Fotso Fonkam

La route tue, et nous aussi…

Huit morts sur la route de Bafounda dans la région de l’Ouest, treize morts dans un accident survenu à Dimako dans l’Est du pays, six morts sur l’axe Nkongsamba-Douala. Vingt-sept morts, voilà le bilan de quelques accidents survenus seulement la semaine dernière dans quelques villes du Cameroun. Combien de personnes perdent la vie chaque mois sur nos axes routiers ? Beaucoup trop. Et pourtant, on a l’impression que rien de concret n’est fait pour endiguer le phénomène.

La route tue

Chaque année au Cameroun, environ 1.000 personnes meurent dans des accidents routiers. Les statistiques indiquent que, entre 2005 et 2014, environ 10.135 camerounais ont perdu la vie sur nos routes. La cause de ces décès ? L’état déplorable des routes.

Selon le ministère des travaux publics, le Cameroun compte 5.133 kilomètres de routes bitumées (contre 12.799 kilomètres non bitumés). Ce que le ministère omet de préciser, c’est que ces 5.133 kilomètres de route bitumée sont parsemés de nids de poules, crevasses et autres dangers pour la circulation.

Que ce soit dans les villes ou sur les routes nationales, il suffit d’un moment d’inattention de la part d’un usager de la route pour qu’un drame survienne, causé par une crevasse qu’il n’a pas aperçue à temps. Pire, au fil du temps, les routes se dégradent, sans que rien de concret ne soit fait par les autorités incompétentes pour régler le problème. Même l’instauration de péages n’a pas permis d’améliorer l’état de nos routes.

Il faut dire que nos autorités brillent par leur négligence, qui frise l’inconscience. Car comment peut-on laisser les citoyens mourir par dizaines tous les jours, alors qu’on a justement la charge d’assurer leur sécurité sur les routes ? Il y a peut-être un problème de moyens – j’en doute fortement –, mais le manque de volonté de ces derniers est flagrant. La plupart du temps, c’est volontairement qu’ils laissent les nids de poule prospérer sur nos routes.

Je me souviens que, lors du passage du président Italien dans la ville de Mbalmayo, la route principale et tout le trajet que devait suivre le visiteur avaient été bitumés, et ce en moins d’une semaine. Pourtant, ça faisait plusieurs années que les mêmes routes étaient impraticables, pourtant personne ne faisait rien.

Plusieurs niveaux de responsabilité

Ce serait faire preuve de mauvaise foi que de prétendre que l’état des routes est la seule cause des accidents sur nos routes. Les responsabilités sont partagées et, chacun à son niveau est responsable de chaque accident qui survient.

L’individu qui prend un volant sans avoir passé l’examen de permis de conduire (mais qui en a un), est autant responsable que l’accident qu’il va occasionner que l’agent qui lui a délivré de permis qu’il ne méritait pas. De même, le policier qui a pris 500 francs à un usager qui n’avait pas de permis de conduire porte également la responsabilité de l’accident que ce dernier ira causer quelques mètres plus loin.

L'accident de Biyem Assi Superette - Crédit photo: koaci.com
L’accident de Biyem Assi Superette – Crédit photo: koaci.com

Les comportements de nature à mettre des vies en danger sont légion sur nos routes : un moto-taxi qui essaie de se faufiler entre deux véhicules, un usager qui essaie de forcer le passage, un autre qui téléphone en conduisant etc. J’ai déjà entendu plusieurs personnes déclarer qu’elles conduisent mieux quand elles ont « un peu » bu. Les conséquences, on les connait : des dizaines de personnes tuées chaque semaine.

Prendre conscience pour réduire les accidents de la route

La réduction du nombre d’accidents qui surviennent sur nos routes passe obligatoirement par la prise de conscience des usagers de la route. Ces derniers doivent prendre conscience que nos routes sont très dangereuses, surtout qu’elles sont en très mauvais état. Ils doivent prendre conscience qu’ils doivent être deux fois plus prudents sur la route, car des vies en dépendent. Ils doivent être conscients que s’ils conduisent sans avoir un permis de conduire (mérité), ils représentent un danger pour leur prochain. Ils doivent prendre conscience que l’alcool ne rend pas plus adroit au volant, bien au contraire.

Cet article a été écrit dans le cadre de la campagne lancée lundi dernier par les blogueurs Camerounais sur les accidents routiers. Demain, Armelle Sitchoma publiera un article sur le sujet, que vous pourrez lire sur armellesitchoma.com

Pour suivre la compagne, vous pouvez suivre le hashtag #StopAuxAccidentsRoutiers sur les réseaux sociaux.

Retrouvez également les articles publiés les jours précédents :

Cameroun : comment on obtient le permis de conduire ? (Ecclésiaste Deudjui)

Stop aux accidents routiers – Le jour où tout a basculé ! (Carole Leuwé)

Accident de la circulation : A cause de la route, « tu nous manquerons » (Thierry Didier Kuicheu)

Et si ces routes avaient existé ? (Wiliam Tchango)

C’est elle la tueuse ! (Frank William Batchou)

Circulation : Ces pollueurs qui menacent nos vies (Mathias Mouendé Ngamo)

#StopAuxAccidentsRoutiers, Douala à l’ère du numérique (Danielle Ibohn)


Le mensonge de l’émergence « horizon 2035 »

Depuis que le président et son équipe nous ont promis que le Cameroun serait émergent en 2035, on a l’impression que tout le monde au Cameroun attend, les yeux rivés vers cette date « salvatrice ». Beaucoup d’entre nous semblent attendre que cette fameuse année arrive, pour enfin évaluer les promesses du président. Mais, a-t-on besoin d’attendre aussi longtemps pour se rendre à l’évidence ? Je ne pense pas. 2035 c’est encore très loin, mais je peux d’ores et déjà affirmer que l’émergence 2035, c’est un gros, un très gros mensonge.

Dans la spirale de l’endettement « inutile »

Le Cameroun est un pays extrêmement endetté, et ça, beaucoup d’entre nous ne s’en rendent pas compte. Dernièrement, lorsque le président a décidé de faire « don » de 500.000 ordinateurs aux étudiants des universités publiques et privées, des gens ont applaudi. Pourtant, il s’agissait d’une opération financée par un prêt à hauteur de 75 milliards de francs CFA remboursables sur 20 ans. Cela veut dire que, dans 20 ans, notre pays sera toujours en train de rembourser cet argent. Or, dans 20 ans, nous serons en 2036 – et pas émergents.

Le problème avec ce prêt, c’est qu’il ne sert à rien. Je veux dire qu’il n’a pas été contracté pour être investi, en conséquence il ne produira rien : ni emplois, ni intérêts, rien. Juste quelques ordinateurs et quelques bâtiments.

La majorité des initiatives du gouvernement Camerounais sont financées par des prêts. Et, à chaque fois, un certain mystère est jeté sur les conditions réelles de remboursement desdits crédits. C’est ainsi que, seulement pour cette année, entre janvier et juillet, le Cameroun s’est endetté à hauteur de 512 milliards de francs, pour un montant global avoisinant les 4.754 milliards.

En combien de temps allons-nous rembourser ses milliers de milliards qui n’ont pas été utilisés pour créer des ressources, de l’emploi ? Tout porte à croire que d’ici 2035 on sera encore en train d’éponger ces dettes, et il y a fort à parier que nous en aurons contracté d’autres.

Tous des incapables ?

Un autre élément qui m’amène à douter de l’émergence en 2035, c’est cette propension de l’État à faire effectuer les travaux, même les plus simples, par des étrangers. Par exemple, tous les barrages qu’on construit au pays sont réalisés par les entreprises chinoises. Dernièrement, pour le transport pendant la CAN féminine, le gouvernement a fait appel à un opérateur portugais, malgré toutes les compagnies de transport qui existent au pays. C’est un peu le cas pour tout projet d’envergure (stades, routes, bâtiments etc).

Notre gouvernement semble perdre de vue que l’émergence ne se fera pas sans une certaine autonomie. Si l’État avait prévu une quelconque émergence il se serai assuré que, tout au moins, il y ait transfert de technologies entre les entreprises étrangères qui ont déjà l’expertise et les entreprises camerounaises pour qu’on n’ait pas recours aux premiers à chaque fois qu’on a un projet à réaliser.

Impossible émergence ?

Une chose est sûre : le concept d’émergence « horizon 2035 » prôné par le chef de l’État depuis quelques années déjà c’est de la poudre jetée aux yeux des Camerounais pour les endormir pendant que le pays est pillé de toutes parts. Le plus étonnant, c’est que beaucoup d’entre nous y croient dur comme fer. Pourtant, autour de nous on voit les conditions de vie se dégrader, l’emploi de raréfier, l’éducation se détériorer, tout ça sans que le gouvernement ne fasse rien pour y remédier. L’émergence est possible, même avant 2035. Mais pour cela il faudrait revoir notre démarche.


De l'(in)efficacité du blogging

Vous ai-je déjà dit que je suis un gros paresseux ? Non ? Alors je vous le dis aujourd’hui, je suis la paresse incarnée. Tenez, ce billet par exemple, je comptais le publier le 31 août dernier à l’occasion de la journée mondiale du blog. Mais je n’ai pas pu, parce que j’avais trop la flemme de l’écrire. D’ailleurs, depuis un bon bout, j’écris de moins en moins. Ceux qui me lisent souvent sur ce blog – c’est-à-dire une poignée de potes indulgents qui s’ennuient à mourir – ont dû faire la remarque. Mais ce n’est pas à cause de ma paresse maladive. Pas seulement, du moins. Pour tout vous dire, tout a basculé le jour où je me suis franchement posé la question qui tue : quelle est l’efficacité du blogging ?

Je dois vous dire autre chose, le coupable du questionnement qui a conduit à la baisse de régime dont a souffert mon blog a un nom : Facebook. Plus précisément, c’est leur fonctionnalité qui affiche les « souvenirs » de publications faites une ou plusieurs années avant qui a tout déclenché.

Bon je vous raconte : je suis plutôt vindicatif comme mec en plus d’être cool et choco, ce qui fait que quand j’ai débarqué sur Mondoblog en septembre 2014, je n’ai pu m’empêcher de critiquer vertement tout ce qui bougeait : Paul Biya, ses ministres, le système éducatif, la police, le port de mèches brésiliennes, Mondoblog même, bref tout le monde. Et je pensais que c’était suffisant, que je faisais ce qu’il fallait. J’étais convaincu que j’étais dans mon rôle de blogueur engagé thermostat. Jusqu’au jour où Facebook s’en mêla.

C’est quand Facebook a commencé à me montrer les articles que j’avais publiés et partagés l’année précédente, que j’ai également commencé à me demander, en toute sincérité, à quoi avait servi tel ou tel billet dans lequel je critiquais tel ou tel aspect du Cameroun, telle ou telle décision ministérielle, telle ou telle institution…

Et à chaque fois, la réponse semblait être la même : rien. Rien n’avait changé, ou presque. On avait lu, commenté et quelquefois partagé mon billet. On avait souvent apprécié, parfois critiqué. Mais c’était tout. Même quand il m’arrivait de proposer des solutions aux problèmes que je soulevais dans certains billets, personne n’en tenait vraiment compte.

J’en suis arrivé à la conclusion que mes billets, s’ils n’étaient pas totalement inutiles, ne suffisaient pas à eux seuls à faire bouger les choses dans le sens que je voulais (oui, parce qu’un like n’a jamais changé le monde).

Entendons-nous bien, je ne suis pas en train de minimiser l’impact qu’un billet peut avoir sur le lectorat. Je ne nie pas que toute action, tout changement commence par la prise de conscience, et qu’un billet justement peut susciter cette prise de conscience. Mais, la prise de conscience à elle seule ne suffit pas. Du moins c’est à cette conclusion que je suis arrivé au fur et à mesure que Facebook me renvoyait mes billets en pleine gueule. J’en ai tellement pris plein la gueule que j’ai compris qu’il fallait agir autrement si je voulais arriver à un quelconque changement.

Cela revient-il à dire que le blogging est inefficace ? Ça dépend. Si on se contente d’écrire pour critiquer, dénoncer, et proposer – pour que qui applique ? –, j’ai bien peur que nos billets n’aient, dans le meilleur des cas, qu’un impact très limité, trop limité même. Je pense qu’au texte il faut joindre les actes, aux idées il faut joindre l’action. Par exemple, un blogueur qui reproche à ses compatriotes de ne pas aller voter alors que lui-même ne s’est pas inscrit sur les listes électorales n’est pas très cohérent avec lui-même – la loi du « faites ce que je dis et non ce que je fais » ne s’applique pas ici.


La miss, les « blancs » et nous (deuxième partie*)

Hier j’étais chez moi peinard, tout allait bien jusqu’à ce que je tombe sur un lien qu’un de mes contacts sur Facebook avait partagé. Il s’agissait d’un article de Jeune Afrique qui parlait de la bourde qu’une candidate à l’élection Miss RDC avait commise en déclarant, je cite : « Nous le savons tous, ce n’est pas un sujet tabou : l’homme blanc est plus intelligent que l’homme noir ».

What ? Il n’en fallait pas plus pour me gâcher mon après-midi. J’ai pesté, je me suis indigné, j’ai vociféré, traité la demoiselle d’écervelée, d’inculte et de pire encore. Et puis, avec quelques amis blogueurs, on en a discuté, et je me suis rendu compte qu’en réalité, cette candidate ne faisait que traduire avec des mots ce qu’une grande majorité d’entre nous dit d’une autre façon.

En parcourant le net, j’ai constaté que les propos de la candidate en avaient choqué plus d’un. J’ai vu des hashtags créés pour protester, des vidéos sur Youtube, des posts Facebook et des milliers de tweets qui s’indignaient de l’affront subi. Certaines personnes sont même allées jusqu’à réclamer son retrait de la compétition (une pétition a même été créée sur change.org à cet effet).

Tout ça c’est bien beau, mais arrêtons-nous une seconde et observons autour de nous. Observons bien, nous verrons que des Dorcas Dienda (c’est comme ça qu’elle s’appelle), il en a plein dans notre entourage. Ils n’utilisent pas les mots, mais ils disent à leur façon que l’homme blanc est supérieur à l’homme noir.

Regardons par exemple nos sœurs : pour la grande majorité, elles ont tellement honte de leur chevelure qu’elles préfèrent emprunter celle des « blancs », qu’elles achètent à coups de centaines de mille… Si nous nous considérons « noir(e)s et très intelligent(e)s » comme certain(e)s l’ont déclaré sur Twitter et ailleurs, si nous nous sentons égaux aux « blancs » donc, alors qu’on m’explique un peu pourquoi on est incapable de montrer ses cheveux tels qu’ils sont, c’est-à-dire crépus. Les plus courageuses – ou peut-être celles qui n’ont pas les moyens de s’offrir les cheveux importés d’Asie ou fabriqués au Nigéria voisin – font quand même l’effort de se défriser les cheveux ; pour les avoir lisses, comme les blancs (bah oui on avait compris votre manège).

Comme je m’ennuyais un peu, je me suis amusé à parcourir les profils des personnes les plus vindicatives sur les hashtags #DorcasDiendaOut et #ToutSaufMissRaciste. Figurez-vous que certaines demoiselles qui crient sur Dienda mettent des greffes, se décapent, ou les deux. Et elles se disent égales aux « blancs ». J’avoue que j’ai de la peine à comprendre tout ça (je n’ai sans doute pas l’intelligence qu’il faut). Comment peut-on se dire l’égal d’une personne alors qu’en même temps on essaie d’effacer notre nature pour adopter la sienne, et ce au détriment de notre propre santé ?

Tout ça m’a fait penser à une discussion que j’ai eue avec d’autres twittos camerounais, tous au moins autant intelligents que les « blancs », au sujet des langues nationales camerounaises. Pour la plupart, il n’était pas nécessaire de développer nos langues parce que nous avons déjà le français. L’argument le plus entendu était : « On n’a pas besoin de savoir parler ghomala, béti, duala, bayangui etc pour pouvoir bosser dans les multinationales ».

Après la déclaration de miss Dienda, je me suis demandé si on pouvait réellement se considérer comme étant l’égal, que ce soit en terme d’intelligence ou pas, d’une personne dont on utilise la langue (pourtant on a les nôtres), dont on utilise les prénoms (en cachant soigneusement nos noms), dont on préfère les vêtements (parce que les nôtres font trop villageois), et dont on imite jusqu’à l’accent (au risque de ne pas se faire comprendre par nos compatriotes) ? Soyons sérieux une seconde.

Que ce soit clair, je ne suis pas en train de dire que Dorcas Dienda a eu raison quand elle dit que « l’homme blanc est plus intelligent que l’homme noir », c’est une déclaration dépourvue de bon sens, et j’ai particulièrement apprécié le fait que les autres candidates l’aient contredite avec un argumentaire pertinent. Je dis juste que nous sommes plusieurs à traduire ce qu’elle a dit au quotidien, sans forcément nous en rendre compte.

Parfois, je me dis que Dienda est simplement un bon produit de l’éducation coloniale qui perdure en Afrique. Notre éducation met plus l’accent sur les réalités occidentales que sur les nôtres. Que ce soit en histoire, en géographie, ou en éducation à la citoyenneté les programmes portent plus sur l’Europe et les États-Unis que sur l’Afrique, à croire que nous formons nos jeunes pour les exporter. Jusqu’aujourd’hui au programme de littérature française, il y a plus d’œuvres écrites par des Français. Pourtant il existe tellement d’auteurs africains qui produisent des œuvres de qualité.

L’homme blanc n’est certainement pas plus intelligent que l’homme noir (la couleur de peau n’étant pas un critère fiable pour déterminer le degré d’intelligence d’un individu). Mais pour que nous, les Hommes noirs, nous en rendions compte, il est indispensable de mettre en avant ce qui fait notre spécificité, il est indispensable de renforcer notre identité, il est indispensable de développer notre culture. C’est tout ça qui montre notre intelligence. Autrement, nos enfants, leurs enfants et même les enfants de leurs enfants, se lèveront chaque matin en pensant comme miss Dienda et comme plusieurs d’entre nous, qu’ils sont moins intelligents que les « blancs ».

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La première partie de cette série d’articles – oui il y en aura d’autres – sur ce sujet est disponible ici


Pour que cessent les violences conjugales

Dans la société africaine, les violences conjugales sont un phénomène que beaucoup considèrent comme normal, au point où, quand on est témoin, ou pire, quand on est victime, on laisse faire. Au Cameroun, cette façon de penser est tellement encrée dans certaines cultures qu’il se dit que pour certaines femmes, la bastonnade est une preuve d’amour ! Selon une étude menée par le PNUD Cameroun, en 2014, 36,1% des femmes et 39% des hommes âgés entre 15 et 49 ans déclarent que le mari a le droit de frapper sa femme pour des raisons banales comme par exemple si elle se dispute avec lui, si elle brûle la nourriture, ou alors si elle sort sans le lui dire. C’est dire si le mal est profond.

Un phénomène répandu aux conséquences effrayantes

Si certaines mentalités rétrogrades sont à la base de ces violences, force est de constater que l’éducation que nos enfants reçoivent – filles comme garçons – contribue à la perpétuation du phénomène qui touche des millions d’Africaines et ce, malgré les statistiques qui sont plutôt alarmantes : en Éthiopie, 71% de femmes ont déjà été confrontées à des violences[i] de la part de leurs partenaires, contre 53% en Namibie et 41% en Tanzanie.

Avec des taux de prévalence aussi élevés, on s’attend à ce que les violences conjugales entrainent des conséquences graves. Et c’est le cas : Selon Amnesty International, en Afrique du Sud une femme meurt toutes les 6 heures en moyenne, tuée par son mari ou son compagnon. Au Zimbabwe, 60% des affaires de meurtres traitées par la Cour supérieure de Harare en 1998 avaient trait à la violence conjugale. En 2003 au Kenya, le procureur général a déclaré que 47% des homicides avaient pour origine la violence familiale[ii].

L’urgence d’agir

L’ampleur des conséquences des violences conjugales montre qu’il est urgent d’agir pour résorber ce phénomène qui, comme nous l’avons dit plus haut, est devenu normal pour la plupart d’entre nous. Face à ce fléau, nous pouvons agir de trois façons :

Agir avant : ici il s’agit principalement de l’éducation qu’on donne à nos enfants. C’est pendant qu’ils grandissent que les enfants adoptent une certaine façon de faire et de penser. Il est donc possible, en leur inculquant les bonnes valeurs, de réduire de façon significative les cas de violences conjugales. Bien sûr, l’éducation des enfants sur ces phénomènes passe par plusieurs facteurs dont le plus important reste sans doute les comportements  dans l’entourage immédiat des enfants, en particulier celui des parents.

Agir pendant : quelle est l’attitude à adopter quand on est témoin de violences conjugales ? L’idéal c’est d’agir, de s’interposer, de chercher de l’aide pour empêcher que des conséquences dramatiques n’arrivent et qu’un décès ne vienne gonfler les statistiques qui sont déjà suffisamment inquiétantes. Devant un cas de violence conjugale, ne pas agir c’est devenir complice, exactement comme si on avait contribué à frapper la victime. En plus, le fait de rester passif face à la violence contribue à donner aux enfants une vision erronée du phénomène, et d’une certaine façon, cela les entraîne dans la spirale de la violence « normale ».

Se taire c'est participer - Crédit photo: Fédération Nationale Solidarité Femmes
« Se taire c’est participer » – Crédit photo: Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF)

Agir après : la réaction des gens après des cas de violence conjugale est également déterminante dans le processus d’éradication de ce phénomène. Pour les victimes, c’est généralement le silence qui les enfonce (en attendant la prochaine bastonnade ?), surtout si l’entourage se montre indifférent comme c’est le cas la plupart du temps. Pourtant il est important de prendre des mesures pour que ça ne se répète pas. Si nécessaire, porter plainte au conjoint violent est une option à envisager. Des textes de loi répriment la violence conjugale, malheureusement les victimes ne portent que très rarement plainte.  La création et la multiplication de centres d’écoute, d’accompagnement et de prise en charge des victimes est également important. Certaines victimes se taisent parce qu’elles n’ont ni emploi, ni qualification, et dépendent totalement du conjoint.

Utiliser toutes les armes disponibles

L’urgence de combattre les violences conjugales n’est plus à démontrer, tant les dégâts sont immenses. Pour cela, il est impératif d’utiliser toutes les armes en notre possession pour lutter contre ce phénomène, que ce soit l’éducation des jeunes filles et des jeunes garçons, le recours à la loi ou bien l’éradication d’autres phénomènes de nature à occasionner des cas de violence conjugale, tels que les mariages précoces et l’analphabétisme, entre autres.

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[i] https://www.who.int/gender/violence/who_multicountry_study/fact_sheets/Ethiopie2fr.pdf

[ii] https://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/july-2007/non-%C3%A0-la-violence-contre-les-femmes


Les incohérences du ministre Ngalle Bibehe

Quelques mois seulement après sa nomination à la tête du ministère des enseignements secondaires Jean Ernest Ngalle Bibehe Massena fait déjà parler de lui dans les médias Camerounais. En effet, le nouveau ministre a récemment posé des actes qui montrent qu’il est déterminé à assainir le milieu éducatif camerounais que son prédécesseur avait fortement contribué à pourrir. Pourtant, je pense qu’il est nécessaire de s’arrêter un moment pour questionner la logique de certaines actions que le nouveau ministre pose.

Secteur miné

Comme je l’ai dit plus haut, l’ancien ministre des enseignements secondaires avant son départ avait instauré un système de mafia dans l’éducation camerounaise. Sous son « règne », il était quasiment impossible d’obtenir une mutation ou une nomination sans passer à la caisse, ou tout au moins sans connaître quelqu’un (qui connaît quelqu’un) au ministère.

Profitant du cafouillage occasionné par les mutations multiples et anarchiques du ministre, quelques fonctionnaires véreux avaient développé des réseaux de fausses affectations qui, si elles portaient bel et bien la signature du ministre, n’avaient aucune trace dans les archives au ministère.

Nouvelle dynamique ( ?)

Dès sa nomination, le nouveau ministre s’est démarqué par un dynamisme auquel nous n’étions pas habitués. Par exemple, il s’est attaqué à la fraude aux examens officiels en sanctionnant 159 personnels et élèves coupables de fraudes lors de la dernière session. De même, le ministre a réglé un scandale de détournement de frais d’examens en autorisant de manière exceptionnelle les candidats concernés à composer, en attendant que des sanctions soient prises à l’endroit des responsables véreux de l’établissement en question.

Plus récemment encore, le ministre a publié la liste de certains enseignants soupçonnés d’avoir de fausses notes affectations, les invitant à venir clarifier leur situation. Avant cela, il avait déjà mis certains fonctionnaires récalcitrants en retraite et procédé à un véritable réaménagement au sein du ministère.

Mauvaises solutions

Si tout ce qui est dit plus haut est plutôt encourageant, la décision du ministre d’appliquer strictement certains textes va à coup sûr créer plus de problèmes qu’elle n’a apporté de solutions.

Il s’agit notamment de la décision de respecter les effectifs dans les salles de classe qui, selon les textes, ne doivent pas excéder 60 en sixième et en première année de l’enseignement technique, et 80 dans les autres classes. Je ne suis pas en train de dire que les classes doivent être surpeuplées, mais je m’interroge sur la cohérence des actions du ministre sur ce point précis.

Jean Ernest Ngalle Bibehe, ministre des enseignements secondaires - Crédit photo: cameroonpostline.com
Jean Ernest Ngalle Bibehe, ministre des enseignements secondaires – Crédit photo: cameroonpostline.com

Il faut savoir que, pendant des années, les lycées et collèges ont fonctionné avec des effectifs dépassant facilement les 100 élèves par classe, ce qui posait en effet maints problèmes aux enseignants. Toutefois la décision de réduire les effectifs devrait être accompagnée de mesures pour que les élèves qui quitteront les classes surpeuplées puissent fréquenter normalement cette année. Et c’est à ce niveau que le problème se pose.

Combien de nouveaux établissements scolaires le ministre a-t-il créés pour cette année scolaire ? Combien de nouvelles salles de classe a-t-il fait construire dans les établissements aux effectifs pléthoriques ? Qui va donc accueillir les élèves qui étaient en surplus dans certaines classes, surtout qu’une décision récente du ministre a ordonné la fermeture de près de 75 établissements privés sur l’ensemble du territoire national ?

Voilà autant de questions qui laissent croire que l’année scolaire qui commence dans quelques semaines ne sera pas de tout repos pour certains parents.

Textes et contexte

De toute évidence, le ministre Ngalle Bibehe a raté une occasion d’appliquer une maxime qui est sur toutes les lèvres dans le système éducatif camerounais : il y a une différence entre le texte et le contexte. L’application des textes devrait tenir compte du contexte. Pour le cas d’espèce il aurait été judicieux de trouver des solutions intermédiaires au problème d’effectif qui n’est pas nouveau.

Au lieu de fermer les établissements privés qui exerçaient dans l’illégalité, le ministre aurait pu trouver une formule pour que ces derniers régularisent leur situation (en donnant un délai, en facilitant l’obtention des papiers, en permettant que les frais – s’il y en a – soient payés en tranches, etc.)

Pareil pour les établissements à effectifs pléthoriques. Se contenter de fixer le nombre à ne pas dépasser ne fera que mettre les chefs d’établissement dans une situation embarrassante. Pourquoi ne pas, par exemple, redistribuer le surplus dans les établissements privés qui, pour certains, sont en sous-effectif (tout en s’assurant de la qualité des enseignements, bien évidemment) ? Au moins pour cette année scolaire, le temps que de nouvelles classes soient construites, ou de nouveaux établissements créés.

Du pain sur la planche

Beaucoup reste à faire pour redonner à l’éducation nationale camerounaise ses lettres de noblesse. Par exemple, les manuels scolaires ne sont pas tous adaptés au programme ou à l’approche pédagogique implémentée actuellement. D’ailleurs, plusieurs de ces livres sont truffés de fautes et d’informations incorrectes, ce qui déroute la plupart des apprenants et met les enseignants dans des situations inconfortables en classe.

On peut également citer, entre autres, l’inadéquation des contenus enseignés, les problèmes de formation et de prise en charge des nouveaux enseignants, la gestion des carrières etc. Autant dire que le nouveau ministre des enseignements secondaire a du pain sur la planche. En tout état de cause, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, c’est au pied du mur qu’on reconnaitra le maçon (sans jeu de mots aucun).

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Crédit photo d’illustration: ccreadcameroon.org


La guerre des langues

Le 20 mars dernier, journée internationale de la francophonie, j’ai eu un court – trop court – échange sur twitter avec la mondoblogueuse Mariam Sorelle au sujet de l’impact positif que cette organisation pouvait avoir sur les langues nationales africaines. Tout est parti d’un tweet de Mariam dans lequel elle citait Albert Lourde. Ce dernier affirmait que « La Francophonie doit aider les enfants à être formés dans leurs langues nationales avant le Français ». Abordant dans son sens, Mariam essayait de me faire comprendre que la francophonie pouvait œuvrer pour le développement des langues et de la culture de ses états membres situés en Afrique. Inutile de dire que je n’étais pas de son avis.

Langue et culture

Ce qu’il faut savoir, c’est que la langue est indissociable de la culture. C’est la raison pour laquelle la langue est l’un des moyens les plus rapides pour propager une culture donnée. Parler une langue, c’est utiliser des mots et expressions qui renferment une panoplie d’éléments culturels que le locuteur découvre et assimile à force de les utiliser. Apprendre une langue signifie automatiquement s’imprégner de la culture dont elle est issue. Je cite parfois l’exemple de ces étudiants de l’Université de Maroua qui, pendant qu’ils apprenaient le Chinois, se sont vus attribués des noms chinois – un peu comme dans l’histoire de Kunta Kinté.

Durant mes années de lycée, tous les enseignants d’Espagnol que j’ai eus avaient des prénoms « hispanisés »Don Pédro au lieu de Pierre, Roberto en lieu et place de Robert etc. De plus, la seule danse que j’ai eu à apprendre de toute ma vie, c’est la salsa. Et c’était au « Club Espagnol » de mon établissement. Changer son prénom et danser une danse étrangère peuvent sembler anodin, pourtant, ce sont des éléments culturels très importants.

Pour en revenir au Français, son omniprésence dans les pays Africains membres de la francophonie implique forcément que des éléments de la culture française se sont infiltrés dans l’environnement des populations. Et c’est normal, vu que dans la plupart de ces pays, le français est à la fois langue officielle et langue d’instruction. Il est donc curieux d’entendre dire que la francophonie œuvre pour le développement des cultures Africaines.

Combat à mort

Le rapport entre plusieurs langues dans une même zone est généralement conflictuel, chacune essayant de dominer, de phagocyter l’autre. C’est à peu près le rapport qui existe entre le français et les autres 280 langues qui existent au Cameroun. « À peu près », parce que ces dernières ne font clairement pas le poids. Par ricochet, la culture locale est mise à mal par la culture occidentale qui se dilue aux rares éléments culturels qui subsistent (à travers des éléments linguistiques comme le Camfranglais[1], notamment).

À ce niveau, je pense que la question à se poser est la suivante : la francophonie serait-elle prête à se faire hara-kiri ? Parce que, à bien y réfléchir, développer les langues nationales africaines conduira, dans le meilleur des cas, une diminution de l’influence du Français en Afrique.

Développer les langues et la culture nationales

Développer les langues et la culture nationales passe par certains mécanismes qui, s’ils sont mis sur pied, risquent de porter un coup mortel aux langues utilisées actuellement dans les écoles et dans l’administration. Développer une langue c’est l’utiliser au quotidien. Développer une langue, c’est développer une littérature dans cette langue. Développer une langue, c’est l’enseigner, et l’utiliser comme outil d’enseignement.

Quel sera le statut du français si les pays membres, pour développer les langues nationales, décidaient d’utiliser ces dernières comme langues officielles ? Ou alors, si désormais les langues nationales devenaient les langues d’instruction ? Qu’adviendrait-il du français si, en cours de littérature dans les lycées Camerounais, on étudiait des œuvres écrites en Ewondo, en Ghomala ou en Bayangui ?

 

Je ne saurais faire de procès d’intention à la Francophonie, ni remettre en doute sa capacité à s’impliquer dans le développement des langues nationales Africaines. Pourtant, je reste sceptique quant à la mise en œuvre effective de mesures visant à donner plus d’envergure à nos langues, tout en espérant que le temps et les faits me donnent tort…

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[1] Le Camfranglais est un parler très rependu dans la zone francophone du Cameroun et qui est un mélange de français, d’anglais et de mots tirés de différentes langues nationales

Crédit photo de couverture: © Getty Images / Michel Gounot


Si j’étais leader de l’opposition au Cameroun…

 

L’opposition camerounaise est actuellement dans une position assez délicate. Pendant quelques temps, elle a été sous le feu des projecteurs, notamment avec la coalition qui s’est formée dernièrement pour protester contre une éventuelle modification de la constitution devant conduire à l’organisation d’élections anticipées. Si les dernières actions de l’opposition méritent d’être saluées, il reste vrai que celle-ci pèche encore dans plusieurs domaines. Moi, si j’étais leader de l’opposition au Cameroun, voici ce que je ferais.

Je n’appellerais pas à la retraite du président de la république

J’estime que c’est un débat qui n’a pas lieu d’être. Du moins, ce n’est pas à l’opposition d’appeler à la retraite de son adversaire principal. Paul Biya est président d’un parti politique. À la rigueur, ce sont les militants du parti au pouvoir qui peuvent encore demander à leur champion de ne pas se représenter. Faire signer des pétitions pour appeler à la retraite du président Biya tandis que les militants de son parti lancent plutôt des appels à candidature, pour moi, c’est simplement une perte de temps et d’énergie.

Appels à la retraire du président Biya - Crédit photo: le compte facebook d'Abel Elimbi Lobe
Appels à la retraire du président Biya – Crédit photo: le compte facebook d’Abel Elimbi Lobe

Je n’attendrais pas la veille des élections pour entrer en campagne

Je pense que c’est l’une des causes du discrédit de l’opposition au Cameroun. Pendant la période post-électorale, ces derniers « entrent dans les sissongos », c’est-à-dire qu’ils disparaissent de la circulation, et ne remontrent le bout de leur nez qu’à l’approche du scrutin. Aux yeux de la population, ça ressemble à une macabre danse du ventre exécutée pour se remplir les poches et la panse. Les faits ont démontré que plusieurs candidats dits de l’opposition ne se présentent à l’élection que pour bénéficier des frais de campagne. Dès que le pactole est empoché, on les voit battre campagne pour le candidat du parti au pouvoir.

Si j’étais donc leader de l’opposition, je commencerais à mener mes actions dès la publication des résultats des élections, histoire de prouver aux électeurs que je ne m’engage pas pour les frais de campagne.

J’irais vers les populations

À mon avis, les leaders de l’opposition ne sont pas assez en contact avec les populations – quand il n’y a aucun scrutin à l’horizon – surtout celles des zones reculées qui, la plupart du temps, ne sont informées que des actions du parti au pouvoir. Il ne suffit pas d’enfermer les programmes de société dans des bouquins et d’espérer que les populations se les approprieront. Même en les mettant sur internet (comme le MRC dont le programme de société est disponible ici), ceci ne garantit pas que les gens s’en imprègnent – encore faut-il que les sites internet soient bien référencés.

Le reproche le plus courant que l’on fait à l’opposition, c’est qu’ils ont pour seul programme politique « Biya must go » – Biya doit partir –, sans proposer aucune alternative solide et crédible en contrepartie.

C’est totalement faux. Chaque parti sérieux a un projet de société. Le seul problème, c’est au niveau de la vulgarisation. Se rapprocher des populations permettrait de faire connaitre ses intentions réelles pour le pays.

J’éduquerais la population et surtout les électeurs

Ce qui manque le plus à la population camerounaise, c’est sans doute un peu d’éducation politique. Les citoyens semblent avoir oublié quels sont leurs droits. En conséquence, lors des scrutins, les bureaux de vote sont vides. Pire, ils sont surpeuplés de citoyens, jeunes et vieux, qui viennent hypothéquer leur avenir en votant contre leurs intérêts en échange des promesses (quelques fois non tenues) d’argent.

En tant que leader de l’opposition j’irais vers les populations pour, non seulement leur parler de mon projet de société, mais aussi pour leur rappeler qu’ils ont aussi des droits, et que si leurs droits sont bafoués, il leur suffit d’aller aux urnes pour changer les choses.

J’allierais mes forces à celle des autres leaders

Au Cameroun, il existe 291 partis politiques légalisés. Difficile de faire un choix dans ce capharnaüm. Lors des scrutins, les électeurs indécis – et qui n’ont pas vendu leurs voix – auront du mal à se décider s’il faut choisir parmi 20, 30 candidats (dont plusieurs sont des alliés du parti au pouvoir). La conséquence logique c’est que les votants qui espèrent le changement fractionneront leurs voix entre les rares candidats sérieux, tandis que les autres voteront pour le parti au pouvoir. Dans cette configuration, il devient très difficile pour un quelconque parti de l’opposition de se démarquer.

Une alliance, par contre, permettrait de rassembler toutes les voix pro-opposition et de les attribuer à un seul candidat, lui donnant ainsi une chance de faire le poids face au parti au pouvoir.

En attendant que je devienne leader de l’opposition, pour mettre en pratique ce plan d’action, je me contenterai de m’inscrire sur les listes électorales pour, le moment venu, aller exprimer mon vote.


À quoi sert l’école ?

Si on considère qu’une journée de cours dure environ 8 heures de temps, on se rend compte que, pendant un bon nombre d’années, nous passons le plus clair de notre temps à l’école. Quand en plus on rajoute les heures passées à réviser et à faire les devoir à la maison, on conclut que l’école prend une place considérable dans nos vies. Mais à la fin, un tel investissement (en temps et en argent), pour quel résultat ? Longtemps après les indépendances, je pense qu’il est plus que temps de s’interroger sur l’utilité de l’éducation que nous avons reçue et qu’on donne à nos enfants dans les écoles.

Il suffit de se balader dans les rues et marchés des cités camerounaises, et de bavarder un peu avec les jeunes pour constater que la plupart de ceux qui sont sans emploi ou qui exercent les professions des grandes ambitions (call-box, moto-taxi, etc) sont détenteurs de diplômes universitaires. Alors, comment se fait-il que, après plusieurs années à user ses fonds de culotte sur les bancs, on se retrouve à exercer un emploi qui n’a aucun lien avec les connaissances emmagasinées pendant plusieurs années ?

La réponse est simple : l’école, telle qu’elle est pratiquée actuellement dans nombre de pays africains, est totalement inutile – du moins pour la grande majorité de jeunes. C’est vrai, on y apprend beaucoup de choses intéressantes, on s’instruit, on se cultive. Mais toutes ces connaissances – durement acquises et parfois très cher payées –, à quoi servent-elles au final ? Je pense que c’est la question à se poser quand on voit un jeune bachelier qui est obligé de devenir vendeur à la sauvette, faute de mieux.

Moto-taximen - Crédit photo: hervevillard.over-blog.com
Moto-taximen. Certains ont des licences, maitrises – Crédit photo: hervevillard.over-blog.com

En observant les contenus des enseignements dispensés aux élèves des écoles au Cameroun, on se rend compte qu’il n’y a en réalité aucune adéquation entre les cours et le contexte dans lequel ces derniers évoluent. Que ce soit en histoire, en géographie, en éducation à la citoyenneté, il y a peu de contenus qui concernent l’environnement immédiat des apprenants. D’ailleurs une étude menée il y a quelques années a révélé qu’en histoire, au secondaire, sur 164 chapitres prévus, seuls 31 étaient basés sur le Cameroun. En outre, les connaissances que les apprenants accumulent au fil des années ne leur permettent clairement pas de se positionner sur le marché de l’emploi, à moins de faire de longues et coûteuses études – ce qui n’est pas à la portée du camerounais lambda.

Ce qu’il faudrait faire, pour redonner son utilité à l’école, ce serait de la contextualiser. Et pour cela, il sera nécessaire non seulement de revoir les programmes, mais aussi et surtout de les épurer en en écartant définitivement les matières qui n’ont aucune utilité pour un jeune Camerounais. Je pense qu’il y a de quoi se révolter en constatant qu’on enseigne les systèmes gouvernementaux des pays occidentaux et asiatiques aux jeunes, alors qu’aucun d’entre eux n’a jamais su ce qui est écrit dans la constitution de son propre pays. Pareil quand on leur impose des langues dites vivantes, au détriment de leurs propres langues.

Contextualiser et rendre utile l’école, c’est permettre aux apprenant d’utiliser les connaissances acquises pour exercer un métier et se prendre en charge. Si ce n’est pas fait, l’école restera quelque chose d’agréable mais inutile au Cameroun.

Crédit photo de couverture: https://observers.france24.com/fr/


Quarante-quatre ans à fêter ce qui n’existe pas…

Hier au Cameroun, on célébrait l’unité nationale. Comme chaque année, on a vu les citoyens défiler, comme chaque année depuis 44 ans, on a fait défiler les enfants en chantant des chansons qui n’ont parfois rien à voir avec l’unité. Mais au-delà du défilé et des autres cérémonies qui entourent la célébration de cet événement, je pense qu’il faudrait s’arrêter une seconde pour s’interroger sur l’unité qu’on dit célébrer au Cameroun chaque 20 mai.

Sommes-nous unis au Cameroun ?

Si la question est posée à plusieurs Camerounais, ils répondront par l’affirmative et sans hésiter une seconde. Pourtant, dans la réalité les faits obligent à considérer certains points avant de répondre.

Au Cameroun, il existe des groupes sécessionnistes qui réclament la séparation des parties anglophone et francophone du pays. Plusieurs mouvements dans ce sens ont vu le jour (Southern Cameroons National Council (SCNC), All Anglophone Conference (AAC), etc) et continuent à se battre pour la sécession. Ces groupes, pourtant datent d’après la pseudo réunification des deux Cameroun, ce qui remet en question l’unité qui est célébrée chaque année.

Crédit photo: cameroonvoice.com
Militante sécessionniste du SCNC – Crédit photo: cameroonvoice.com

La réaction du gouvernement face à ces revendications laisse perplexe : aucune tentative de dialogue, les sécessionnistes sont simplement mis aux arrêts. Autant dire que le problème n’est pas résolu.

Deux systèmes juridiques pour un pays uni ?

Depuis un certain temps au Cameroun, les avocats anglophones exigent un système bi-juridique pour de nombreuses raisons parmi lesquelles figure le problème de langue. Je suis incapable de trancher ce différend entre professionnels de la loi, mais je pense que c’est bien un symptôme de la désunion qui règne au Cameroun.

Des preuves du manque d’unité au Cameroun, il y en a à suffisance. Le tribalisme, par exemple, en est une manifestation flagrante. Alors, que représente réellement la cérémonie organisée chaque 20 du mois de mai au Cameroun ?

Ne pas se contenter de défiler

Si le défilé et la réception offerte par le chef de l’État (aux frais des pauvres citoyens que nous sommes) ne sont pas forcément une mauvaise chose, il me semble que cela ne devrait pas être la seule façon de célébrer l’unité. Le préalable, à mon avis, serait de s’assurer que cette unité est effective, et, le cas échéant, de mettre en place des stratégies et mener des actions pour qu’à chaque célébration, il y ait un bilan positif, des réalisations palpables allant dans le sens de la préservation et de la consolidation de l’unité nationale.

Les mouvements sécessionnistes et le tribalisme, entre autres sujets de division, sont autant d’éléments qui remettent en cause le caractère unitaire du Cameroun. Il est impératif que ces questions soient étudiées de près, et des solutions efficaces proposées. Autrement, on aura passé quarante-quatre années à célébrer quelque chose que nous n’avons pas.


On fera pire que le Congo

Lors de la récente élection présidentielle qui s’est déroulée au Congo Brazza, beaucoup  d’entre nous ont été écœurés de ce que, durant le scrutin et même après, le pouvoir en place a décidé de couper les communications (appels, SMS, internet, etc), empêchant ainsi tout contact autant l’intérieur qu’avec l’extérieur du pays. Ceux qui avaient espéré que l’exemple Béninois soit suivi se sont bien foutu le doigt dans l’œil. Pourtant, ce qui est en train de se passer actuellement au Cameroun laisse croire que Biya l’Empereur va damer le pion à Sassou dans la compétition du plus grand démocratueur qui se déroule actuellement en Afrique francophone.

Pas plus tard que mardi dernier, le 29 mars, la police a empêché la tenue d’une conférence de presse organisée par le mouvement « Stand Up For Cameroon », une coalition formée par quelques partis de l’opposition pour s’insurger contre une probable révision constitutionnelle en vue de l’anticipation de l’élection présidentielle. À grands renforts de lacrymogènes et de véhicules anti-emeute, les hommes en tenue ont dispersé les participants et arrêté une soixantaine de personnes venues pour l’évènement.

Ce matin encore, 31 mars, c’est une cérémonie en hommage aux victimes de la guerre contre le terrorisme, organisée à Yaoundé toujours, qui s’est vue interdite, et le lieu de l’évènement investi par la police anti-émeute. Le motif de ces interdictions ? « Pour nécessité de l’ordre public » indiquent les sous-préfets… En un mot, les camerounais ont désormais interdiction de se rassembler ou de se concerter. Sauf bien sur si c’est pour signer les motions de soutien et les appels à candidature du président, bien sûr. Car jamais aucune de ces réunions n’a été interdite pour quelque motif que ce soit.

Quand on sait que l’élection présidentielle Camerounaise est censée se tenir en 2018 – c’est-à-dire dans plus d’un an –, et quand on se rend compte que la répression et le musellement de l’opposition (qui n’a pas commencé aujourd’hui) deviennent de plus en plus ouverts, ça fait évidemment craindre pour la période électorale. Ne soyons pas étonnés que l’opposition soit, sous prétexte de « nécessité de l’ordre public », interdite de battre campagne pour la présidentielle.

Ne soyons pas étonnés que plus on avance vers cette élection « certaine mais lointaine » comme a dit le Roi une fois, les droits des citoyens soient de plus en plus bafoués, que les gens soient de plus en plus intimidés. Même pendant la marche pacifique pour dénoncer le drame de l’hôpital Laquintinie de Douala, la police a fait une descente sur les lieux et des citoyens ont été arrêtés et détenus. Le régime, semble prêt à tout pour garder les esprits sous contrôle.

Il y a une chose qu’on doit reconnaître à Biya, il a l’esprit d’anticipation (et ce n’est pas seulement avec l’élection présidentielle de 2018 qui veut anticiper). En 2008, il a modifié la constitution pour faire sauter la limitation des mandats. C’était trois ans avant la date du scrutin, pour que toute rébellion aie le temps de s’apaiser avant la date fatidique.

Aujourd’hui, le scrutin de 2018, qui est entaché par plusieurs scandales et revendications populaires, semble encore plus crucial que tous les autres. Et même s’il y a de grandes chances que Biya l’emporte (j’en parlerai certainement dans un autre billet), le Nkunkuma préfère mettre toutes les chances de son côté, en mâtant tout velléité d’opposition longtemps avant l’échéance.

Telles que les choses se présentent au Cameroun, on est en droit de s’attendre à une montée en puissance de la violence entre le pouvoir et l’opposition qui semble décidée à ne pas se laisser faire. Il est donc  craindre que, d’ici la date du scrutin, le régime Biya surpasse Sassou Nguesso en terme de privation de libertés, de répression des manifestations, et je parie que la coupure des communications ne sera qu’un moyen parmi plein d’autres qui seront déployés.


Personnaliser la police de son blog avec le CSS

Le CSS permet de personnaliser la mise en forme de son blog. Avec ce langage, le champ des possibilités est assez vaste. On l’a vu dans un autre tutoriel, avec les feuilles de style il est possible de définir la couleur d’un texte, son arrière-plan, son alignement, et même la taille de la police. Mais on peut faire beaucoup plus. Nous allons voir dans ce tutoriel comment utiliser le CSS pour personnaliser une police dans son blog.

  • Changer la police de son blog

En CSS, pour changer la police qui est utilisée dans le thème qu’on a choisi pour son blog, on utilise la propriété « font-family » qu’on applique à la balise qu’on veut modifier (p, blockquote, h1, etc). Par exemple, pour utiliser la police Arial ou bien Times New Roman dans son blog, il suffit d’utiliser la syntaxe suivante :

p { font-family : Arial ; }

ou encore

p { font-family : ‘Times New Roman’ ; }

Remarquons que si le nom de la police est constitué de plus d’un mot, on les met entre guillemets (guillemets simples ou doubles, c’est à votre guise).

  • Police par défaut

En règle générale, quand une police est définie dans le CSS, elle ne s’applique que si elle est installée dans l’ordinateur de celui qui ouvre le blog. Si la police est absente, le navigateur utilisera la police par défaut définie dans le navigateur (généralement, c’est la police Times New Roman).

Pour éviter ces désagréments, il est conseillé d’utiliser les polices standard, celles qui se retrouvent couramment sur tous les ordinateurs c’est-à-dire, entre autres, Times New Roman, Arial, Verdana, Tahoma, Courrier New, etc.

Il est également possible de définir plusieurs polices. Cette option permet au navigateur d’utiliser des polices alternatives au cas où la police principale (la première de la liste) est introuvable. On pourra donc écrire

p { font-family : Arial, ‘Times New Roman’, Verdana ; }
  • Importer les polices

 

Il peut arriver que l’on ait envie d’utiliser une police qui n’est pas standard, et donc qui ne se retrouvera pas dans les ordinateurs de ses lecteurs. Pour régler ce problème, il suffit d’importer une police et de l’utiliser dans le blog.

Pour importer une police, il faut au préalable la choisir. Il existe des polices stockées en ligne auxquelles on peut accéder sur des plateformes comme Google Fonts à l’adresse https://google.com/fonts.

Google Fonts propose plusieurs polices regroupées en catégories. Après avoir choisi la police à utiliser en se servant de la barre de recherche ou bien en triant les polices selon les catégories disponibles, on peut l’importer dans le blog.

L’importation se fait en quelques étapes :

– Tout d’abord, il faut ajouter la police à sa collection en cliquant sur le bouton « Add to collection » juste en dessous de a police, à l’extrême droite.

Google Fonts - Ajouter une police à sa collection

– Ensuite, au bas de la page, il faut cliquer sur le bouton « Use » situé à l’extrême droite.

Google Fonts - Afficher le code d'importation

– Une page s’ouvre. Défiler vers le bas, jusqu’au box numéro 3 qui a pour titre, « Add this code to your website ». Cliquer sur l’onglet du milieu, « @import » et copier le code qui s’affiche dans le champ de texte. Pour la police Dancing Script par exemple, ce code apparait sous la forme suivante :

@import url(https://fonts.googleapis.com/css?family=Dancing+Script);

Google Fonts - Importer la police

C’est tout, vous êtes prêts à importer cette police dans votre blog.

  • Utiliser la police dans le blog

Retour à l’espace d’administration du blog. Une fois la fenêtre de gestion de CSS personnalisé (Custom CSS Manager) ouverte, on ajoute le code copié dans Google Fonts dans le champ de texte d’édition de CSS.

Custom CSS Manager - Appliquer le code

Quand c’est fait, il ne reste plus qu’à utiliser la propriété « font-family » pour l’appliquer à la balise qu’on souhaite personnaliser.

h1 { font-family : ‘Dancing Script’, cursive; }

Ce code applique la police « Dancing Script » à toutes les balises h1 présentes dans le blog. « Cursive » indique simplement une famille de polices. On peut aussi éviter de l’ajouter, sans aucun danger.

Remarquons que, au moment de l’importation, les espaces éventuels dans le nom de a police sont remplacés par le signe « + » (Dancing+Script).

  • « !important »

Dans certains cas, le CSS peur « refuser » d’appliquer une valeur que vous avez pourtant correctement attribuée à une balise. Ça peut arriver si une valeur différente a déjà été attribuée à la même propriété ailleurs dans le fichier CSS du blog. Pour indiquer au CSS quelle valeur est prioritaire, on doit lui ajouter le mot-clé important, précédé d’un point d’exclamation juste après cette valeur.

h1 { font-family : ‘Dancing Script’!important; }

/!\ Attention : N’utilisez ce mot-clé qu’en cas de nécessité…

Voilà, à présent vous pouvez facilement utiliser la police qui vous plaît dans votre blog. Bon codage ^^


Personnaliser son blog avec le CSS

La personnalisation d’un blog est quelque chose d’important pour les blogueur(se)s. Malgré le nombre élevé et la diversité des thèmes disponibles dans l’espace d’administration d’un blog WordPress, la plupart des blogueurs se retrouvent encore confrontés au problème de la limitation des options de personnalisation qu’offrent ces différents thèmes. En utilisant les feuilles de style ou CSS (Cascading Style Sheets), il devient tout à fait possible de rendre son blog unique.

  • Qu’est-ce que le CSS ?

Le CSS est un langage qui, combiné avec le HTML (le langage qui sert à créer les sites internet), permet de mettre en forme un site. En un mot, c’est grâce au CSS qu’on peut mettre un texte en gras, en italique, le souligner. Avec le CSS on peut également augmenter la taille du texte, lui attribuer une couleur, etc. C’est dire si la marge d’action est grande avec le CSS.

  • Comment ça marche ?

Le CSS, comme on l’a dit plus haut, fonctionne avec le HTML. Le langage HTML est composé de balises qui permettent d’identifier les éléments qui apparaissent sur une page. Une balise se reconnait par les chevrons qui l’entourent. Par exemple, pour créer un nouveau paragraphe, on utilise la balise <p>

Il existe donc différentes balises pour identifier chaque élément qui apparait sur une page internet. Voici d’autres exemples de balises : <a> pour insérer un lien, <blocquote> pour insérer un bloc de citation, <img> pour les images etc.

Le CSS se sert donc de ces différentes balises pour mettre en forme le texte. Pour attribuer des propriétés à un élément présent dans une page internet, il suffit de sélectionner l’élément, d’indiquer la propriété et de lui donner une valeur. C’est trop compliqué ? Je crois qu’un exemple pratique est nécessaire pour éclaircir les choses.

Pour changer le couleur des liens dans un blog en rouge, il suffit d’indiquer dans le CSS a { color : red ; }

En faisant attention, on verra que a représente la lettre de la balise utilisée pour insérer des liens (sans les chevrons). Ensuite, le mot-clé color (on appelle ça dans le jargon une propriété) représente la couleur, et red c’est la valeur qu’on donne à la propriété.

  • Où insérer le code CSS ?

Pour appliquer notre CSS à notre blog, il faut l’ajouter depuis l’interface de personnalisation : dans votre tableau de bord, cliquez sur « Apparence » puis « Personnaliser« . Cliquez ensuite sur l’onglet « CSS additionnel« .

Les modifications que vous appliquez dans ce champ sont prévisualisables directement sur la page d’accueil de votre blog. Il faut cliquer sur « Publier » pour rendre ces modifications visibles par toutes et tous. L’avantage c’est que si nos modifications ne nous conviennent pas, il suffit de vider le champ de texte et d’enregistrer les modifications pour revenir à notre ancienne configuration. C’est donc sans danger, n’hésitez pas à faire des tests !

  • Balises, propriétés et valeurs en CSS

Le CSS est un langage très vaste, et toutes ses spécificités ne peuvent pas être étudiées dans un seul tutoriel. Cependant, avant de terminer cette première partie, nous allons étudier les balises les plus récurrentes dans un blog, avec certaines des propriétés qu’elles acceptent, et quelques valeurs possibles.

  • Balises

Dans nos blogs, les balises qu’on retrouve presque inévitablement sont les suivantes :

<body> La balise body contient tout le contenu de notre blog. On peut l’utiliser pour définir la couleur d’arrière-plan, la police par défaut, la taille par défaut du texte, la couleur etc.

<h1> Cette balise s’emploie pour les titres des billets.

<p> La balise p permet de définir les paragraphes dans les billets. Chaque fois qu’on appuie sur la touche « Entrée », on crée une balise p.

<a> La balise a est employée pour insérer les liens dans nos billets.

<img> img s’emploie pour ajouter des images dans nos billets ou partout ailleurs dans le blog

<blockquote> Chaque fois qu’un bloc de citation est créé dans le blog, c’est cette balise qui est utilisée.

  • Propriétés et valeurs

Les balises citées plus haut ont presque toutes les mêmes propriétés. Pour chacune, on aura ainsi les propriétés suivantes :

font-size – pour définir la taille du texte. La taille se donne en pixels (px) de préférence*.

font-weight – pour définir épaisseur du texte. Il suffit de mettre ‘bold’ pour avoir du gras, et ‘normal’ pour avoir un texte normal.

color – pour définir la couleur du texte. La couleur peut être écrite en anglais (red, blue, green, black, yellow etc), ou indiquée par un code hexadécimal – on en parlera dans un prochain tutoriel.

background-color – pour définir la couleur d’arrière-plan.

border – pour définir la bordure de l’élément. L’épaisseur de la bordure se donne en pixels de préférence*. Ensuite on doit indiquer sa texture (solid, dotted, dashed etc) et sa couleur.

border-radius : pour arrondir les bords d’un élément. Le border-radius se donne en pixels (px).

width – pour définir la largeur d’un élément. La largeur peut se donner en pixels (px) ou en pourcentage (%).

height – pour définir la hauteur d’un élément. La hauteur peut se donner en pixels (px) ou en pourcentage (%).

  • Cas pratiques

1. Voici un exemple de CSS pour personnaliser les citations dans les billets :

blockquote { font-size: 15px; border: 1px solid gray; border-radius:8px; background: silver; color: black; }
Tuto CSS - Illustration (Bloc de citation)

Ce code devrait** donner à vos blocs de citation une bordure grise aux bords arrondis, avec un arrière-plan argenté et du texte noir de 15 pixels.

2.   Autre exemple, un code CSS pour personnaliser les titres des billets :

h1 { background-color: black; color: white; text-align: center; }

Ce code devrait** ajouter un arrière-plan noir aux titres de vos billets, les aligner au milieu et donner au texte la couleur blanche.

Tuto CSS 1 - llustration (Titre)

3. Encore un exemple, un code CSS pour personnaliser les paragraphes :

p { text-align: right; font-weight: bold; color: blue; }

Ce code devrait** aligner vos paragraphes à droite, avec du texte gras et de couleur bleue.

Tuto CSS 1 - llustration (Paragraphe)

4. Un dernier exemple, avec une classe personnalisée.

Attention, on s’attaque à des choses plus compliquées !

Dans l’éditeur de billets, vous remarquerez que vous pouvez ajouter une classe CSS additionnelle.

Cela va vous permettre d’affecter certaines propriétés à un bloc particulier. Admettons que je veuille que mes renvois vers des billets de mon blog s’affichent d’une certaine façon, comme sur cet exemple :

Dans votre article, vous n’avez qu’à écrire « Lire aussi : Prévention du Covid-19, ce qui n’a pas marché » avec un lien avec l’article.

A ce bloc paragraphe, vous allez affecter une classe additionnel. Dans le champ « Classe(s) CSS additionnelle(s) » que je vous montrais tout à l’heure, écrivez le nom que vous souhaitez donner à cette classe, comme par exemple « lireaussi » (pas d’espace dans le nom de la classe).

Ensuite, rendez-vous dans votre feuille de styles CSS. C’est là que vous allez affecter différentes propriétés à la classe que vous venez de créer.

Pour ce faire, la nomenclature à suivre est la suivante :

.lireaussi {
// Les propriétés de la classe ici //;
}

Vous pouvez ici régler la couleur du fond de ce bloc, la police, la couleur du texte, la taille, la bordure…

Surtout faites le maximum de tests, laissez libre cours à votre imagination. Le CSS ne présente aucun danger pour votre blog, et si l’affichage ne vous convient pas, n’oubliez pas qu’il suffit de vider la zone de texte et d’enregistrer les modifications. L’équipe de Mondoblog est également là pour vous donner quelques conseils – histoire d’éviter d’avoir un blog moche ou illisible ! Bon codage ^^.

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* Il existe plusieurs autres unités de mesure en CSS : le pourcentage %, le centimètre (cm), le point (pt), le em, etc. Cependant les plus conseillés sont le pixel et le em. Voici un lien vers une liste plus fournie d’unités de mesures utilisables en CSS : https://www.css-faciles.com/unites-css.php

** Il est possible que certaines des propriétés que vous allez attribuer à vos éléments ne soient pas appliqués. Ne paniquez pas, c’est un problème qui sera abordé dans d’autres tutoriaux.


Chez moi, il y a 20 millions de dictateurs (potentiels)

Au Cameroun, s’il y a un qualificatif qu’on attribue facilement à notre cher et tendre président-fondateur, c’est bien celui de « dictateur assoiffé de pouvoir ». Ce n’est pas faux. Pourtant, il est parfois ahurissant de constater que ceux qui taxent le vieux de despote et d’incapable se comportent de la même manière, ou pire, que lui, quand l’occasion leur est donnée.

Il y a quelques années, je me souviens, j’allais au ministère de la Fonction publique pour compléter mon dossier de prise en charge. Arrivé au ministère, le vigile chargé de contrôler les entrées m’arrête et me demande la raison de ma visite. Malgré mes explications, il décide de ne pas me laisser entrer. J’ai dû revenir le lendemain. Voilà un cas d’abus qui est très récurrent chez nous : des gens s’arrogent un pouvoir qui n’est pas le leur, et s’en servent pour brimer les autres.

Généralement, dans les administrations, les portiers, vigiles et gardes du corps ont carrément titres de ministres ou de directeurs généraux. Ce sont eux qui font la pluie et le beau temps, au grand dam des usagers, à qui ils sont censés rendre service. Pourtant, ils sont parfois les premiers à pointer un doigt accusateur en direction de l’Empereur Biya 1er, et de ses amis du pays organisateur, parce qu’ils font passer l’intérêt commun après leurs intérêts égoïstes.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les plus grands dictateurs du service public (il y en a beaucoup moins dans le privé) ne sont pas ceux qui ont les plus gros postes. Ceux qui ont déjà eu à aller légaliser des documents, dans les mairies, sous-préfectures ou préfectures, peuvent le confirmer : les secrétaires se donnent plus d’importance que les patrons eux-mêmes. La longueur des files d’attente, ou bien l’âge des clients qui attendent, ne les empêchent pas de causer longuement entre elles, au lieu de faire ce pour quoi elles sont payées.

Il m’est arrivé de vivre une scène ahurissante dans une sous-préfecture de Yaoundé. Une secrétaire essayait de renvoyer les usagers qui avaient des pièces à légaliser, en leur disant que le sous-préfet avait tout simplement arrêté de signer les documents. Tandis qu’elle essayait de disperser les mécontents, en les redirigeant vers d’autres sous-préfectures de la ville, est sorti de son bureau et s’est étonné de voir autant de monde dehors. La dame lui avait dit en réalité qu’il n’y avait plus de documents à signer, et elle était sortie disperser les gens.

Malheureusement, ce n’est pas seulement dans les services administratifs qu’on rencontre ce genre de personnes. Pour la plupart, elles ont toutes les raisons du monde de se plaindre du régime Biya mais, étonnamment, elles profitent de chaque petite occasion pour user et abuser du pouvoir qu’elles ont, aussi infime soit-il.

Dans les établissements scolaires, il n’est pas rare de rencontrer des membres de l’administration qui ont pour seule ambition de « brouter où ils sont attachés ». Malheur aux élèves qui auront l’audace de résister à leurs avances : ils seront brimés, humiliés à la première occasion, punis sans aucune raison. Au lycée bilingue de Maroua, il y a quelques années, c’est le portier qui décidait qui pouvait entrer et qui ne pouvait pas. Dès que le proviseur demandait de fermer le portail, l’entrée devenait payante.

Si les secrétaires, les portiers, les chauffeurs, les enseignants, abusent de leur autorité, pourquoi se plaindre lorsqu’un ministre bloque toute une voie pour organiser l’anniversaire ou le mariage de sa fille ? Pourquoi accuser les hommes en tenue qui sortent leurs armes pour régler leurs problèmes au quartier ? Il est très facile d’accuser les autres d’abus de pouvoir, de dictature, d’incompétence mais, avant de le faire, il faudrait au préalable se regarder dans la glace.


Quatre choses que j’ai apprises sur les Camerounais

Du 28 novembre au 6 décembre derniers, j’ai eu la chance de faire partie des mondoblogueurs invités à se retrouver à Dakar dans le cadre de la formation Mondoblog. Nous étions 70 blogueurs de 24 nationalités différentes, et pour la plupart d’entre nous, c’était le premier contact avec des africains d’autres horizons. À Dakar, j’ai appris des autres cultures, mais j’ai aussi appris beaucoup sur nous, les Camerounais. Voici quatre choses que j’ai apprises au sujet du Camerounais.

Le Camerounais a un accent (je vous jure que c’est vrai)!

Oui, vous avez bien lu, chers compatriotes. Nous avons un accent. Et je ne parle pas des accents régionaux que nous seuls savons détecter et qui permettent parfois d’identifier la région d’origine d’un individu juste en l’écoutant. Non. Je parle bien de l’accent du Français camerounais.

Il a fallu que, pendant deux jours, je voie Renaud rire aux larmes chaque fois que je parlais pour que je prenne ses déclarations (que j’avais toujours balayées d’un revers de la main) au sérieux ! Et j’ai dû me rendre à l’évidence que ce que je considérais comme étant l’accent chez les autres, en fait était pour eux la façon normale de parler. Il s’est bien marré, le Renaud. Et beaucoup d’autres avec lui!

Le camerounais parle toujours fort (surtout quand il a une bière à portée de main)

Cette remarque, c’est Guillaume qui l’a faite. Et c’est immédiatement apparu limpide à mes yeux: il avait raison. Je me suis rendu compte en réfléchissant que, chaque fois qu’il y avait un sujet à débattre chez la Congolaise (un bar dans lequel on a passé presque autant de temps qu’à l’AUF où on prenait nos cours), quand un Camerounais prenait la parole c’était toujours avec le volume au maximum. Pire encore, si deux Camerounais n’étaient pas du même avis, bonjour les décibels.

J’ai également pu vérifier cette information à l’auberge où nous logions, et dont la tenancière ne supportait pas le bruit (ce n’était pas la politique de la maison, disait-elle). À Thialy donc, chaque fois que le grand frère Tchakounte Kemayou prenait la parole, on était sûrs de voir débarquer Mama Thialy pour nous demander de la fermer. Vrai, les camerounais parlent trop fort!

Le Camerounais ne s’habille pas assez africain (surtout quand il se met sur son 31)

Pendant tout le temps qu’à duré la formation à Dakar, le constat que j’ai fait c’est que les Camerounais étaient parmi les moins authentiques dans leur vestimentaire. Généralement, c’était des jeans, chemises ou t-shirts… Très peu de boubous ou d’habits en tissus pagne.

Et sur ce chapitre togolais et béninois étaient en tête de course: il était rare de les voir sans du pagne sur eux. D’ailleurs même en terme de chaussures, la plupart du temps c’était des babouches, sandales, des trucs africains, quoi. Quand je vais encore dire que l’exemple vient de Lomé on va dire que j’aime trop le Togo.

Mais le Camerounais est quand même généreux (surtout quand il s’agit de payer à boire à ses potes)

Arrivé à Dakar j’ai remarqué que certains frères fonctionnaient différemment de nous autres du 237. Chaque fois qu’on allait chez la Congolaise, c’est-à-dire quasiment chaque soir après les cours, quel que soit celui qui proposait d’aller à la chasse aux Gazelles, quand la facture venait on se la partageait en fonction du nombre de gibiers abattus par chacun.

Ce n’est pas comme ça chez nous. Si le Camerounais te dit, allons boire une bière, ça signifie qu’il te prend en charge de la première à la dernière. Parfois tu peux même venir avec un pote ou bien une go, le gars vous gère tous avec joie. On n’est pas aussi chiches que le disait Deudjui, en fin de compte…


Mariée à tout prix #TBCS3E01

J’ai eu une pote à Maroua, une ancienne camarade de fac qui avait eu la « chance » d’entrer à l’école normale. Un jour où j’étais chez elle, elle m’a dit, toute triste: « Toi tu es bien, tu es déjà marié. Je sais même que je vais aussi me marier mais quand ? » Elle venait d’avoir une énième dispute avec son petit ami resté à Yaoundé, et elle hésitait à mettre fin à la relation, de peur de finir vieille fille et d’être par conséquent mal vue dans la société.

Au Cameroun, comme dans la plupart des pays d’Afrique noire, on ne donne parfois du respect à une femme que si on a déjà mangé sa dot. D’ailleurs, il y a un dicton bien approprié qui dit: « Tant que tu n’es pas la femme de quelqu’un, tu es la femme de tout le monde ». Certaines ont tellement bien intégré ces paroles que, le plus souvent, elles préfèrent être mal accompagnées plutôt que de rester seules. C’est ce que mon amie m’a laissé entendre ce jour-là, à Maroua.

C'est toujours pour qu'on vous respecte, mes soeurs? - Crédit photo: igihe.bi
C’est toujours pour qu’on vous respecte, mes soeurs? – Crédit photo: igihe.bi

C’est curieux, mais la grande majorité d’entre nous pense qu’une bonne femme c’est une femme mariée. Je dois honteusement avouer que moi-même, il est des moments où je suis tenté de le croire. En y réfléchissant, je me demande si cette idée ne s’est pas développée à l’époque où les femmes n’exerçaient pour ainsi dire aucun métier, n’avaient aucune occupation, au point où le seul moyen pour elles de quitter le cocon familial était le mariage.

Aujourd’hui, l’idée perdure dans les esprits des femmes mais malheureusement aussi dans ceux des hommes. C’est au point où certaines femmes se sentent obligées de mentir sur leur statut matrimonial pour éviter d’être la cible permanente de leurs voisins, des passants, de leurs collègues de bureau ou, pire, de leurs patrons.

Point besoin de se cacher derrière un homme pour être de grandes dames - Crédit photo: jica.go.jp
Point besoin de se cacher derrière un homme pour être de grandes dames – Crédit photo: jica.go.jp

Une bonne femme, ce n’est pas forcément celle qui est mariée. J’en connais qui sont mariées mais qui sont incapables de faire à manger. J’en connais qui sont mariées mais qui ne peuvent pas élever un enfant. J’en connais qui sont mariées mais qui sont les premières à draguer collègues et patrons. J’en connais qui, bien que mariées, ne se gênent pas pour aller dans les bars et autres snacks sans leurs maris. C’est ça, une bonne femme ?

La société veut forcer les femmes (et les hommes) à croire qu’une femme ne peut s’affirmer qu’à travers son homme. C’est faux. De même que c’est réducteur de dire que « derrière un grand homme se cache une grande dame. » Pourquoi doit-elle se cacher derrière un homme ? Pourquoi ne pas montrer sa grandeur à elle sans que ce soit à travers son mari ? Pourquoi le mari ne se cache-t-il pas derrière sa femme ? D’ailleurs, pourquoi la femme ne peut pas être grande sans mari ?

Certaines femmes sont des exemples poir lez hommes - Crédit photo: hornaffairs.com
Beaucoup de femmes sont des modèles pour les hommes – Crédit photo: hornaffairs.com

Aujourd’hui, les femmes sont présidentes de la République, ministres, chefs d’entreprises, expertes, directrices générales, enseignantes, etc. Beaucoup de femmes sont même des modèles pour certains hommes. Avec ou sans mari, ce sont des femmes qui inspirent. Avec ou sans mari, ce sont des femmes qui rassemblent, qui partagent, qui aident. Avec ou sans mari, ce sont de bonnes femmes.

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La saison 3 du Blog Contest commence aujourd’hui avec le thème suivant, « La pression sociale : une bonne femme est une femme mariée ». Je ne suis plus challenger officiel, mais comme annoncé à la fin de la saison 2, je vais autant que faire se peut, écrire #EnMargeDuTBC (Tout le monde sait que dans une fête les tuyoristes mangent plus que les invités officiels). Voici les liens vers les articles des challengers:

Leyopar

Elieko

Le Tchoupinov

Benjamin Yobouet le pigiste

William Tahlec

Samantha Tracy


L’hommage aux morts, vu par des Camerounais…

Le 16 octobre, ma belle-sœur est décédée des suites d’une maladie aussi courte qu’inexplicable. Pendant trois semaines, la famille s’est régulièrement réunie pour lui organiser des obsèques dignes de ce nom. Trois semaines de cotisations, trois semaines de privations, trois semaines d’emprunts contractés çà et là, pour que, le jour fixé pour l’enterrement, tout se déroule « dans les règles de l’art ». Et ce fut le cas. Samedi 7 novembre, la défunte a été inhumée et, au vu de la cérémonie à laquelle j’ai assisté, je peux dire que les petits plats ont été mis dans les grands. Quel gâchis…

Au Cameroun, la réussite d’une cérémonie (qu’il s’agisse d’un évènement heureux ou malheureux) dépend de la grosseur du plat que chaque invité – et de chaque je-m-invite – et du nombre de bières que chacun ingurgite. Et en me basant sur ce critère, je puis vous assurer que les obsèques de ma belle-sœur étaient plus qu’une réussite. On a mangé, on a bu à n’en plus pouvoir.

Toute la famille a contribué pour l’occasion, chacun selon ses capacités. Même les jeunes du quartier ont mis la main à la pâte. Il fallait, disait chacun, rendre hommage à la sœur, à l’amie, à la fille, à la nièce. Moi, j’ai regardé toute cette agitation avec un arrière-goût amer dans la bouche – et ce n’était pas à cause des quelques FCFA que j’avais donnés comme contribution personnelle.

Ma belle-sœur, je dois vous l’avouer, était une demoiselle au grand cœur. Ceci explique certainement cette envie de lui rendre un dernier hommage retentissant. Pourtant je ne parviens pas à expliquer pourquoi il faut attendre qu’elle décède pour venir lui rendre un prétendu hommage.

Sans emploi et ayant un enfant dont le père n’était pas exactement ce qu’on pouvait qualifier de responsable, la vie de belle-sœur n’était pas rose. Il fallait qu’elle se débatte comme une vraie diablesse pour assurer le lait à son enfant. Et elle n’y parvenait pas toujours. Je me souviens de cette fois où, lasse de quémander de l’argent à sa mère ou à sa sœur (qui lui en donnait toujours quand elle en avait), elle avait dû donner à son fils de plus d’un an le lait de mon fils qui venait de naître !

Je peux compter le nombre de fois que je l’ai vue bien coiffée ; je peux compter le nombre de fois que je l’ai vue bien mise. Non, elle vivotait avec presque rien, et se débrouillait à élever son fils convenablement. Et lorsque je vois les moyens qui ont été mis en jeux pour lui « rendre hommage » je me dis que c’est dommage.

Autant de nourriture mangée en une seule soirée pour « pleurer dignement » celle qui ne parvenait pas toujours à manger à sa faim de son vivant… Autant de boissons bu en un clin d’œil pour enterrer quelqu’une qui ne buvait pas autant qu’elle l’aurait souhaité… Pourquoi sommes-nous toujours incapables d’aider les gens quand ils en ont le plus besoin ? Je n’arrive pas à me l’expliquer.

Tout cet argent cotisé, finalement à qui a-t-il été utile ? L’ami, le frère, la sœur, le père, l’oncle sont-ils vraiment ces gens prêts à s’endetter pour nous organiser des funérailles dignes de ce nom, mais parfois incapables de nous offrir à manger quand on a faim ?

Point besoin de se mettre en quatre pour s’occuper du cadavre d’un être qu’on a regardé souffrir quand il était en vie sans lever le petit doigt, sous prétexte de le remercier pour les bonnes actions posées de son vivant.


On ne mange pas les chiffres

Dernièrement, un ami togolais qui avait besoin d’infos pour écrire un billet sur le Cameroun m’a demandé quel était le taux de croissance économique au Cameroun. « Je sais pas », lui ai-je dit. Mais ce matin,  j’ai essayé de me renseigner à propos.

Après un tour rapide sur le site « Investir au Cameroun », j’apprends que « Selon Mario De Zamaroczy, le chef de la mission d’évaluation que le Fonds monétaire international (FMI) vient d’achever au Cameroun, le taux de croissance du PIB (Produit intérieur brut) du pays devrait culminer à 6% en 2015, contre des prévisions gouvernementales de 6,3%. » Nul en économie, je décide de comparer ce taux à celui d’autres pays du monde.

Et je me suis bien marré pendant cet exercice. Je n’ai pu me retenir de pouffer de rire en lisant le titre d’un article du Figaro qui parle d’« un bon inespéré de 0,6% pour la croissance au premier semestre » en France. Inespéré, sérieux ?

En jetant un coup d’œil sur les taux de croissance de plusieurs pays, j’ai eu l’impression qu’au Cameroun on s’en sortait plutôt bien. En Afrique, de façon générale, les taux de croissance sont hallucinants : jusqu’à 36,2% pour le Sud-Soudan, 9,9 pour l’Éthiopie, et 5,9 pour le Cameroun en 2014, contre 0,2% pour la France, 1,6 pour l’Allemagne, et même -0,4 pour l’Italie.

Je dois d’ailleurs dire que nos éminents économistes se félicitent de ces chiffres et s’en servent même pour conclure que tout va bien au pays, et que l’émergence 2035 n’est pas qu’un slogan creux, un rêve irréalisable. Normal, depuis 2011 au moins, le taux de croissance économique est en perpétuelle hausse. Bravo, messieurs les grands ambitieux, bravo !

Mais pourquoi donc le Camerounais lambda ne ressent pas les répercussions de cette bonne santé économique au quotidien ? Pas plus tard qu’en 2008, les jeunes sont descendus dans la rue pour protester contre l’augmentation des prix des denrées de première nécessité. On leur a tiré dessus sans ménagement. Pourtant l’économie se portait bien, selon les chiffres (2,9%, c’est pas rien, la France était à 0,2 et l’Allemagne à 1,1…).

Nos économistes et autres politiciens sans scrupules doivent comprendre qu’on ne mange pas les chiffres ! Non, les beaux discours et les statistiques élogieuses n’ont jamais créé des emplois pour les jeunes diplômés qui chôment dans les 10 régions du pays ; les prévisions optimistes et les projections en 2035 n’ont jamais nourri les Camerounais affamés et assoiffés ; de même qu’on ne construit pas l’étage avec la bouche, on ne développe pas un pays avec les chiffres.

Tandis que le taux de croissance économique grimpe d’année en année, le panier de la ménagère, lui, se vide, les emplois se font de plus en plus rares, l’éducation se dégrade.  De toute façon, le jour où je mangerai à ma faim et boirai à ma soif, le jour où je pourrai me loger décemment et me soigner sans avoir à m’endetter, le jour où mes frères sortis des grandes écoles auront de l’emploi sans se compromettre ou corrompre, ce jour-là, quel que soit le pourcentage de croissance économique, je saurai que le pays est sur la bonne voie.