.e-monsite.com

L’ironie, dans ce phénomène, c’est que même les parents ne sont pas exemplaires. Combien de maris sont obligés d’attendre que leurs femmes et enfants finissent de regarder « leurs » séries (elles utilisent généralement le possessif pour parler de ces feuilletons) avant de pouvoir manger ? Combien de marmites se sont brûlées au feu, parce que la mère regardait la rediffusion d’un épisode de Marimar qu’elle a pourtant regardé la veille à 20h ? Combien de maisons n’ont plus, pour seul sujet de conversation, que des commentaires sur le dernier épisode du Clone ou bien sur le prochain épisode de La Fille du jardinier ? L’effet de ces telenovelas dans nos familles est clairement désastreux.

La telenovela est un poison lent qui attaque ce que nous avons de plus cher : l’éducation de nos enfants, le dialogue dans nos familles, l’harmonie dans nos couples. Avec le câble, le phénomène prend des proportions encore plus inquiétantes, ces feuilletons étant également diffusés sur les chaines des autres pays africains. Il n’est pas aisé, à l’allure où vont les choses, de trouver une solution définitive à ce problème, mais ceux qui sont plus à mêmes de freiner l’avancée de ces feuilletons, c’est les parents car eux seuls peuvent réellement filtrer le contenu de ce que leurs enfants regardent.


05 octobre, journée mondiale des discours stériles (1)

Quelqu’un m’a dit une fois, « Quand on accorde une journée à un groupe de personnes, ça signifie que ces gens-là ont des problèmes ». J’ai ri. Mais il n’avait pas tort. En y réfléchissant bien, on se rend compte que ce n’est pas faux. Tenez, les femmes ont des problèmes, elles ont le 08 mars – on en parlera très bientôt dans ce blog ; les enfants africains ont des problèmes, ils ont leur journée internationale le 16 juin ; les personnes âgées ont des problèmes, elles ont leur journée internationale le 1er octobre ; étant donné que les enseignant ont une journée à eux consacrée (le 05 octobre), il semble évident qu’eux aussi, on leurs problèmes.

En principe, la journée internationale c’est pour permettre à ces personnes concernées de réfléchir à des solutions pour régler leurs problèmes les plus urgents, d’où le thème qui est choisi pour chaque célébration annuelle. C’est le principe. Mais en réalité, qu’en est-il ? Parlant des enseignants, quelles stratégies mettent-ils en œuvre pour résoudre les problèmes les plus urgents formulés dans les thèmes qui guident la célébration de leur journée mondiale chaque année ? Je me suis donné pour objectif de rédiger une série de papiers sur le sujet, pour introduire la célébration de cette année. Chaque billet fera l’analyse d’une édition de cette fameuse journée telle que célébrée ici au Cameroun. Commençons en 2009, il y a 5 ans.

05 octobre 2009 – « Pour bâtir l’avenir, investissons dans les enseignant(e)s maintenant »

Le thème retenu pour l’année 2009 sonne comme une musique douce à l’oreille. Investir dans les enseignant(e)s… Quel noble objectif ! Quelle initiative louable ! Reste encore à savoir qui doit investir, et qu’est-ce qui doit être investi. Car en réalité, on n’a pas vu grand-chose en termes d’investissement.

Investir dans la confection des salles de classe

Au Cameroun, quelle que soit la ville dans laquelle vous vous trouvez, vous constaterez que les salles de classe des établissements publics sont surchargées. Dans ce contexte, il est difficile, voire impossible de dispenser un cours qui soit à un niveau pédagogique acceptable. Alors, quitte à investir dans l’enseignant, faisons le de façon à faire profiter tout le monde, car en mettant les apprenants dans des conditions de travail appropriées, on permet à l’enseignant de faire son travail avec plus d’application, plus de volonté, plus de professionnalisme, car il est clair qu’avec une classe moins bondée, le travail sera plus aisé et mieux fait.

Investir dans les bibliothèques scolaires

Dans la plupart des établissements secondaires du triangle national, il n’existe pas de bibliothèque scolaire. Et même ceux qui en ont souffrent d’un manque cruel de livres. Même les livres au programme, si on en trouve, sont en nombre insuffisant. Avec ça, les enseignants sont obligés soit d’utiliser un livre à plusieurs, soit d’utiliser les livres des apprenants pour faire leurs préparations. Par conséquent, certains enseignants n’ont pas assez de temps pour préparer leurs cours – n’oublions pas que pour une heure de cours, il faut environ une heure de préparation. D’ailleurs, certains collègues préparent le cours en l’enseignant, parce qu’ils n’ont pas pu avoir les documents pédagogiques à temps… Quelle sera la qualité des cours enseignés dans ces conditions ? Très médiocre, selon moi.

Investir dans les enseignants

Pour avoir des enseignants à même de former des apprenants de bonne qualité, il est indispensable que ceux-ci soient également bien formés autant sur le plan pédagogique que sur le plan méthodologique. De même, les enseignants déjà sur le terrain ont besoin de se recyclés régulièrement, pour s’arrimer aux dernières approches pédagogiques implémentées dans l’enseignement.

Des enseignants en plein défilé - Crédit photo: prodhafe.skyrock.com
Des enseignants en plein défilé – Crédit photo: prodhafe.skyrock.com

Après avoir hésité quelques secondes à inclure ce point, je pense qu’il est également important de le relever : les enseignants du secondaire estiment ne pas être payés à la hauteur du travail qu’ils abattent. À cet effet, plusieurs mouvements ont été engagés il y a de cela quelques années, notamment les grèves (qui n’ont pas toujours été respectées par tout le monde). Le gouvernement à toujours prêté une oreille distraite à ces réclamations que les syndicats d’enseignants jugent légitimes et fondées. S’il faut « investir dans les enseignant(e)s maintenant », voilà un aspect où de l’argent pourrait être investi. Et ce ne serait pas investir perte que d’investir dans les salaires des enseignants, car de nos jours, plusieurs enseignants du public délaissent leurs classes pour aller donner des cours de vacation dans les établissements privés. Une augmentation de salaires (pas les 5% du salaire de base qu’on a donnés la dernière fois là, hein) serait un début de piste pour endiguer ce phénomène qui, de plus en plus, a pignon-sur-rue ici.

Qui doit investir ?

Question très importante, selon moi. Qui doit investir ? Sans être un expert en fonctionnement des institutions étatiques, je dirai que le ministère des enseignements devrait, si ce n’est déjà fait, allouer un part de son budget dans certains des points cités supra. Et si c’est déjà fait, ils devraient s’assurer que cet argent est judicieusement utilisé. Une légende raconte ici qu’à Douala, il existe un établissement secondaire qui n’a pour seule matérialisation que sa pancarte posée en bordure de route. L’ironie c’est que chaque année, proviseurs, censeurs, surveillants généraux et enseignants y sont affectés.

Les établissements scolaires, à leur tour, devraient emboiter le pas au ministère qui, seul, ne peut pas construire toutes les classes et alimenter les bibliothèques. Avec l’aide l’APEE (Association des Parents d’Élèves et Enseignants), des mesures pourraient être prises pour, par exemple, doter l’établissement d’une bibliothèque, ou tout au moins approvisionner celle-ci en manuels et en ouvrages de référence. Après avoir traité ces deux points en priorité, le troisième aspect pourrait donc être examiné par le ministère ayant autorité en la matière.

Le ministère de l’enseignement supérieur, les écoles normales et les délégations régionales des enseignements secondaires devraient travailler main dans la main pour que les méthodes enseignées aux élèves-professeurs soient les plus adaptées au contexte éducatif camerounais. Ainsi, les inspecteurs pourront s’assurer qu’il n’y a pas décalage entre ce qui est enseigné dans les écoles normales et ce qui est implémenté sur le terrain.

Enfin, les enseignants doivent investir, en temps, pour exploiter à fond les outils pédagogiques mis à leur disposition pour donner aux élèves le meilleur enseignement qui soit, et contribuer ainsi à bâtir l’avenir – au lieu de défiler et faire la fête comme c’est le cas depuis la nuit des temps chez nous.


Les religions au Cameroun : laquelle faut-il adopter ?

Beaucoup de gens autour de moi sursautent d’étonnement chaque fois qu’ils m’entendent dire que la dernière fois que j’ai mis pied dans une église, je ne devais pas avoir plus de 8 ans – j’en ai 30 aujourd’hui. Et ça me vaut d’être traité de mécréant, d’athée, d’âme en perdition, et j’en passe. Et à chaque fois, je leur sers une réponse du genre, « je ne me sens pas concerné par ce qui se dit ou se fait à l’église. Ce sont des réalités étrangères à mon environnement. Que vais-je aller y faire ? »

D’où viennent-elles ?

Les religions les plus pratiquées au Cameroun sont le christianisme et l’islam. Deux religions qui, à ma connaissance, viennent d’ailleurs. C’est à croire qu’avant l’arrivée des blancs, les Africains ne connaissaient pas Dieu ! Pourtant dans toutes les langues africaines, il existe un terme pour désigner l’Être Suprême, preuve que nous le connaissons depuis longtemps. Et si nous le connaissions, il est évident que nous le louions également. Nous avions nos rituels, nos cérémonies pour le faire. Comment donc se fait-il qu’on nous demande de tout laisser tomber pour aller, si ce n’est louer un autre Dieu, tout au moins louer notre Dieu mais en utilisant d’autres rituels ?

Les « bonbons » pasteurs

Quand on observe l’église aujourd’hui, on se rend compte que les dirigeants (prêtes, pasteurs, prophètes etc.) ne sont pas des enfants de cœur. Adeptes du « fais ce que je dis, mais pas ce que je fais », ils sont de plus en plus au centre d’affaires d’adultère, de fornication, de détournements de femmes et de filles d’autrui. Dernièrement, on apprenait qu’un pasteur avait « arraché » la femme d’un retraité à Yagoua (Extrême-Nord Cameroun), au point de venir chercher les affaires de la dame avec un camion de déménagement ! Des cas de viols et même d’homosexualité ont également été relevés ça et là, montrant à quel point on peut faire confiance aux pasteurs et prêtres.

Fidèles chrétiens - Crédit photo: afriqueredaction.com
Fidèles chrétiens – Crédit photo: afriqueredaction.com

Un autre phénomène qui s’est lentement développé, mais propagé à une vitesse fulgurante au Cameroun, c’est le phénomène des églises réveillées. Ces établissements commerciaux poussent comme des champignons – vénéneux. A chaque coin de rue, vous en trouverez. Et le paradoxe, dans  ces églises réveillées, c’est que les fidèles semblent très pauvres, tandis que les pasteurs roulent carrosse. Si c’était une si bonne chose d’être démuni, pourquoi ces pasteurs habitent-ils dans des villas avec des femmes stylées (et plein de petites dehors), tandis que leur fidèles se privent de tout ? Et c’est dans ce genre d’église qu’on voudrait me voir aller ? Si c’est pour enrichir les autres, non merci !

Dérives, meurtres, etc. au nom de Dieu ? I

l y a un peu plus d’une semaine à Douala, un pasteur faisait accoucher une demoiselle pour ensuite aller enterrer vivant sont nourrisson, arguant que c’est l’enfant du diable. Quelques temps avant, c’était un autre qui empêchait que les enfants de ses fidèles soient vaccinés contre la poliomyélite sous prétexte que le produit qu’on s’apprêtait à leur faire ingurgiter était diabolique. Il a fallu l’intervention du sous-préfet et même des forces de maintien de l’ordre pour que ce dernier consente à laisser es enfants êtres vaccinés. Des dérives pareilles, on n’en compte plus, tellement elles sont nombreuses. Et ce qui inquiète c’est qu’elles sont faites au nom de Dieu. Pour des gens qui traitent les traditions africaines de barbares, je pense qu’on se serait attendu à mieux.

Partout autour de nous, la plupart des conflits ont une cause religieuse, ou bien sont causés par des religieux. Au Nigéria et au Cameroun (Boko Haram), en RCA (Seleca, Anti-Balaka), au Mali (le Mujao) et j’en passe, on se retrouvera à un moment où à un autre en train de voir chrétiens et musulmans s’affronter, ou alors en train de voir les musulmans affronter les autres.

Paradoxalement, ces religions s’accordent à dire que Dieu est amour, Dieu est miséricorde, Dieu est pardon ; je crois que j’ai besoin de plus de preuves d’amour, de tolérance et de pardon avant de pouvoir faire mon choix.

Ceux qui ne tuent pas au nom de Dieu

On ne le dira jamais assez, « l’exemple vaut mieux que la leçon ». Alors, je pense que s’il existe une religion au Cameroun dont la manifestation d’amour et de tolérance ne sont pas programmées certains jours de la semaine seulement, je suis preneur.

On a beau taxer les rituels africains en général de barbares, de primitifs etc., mais je n’ai jamais entendu qu’il y a eu une guerre entre deux villages ou bien eux ethnies au Cameroun, dans le but d’imposer ses croyances aux autres.

À bien y réfléchir, je l’ai peut-être trouvée, ma religion.


« Retourner aux sources », qu’est-ce que ça veut dire?

Au Cameroun, comme dans plusieurs autres pays africains, la tendance est au blanchiment de la peau, à l’utilisation de mèches, greffes et autres rajouts. Mais de plus en plus, on entend s’élever des voix appelant au retour aux sources, à l’abandon des cultures importées. Face aux différentes mises en applications de ce mot d’ordre, on a envie de se demander, « retourner aux sources, c’est faire quoi, exactement? »

Abandonner les cultures importées

Le but du retour aux sources prôné par certains, c’est sans doute l’abandon des cultures étrangères qui ont été importées en Afrique par les colons. Parmi ces cultures, la religion figure en bonne place. Que ce soit le christianisme ou bien l’islam, ces religions n’ont, semble-t-il, aucun lien avec l’Afrique car avant leur implantation chez nous, nous avions nos propres rituels pour louer Dieu. Et on en veut pour preuve le fait que le terme ‘Dieu’ a toujours existé dans nos langues africaines. Alors, pourquoi prendre aux autres ce que nous avons déjà chez nous? Pourquoi bafouer nos traditions, nos rites sur la base de jugements étrangers à notre environnement ?

Changer les mentalités

L’un des points les plus importants de ce retour aux source, c’est le changement des mentalités. Depuis la colonisation, les africains et plus précisément ceux d’Afrique noire, ont développé une sorte de complexe d’infériorité face aux autres races. Pour la plupart des noirs, le blanc est plus beau, plus intelligent, plus fort, plus riche… Et c’est facile à vérifier: dans une entreprise, à compétence égale, pour un même poste, le blanc recevra au moins le double de ce qu’on donne au noir. C’est pour cela que chez nous, nos sœurs s’adonnent au décapage et utilisent mèches, greffes et perruques, pour s’assimiler aux blancs. Beaucoup renient patronymes et langues nationales pour la même raison. Voilà ce que s’attèlent à combattre ceux qui appellent au retour aux sources.

S’ouvrir au monde

Changement de mentalités ne signifie nullement retour à la barbarie – déjà qu’il faudrait pouvoir définir ce mot dans le contexte socioculturel africain.

L’Afrique ne saurait évoluer en vase clos ; cependant, elle a besoin de s’affirmer en tant que nation, en tant que peuple, en tant que continent, auprès des autres nations afin que ceux-ci lui accorde l’importance qu’elle mérite, et la traitent d’égal à égal. Mais comment va-t-elle s’affirmer, si elle manque d’originalité ?  Comment s’imposer si elle se regarde avec les yeux des autres. Le voilà, le combat que mènent certains africains.

Abandonner les cultures importées ne signifie nullement les ignorer ou bien les combattre. Il s’agit simplement de les faire passer après nos propres valeurs au lieu de les adopter jetant les nôtres aux oubliettes, car sans notre culture, sans nos racines, nous ne sommes que des fantômes.


Dis-moi comment tu t’appelles, et je te dirai comment tu es

Au Cameroun, quand on demande à quelqu’un « Comment tu t’appelles ? », la plupart du temps, la personne donne son prénom. Pour ne pas révéler sa région d’origine, son ethnie. Seulement, la question qui suit parfois c’est « tu es même d’où ? » Certains, en effet, rechignent à identifier leurs ethnies ou bien leurs régions d’origine. Car, immédiatement, ça leur colle une étiquette. Oui, chez nous au Mboa, point besoin de te connaitre pour dresser ton portrait moral ; ton nom suffit largement.

S’il est difficile pour certains de décliner leur identité ethnique, c’est simplement parce qu’au Cameroun, on a des idées préconçues, nées de légende et croyances populaires – sinon, d’où pourraient-elles provenir ? – sur les caractéristiques innées de chaque ressortissant chacune de nos dix régions. Si, à la question de savoir quel est votre nom, vous répondez Fotso, Kouamen, Dountsop, on s’écrie immédiatement « Un bamiléké ! », puis, on vous sort, au choix, « vous les bamilékés-là, vous êtes trop sages (pour dire fourbes). » Ou bien, « vous avez trop l’argent. Farote-moi même non ? » Si vous vous appelez Ondoa, Mbarga, Atangana, vous entendrez, « Un béti ! C’est sûr que tu peux boire même deux casiers de bières toi seul. » Ou encore « Tu n’as pas vendu de terrain aujourd’hui pour qu’on aille boire ? » Avant de répondre Adjidja, Moctar ou bien Khalimat, sachez que vous serez appelé « wadjo », haoussa ou bien « maguida », et qu’on te traitera de mouton ou de bœuf dans les minutes qui suivront.

C’est ainsi. Selon votre ethnie, on vous serez traître, dépravé, escroc, brutal, paresseux etc. On vous condamne sans vous juger, on vous colle une étiqueté sans vous mettre à l’épreuve.

Il n’est pas rare que de pareils comportements se développent carrément en rejet ou bien en haine pour telle ou telle ethnie. De nos jours encore, on voit des cas où une mère dit à son fils, « Je t’interdis d’épouser la fille bulu-là. Elle va te tromper. Tu sais bien que ce sont des filles frivoles », ou bien « Nous ne voulons pas que tu épouses le gars bassa-là. Tu sais toi-même que les bassa sont sauvages, non ? S’il commence à te battre là, ne reviens pas pleurer ici ! » Dernièrement, c’est un bailleur qui avait écrit sur une pancarte : ‘MAISON A LOUER (SAUF POUR LES BAMOUN)’. On en arrive parfois à éviter de vivre dans certains coins du pays, si on n’en est pas originaire, car il ne fait aucun doute que la vie n’y sera pas du tout aisée.

Stop les préjugés - Crédit photo: unetoubabadakar.wordpress.com
Stop les préjugés – Crédit photo: unetoubabadakar .wordpress.com

Dieu merci, les mentalités évoluent. Les gens comprennent de plus en plus que c’est en se rapprochant des autres qu’on parvient à les cerner, et non en se basant sur leur région d’origine. Et ce rapprochement est tel que de nos jours, les mariages interethniques son légion au Cameroun, ce qui donne naissance à des enfants qui ne sont totalement ni d’une région, ni de l’autre. Dans ces cas-là, il devient plus difficile de les étiqueter, surtout si ceux qui veulent le faire sont eux aussi de parents de différentes ethnies.

Mais en plus de cela, les parents devraient veiller à ne pas inculquer à leurs enfants la haine ou le rejet de l’autre sur la seule base de son appartenance ethnique. En même temps, il serait judicieux d’éviter de faire certains commentaires en présence des enfants, qui ont tendance à retenir ce qu’ils ne devraient surtout pas, car en réalité, c’est cette diversité ethnique et culturelle qui fait la particularité, mais aussi la richesse du Cameroun.


Au Cameroun, on est blanc ou on est noir

Si vous venez au Cameroun, ne soyez pas étonnés d’entendre dire à quelqu’un : « Tu vis comme un Blanc, hein. Tu manges trois fois par jour ! » pour dire que la personne a une vie de rêve – ici, c’est parfois un repas par jour dans certaines familles. Ou alors « Toi, tu es un vrai Blanc. Tu ne discutes pas toi les prix des articles avant de les acheter, hein. » Je précise en passant qu’il ne s’agit pas de la couleur, mais bien de la race blanche. Pour certains d’entre nous, le blanc c’est la perfection, l’exemple à suivre, la destination à atteindre.

Apparence physique

Un phénomène qu’on observe depuis très longtemps dans notre triangle national, c’est que certaines femmes, du jour au lendemain, deviennent bizarrement très claires de teint – c’est surtout les femmes, mais les hommes s’y mettent également de temps en temps. Posez-leur la question, elles vous répondront qu’elles veulent aussi être belles (comme celles qui ont une peau claire). Donc, pour plusieurs de mes sœurs ici, la beauté c’est la couleur de la peau. On ne peut être belle que quand on a une peau dépigmentée. Ce critère aurait même une influence considérable sur le montant de la dot des femmes dans certaines régions du pays !

Dans un souci d’harmonie, d’homogénéité ou de cohérence, on verra ces dernières s’acheter et se faire coudre ou coller sur leur tignasse crépue, des mèches ou des greffes naturelles. C’est de véritables cheveux d’êtres vivants qu’on coupe et qu’on leur vend ! Chers messieurs, ne cherchez pas à en savoir les prix, vous en perdrez le sommeil. Ainsi, vous verrez une vraie Camerounaise plus blanche qu’une Européenne, et avec la chevelure frisée et abondante qui va avec le teint. Pour la complimenter, dites-lui seulement : « Ma copine, tu es une vraie blanche. » Et vous aurez tout dit.

Expression orale

Si vous voulez aborder une de ces femmes, aiguisez vos oreilles au préalable, sinon vous risquez de ne pas saisir tout ce qu’elle vous dira. Même un Français pur sang aurait du mal à la comprendre. Au Cameroun, nous avons un mot pour désigner cette façon de parler français en imitant les Français : on dira qu’elle whitise – vous avez remarqué qu’il y a encore et toujours ‘white’ (blanc), dans ce mot. Et ne vous avisez surtout pas de lui parler en langue nationale, elle vous enverra au diable. C’est normal, non ? Il faut être belle même dans la voix…

On raconte parfois ici l’histoire de cette Camerounaise qui voyageait pour la France. Dès son arrivée, quand elle appela ses parents pour leur dire qu’elle était bien arrivée, personne chez elle au Cameroun ne put comprendre ce qu’elle disait, tellement elle whitisait. Ses parents ont même d’abord cru à une erreur de numéro ! De nos jours, pas besoin d’aller à Mbenge pour whitiser : dès qu’on a des mèches sur la tête et la peau décolorée, on est qualifiée pour parler comme une white.

Mbeng à tout prix

Pour la majorité des Camerounais (es), l’eldorado, c’est l’Europe. C’est normal, n’est-ce pas c’est chez les Blancs ? Tout y est beau, bien fait, moins cher, agréable. Le paradis, quoi. Qui ne voudrait pas vivre dans un tel endroit ? Alors, tout moyen est bon pour y aller : la traversée du désert, les compétitions sportives, les bourses d’études, le e-mariage, les mariages blancs… On tente tout, on risque tout ; l’essentiel c’est de se retrouver à Mbeng, là où tout est blanc.

Et quand ils y parviennent enfin, attendez qu’ils reviennent passer quelque temps au pays avec vous. Ils se plaindront à longueur de journée : « Ooor, votre soleil-ci chauffe trop hein. Wèèè, j’ai déjà le mal du pays, il faut que je rentre chez moi. Ekié ! L’huile rouge-ci a un goût un genre comme ça pourquoi ? » A croire qu’un visa étudiant ou bien une bourse d’études donne déjà la nationalité. Et même si c’était le cas, est-ce une raison valable pour renier ses racines ?

Et les Noirs alors ?

Ici, les Noir (e)s , c’est-à-dire ceux et celles qui ne se sont pas éclairci la peau, qui exhibent sans honte leurs cheveux crépus, qui parlent le camfranglais, ne whitisent pas, parlent les langues nationales et acceptent qu’on utilise leurs patronymes pour s’appeler, ceux-là sont considérés comme des villageois, des personnes peu évoluées, réfractaires au développement. Des Noirs, quoi.


Cameroun: des raisons d’espérer

Situé en Afrique centrale, le Cameroun est un pays aux potentialités inexplorées, aux hommes intelligents et, espérons-le, à l’avenir prospère. On l’espère, car depuis plusieurs décennies, tout va de travers. Ce billet n’a pas pour but de critiquer ou bien de dénoncer – j’aurai le temps d’en écrire suffisamment. Au contraire, je veux me convaincre que tout n’est pas perdu. Je veux me donner la force d’espérer que tout ira mieux dans un futur très proche, je veux, enfin, rêver d’un Cameroun qui redonne espoir, d’un Cameroun indomptable.

L’espoir, puisqu’il existe encore, repose sur des symboles forts de notre nation.

Symbole de renaissance : L’« immeuble de la mort »

Jadis lieu de retraite pour les bandits de grands chemins et lieu de sépulture pour les victimes d’assassinat, le bâtiment baptisé à juste titre immeuble de la mort, dont la construction fut abandonnée il y a belle lurette, trône pourtant en plein centre de la ville de Yaoundé, capitale politique du Cameroun. Pendant longtemps, c’est une peur viscérale que cet édifice, inachevé faute de budget, a inspiré aux populations de la cité capitale du fait des agressions récurrentes qui y étaient perpétrées.

Mais l’espoir renaît. Depuis quelques années, les travaux ont repris. Le bâtiment, qui est en réalité l’immeuble ministériel N°1, est achevé et inauguré par le premier ministre, chef du Gouvernement. Ce bâtiment, chaque fois qu’on l’admire, semble répondre, « Comme moi, le Cameroun renaîtra de ses cendre, plus beau et plus fort qu’il ne l’a jamais été »

Symbole d’espoir : Les Lions Indomptables du Cameroun

Les Lions Indomptables du Cameroun - Crédit photo: fr.wikipedia.org
Les Lions Indomptables du Cameroun – Crédit photo: fr.wikipedia.org

Si le Cameroun est connu dans certains coins reculés du globe, c’est sans doute grâce au football. Notre pays peut se vanter d’avoir toujours eu des footballeurs d’exception : Roger Milla, Patrick Mboma, Rigobert Song, Samuel Eto’o, et j’en passe. Seulement, depuis plusieurs années, notre équipe bat de l’aile. Il y a quelques mois encore, Lions Indomptables symbolisait la mésentente, la discorde, bagarres, l’échec.

Mais les Camerounais ont repris espoir, car depuis le début des éliminatoires de la CAN 2015, notre équipe fait des merveilles : 4 – 1 contre la Côte d’Ivoire, 2 – 0 contre la RDC, les victoires s’enchainent. Désormais, le peuple est de tout cœur avec eux ; désormais, on a de nouveau droit à l’espoir, espoir symbolisé par l’équipe nationale de football, les Lions Indomptables du Cameroun.

Symbole de richesse : L’organisation de la CAN 2019

Malgré le fait que notre pays le Cameroun, grande nation de football, ait eu à remporter plusieurs éditions de la Coupe d’Afrique des Nations, le Cameroun n’a pas eu l’occasion d’organiser plus d’une seule édition de la fameuse CAN. En 2019, nous allons remédier à la situation car nous avons été désignés comme le pays organisateur de la CAN 2019.

Le Cameroun, grande nation de football - Crédit photo: www.kurbain.com
Le Cameroun, grande nation de football – Crédit photo: www.kurbain.com

L’organisation d’un évènement d’une telle envergure étant toujours signe de développement économique à cause de la création de plusieurs emplois et du développement des centres urbains dus à la construction de stades, d’hôtels, de magasins, de routes, etc., on est en droit d’espérer des retombées économiques importantes à l’issue de l’évènement. Le développement du tourisme n’est pas à négliger non plus. Le voila, notre symbole de richesse économique et de développement.

Symbole de démocratie : Les élections présidentielles de 2018

Les prochaines élections présidentielles au Cameroun, seront organisées en 2018. Si ce scrutin est spécial, c’est simplement parce qu’il pourrait être le premier véritablement transparent. C’est en tout cas l’espoir que nourrit la majorité des Camerounais. Des mesures ont été prises : la refonte des listes électorales, la mise sur pied d’un système d’identification biométrique, la création d’un organe en charge de l’organisation des élections qui se veut transparent et indépendant. D’un autre côté, la suspension récente de certains membres du RDPC, parti au pouvoir, par le président national Paul Biya, laisse penser qu’aucun écart de conduite ne sera toléré lors du scrutin de 2018.

L’espoir est permis, l’espoir fait vivre. Le Cameroun prendra bientôt son envol.



Les ordinateurs portables, bientôt obsolètes?

Ce matin, alors que j’essayais de créer une page Contact dans ce blog, je me suis rendu compte que je ne savais pas quelle était l’URL de certains de mes comptes sur certains réseaux sociaux. Étonnant, non ? Pourtant, c’est vrai. La raison, cependant, est très simple : toutes mes interactions sur le net, ou presque, je les fais de mon Smartphone et la plupart du temps en utilisant des applications mobiles : inscriptions aux réseaux sociaux, chat, envoi et réception de mails, prise rapide de notes, etc. Au point où, quand je retourne enfin vers la version pour ordinateur du réseau social, j’ai du mal à me retrouver dans l’interface. J’ai de plus en plus le sentiment que, très bientôt, même nos ordinateurs portables deviendront obsolètes, laissant la voie aux tablettes, phablettes et smartphones.

Un vent de miniaturisation souffle

De nos jours, les appareils en général ont tendance à être réduits dans leurs dimensions, tout en essayant de garder leurs performances, ou même de les améliorer. C’est ainsi qu’il y a quelques années, le monde est passé des écrans à tubes cathodiques aux écrans plats, autant pour les ordinateurs de bureau que pour les téléviseurs. Dans la même lancée, les ordinateurs de bureaux ont lentement été remplacés par les ordinateurs portables, plus fins et plus autonomes – pas besoin d’être connecté au secteur pour l’utiliser. Même dans l’univers de la téléphonie, on se rend compte que les téléphones portables dernier cri sont de moins en moins épais (jusqu’à 5,5 mm d’épaisseur pour certains !). Et les constructeurs n’ont pas dit leur dernier mot.

Qui règne par l’épée…

Avec le coup d’État réussi que les laptops ont planifié contre les desktops, on ne devrait pas être surpris que ceux-ci soient à leur tour remplacés par plus léger, plus autonome et plus fin qu’eux. Et les notebooks ou ultraportables virent le jour. Ce sont des variétés de laptops, mais en plus amélioré car dotés de technologies comme les écrans tactiles permettant d’utiliser le doigt ou bien un stylet pour naviguer, et la possibilité pour certains modèles de détacher l’écran du clavier. Cependant, la transition n’a pas pu se faire à cause de l’autonomie boiteuse des notebooks, à peine supérieure à celle des laptops qu’ils comptaient supplanter. En plus, en termes de performance (vitesse de processeur, taille de la mémoire RAM, capacité du disque dur), les notebooks se faisaient aisément distancer par les laptops. Et pour couronner le tout, ces bijoux se vendaient extrêmement cher (jusqu’à 1.500 € pour certains modèles !).

L’arme de destruction massive : le Smartphone

Pendant que les deux premiers voleurs se battaient farouchement pour l’âne, le troisième larron aiguisait ses armes en douce. Les téléphones portables, puisqu’il s’agit d’eux, ont commencé par se doter d’intelligence. C’était désormais des Smartphones (téléphones intelligents). Eux aussi se sont mis au régime pour perdre en épaisseur, tout en faisant assez de musculation pour développer leur gabarit. Et avant que les autres aient le temps de s’en rendre compte, les Smartphones avaient muté en quelque chose d’imbattable : ils savaient parler, écouter, lire aussi bien du texte que tous les formats audio et vidéo, faire des photos et des vidéos d’excellente qualité, saisir du texte, envoyer des mails, s’orienter… Ce que leurs adversaires ne faisaient, ou bien faisaient moins bien qu’eux. De plus, ils permettaient de passer des coups de fils et d’envoyer SMS et MMS. Enfin, ils étaient légers, beaux, juste assez gros pour qu’on les sente dans la creux de la main, capables de tenir dans une poche. Même en terme de puissance, certains Smartphones distancent facilement certains laptops : on en a qui ont des processeurs à huit cœurs (Samsung Galaxy S4), avec des mémoires RAM allant jusqu’à 3 Go (LG G3), et des mémoires internes avoisinant les 128 Go extensibles via carte microSD… C’était le coup de grâce ! Deux adversaires éliminés d’un seul coup.

Les OS (Operating System) et les applications

Par la suite, ces nouveaux souverains ont commencé à dicter leur loi. Et les geeks les ont mises en application – en créant des applications (. Des systèmes d’exploitation pour téléphones mobiles on vu le jour (iOS, Android, Windows Phone, Symbian, Blackberry OS, Tizen) et leur création a été suivie de près par la naissance des applications, un peu l’équivalent des logiciels dans nos ordinateurs. Désormais, on pouvait pratiquement tout faire avec son téléphone, avec une aisance jusque-là inégalée. L’ordinateur (portable ou pas), c’est de l’histoire ancienne, c’est pour les grands-mères au village.

Responsive or adaptative design

A cause de l’utilisation de plus en plus récurrente des Smartphones pour naviguer sur internet, il a également fallu adapter le net au Smartphone. Les geeks parlent du responsive design ou encore de l’adaptative design. Il s’agit de la possibilité que le CSS3 donne à un site internet de s’adapter à l’appareil qui l’affiche en tenant compte généralement de la résolution et des dimensions de l’écran ainsi que de son orientation (portrait ou paysage). Vu que le pixel de l’écran du téléphone est plus petit que le pixel de l’écran d’ordinateur, un site n’a pas forcément besoin d’être responsive pour bien s’afficher a l’écran d’un Smartphone. C’est dire si cette technologie était indispensable. Néanmoins, la navigation avec le responsive design est plus agréable. Une fois de plus, c’est la tendance à tout miniaturiser qui l’emporte. Il n’est pas rare, d’ailleurs, que la version mobile d’un site soit accompagnée d’une application mobile comme c’est le cas pour les réseaux sociaux.

Le combat des titans

Actuellement, la place du Smartphone est menacée par un autre mutant en la personne de la phablette, une sorte d’hybride à cheval entre le Smartphone et la tablette. La tablette, dopée aux stéroides, ne sied pas à tous, du fait de sa trop grande taille (à partir de 7″ de diagonale), tandis que la phablette tourne autour de 6″, offrant une meilleure expérience utilisateur – petits doigts, s’abstenir…

Si l’ordinateur portable garde sa place dans les bureaux et les domiciles, c’est en grande partie du fait des facilités qu’il offre pour faire des saisies. On peut aussi noter que certains logiciels spécialisés (infographie, cartographie, dessin, etc) ne peuvent pas être utilisés sur les Smartphones. Cependant, il est évident que le Smartphone a remplacé l’ordinateur chez la majorité de personnes.


Et si Abubakar Shekau était mort ?

En début de semaine,  on annonçait à qui voulait l’entendre que le chef de la secte islamique Boko Haram, Abubakar Shekau, avait été tué dans une attaque de l’armée nigériane ou camerounaise selon les versions. Certains, d’ailleurs, se sont empressés d’adresser leurs félicitations au président camerounais pour avoir vaincu Boko Haram.

Au-delà de l’improbabilité de la véracité de cette information qui d’ailleurs ne se basait que sur des photos de très mauvaise qualité pouvait-on espérer vaincre le serpent en lui tranchant la tête ?

Une hydre, pas un serpent

Les groupes humains de par le monde, que ce soit une secte, un ministère, une assemblée chrétienne ou bien une entreprise privée, ont une structure hiérarchisée, instaurant un service minimum en cas de coup dur. C’est pour dire que dans l’organisation, s’il y a une seule tête, il y a généralement plusieurs seconds à même de devenir à leur tour des têtes. D’ailleurs, en ce qui concerne Boko Haram, Abubakar Shekau est loin d’en être le fondateur, et encore moins le premier chef. Il n’arrive en réalité à la tête du mouvement en 2009, après la mort de Mohamed Yusuf, fondateur du groupe armé.
C’est pour dire que la mort d’Abubakar Shekau n’est pas la solution au problème Boko Haram, car telle une hydre, une autre tête aurait poussé et le monstre aurait repris vie, instantanément.

Attaquer le mal à la racine

Au lieu de tirer sur les sous-fifres postés en première ligne dans les affrontements qui opposent les adeptes de cette secte aux pays où ils essaient de s’implanter, il serait peut-être plus bénéfique de trouver les origines du mal, afin de mieux l’éradiquer.

Drapeau utilisé par Boko Haram - Crédit photo : fr.wikipedia.org
Drapeau utilisé par Boko Haram – Crédit photo : fr.wikipedia.org

Pour le cas d’espèce, on remarque que la misère et l’ignorance sont les principaux chevaux de bataille des recruteurs à la solde de Boko Haram. A cause de la misère ambiante qui affecte notamment les jeunes, il devient très aisé de leur promettre monts et merveilles pour les enrôler dans de pareils groupes. L’ignorance aidant, ces derniers ne sont parfois pas capables de mesurer l’ampleur de la chose dans laquelle ils se retrouvent embarqués. Il faut un peu de jugeote pour cela.

Stratégie de combat

Pour défaire l’ennemi, la solution est donc toute simple : éduquer les jeunes et leur fournir des opportunités d’emploi. Permettre aux jeunes désœuvrés de se spécialiser dans un domaine et d’apprendre un métier pour leur donner une chance de se battre sans utiliser d’arme. Investir dans les secteurs porteurs, et non dans le superflu, comme ça s’est vu au Nigeria dernièrement.

En suite, quand ce sera fait, quand tous auront un toit sur la tête et de la soupe dans leur assiette, Shekau se retrouvera seul en première ligne. Et là, ce sera la fin de Boko Haram.


Sécurité ou confort ? Un choix difficile à faire au Cameroun

Hier matin, j’ai revu un ami, un pote de très, très longue date, mais que j’avais perdu de vue depuis plus de 10 ans – 14 ans, pour être précis. Nous avons renoué contact grâce aux réseaux sociaux, et l’occasion s’étant présentée, nous nous sommes retrouvés pour bavarder un peu. Joyeuses retrouvailles, mais un peu frustrantes aussi, je dois l’avouer. Il était évident, au premier coup d’œil, que nous étions de deux environnements sociaux différents : il y avait moi, arrivant sur une moto bend-skin, en sandales, pantalon et chemisette, et il y avait lui, m’attendant, adossé à sa grosse voiture, en costard-cravate. Vous voyez le tableau… Tandis que j’avais « choisi » – entre guillemets – la sécurité, mon pote, lui avait penché pour le confort.

La sécurité, c’est se dire qu’ « un tien » généralement maigre « vaut mieux que deux tu l’auras » parfois très gros

Au Cameroun, la plupart des jeunes ont pour seul objectif d’entrer dans la fonction publique, le matricule leur garantissant un revenu mensuel constant et permanent, quel que soit leur rendement. Cependant, notre pays paye les fonctionnaires comme on paye un employé en stage. La grille salariale parle d’elle-même : un fonctionnaire de catégorie A2 (la plus élevée ici chez nous) a environ 165 000 de salaire de base – je préfère ne pas évoquer les autres primes car elles varient en fonction du métier exercé. Seulement. Quand on sait par exemple que le loyer moyen pour un appartement moderne de deux chambres à Yaoundé s’élève à 100.000 francs, on se demande bien comment les fonctionnaires font pour s’en sortir. Ah oui, on a revalorisé leur paye de 5%. La bonne blague ! Mais en réalité, s’en sortent-ils ?

Je me souviens avoir vu des fonctionnaires dormir dans les distributeurs automatiques et devant les banques les veilles des jours de paye, tellement ils étaient pressés de toucher pour pouvoir solder quelques uns de leurs problèmes. La voilà donc, la situation réelle des fonctionnaires camerounais. Avilis, misérables et démunis, ils sont parfois obligés de diversifier leur champ d’activités pour espérer joindre les deux bouts. Par conséquent, le travail pour lequel l’État les a recrutés s’en trouve négligé. Mais bon, comme on l’a déjà mentionné, la paye est constante, quel que soit le rendement. Donc, on peut facilement négliger ses classes au lycée public pour aller faire des heures de vacations ailleurs; on ne réfléchit pas à deux fois avant de quitter son poste de service pour aller travailler dans le privé. Ce qui compte, c’est qu’on est déjà sur d’avoir notre salaire à la fin du mois.

Le confort, c’est vouloir deux probables « tu l’auras », au risque de se retrouver avec moins que « un tien »

Autant c’est difficile, dans la fonction publique, d’obtenir le matricule tant couru, autant c’est difficile, dans le privé, de décrocher et maintenir un emploi qui paye suffisamment bien pour être à l’abri du besoin. La différence c’est que dans le privé, il faut être compétent, efficace, compétitif. Celui qui ne fait pas ses preuves ne pourra pas faire long feu dans une entreprise privée sérieuse. Déjà que la rémunération varie généralement selon la compétence et le rendement de l’employé dans l’entreprise. La conséquence logique c’est que les employés donnent le meilleur d’eux-mêmes, faisant ainsi prospérer l’entreprise – le contraire des sociétés publiques et para-publiques. Même les fonctionnaires qui délaissent leurs postes pour aller travailler dans le privé se donnent à fond ! Mon ami m’avouait à ce propos qu’il est constamment en train de se recycler, de mettre à jour ses connaissances, de suivre des formations parallèles (qu’elles soient liées ou pas à son domaine), pour ne pas en retard sur l’évolution des choses. Et pour garder son boulot aussi 😉

La vérité c’est que dans le privé, ceux qui sont mal payés sont la plupart du temps ceux qui ont un niveau d’études bas. Et ce sont ces derniers qui, généralement, essaient à tout prix d’entrer dans la fonction publique, sachant que leur incompétence et leurs lacunes ne leur vaudront pas d’en être renvoyés. Malheureusement, la fonction publique ne trie pas.

Un choix simple à faire, finalement

S’il fallait choisir je pense que le choix devrait revenir au gouvernement camerounais. Oui, car c’est ce dernier qui ne prend pas des mesures coercitives pour décourager les agents qui seraient tentés de lui faire des infidélités en allant travailler au privé. D’un autre coté, ce même gouvernement devrait s’assurer que les salaires des fonctionnaires soient de nature à leur permettre de vivre sans avoir besoin de faire des acrobaties, accepter des pots-de-vin ou de piquer dans les caisses de l’État pour pouvoir joindre les deux bouts. Ainsi, la rigueur dans le contrôle devra être accompagnée par une rémunération conséquente, comme dans le privé. Et l’effet immédiat sera sans doute une amélioration du niveau d’études et de meilleures opportunités d’emploi et d’auto-emploi pour les jeunes, qui désormais seront beaucoup plus concentrés sur leurs études, sachant qu’il n’y a plus de place pour la flemmardise et l’impunité qui nous caractérisent actuellement.


Quand la paix est absente de sa propre fête…

Crédit photo: www.e-monsite.com
Crédit photo: www.e-monsite.com

Hier, 21 septembre, c’était la fête. On célébrait La Paix. Malheureusement, cette dernière nous a encore fait des infidélités, s’absentant de sa propre fête! Petit tour d’horizon des coins où cette dernière était attendue, mais où elle n’a pas daigné se montrer.

La République centrafricaine

Commençons par nos voisins, les Centrafricains. Déchirées depuis plusieurs mois par des troubles d’origine assez douteuse, les populations de la Centrafrique se sont retrouvées en train de s’entretuer, sans raison apparente, avec pour seul leitmotiv l’appartenance religieuse. Après l’intervention providentielle de la puissance colonisatrice, suivie par la désignation de plus d’un chef d’État de transition, la population s’est retrouvée divisée, les musulmans au Nord et les chrétiens au Sud. Je crois que la paix aurait dû se pointer en Centrafrique, sinon avant, au moins pendant sa fête.

Le Nigeria

Voici un autre voisin à nous, le Nigeria, qui vit des périodes troubles. En effet, depuis fort longtemps, un groupe extrémiste appelé Boko Haram essaie de transformer ce géant économique en État islamique. Attaques à la bombe, enlèvements, massacres de population, ils semblent n’avoir aucune limite. Une petite visite de dame Paix ne leur aurait, j’en suis convaincu, fait aucun mal. Hélas.

Le Mali

Un peu plus éloigné de nous, ce pays est également victime d’un groupe islamiste – décidément –, le Mujao  (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Après avoir bénéficié de l’aide du boss pendant quelques temps, les pauvres ont été abandonnés à leur triste sort, ce qui a eu pour effet immédiat un regain de violence dans la partie nord du pays, qui à ce jour serait considéré comme un état (ils disent un califat), qui aurait déjà ses ambassades dans quelques pays d’Europe. Voilà également un peuple que la paix a trop évité. Elle aurait dû leur rendre une petite visite de courtoisie…

La Libye

Depuis la chute du dictateur-tyran abattu il y a plus d’un an, le pays a connu une longue période de troubles, surtout après le départ des forces américaines qui sécurisaient le territoire. Aujourd’hui, cet Etat n’est plus que l’ombre de lui-même. Élections, fraudes, plaintes diverses… On se demande si le dictateur-tyran n’était pas meilleur dirigeant que les autres démocrates. Au moins avec lui, dame Paix passait régulièrement.

La Syrie

Ah, la Syrie et son imperturbable président qui n’hésite pas à massacrer sa propre population. Pourtant, les pacifistes (ceux qui ont « pacifié » la Libye) sont là et le regardent d’un œil indifférent, complice même. Et ça dure, ça dure. Madame la Paix, que n’as-tu pas pensé à visiter ces pauvres personnes qui ont tant besoin de toi !

Partout dans le monde, ce n’est que guerre, violence, exactions… Dame Paix se fait de plus en plus rare. Espérons qu’elle soit encore en vie et qu’elle nous donnera de ses nouvelles très bientôt. Nous, les Camerounais, nous l’aimons tant ! Étant très mal informé je préfère arrêter mon tour d’horizon là, de peur d’écrire des choses insensées – si ce n’est déjà fait. Que la paix soit avec vous.


Ma salle de classe, comme si vous y étiez

Bienvenue au cours d’anglais dispensé aux élèves francophones

Un enseignant en classe - Crédit photo: www.rfi.fr
Un enseignant en classe – Crédit photo: www.rfi.fr

Le métier d’enseignant est parmi les plus critiqués au Cameroun, et c’est certainement le plus dénigré aussi. Un ami m’a un jour dit, « Vous vous plaignez même pourquoi, vous les enseignants ? Votre travail là est très facile. Il suffit seulement d’aller en classe et de bavarder pendant une ou deux heures avec les élèves. C’est difficile ? Et en plus, vous avez trois mois de vacances chaque année. Votre salaire là est même trop élevé, hein. On vous paye pour rien. » Je me suis abstenu d’argumenter, regrettant de ne pouvoir l’emmener dans l’une de mes classes pendant quelques heures, pour qu’il goûte un peu à la facilité qu’il venait de décrire.

Aujourd’hui, c’est décidé : je vous emmène avec moi en classe, pour que vous puissiez découvrir mon univers, et faire l’expérience de l’enseignement.

Préparation

Étape la plus importante du cours, la préparation se fait à la maison. Je sais, vous avez hâte qu’on soit en classe, mais sans avoir rien préparé, c’est du suicide pur et simple. Pour une leçon d’une heure, une préparation prend au moins une heure. Vous avez bien lu : une heure de préparation pour une heure de cours. Au moins. Donc, étant donné que nous avons une à préparer, nous devons commencer par définir un objectif à notre cours. Que voulons-nous que l’enfant sache – et qu’il ignore pour le moment – à la fin de cours ? Une fois ce point résolu, il nous reste à définir des objectifs intermédiaires. Comment allons-nous cheminer pour que l’élève découvre et apprenne cette notion ? Si c’est fait, alors on peut commencer à meubler les différentes étapes de la leçon. « Les étapes ? Les étapes comment ? » Oui, les étapes. Une leçon est un processus méthodique, sans aucun élément superflu ou inutile. Il n’est certainement pas question de venir en classe blablater avec les élèves pendant l’heure de cours. Donc, nous avons déjà notre OPO (Objectif Pédagogique Opérationnel) et nos OPI (Objectifs Pédagogiques Intermédiaires). Il nous reste les étapes de la leçon et les contenus. La plupart du temps, le déroulement de la leçon passe par les mêmes étapes :
– L’introduction pendant laquelle on met les apprenants en condition. On les prépare à recevoir la leçon du jour. Dit comme ça, ca parait aisé. Essayez de le faire, et vous comprendrez la difficulté.
– La présentation pendant laquelle on aide les apprenants à acquérir la notion qu’on a préparée pour eux.
– L’application qui nous permet de fixer les savoir chez l’élève en lui permettant d’utiliser librement la structure enseignée
– L’évaluation qui nous donne un aperçu du travail abattu, nous permet d’évaluer le degré d’atteinte de l’objectif fixé pendant la préparation.
Si tout ceci est fait, alors, nous sommes prêts à entrer en classe.

Enseignement, évaluations, corrections

Relativement plus aisée que la première, cette phase n’est pas pour au autant une partie de plaisir. Nous sommes en classe, il faut mettre de l’ordre, car les élèves ne se taisent jamais sans y être forcés. Mais il faut le faire avec suffisamment de tact pour ne pas les frustrer, de peur de vous retrouver isolé, à faire votre cours pour vous seul. Bravo, la classe est silencieuse. C’est à vous, je vous cède la place. C’est le moment de parler, ou mieux, de faire parler les élèves c’est ça, le plus compliqué. Il faut emmener l’élève à faire la leçon lui-même. Généralement, on se sert d’un corpus, d’images, d’objets réels, de dessins… Parfois même, vous devenez chanteur, danseur, comédien pour que les bougres comprennent quelque chose, et ça ne marche pas toujours. « Malchance ! » Vous transpirez à grosses gouttes, suffoquez, menacez, suppliez. Enfin, un ou deux doigts se lèvent et donnent de mauvaises réponses. « No ! It is not correct ! » Vous réexpliquez, rien. Ils n’y comprennent rien, et la classe redevient bruyante. Non seulement ils sont 150 en classe, mais en plus on dirait que vous êtes le premier enseignant d’anglais qu’ils voient de toute leur vie. N’oubliez pas de vous renseigner sur la moyenne qui permettait d’avoir le probatoire l’année précédente ! Puis, en désespoir de cause, vous expliquez la notion. En français. Là, tout le monde comprend, ou fait semblant. Ahaaaan, donc c’était ça que vous expliquiez depuis-là ?

Parce que vous courrez derrière le temps, vous zappez l’application et passez à l’évaluation. D’ailleurs vous allez ramasser les copies pour les corriger à la maison. Et voilà votre week-end qui vient d’être plombé. Adieu, le repos ; adieu, la détente. Ce sera un week-end de corrections. Vous prenez le cahier de texte, vous demandant ce que vous y ferez figurer, quand a sonnerie retentit, un collègue attend à la porte que vous libériez les lieux. En sortant, vous lui souhaitez bonne chance. Surpris, il ne dit rien. Il comprendra tout à l’heure.

J’ai toujours rêvé d’emmener un parent dans ma classe et de lui céder ma place, pour une seule heure. Voici un peu ce que je prévois comme résultat. Mais bon, il n’est pas interdit de rêver. Comme on le dit chez moi, le travail de l’autre est toujours très facile. Je pense que si chacun balaie sa cour, le village entier sera propre. On devrait respecter chaque profession, de même que ceux qui les exercent.

P.S. : Ok j’avoue, J’ai un peu exagéré. Les cours ne se passent pas – toujours – de cette façon, surtout quand on les a bien préparés au préalable. Il n’en demeure pas moins que c’est un exercice difficile auquel on s’adapte au fil des ans. À bientôt pour la fête de l’enseignant(e), le 05 octobre. Un autre volontaire fera un cour de lecture dans un classe où il y a 3 livres pour 130 élèves 😉