Florian Ngimbis

Mémoires d’un sportif rangé

Un ami parisien me disait récemment qu’il faisait comme Winston Churchill: lorsqu’il a une envie de sport, il attend qu’elle lui passe. J’ai adhéré, car moi aussi je suis comme ça.

Vendredi, j’ai pris un verre avec une adorable fille qui me résiste depuis des mois. Elle prétend avoir fait vœu de chasteté. Si vous la voyiez. Un véritable gâchis! Mais pas de soucis, je gère le dossier on en reparlera bientôt. Entre deux gorgées de Castel, je lui demande« mais ma biche comment tu fais quand tu as des envies de culbute ? ». L’adorable créature me répond avec un sourire angélique : je fais du sport pour éteindre mon feu intérieur. Comme je suis un incorrigible imitateur (et qu’un feu perpétuel brûle en moi), le lendemain matin, me voilà en train d’esquiver les voitures dans les rues sans trottoir d’Efoulan sous le prétexte d’un footing matinal. Je le dis tout de go, ça n’a pas fonctionné et le pire c’est que j’ai l’impression depuis ce matin d’avoir été bastonné par une bande de nangabokos. Même quand je ris, je grimace tellement j’ai mal.

Je déteste le sport.

La faute à l’école. Avant d’avoir dix ans, j’ai du affronter les épreuves sportives du CEPE. Un souvenir cauchemardesque. J’étais le plus jeune, le plus petit, le plus frêle. Saut en hauteur au dessus d’un bac à sable. Deux essais à 0.80m deux échecs. Le maître-examinateur me fait même la fleur de baisser la corde à 0.70m je m’élance, je saute, ça passe, mais mon énorme short vert (il n’y en avait pas à ma taille) accroche l’élastique. « Accordé avec faute ! » crie l’examinateur en rigolant. « Mention pitié » oui ! Je rumine ma vengeance et à l’écrit je finis 3ème du département.

Lire la suite


Mémoires d’un sportif rangé

Usain Bolt, crédit photo ESPN©

Un ami parisien me disait récemment qu’il faisait comme Winston Churchill: lorsqu’il a une envie de sport, il attend qu’elle lui passe. J’ai adhéré, car moi aussi je suis comme ça.

Vendredi, j’ai pris un verre avec une adorable fille qui me résiste depuis des mois. Elle prétend avoir fait vœu de chasteté. Si vous la voyiez. Un véritable gâchis! Mais pas de soucis, je gère le dossier on en reparlera bientôt. Entre deux gorgées de Castel, je lui demande « mais ma biche comment tu fais quand tu as des envies de culbute ? ». L’adorable créature me répond avec un sourire angélique : je fais du sport pour éteindre mon feu intérieur. Comme je suis un incorrigible imitateur (et qu’un feu perpétuel brûle en moi), le lendemain matin, me voilà en train d’esquiver les voitures dans les rues sans trottoir d’Efoulan sous le prétexte d’un footing matinal. Je le dis tout de go, ça n’a pas fonctionné et le pire c’est que j’ai l’impression depuis ce matin d’avoir été bastonné par une bande de nangabokos. Même quand je ris, je grimace tellement j’ai mal.

Je déteste le sport.

La faute à l’école. Avant d’avoir dix ans, j’ai du affronter les épreuves sportives du CEPE. Un souvenir cauchemardesque. J’étais le plus jeune, le plus petit, le plus frêle. Saut en hauteur au dessus d’un bac à sable. Deux essais à 0.80m deux échecs. Le maître-examinateur me fait même la fleur de baisser la corde à 0.70m je m’élance, je saute, ça passe, mais mon énorme short vert (il n’y en avait pas à ma taille) accroche l’élastique. « Accordé avec faute ! » crie l’examinateur en rigolant. « Mention pitié » oui ! Je rumine ma vengeance et à l’écrit je finis 3ème du département.

Au lycée, ma haine pour le sport s’accroit. Je suis toujours le plus jeune, le plus petit, le plus frêle. A cette époque,  pauvre naïf, j’avais encore l’espoir de grandir un jour. Mais il y a néanmoins une éclaircie en terminale: je divorce d’avec ma virginité. La fille qui s’en charge loge dans une chambre hors de la maison familiale – le rêve ! Je peux la rejoindre chaque nuit pour découvrir des plaisirs au dessus des prémices auxquels mes jeux solitaires m’avaient habitué. J’y prends tellement goût que je rentre de plus en plus tard. Et un soir, ivre de stupre, je m’oublie. C’est le muezzin de la mosquée voisine qui me réveille en lançant son appel vers quatre heures. Je rentre au pas de course, évitant de peu mon père qui a la manie de se lever aux aurores. Pour éviter ce genre de déconvenue j’imagine une astuce diabolique. Je me rends chaque nuit chez ma dulcinée en tenue de sport et je peux rentrer le matin en simulant un footing. Et ça a marché ! Chaque matin je passe devant mon père debout sur la véranda, le paternel qui fronce les sourcils certes, mais se souvient à chaque fois que les épreuves sportives du baccalauréat sont proches et que son champion de fils s’entraîne. Ma mère a certes tiqué, mes voisins et camarades ont eu des soupçons, mais personne n’avait les preuves de mon manège.

Ça a duré des semaines, jusqu’à ce que la saison des pluies se pointe. Un matin, après avoir embrassé une partie du corps de ma dulcinée que je ne nommerai pas, je m’élance dans mon vrai faux footing de 2km pour rentrer chez moi et voilà qu’une pluie commence. Vous savez une de ces violentes averses qui arrivent sans prévenir. Tous ceux qui m’ont aperçu courant sous la pluie ce matin là ont conclu malgré toute l’humidité dans l’air que ça sentait le roussi cette affaire de sport matinal. Mon père quand il m’a vu franchir le portillon, trempé, pataugeant dans le torrent n’a eu qu’un commentaire : tu prépares le bac ou les jeux olympiques ?

La nuit suivante il entrait dans ma chambre vide vers minuit. Après la raclée qu’il m’a foutu à mon retour, je n’ai plus jamais couru aux aurores.

Une semaine plus tard je finissais bon dernier aux épreuves sportives du baccalauréat. Je me souviens même avoir frôlé la syncope après la course de fond. Mon cœur battant dans mes oreilles, l’impression d’avoir les jambes coulées dans du ciment.

Une fois de plus, j’ai pris ma revanche lors des épreuves écrites. Résultats catastrophiques, trois admis seulement, je suis le deuxième sur la liste.

Mes parents ont souri de plaisir, ma petite amie que je pouvais désormais voir sans me transformer en coureur de fond le matin m’a définitivement fermé sa porte. Je me souviens de la phrase qui a accompagné la rupture : Ngimbis tu es un noyeur*!

Ah oui, j’ai oublié de vous dire qu’elle avait lamentablement échoué à son examen.

Avec toutes les nuits de rêve que je lui ai fait vivre – on peut toujours rêver hein ? -, si ce n’est pas de l’ingratitude, je veux bien m’appeler Usain Bolt.

Peace !

*noyeur : mot camerounais qui désigne un mouton qui par instinct grégaire conduit d’autres moutons vers un précipice et au dernier moment change de direction, laissant les autres s’écraser au fond du ravin.

 


La Belle et le Nain, conte camerounais

Vous devez d’ores et déjà savoir que je suis un amateur de mondanités et autres sorties. Ce qu’il faut savoir, c’est que je suis également petit. Petit n’est pas à prendre uniquement au figuré hein ? Je suis petit au sens propre du terme. Approximativement 1,68 m pour environ 65 kilos (deux ou trois kilos de plus en période de fête). Petit et mince, un cocktail malchanceux en vérité. Quand tu es petit à Yaoundé, tout le monde t’appelle petit, ceci même quand tu affiches un duvet sur le menton, résultat de six mois de cotisation (comprenez sans passer chez le coiffeur). Les chauffeurs de taxi qu’on ne voit jamais debout t’appellent petit et te servent un tutoiement spontané, les filles te regardent de haut même quand elles ont la moitié de ton âge. Les serveuses te toisent, sauf quand tu sors un grand billet de dix mille qui augmente tes centimètres le temps d’une soirée. Tes frères eux-mêmes parce que nourris avec du lait fait à base d’OGM qui n’existait pas à ton époque essaient à tout moment de te déposséder de ton droit d’aînesse, tant tu as l’air d’un gringalet en face d’eux. Comme j’aime à le dire, même un éléphanteau de trois jours appelle un lièvre de quarante ans petit. Bref tu es un petit.

Lire la suite


La Belle et le Nain, conte camerounais

Le Roi Lion et sa Lionne, Damien Glez©

Vous devez d’ores et déjà savoir que je suis un amateur de mondanités et autres sorties. Ce qu’il faut savoir, c’est que je suis également petit. Petit n’est pas à prendre uniquement au figuré hein ? Je suis petit au sens propre du terme. Approximativement 1,68 m pour environ 65 kilos (deux ou trois kilos de plus en période de fête). Petit et mince, un cocktail malchanceux en vérité. Quand tu es petit à Yaoundé, tout le monde t’appelle petit, ceci même quand tu affiches un duvet sur le menton, résultat de six mois de cotisation (comprenez sans passer chez le coiffeur). Les chauffeurs de taxi qu’on ne voit jamais debout t’appellent petit et te servent un tutoiement spontané, les filles te regardent de haut même quand elles ont la moitié de ton âge. Les serveuses te toisent, sauf quand tu sors un grand billet de dix mille qui augmente tes centimètres le temps d’une soirée. Tes frères eux-mêmes parce que nourris avec du lait fait à base d’OGM qui n’existait pas à ton époque essaient à tout moment de te déposséder de ton droit d’aînesse, tant tu as l’air d’un gringalet en face d’eux. Comme j’aime à le dire, même un éléphanteau de trois jours appelle un lièvre de quarante ans petit. Bref tu es un petit.

Récemment, j’ai trouvé une parade à cette petitesse qui m’énerve plus qu’elle ne me vexe : les filles. Je me suis rendu compte que peu importe le lieu où tu te pointe dans cette République de Crevettes si la fille qui t’accompagne est claire de peau comme une banane murie au soleil ou grande comme l’Everest, tu as le RESPECT. Les gens te jettent des regards avec l’air de dire: petit là, s’il marche avec crocodile de ce genre c’est qu’il n’est pas petit dèh !

Le week-end dernier, devant me rendre au mariage d’un copain, j’ai décidé d’appliquer ma recette. Tri des contacts féminins de mon répertoire téléphonique avec comme algorithme de tri « moins de 1,70 : éliminée, plus de 50% de taux de mélanine, éliminée ». Un nom est apparu, J. une liane tropicale grande comme un cocotier avec la peau couleur d’albâtre. Ma chérie tu fais quoi ce soir ? Question superflue, les filles-consommatrices de Yaoundé ne font jamais rien quand il s’agit de les inviter.

En sortant ce soir là, je ne pouvais même pas lui tenir la main, tant le geste me donnait l’impression de m’accrocher à ces espèces de sangles fixées au plafond des bus. Mais j’étais fier hein, j’avais l’impression de me balader avec un top model, un top model au QI honteux, aux faux cheveux, je le conviens, à la conversation inexistante -et alors ? C’était néanmoins un top model, dont la croupe moulée dans un pantalon ultramoulant attirait sur nous les regards envieux et concupiscents de l’assistance.

Je précise que je m’étais engoncé dans mon costume RP bleu Facebook de sinistre mémoire, mais qui ce soir là me donnait fière allure. Accueil souriant d’une hôtesse à l’entrée qui ne prend même pas la peine de jeter un regard sur l’invitation que je lui tends. Installation à une table pour six, puis mon ami qui ayant assisté à notre entrée fracassante depuis son trône de marié donne des ordres et nous voilà relogés à la table d’honneur. Ça m’a rappelé une parabole de la Bible. La fille était extasiée, tremblant de plaisir sur ses louboutins de quinze centimètres.

Début de soirée de rêve, sous le regard envieux et jaloux des autres mâles et le regard jaloux des autres femmes (envers ma copine) et brûlant (à mon endroit). Là s’arrête le bonheur.

Vous savez, il existe une espèce de tradition dans les mariages : l’ouverture de bal ou je ne sais plus quoi. Une espèce de parade idiote au cours de laquelle un ensemble de couples « triés sur le volet » sont appelés à rejoindre les mariés sur la piste. J’ignorais que les invités de la table d’honneur avaient certes droit au meilleur vin et au meilleur champagne, mais ils avaient en retour le devoir de participer à cette danse. Imaginez donc ma surprise tandis que savourant une coupe de Moët j’entends le présentateur susurrer que Monsieur et Madame Ngimbis devaient rejoindre les mariés sur la piste. Malchance !

Je me suis levé non ? C’est une fois au milieu des autres couples, en face de ma cavalière que j’ai découvert le piège: ma tête lui arrivait à peine au niveau des seins ! La Belle et le Nain.

Pas d’issue de secours, pas d’interlocuteur pour plaider une migraine, pas de plâtre pour justifier la position assise, voilà votre kongosseur appelé à danser un slow avec une réplique humaine de la tour Eiffel.

J’ai maudit le fabricant italien de n’avoir pas ajouté plus de centimètres à mes chaussures. Puis je me suis souvenu qu’elles étaient made in China.

J’ai maudit Mendel, la génétique et ses lois absurdes, puis je me suis dit que son cadavre n’avait rien à cirer de mes malédictions.

Je me suis donc contenté de sauver la face en dansant à vingt centimètres de ma cavalière, inventant à mon insu le slow « without contact ».

J’ai du supporter l’épreuve pendant trois longues minutes, sous les regards narquois des mâles qui semblaient tous me dire « achouka ngongolik ». You chercha you trouva, you trouva you supporta. J’ai bu la coupe jusqu’à la lie.

Vous savez, je suis un cérébral ; j’avais pensé toute ma soirée et rien que cette déconvenue a suffit à gâcher tout mon scénario. Après le repas que je n’ai guère savouré, je suis allé, un verre à la main m’installer près du serveur de bière enchainant verre sur verre tout en regardant ma conquête enchaîner danse sur danse avec des mâles à sa hauteur. Devant le regard interrogateur du serveur qui ne semblait pas comprendre que je délaisse du champagne pour de la bière de qualité inférieure, j’ai répondu « laisse seulement petit, un jour tu comprendras qu’il n’y a que les arbres de même taille qui s’échangent les singes ». Il a cru que j’étais soul, et je crois bien que je l’étais.

J’ai fini la soirée seul à regretter de n’être pas le roi lion. Attendez, il est le seul camerounais à se balader avec une femme plus grande que lui (cheveux non compris), plus blanche que les blancs, plus rousse que les rousses et sans pour autant paraître ridicule. Bah oui, pour la première fois j’ai regretté de n’être pas le plus grand des camerounais.

Peace la famille.

 


Je suis camerounais, je fuis!

N’est pas camerounais qui veut hein ? Larguez un camerounais sur Mars, il trouvera toujours le moyen de faire parler de lui. Au regard de ses performances, la Cameroon Olympic Team aurait dû passer inaperçue, mais en réussissant à s’évaporer dans la nature, sept athlètes ont réussi à nous mettre sur le devant de la scène. Twitter, Facebook, et même des journaux respectables comme le New York Times ont fait leurs choux gras de cette histoire d’athlètes disparus. Comme notre réputation est apparemment assise, personne ne s’est demandé si nos compatriotes avaient été enlevés, si des terroristes du genre Septembre Noir ne les retenaient pas quelque part, rien. Personne n’a convoqué les experts Londres pour élucider cette affaire (cc @ETAMBA) tout le monde a conclu : ils ont fui.

Si le monde entier veut nous octroyer la médaille d’or du ridicule, tant pis. En ce qui me concerne, je suis surpris quand j’entends des gens dire qu’ils ont entaché le blason de la Nation, qu’ils attirent la honte sur nous et blablabla. Laissez-moi rire. Chaque jour, des sénégalais traversent le désert à pied, espérant finir dans un centre de rétention espagnol, chaque jour, des pirogues chargées de maghrébins bravent la Méditerranée pour squatter les côtes italiennes, je me souviens de ce malien qui a fait Bamako-Paris recroquevillé dans le train d’atterrissage d’un Airbus, ou de ces congolais qui font le voyage jusqu’à Anvers cachés dans des conteneurs. Voilà sept lions qui ont réussi à immigrer de la façon la plus classe qui soit: Billet d’avion, visa, défilé sous la bannière vert-rouge-jaune devant le monde entier, primes perçues, et pffft ! Disparus. Qui dit mieux ? Veni, vidi, fuiti (laissez mon latin en paix!). Je suis venu, j’ai vu, j’ai fui. Et alors ? L’important c’est de participer non ?

Lire la suite


Je suis camerounais, je fuis!

N’est pas camerounais qui veut hein ? Larguez un camerounais sur Mars, il trouvera toujours le moyen de faire parler de lui. Au regard de ses performances, la Cameroon Olympic Team aurait dû passer inaperçue, mais en réussissant à s’évaporer dans la nature, sept athlètes ont réussi à nous mettre sur le devant de la scène. Twitter, Facebook, et même des journaux respectables comme le New York Times ont fait leurs choux gras de cette histoire d’athlètes disparus. Comme notre réputation est apparemment assise, personne ne s’est demandé si nos compatriotes avaient été enlevés, si des terroristes du genre Septembre Noir ne les retenaient pas quelque part, rien. Personne n’a convoqué les experts Londres pour élucider cette affaire (cc @ETAMBA) tout le monde a conclu : ils ont fui.

Si le monde entier veut nous octroyer la médaille d’or du ridicule, tant pis. En ce qui me concerne, je suis surpris quand j’entends des gens dire qu’ils ont entaché le blason de la Nation, qu’ils attirent la honte sur nous et blablabla. Laissez-moi rire. Chaque jour, des sénégalais traversent le désert à pied, espérant finir dans un centre de rétention espagnol, chaque jour, des pirogues chargées de maghrébins bravent la Méditerranée pour squatter les côtes italiennes. Je me souviens de ce malien qui a fait Bamako-Paris recroquevillé dans le train d’atterrissage d’un Airbus, ou de ces congolais qui ont fait le voyage jusqu’à Anvers cachés dans des conteneurs. Voilà sept lions qui ont réussi à émigrer de la façon la plus classe qui soit: Billet d’avion, visa, défilé sous la bannière vert-rouge-jaune devant le monde entier, primes perçues, et pffft ! Disparus. Qui dit mieux ? Veni, vidi, fuiti (laissez mon latin en paix!). Je suis venu, j’ai vu, j’ai fui. Et alors ? L’important c’est de participer non ?

C’est assez triste néanmoins de voir que notre pays est devenu une prison dont tout le monde veut s’échapper à tout prix. Que peut-on reprocher à ces jeunes gens ? De n’avoir pas osé ? Ils se sont tout de même retrouvés aux JO, au prix d’une qualification. Ce sont des athlètes. Des gens qui ont pris leur destin en main et se sont spécialisés dans la pratique du sport de haut niveau. Mais voilà, le sein sensé les nourrir s’est révélé empoisonné. L’un d’eux Edingue est un nageur et chaque jour, je me demande comment ce jeune homme est parvenu à aller aux jeux. J’ai beau chercher dans mon esprit, je ne vois aucune piscine olympique dans ce pays. Le Wouri ? La Sanaga ? La Dibamba ? Le Nyong ? Le Mfoundi ? Edingue s’entraînait dans la piscine de Nkomo! Un misérable bassin que les dragueurs yaoundéens connaissent bien.

Idem pour le gros du contingent, les boxeurs. Je ne sais pas si vous connaissez le camp de l’unité, le temple de la boxe à Yaoundé. Une vieille bâtisse sale, croulante, obscure. Un antre glauque que quelques passionnés maintiennent à flot tant bien que mal en formant sans moyens ni matériel une jeunesse qui n’a que l’envie comme motivation. Mais malgré ça, deux des boxeurs étaient médaillés des derniers jeux africains, dont un en or !

Le boxeur Donfack était pensionnaire de l’INJS de Yaoundé, un futur fonctionnaire, mais un homme dont les rêves étaient dans les gants de boxe.

Comment leur en vouloir ?

Partir devient une nécessité, un devoir. Partir ou mourir. Partir ou voir son talent s’étioler jusqu’à ne devenir qu’un vague souvenir peuplant les soirées alcoolisées dans un bar pourri : quand j’étais jeune, je nageais hein ? Pas vos machins là !

Ce n’est pas la honte du Cameroun, ni celle de la majorité de notre peuple. Les responsables sont là. Tapis dans l’ombre mais pourtant connus. Ces vautours, ces vampires qui ponctionnent lentement mais sûrement le sang de la jeunesse, ses espoirs, ses rêves.

Laissons les sportifs. Combien de jeunes gens profitent d’une bourse d’étude et ne reviennent jamais ? Combien de médecins s’en vont faire des stages et constatent que le bistouri est plus maniable en Europe qu’au Cameroun ? Les développeurs, les entrepreneurs et j’en passe. Combien de camerounais brillants sont éparpillés à travers le monde ? Même lors des JMJ vous savez, les Journées Mondiales de la Jeunesse, cette manifestation catholique réunissant des jeunes chrétiens du monde entier, des camerounais partent et ne reviennent pas. Même Dieu est plus sucré à l’étranger.

Politique du livre inexistante, politique sportive boiteuse, presse peuplée de vautours, secteur musical transformé en mafia, corruption à grande échelle, favorisée par une bureaucratie monstrueuse, avide de gain, adepte du népotisme et d’un favoritisme aux relents ethnotribalistes. Malgré ça des jeunes gens s’en sortent, réussissent à briller et ne demandent que le minimum d’encadrement qui feraient d’eux les héros de demain, ceux par qui le soleil viendrait briller sur une Nation qui le mérite au vu des talents dont elle regorge. Niet ! ils ne reçoivent rien.

Il n’ya qu’à contempler la Team France. Noire de camerounais ! Des champions allés chercher ailleurs ce que leur terre leur a refusé. Immigration choisie, dans l’autre sens. Même l’équipe de foot n’attire plus personne. Je suis né en France, je suis Français, que ferais-je du Cameroun? Comment leur en vouloir ? Avant de vous demander ce que le Cameroun a fait pour vous, demandez-vous ce que vous avez fait pour votre pays. Phrase de démagogue, vide de sens et que les faits rendent encore plus caduque.

Il ne s’agit pas de faire dans du pessimisme ou de l’afropessimisme de mauvais aloi, encore moins de se lancer dans les lamentations façon Jeremie. J’énonce juste des faits. Si vous voulez tirer sur quelqu’un cherchez du côté du potentat qui nous dirige depuis trente ans. Laissez les camerounais se débrouiller. Je rends un vibrant hommage à ceux qui restent et osent dans ce pays, mais jamais au grand jamais, je ne jetterai la pierre à ceux qui s’en vont. Personne ne voudrait vivre par procuration.

Une anecdote pour la route. Dernièrement à mon retour de France ma mère m’a demandé avec le franc-parler qui la caractérise : mais je dis hein ? Toi-là même tu reviens à chaque fois faire quoi ici ? Je lui ai répondu : Mama ! Froid de là bas, c’est pas froid que tu connais là, c’est congélateur.

Bon et puis, si je pars qui vous pondra le kongossa pimenté made in Kamerun ?

Peace mes frères fugitifs!

 Merci à Elodie (@Shesmile237) la jolie twitto qui m’a inspiré ce billet 😉

 


Je suis camerounais, je comprends tout!

Alphabet Bamoun. Photo: Medu Kam

Certaines personnes croient que j’invente les histoires relatées dans mes billets. Je le dis et redis : NON ! Tout ce que je dis et raconte sur ce blog est vrai. Parfois ce sont des histoires banales, des choses qu’on vit au quotidien mais que je croque avec mon humour qui semble-t-il est atypique. Ce qui les fait paraître exceptionnelles.

Ce matin par exemple j’ai vécu une expérience amusante dans un taxi. Vous savez nos taxis yaoundéens à cinq places chauffeur non compris.

Je rentre dans le taxi, je m’installe à l’arrière en compagnie de deux jeunes filles pas spécialement belles, mais le genre qui se prend la tête pour s’être arrosé de parfum et chaussées de louboutins made in china. Ici on dit qu’elles se sentent.

Parlant d’odeur, j’ai été pris à la gorge par les effluves de leurs parfums respectifs qui tenaient plus de l’insecticide que de la fleur d’oranger, mais là où les choses se sont gâtées, c’est quand les deux sorcières ont commencé une discussion sur la dernière ligne de vêtement des sœurs Kardashian. Vous savez une de ces discussions à voix ultra haute qui vous donnent envie de vous suicider. Le sujet m’était assez indifférent, mais les deux vampires hurlaient comme des loups garous en extase devant la pleine lune. J’ai donc décidé de passer à l’offensive.

Lire la suite


Je suis camerounais, je comprends tout!

Alphabet Bamoun. Photo: Medu Kam

Certaines personnes croient que j’invente les histoires relatées dans mes billets. Je le dis et redis : NON ! Tout ce que je dis et raconte sur ce blog est vrai. Parfois ce sont des histoires banales, des choses qu’on vit au quotidien mais que je croque avec mon humour qui semble-t-il est atypique. Ce qui les fait paraître exceptionnelles.

Ce matin par exemple j’ai vécu une expérience amusante dans un taxi. Vous savez nos taxis yaoundéens à cinq places chauffeur non compris.

Je rentre dans le taxi, je m’installe à l’arrière en compagnie de deux jeunes filles pas spécialement belles, mais le genre qui se prend la tête pour s’être arrosé de parfum et chaussées de louboutins made in china. Ici on dit qu’elles se sentent.

Parlant d’odeur, j’ai été pris à la gorge par les effluves de leurs parfums respectifs qui tenaient plus de l’insecticide que de la fleur d’oranger, mais là où les choses se sont gâtées, c’est quand les deux sorcières ont commencé une discussion sur la dernière ligne de vêtement des sœurs Kardashian. Vous savez une de ces discussions à voix ultra haute qui vous donnent envie de vous suicider. Le sujet m’était assez indifférent, mais les deux vampires hurlaient comme des loups garous en extase devant la pleine lune. J’ai donc décidé de passer à l’offensive.

S’il vous plaît, vous pourriez parler moins fort…

D’abord surprises d’entendre parler, elles se sont tourné vers moi pour voir de près le microbe qui osait les rappeler à l’ordre. Imperturbable, j’ai subi le balayage dédaigneux du double faisceau de leur regard bovin.

Balayage conclu par un « Tssuiippp » retentissant après lequel elles se sont replongé dans leur discussion, mais cette fois dans une langue autre que le français.

A mon tour de sursauter en me rendant compte que leur conversation continuait dans ma langue maternelle ! Oui le ngoumba, la langue de ma mère. Je n’étais pas revenu de ma surprise que je tombais encore des nues car les deux malotrues étaient littéralement en train de m’administrer un lavage au vitriol. Morceaux choisis :

Sorcière 1: Quand je te dis que les hommes sont des salauds tu vois alors ?

Sorcière 2: Laisse l’autre là ! Si je lui répond même on va seulement gâter dans le taxi-ci.

Vampire 1: Répondre quoi ? Il est là bas comme une souris ; Est ce que je le vois même?

Vampire 2: Il profite. Ça se voit qu’il n’est pas habitué à parler à des filles de notre niveau.

Mégère 1: Regarde son pantalon sale comme celui d’un fou.

Mégère 2: On dirait qu’on lui a interdit le peigne ou alors son coiffeur est mort.

Njounjou 1: Attrape bien ton sac c’est même peut-être un voleur!

Njounjou 2: Ne le regarde plus trop, il va croire qu’il est beau.

Durant tous le trajet, j’ai été la victime volontaire/involontaire de leur piques méchantes, confortées qu’elles étaient dans l’idée que je ne pigeais pas le moindre mot à leur conversation.

Mais je me suis tout de même payé un bon moment de plaisir, car descendant à la poste avant elles, je me suis retourné vers elles au moment de refermer la portière et leur ai lancé avec mon plus beau sourire un joyeux « Wia nouma kè » qui peut se traduire par « bonne route ! ». Devant leur mine ébahie, j’ai claqué la portière et tout en regardant le taxi s’éloigner, je me suis tapé un fou rire sur e trottoir à tel point que j’ai entendu une vendeuse d’arachide murmurer à sa collègue : encore un nouveau fou.

Franchement, il y’a des camerounais qui ne comprennent rien à ce pays. Peu de gens réalisent qu’autant ailleurs on parle du métissage racial, autant chez nous on glisse peu à peu vers un métissage tribal qui je l’espère tordra définitivement le cou au tribalisme qui sévit encore malheureusement dans notre beau pays.

Déjà, par nos origines, nous sommes très souvent issus de mêmes pôles culturels, autant dans le Cameroun contemporain l’idée d’une lignée pure commence à devenir caduque. Ce qui fait que lorsque deux gourgandines comme celles du taxi s’amusent à déchainer un kongossa malsain sur mon compte dans une langue qu’elles croient hermétique je ne peux que rigoler. Pourquoi ?

Le Cameroun compte plus de 200 langues mais les langues véhiculaires proprement dites sont peu nombreuses ce qui fait qu’il existe beaucoup de patois (variété régionale d’une langue) et d’idiomes. Mais, avec le métissage, on en vient parfois à chevaucher plusieurs aires linguistiques. C’est mon cas :

Par mon père je suis basso’o de Nyanon en Sanaga Maritime région du Littoral.

Voisins des bassa’a et minoritaires, les basso’o sont presque tous bassa’aphones.

Voisins des Eton de l’autre côté de la Sanaga, vers Evodoula et Okola, le basso’o se retouve tout aussi naturellement en train de baragouiner cette langue. Par ailleurs le basso’o appartient au grand groupement Mpo’o Bati. Donc, le bakoko, le yakalack, et toutes ces langues des populations de la région d’Edéa bien que légèrement différentes du basso’o font partie de son bagage linguistique.

Par ma mère je suis Ngoumba de Lolodorf dans le Sud du pays ou les langues véhiculaires sont le bulu et l’éwondo. Je me souviens d’ailleurs que tout petit j’étais surpris d’entendre ma grand mère maternelle, ngoumba de naissance, qui avait eu son CEPE en bulu parler cette dernière langue avec mon père basso’o qui lui répondait dans un mélange d’Eton et d’Ewondo ! Et je vous assure qu’ils se comprenaient parfaitement.

Je précise aussi que le ngoumba s’apparente au maka’a (région de l’est). C’est ce qui permet que j’aie des conversations vraiment hilarantes avec ma voisine Mama Cathy qui vient de cette région.

Il ya aussi l’aspect socioculturel. Mes parents sont fonctionnaires et mon enfance/adolescence s’est passée à parcourir le Cameroun au gré des affectations. D’Abong Mbang à Nanga Eboko en passant par Mouanko, Edéa, Ndikinimeki sans parler de Nkongsamba la ville où je suis né. Ainsi, quand je dis à une fille Touakan o Mbel (Allons à la maison en banen), je sais de quoi je parle !

Je ne veux pas parler ici des bribes de langues que j’ai apprises en côtoyant des conquêtes féminines. Sur cet aspect je suis assez mauvais. Généralement je ne leur laisse pas le temps de m’apprendre quoique ce soit…

Donc, sérieusement, qu’est-ce qui, mieux que la langue, représente le plus parfait symbole de l’intégration? Les ignorants qui passent leur temps à ergoter sur le tribalisme, à établir des pseudos classifications puant à plein nez l’ethnophobie me font rire. On leur a livré clés en main un Cameroun diversifié, ils veulent en faire une Nation compartimentée sur la base du vieux diction divide ut regnere, diviser pour régner. Cette vision passéiste et dangereuse est à combattre à tout prix et je donne au temps le soin de nous débarrasser de ces vieux débris, vestiges d’un autre temps et qui n’ont plus leur place dans la société moderne que notre pays finira par devenir, fais quoi, fais quoi !

En attendant je souhaite un bonsoir chaleureux aux deux harpies du taxi.

Peace ! Vous voyez, je parle aussi anglais, avis aux filles de Bamenda.


Embuscade au marché Mokolo

Alors que je causais hier avec une fille qui se prétend mon amie, je ne sais trop d’ailleurs pourquoi –ma feue grand-mère m’a toujours martelé que l’amie d’un garçon ce n’est pas une fille– elle, la fille pas ma feue grand-mère, m’a assené une phrase : tu es un poltron. Peureux ? Non mais ! je n’assume pas, je revendique ma qualité de trouillard.

La nature a fait de moi un individu qui à l’aube de la trentaine pèse 67 kilos pour environ -je dis environ parce que depuis longtemps j’ai honte de grimper sur une toise. Donc, 67 kilos pour environ 1,68m. comprenez que j’ai vite compris quelle était ma place. Je me proclame habituellement non-violent, mais par pour les même raisons que Martin Luther King, mais plutôit pour celles qui poussent la gazelle à fuir à l’approche d’un lion : l’instinct de conservation. Je dois reconnaître qu’à défaut de muscles, je suis doté d’un bagoût et d’un sens de la relation client qui font que la plupart du temps je sais arrondir les angles face à des situations dites de « brutalité ». Je cause, je cause et on oublie qu’on devait me refiler un coup de poing.

Samedi, au lieu de rester devant mon petit écran regarder les athlètes camerounais transformés en français pour la circonstance des Jeux olympiques se faire éliminer de la compétition un à un, j’ai eu le malheur de répondre au coup de fil d’un ami.


Embuscade au marché Mokolo

Marché Mokolo. Photo camer.be

Alors que je causais hier avec une fille qui se prétend mon amie, je ne sais trop d’ailleurs pourquoi –ma feue grand-mère m’a toujours martelé que l’amie d’un garçon ce n’est pas une fille– elle, la fille pas ma feue grand-mère, m’a assené une phrase : tu es un poltron. Peureux ? Non mais ! je n’assume pas, je revendique ma qualité de trouillard.

La nature a fait de moi un individu qui à l’aube de la trentaine pèse 67 kilos pour environ -je dis environ parce que depuis longtemps j’ai honte de grimper sur une toise. Donc, 67 kilos pour environ 1,68m. comprenez que j’ai vite compris quelle était ma place. Je me proclame habituellement non-violent, mais par pour les même raisons que Martin Luther King, mais plutôit pour celles qui poussent la gazelle à fuir à l’approche d’un lion : l’instinct de conservation. Je dois reconnaître qu’à défaut de muscles, je suis doté d’un bagoût et d’un sens de la relation client qui font que la plupart du temps je sais arrondir les angles face à des situations dites de « brutalité ». Je cause, je cause et on oublie qu’on devait me refiler un coup de poing.

Samedi, au lieu de rester devant mon petit écran regarder les athlètes camerounais transformés en français pour la circonstance des Jeux olympiques se faire éliminer de la compétition un à un, j’ai eu le malheur de répondre au coup de fil d’un ami.

Gars ! tu fais quoi à la maison viens me retrouver on se boit une!  Cédant à l’appel de la bière, je le retrouve aux encablures de Mokolo, vous savez, notre marché local qui à la différence de son homologue dit « central » nous vend des fripes pourries en provenance d’Europe au lieu des désormais sempiternels produits chinois tout-en-un-fait-pour-un-jour.

Man! on fout quoi ici ?

Laisse ! Je suis avec ma petite amie qui voudrait s’acheter quelques fringues. « Se faire acheter tu veux dire » ai-je pensé. Nous voilà lancés. Il faut dire que j’étais un peu mal à l’aise. Mokolo le samedi est une fourmilière: ménagères, étudiants, pickpockets, peloteurs, mais surtout les sauveteurs, ces vendeurs dits de l’informel qui n’hésitent pas à racoler les femmes surtout, en des termes parfois limite : ma chérie voici le string à ta taille, chérie voici le vrai jean, enlève la poubelle qui te couvre les fesses…

C’est dans cette atmosphère chaude et épicée que nous avons évolué pendant près d’une demi heure à la recherche de je ne sais quelle sandale à la mode. Je commençais à me dire qu’à ce prix, même un casier de bière est cher payé, lorsque, mon ami me saisit le bras : sa copine ne suivait plus. Retour sur nos pas. un attroupement. Au milieu, la « copine » tenue en respect par un adolescent qui n’arrêtait pas crier : « achète mon chichi ! ». Après explications de la croqueuse de CFA, il ressortit qu’elle s’était fait accoster par le garçon qui lui avait proposé sa marchandise, en l’occurrence un chichi (en français on dit chouchou, mais ici on parle camerounais!), vous savez, une espèce d’élastique cousu à l’intérieur d’un bout de tissu bariolé et sensé retenir les cheveux. Après avoir examiné l’objet, la fille avait conclu qu’il ne convenait pas à sont teint (difficile de trouver des couleurs se mariant à sa peau bicolore Fanta-Coca me suis-je dit) et avait voulu le rendre. Surprise! le garçon n’en voulait plus et voulait l’obliger à l’acheter.

Bon ! En ma qualité d’expert en braquages, agressions et vols, j’ai immédiatement compris le truc. Le jeune en fait n’était pas un vrai vendeur, sinon comment expliquer qu’en dehors du chichi querellé, il n’en dispose pas d’autres. La ruse était d’obliger la fille à acheter l’objet et au moment où cette dernière sort son porte monnaie, l’arracher et disparaître dans la foule. Un classique.

Malgré son apparente jeunesse, et son allure peu imposante (il était encore plus gringalet que moi), je savais que le type était dangereux. Il faut toujours se méfier de ces jeunes bandits, généralement issus de La Briqueterie ou de Madagascar et qui après s’être shooté au chanvre indien peuvent vous poignarder pour un oui ou un peut-être.

Prenant mon ami à part je lui explique la situation et lui demande de payer à la place de sa copine pour faire échouer le plan. Au lieu de m’obéir, le vampire décide de jouer les Roméo pour glaner des points dans le cœur de sa Juliette et me souffle : « gars on est deux, il ne va pas nous dépasser ». Deux ? J’ai failli m’évanouir, il me voyait dans son film ! Moi qui cherchais d’ores et déjà une ouverture dans la foule autour de nous pour m’échapper ! Surtout que les menaces du coquin se faisaient de plus en plus précises.

Mon copain donc, bombe son torse à peine plus grand que le mien et dans cette agora improvisée interpelle le bandit miniature. S’ensuit un dialogue bizarre.

Mon ami: Ho! Petit c’est qu’on ton problème?

Le bandit: Elle doit acheter!

Moi: C’est quoi le prix?

Mon ami: elle ne te donne rien.

Le faux vendeur: Elle ne bouge pas!

Moi, pragmatique: Mon frère regarde toi même son poids, tu es sûr que tu peux seulement la freiner si elle démarre?

Mon Rambo d’ami: Pas de négociations! A sa copine: rends lui  son truc!

Le voleur à col sale: L’argent ou rien.

Moi, le Philosophe: l’argent ne fait pas toujours le bohneur hein mon frère.

Mon ami en mode film chinois: Jette le par terre s’il n’en veut pas!

Le chef bandit du film chinois: Essaie!

Moi, langue de vipère: toi même regarde ses (faux) cheveux elle va faire quoi avec ton truc?

Dans un mouvement d’humeur, mon copain arrache le chichi des mains de sa petite amie tétanisée et fait mine de le jeter. Mon instinct de conservation prend le dessus car je réalise que c’est ce qu’attend le petit monstre et ses complices pour nous tomber dessus. J’arrache à mon tour le bout de tissu et me retrouve devant notre agresseur dont la main a d’ores et déjà plongé sous son t-shirt.

Mon frère, ton chichi là est beau hein? Pardon voici 500F (le triple du prix de l’objet). Si la fille là n’en veut pas, je vais l’acheter pour ma soeur. Stoppé net dans son mouvement, n’ayant plus de raison valable de nous trucider, le type empoche le billet et se retournant vers mon copain et sa copine suant la peur comme une castel sortie de l’hiver du frigo et lance:

Vous avez la chance, votre frère-ci vous sauve.

J’ai bu ma honte. ravalé mon amour-propre. Je suis parti, suivi de mon copain et de sa gourgandine d’amie. Ce, au milieu des ricanements moqueurs des sauveteurs: mon frère le jour où vous allez alors rencontrer les vrais braqueurs vous allez leur donner quoi?

J’ai enragé parce que tous ces évènements se sont passés à deux pas du commissariat de Mokolo. Les policiers hein? On les voit seulement quand il faut escorter les détourneurs de fonds publics au tribunal, ou quand il faut fermer les bars pour de vraies fausses raisons.

Mais j’ai définitivement eu des envies de meurtre quand la donzelle m’a lancé avec un sourire de crocodile: donne moi alors le chichi là non?

Non mais! On est où là?

Peace mes frères!

 

 


Mon voisin le prophète

Je plains les adultes qui prennent les gosses pour des écervelés. Avant je pensais comme eux, jusqu’à ce que je vive une histoire assez bizarre…

Il y a des années une nouvelle étrange vient perturber la tranquille cohabitation qui caractérisait mon voisinage direct. Une de mes voisines déclare à qui veut l’entendre qu’une dame austère du quartier est une sorcière. Comment ça sorcière ? L’accusatrice déclare alors que son fils, âgé de neuf ans a des visions. Et dans l’une de ces visions, il a vu la dame austère dans une espèce de cabane avec autour d’elle tous les enfants du quartier enchaînés. Que faisaient-ils dans la cabane ? Elle aspirait leur cerveau (sic). Conclusion freudienne de la populace : les échecs scolaires, la délinquance et tous les autres tares ont trouvé leur responsable en la personne de la vieille voisine.

J’ai rigolé hein ? J’ai tellement rigolé que la mère du « visionnaire » m’a regardé avec des yeux bizarres. Tu parles de ton fils là ? celui qui traficote mes factures chaque fois que je le commissionne ? Ce petit voleur, qui m’empêche de laisser mes sandales devant ma porte? Hum ! faut croire que Dieu choisit mal ses envoyés hein ?

Le lendemain, les résultats de mon blasphème ne sont pas fait attendre : nouvelle vision nocturne de l’oracle, la même dame dans la même cabane, les mêmes enfants enchaînés et cette fois ci, un nouveau personnage : MOI. Ne riez pas. Moi dans un rôle que la vision devenue floue n’avait pas bien défini. Le message du petit était clair : encore une phrase mal placée et je te fais passer pour un vampire. Cette fois là, je me suis abstenu de rigoler.

Lire la suite


Cahier d’un retour au Cameroun natal

Aller en Europe n’est pas facile hein ? Mais alors pas du tout.

En réalité, pour quelqu’un comme moi, ce n’est pas tant aller en Europe qui est difficile, mais c’est de retourner au pays. Chaque fois que je vais en Europe, à mon retour, je suis en butte à un certains nombre de soucis qui, ma foi, me font parfois regretter ces séjours. Ce n’est pas tant moi qui change, mais les gens autour de moi.  Du coup les premières semaines sont souvent assez surréalistes.

Les proches

Ceux là dès ton départ te donnent le ton : « rapporte moi un iphone, ou si tu ne peux pas, je me contenterais bien d’un Samsung Galaxy, tu sais, le SIII, celui qui rentre par la fente sous la porte, comme dans la pub ». A ce moment là, promettre est facile, on se dit : ils oublieront. Erreur ! Le jour de ton retour, ils sont dans le hall de l’aérogare avec des pancartes portant ton nom, pour bien prouver qu’ils sont tes proches. Ils sont rapides : dans le taxi qui te ramène, ils pointent d’ores et déjà leur butin : Gars ! moi je prends seulement le téléphone-ciMon frère, je signe sur la montre-ciMon ami, donne ma part d’euros là! là! là! Heureux, euphorique de retrouver le pays qui t’est cher, tu ne te rends pas compte que tu n’es qu’au début d’un cycle infernal.

Lire la suite


Cahier d’un retour au Cameroun natal

La Cène d'après Pascal DAGNAN-BOUVERET, 1897

Aller en Europe n’est pas facile hein ? Mais alors pas du tout.

En réalité, pour quelqu’un comme moi, ce n’est pas tant aller en Europe qui est difficile, mais c’est de retourner au pays. Chaque fois que je vais en Europe, à mon retour, je suis en butte à un certains nombre de soucis qui, ma foi, me font parfois regretter ces séjours. Ce n’est pas tant moi qui change, mais les gens autour de moi.  Du coup les premières semaines sont souvent assez surréalistes.

Les proches

Ceux là dès ton départ te donnent le ton : « rapporte moi un iphone, ou si tu ne peux pas, je me contenterais bien d’un Samsung Galaxy, tu sais, le SIII, celui qui rentre par la fente sous la porte, comme dans la pub ». A ce moment là, promettre est facile, on se dit : ils oublieront. Erreur ! Le jour de ton retour, ils sont dans le hall de l’aérogare avec des pancartes portant ton nom, pour bien prouver qu’ils sont tes proches. Ils sont rapides : dans le taxi qui te ramène, ils pointent d’ores et déjà leur butin : Gars ! moi je prends seulement le téléphone-ci. Mon frère, je signe sur la montre-ci. Mon ami, donne ma part d’euros là! là! là! Heureux, euphorique de retrouver le pays qui t’est cher, tu ne te rends pas compte que tu n’es qu’au début d’un cycle infernal.

Ceux qui se disent tes amis

Vous savez, ces « amis de bière », des gars avec qui tu traînes le soir et qui prennent pour prétexte qu’il n’y a jamais d’eau dans les robinets de Yaoundé pour « couper » deux ou trois bières chaque soir dans un bar où ils sont crédibles. Ceux là, comme les disciples de la Cène t’attendent pour faire de toi le roi du tableau, le Christ. Comme une personnage d’Auguste Le Breton, ils te trouvent d’abord un surnom: Le Parrain, le Roi, le Lion, le Boss, le Faroteur, le Français etc. Dans mon cas, ils m’ont surnommé Président, Prési pour les intéressés, pardon les intimes. Ils poussent des vivats de joie quand tu entres dans votre bar pourri de seconde zone. Ils te font un triomphe, giflent la fille qui ne veut pas te dire bonsoir, menacent le barman qui ne veut pas te servir rapidement et au final te présentent la note que tes poches saignées à blanc payeront en euros rapidement convertis en francs CFA sanguinolents.

Les mères des filles que tu ne connais pas

Les filles que tu ne connais pas sont en réalité des filles jolies à qui tu dis bonjour chaque matin, mais qui te toisent du haut de leurs Louboutin made in China. Dès qu’elles apprennent que tu es de retour, elles ne te saluent pas, mais envoient leur mère te tacler. C’est ainsi que devant la boutique du sénégalais tu reçois le salut de la mère de Francine qui te rappelle que depuis six mois tu n’es pas venu manger de son invisible rôti : amende de 5000F. Devant la poissonnerie tu te fais gentiment, mais fermement engueuler par la mère de Nathalie qui se souvient que tu lançais des cailloux sur sa toiture à des heures indues pour faire sortir sa fille, amende : 5000F sans qu’on te précise s’il s’agit d’une avance sur la dot.

La famille Picsou

Il ya ta famille, qui voit tout cela d’un mauvais œil. Tes frères qui te prennent pour Samuel Eto’o et attendent que tu crée la société qui va les embaucher, tes sœurs qui t’appellent toutes les cinq minutes pour te rappeler de rentrer et de ne rien donner aux jaloux du quartier, oui ces jaloux qui ont dit partout que tu n’étais pas en France, mais en prison.

Le reste du monde

Les autres c’est le reste, ceux qui avaient vu dans la boule de cristal que tu serais un grand dans ce pays, ton callboxeur qui te fait la révérence en oubliant toutes les fois où il t’a ceinturé pour un malheureux crédit téléphonique non payé, tous ceux là qui n’ont qu’un mot à la bouche : où est le chocolat de France ? A croire que le cacao ne vient pas essentiellement d’Afrique.

Le crépuscule du Dieu

Tout ce manège dure environ deux semaines. Le temps pour toi de vider le petit sac plein d’euros acquis parfois par des moyens inavouables (ce n’est pas mon cas, je vous rassure). Et puis, les observateurs commencent à remarquer que tu as épuisé ta garde robe, que tu as mis le même T-shirt deux fois de suite, que tu as grimacé devant une facture minable qui ne ressemble même pas au tiers de ce que toi le Prési paye d’habitude. Des anecdotes commencent à courir sur ton compte, comme quoi, tu ne prends plus les taxis en course, qu’on t’aurait surpris en train de discuter âprement le prix d’une malheureuse tête de maquereau braisée que tu estimais trop chère. Et tes frères qui découvrent que la dernière valise non ouverte dans ta chambre ne contenait pas des Macbook mais des livres ! Là tu es fini, bel et bien fini.

Le Prési est mort, vive le Prési!

Tu comprends que tu es revenu sur terre quand les vautours te lâchent enfin pour s’intéresser à une autre proie. Généralement tu t’en rends compte un soir dans ton bar favori, lorsque tes disciples d’hier accueillent un autre quidam avec les cris qui hier encore étaient ta marque déposée : Prési! Prési! Prési! Parfois tu ne réalise pas, jusqu’à ce qu’on te bouscule de la place centrale, celle du Christ, pour te reléguer en fond de table, sur le siège de Judas Iscariote. Là tu comprends enfin, que les diamants sont peut-être éternels, mais les francs CFA non. Malheureusement, c’est généralement ce moment que choisissent les braqueurs pour venir sonner à ta porte en pleine nuit, machette en main…

Peace mes frères !

 


Ma vision du Cameroun émergent en 2035

J’adore les prévisionnistes du régime de Yaoundé. Il ya quelques temps déjà, ils nous ont pondu un document épais et ennuyeux dans lequel ils ont taché de nous expliquer comment ils comptaient faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035.

Ce sur quoi ils ne ce sont pas attardé c’est sur le fait que la plupart d’entre nous seront morts, car faut-il le rappeler, l’espérance de vie dans notre cher et beau pays est de 51 ans (UNICEF). Donc, par simple soustraction il faut déduire que la plupart d’entre nous auront passé l’arme à gauche. Pour les quasi trentenaires comme moi, qui risquent d’être absents au rendez-vous de l’Emergence, j’ai pondu cet humble texte d’anticipation qui leur permet à défaut de le vivre, d’imaginer à quoi ressemblera le Cameroun dans 23 ans.

Yaoundé le 21 mai 2035

En ce lendemain de fête nationale, les rues de la capitale sont plus ou moins désertes. La Société des Brasseries du Cameroun, devenue première industrie du pays a décrété une baisse de moitié du prix de la bière, pour permettre à tous ses clients de célébrer dignement l’évènement. La conséquence notoire a été une beuverie générale suivie d’une gueule de bois nationale.

Lire la suite


Ma vision du Cameroun émergent en 2035

Immeuble de La Mort à Yaoundé

J’adore les prévisionnistes du régime de Yaoundé. Il ya quelques temps déjà, ils nous ont pondu un document épais et ennuyeux dans lequel ils ont taché de nous expliquer comment ils comptaient faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035.

Ce sur quoi ils ne ce sont pas attardé c’est sur le fait que la plupart d’entre nous seront morts, car faut-il le rappeler, l’espérance de vie dans notre cher et beau pays est de 51 ans (UNICEF). Donc, par simple soustraction il faut déduire que la plupart d’entre nous auront passé l’arme à gauche. Pour les quasi trentenaires comme moi, qui risquent d’être absents au rendez-vous de l’Emergence, j’ai pondu cet humble texte d’anticipation qui leur permet à défaut de le vivre, d’imaginer à quoi ressemblera le Cameroun dans 23 ans.

Yaoundé le 21 mai 2035

En ce lendemain de fête nationale, les rues de la capitale sont plus ou moins désertes. La Société des Brasseries du Cameroun, devenue première industrie du pays a décrété une baisse de moitié du prix de la bière, pour permettre à tous ses clients de célébrer dignement l’évènement. La conséquence notoire a été une beuverie générale suivie d’une gueule de bois nationale.

La veille, le roi Lion alias Duncan Mc Leod alias l’Immortel a présidé le défilé en personne via son hologramme relifté et programmé pour sourire et saluer toutes les deux minutes. En ce lendemain de fête, aucun journal n’a osé publier une autre photo que celle de l’hologramme officiel. Personne n’a osé braver la loi sur l’image du monarque qui interdit la représentation du Roi Lion sous son aspect délabré et fripé actuel. L’union des Journalistes s’inquiète par ailleurs du sort d’un confrère du journal la Vérité qui pour avoir osé publier une photo du Roi Lion en déambulateur, est allé méditer sur les Vérités Eternelles dans une cellule du pénitencier sous-terrain de Nkondengui.

Le défilé a été marqué par la présence de tout le gratin politique de la Nation. Tout le monde a pu apprécier leurs luxueuses berlines à coussins d’air se jouant des nids de poule du Boulevard Bolloré. Depuis l’élection de 2018, les opposants tels qu’on les nommait n’ont plus beaucoup de travail. Le nouveau système politique, la chefferie démocratique, qui n’admet pas d’alternance, en a fait des notables, dont les seules intrigues consistent à se demander s’ils doivent proposer le médecin personnel du Roi Lion au Prix Nobel ou à la potence.

Fait marquant de cette célébration, la foule a été évacuée de la rampe aérienne d’observation, un des derniers grands chantiers toujours inachevés, qui a présenté des signes d’instabilité après que des invités y aient pris place. Chose qui fait dire aux gens que la corruption a encore de beaux jours devant elle. On ose seulement espérer que l’opération de lutte contre la corruption rebaptisée « Opération Drone » en lieu et place de son ancêtre l’Opération Epervier, ne loupera pas l’auteur de cette distraction massive de fonds. Au moins maintenant c’est officiel, le rapace est téléguidé!

Le défilé haut en couleurs a vu la participation de toutes les « forces vives de la Nation », avec le passage remarqué d’un carré d’anciens chômeurs nouvellement recrutés, sensés démontrer la réalité de la baisse du taux de chômage.

Quelques couacs ont néanmoins émaillé la cérémonie, comme cette pancarte recensant les « dix » régions du pays, alors que depuis 2027 le pays compte onze régions administratives avec la création de Chinaland, la onzième région, située à l’emplacement jadis recouvert par la forêt de l’Est Cameroun, complètement éradiquée aux alentours de 2025. Signalons la grimace du gouverneur de ladite région, Huan Chi Kia, présent à la tribune d’honneur.

Par ailleurs, plusieurs observateurs ont été surpris de voir les jets chinois de l’armée survoler le centre ville sans encombres. Rappelons-le, le ministre de l’information et de la propagande, dans une interview liée au scandale de l’Immeuble dit « de la mort », immeuble ministériel jamais terminé mais toujours aussi budgétivore, le ministre avait déclaré que la rénovation de l’immeuble commencée plus de 35 ans plus tôt ne pouvait se poursuivre car en 2012 quelqu’un avait eu la mauvaise idée de revêtir l’édifice de plaques de cuivre brillant qui par beau temps gênaient les pilotes d’avion. L’opinion nationale avait cru à une blague, jusqu’à ce qu’on se souvienne que le ministre actuel avait pour mentor un autre ministre de la communication, expert en chemin de fer (!), qui en son temps avait par ses sorties étonné l’opinion, notamment lors d’une triste affaire de bébé volé au cours de laquelle il avait déclaré que les test ADN étaient impossibles sur un cadavre vieux de quelques mois.

La soirée s’est néanmoins bien terminée, malgré l’annulation du concert géant prévu, les sept sociétés de droit d’auteur musical n’étant pas parvenues à se mettre d’accord sur le partage du pactole promis par la multinationale, promotrice de l’évènement. Les riverains du lieu devant accueillir l’évènement se disent par ailleurs soulagés car la puissante coalition de pasteurs de sectes réveillées avait promis de saccager les lieux si deux artistes pratiquant le rythme à la mode, le porno-bikutsi étaient maintenus dans la programmation.

Malgré la gigantesque coupure d’électricité survenue vers vingt trois heures, coupure qui a fait se demander aux uns et aux autres pourquoi le développement du solaire n’a jamais fait partie des Grands Chantiers Inachevés, la soirée fut belle pour certains comme ce Florian Ngimbis, fêtard rencontré devant le monument du martyr Marafa Hamidou Yaya:« on n’a jamais eu besoin de lumière pour avaler une bière dans ce pays, si c’était vrai en 2012 je ne vois pas pourquoi ça ne le serait pas aujourd’hui ».

Nous sommes en 2035 et tout va pour le mieux.

Peace!

 


Je suis camerounais, je ne trie pas!

Miss Gabon 2012

J’avais prévu de vous raconter une histoire intitulée Bonnie & Clyde en Chrysler mais comme elle tournait autour d’un voyage improbable sur l’axe Yaoundé Douala comme le billet précédent, j’ai décidé d’en sortir une autre de ma mémoire.

Vous savez, pour le Camerounais, le Gabon a toujours été un Eldorado. Une espèce de pays de Cocagne où le CFA coule à flot. Ils sont donc nombreux les Camerounais qui tentent leur chance sous le soleil du Royaume Bongo. Certains reviennent les poches pleines de CFA, dont ils arrosent leur entourage, d’autres… bon! Ce n’est pas le sujet.

Miniferme, dans la première décennie des années 2000.

Je ne l’avais jamais vue. Mais je connaissais parfaitement son prénom, collé sur tous les objets de la maison familiale, mantra miraculeuse que ses frères passaient le temps à répéter: Chantal. « C’est la pendule que Chantal a envoyé », « la voiture que Chantal a envoyé », « la toiture que Chantal a fait réparer », « les habits de Noël envoyés par Chantal ». Je connaissais très bien les œuvres de Chantal la Gabonaise. Spectre bienfaisant dont personne ne pouvait dire avec certitude ce qu’elle faisait au Royaume Bongo.

Un jour, Chantal est rentrée au pays. La masure de ses parents qui ces derniers mois était froide et et inhospitalière a repris vie: peinture sur les murs, odeurs de bouillon, cour défrichée (comme s’il fallait attendre Chantal pour tenir la machette).

J’ai eu une agréable surprise hein? Chantal n’était pas la vieille bête de somme que j’imaginais. C’était même une accorte et jolie jeune femme. En tant que copain ayant plusieurs fois mis la main à la poche pour chasser la faim du ventre des petits Chantaliens, j’ai été présenté à la star. A défaut de me remercier par une médaille, voilà qu’elle décide de m’inviter à sortir.

Lire la suite


Je suis camerounais, je ne trie pas!

Miss Gabon 2012

J’avais prévu de vous raconter une histoire intitulée Bonnie & Clyde en Chrysler, mais comme elle tournait comme la première autour d’un voyage improbable sur l’axe Yaoundé Douala, j’ai décidé d’en sortir une autre de ma mémoire.

Vous savez, pour le camerounais, le Gabon a toujours été un Eldorado. Une espèce de pays de Cocagne où le CFA coule à flot. Ils sont donc nombreux les Camerounais qui tentent leur chance sous le soleil du Royaume Bongo. Certains reviennent, les poches pleines de CFA, dont ils arrosent leur entourage, d’autres… bon! Ce n’est pas le sujet.

Miniferme, dans la première décennie des années 2000.

Je ne l’avais jamais vue. Mais je connaissais parfaitement son prénom, collé sur tous les objets de la maison familiale, mantra miraculeuse que ses frères passaient le temps à répéter: Chantal. « C’est la pendule que Chantal a envoyé », « la voiture que Chantal a envoyé », « la toiture que Chantal a fait réparer », « les habits de Noël envoyés par Chantal ». Je connaissais très bien les oeuvres de Chantal la gabonaise. Spectre bienfaisant dont personne ne pouvait dire avec certitude ce qu’elle faisait au Royaume Bongo.

Un jour, Chantal est rentrée au pays. La masure de ses parents qui ces derniers mois était froide et et inhospitalière a repris vie: peinture sur les murs, odeurs de bouillon, cour défrichée (comme s’il fallait attendre Chantal pour tenir la machette).

J’ai eu une agréable surprise hein? Chantal n’était pas la vieille bête de somme que j’imaginais. c’étais même une accorte et jolie jeune femme. En tant que copain ayant plusieurs fois mis la main à la poche pour chasser la faim du ventre des petits chantaliens, j’ai été présenté à la star. A défaut de me remercier par une médaille, voilà qu’elle décide de m’inviter à sortir.

Elle, deux de ses frères, nerveux comme des molosses (il paraît que c’est ainsi quand on surveille l’argent des autres).

Nous débarquons à l’Intendance. A l’époque Le Mercure était The Place to be. La belle dépense sans compter. Les petits gigolos du coin nous envient. Chantal fait venir une liane tropicale, une de ces créatures qui hantent mes nuits de célibataire. Mon coeur fait BOUM! puis, plus rien.

Présentations: ma meilleure amie au Cameroun.

Je me penche à l’oreille de Chantou: Mama! c’est ici que je meurs!

Chantou a affiché une certaine réticence. Elle a essayé avec son vrai faux ton gabonais de me décourager. Tu es jeune mon petit, le genre de fille ci va te finir.

« Me finir, c’est justement ce que je souhaite ».

Je te dis mon petit, ça c’est une fille du dehors, un crocodile, elle va te finir.

Bon! me suis-je dit, je prends note de tes conseils, mais je fonce quand même.

Première danse dans la pénombre mercurienne: la fille me tâte les fesses. Puis mon cerveau corrige, non, ce sont mes poches qu’elle tâte, elle essaie de me faire les poches!

Je romps la danse.

Un homme normal aurait pris ses distances, se serait retiré du jeu. Je suis camerounais, j’ai dit Ha! Comprenez Au diable!

Voilà comment je me suis retrouvé en train de me trémousser dans une boite mal famée avec une camerouno gabonaise, ses bandits de frères et sa pickpocket d’amie.

j’ai eu un éclair de lucidité:  mes études, mon père, ses sermons sur sa véranda-montagne. Puis j’ai dit Ha!

J’ai passé la soirée à essayer de caresser la fille d’une main, protéger mes poches de l’autre, tout en dansant et en lui cachant que j’avais deviné son manège.

Soudain, la gabonaise, qui avait enflammé la salle par des coup de reins qui ne laissèrent plus aucun doute sur sa profession chez les Bongo, oui la gabonaise eut l’idée d’organiser un cercle. Pas un de ces maudits cercle de danseurs, mais une espèce de farandole où les rondeurs des unes sont accolées au raideurs des autres.

La liane a enlacé la gabonaise (va savoir pourquoi?) j’ai enlacé la liane, une fille m’a enlacé et ainsi de suite. A un certain moment , ma liane s’est désengagée: toilettes!

Je me suis retrouvé encastré dans la gabonaise. Ne perdant presque rien au change, j’ai continué à me trémousser sur un fond sonore de K-Tino. Je crois que c’était nyèguè nyèguè.

Après quelques tours devant le comptoir du bar, je remarque un document qui me semble familier. Pas le temps de bien regarder.

Tour suivant: je distingue une carte d’identité. Pas le temps de lire.

Tour d’après: je remarque que la photo m’est familière. pas le temps d’accommoder.

Ce n’est qu’après quatre tours que je me rends compte que le type sur la photo m’est familier parce qu’il s’agit de moi! Ce que confirme le nom que je déchiffre enfin: NGIMBIS FLORIAN!

Je me suis arrêté net. Plus d’alcool dans le sang. Mon cerveau a fait une analyse froide, simple, implacable: cette carte se trouvait dans mon portefeuille, mon portefeuille se trouvait dans ma poche. La carte était logée entre deux billets de dix mille francs représentant ma ration pour le reste du mois. Si la carte se trouve sur le comptoir, est-ce la peine d’envoyer ma main dans ma poche à la recherche des billets? Réponse: NON. Conclusion: je suis mort!

La liane m’avait eu avant de disparaître. Au lieu d’aller dans les toilettes, elle était revenue se remettre dans le cercle, derrière moi. J’attendais le danger de l’avant, je n’avais pas sécurisé mes arrières.

J’ai dit merci quand même pour ma carte. Les voleurs camerounais ont cette particularité. Ils te volent, mais te remettent toujours ta carte d’identité. D’habitude ils la balancent dans un lieu public, où tu as des chances de tomber dessus. En l’occurrence un comptoir de bar. Il faut se demander des deux ce qui est pire, se faire voler son argent ou sa carte d’identité. Ils sont nombreux à vivre leur pauvreté dans les rues de Yaoundé sans encombre, mais ceux qui ont le malheur de se ballader sans carte d’identité finissent invariablement assis par terre, sous la botte d’un flic aviné: « mon ami tu as oublié ta carte? ok! moi aussi je vais oublier que je suis ton ami ».

Je ne sors plus avec les gabonaises, on m’a dit que les guinéennes étaient mieux. Je vais faire comment? J’en fabrique?

Joyeux anniversaire à  Rebecca Tickle, une vraie liane elle, pas le dix dix francs!

😉

 

 

 

 

 


Nous sommes étranges, nous sommes camerounais!

Ce matin, j’ai repensé à certaines aventures survenues dans mon passé et suite auxquelles j’ai chaque fois adopté un comportement irrationnel. A force de plancher sur le sujet et d’observer autour de moi, je me suis rendu compte que c’était carrément un sport national chez nous au Cameroun. J’ai donc compilé quelques histoires et à travers une série que j’inaugure je vais vous faire découvrir quelques bizarreries camerounaises.

Histoire 1: S’en fout la fumée, s’en fout la mort!

Il y a deux ans, j’accompagne mon ami JBK à Douala, le gars doit faire un voyage en Europe et son avion décolle depuis la cité Sawa. Nous empruntons un car VIP, vous savez, les cars qui sont VIP juste parce qu’ils partent à l’heure, ont des ceintures de sécurité et surtout ne sont pas surchargés comme des boîtes de sardine de Marrakech. Agréable voyage en perspective, car ayant fui la compagnie de mon ami dont la causette en voyage a valeur de soporifique, j’ai eu la chance -beaucoup de calcul en réalité- d’avoir pour voisine une plantureuse demoiselle, parfumée de sensualité, et parée de sex appeal.

Lire la suite